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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 18 Oct - 7:18

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"À Nazareth"

Vision du jeudi 9 mai 1946.

Quand on vient de Sephoris, on entre à Nazareth du côté nord-occidental, c'est-à-dire par le plus élevé et le plus pierreux. L'amphithéâtre, sur lequel s'étend en terrasses Nazareth, apparaît tout entier quand on rejoint la crête de la dernière colline en venant de Sephoris, qui descend plutôt rapidement par des ravins vers la petite ville. Si j'ai bon souvenir, car il s'est passé du temps, et beaucoup de sites montagneux se ressemblent, l'endroit où se trouve Jésus est le point précis où ses concitoyens essayèrent de le lapider et où il les arrêta par son pouvoir pour leur passer au travers (Luc chap. 4).

Jésus s'arrête à regarder sa chère ville qui Lui est hostile, et un sourire de contentement éclaire son visage. Quelle bénédiction, que les Nazaréens ignorent et ne méritent pas, ce sourire divin qui se déverse et s'étend en grâces sur la terre qui l'a accueilli enfant et l'a vu grandir, où est née la Mère et où elle est devenue Épouse de Dieu et Mère de Dieu !

Ses deux cousins aussi regardent leur ville avec une joie visible, bien que celle du Thaddée soit tempérée par un sérieux austère, retenue, alors que celle de Jacques est plus ouverte et plus douce, plus semblable à celle de Jésus.

Bien que ce ne soit pas sa ville, Thomas a le visage illuminé par la joie et il dit en montrant la petite maison de Marie, du four de laquelle la fumée monte en spirales : "La Mère est à la maison et elle fait le pain..." et il semble parler de sa mère avec toute l'affection d'un fils, si grand est son élan d'amour quand il dit ces paroles.

Le Zélote, plus calme à cause de son âge et de son éducation, sourit en disant : "Oui. Et sa paix arrive déjà jusqu'à nos cœurs."

"Allons vite" dit Jacques. "Et passons par ce sentier pour arriver presque sans être vus des nazaréens. Ils nous retiendraient..."

"Mais vous vous éloignez de votre maison. Votre mère aussi voudra vous voir."

"Oh ! Tu peux être certain, Simon, que notre mère est chez Marie. Elle y est presque toujours... Et elle y sera car elles font le pain et à cause de la fillette malade[1]."

"Oui, allons par ici. Nous passerons derrière le jardin d'Alphée pour arriver à la haie de notre jardin" dit Jésus.

Ils descendent rapidement par le sentier très rapide au début, mais qui devient plus doux quand on approche de la ville. Ils passent par des oliveraies, puis par des petits champs dépouillés, et frôlent les premiers jardins de la ville. Ils sont tous entourés de haies hautes et feuillues sur lesquelles se penchent les frondaisons des arbres chargés de fruits, ou de murets en pierres sèches couverts à l'extérieur des branches des jardins. Aussi leur passage est inaperçu par les ménagères qui vont et viennent dans les jardins ou font la lessive ou l'étendent sur les petits prés près des maisons...

La haie qui d'un côté limite le jardin de Marie est en hiver tout un entrelacement d'épines, tout un fouillis de feuilles en été après la floraison de l'aubépine au printemps, ou l'apparition des baies rouges à l'automne. Maintenant, elle est embellie par un jasmin vigoureux et par l'ondulation des calices de fleurs, dont je ne connais pas le nom et qui de l'intérieur du jardin envoient des branches sur la haie pour la rendre plus fournie et plus belle. Une fauvette chante dans la haie et de l'intérieur arrive un roucoulement de colombes.

"La grille aussi est réparée et toute couverte de branches en fleurs" dit Jacques qui est accouru en avant pour regarder la grille rustique à l'arrière du jardin, restée des années sans servir et qui permit de faire entrer et sortir la charrette de Pierre pour Jean et Sintica.

"Nous allons passer par le sentier et frapper à la porte. Ma mère serait peinée de voir détruit cet abri" lui répond Jésus.

"Son jardin clos !" s'écrie Jude d'Alphée.

"Oui. Et elle en est la rose" dit Thomas.

"Le lys parmi les épines" dit Jacques.

"La fontaine scellée" dit le Zélote.

"Mieux : la source d'eau vive qui en jaillissant impétueusement du beau mont donne l'Eau de Vie à la Terre et s'élance avec sa beauté parfumée vers le Ciel" dit Jésus.

"D'ici peu elle va être heureuse de te voir" dit Jacques.

"Mon Frère, dis-moi une chose que depuis longtemps je désire savoir. Comment vois-tu Marie ? Comme Mère ou comme sujette ? C'est ta Mère, mais c'est une femme et tu es Dieu..." dit le Thaddée.

"Comme sœur et comme épouse, comme délice et repos de Dieu et comme réconfort de l'Homme. C'est tout que je vois et possède en Marie, comme Dieu et comme Homme. Celle qui était les Délices de la Seconde Personne de la Triade au Ciel, Délices du Verbe comme du Père et de l'Esprit, est les Délices du Dieu Incarné, et elle le sera de l'Homme-Dieu glorifié."

"Quel mystère ! Dieu s'est donc privé deux fois de ses complaisances ? En Toi et en Marie et Il vous a donné à la Terre..." médite le Zélote.

"Quel amour ! Devrais-tu dire. C'est l'amour qui a poussé la Triade à donner Marie et Jésus à la Terre" dit Jacques.

"Et, non pas pour Toi qui es Dieu, mais pour sa Rose, Il ne craignit pas de la confier aux hommes, qui sont tous indignes de la protéger ?" demande Thomas.

"Thomas, c'est le Cantique qui te répond : "Le Pacifique avait une vigne, et Il la confia aux vignerons qui, profanateurs poussés par le Profanateur, auraient donné de fortes sommes pour la posséder, c'est-à-dire toutes les séductions pour la séduite, mais la Belle Vigne du Seigneur se garda par elle-même, et elle ne voulut donner son fruit qu'au Seigneur et ne s'ouvrir qu'à Lui, pour engendrer le Trésor sans prix : le Sauveur[2]".

Ils sont arrivés à la porte de la maison. Jude d'Alphée commente alors que Jésus frappe à la porte fermée: "Ce serait le cas de dire: "Ouvre-moi, ma sœur, épouse, aimée, colombe, immaculée…"

Mais quand la porte s'entrouvre et qu'apparaît le doux visage de la Vierge, Jésus ne dit que la plus douce parole, en ouvrant les bras pour la recevoir : "Maman !"

"Oh ! mon Fils ! Béni ! Entre et que la paix et l'amour soient avec Toi !"

"Et à ma Mère, et à la maison, et à qui s'y trouve" dit en entrant Jésus, suivi des autres.

"Votre mère est à côté, pendant que les deux disciples sont au pain et à la lessive..." explique Marie, après les salutations respectives avec les apôtres et les neveux, qui, par discrétion, se retirent pour laisser la Mère seule avec son Fils.

"Me voilà à toi, ma Mère. Nous allons rester quelque temps ensemble... Comme c'est doux le retour... la maison et toi surtout, ô Mère, après tant de voyages parmi les hommes..."

"Qui te connaissent de plus en plus et, à cause de cette connaissance, se partagent en deux branches : ceux qui t'aiment... et ceux qui te haïssent... Et la plus grosse branche, c'est cette dernière..."

"Le Mal sent qu'il va être vaincu et il est furieux... et il rend furieux... Comment va la fillette ? "

"Légèrement mieux... Mais elle a failli mourir... Et cependant ses paroles, maintenant qu'elle ne délire plus, correspondent, bien que plus réservées, à celles qui lui sortaient dans le délire. Ce serait mentir de dire que nous n'avons pas reconstruit son histoire... Malheureuse !..."

"Oui. Mais la Providence a veillé sur elle."

"Et maintenant ? ..."

"Et maintenant... Je ne sais pas. Aurea ne m'appartient pas comme créature. Son âme est mienne, son corps appartient à Valeria. Pour le moment elle va rester ici, afin d'oublier..."

"Myrta voudrait bien l'avoir."

"Je le sais... Mais je n'ai pas le droit d'agir sans la permission de la romaine. Je ne sais même pas si elles l'ont acquise à prix d'argent ou si elles ont seulement employé l'arme de la promesse. .. Quand la romaine la réclamera..."

"Moi, j'irai à ta place, mon Fils. Il n'est pas bien que tu y ailles... Laisse faire à ta Maman. Nous femmes... êtres infimes pour Israël, on ne nous observe pas tant si nous allons parler à des gentils. Et ta Maman est si inconnue du monde ! Personne ne remarquera la femme du peuple hébraïque qui, enveloppée dans son manteau, va par les rues de Tibériade et frappe à la maison d'une dame romaine..."

"Tu pourrais aller chez Jeanne... et là parler à la dame..."

"Je ferai ainsi, mon Fils. Que soit soulagé ton cœur, ô mon Jésus !... Tu es tellement affligé... Je le comprends... et je voudrais tant faire pour Toi..."

"Et tu fais tant, Maman. Merci pour tout ce que tu fais..."

"Oh ! je suis une aide bien pauvre, mon Fils ! Parce que je ne réussis pas à te faire aimer, à te donner... de la joie... tant qu'il t'est accordé d'en avoir un peu... Que suis-je donc alors ? Une bien pauvre disciple..."

"Maman, Maman ! Ne parle pas ainsi ! Ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi et maintenant, voilà, mon Cœur trouve le réconfort en restant ainsi, la tête contre ton cœur béni... Maman !..." Jésus a attiré près de Lui sa Mère debout près de Lui qui est assis sur un coffre contre le mur, et il appuie son front sur la poitrine de Marie qui caresse doucement ses cheveux...

Une pause toute d'amour. Puis Jésus se lève après avoir levé sa tête. Il dit : "Allons trouver les autres et la fillette" et il sort avec sa Mère dans le jardin.

Les trois disciples, sur le seuil de la pièce où se trouve la fillette malade, parlent sans arrêt avec les apôtres, mais quand elles voient Jésus elles se taisent en s'agenouillant.

"La paix à toi, Marie d'Alphée, et à vous, Myrta et Noémi. La fillette dort-elle ?"

"Oui. La fièvre persiste, l'étourdit et la consume. Si cela continue, elle va mourir. Son tendre corps ne résiste pas à la maladie, et son esprit est troublé par les souvenirs" dit Marie d'Alphée.

"Oui... et elle ne réagit pas, car elle dit qu'elle veut mourir pour ne plus voir les romains..." confirme Myrta.

"C'est une douleur pour nous qui l'aimons déjà !..." dit Noémi.

"Ne craignez pas !" dit Jésus en allant jusqu'au seuil de la chambrette et enlevant le rideau...

Sur le petit lit contre le mur, en face de la porte, apparaît le petit visage amaigri, d'un rouge feu aux pommettes, couleur de neige ailleurs, enseveli dans la masse des longs cheveux dorés. Elle dort fiévreusement, en murmurant entre ses dents des paroles incompréhensibles et, de sa main abandonnée sur les couvertures, elle fait de temps à autre un geste comme pour repousser quelque chose.

Jésus n'entre pas. Il jette sur elle un regard de pitié. Puis il appelle à haute voix : "Aurea ! Viens ! Il y a ton Sauveur."

La fillette s'assoit brusquement sur son petit lit, le voit, et en poussant un cri elle descend et court vers Jésus, dans sa tunique longue et floue, les pieds nus, et elle se jette à ses pieds en disant : "Seigneur ! Oui, maintenant tu m'as vraiment délivrée !"
"Elle est guérie. Vous voyez ? Elle ne pouvait mourir car auparavant elle devait connaître la Vérité." Et il dit à la fillette qui Lui baise les pieds : "Lève-toi et vis en paix" et il lui pose la main sur la tête qui n'est plus fiévreuse.

Aurea, dans son long vêtement de lin, peut-être un de la Vierge, si long qu'il lui fait une traîne, ses cheveux défaits retombant comme un manteau sur sa mince personne, avec ses yeux gris-bleu encore brillants de la fièvre qui vient de la quitter, et de la joie qui maintenant se manifeste, paraît un ange.

"Adieu ! Nous nous retirons dans l'atelier pendant que vous vous occupez de la fillette et de la maison..." dit le Maître et, suivi des quatre, il entre dans l'ancien atelier de Joseph pour s'asseoir avec les siens sur les établis qui ne servent plus...

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-125.htm
TOME : 6/125

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Jesus_77
Jésus guérit la petite fille


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 19 Oct - 7:37

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Jésus, en travaillant, dit la parabole du bois verni"


Le rustique foyer de l'atelier est allumé, après tant de temps qu'il ne servait plus. L'odeur de la colle qui bout dans un récipient se mêle à l'odeur caractéristique de la sciure et des rubans qui viennent d'être faits ou qui tombent encore au pied de l'établi.
Jésus travaille avec entrain pour transformer des planches avec la scie et la raboteuse, en pieds de chaises, en tiroirs et autres objets. Des meubles, les modestes meubles de la petite maison de Nazareth, ont été apportés dans l'atelier. La huche qui a besoin d'être réparée, un des métiers de Marie, deux tabourets, une échelle de jardin, un petit coffre et la porte du four, je crois, rongée en bas peut-être par les rats.

Jésus travaille à réparer ce que l'usage et la vétusté ont abîmé. Thomas, de son côté, avec tout un outillage de petits instruments d'orfèvre, qu'il a certainement sorti de son sac qui se trouve sur sa couchette qui comme celle du Zélote est contre le mur, travaille d'une main légère sur des feuilles d'argent. Les coups de son petit marteau sur le burin produisent un son argentin qui se fond dans le bruit plus fort des instruments de travail dont se sert Jésus.

De temps à autre, ils échangent quelques mots et Thomas est si heureux d'être là avec le Maître et à son travail d'orfèvre - et en effet il le dit - que dans les pauses du dialogue, il sifflote tout doucement. De temps en temps, il lève les yeux et réfléchit. L'air absorbé, il fixe les murs enfumés de la pièce.

Jésus le remarque et lui dit : "Tu tires l'inspiration de ces murs noircis, Thomas ? Il est vrai que ce qui leur a donné cet aspect, c'est le long travail d'un juste, mais il ne me semble pas que cela puisse donner des motifs à un orfèvre..."

"Non, Maître, en fait un orfèvre ne peut, avec un riche métal, rendre la poésie de la sainte pauvreté... Pourtant il peut avec son métal imiter les belles choses de la nature et ennoblir ainsi l'or et l'argent en reproduisant avec eux les fleurs, les feuilles qui existent dans la création. Moi, c'est à ces fleurs, à ces feuilles que je pense et pour m'en rappeler l'aspect, je m'immobilise ainsi, les yeux tournés vers les murs, mais ce que je vois en réalité ce sont les bosquets et les prairies de notre patrie, les feuilles légères, les fleurs qui ressemblent à des coupes ou à des étoiles, le port des tiges et des feuillages..."

"Tu es un poète, alors, un poète qui chante dans le métal ce que chante un autre en écrivant sur le parchemin."

"Oui. En effet l'orfèvre est un poète qui inscrit sur le métal les beautés de la nature, mais notre travail, artistique et beau, ne vaut pas le tien qui est humble et saint, car le nôtre sert à la vanité des riches, alors que le tien sert à la sainteté de la maison et à l'utilité des .pauvres."

"Tu parles bien, Thomas" dit le Zélote, qui se montre sur le seuil qui donne sur le jardin, en vêtement court, les manches retroussées, avec, par devant, un vieux tablier, et à la main un pot de peinture.

Jésus et Thomas se retournent pour le regarder en souriant. Et Thomas répond : "Oui, je dis bien. Pourtant je veux que pour une fois le travail de l'orfèvre serve à orner une... chose bonne, sainte..."

"Quoi ?"

"Un secret. Il y a si longtemps que j'y pense. Depuis que nous avons été à Rama que je porte avec moi un petit outillage d'orfèvre en attendant ce moment... Et ton travail, Simon ?"

"Oh ! moi, je ne suis pas un parfait artiste comme toi, Thomas. C'est la première fois que je tiens un pinceau dans les mains et mes peintures sont imparfaites bien que j'y mette toute ma bonne volonté. Aussi j'ai commencé par les endroits les plus... humbles... pour me faire la main,.. et je t'assure que ma maladresse a fait rire de bon cœur la fillette. Mais j'en suis content ! Elle renaît d'heure en heure à une vie sereine et il faut cela pour effacer le passé et la rendre toute nouvelle pour Toi, Maître."
"Hé ! mais peut-être Valeria ne cédera pas..." dit Thomas.

"Oh ! que veux-tu que cela lui importe de l'avoir ou non ? Si elle la gardait, c'était pour ne pas la laisser perdue dans le monde et sûrement ce serait bien que la fillette fût sauvée pour toujours et en tout, pour l'esprit surtout. N'est-ce pas, Maître ?"

"C'est vrai. Il faut beaucoup prier pour cela. Cette créature est simple et réellement bonne et, élevée dans la Vérité, elle pourrait donner beaucoup. Elle tend instinctivement à la Lumière."

"Bien sûr ! Elle n'a pas de réconfort sur la Terre... et elle le cherche au Ciel, la malheureuse ! Moi, je crois que quand ta Bonne Nouvelle pourra être annoncée par le monde, les premiers à l'accueillir et les plus nombreux seront justement les esclaves, ceux qui n'ont aucun réconfort humain et se réfugieront dans tes promesses pour le trouver... Et je dis que s'il me revient justement l'honneur de t'annoncer, j'aurais un amour spécial pour ces malheureux..."

"Et tu feras bien, Thomas" dit Jésus.

"Oui. Mais comment les approcheras-tu ?"

"Oh! Je serai orfèvre pour les dames et... maître pour leurs esclaves. Un orfèvre entre dans les maisons des riches ou leurs serviteurs viennent dans sa maison... et je travaillerai... Deux métaux : ceux de la Terre pour les riches... et ceux de l'esprit pour les esclaves."

"Que Dieu te bénisse pour tes projets, Thomas. Persévère dans cette intention..."

"Oui, Maître."

"Eh bien, maintenant que tu as répondu à Thomas, viens avec moi, Maître... pour voir mon travail et me dire ce que je dois peindre maintenant. Des choses humbles encore car je suis un garçon très incapable."

« Allons, Simon..." et Jésus pose ses outils et sort avec le Zélote... Ils reviennent après un moment et Jésus lui montre l'escalier du jardin : "Peins-le. La peinture rend le bois imperméable et le conserve plus longtemps, outre qu'il le rend plus beau. C'est comme la protection et l'embellissement de vertus sur le cœur de l'homme. Il peut être brut, grossier... mais lorsque les vertus le revêtent, il devient beau, agréable. Tu vois, pour obtenir une belle peinture et réellement efficace, il faut tant de soins. Pour commencer : prendre avec attention ce qu'il faut pour la former, à savoir un récipient débarrassé de terre ou de restes de vieilles peintures, de bonnes huiles et de bonnes couleurs, et les mélanger avec patience, les travailler et en faire un liquide qui ne soit ni trop épais ni trop liquide. Ne pas se lasser de travailler jusqu'à ce que le plus petit grumeau soit dissous.

Cela fait, prendre un pinceau, un pinceau qui ne perde pas ses soies, qu'elles ne soient ni trop dures ni trop souples, que le pinceau soit bien débarrassé de toute ancienne couleur, et avant d'appliquer la peinture débarrasser le bois des rugosités, des croûtes d'ancienne peinture, de la boue, de tout, et puis, avec ordre, d'une main assurée, en allant toujours dans le même sens, étendre avec patience, avec beaucoup de patience, la peinture. En effet sur la même planche, il y a des résistances différentes. Sur les nœuds, par exemple, la peinture reste plus lisse, c'est vrai, mais sur eux la peinture se fixe mal car le bois la repousse. Par contre, sur les parties molles du bois la peinture se fixe tout de suite, mais généralement les parties molles sont moins lisses et alors il peut se former des boursouflures ou des rainures... Voilà alors que l'on doit réparer en appliquant soigneusement la main pour étendre la couleur. Et puis il y a dans les vieux meubles des parties neuves comme cette marche, par exemple, et pour ne pas faire voir que le pauvre escalier est rapiécé, mais très vieux, il faut faire en sorte que la marche neuve soit pareille aux anciennes... Voilà, ainsi !" Jésus, qui est penché au pied de l'escalier, parle tout en travaillant...
Thomas, qui a quitté ses burins pour venir voir de près, demande : "Pourquoi as-tu commencé par le bas plutôt que par le haut? Ne valait-il pas mieux faire le contraire ?"
"Cela semblerait préférable, mais ne l'est pas. En effet le bas est plus abîmé et amené à s'abîmer en reposant sur la terre. Il faut donc qu'il soit travaillé plusieurs fois : une première couche, puis une seconde, puis une troisième s'il est besoin... Et pour ne pas rester à rien faire pendant que le bas sèche, pour qu'il puisse recevoir une nouvelle couche, peindre pendant ce temps le haut puis le milieu de l'escalier."

"Mais en le faisant, on peut tacher ses vêtements et abîmer les parties déjà peintes."
"Avec de l'adresse on ne se tache pas et on n'abîme rien. Tu vois ? On fait ainsi. On serre ses vêtements et on se tient à l'écart. Ce n'est pas par dégoût de la peinture, mais pour ne pas abîmer la peinture qui est délicate parce que fraîchement appliquée" et Jésus, les bras levés, peint maintenant le haut de l'escalier.

Et il continue à parler : "On agit ainsi avec les âmes. J'ai dit, au début, que la peinture est comme l'embellissement des vertus sur le cœur humain. Elle embellit et préserve le bois des vers, de la pluie, du soleil. Malheur au maître de maison qui ne s'occupe pas des objets peints et les laisse périr ! Quand on voit que le bois perd sa peinture, il ne faut pas perdre de temps et en mettre de nouveau, rafraîchir la peinture... Les vertus aussi, d'un premier élan vers la justice, peuvent périr ou disparaître complètement si le maître de maison ne veille pas. La chair et l'esprit, mis à nu, exposés aux intempéries et aux parasites, c'est-à-dire aux passions et à la dissipation, peuvent être attaqués, perdre le revêtement qui les rendait beaux, finir par n'être plus bons que... pour le feu.
Aussi que ce soit en nous ou en ceux que nous aimons comme nos disciples, quand on remarque que se dégradent, se délavent les vertus qui servent à défendre notre moi, il faut tout de suite y parer par un travail assidu, patient jusqu'à la fin de la vie, pour pouvoir s'endormir dans la mort avec une chair et un esprit dignes de la résurrection glorieuse.

Pour que les vertus soient vraies, bonnes, commencer avec une intention pure, courageuse, qui enlève tout déchet, toute souillure, et s'appliquer à ne pas laisser d'imperfection dans la formation à la vertu et ensuite prendre une attitude ni trop dure ni trop indulgente, car l'intransigeance et l'indulgence excessives sont nuisibles. Et le pinceau : la volonté qu'elle soit nette de toute tendance humaine préexistante, qui pourrait veiner la teinte spirituelle par des rayures matérielles, et se préparer soi-même ou préparer les autres, par des opérations opportunes, fatigantes, il est vrai, mais nécessaires, pour purifier le vieux moi de toute ancienne lèpre afin qu'il soit pur pour recevoir la vertu. On ne peut en effet mélanger le vieux et le nouveau.

Puis commencer le travail, avec ordre, avec réflexion. Ne pas sauter d'un endroit à l'autre sans un motif sérieux. Ne pas aller un peu dans un sens un peu dans un autre. On se fatiguerait moins, c'est vrai, mais la peinture serait irrégulière. C'est ce qui arrive dans les âmes désordonnées. Elles présentent des endroits qui sont parfaits, puis à côté, voilà des déformations, des couleurs différentes… Insister sur les endroits qui prennent mal la peinture, sur les nœuds : défauts de la matière ou des passions déréglées, mortifiés oui, par la volonté semblable à une raboteuse qui les a péniblement lissés, mais qui restent pour faire résistance comme un nœud amputé, mais pas détruit. Et ils trompent quelquefois parce qu'ils paraissent bien couverts de vertus alors qu'il n'y a qu'une mince couche qui a vite fait de tomber. Attention aux nœuds des concupiscences. Faites en sorte qu'ils soient recouverts à plusieurs reprises par la vertu pour qu'ils ne ressortent pas en souillant le nouveau moi. Et sur les parties molles, celles qui prennent facilement la peinture, mais la reçoivent capricieusement avec des boursouflures et des rayures, passer plusieurs fois la peau de poisson pour lisser, lisser, lisser pour passer une ou plusieurs couches de peinture afin que ces parties aussi soient lisses comme un émail compact. Et attention à ne pas surcharger. Un excès de zèle dans les vertus fait que la créature se révolte, bouillonne et s'écaille au premier choc. Non. Ni trop, ni trop peu. Une juste mesure dans le travail sur soi et sur les créatures faites de chair et d'âme.

Dans la plupart des cas – car les Aurea sont l'exception et non pas la règle - il y a des parties neuves mêlées à des anciennes, ainsi pour les israélites qui passent de Moïse au Christ, ainsi pour les païens avec leur mosaïque de croyances qui ne pourront disparaître tout d'un coup et affleureront avec des nostalgies et des souvenirs, au moins dans les choses les plus pures, alors il faut encore plus d'attention et de tact et insister pour que le vieux se fonde harmonieusement avec le nouveau en utilisant les choses préexistantes pour compléter les nouvelles vertus. Ainsi, chez les romains, le patriotisme et le courage viril sont des éléments importants, ces deux choses sont pour ainsi dire mythiques. Eh bien, il ne faut pas les détruire, mais inculquer un esprit nouveau au patriotisme, c'est-à-dire l'intention de donner à Rome une grandeur même spirituelle en en faisant le centre de la Chrétienté. Servez-vous de la virilité romaine pour rendre courageux dans la Foi ceux qui sont courageux au combat.

Un autre exemple : Aurea. Le dégoût d'une révélation brutale la pousse à aimer ce qui est pur et à haïr ce qui est impur, Eh bien, utilisez ces deux sentiments pour l'amener à une parfaite pureté en haïssant la corruption comme si c'était le romain brutal.
Me comprenez-vous ? Et des coutumes faites-en des moyens de pénétration. Ne détruisez pas brutalement. Vous n'auriez pas tout de suite ce qu'il faut pour construire. Mais remplacez tout doucement ce qui ne doit pas rester dans un converti, avec charité, patience, ténacité. Et puisque la matière domine surtout chez les païens, même convertis, et qu'ils resteront toujours en relation avec ce milieu où ils doivent vivre, insistez beaucoup sur la fuite des plaisirs sensuels. C'est par les sens que pénètre aussi le reste. Vous, surveillez les sensations exaspérées chez les païens et, avouons-le, très vives aussi parmi nous, et quand vous voyez que le contact avec le monde effrite la peinture protectrice, ne continuez pas de peindre le haut, mais revenez au bas pour maintenir en équilibre l'esprit et la chair, le haut et le bas. Mais commencez toujours par la chair, par le vice matériel, pour préparer la réception de l'Hôte qui n'habite pas dans les corps impurs, ni avec les esprits qui exhalent la puanteur des corruptions charnelles... Me comprenez-vous ?

Et ne craignez pas de vous corrompre en touchant avec vos vêtements les parties basses, matérielles, de ceux dont vous soignez l'esprit. Avec prudence pour ne pas ruiner au lieu de construire. Vivez dans votre moi nourri de Dieu, enveloppé par les vertus, allez-y avec délicatesse surtout quand vous devez vous occuper du moi spirituel très sensible d'autrui, et certainement vous réussirez à faire, même des êtres les plus méprisables, des êtres dignes du Ciel."

"Quelle belle parabole tu nous as dite ! Je veux l'écrire pour Margziam !" dit le Zélote.
"Et pour moi qu'il faut faire toute belle pour le Seigneur" dit lentement, en cherchant les mots, Aurea qui depuis un moment est, les pieds nus, debout sur le seuil du jardin.
"Oh ! Aurea ! Tu nous écoutais ?" demande Jésus.

"Je t'écoutais. C'est si beau ! Ai-je mal fait ?"

"Non, fillette. Il y a longtemps que tu es ici ?"

"Non. Et je regrette car je ne sais pas ce que tu as dit avant. Ta Mère m'a envoyé te dire que c'est bientôt l'heure du repas. On va défourner le pain. J'ai appris à le faire, moi... Comme c'est beau ! Et j'ai appris à blanchir la toile, et sur le pain et la toile, ta Mère m'a fait deux autres paraboles."

"Ah ! oui ? Que t'a-t-elle dit ?"

"Que je suis comme une farine qui est encore sur le blutoir, mais que ta bonté m'épure, que ta grâce me travaille, et que ton apostolat me forme, que ton amour me cuit et que, de farine grossière mélangée à tant de son, je finirai, si je me laisse travailler par Toi, par être une farine d'hostie, farine et pain de sacrifice, bon pour l'Autel. Et sur la toile qui était sombre, huileuse, rêche, et qui, après tant d'herbe borit (saponaire) et tant de coups de mortification était devenue propre et souple, maintenant le soleil enverra ses rayons et elle deviendra blanche... Et elle dit que c'est ainsi que le Soleil de Dieu fera de moi, si je reste toujours sous le Soleil et si j'accepte les lavages et aussi les mortifications pour devenir digne du Roi des rois, de Toi, mon Seigneur. Que de belles choses j'apprends... Il me semble que je rêve... Beau ! Beau ! Beau ! Tout est beau ici... Ne m'envoie pas ailleurs, Seigneur !"

"N'irais-tu pas volontiers avec Myrta et Noémi ?"

"Je préférerais ici... Mais pourtant... même avec elles. Mais pas avec les romains, non, non, Seigneur..."

"Prie, fillette !" dit Jésus en mettant sa main sur les cheveux couleur de miel blond. "As-tu appris la prière ?"

"Oh ! oui ! Qu'il est beau de dire : "Mon Père !" et de penser au Ciel… Mais... la volonté de Dieu me fait un peu peur... parce que je ne sais pas si Dieu veut ce que moi, je veux..."

"Dieu veut ton bien."

"Oui ? Tu le dis ? Alors, je n'ai plus peur... Je sens que je resterai en Israël... pour connaître de plus en plus ce Père qui est mien... Et... à être la première disciple de Gaule, ô mon Seigneur !"

"Ta foi sera exaucée parce qu'elle est bonne. Allons…" Et ils sortent tous pour se laver au bassin sous la source, alors qu'Aurea rejoint en courant Marie, et l'on entend les deux voix féminines, la voix de Marie qui s'exprime avec une parfaite aisance, celle incertaine de l'autre qui cherche ses mots, puis des rires pétillants pour quelque erreur de langage que Marie corrige doucement...

"Elle apprend vite et bien, la fillette" observe Thomas.

"Oui, elle est bonne et pleine de bonne volonté."

"Et puis ! Elle a ta Mère pour maîtresse !... Satan lui-même ne lui résisterait pas !..." dit le Zélote.

Jésus soupire sans parler...

"Pourquoi soupires-tu ainsi, Maître ? Je n'ai pas bien parlé ?"

"Si, très bien. Mais il y a des hommes qui résistent plus que Satan, qui au moins fuit à la vue de Marie. Il y a des hommes qui sont dans son voisinage et qui, instruits par elle, n'arrivent pas à s’améliorer…"

"Mais pas nous, hein ?" dit Thomas.

" Pas vous... Allons..."

Ils entrent dans la maison et la vision prend fin.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-126.htm
TOME : 6/127

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Thomas


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 20 Oct - 7:28

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"Les sabbats dans la paix de Nazareth"

Vision du lundi 13 mai 1946

Le sabbat, c'est le repos. Oui, on le sait, Les hommes se reposent et aussi les instruments de travail que l'on a recouverts ou rangés soigneusement.

Maintenant que le rouge crépuscule d'un vendredi d'été[1] va s'achever, voici que Marie, assise à l'ombre du grand pommier à son métier le plus petit, se lève et le recouvre et avec l'aide de Thomas le ramène à sa place dans la maison. Aurea est occupée, assise sur un tabouret, à ses pieds, à coudre d'une main encore mal assurée les vêtements que lui avait donnés la romaine, remis à ses mesures par Marie. Marie l'invite à plier soigneusement son travail, et à le remettre sur la console de sa chambrette, Pendant que la fillette le fait, la Mère entre avec Thomas dans l'atelier où Jésus s'empresse, avec le Zélote, de remettre à leurs places les scies, les raboteuses, les tournevis, les marteaux, les pots de peinture et de colle, et de nettoyer les établis et le sol de la sciure et des copeaux de bois. Du travail fait jusqu'alors il ne reste que deux planches mises en équerre et serrées dans l'étau pour que la colle durcisse dans les emboîtements (peut-être un futur tiroir) et un tabouret à moitié peint aux teintes encore fraîches qui dégage une odeur acide.

Aurea entre aussi et va se pencher sur le travail au burin de Thomas et elle l'admire en demandant, un peu curieuse et aussi instinctivement un peu coquette, à quoi cela sert et aussi si cela lui irait bien.

"Cela t'irait bien, mais il te va mieux d'être bonne. Ce sont des ornements qui n'embellissent que le corps mais qui ne sont pas utiles à l'esprit. Au contraire, en développant la coquetterie, elles font du mal à l'esprit."

"Et alors, pourquoi les fais-tu ?" demande avec logique la fillette. "Tu veux donc faire du mal à un esprit ?"

Thomas, toujours débonnaire, sourit à l'observation et il dit : "Le superflu fait du mal à un esprit faible, mais pour un esprit qui est fort, l'ornement reste ni plus ni moins que ce qu'il est : une broche nécessaire pour maintenir le vêtement en place."

"Pour qui le fais-tu ? Pour ton épouse ?"

"Je n'ai pas d'épouse et je n'en aurai jamais."

"Alors, pour ta sœur ?"

"Elle en a plus qu'il ne lui en faut."

"Alors, pour ta mère ?"

"Pauvre vieille ! Que veux-tu qu'elle en fasse ?"

"Mais c'est pour une femme..."

"Oui, mais pas pour toi cependant."

"Oh ! Je n'y pense même pas... Et puis, à présent que tu m'as dit que ces choses font du mal à un esprit faible, je n'en voudrais pas. J'enlèverai même ces bordures aux vêtements. Je ne veux pas faire de mal à ce qui appartient à mon Sauveur !"

"Brave fillette ! Tu vois, avec ta volonté, tu as fait un travail plus beau que le mien."

"Oh ! Tu le dis parce que tu es bon !..."

"Je le dis parce que c'est vrai ! Vois-tu : j'ai pris ce bloc d'argent, je l'ai réduit en feuilles à mesure que j'en avais besoin et puis, avec l'instrument ou plutôt avec beaucoup d'instruments, je lui ai donné cette tournure mais il me reste à faire le plus important. Réunir les différentes parties et d'une manière naturelle. Pour l'instant, il n'y a de terminées que ces deux petites feuilles et la fleurette qui va avec elles" et Thomas lève entre ses gros doigts une tige aérienne de muguet enserrée entre ses feuilles qui imite à la perfection un modèle naturel. Cela fait un certain effet de voir cette breloque aux reflets d'argent pur entre les doigts robustes et bronzés de l'orfèvre.

"Oh ! c'est beau ! Il y en avait des quantités dans l'île et on nous laissait les cueillir avant le lever du soleil. C'est que nous, les blondes, nous ne devions jamais nous mettre au soleil pour avoir plus de valeur. Les brunes, au contraire, on les faisait rester dehors, au soleil, au point qu'elles se sentissent mal, pour brunir davantage. Ils les… Comment dit-on quand on vend une chose pour une autre ?"

"Mais !... Par tromperie... par escroquerie... je ne sais pas."

"Voilà, ils les trompaient en disant qu'elles étaient nées en Arabie ou dans le Haut-Nil. Ils en ont vendu une comme descendante de la reine de Saba."

"Rien de moins ! Mais ce n'était pas elles qui étaient trompées, mais les acheteurs. On dit alors : escroque. Quelle race ! Une belle surprise pour l'acheteur, quand il aura vu s'éclaircir le teint de la... fausse éthiopienne ! Mais, tu entends, Maître ? Que de choses que nous, nous ignorons !"

"J'entends. Mais le plus triste ce n'est pas l'escroquerie... C'est le sort de ces fillettes..."

"C'est vrai : des âmes profanées pour toujours, perdues..."

"Non. Dieu peut toujours intervenir..."

"Pour moi, Il l'a fait. Tu m'as sauvée !... dit Aurea en tournant vers le Seigneur un regard clair, serein. Et elle ajoute : Et je suis si heureuse !" Et, ne pouvant aller embrasser Jésus, elle va passer son bras autour du cou de Marie en penchant sa tête blonde sur l'épaule de la Vierge dans un acte de confiant amour.

Les deux têtes blondes se détachent avec leurs nuances différentes contre le mur obscur. Un groupe très doux. Mais Marie pense au souper. Elles se séparent et s'en vont.

"On peut entrer ?" dit à la porte de la pièce qui donne sur la rue la voix un peu rauque de Pierre.

"Simon ! Ouvrez !"

"Simon ! Il n'a pas su rester loin d'ici !" dit Thomas pendant qu'en riant il court ouvrir.

"Simon ! C'était à prévoir..." dit en souriant le Zélote. Mais ce n'est pas seulement le visage de Pierre qui s'encadre dans la porte. Il y a tous les apôtres du lac, tous, sauf Barthélemy et l'Iscariote. Et avec eux il y a également Jude et Jacques d'Alphée.

"Paix à vous ! Mais pourquoi êtes-vous venus par cette chaleur ?"

"Parce que... nous ne pouvions plus rester au loin. Cela fait deux semaines et demie, sais-tu ? Tu comprends ? Deux semaines et demie que nous ne te voyons plus !" et Pierre semble dire : "Deux siècles ! C'est énorme !"

"Mais je vous avais dit d'attendre Judas à chaque sabbat."

"Oui. Mais, aux deux sabbats, il n'est pas venu... et le troisième, c'est nous qui venons. Là-bas est resté Nathanaël qui ne va pas trop bien, et il recevra Judas, s'il vient... Mais il ne va sûrement pas venir ...En passant par Tibériade avant de nous rejoindre, pour aller vers le grand Hermon, Benjamin et Daniel nous ont dit l'avoir vu à Tibériade et... Bon, je t'en parlerai après..." dit Pierre qui s'est arrêté de parler parce que son frère lui tire son vêtement.

"C'est bien. Tu me diras... Mais pourtant vous désiriez tant vous reposer et maintenant que vous le pouvez, vous faites ces courses ! Quand êtes-vous partis ?"

"Hier soir avec un lac qui était un miroir. Nous avons débarqué à Tarichée pour éviter Tibériade pour... pour ne pas rencontrer Judas..."

"Pourquoi ?"

"Parce que, Maître, nous voulions jouir de Toi en paix."

"Vous êtes égoïstes !"

"Non. Lui il a ses joies... Mais ! Je ne sais pas qui lui donne tant d'argent pour en jouir avec... Oui, j'ai compris, André, mais ne tire plus si fort mon habit. Je n'ai que celui-là, tu le sais. Veux-tu me faire repartir en guenilles !"

André rougit. Les autres rient. Jésus sourit.

"Bien. Nous sommes descendus à Tarichée aussi parce que, voilà, ne me fais pas de reproches... Ce sera la chaleur, ce sera que loin de Toi je deviens mauvais, ce sera que penser que lui s'est séparé de Toi pour s'unir à... En somme, cesse de me tirer la manche ! Tu vois que je sais m'arrêter à temps! !... Donc, Maître, ce sera pour tant de choses... moi, je ne voulais pas pécher, et si j'avais vu Judas, je péchais. Et alors, je me suis dirigé vers Tarichée, et à l'aube, nous nous sommes mis en route."

"Etes-vous passés par Cana ?"

"Non. Nous ne voulions pas allonger le chemin... Mais malgré cela, il a été quand même très long. Et le poisson s'en allait… Nous l'avons donné dans une maison, pour nous abriter pendant quelques heures, les plus chaudes. Et nous sommes partis après l'heure de none au milieu de l'heure suivante[2]... Un vrai four !..."

"Vous pouviez vous épargner tout cela. Moi, je n'aurais pas tardé de venir..."

"Quand ?"

"Après que le soleil serait sorti du Lion."

"Et il te semble que l'on pouvait rester si longtemps sans Toi ? Mais nous aurions défié mille chaleurs comme celle-là pour venir à Toi et te voir. Notre Maître ! Notre Maître adoré !" Et Pierre embrasse son Trésor retrouvé.

"Et penser que quand nous sommes ensemble, vous ne faites que vous plaindre du temps, de la longueur du chemin..."
"Parce que nous sommes sots. Parce que quand on est ensemble, on ne se rend pas bien compte de ce que tu es pour nous... Mais nous voici ici. Nous avons déjà une place : qui chez Marie d'Alphée, qui chez Simon d'Alphée, qui chez Ismaël, qui chez Aser, qui chez Alphée, tout près d'ici. Maintenant on se repose. et demain soir on repart, plus contents."

"Au dernier sabbat, nous avons eu Myrta et Noémi, venues pour revoir la fillette" dit Thomas.

"Tu vois que l'on vient ici dès qu'on le peut ?"

"Oui, Pierre. Et vous, qu'avez-vous fait pendant ce temps-là ?"

"Pêché... verni les barques... réparé les filets... À présent Margziam sort souvent avec les garçons, ce qui fait diminuer les reproches de ma belle-mère contre "le paresseux qui fait mourir de faim sa femme après même lui avoir amené un bâtard". Et penser que Porphyrée n'a jamais été aussi bien que maintenant qu'elle a Margziam, pour le cœur et... pour tout le reste. Les brebis de trois sont devenues cinq, et bientôt il y en aura davantage... Ce n'est pas peu utile pour une petite famille comme la nôtre ! Et Margziam, avec la pêche, supplée à ce que je ne fais plus que bien rarement, mais cette femme a une langue de vipère, bien que sa fille en ait une de colombe... Mais Toi aussi, tu as travaillé, je vois..."

"Oui, Simon. Nous avons travaillé, tous. Mes frères dans leur maison, Moi, avec eux dans la mienne, pour faire plaisir à nos mères et les faire reposer."

"Eh bien ! Nous aussi" disent les fils de Zébédée.

"Et moi, mon épouse, en travaillant aux ruches et aux vignes" dit Philippe.

"Et toi, Mathieu ?"

"Moi. je n'ai personne à qui faire plaisir... et alors, je me suis fait plaisir à moi-même en écrivant les choses dont il me plaît davantage de me souvenir..."

"Oh ! alors nous te dirons la parabole du vernis, C'est moi qui l'ai provoquée, qui suis un peintre très inexpérimenté..." dit le Zélote.

"Mais tu as eu vite appris le métier. Regardez Comme il a bien lissé ce siège !" dit le Thaddée.

L'accord entre eux est parfait[3]. Et Jésus, avec un visage plus reposé depuis qu'il est dans sa maison, étincelle de joie, d'avoir autour de Lui ses chers apôtres. Aurea entre et elle reste toute surprise sur le seuil.

"Oh ! la voilà ! Mais regarde comme elle est bien ! Vraiment elle semble une petite israélite avec ce vêtement !"

Aurea devient pourpre et ne sait que dire, mais Pierre est si débonnaire et paternel, qu'elle se reprend ensuite et dit : "Je m'efforce de le devenir et... avec ma Maîtresse, j'espère l'être bientôt... Maître, je vais dire à ta Mère qu'ils sont ici..." et elle se retire de suite.

"C'est une bonne fillette" déclare le Zélote.

"Oui. Je voudrais qu'elle reste pour nous d'Israël. Barthélemy a perdu une bonne occasion et une joie, en la repoussant..." dit Thomas.

"Barthélemy est très attaché aux... formules" dit Philippe pour l'excuser.

"C'est son unique défaut" observe Jésus. Marie entre...

"Paix à toi, Marie" disent ceux qui sont venus de Capharnaüm.

"La paix à vous... Je ne savais pas que vous étiez ici. Maintenant, je vais m'en occuper tout de suite… Venez, en attendant..."

"Notre mère va venir de la maison avec de la nourriture, et aussi Salomé. Ne te préoccupe pas, Marie" dit Jacques d’Alphée.

"Allons au jardin... Le vent du soir se lève et l'on est bien..." dit Jésus.

Et ils entrent dans le jardin, en s'assoyant çà et là, en conversant fraternellement, pendant que les colombes roucoulent en se disputant le dernier repas qu'Aurea répand sur le sol... Puis on arrose les parterres fleuris ou simplement garnis des légumes nécessaires à l'homme. Et ce sont les apôtres qui veulent le faire, joyeusement, pendant que Marie d'Alphée, qui est arrivée, prépare avec Aurea et Marie le repas des hôtes.

Et l'odeur des mets qui grésillent se mêle à celui de la terre arrosée, comme les cris des oiseaux qui se disputent vivement une place dans les feuillages se mêlent aux voix graves et aiguës des apôtres...

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-127.htm
TOME : 6/127

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La Paix du repos à Nazareth


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 21 Oct - 7:46

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Avant d’être mère, je suis fille et servante de Dieu"

Vision du Mardi 14 mai 1946

Et le sabbat dure. C'est le vrai sabbat. Dans la splendeur du matin, avant la chaleur lourde de la journée, il est agréable d'être assis en une réunion fraternelle, paisible sous la tonnelle ombragée, ou bien là où le pommier, près du figuier et de l'amandier, fait avec eux des taches d'ombre qui prolongent l'ombre de la tonnelle sur laquelle mûrit le raisin. Il est agréable de faire le tour des parterres en allant de la ruche au colombier, de là à la petite grotte, et puis, en passant derrière les femmes : Marie, Marie de Cléophas, sa belle-fille Salomé de Simon, Aurea, d'aller vers les quelques oliviers qui, du talus, se penchent sur le jardin tranquille.

Et c'est ce que font Jésus et les siens, Marie et les autres femmes. Jésus enseigne même sans le vouloir, et Marie enseigne aussi sans le vouloir. Et les disciples du premier, comme les femmes disciples de la seconde, sont attentifs aux paroles des deux Maîtres.

Aurea, assise sur son habituel petit tabouret aux pieds de Marie, presque accroupie, se tient les mains enlacées autour des genoux, le visage levé avec ses yeux grands ouverts fixés sur le visage de Marie. Elle semble une enfant qui écoute une légende merveilleuse. Mais ce n'est pas une légende, c'est une belle vérité. Marie raconte les histoires anciennes d'Israël à la petite païenne d'hier et les autres, bien que connaissant les histoires de la patrie, écoutent avec attention. C'est qu'il est bien doux d'entendre l'histoire de Rachel[1], celle de la fille de Jephté celle d'Anne d'Elcana, qui coulent de ces lèvres !

Jude d'Alphée s'approche lentement et écoute en souriant. Il est derrière Marie qui ainsi ne le voit pas, mais le regard souriant de Marie de Cléophas à son Jude avertit Marie que quelqu'un est derrière elle et elle se retourne : « Oh ! Jude ! Tu as laissé Jésus, pour m'écouter moi, pauvre femme ? »

« Oui. Je t'ai quittée pour aller à Jésus, car tu as été ma première maîtresse, mais il m'est doux parfois de le quitter Lui pour venir vers toi, redevenir enfant comme quand j'étais ton élève. Continue, je t'en prie... »

« Aurea veut sa récompense chaque sabbat et la récompense c'est que je lui raconte ce qui l'a davantage frappée de notre histoire, que je m’explique un peu, chaque jour, pendant que nous travaillons. »

Les autres aussi se sont approchés... Le Thaddée dit : « Et qu'est-ce qui te plaît, fillette ? »

« Tant de choses, tout pourrais-je dire... Mais tellement, tellement Rachel et Anne d'Elcana, et puis Ruth.. et puis... ah ! très beau ! Tobit et Tobie avec l'ange[2], et puis l'épouse qui prie pour être délivrée... »

« Et Moïse, non ? »

« Il me fait peur... trop grand... Et parmi les prophètes, il me plaît Daniel qui défendit Suzanne». Elle regarde autour d'elle et puis elle murmure... « moi aussi, j'ai été défendue par mon Daniel » et elle regarde Jésus

« Mais même les livres de Moïse sont beaux ! »

« Oui, là où ils enseignent à ne pas faire ce qui est laid, et là où ils parlent de cette étoile qui naîtra de Jacob. Moi, je connais son nom à présent. Auparavant, je ne savais rien et je suis plus heureuse que ce prophète, car je la vois, et de près. Elle m'a tout dit et moi aussi, je sais » termine-t-elle d'un air quelque peu triomphal.

« Et la Pâque, elle ne te plaît pas ? »

« Si... mais... les fils des autres sont aussi des fils de maman. Pourquoi les tuer ? Je préfère le Dieu qui sauve à Celui qui tue... »

« Tu as raison... Marie, tu ne lui as pas encore raconté sa Naissance ? » dit Jacques en montrant du doigt le Seigneur qui écoute et se tait.

« Pas encore. Je veux qu'elle connaisse bien le passé avant le présent, pour comprendre ce présent qui a sa raison d'être dans le passé. Quand elle le connaîtra, elle verra que le Dieu qui lui fait peur, le Dieu du Sinaï, est un Dieu d'amour sévère, mais toujours un Dieu d'amour ».

« Oh ! Mère ! Dis-le-moi maintenant ! J'aurai plus de facilité au contraire à comprendre le passé, quand je connaîtrai le présent qui d'après ce que j'en sais est tellement beau et fait aimer Dieu sans peur. J'ai besoin de ne pas avoir peur, moi ! »

« La fillette a raison, Rappelez-vous tous et toujours cette vérité quand vous évangéliserez. Les âmes ont besoin de ne pas avoir peur, pour aller à Dieu en toute confiance. C'est ce que Moi, je m'efforce de faire et de faire d'autant plus que, par ignorance ou par leur faute, les gens sont portés à craindre beaucoup Dieu. Mais Dieu, même le Dieu qui a frappé les Égyptiens et qui te fait peur, Aurea, Il est toujours bon. Vois-tu : quand Il a frappé les fils des Égyptiens cruels, Il a usé de pitié avec ces fils qui, n'ayant pas grandi, ne sont pas devenus pécheurs comme leurs pères, et Il a donné à leurs parents le temps de se repentir du mal qu'ils avaient fait. Ce fut donc une bonté sévère. Il faut distinguer la véritable bonté de ce qui n'est que mollesse d'éducation. Ce fut la même chose alors que j'étais un petit enfant et qu'un grand nombre de bébés furent tués sur le sein de leur mère, et le monde poussa un cri d'horreur. Mais quand le Temps ne sera plus pour chaque personne ou pour l'humanité toute entière, une première et une seconde fois vous comprendrez que heureux, bénis en Israël, dans l'Israël des temps du Christ, furent ceux qui ayant été exterminés dans leur enfance, ont été préservés du plus grand péché : celui d'être complices de la mort du Sauveur ».

« Jésus ! » crie Marie d'Alphée, en se levant épouvantée, regardant tout autour d'elle, comme si elle craignait de voir surgir les déicides de derrière les haies et les troncs des arbres du jardin. « Jésus ! » répète-t-elle en le regardant affligée.

« Et quoi ? Tu ne connais peut-être pas les Écritures, pour être si étonnée de ce que je dis ? » lui demande Jésus.

« Mais... Mais... Ce n'est pas possible … Tu ne dois pas le permettre... Ta Mère... »

« Elle est Salvatrice comme Moi, et elle le sait. Regarde-la, et imite-la. »

Marie est en effet austère, royale dans sa pâleur profonde, et immobile. Elle croise les mains sur son sein comme pour la prière, la tête droite, le regard perdu dans le vide...

Marie d'Alphée la regarde, puis se tournant de; nouveau vers Jésus : « Mais tu ne dois tout de même pas le dire : cet avenir horrible ! Tu lui plonges une épée dans le cœur. »

« Il y a trente-deux ans qu'elle y est cette épée. »

« Non ! Ce n'est pas possible ! Marie... toujours si sereine... Marie... »

« Demande-le-lui, si tu ne crois pas ce que je dis. »

« Oui, je vais le demander Est-ce vrai, Marie ? Tu sais ? ... » Et Marie, d'une voix blanche mais ferme, dit : « C'est vrai. Il avait quarante jours et cela me fut dit par un saint[3] : … Mais même auparavant... Oh ! quand l'Ange me dit qu'en restant la Vierge j'aurais conçu un Fils qui, à cause de sa conception divine, serait appelé Fils de Dieu et tel il est réellement, et lorsque dans le sein d'Élisabeth stérile s'était formé un fruit par un miracle de l'Eternel, je n'ai pas eu de peine à me rappeler les paroles d'Isaïe : "Voici que la Vierge concevra un fils qui Sera appelé l'Emmanuel".. Isaïe tout entier, tout entier ! Et là où il parle du Précurseur ... Et là où il parle de l'Homme des douleurs, rouge, rouge de sang, méconnaissable... un lépreux... pour nos péchés... L'épée est dans mon cœur depuis lors et tout a servi à l'enfoncer davantage : le cantique des anges et les paroles de Siméon et la venue des Rois d'Orient, et tout, et tout... »

« Mais quel autre tout, ma Marie ? Jésus triomphe, Jésus fait des prodiges, Jésus est suivi par des foules toujours plus nombreuses... N'est-ce pas vrai peut-être ? » dit Marie d'Alphée.

Et Marie, toujours avec la même posture, dit à chaque question : « Oui, oui, oui » sans angoisse, sans joie, seulement un assentiment paisible parce qu'il en est ainsi...

« Et alors quelle toute autre chose t'enfonce l'épée dans le cœur ? »

« Oh !... Tout... »

« Et tu es toujours si calme, si sereine ? Toujours pareille à quand, épouse, tu arrivas ici, il y a trente-trois ans, et je m'en souviens comme si c'était hier... Mais comment peux-tu ? ... Moi... je serais comme folle... je ferais... je ne sais pas ce que je ferais... Moi... Non ! Ce n'est pas possible qu'une mère sache cela et reste calme ! »

« Avant d'être Mère, je suis fille et servante de Dieu... Mon calme où je le trouve ? En faisant la volonté de Dieu. Ma sérénité d'où me vient-elle ? De faire cette volonté. Si je devais faire la volonté d'un homme, je pourrais être troublée car un homme, même le plus sage, peut toujours imposer des volontés erronées. Mais celle de Dieu ! Si Lui m'a voulue pour Mère de son Christ, dois-je peut-être penser que cela est cruel, et dans cette pensée perdre ma sérénité? La pensée de ce que sera la Rédemption pour Lui, et pour moi, pour moi aussi, doit-elle me troubler en pensant comment je ferai pour surmonter cette heure ? Oh ! elle sera terrible... » et Marie a un sursaut involontaire, un frisson imprévu, et elle serre ses mains comme pour les empêcher de trembler, comme pour prier plus ardemment, alors que son visage devient encore plus blanc et que ses paupières légères s'abaissent en battant d'angoisse sur ses yeux bleu clair. Mais sa voix se raffermit après un soupir profond et angoissé et elle termine : « Mais Lui, Celui qui m'a imposé sa volonté et que je sers avec un amour confiant, me donnera son aide pour cette heure. A Lui, à moi... parce que le Père ne peut pas imposer une volonté trop forte pour les forces de l'homme... et Il secourt... toujours... Et Il nous secourra, mon Fils... Lui nous secourra... et il ne pourra y avoir que Lui, infini dans ses moyens, pour nous secourir... »

« Oui, Mère. L'Amour nous secourra et dans l'amour nous nous secourrons l'un l'autre. Et dans l'amour, nous rachèterons... » et Jésus se met à côté de sa Mère et lui met la main sur l'épaule, et elle lève son visage pour le regarder, son Jésus beau et sain, destiné à être défiguré par les tortures, tué par mille blessures, et elle dit : « Dans l'amour et dans la douleur... Oui, et ensemble... »

Personne ne parle plus... En cercle autour des deux principaux Protagonistes de la future tragédie du Golgotha, apôtres et femmes disciples ressemblent à des statues pensives... Sur son tabouret, Aurea est pétrifiée... Mais elle est la première à se secouer et, sans se lever, elle glisse à genoux et se trouve ainsi tout à fait contre Marie, Elle lui embrasse les genoux et penche sa tête sur son sein en disant : « Pour moi aussi tout cela !… Combien je coûte et combien je vous aime pour ce que je vous coûte ! Oh ! Mère de mon Dieu, bénis-moi pour que le prix que je vous coûte ne reste pas sans fruit... »

« Oui, ma fille, ne crains pas. Dieu t'aidera toi aussi si tu acceptes toujours sa volonté. » Elle caresse ses cheveux et ses joues qu'elle sent mouillées par les larmes. « Ne pleure pas ! Du Christ tu as connu pour commencer le sort douloureux, la fin de sa mission d'Homme. Il n'est pas juste qu'ayant connu cela tu ignores la première heure de sa vie dans le monde. Écoute… Il plaira à tous de sortir de la contemplation amère, ténébreuse, en évoquant l'heure toute lumière, toute chant, toute hosanna de sa Naissance !... Écoute... » et Marie, en expliquant la raison du voyage à Bethléem de Juda, ville prédite pour être la ville natale du Sauveur, raconte doucement la nuit de la Naissance du Christ.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-128.htm
TOME : 6/128

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Jacob rencontre Rachel


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

Ste Thérèse de l' Enfant Jésus et de la Sainte Face
Maud
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 22 Oct - 7:22

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Jésus et Marie en colloque"

Je ne sais pas si c'est le soir du même sabbat. Je sais que je vois Jésus et Marie, assis sur un banc de pierre contre la maison, près de la porte de la salle à manger de laquelle sort la légère clarté d'une lampe à huile placée près de la porte. La lueur palpite à l'air avec des hauts et des bas comme si elle était animée par un mouvement de respiration. Unique clarté dans la nuit sans lune. Un tout petit peu de lumière qui sort dans le jardin, qui éclaire une petite bande de terrain devant la porte et qui meurt sur le premier rosier du parterre, mais ce peu de lumière suffit pour éclairer les deux profils des Deux unis dans un colloque intime dans la nuit sereine embaumée par les jasmins et d'autres fleurs d'été.

Ils parlent entre eux des parents... de Joseph d'Alphée toujours têtu, de Simon pas très courageux dans sa profession de foi, dominé comme il l'est par l'aîné des frères, qui est autoritaire et obstiné dans ses idées comme l'était le père. La grande douleur de Marie qui voudrait que tous ses neveux soient disciples de son Jésus...

Jésus la réconforte et pour excuser son cousin met en lumière sa forte foi israélite : "Un obstacle, sais-tu ? Un véritable obstacle. En effet toutes les formules et les préceptes font obstacle à l'acceptation de l'idée messianique dans sa vérité. Il est plus facile de convertir un païen, pourvu que ce soit un esprit pas complètement corrompu. Le païen réfléchit et il voit la grande différence entre son Olympe et mon Royaume. Mais Israël... Israël, dans sa partie la plus cultivée... a du mal à suivre la pensée nouvelle !..."

"Et pourtant, c'est toujours la même pensée !"

"Oui. C'est toujours le Décalogue, ce sont toujours les prophéties. Mais l'homme les a dénaturés, et des sphères surnaturelles où ils se trouvaient, il les a amenés au niveau de la Terre, dans le climat du monde ; son humanité a tout manipulé et tout altéré... Le Messie, Roi spirituel du grand Royaume, qui s'appelle Royaume d'Israël parce que le Messie naît du trône d'Israël, mais qu'il est plus juste de nommer Royaume du Christ, parce que le Christ centralise ce qu'il y a et ce qu'il y a eu de meilleur en Israël, et l'élève à sa perfection de Dieu-Homme.

Le Messie, pour eux, ne peut être l'homme doux, pauvre, qui n'aspire pas au pouvoir et à la richesse, qui obéit à ceux qui nous dominent par suite d'un châtiment divin, parce que l'obéissance est sainteté quand elle n'infirme pas la grande Loi. A cause de cela, on peut dire que leur foi travaille contre la vraie Foi. De ces gens entêtés et qui sont convaincus d'être justes, il y en a tant... dans toute classe... et même parmi les parents et les apôtres. Crois, ô Mère, que leur aveuglement pour croire à ma Passion vient de cela. C'est l'origine de leur erreur d'appréciation... Et aussi leur répugnance obstinée à apprécier les gentils les idolâtres en regardant non pas l'homme, mais l'esprit de l'homme, cet esprit qui a une seule Origine et auquel Dieu voudrait donner un seul Destin : le Ciel. Tu vois Barthélemy... C'est un exemple. Il est très bon, sage, prêt à tout pour me donner honneur et réconfort... Mais devant, je ne dis pas une Aglaé ni une Sintica, qui est déjà une fleur en comparaison de la pauvre Aglaé que seule la pénitence fait fleurir hors de la boue, mais pas même devant une fillette, une pauvre fillette dont le sort provoque la pitié et dont la pudeur instinctive attire l'admiration, même devant cela son dégoût pour les gentils ne tombe pas, et même mon exemple ne le convainc pas, ni mon affirmation que c'est pour tous que je suis venu."

"Tu as raison. Et même justement Barthélemy et Judas de Kériot, les plus instruits ou au moins : le docte Barthélemy et Judas de Kériot dont je ne sais pas au juste à quelle classe il peut se rattacher, mais dont on peut dire qu'il est imbu, saturé de l'air du Temple, ce sont ceux qui résistent le plus. Pourtant... Barthélemy est bon et sa résistance est encore excusable. Judas... non. Tu as entendu ce qu'a dit Matthieu, allé exprès à Tibériade... Et Matthieu connaît la vie, cette vie-là surtout... Et Jacques de Zébédée a observé justement : "Mais qui donne tant d'argent à Judas ?" Car cette vie coûte... Pauvre Marie de Simon !"

Jésus fait avec les mains son geste, pour dire : "C'est ainsi..." et il soupire. Puis il dit : "As-tu entendu ? Les romaines sont à Tibériade... Valeria ne m'a rien fait savoir. Mais je dois savoir avant de reprendre mon chemin. Je veux t'avoir avec Moi à Capharnaüm quelque temps, Maman... Puis tu reviendras ici. Moi, j'irai vers les confins syro-phéniciens, et ensuite je reviendrai te saluer, avant de descendre vers la Judée, la brebis têtue d'Israël..."

"Fils, demain soir, j'irai… Je prendrai avec moi Marie d'Alphée. Aurea ira chez Simon d'Alphée parce qu'on ne serait pas sans critiquer qu'elle reste ici avec vous plusieurs jours... Le monde est ainsi... Et moi j'irai... A Cana comme première étape, et puis à l'aube je partirai pour m'arrêter chez la mère de Salomé de Simon, et puis au crépuscule je repartirai et nous arriverons alors qu'il fera encore jour à Tibériade. J'irai chez le disciple Joseph, car je veux aller moi, personnellement, chez Valeria, et si j'allais chez Jeanne, elle voudrait y aller... Non, moi, Mère du Sauveur, à ses yeux je serai différente de la disciple du Sauveur... et elle ne me dira pas non. Ne crains pas, mon Fils !"

"Je ne crains pas, mais cela me désole que tu te fatigues."

"Oh ! pour sauver une âme ! Qu'est-ce qu'une vingtaine de milles faits à la belle saison ?"

"Ce sera aussi une fatigue morale. Demander... être humiliée peut-être..."

"Peu de chose et qui passe. Mais une âme reste !"

"Tu seras comme une hirondelle égarée dans Tibériade corrompue... Prends Simon avec toi."

"Non, mon Fils, Nous deux seules, deux pauvres femmes... Mais deux mères et deux disciples, et donc deux grandes forces morales... J'aurai vite fait. Laisse-moi aller... Bénis-moi seulement."

"Oui, Maman, avec tout mon cœur de Fils, et avec toute ma puissance de Dieu. Va et que les anges t'accompagnent le long du chemin."

"Merci, Jésus. Alors, rentrons. Je devrai me lever à l'aube pour préparer ce qu'il faut pour le départ et pour ceux qui restent. Dis l'oraison, Fils..."

Jésus se lève et de même Marie, et ensemble ils disent Le Pater...

Puis ils rentrent dans la maison et ferment la porte... la lumière disparaît et on n'entend plus aucune voix humaine. Il ne reste que la brise dans les feuillages et le léger clapotis du filet d'eau dans le bassin...

*SOURCE: http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-129.htm
TOME : 6/129

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Jésus en compagnie de Sa Mère Marie


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 23 Oct - 8:04

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Marie à Tibériade"

Tibériade est déjà en vue lorsque les deux pèlerines fatiguées avancent dans le crépuscule qui descend.

"Il va bientôt faire nuit... Et nous sommes encore dans la campagne… Deux femmes seules... Et près d'une grande ville pleine de... oh ! quels gens ! Belzébuth ! Belzébuth pour la plus grande partie..." dit Marie d'Alphée en regardant autour d'elle, épouvantée.

"Ne crains pas, Marie. Belzébuth ne nous fera pas de mal. Il ne fait du mal qu'à ceux qui l'accueillent dans leurs cœurs..."

"Mais ces païens l'ont !..."

"A Tibériade il n'y a pas seulement des païens. Et parmi eux, il y a des justes,"

"Quoi ! Quoi ! Ils n'ont pas notre Dieu !..."

Marie ne réplique pas car elle comprend que c'est inutile. Sa brave belle-sœur n'est que l'une des si nombreuses israélites qui croient qu'elles sont seules à posséder la vertu… parce qu'israélites.

Un silence où l'on entend seulement le bruit des sandales qui chaussent des pieds fatigués et poussiéreux.

"Il valait mieux faire la route habituelle... Celle-là, nous la connaissions... Elle est fréquentée par les gens... Celle-ci... au milieu des jardins, solitaire... inconnue... J'ai peur, voilà !"

"Mais non, Marie: Regarde, la ville est là, à deux pas. Ici, ce sont les jardins tranquilles des cultivateurs de Tibériade, et ici la rive à deux pas. Veux-tu que nous allions sur la rive ? Nous trouverons des pêcheurs... Il n'y a qu'à traverser ces jardins."

"Non ! non ! Nous nous éloignons de nouveau de la ville ! Et puis... Les bateliers sont presque tous grecs, crétois, arabes, égyptiens, romains..." et il semble qu'elle nomme autant de classes de l'enfer. Marie très Sainte ne peut s'empêcher de sourire à l'ombre de son voile.

Elles avancent. La route devient une avenue, aussi plus d'ombre que jamais... et plus de peur que jamais pour Marie d'Alphée qui invoque Jéhovah à chacun des pas de plus en plus lents qu'elle fait.

"Allons, courage ! Dépêche-toi, si tu as peur !" dit Marie pour l'encourager et qui, à chaque invocation, a répondu : "Maran Atà !"

Mais Marie d'Alphée s'arrête tout à fait et elle demande : "Mais pourquoi as-tu voulu venir ici ? Peut-être pour parler à l'Iscariote ?"

"Non, Marie, ou du moins pas précisément pour cela. Je suis venue pour parler à la romaine Valeria..."

"Miséricorde ! Nous allons chez elle? Ah ! Non, Marie ! Ne le fais pas ! Moi... moi je ne vais pas t'y accompagner ! Mais que vas-tu y faire ? Chez ces... chez ces... chez ces anathèmes !..."

Marie très Sainte n'a plus son doux sourire, elle prend une expression sérieuse et elle demande : "Et tu ne te rappelles pas qu'il faut sauver Aurea ? Mon Fils a commencé sa libération, moi je vais l'achever. C'est ainsi que tu pratiques l'amour envers les âmes ?"

"Mais elle n'est pas d'Israël..."

"En vérité tu n'as pas encore compris un mot de la Bonne Nouvelle ! Tu es une disciple très imparfaite. ..Tu ne travailles pas pour ton Maître, et tu me donnes tant de douleur."

Marie d'Alphée baisse la tête... Mais son cœur, plein des préventions d'Israël mais naturellement bon, prend le dessus. Dans un sanglot elle embrasse Marie et lui dit : "Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! Ne me dis pas que je te donne de la douleur et que je ne sers pas mon Jésus ! Oui, oui ! Je suis très imparfaite, je mérite le reproche, mais je ne le ferai plus... Je viens, je viens ! Même en l'Enfer, si tu y vas arracher une âme pour la donner à Jésus... Donne-moi un baiser, Marie, pour dire que tu me pardonnes..."

Marie l'embrasse et elles reprennent la route, agiles, réanimées par l'amour...

Les voilà à Tibériade, du côté du petit port des pêcheurs. Elles cherchent la maisonnette de Joseph, le batelier disciple... Elles la trouvent, elles frappent...

"La Mère de mon Maître ! Entre, ô Femme ! Et que Dieu soit avec toi et avec moi qui te donne l'hospitalité. Entre toi aussi, et que la paix soit avec toi, mère des apôtres."

Elles entrent alors que la femme et la toute jeune fille du batelier accourent pour les saluer, suivies d'une nichée d'enfants plus petits...

La nourriture frugale est vite prise, et Marie de Cléophas, fatiguée, se retire avec les enfants de la maison. Restent sur la terrasse élevée, de laquelle on voit le lac - on l'entend plutôt qu'on ne le voit car il n'y a pas encore de lune - qui bat le rivage, restent donc Marie très Sainte, le batelier et sa femme, qui s'efforce de tenir compagnie mais qui somnole en réalité en dodelinant de la tête.

"Elle est fatiguée !..." dit Joseph pour l'excuser.

"La malheureuse ! Les maîtresses de maison sont toujours lasses le soir."

"Oui, elles travaillent. Elles ne sont pas comme celles qui se prennent du bon temps !" dit avec mépris le batelier en montrant des barques illuminées qui se détachent de la rive au milieu des chants et de la musique. "C'est maintenant qu'elles sortent, elles ! C'est maintenant que commence pour elles la fatigue ! Quand dorment les personnes comme il faut. Et elles font tort aux travailleurs car elles vont soi-disant pêcher dans les meilleurs endroits, en nous obligeant à fuir, nous qui tirons du lac le pain pour la famille..."

"Qui est-ce ?"

"Des romaines et leurs pareilles. Et parmi elles, compte Hérodiade, son impudique fille, et aussi d'autres femmes d'Israël... Car des Marie de Magdala, nous en avons beaucoup... Je parle de Marie avant son repentir..."

"Ce sont des malheureuses..."

"Malheureuses ? C'est nous qui sommes malheureux, nous qui ne les lapidons pas pour purifier Israël de celles qui sont corrompues et qui nous apportent les malédictions de Dieu."

Pendant ce temps d'autres barques se détachent et le lac rougit des lumières des barques des jouisseurs.

"Tu sens cette odeur de résines ? Ils s'enivrent avec la fumée pour commencer, puis ils font le reste au cours des banquets. Ils sont capables d'aller aux sources chaudes de l'autre rive... Dans ces Thermes... Ce sont des choses infernales qui y arrivent ! Ils reviendront à l'aube, à l'aurore, peut être plus tard... ivres, entassés les uns sur les autres comme des sacs, hommes et femmes, et les esclaves les porteront à l'intérieur de leurs maisons pour que passe l'orgie... Justement toutes les belles barques sortent ce soir ! Regarde ! Regarde !... Mais j'ai plus de colère contre les juifs qui s'y trouvent que contre eux. Eux... on le sait ! Animaux sans vergogne. Mais nous !... Femme, tu le sais qu'il y a ici Judas l'apôtre ?"

"Je le sais."

"Il ne donne pas le bon exemple, sais-tu ?"

"Pourquoi ? Il va avec ces gens ?…"

"Non... mais... de mauvais compagnons... et une femme. Moi, je ne l'ai pas vu... Aucun de nous ne l'a vu en cette compagnie. Mais des pharisiens nous ont raillé en nous disant ; "Votre apôtre a changé de maître. Maintenant il a une femme et il se trouve en bonne compagnie avec des publicains".

"Ne porte pas de jugement, Joseph, d'après ce que tu as seulement entendu dire. Tu sais que les pharisiens ne vous aiment pas et qu'ils ne louent pas non plus le Maître."

"C'est vrai... Mais le bruit court... et cela fait du tort..."

"Comme il est né, il tombera. Toi, ne pèche pas contre ton frère. Où loge-t-il ? Le sais-tu ?"

"Oui. Chez un ami, je crois. Quelqu'un qui a un commerce de vin et d'épices. Le troisième magasin à l'est du marché, après la fontaine..."

"Toutes les romaines sont-elles pareilles?"

"Oh ! à peu près !... Même si elles ne se font pas voir, elles font le mal"

"Quelles sont celles qui ne se font pas voir ?"

"Celles qui sont venues chez Lazare à Pâque. Elles sont plus à l'écart ... je veux dire qu'elles ne vont pas toujours aux banquets. Mais elles y vont pourtant toujours suffisamment pour que l'on puisse dire qu'elles sont impures."

"Mais parles-tu ainsi parce que tu en es sûr, ou parce que tes préventions d'hébreux te font parler ? Examine-toi, vraiment..."

"Voilà... à vrai dire... je ne sais pas... Je ne les ai plus vues dans les barques de ces dégoûtants... Mais elles vont en barque, la nuit, sur le lac."

"Tu y vas, toi aussi."

"Certainement ! Quand je veux pêcher !"

"Il fait tellement chaud. Il n'y a que sur le lac, la nuit, qu'il fait frais, Ce sont tes paroles pendant le souper."

"C'est vrai."

"Et alors pourquoi ne pas penser que c'est pour ce motif qu'elles aussi y vont ?"

L'homme se tait... Puis il dit : "Il est tard. Les étoiles disent que c'est la seconde veille. Je me retire, Femme. Ne viens-tu pas ?"

"Non, je reste ici en prière. Je sortirai de bonne heure. Ne t'étonne pas, si tu ne me trouves pas à l'aube."

"Tu peux faire ce que tu veux. Anne ! Allons ! Au lit !" et il secoue sa femme qui dort à poings fermés. Ils s'en vont.

Marie reste seule... Elle s'agenouille et elle prie, elle prie… mais elle ne perd pas de vue les barques qui voguent, les barques des riches, celles qui s'en vont toutes illuminées au milieu des fleurs et des chants et des fumées de l'encens... En grand nombre, elles s'en vont, s'en vont, s'en vont vers l'orient. La distance les rend toutes petites, le bruit des chants n'arrive plus. Il reste une barque solitaire qui resplendit au large dans le miroir d'eau qu'éclaire la lune à son coucher devant Tibériade. Elle va et vient lentement... Marie l'observe jusqu'au moment où elle voit que sa proue se tourne vers le rivage.

Alors Marie se lève en disant : "Seigneur, aide-moi ! Fais que ce soit…" et puis elle descend, légère, le petit escalier, entre doucement dans une pièce dont la porte est entrouverte... A la blanche clarté de la lune, il est possible de distinguer un petit lit. Marie se penche sur lui et elle appelle : "Marie ! Marie ! Réveille-toi ! Nous partons !"

Marie d'Alphée s'éveille, et étourdie par le sommeil, elle demande en se frottant les yeux : "C'est déjà l'heure de partir ! Comme le jour s'est levé tôt !" Elle est tellement abasourdie qu'elle ne se rend pas compte que ce n'est pas la clarté de l'aube mais la faible phosphorescence de la lune qui entre par la porte ouverte, Elle s'en aperçoit pourtant quand elle est dehors sur le coin de terre cultivée qui est devant la maison du batelier.

"Mais, il fait nuit !" s'écrie-t-elle.

"Oui. Mais nous allons faire vite et nous sortirons vite de cette ville... du moins, je l'espère. Viens ! Par ici, le long de la rive. Fais vite ! Avant que la barque accoste..."
"La barque ? Quelle barque ?" demande Marie, mais elle court derrière la Vierge qui s'en va vite, vite, sur la rive déserte vers le petit môle où la petite barque se dirige.

Elles arrivent essoufflées quelques instants avant la barque... Marie regarde avec attention, et elle s'exclame : "Louange à Dieu ! Ce sont elles. Maintenant suis-moi... car il faut que j'aille où elles vont... Je ne sais pas où elles habitent..."

"Mais Marie... par pitié !... On va nous prendre pour des prostituées !..."
La très Pure secoue la tête et murmure : "Il suffit de ne pas l'être. Viens !" et elle l'attire dans la pénombre d'une maison.
La barque accoste et, pendant la manœuvre, une litière s'arrête tout près en attendant d'être portée en avant. Deux femmes y montent alors que deux restent à terre et marchent auprès de la litière. La litière avance au pas cadencé de quatre numides vêtus d'une très courte tunique sans manches qui leur couvre à peine le torse... Et Marie les suit, malgré les sourdes protestations de Marie d'Alphée : "Deux femmes seules ! ...Derrière eux ! Ils sont à moitié nus... Oh !"

Quelques mètres de route, et puis la litière s'arrête.

Une femme en descend, pendant que l'homme qui est en tête frappe à un portail.

"Salut, Lidia !"

"Salut, Valeria ! Une caresse à Faustina pour moi. Demain soir, nous lirons encore en paix, pendant que les autres font la fête..."

Le portail s'ouvre et Valeria, avec son esclave ou affranchie, est sur le point d'entrer.

Marie s'avance et elle dit : "Domina ! Un mot !"

Valeria regarde les deux femmes enveloppées dans un manteau hébraïque très simple et qui descend très bas sur leurs visages et elle les prend pour des mendiantes. Elle commande : "Barbara, donne l'obole !"

"Non, domina, je ne demande pas d'argent. Je suis la Mère de Jésus de Nazareth, et elle est ma parente. Je viens, en son Nom ! te faire une prière."

"Domina ! Ton Fils est peut-être...persécuté..."

"Pas plus qu'à l'ordinaire, mais Lui voudrait..."

"Entre, Domina. Il ne convient pas que tu restes dans la rue comme une mendiante."

"Non. Ce sera vite dit si tu m'écoutes en secret..."

"Éloignez-vous tous !" commande Valeria à l'affranchie et au portier. "Nous sommes seules, Que veut le Maître ? Je ne suis pas venue pour ne pas Lui nuire dans sa ville. Lui n'est pas venu, peut- être, pour ne pas me nuire auprès de mon époux ?"

"Non. Sur mon conseil. Mon Fils est haï, Domina."

"Je le sais."

"Et il n'a de réconfort que dans sa mission."

"Je le sais."

"Il ne demande pas d'honneurs, ni de troupes; il ne désire pas régner ni avoir de richesses. Mais il fait valoir son droit sur les esprits."

"Je le sais."

"Domina... Il devrait te rendre cette fillette... Mais, ne t'indigne pas si je te le dis, ici elle ne pourrait faire que son esprit soit à Jésus. Tu es meilleure que le autres... Mais autour de toi... trop vive est la fange du monde."

"C'est vrai. Eh bien ?"

"Tu es mère... Mon Fils a des sentiments de père pour tous les esprits. Permettrais-tu que ta petite grandisse parmi ceux qui peuvent la ruiner ?…"

"Non. Et j'ai compris... Eh bien... Dis à ton Fils ces mots : "En souvenir de Faustina dont tu as sauvé la chair, Valeria te laisse Aurea pour que tu sauves son esprit..." C'est vrai ! Nous sommes trop corrompus.., pour donner confiance à un saint... Domina, prie pour moi !" et elle se retire rapidement avant que Marie puisse la remercier. Elle se retire, dirais-je, en pleurant.

Marie d'Alphée est pétrifiée. "Allons, Marie... Nous partirons à la nuit, et demain soir, nous serons à Nazareth..."

"Allons... Elle l'a cédée comme... comme une chose..."

"Pour eux c'est une chose. Pour nous, c'est une âme. Viens, regarde... Déjà le ciel commence à blanchir, là au fond, On peut dire qu'il n'y a pas de nuit, ce mois ci…"

Elles s'en vont par la route qui n'est plus dans la pénombre et qui s'ouvre devant elles, au lieu de suivre le chemin de la rive, une route qui est en arrière d'une rangée de maisons modestes... Quand elles en sont à la moitié, d'un coin débouche Judas visiblement aviné, un Judas qui revient de qui sait quel festin, dépeigné, le vêtement froissé, le visage barbouillé [1].

"Judas ! Toi ! Dans cet état ?" Judas n'a pas le temps de faire semblant de ne pas la reconnaître et il ne peut fuir... La surprise lui fait prendre conscience et le cloue sur place, sans réaction.

Marie l'aborde en surmontant la répugnance qu'éveille l'aspect de l'apôtre et elle lui dit : "Judas, fils malheureux, que fais-tu ? Tu ne penses pas à Dieu ? A ton âme ? A ta mère ? Que fais-tu, Judas ? Pourquoi veux-tu être pécheur ? Regarde-moi, Judas ! Tu n'as pas le droit de tuer ton âme..." et elle le touche en cherchant à lui prendre la main.

"Laisse-moi tranquille. Je suis un homme enfin. Et... et je suis libre de faire ce que font tous les autres. Dis à Celui qui t'envoie pour m'espionner, que je ne suis pas encore tout esprit et que je suis jeune !"

"Tu n'es pas libre de te ruiner, Judas ! Aie pitié de toi-même... En agissant ainsi tu ne seras jamais un esprit bienheureux… Judas... Lui ne m'a pas envoyée t'espionner. Il prie pour toi. Cela seulement, et moi avec Lui. Au nom de ta mère..."

"Laisse-moi tranquille" dit impoliment Judas. Puis, se rendant compte de sa grossièreté, il corrige : "Je ne mérite pas ta pitié... Adieu…" et il s'enfuit...

"Quel démon !... Je le dirai à Jésus" s'écrie Marie d'Alphée. "Il a raison mon Jude !"

"Tu ne diras rien à personne. Tu prieras pour lui, cela, oui…"

"Tu pleures ? Tu pleures à cause de lui ? Oh !..."

"Je pleure... J'étais heureuse d'avoir sauvé Aurea... Maintenant je pleure parce que Judas est un pécheur. Mais à Jésus, si affligé, nous n'apporterons que la bonne nouvelle. Et, par des pénitences et des prières, nous arracherons le pécheur à Satan... Comme si c'était notre fils, Marie ! Comme si c'était notre fils !... Tu es mère, toi aussi, et tu sais... Pour cette mère malheureuse, pour cette âme pécheresse, pour notre Jésus..."

"Oui, je prierai... Mais je ne pense pas qu'il le mérite..."

"Marie ! Ne dis pas cela..."

"Je ne le dis pas, mais c'est ainsi... Nous n'allons pas chez Jeanne ?"

"Non, nous y viendrons bientôt avec Jésus..."

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-130.htm
TOME : 6/130

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Tibzor11
Tibériade sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 24 Oct - 7:31

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Il faut remercier avec reconnaissance qui nous a fait des faveurs"

Vision du lundi 20 mai 1946

La Vierge est très fatiguée quand elle remet les pieds dans sa maison. Mais elle est très heureuse et elle cherche tout de suite son Jésus qui travaille encore, aux dernières clartés du jour qui meurt; à la porte du four qu'il est en train de remettre en place. C'est Simon qui lui a ouvert et qui, après l'avoir saluée, se retire prudemment dans l'atelier. Thomas, je ne le vois pas. Peut-être est-t-il sorti.

Jésus pose ses outils dès qu'il voit sa Mère et il va vers elle tout en se nettoyant les mains graisseuses (il était en train d’huiler des gonds et des verrous) à son tablier de travail. Leur sourire réciproque semble éclairer le jardin où descend la lune.

"Paix à-toi, Maman."

"Paix à Toi, Fils."

"Comme tu es fatiguée ! Tu ne t'es pas reposée..."

"D'une aube au crépuscule dans la maison de Joseph... Mais sans ces grandes chaleurs, je serais repartie tout de suite pour te dire qu'Aurea est à Toi."

"Oui ?!" Le visage de Jésus rajeunit même dans la surprise joyeuse. On dirait un visage d'un peu plus de vingt ans et, dans sa joie, perdant la gravité dont son visage et ses actes sont généralement empreints, il arrive à ressembler encore plus à la Mère toujours si sereinement enfant dans ses gestes et son allure.

"Oui, Jésus. Et je l'ai obtenue sans aucune difficulté. La dame a consenti tout de suite. Elle s'est émue, en reconnaissant qu'elle, et avec elle ses amies, sont trop corrompues pour élever une créature à Dieu. Un aveu si humble, si franc, si vrai ! On ne trouve pas facilement des gens qui reconnaissent leurs défauts sans y être forcés."

"Oui, ce n'est pas facile. Beaucoup en Israël ne savent pas le faire. Ce sont de belles âmes ensevelies sous une croûte d'ordure. Mais quand l'ordure tombera..."

"Cela arrivera-t-il, Fils ?"

"J'en suis sûr. Elles tendent instinctivement au Bien. Elles finiront par y adhérer. Que t'a-t-elle dit ?"

"Oh ! quelques mots... Nous nous sommes tout de suite entendues, mais il sera bien d'avoir tout de suite Aurea. Je veux le lui dire personnellement, si tu veux, mon Fils."

"Oui, Maman, nous allons envoyer Simon" et il appelle à haute voix le Zélote qui vient tout de suite.

"Simon, va chez Simon d'Alphée et dis que ma Mère est de retour, puis viens avec la fillette et avec Thomas qui est certaine- ment là pour finir le petit travail que Salomé lui a demandé."

Simon s'incline et y va de suite. "Raconte-moi, Maman... Ton voyage... ton entretien... Pauvre Maman, comme tu es fatiguée à cause de Moi !"

"Oh ! non, Jésus ! Il n'y a pas de fatigue quand tu es heureux..." et Marie raconte son voyage et les frayeurs de Marie d'Alphée, le séjour dans la maison du batelier, l'entrevue avec Valeria et elle finit en disant : "J'ai préféré la voir à cette heure puisque le Ciel le permettait. Elle était plus libre, moi aussi, et Marie de Cléophas était plus vite consolée, parce que d'être deux femmes dans Tibériade, elle en avait une terreur que seul son amour pour Toi, la pensée de te servir, pouvait surmonter..." et Marie sourit en rappelant les angoisses de sa belle-sœur...

Et Jésus sourit en disant : "La malheureuse ! C'est la vraie femme d'Israël, l'antique femme, réservée, toute à son foyer, la femme forte selon les Proverbes Mais, dans la nouvelle Religion, la femme ne sera pas forte seulement à la maison... Il y en aura beaucoup qui surpasseront Judith et Jahel parce que héroïques en elles-mêmes, avec l'héroïsme de la mère des Macchabées... Et elle le sera aussi notre Marie. Mais pour le moment... elle est encore ainsi... As-tu vu Jeanne ?"

Marie ne sourit plus. Peut-être craint-elle une question à propos de Judas. Et elle répond vite : "Je n'ai pas voulu imposer de nouvelles angoisses à Marie. Nous nous sommes enfermées dans la maison jusqu'au milieu de l'après-midi pour nous reposer, et puis nous sommes parties... J'ai pensé que nous la verrons bientôt, sur le lac..."

"Tu as bien fait. Tu m'as donné la preuve des sentiments des romaines envers Moi. Si Jeanne était intervenue, on aurait pu penser qu'elle cédait à l'amie. Maintenant nous allons attendre jusqu'au sabbat, et si Myrta ne vient pas nous y irons-nous avec Aurea."

"Fils, je voudrais rester..."

"Tu es très fatiguée, je le vois."

"Non, ce n'est pas pour cela... Je pense que Judas pourrait venir ici... Comme il est bien qu'à Capharnaüm il y ait toujours quelqu'un qui l'attende pour l'accueillir en ami, il est bien aussi qu'il y ait quelqu'un ici pour l'accueillir avec amour."

"Merci, Maman. Toi seule comprend ce qui peut encore le sauver..."

Ils soupirent, l'un et l'autre, sur le disciple qui leur donne de la douleur...

Simon et Thomas rentrent avec Aurea qui court vers Marie. Jésus la laisse avec la Mère pour aller à la maison avec les apôtres.

"Tu as beaucoup prié, fille, et le bon Dieu t'a entendue..." dit Marie pour commencer.

Mais la fillette l'interrompt par un cri de joie : "Je reste avec toi !" et elle lui jette les bras autour du cou en lui donnant un baiser.

Marie lui rend son baiser et, la tenant toujours dans ses bras, elle lui dit : "Quand quelqu'un fait une grande faveur, il faut le lui rendre, n'est-ce pas ?"

"Oh ! oui ! Et je te le rendrai avec tant d'amour."

"Oui, fille. Mais au-dessus de moi, il y a Dieu. C'est Lui qui t'a fait cette grande faveur, cette grâce sans mesure de t'accueillir parmi les membres de son peuple, de te faire disciple du Maître Sauveur. Moi, je n'ai été que l'instrument de la grâce, mais la grâce, c'est Lui, le Très-Haut qui te l'a accordée. Que donneras-tu donc au Très-Haut pour Lui dire que tu le remercie ?"

"Mais... je ne sais pas... Dis-le-moi, toi, ô Mère..."

"De l'amour, c'est certain. Mais l’amour, pour être vraiment tel, doit être uni au sacrifice, car si une chose coûte, elle a plus de valeur, n'est-ce pas ?"

"Oui, Mère."

"Voilà, alors je dirais que toi, avec la même joie qui t'a fait crier : "Je reste avec toi !" tu devrais crier: "Oui, ô Seigneur" quand moi, sa pauvre servante, je te dirai la volonté du Seigneur sur toi."

"Dis-la-moi, Mère" dit Aurea, non sans que son visage prenne un air sérieux.

"La volonté de Dieu te confie à deux bonnes mères, à Noémi et à Myrta..."

La fillette a deux grosses larmes qui luisent dans ses yeux clairs et roulent ensuite sur son petit visage rose.

"Elles sont bonnes, elles sont chères à Jésus et à moi. À l'une, Jésus a sauvé son fils, à l'autre, je lui l'ai allaité. Et tu as vu qu'elles sont bonnes..."

"Oui... mais moi, j'espérais rester avec toi..."

"Fille, on ne peut pas tout avoir ! Tu vois que moi aussi, je ne reste pas avec mon Jésus. Je vous le donne et je reste loin, si loin de Lui, pendant que Lui s'en va à travers la Palestine pour prêcher, guérir et sauver les fillettes..."

"C'est vrai..."

"Si je l'avais voulu pour moi seule, tu n'aurais pas été sauvée... Si je l'avais voulu pour moi seule, vos âmes ne seraient pas sauvées. Réfléchis combien grand est mon sacrifice. Je vous donne un Fils pour qu'il soit immolé pour vos âmes. Du reste toi et moi, nous serons toujours unies car les disciples restent et resteront toujours unies autour du Christ, en formant une grande famille unie par l'amour pour Lui."

"C'est vrai. Et puis... je viendrai encore ici, n'est-ce pas ? Et nous nous verrons encore?"

"Certainement, tant que Dieu le voudra."

"Et tu prieras toujours pour moi..."

"Et je prierai toujours pour toi."

"Et quand nous serons ensemble, tu m'instruiras encore ?"

"Oui, ma fille..."

"Ah ! moi, je voulais devenir comme toi ! Le pourrais-je jamais ? Savoir, pour être bonne..."

"Noémi est mère d'un chef de synagogue qui est disciple du Seigneur, Myrta d'un bon fils qui a mérité la grâce du miracle et qui est un bon disciple. Et les deux femmes sont bonnes et sages en plus que pleines d'amour."

"Tu me l'assures ?"

"Oui, ma fille."

"Alors... bénis-moi, et que soit faite la volonté du Seigneur... comme dit la prière de Jésus. Je l'ai dite tant de fois... Il est juste que maintenant je fasse ce que j'ai dit pour obtenir de ne plus aller chez les romains..."

"Tu es une bonne fillette et Dieu t'aidera de plus en plus. Viens, allons dire à Jésus que la plus jeune disciple sait faire la volonté de Dieu…" et en la tenant par la main, Marie rentre avec la fillette dans la maison.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-131.htm
Tome : 6/131

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Jésus en compagnie de Sa Mère


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 25 Oct - 7:04

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Un nouveau sabbat à Nazareth"

Vision du mardi 21 mai 1946


Ou plutôt un nouveau commencement de sabbat, car le coucher de soleil du vendredi commence lorsque, toutes en sueur mais joyeuses, arrivent Myrta et Noémi, avec le jeune Abel. Elles descendent de leurs mulets qu'Abel conduit ailleurs, certainement dans une écurie d'amis, peut-être des deux âniers de Nazareth devenus disciples[1], et elles entrent par la porte de l'atelier ouverte pour aérer la pièce où il y a peu de temps la chaleur de la cheminée rustique s'était rendue complice de la grande chaleur estivale.

Thomas est en train de ranger ses outils et Simon balaie la sciure, pendant que Jésus nettoie les récipients, grands et petits, de colle et de peinture.

"Paix à Toi, Maître, et à vous disciples" saluent les femmes en s'inclinant beaucoup dès l'entrée, pour finir par se prosterner aux pieds de Jésus après avoir traversé l'atelier !

"Paix à vous. Vous êtes très fidèles ! Venir par cette chaleur !"

"Oh ! ce n'est rien ! On est si bien ici, qu'on oublie tout. Ta Mère, où est-elle ?"

"Elle est à côté en train de finir un vêtement d'Aurea. Allez-y aussi."

Les deux s'en vont rapidement avec leurs sacs, et l'on entend leurs voix claires, plutôt basses, qui se fondent avec la voix encore aigrelette d'Aurea et la voix argentine de Marie.

"Maintenant elles vont être heureuses !" dit Thomas.

"Oui. Ce sont deux braves femmes" répond Jésus.

"Maître, Myrta, en plus de conserver le fils qu'elle avait, a acquis une nouvelle enfant. Et en un peu plus d'un an..." dit le Zélote.

"Oui, en un peu plus d'un an ! Il y a déjà plus d'un an que Marie de Lazare s'est convertie[2]. Comme le temps passe ! Il me semble que c'était hier... Que de choses, l'an dernier ! Quelle belle retraite avant l'élection ! Puis Jean d'Endor, puis Margziam ! Puis Daniel de Naïm et puis Marie de Lazare et puis Sintica !... Mais où peut être Sintica ? Moi j'y pense souvent et je ne sais pas comprendre pourquoi..." Thomas finit par parler seul car Jésus et Simon ne lui répondent pas mais, au contraire, ils sortent pour se laver dans le jardin afin de rejoindre les femmes disciples.

Abel de Bethléem de Galilée revient et il trouve encore Thomas en train de réfléchir devant la place où généralement il travaille, perdu dans ses pensées et déplaçant ses menus chefs-d’œuvre d'orfèvre.

"Tu as trouvé du travail ?" lui demande le disciple en se penchant sur ces menus objets.

"Oh ! j'ai fait plaisir à toutes les femmes de Nazareth. Je n'aurais, jamais supposé qu'il y aurait tant de broches, tant de bracelets et de colliers et de lys à réparer. J'ai même dû prier Mathieu de m'apporter du métal de Tibériade. Je me suis fait une clientèle... ah ! ah ! (et il rit, tout joyeux) comme mon père lui-même n'en a pas. Il est vrai que je ne demande pas d'argent..."

"Tu perds tout ?"

"Non. Je prends seulement la valeur du métal. Le travail, j'en fais cadeau."

"Tu es généreux."

"Non. Je suis sage. Je ne reste pas à rien faire. Je donne un exemple de travail et de détachement de l'argent et je prêche... Tais- toi! je crois avoir prêché davantage en agissant ainsi sans dire une parabole, sans avoir dit un mot dans la synagogue, que si j'avais parlé continuellement. Et puis... Je fais mon apprentissage. Je me suis promis que c'est par le travail que je ferai de la propagande quand je devrai aller prêcher Jésus parmi les infidèles. Et je m'y entraîne."

"Tu es sage comme orfèvre et comme apôtre."


"Je m'efforce de l'être par amour pour Jésus. Alors, tu as une sœur ? Traite-la bien, sais-tu ? C'est comme une petite colombe de nid, je te le dis, moi qui, par mon métier; suis habitué à traiter avec les femmes. Une petite colombe ingénue, qui a eu grand peur de l'épervier, et qui cherche pour se défendre des ailes maternelles et fraternelles. Si ta mère n'avait pas voulu l'avoir, moi, je l'aurais demandée pour ma sœur jumelle. Un enfant de plus, un de moins ! Elle est si bonne, ma sœur, tu sais ?"

"Ma mère aussi. Elle a perdu une petite quand elle est restée veuve. Peut-être son lait avait tourné dans la douleur de la mort de son époux... Je m'en souviens à peine de cette petite sœur... et peut-être je ne m'en souviendrais plus si ma mère ne la pleurait souvent et si toute petite pauvre de Bethléem n'avait pas eu droit à la nourriture et aux vêtements de notre maison en souvenir de la petite morte... Mais ayant grandi auprès de ma mère seulement, j'ai fini par avoir un grand amour pour les petites... Elle, je vois qu'elle n'est plus une toute petite... mais je la verrai comme telle, pour son cœur, si elle est comme ma mère et Noémi et toi, vous dites..."

"Sois-en certain. Allons à côté..."

Dans l'autre pièce, c'est-à-dire dans la petite salle à manger, se trouvent les femmes, Jésus et le Zélote. Et Myrta, qui est venue avec déjà une grande espérance, est en train de conquérir Aurea en lui essayant un vêtement de lin qu'elle a cousu pour la fillette.

"Elle lui va vraiment bien" dit-elle en le lui enlevant et en la caressant pendant qu'elle lui rajuste le vêtement qui s'était chiffonné quand on mettait le neuf.

"Il va très bien. Mais tout ira bien. Tu verras, ma fille... Oh ! voilà mon Abel. Avance, fils. Voici Aurea. Maintenant elle va être à nous, tu le sais ?"

"Je le sais, mère, et je me réjouis avec toi.» Il regarde la fillette... il l'étudie... ses yeux sombres se fixent et se perdent dans les larges iris couleur de ciel pâle. L'examen le satisfait. Il lui sourit et lui dit : "Nous nous aimerons dans le Seigneur qui nous a sauvés, et nous l'aimerons et nous le ferons aimer. Je serai pour toi un frère spirituel et affectueux. Je le promets devant le Maître et devant ma mère" et avec un beau sourire limpide de jeune homme pur, en route déjà vers une haute spiritualité, il lui tend sa main forte et brune.

Aurea reste hésitante et puis, en rougissant, met sa main gauche dans la main droite qu'on lui présente et elle dit : "C'est ainsi que nous agirons, dans le Seigneur."

Les adultes sourient entre eux...

"Ici, on peut entrer sans frapper aux portes..."

"Voici Simon de Jonas ! Cette fois il n'a pas résisté à la tentation..." dit en riant Thomas tout en courant dehors.

"Oui, je n'ai pas résisté... Paix à Toi, Maître !" Il embrasse Jésus qui lui rend son baiser. "Qui peut résister ?" Il voit Marie et il s'incline pour la saluer, puis il reprend : "Cependant, par scrupule, nous sommes passés par Tibériade et nous avons cherché Judas, pour que... nous soyons tous, hein ? Les autres sont en train de venir, Margziam aussi... Je disais donc que nous sommes passés par Tibériade. Hum ! oui ! pour chercher Judas, pour le cas où... il aurait pensé, au moins au quatrième sabbat, venir à Capharnaüm... Il aurait été ennuyeux que nous fussions tous partis... Et nous l'avons trouvé... oui ! Ou plutôt c'est Isaac qui l'a trouvé en allant saluer Jonathas... En effet, Isaac a fini par venir à Capharnaüm pour t'attendre avec je ne sais combien de disciples restés là pour devenir plus sages sous la conduite d'Hermas et d'Etienne, de ton fils, Noémi, et du prêtre Jean... Mais Isaac est venu avec nous, parce que lui aussi meurt de l'envie de te voir... Et, pauvre Isaac ! il n'a pas été très bien accueilli par Judas, Mais Isaac doit avoir détruit toute impatience, tout ressentiment, tout emportement pendant sa longue maladie... Il ne réagit jamais ! Même si on le gifle, il sourit... Quel homme paisible ! Bien. Il nous a dit : "Judas, moi, je l'ai vu. Il ne vient pas. N'insistez pas". J'ai compris. J'ai dit : "Il t'a mal répondu ! Dis-le. Je suis le chef et je dois savoir..." "Oh ! non" a-t-il répondu. "Il ne m'a pas mal répondu, lui, mais son mal. Il faut le plaindre..."... Et plaignons-le... Nous voici, en somme. Et bienheureux de... Voici les autres..."

Et avec les autres, il y a aussi Jude et Jacques d'Alphée avec leur mère et les disciples de Nazareth : Aser, Ismaël et Simon d'Alphée et aussi, chose rare, Joseph d'Alphée.

Ils se déchargent de leurs sacs : Nathanaël a apporté du miel et Philippe un panier de raisin blond comme les cheveux d'Aurea. Pierre, du poisson mariné, et de même les fils de Zébédée. Mathieu, qui n'a pas de maison tenue par des femmes et par conséquent n'a rien de bon, a apporté une jarre pleine de terre et dedans un mince tronc que je dirais d'après le feuillage, un citronnier ou un oranger ou quelque autre agrume, et il explique : "Il donne des primeurs... il faut être allé à Cyrène[3] pour en avoir. Moi, je connais quelqu'un qui y est allé, un du fisc comme moi autrefois. Maintenant il est en retraite à Ippo. J'y suis allé pour qu'il me donne le plant parce qu'il faut le mettre en place à la nouvelle lune. Il donnera de bons et beaux fruits. La fleur a un parfum suave et ressemble à une étoile de cire, une étoile comme ton nom... Voici" et il offre la plante à Marie.

"Mais quelle fatigue tu as eue de porter ce poids, Mathieu" Je te suis reconnaissante. Mon jardin se fait de plus en plus beau grâce à vous. Le camphrier de Porphyrée, les roses de Jeanne, ta plante rare, Mathieu, les autres plantes à fleurs apportées par Judas de Kériot... Que de belles choses, comme vous êtes tous bons pour la Mère de Jésus !"

Les apôtres sont tous émus, pourtant ils se regardent entre eux quand Marie nomme Judas.

"Oui. Ils t'aiment bien, mais nous aussi t'aimons bien" dit avec sérieux et fierté Joseph d'Alphée.

"Certainement ! Vous êtes les chers fils d'Alphée, mon parent, et de Marie si bonne. Et vous m'aimez bien. Mais cela est naturel, nous sommes parents... Eux, par contre, ne sont pas de notre sang et pourtant ils sont pour moi comme des fils, comme des frères pour Jésus, tant ils l'aiment et le suivent..."

Joseph saisit l'allusion et il s'éclaircit la voix en cherchant ses mots... Il les trouve... Il dit : "Bien sûr ! Mais si moi je ne suis pas encore avec eux, c'est parce que je pense aux conséquences pour Lui, pour toi... et... et... En somme, c'est de l'amour, le mien aussi, spécialement pour toi, pauvre femme, qui restes seule trop longtemps... Et je suis venu dire à Jésus que je suis content qu'il se soit souvenu aussi des besoins de Sa Mère et qu'il ait fait ce qui était utile ici...» et, content d'être le chef de la parenté, et de pouvoir louer et réprimander, il se plaît à louanger Jésus pour tous les travaux de menuiserie, de peinture et autres, faits pendant ce mois : "C'est ce qu'il faut faire ! Maintenant on voit que cette femme a un fils ! Mais je suis heureux de pouvoir dire que je retrouve mon sage, Jésus de Joseph. Bravo ! Bravo !"

Et le sage Jésus de Joseph, le très sage Verbe divin, humilie dans une chair, doux et humble, accueille les louanges mêlées aux... conseils autoritaires du cousin Joseph avec un sourire si doux qu'il sert à freiner toute réaction apostolique intempestive en faveur de Jésus.

Et Joseph, ayant pris le vent, et voyant qu'on l'écoute ainsi ne se borne pas à cela, mais il continue: "Je veux espérer que désormais Nazareth n'aura plus l'occasion de voir une pauvre mère abandonnée et son fils qui, imprudent, sort des sentiers battus pour suivre des chemins qui ne présentent pas de sécurité dans leurs buts et leurs conséquences. J'en parlerai avec mes amis, avec le chef de la synagogue... Nous te pardonnerons... Oh ! Nazareth sera bien heureuse de te rouvrir ses bras comme à un fils qui revient. Et qui revient exemple de vertu pour tous les habitants. Dès demain, moi-même, je t'accompagnerai à la synagogue et..."

Jésus lève la main pour imposer silence et calme, mais avec décision il dit : "Dans la synagogue, comme fidèle, certainement j'y irai comme j'y suis allé aux autres sabbats. Mais il ne faut pas que tu plaides en ma faveur car une heure après le coucher du soleil, je partirai pour retourner évangéliser comme c'est mon devoir d'obéissance envers le Très-Haut."

Une grande humiliation pour Joseph !... Très grande !... Toute sa bonhomie vole en éclats, et c'est son intransigeance hostile qui de nouveau affleure : "C'est bien ! Mais ne viens pas me chercher à l'heure du besoin. J'ai fait mon devoir et tes malheurs inévitables ne retombent pas sur moi. Adieu. Ici, je suis de trop car je ne puis vous comprendre et vous ne pouvez me comprendre. Je me retire sans rancœur, mais très affligé... Que le Seigneur te protège, comme Il protège tous ceux qui... sont un peu simples d'esprit, à qui il manque quelque chose... Adieu, Marie ! Courage, pauvre Mère !"

"Adieu, Joseph. Mais ce n'est pas pour Lui, c'est pour toi que je dois avoir courage, car tu es celui qui se trouve hors du chemin de Dieu et tu me donnes de la douleur" dit Marie, calme, mais sûre d'elle.

"Tu es un sot, voilà ! et si tu n'étais pas maintenant chef de famille, je te frapperais, enfant qui es de mon sang mais pas de mon esprit..." crie Marie d'Alphée. Et elle continuerait, mais Marie la supplie : "Tais-toi ! Par amour pour moi."

"Je me tais. Oui. Mais... Mais regardez si je dois voir parmi mes fils un pareil bâtard !…" Le bâtard, pendant ce temps, s'en est allé alors que la bonne Marie d'Alphée décharge tout ce qu'elle avait sur le cœur pour ce fils têtu. Et son chagrin se fond en une crise de larmes et, en sanglotant, elle dit ce qui la peine par-dessus tout : "Et je ne l'aurai pas avec moi dans le Ciel, lui, je ne l'aurai pas ! Je le verrai dans les tourments ! Oh ! Jésus ! Fais un miracle !"

"Mais oui, Marie, mais oui ! Ne pleure pas ! Elle viendra l'heure pour lui aussi. La onzième, peut-être. Mais elle viendra, je te l'assure. Ne pleure pas..." dit Jésus pour la réconforter... Et une fois les pleurs finis, il dit aux apôtres et aux disciples : "Venez à l'oliveraie pendant que les femmes préparent leurs affaires. Nous parlerons entre nous."

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-132.htm
TOME : 6/132

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Jzosu222



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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 26 Oct - 9:25

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Le départ et le voyage pour Bethléem de Galilée"

Vision du mercredi 22 mai 1946

C'est le soir du vrai sabbat et la vie reprend après le repos sabbatique. Ici, dans la petite maison de Nazareth, elle reprend avec les préparatifs du départ. Provisions que l'on range, vêtements que l'on empile dans les sacs, sacs que l'on ferme solidement avec des cordes, examen des sandales pour vérifier si les courroies et les boucles sont en bon état, les ânes abreuvés et rassasiés près de la haie du jardin... et les salutations, et quelques larmes au milieu des sourires et des bénédictions, et les promesses de se retrouver bientôt... Et, inattendu, le cadeau de Thomas à Marie : une boucle, nous dirions une broche, pour tenir le vêtement fermé au cou. Elle est formée de trois brins de muguets fins, aériens, parfaits, enserrés dans deux feuilles métalliques qui imitent à la perfection la réalité et trahissent une main de maître

"Tu ne la porteras pas, Marie, je le sais, mais accepte-la quand même. Le désir m'est venu de la faire un jour que mon Seigneur parla de toi en te comparant au lys des vallées... Moi, je n'ai rien fait pour ta maison... mais j'ai fait cela pour toi, pour traduire par un symbole la louange de ton Fils que tu mérites plus que toute autre femme. Si je n'ai pas pu donner au métal la grâce de la plante vivante et le parfum de la fleur, mon amour sincère, respectueux pour toi l'embellissent comme une caresse et le parfument de mon dévouement, pour toi, Mère de mon Seigneur."

"Oh ! Thomas ! C'est vrai. Moi, je ne porte pas de bijoux qui me semblent une inutilité, mais ceci n'est pas la même chose. C'est l'amour de mon Jésus et de son apôtre, et il m'est cher. Je le regarderai chaque jour et je penserai au bon Thomas qui aime son Maître au point de retenir non seulement sa Doctrine, mais même ses plus humbles paroles sur les choses les plus humbles et les personnes les plus insignifiantes. Merci, Thomas, non pour la valeur, mais pour ton amour, merci !"

Tout le monde admire la perfection du travail, et Thomas, tout heureux, sort un travail plus petit : trois étoiles de jasmin, dans un feuillage minuscule, encadrées dans un cercle fin, et il le donne à Aurea : "parce que tu n'as pas eu la coquetterie de le vouloir, parce que tu as été ici quand le jasmin était en fleurs, et pour que ces petites étoiles te rappellent notre Étoile. Pourtant, attention ! Toi, c'est par tes vertus que tu dois parfumer les fleurs et être, toi aussi, une fleur candide, belle, pure, qui exhale son parfum vers le Ciel. Si tu n'agis pas ainsi, je me fais rendre la broche. Allons, ne pleure pas... tout passe... et... et... bientôt nous reviendrons chez Marie, ou elle viendra vers nous... et..." Mais Thomas, devant les larmes de plus en plus abondantes d'Aurea, se rend compte qu'il vaut mieux ne pas continuer et il sort mortifié, en disant à Pierre : "Si j'avais pensé que... elle se mettrait à pleurer davantage, je ne lui aurais rien donné... J'avais justement fait cette broche, pour la consoler à cette heure... Cela ne m'a pas réussi..."

Et Pierre, dans la confusion du moment, cesse de se contrôler et il dit : "Mais c'est toujours ainsi dans les adieux... Si tu avais vu Sintica alors..." il s'aperçoit qu'il a parlé, veut se reprendre, rougit... mais, désormais, c'est fait...[1]

Thomas comprend et, débonnaire, il lui passe un bras autour du cou en disant : "Ne t'afflige pas, Simon. Je sais me taire, et je comprends pourquoi vous n'avez rien dit... À cause de Judas de Simon. Moi, sur le Dieu de nos pères, je te jure que ce que j'ai appris involontairement est oublié. Ne souffre pas, Simon !..."

"C'est que le Maître ne voulait pas..."

"Et certainement il avait les meilleures raisons pour cela. Moi, je ne m'en formalise pas."

"Je le sais, mais que va-t-il dire ? ..."

"Rien, car il ne saura rien. Fie-toi à moi."

"Ah ! Non ! pas de secret pour le Maître. Je me suis trompé, je mérite le reproche et tout de suite. Je n'aurai pas de paix si je ne Lui avoue mon erreur. Thomas, sois gentil, va l'appeler... Je vais dans l'atelier. Va, reviens avec Lui. Je suis trop troublé pour le faire, et les autres s'en apercevraient."

Thomas le regarde avec une compassion pleine d'admiration et il rentre dans la maison pour appeler Jésus : "Maître, viens un moment, je dois te dire une chose."

Jésus, qui saluait Marie d'Alphée, le suit immédiatement. "Que veux-tu ?" lui demande-t-il en marchant à côté de lui.

"Moi, rien. C'est Simon qui doit te parler. Le voici..."

"Simon ! Qu'as-tu pour être ainsi troublé ?"

Pierre se jette aux pieds de Jésus en gémissant: "J'ai péché ! Absous-moi !"

"Péché ? En quoi ? Tu étais ici avec nous, joyeux, tranquille..."

"Ah ! Maître, je t'ai désobéi. J'ai parlé à Thomas de Sintica... Je m'étais troublé à cause des larmes, et lui l'était plus que moi; il croyait les avoir augmentées, lui... pour le consoler, je lui ai dit : "C'est toujours ainsi dans les adieux ... Si tu avais vu Sintica..." et lui a compris !..." Pierre lève un visage bouleversé, son regard est vraiment humilié, désolé.

"Loué soit Dieu, mon Simon ! Je croyais que tu avais fait quelque chose de bien plus grave et ta sincérité annule même cela. Tu as parlé sans malice. Tu as parlé à ton compagnon. Thomas est bon, il n'en parlera pas."

"En fait, il me l'a juré... Mais tu vois ? Maintenant j'ai peur d'être trop sot et de ne pas savoir garder un secret."

"Tu l'as fait jusqu'à présent."

"Oui, mais pense donc, jamais un mot à Philippe ni à Nathanaël ! Et maintenant..."

"Allons, lève-toi ! L'homme est toujours imparfait, mais quand il l'est sans malice, il ne fait pas de péché. Surveille-toi, mais ne t'afflige plus. Ton Jésus n'a pour toi qu'un baiser. Thomas, viens ici" Thomas accourt. "Tu as certainement compris les raisons du silence."

"Oui, Maître. Et j'ai juré de le respecter en ce qui me concerne et selon mon pouvoir. Je l'ai déjà dit à Simon..."

"À l'imbécile de Simon" soupire Pierre.

"Non, ami. Tu m'as édifié par ton humilité et ta sincérité parfaites. Tu m'as donné une grande leçon, et je m'en souviendrai. Par prudence, je ne pourrai la faire connaître et j'en suis peiné, car peu d'entre nous ont et auront la justice que tu as eue... Mais ils nous appellent. Allons."

En fait plusieurs sont déjà sur la route, et les trois femmes : Noémi, Myrta et Aurea sont déjà sur leurs montures, Marie est avec sa belle-sœur près d'Aurea, et elles l'embrassent encore, et quand elles voient venir Jésus, elles embrassent leurs deux condisciples et, en dernier lieu, elles saluent Jésus qui les bénit avant de se mettre en route...

Marie et. Marie de Cléophas rentrent dans la maison... Dans la maison où restent, en souvenir de ce qu'il y avait peu avant, les sièges déplacés, la vaisselle encore éparse... le désordre consécutif à un départ.

Marie, perdue dans ses pensées, caresse le petit métier sur lequel elle apprenait à Aurea à travailler... Ses yeux sont humides et brillent des larmes qu'elle retient.

"Tu souffres, Marie !" lui dit Marie de Cléophas qui pleure sans essayer de retenir ses larmes. "Tu t'étais affectionnée !... Ils viennent ici... puis ils s'en vont... et nous, nous souffrons..."

"Notre vie de femmes disciples. Tu as entendu aujourd'hui ce que disait Jésus : "C'est ainsi que vous ferez dans l'avenir; en voyant dans toutes les créatures des âmes fraternelles, vous serez hospitalières, surnaturellement hospitalières, en vous considérant comme des pèlerines vous qui accueillez et comme pèlerins ceux que vous accueillez. Vous les aiderez, les restaurerez, les conseillerez, et puis vous laisserez vos frères partir vers leurs destins, sans les retenir par un amour jaloux, avec l'assurance qu'au-delà de la mort vous vous retrouverez avec eux. Les persécutions viendront et beaucoup vous quitteront pour aller au martyre. Ne soyez pas lâches et ne conseillez pas la lâcheté. Restez en prière dans les maisons vides pour soutenir le courage des martyrs, sereines pour fortifier les plus faibles, fortes pour être prêtes à imiter les héros. Habituez-vous au détachement, à l'héroïsme, à l'apostolat de la charité fraternelle dès maintenant..." Et nous, nous le faisons : En souffrant... c'est certain ! Nous sommes des créatures de chair... Mais l'esprit jouit d'une joie spirituelle de faire la volonté du Seigneur et de coopérer à sa gloire. D'ailleurs... je suis la Mère de tous... et je ne dois pas l'être d'un seul. Je ne le suis pas même exclusivement de Jésus... Tu vois comme je le laisse aller sans le retenir... Je voudrais être avec Lui, cela, oui. Mais Lui juge que je dois rester ici jusqu'à ce qu'il me dise : "Viens". Et je reste. Ses séjours ici ? Mes joies de mère. Mes pérégrinations avec Lui ? Mes joies de disciple. Mes solitudes ici ? Mes joies de fidèle qui fait la volonté de son Seigneur. "

"Ce Seigneur est ton Fils, Marie…"

"Oui, mais il est toujours mon Seigneur... Tu restes avec moi, Marie ?"

"Oui, si tu me laisses ici... Elle est si triste ma maison dans les premières heures que mes fils l'ont quittée !... Demain c'est déjà autre chose... Et puis, cette fois, je pleurerais encore davantage..."

"Pourquoi, Marie ?"

"Parce que c'est depuis hier que je me fond en larmes... Je suis une citerne... une citerne en temps de pluie."

"Mais pourquoi, chérie ?"

"À cause de Joseph... hier... Oh ! je ne sais pas si je dois aller et lui faire des reproches amers, car enfin c'est mon fils, car ce sein l'a porté et ces mamelles l'ont allaité, et il n'y a pas d'enfant qui soit supérieur à une mère, ou bien si je ne dois jamais plus lui parler, jamais plus à ce bâtard qui est né de moi et qui offense mon Jésus et toi et..."

"Tu ne feras rien de cela. Tu seras toujours pour lui la "mère". La mère qui a pitié de son fils obstiné, malade, dévoyé, et l'apprivoise par la bonté et l'amène à Dieu par la prière et la patience…

Allons, ne pleure pas !... Viens plutôt avec moi. Nous prierons dans ma pièce pour lui, pour ceux qui s'en vont, pour la fillette, pour qu'elle souffre peu et grandisse en sainteté... Viens, viens, ma Marie" et elle l'emmène avec elle...

Pendant ce temps, les pèlerins suivent leur chemin vers le sud-ouest Les femmes sont en avant sur leurs ânes qui, bien nourris et bien reposés, trottent allégrement obligeant Margziam et Abel, qui par prudence restent aux côtés d'Aurea en selle pour la première fois, à aller presque au pas de course. Et si la chose est fatigante, elle sert à distraire la fillette de la peine que lui donne la séparation d'avec Marie.

De temps en temps, pour permettre aux deux jeunes de souffler, Myrta arrête sa monture et fait une pause. Elle ne se remet en mouvement que quand elles sont rejointes par le groupe apostolique. Pendant les haltes, n'étant plus distraite par les péripéties de l'équitation, Aurea redevient triste... Margziam, instruit par l'expérience de ses traverses d'orphelin recueilli par charité par une mère adoptive après avoir connu Marie, la console. Il lui dit comment ensuite il s'est affectionné à sa mère adoptive "absolument comme si elle avait été notre maman", et il raconte ses impressions, et il raconte comment Marie et Mathias sont heureux chez Jeanne et Anastasica chez Elise.

Aurea écoute ces récits et Margziam termine en disant : "Crois-le, les disciples sont toutes bonnes et Jésus sait à qui donner les malheureux que nous sommes", et Abel appuie : "Et tu ne dois pas te méfier de ma mère qui est si heureuse de t'avoir et qui a tant prié ces jours pour que Dieu te donne à elle." Aurea dit : "Je le crois et je l'aime bien... Mais, Marie, c'est Marie... et vous devez compatir..."

"Oui, mais il nous déplaît de te voir triste..."

"Oh ! Je ne suis plus triste comme dans la maison du romain et dans les premières heures après la libération... Je suis seulement... perdue. Depuis des années, je n'ai jamais eu de caresses... Il n'y a que Marie qui me les a rendues, après avoir eu pendant tant d'années des maîtres..."

"Mon cœur ! Mais je suis ici pour te les donner ! Je serai une seconde Marie pour toi. Viens ici, tout près... Si tu étais plus petite, je te prendrais en selle avec moi, comme je faisais avec mon Abel quand il était petit... Mais tu es déjà une femme..." dit Myrta en s'approchant et en lui prenant la main. "Tu es ma petite femme et je t'apprendrai tant de choses, et quand Abel ira au loin pour évangéliser, toi et moi, nous accueillerons les pèlerins, comme dit le Seigneur, nous ferons tant de bien en son Nom. Tu es jeune et tu m’aideras..."

"Mais regardez quelle lumière là-bas, au-delà de cette colline !" s'écrie Jacques de Zébédée qui les a rejointes. "C'est un bois qui brûle ?"

"Ou un village ?"

"Courons voir..."

Personne n'est plus fatigué, car la curiosité fait disparaître toute autre sensation. Jésus les suit, bienveillant, et il quitte la route pour un sentier qui monte sur un coteau. Le sommet est vite rejoint...

Ce n'est ni un bois, ni un village qui brûle, mais une vaste cuvette entre deux coteaux, toute en bruyère. Les bruyères, desséchées par l'été, ont pris feu peut-être par quelque étincelle échappée aux bûcherons qui ont travaillé plus haut à l'abattage des arbres et maintenant elles brûlent : un tapis de flammes basses mais vives qui se déplace après avoir consumé là où le feu a pris, en cherchant de nouvelles bruyères à brûler. Les bûcherons essaient un contre-feu en battant les flammes, mais c'est inutile. Ils sont peu nombreux et quand ils travaillent d'un côté, le feu s'étend d'un autre.

"Si le feu arrive au bois, ce sera un désastre. Il y a des résineux" dit sentencieusement Philippe.

Jésus, les bras croisés, debout au sommet du coteau, regarde et réfléchit en souriant...

La lumière blanche de la lune à l'orient contraste vivement avec la lumière rouge des flammes à l'occident. La lune rend les spectateurs tout blancs par derrière alors que la réverbération des flammes leur rougit le visage.

Et les flammes courent, courent, comme les eaux qui débordent, montent et s'étendent... L'incendie est à quelques mètres du bois, et déjà il éclaire les piles de bois qui sont sur le bord et sa clarté, de plus en plus vive, montre les petites maisons d'un village situé au sommet du coteau sur lequel monte le feu.

"Pauvres gens ! Ils vont tout perdre !" disent plusieurs. Et ils regardent Jésus qui ne parle pas et qui sourit...

Mais ensuite... voilà qu'il décroise les bras et crie : "Arrête-toi ! Meurs ! Je le veux."

Et comme si un grand boisseau s'abaissait pour étouffer les flammes, voilà que par un prodige, le feu cesse de flamber. La danse vive, agile, des langues de flammes se change en un rouge de braises allumées, mais sans flammes, puis le rouge devient violet, gris rouge... quelque éclair glisse encore parmi les cendres... et puis il ne reste que la lune dont la lumière argentée éclaire les bois.

À sa blanche clarté, on voit les bûcherons qui se réunissent avec de grands gestes, regardant tout autour d'eux, en haut... pour découvrir l'ange du miracle...

"Descendons. Je travaillerai les âmes avec le motif imprévu qui m'a été donné et nous ferons halte dans ce village au lieu de nous arrêter à la ville. Nous partirons à l'aube. Ils auront une place pour les femmes. Pour nous, le bois nous suffit" dit Jésus et il descend rapidement suivi des autres.

"Mais pourquoi souriais-tu ainsi ? Tu paraissais bienheureux !" demande Pierre.

"Tu le sauras par mes paroles."
Ils sont déjà là où la friche s'est changée en cendres encore chaudes et qui craquent sous les sandales. Ils la traversent. Quand ils sont arrivés au milieu, là où la lune donne en plein, les bûcherons les aperçoivent.

"Oh ! Moi, je l'ai dit ! Lui seul pouvait avoir fait cela ! Courons pour le vénérer" crie un bûcheron et il le fait en se jetant dans la cendre aux pieds de Jésus.

"Pourquoi crois-tu que je l'ai pu ?"

"Parce qu'il n'y a que le Messie qui puisse le faire."

"Et comment sais-tu que je suis le Messie ? Tu me connais peut- être ?"

"Non. Mais seul celui qui est bon et qui aime les pauvres peut avoir eu pitié, et seul le Saint de Dieu peut avoir commandé au feu et être obéi. Béni soit le Très-Haut qui nous a envoyé son Messie ! Et le Messie qui est venu à temps pour sauver nos maisons !"

"Vous devriez avoir plus d'empressement pour sauver vos âmes."

"Elles se sauvent en croyant en Toi et en cherchant à faire ce que tu enseignes. Mais tu comprends, Seigneur, que la désolation d'être dépouillés de tout peut rendre faibles nos faibles âmes... et les porter à douter de la Providence."

"Qui vous a instruits à mon sujet ?"

"Certains de tes disciples... Voici nos familles... Nous avions envoyé les éveiller craignant que toute la colline ne brûle... Avancez... Et puis nous avions envoyé un autre homme pour dire qu'il y avait un miracle et de venir voir. Voilà nos familles, Seigneur. La mienne, celle de Jacob, celle de Jonathas, celle de Marc, celle de mon frère Tobie, de mon beau-frère Melchias, celle de Philippe et celle d'Eléazar. Et puis les autres de ceux qui sont bergers et qui maintenant sont sur les pâturages..."

Il y a un groupe de deux cent cinquante personnes au maximum, y compris les nombreux petits, encore nourrissons ou à peine sevrés, qui pleurnichent à moitié éveillés ou bien dorment, inconscients du danger qu'ils ont couru.

"Paix à vous tous. L'ange de Dieu vous a sauvés. Louons ensemble le Seigneur."

"Tu nous a sauvés ! Toi toujours présent là où des fidèles croient en Toi !" disent plusieurs femmes... Et les hommes acquiescent gravement.

"Oui, où il y a la foi en Moi, la Providence est présente. Cependant, dans les choses de l'esprit comme dans les choses matérielles, il faut agir avec une continuelle prudence. Qu'est-ce qui a mis le feu aux brindilles ? Probablement une étincelle qui s'est échappée de vos foyers, ou bien une branche qu'un enfant a voulu allumer au feu, pour s'amuser à l'agiter et à la lancer, avec l'insouciance de cet âge, en bas. En effet c'est beau de voir une flèche de feu traverser l'air qui s'assombrit. Mais voyez ce que peut faire une imprudence ! Elle peut faire de graves ruines. Une étincelle, ou une brindille tombée sur des bruyères sèches a suffi à mettre le feu à une vallée, et si l'Éternel ne m'avait pas envoyé, le bois serait devenu un brasier qui aurait consumé dans un étau de feu vos biens et vos vies.

Il en est ainsi des choses de l'esprit. Il faut exercer une continuelle et prudente attention pour qu'une flèche de feu, une étincelle ne s'en prenne à votre foi et ne la détruise, après avoir couvé sans être remarquée dans le cœur, en un incendie voulu par ceux qui me haïssent et provoqué par eux pour m'enlever des fidèles.

Ici le feu, arrêté à temps, a fait un bienfait de ce qui aurait pu être un désastre, en détruisant la friche inutile que vous aviez laissée prospérer dans la vallée, et en vous préparant par la destruction et par la fumure des cendres un terrain que, si vous en avez la volonté, vous pourrez rendre fertile par des cultures utiles. Mais, dans les cœurs, il en est bien autrement ! Et quand tout le Bien est disparu en vous, plus rien ne peut lever en vous, sauf des ronces pour servir de litière aux démons.

Rappelez-vous cela et restez en garde contre les insinuations de mes ennemis qui, comme des étincelles infernales, seront jetées dans vos cœurs. Soyez prêts alors pour le contre-feu. Et quel est ce contre-feu ? C'est une foi de plus en plus forte, une volonté inébranlable d'appartenir à Dieu. C'est d'appartenir au Feu saint, car le feu ne mange pas le feu. Or si vous êtes un feu d'amour pour le Dieu vrai, le feu de la haine contre Dieu ne pourra vous nuire. Le Feu de l'amour triomphe de tout autre feu. Ma Doctrine est amour, et celui qui la recueille entre dans le Feu de la Charité et il ne peut plus être torturé par le feu du démon.

Du haut de ce coteau, pendant que je regardais brûler la friche et que j'entendais les paroles que vos esprits adressaient au Seigneur leur Dieu, plus encore que je ne voyais vos actions tendues pour éteindre les flammes, je souriais. Et un de mes apôtres m'a dit : "Pourquoi souriais-tu ?" Je lui ai promis : "Je te le dirai en parlant à ceux qui sont sauvés". Je le fais. Je souriais en pensant que, de même que les flammes se propageaient parmi les bruyères de la vallée, mortifiées vainement par vos manœuvres, de même ma Doctrine se propagera dans le monde, vainement persécutée par ceux qui ne veulent pas la Lumière. Et elle sera lumière, et elle sera purification, et elle sera bénéfique. Combien de serpents ont péri dans ces cendres et avec eux d'autres êtres nuisibles ! Vous craigniez cette vallée parce qu'il s'y trouvait trop d'aspics. Voilà qu'il n'en survit pas un seul. Pareillement le monde sera libéré de tant d'hérésies, de tant de péchés, de tant de douleurs, quand il m'aura connu et qu'il aura été purifié par le feu de ma Doctrine. Purifié et libéré des végétations inutiles, rendu capable de recevoir la semence, devenu riche en fruits de sainteté.

Voilà pourquoi je souriais... Dans le feu qui avançait, je voyais un symbole de la propagation de ma Doctrine dans le monde. Puis la charité pour le prochain, qui ne doit pas être séparée de celle que l'on a pour Dieu, a ramené ma pensée vers vos besoins et j'ai abaissé le regard mental de la contemplation des intérêts de Dieu vers celle des intérêts des frères et j'ai arrêté le feu pour que dans votre joie vous louiez le Seigneur.

Vous voyez ainsi que ma pensée est montée vers Dieu et en est descendue, devenue encore plus puissante, car l'identification à Dieu augmente toujours nos puissances d'action et ensuite est remontée, en même temps que la vôtre, vers Dieu. De cette façon, grâce à la charité, j'ai servi en même temps les intérêts de Dieu et ceux de mes frères. Faites, vous aussi, la même chose à l'avenir.

Et maintenant je vous demande pour ces femmes un abri pour la nuit. La lune descend et l'incendie a retardé notre marche, et alors nous ne pouvons continuer jusqu'à la ville voisine."

"Viens ! Venez ! Il y a de la place pour tout le monde. Nous pouvions être sans toits. Nos maisons sont vôtres. Maisons de pauvres, mais propres. Venez et elles seront bénies" crient-ils tous.

Et lentement ils remontent la pente plutôt escarpée jusqu'au village qui a miraculeusement échappé à la destruction, puis chacun des voyageurs disparaît chez son hôte...

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-133.htm
TOME : 6/133

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Carte_11
Carte de la Palestine : Bethléem sur la carte



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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 27 Oct - 7:52

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Judas de Kériot chez Marie à Nazareth"

Vision du jeudi 23 mai 1946

C'est à peine, mais juste à peine quand l'orient rougit au premier signe de l'aurore, que Judas de Kériot frappe à la porte de la petite maison de Nazareth.

Sur le chemin, il n'y a que des paysans, ou plutôt des petits propriétaires de Nazareth, qui s'en vont vers leurs vignes ou leurs oliveraies, avec leurs outils de travail, et ils regardent étonnés l'homme qui frappe à une heure si matinale à la maison de Marie. Ils chuchotent entre eux.

"C'est un disciple" dit quelqu'un qui répond à la réflexion d'un autre. "Il cherche certainement Jésus de Josep]."

"Laisse tomber ! C'est Judas de Kériot. Il ne me plaît pas, cet homme. Peut-être nous avons beaucoup de torts envers Jésus et nous agissons mal. Mais lui, celui-là, l'an dernier a fait beaucoup de mal parmi nous... Peut-être nous nous serions convertis, mais lui..."

" Quoi ? Quoi ? Comment le sais-tu ?"

"J'étais présent un soir dans la maison du chef de la synagogue et, comme un imbécile, j'ai cru tout de suite à tout... Maintenant... assez ! Je crois avoir péché."

"Peut-être lui aussi s'est aperçu qu'il avait péché et..."

Ils s'éloignent et: je n'entends plus rien. Judas revient frapper à la petite porte contre laquelle il s'est appliqué, le visage contre le bois, comme pour éviter d’être vu et reconnu. Mais la petite porte reste close. Judas fait un geste de désappointement et il s'éloigne en prenant le sentier qui côtoie le jardin et il tourne en arrière de la maison. Il jette un coup d’œil par dessus la haie dans le jardin tranquille. Seules les colombes l'animent.

Judas se demande ce qu'il va faire. Il monologue : "Serait-elle partie elle aussi ? Et pourtant... je l'aurais vue... Et puis ! Non. Hier soir, j'ai entendu sa voix... Elle est peut-être allée dormir chez sa belle-sœur... Ouf ! Cela est ennuyeux comme une abeille sur le visage, car elles vont revenir ensemble et moi, je veux parler à elle seule, sans avoir cette vieille pour témoin. Elle est bavarde et me ferait des observations. Je ne veux pas d'observations, moi. Et elle est rusée comme toutes les vieilles femmes du peuple. Elle n'admettrait pas mes excuses et le ferait remarquer à sa stupide colombe de belle-sœur... Elle, je suis sûr de... l'embobiner à mon gré. Elle est lente à comprendre comme une brebis... Et moi je dois réparer ce qui est arrivé à Tibériade. Parce que si elle parle... Et puis aura-t-elle parlé ou gardé le silence ? Si elle a parlé. ..il est plus difficile d'arranger les choses… Mais elle n'aura pas parlé... Elle confond vertu et sottise. Telle la Mère, telle Fils... Et les autres travaillent pendant qu'eux dorment. Et du reste, ils ont raison. Pourquoi les laisser de côté, s'il semble qu'ils veuillent... Mais que veulent-ils ?..

J'ai la tête tellement embrouillée... Je dois cesser de boire et... Bon ! Mais l'argent tente, et je suis comme un poulain que l'on a tenu trop longtemps renfermé. Deux ans, dis-je ! Davantage ! Deux ans de toutes sortes de privations. Mais cependant... que disait avant-hier Elchias ? Hé ! il ne me donne pas un mauvais enseignement ! Certainement ! Tout est permis, pourvu que l'on réussisse à installer Jésus sur le trône. Mais si Lui ne veut pas ? Pourtant il doit penser que si on ne triomphe pas, tout se termine pour nous comme pour les partisans de Théodas ou de Jude le galiléen ... Peut- être ferais-je bien de me séparer parce que... voilà, je ne sais pas si ce qu'ils veulent eux est bon. Je me fie peu à eux... Ils sont trop changés depuis quelque temps... Je ne voudrais pas... Horreur ! Moi servir à faire du tort à Jésus ? Non. Je me sépare. Pourtant il est amer d'avoir rêvé le règne et de redevenir, quoi ? Rien... Mais il vaut mieux rien que... Lui ne cesse de dire : ''Celui qui fera le grand péché". Ohé ! ce ne sera pas moi, hein ! Moi ? Moi ?

Plutôt me noyer dans le lac... Je m'en vais. Il vaut mieux que je m'en aille. J'irai chez ma mère, je me ferai donner de l'argent parce que je ne puis sûrement pas demander de l'argent aux synhédristes pour m'en aller. Ils m'aident parce qu'ils espèrent que je les aide à sortir de l'incertitude. Une fois que Jésus est roi, nous sommes tranquilles. La foule avec nous... Hérode... qui se préoccupera de lui ? Pas les romains, pas le peuple. Il est haï de tous ! Et... et... Mais Jésus est capable de renoncer dès que proclamé roi. Oh ! bien ! Quand Eléazar d'Anna me donne l'assurance que son père est prêt à le couronner roi !... Après, il ne peut se défaire du caractère sacré. Au fond... moi je fais comme l'intendant infidèle de sa parabole .,. J'ai recours aux amis pour moi, oui, c'est vrai, mais aussi pour Lui. Je fais donc servir des moyens injustes pour... Et pourtant non ! Je dois encore essayer de le persuader. Je ne suis pas convaincu de bien agir en usant de ce subterfuge. et, oh ! si je pouvais le persuader ! Car ce serait tellement beau ! Tellement... Oui ! C'est ce qui vaut le mieux.

Dire tout franchement au Maître. Le supplier... Pourvu que Marie n'ait pas parlé de Tibériade... Comment ai-je dit à Marie de Lui dire ? ...Ah ! voilà ! Le refus des romaines : Maudite cette femme ! Si je n'étais pas allé chez elle ce soir-là, je n'aurais pas rencontré Marie ! Mais qui pouvait penser que Marie était à Tibériade ? Et penser que la veille du sabbat, le jour, et le lendemain, je ne sortais jamais pour éviter de voir quelque apôtre:.. Imbécile ! Imbécile ! Ne pouvais-je aller à Ippo, à Gerghesa pour chercher des filles ? Non ! Justement là ! À Tibériade par où doivent passer ceux de Capharnaüm pour venir ici... Mais tout cela vient des romaines... J'espérais... Non, c'est ce que je dois dire pour m'excuser, mais ce n'est pas vrai. Il est inutile que je me le dise à moi qui sais pourquoi j'y suis allé : pour avoir un rendez-vous avec des puissants d'Israël, et pour jouir, puisque j'ai pas mal d'argent... Pourtant... comme il s'en va vite l'argent ! Sous peu je ne vais plus en avoir... Ah ! Ah ! Je vais raconter quelque histoire à Elchias et compagnie, et ils vont encore m'en donner..."

"Judas ! Es-tu fou ? Voilà un moment que je te regarde du haut d'un olivier. Tu gesticules, tu parles tout seul... Le soleil de Tamuz t-a-t-il fait mal ?" crie Alphée de Sara en se montrant d'un croisement de branches d'un olivier gigantesque, à une trentaine de mètres de l'endroit où est Judas.

Judas sursaute, regarde de ce côté, le voit et bougonne : "Que la mort te prenne ! Maudit pays d'espions !" Mais avec un sourire aimable, il crie : "Non, je suis inquiet que Marie n'ouvre pas... Ne se sentirait-elle pas mal ? J'ai frappé et frappé !..."

"Marie ? Tu peux toujours frapper ! Elle est chez une pauvre vieille qui se meurt. On l'a appelée à la troisième veille..."

"Mais je dois lui parler."

"Attends. Je descends et je vais l'avertir. Mais en as-tu vraiment besoin ?"

"Hé ! Oui ! Je suis ici depuis le premier rayon de soleil."

Alphée, empressé, descend de l'arbre et s'en va rapidement. "Lui aussi m'a vu ! Et maintenant, certainement, elle va revenir avec l'autre ! Rien ne me réussit !" et il sort une litanie de reproches à Nazareth, aux nazaréens, à Marie d'Alphée et jusqu'à la charité de Marie très Sainte pour la mourante et à la mourante elle-même...

Il n'a pas encore fini que s'ouvre la porte qui de la salle à manger donne sur le jardin, et sur le seuil apparaît une Marie très pâle et très triste. "Judas !"

"Marie!" disent-ils en même temps.

"Je vais t'ouvrir Ja porte. Alphée m'a dit seulement: "Va à la maison. Il y a quelqu'un qui te demande" et je suis accourue, d'autant plus que la pauvre vieille n'a plus besoin de moi. Elle a fini de souffrir pour un fils mauvais..."

Judas, pendant que Marie parle, court le long du sentier et revient sur le devant de la maison... Marie lui ouvre.

"Paix à toi, Judas de Kériot. Entre."

"Paix à toi, Marie."

Judas hésite un peu. Marie est douce mais sérieuse. "J'ai frappé si longtemps à l'aurore."

"Hier soir, un fils a fait éclater le cœur d'une mère... Et ils sont venus chercher Jésus. Mais Jésus n'est pas là. À toi aussi, je le dis: "Jésus n'est pas là. Tu es venu trop tard"

"Je le sais qu'il n'est pas là."

"Comment le sais-tu? Tu viens d'arriver;.."

"Mère, je veux être franc avec toi qui es bonne: c'est depuis hier que je suis ici..."

"Et pourquoi n'es-tu pas venu? Tes compagnons pendant ces sabbats n'ont manqué qu'une seule fois…"

"Hé! je le sais! Je suis allé à Capharnaüm et je ne les ai pas trouvés."

"Ne mens pas Judas. À Capharnaüm, tu n'y es jamais allé. Barthélemy y est toujours resté et il ne t'a jamais vu. Barthélemy est venu seulement hier, mais toi, tu étais ici... et donc... Pourquoi mens-tu, Judas ? Ne sais-tu pas que le mensonge est le premier pas vers le volet l'homicide ?

La pauvre Esther est morte, tuée par la douleur à cause de la conduite de son fils. Et Samuel, son fils, commença à devenir la honte de Nazareth avec de petits mensonges qui devinrent ensuite de plus en plus grands... De là, il est arrivé à tout le reste. Veux-tu l'imiter, toi, apôtre du Seigneur ? Veux-tu faire mourir de douleur ta mère ?"

Le reproche est fait à voix basse, lentement. Mais comme il tombe juste ! Judas ne sait que répliquer. Il s'assoit soudainement, la tête dans les mains.

Marie l'observe, puis elle dit : "Eh bien ? Pourquoi as-tu voulu me voir ? Pendant que j'assistais la pauvre Esther, je priais pour ta mère... et pour toi... car vous me faites pitié, l'un et l'autre, et pour deux motifs différents."

"Alors, si tu as pitié, pardonne-moi."

"Je n'ai jamais eu de rancœur."

"Comment ? ...Pas même pour... ce matin à Tibériade ? ...Tu sais ? J'étais ainsi parce que le soir précédent les romaines m'avaient mal reçu, comme si j'étais un fou et comme... si je trahissais le Maître. Oui, je l'avoue, j'ai mal fait de parler à Claudia. Je me suis trompé sur son compte. Mais je croyais bien faire. J'ai affligé le Maître. Lui ne me l'a pas dit, mais je sais qu'il sait que moi j'ai parlé. C'est sûrement Jeanne qui l'a prévenu et Jeanne n'a jamais pu me voir, et les romaines m'ont causé de la peine... Pour oublier, j'ai bu..."

Marie a une expression de compassion involontairement ironique, et elle dit : "Alors, Jésus, pour toute la peine qu'il goûte chaque jour devrait être ivre toutes les nuits..."

"Lui en as-tu parlé ?"

"Moi, je n'accrois pas l'amertume du calice de mon Fils en Lui faisant connaître de nouvelles défections, chutes, péchés, embûches... Je me suis tue et je me tairai."

Judas glisse à genoux et il essaie de déposer un baiser sur la main de Marie, mais elle se retire, sans impolitesse, mais bien décidée à ne pas se laisser toucher.

"Merci, Mère ! Tu me sauves. C'est pour cela que j'étais venu ici... et pour que tu me rendes plus facile d'approcher le Maître sans reproches et sans honte."

"Pour l'éviter, il suffisait que tu ailles à Capharnaüm pour venir ici avec les autres. C'était très simple."

"C'est vrai... Mais les autres ne sont pas bons, et ils m'ont fait espionner pour ensuite me faire des reproches et m'accuser."

"N'offense pas tes frères, Judas. Cela suffit de pécher ! Toi, tu as espionné ici, à Nazareth, patrie du Christ..."

Judas l'interrompt : "Quand ? L'an passé ? Voilà ! Ils ont déformé mes paroles ! Mais crois bien que je..."

"Je ne sais pas ce que tu as dit et fait l'an dernier. Mais je parle d'hier. Tu es ici depuis hier. Tu sais que Jésus est parti. Tu as donc enquêté. Et pas auprès des maisons amies de Aser, Ismaël, Alphée, ou du frère de Jude ou Jacques, pas auprès de Marie d'Alphée et du petit nombre de ceux qui aiment Jésus, car si tu l'avais fait ils seraient venus me le dire. La maison d'Esther s'était remplie de femmes, à l'aube, quand elle est morte, mais aucune ne savait rien de toi. C'étaient les meilleures d'entre les femmes de Nazareth, celles qui m'aiment et qui aiment Jésus, et qui s'efforcent de pratiquer sa Doctrine malgré l'hostilité de leurs maris, pères et fils. Tu as donc enquêté auprès de ceux qui sont les ennemis de mon Jésus. Comment appelles-tu cela ? Moi, je ne le dis pas. C'est toi qui dois te le dire, à toi-même. Pourquoi l'as-tu fait ? Je ne veux pas le savoir. Je te dis seulement ceci : beaucoup d'épées seront enfoncées dans mon cœur, enfoncées et enfoncées plusieurs fois, sans pitié, par les hommes qui affligent mon Jésus et le haïssent. Mais l'une sera la tienne et elle ne sera plus enlevée. Car le souvenir de toi, Judas, qui ne veux pas te sauver, de toi qui te ruines, de toi qui me fais peur, non pas peur pour moi-même mais pour ton âme, ne sortira plus de mon cœur. L'une l'y a fixée le juste Siméon quand je portais sur mon cœur mon Bébé, mon petit Agneau saint... L'autre... l'autre c'est toi... La pointe de ton épée déjà me torture le cœur. Mais tu n'es pas rassasié encore de donner cette peine à une pauvre femme... et tu attends d'enfoncer ton épée toute entière, ton épée de bourreau, dans le cœur de celle qui ne t'a donné que de l'amour... Mais je suis sotte de prétendre à la pitié de toi qui ne l'as pas pour ta mère !... Au contraire, voilà, c'est dit ! D'un seul coup tu nous transperceras, elle et moi, ô fils malheureux que ne sauvent pas les prières de deux mères !..."

Marie pleure en parlant et les larmes ne tombent pas sur la tête brune de Judas car il est resté là où il est tombé à genoux, à distance de Marie... C'est le pavement de briques qui les boit ces larmes saintes... Et la scène me ramène le souvenir d'Aglaé sur laquelle, au contraire, puisqu'elle se serrait contre Marie dans un sincère désir de rédemption, tombaient les larmes de Marie.

"Tu ne trouves pas un mot, Judas ? Tu n'arrives pas à trouver en toi la force d'une bonne résolution ? Oh! Judas! Judas! Mais dis-moi : es-tu content de ta vie ? Examine-toi, Judas. Sois humble, sincère avec toi-même pour commencer, et puis avec Dieu, pour aller vers Lui, avec ton fardeau de pierres enlevées de ton cœur et Lui dire : "Voici, je me suis enlevé ces pierres par amour pour Toi"

"Je n'ai pas... le courage de faire des aveux à Jésus."

"Tu n'as pas l'humilité de le faire."

"C'est vrai. Aide-moi..."

"Va à Capharnaüm et attends-le, avec humilité."

"Mais tu pourrais..,"

"Moi, je ne pourrais que dire de faire ce que mon Fils fait toujours : avoir miséricorde. Ce n'est pas moi qui fais le leçon à Jésus, mais c'est Jésus qui instruit sa disciple."

"Tu es sa Mère."

"Cela est pour mon cœur. Mais en vertu de son droit, Lui est mon Maître. Ni plus ni moins que pour toutes les autres femmes disciples."

"Toi, tu es parfaite."

"Lui est toute Perfection."

Judas se tait et réfléchit, puis il demande : "Où est allé le Maître?"

"À Bethléem de Galilée."

"Et ensuite ?"

"Je ne sais pas."

"Mais il revient ici ?"

"Oui."

"Quand ?"

"Je ne sais pas."

"Tu ne veux pas me le dire !"

"Je ne peux pas dire ce que je ne sais pas. Tu le suis depuis deux ans. Peux-tu dire qu'il a eu toujours un itinéraire certain ? Combien de fois la volonté des hommes l'a obligé à faire des changements ?"

"C'est vrai. Je vais partir... Pour Capharnaüm."

"Le soleil est trop chaud pour voyager. Reste. Tu es un pèlerin comme tous les autres. Et Lui a dit que les femmes disciples doivent en avoir soin."

"Ma vie est répréhensible pour toi…"

"Ton refus de guérir m'est douloureux ! Cela seulement... Enlève ton manteau... Où as-tu dormi ?"

"Je n'ai pas dormi. J'ai attendu l'aube pour te voir seule."

"Alors tu dois être fatigué. Dans la pièce, il y a les deux lits qui ont servi à Simon et à Thomas, elle est encore tranquille et fraîche. Va et dors pendant que je te prépare un repas."

Judas s'en va sans dire un mot. Et Marie, sans se reposer après la nuit passée à veiller, va à la cuisine pour préparer le feu et au jardin pour prendre des légumes. Et des larmes, des larmes, des larmes tombent silencieusement pendant qu'elle se penche sur le foyer pour disposer le bois, ou sur la terre pour cueillir les légumes, et pendant qu'elle les lave dans le bassin et les épluche... Et les larmes tombent avec les graines blondes pendant qu'elle donne le repas aux colombes, ou Sur le linge qu'elle enlève de la vasque et étend au soleil...

Les larmes de la Mère de Dieu… de Celle qui, exempte de toute Faute, ne fut pas exempte de la douleur et souffrit plus que toute autre femme pour être la Corédemptrice...

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-134.htm
TOME : 6/134

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Judas de Kériot


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 28 Oct - 7:32

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"La mort du grand-père de Margziam"

Vision du samedi 25 mai 1946

Jésus a déjà quitté les femmes car il est avec les apôtres, Isaac et Margziam. Ils sont en train de descendre les dernières pentes vers la plaine d'Esdrelon pendant que la nuit descend lentement.

Margziam est très content que le Seigneur le conduise chez son cher grand-père. Moins contents sont les apôtres qui se rappellent le récent incident avec Ismaël. Mais ils se taisent, sérieux, pour ne pas affliger le jeune homme qui se réjouit de ne pas avoir touché au miel que Porphyrée lui a donné « parce que j'avais l'espoir que le Seigneur contenterait mon cœur en me faisant voir mon père, je ne sais pourquoi... Mais depuis quelque temps, je l'ai présent à mon esprit comme s'il m'appelait. Je l'ai dit à Porphyrée et elle m'a dit: "Cela me fait la même chose quand Simon est au loin". Mais ce ne doit pas être comme elle le dit, car avant cela ne s'est jamais produit. »

« Parce qu'avant tu étais en enfant, Maintenant tu es un homme et ta pensée pense davantage » lui dit Pierre.

« J'ai encore deux petits fromages et un peu d'olives. Ce que j'ai pu emporter de ce qui était à moi, pour mon père bien-aimé. Et puis j'ai une tunique de chanvre et un vêtement de chanvre. Porphyrée voulait les faire pour moi. Mais je lui ai dit : "Si tu m'aimes, fais-les pour le vieux père". Il est toujours déguenillé, tellement en sueur dans ses habits de mauvaise laine !... Il sera plus au frais. »

« Et en attendant toi, tu restes sans vêtements frais et tu es trempé comme une éponge dans ces habits de laine » lui dit Pierre.

« Oh ! N'importe ! Le père est resté tant de fois sans manger pour me le donner quand j'étais dans le bois... Je puis, enfin, moi aussi lui donner quelque chose. Si je pouvais mettre assez de côté pour le libérer ! »

« Combien as-tu jusqu'à présent ? » lui demande André.

« Peu. Du poisson, j'ai retiré cent dix didrachmes[1], mais je vais vendre bientôt les agneaux, et alors... Si je pouvais le faire avant le grand froid !... »

« C'est vous qui allez le prendre ? » dit Nathanaël à Pierre.

« Oui, nous ne nous ruinerons pas si ce pauvre vieux prend une bouchée de notre plat... »

« Et puis... Il peut faire quelques petits travaux... Venir à Bethsaïda, chez nous, n'est-ce pas Philippe ? »

« Bien sûr, bien sûr... Nous t'aiderons, Simon, pour faire plaisir à notre bon Margziam et au vieil homme...»

« Espérons que Giocana n’est pas là » dit Jude Thaddée.

« Moi, je vais aller en avant pour avertir » dit Isaac.

Ils marchent rapidement au clair de lune... A un certain moment, Isaac se détache et accélère encore plus sa marche alors que le groupe le suit plus lentement. La plaine est tout à fait silencieuse. Même les rossignols se taisent.

Ils avancent toujours jusqu'au moment où ils voient deux ombres qui courent vers eux. « L'un est Isaac certainement... L'autre... peut être Michée, ou l'intendant. Ils ont la même taille... » dit Jean.

Désormais ils sont près, tout près. C'est précisément l'intendant suivi d'Isaac qui paraît consterné.

« Maître... Margziam... pauvre fils !... Venez vite... Ton père, Margziam, est malade... très malade... »

« Ah ! Seigneur !... » crie le jeune homme avec douleur.

« Allons, allons... Sois courageux, Margziam » et Jésus lui prend la main en se mettant presque à courir alors qu'il dit aux apôtres : « Vous, suivez-nous. »

« Oui... mais faites doucement... à cause de Giocana » crie l'intendant qui est déjà loin.

Le pauvre vieux est dans la maison de Michée. Le premier imbécile venu peut comprendre qu'il est vraiment mourant. Il se tient abandonné, les yeux fermés, les traits déjà relâchés comme quelqu'un qui est en train de mourir. il a le teint cireux, sauf aux pommettes où la congestion laisse une trace de rouge.

Margziam se penche sur le grabat en appelant : « Père ! Mon père ! C'est moi, Margziam ! Comprends-tu ? Margziam ! Jabé ! Ton Jabé !... Oh ! Seigneur ! il ne m'entend plus... Viens ici, Seigneur... Viens ici. Essaie, Toi... Guéris-le,.. Fais qu'il me voie, qu'il me parle... Mais dois-je voir mourir ainsi tous les miens, sans qu'ils me disent adieu ?… »

Jésus s'approche, se penche sur le mourant, lui met une main sur la tête en disant : « Fils de mon Père, écoute-moi. »

Comme quelqu'un qui sort d'un sommeil profond, le vieillard pousse un profond soupir, ouvre ses yeux déjà vitreux et il regarde vaguement les deux visages penchés sur le sien. il essaie de parler mais sa langue s'y refuse. Pourtant, un instant il doit avoir reconnu, car il sourit et cherche à prendre les mains des deux pour les porter à ses lèvres.

« Père... j'étais venu... J'ai tant prié pour venir !... Je voulais te dire... que bientôt, nous aurons assez... pour te donner de quoi te libérer... et venir avec moi, chez Simon et Porphyrée qui sont si bons, avec ton Jabé.., avec tous... »

Le vieillard réussit à remuer la langue et il dit avec peine : « Que Dieu les récompense et... qu'il te récompense... Mais c'est tard... Je m'en vais chez Abraham... pour ne plus souffrir... » il se tourne vers Jésus, et tout angoissé il demande : « Oui, n'est-ce pas ? »

« Oui, reste en paix ! » et Jésus se redresse, imposant, pour dire : « Moi, par mon pouvoir de Juge et de Sauveur, je t'absous de ce que, dans ta vie, tu peux avoir commis de fautes ou d'omissions, et des sentiments de l'âme contre la charité et envers qui t'a haï. Je te pardonne tout, ô fils, va en paix ! » Jésus a étendu les mains en les levant sur le lit, comme s'il était à un autel, Lui prêtre, pour consacrer la victime.

Margziam pleure, alors que le vieillard sourit doucement en murmurant : « On s'endort en paix, grâce à Toi... Merci, Seigneur... » et il s'affaisse...

« Père ! Père ! Oh ! il meurt ! il meurt ! Donnons-lui un peu de miel... il a la langue sèche... il a froid... le miel réchauffe... » crie Margziam, et d'une main il essaie de fouiller dans son sac, alors que de l'autre il soutient la tête de l'aïeul qui s'alourdit.

Sur le seuil sont apparus les apôtres... et ils observent silencieux...

« Fais donc, Margziam. Le père, je vais le soutenir » dit Jésus... et ensuite, à Pierre : « Simon, viens ici... »

Et Simon avance tout ému. Margziam essaie de donner un peu de miel au vieillard. Il plonge un doigt dans le vase et le retire couvert de miel filant pour le mettre sur les lèvres de l'aïeul qui rouvre les yeux, le regarde, lui sourit en disant : « C'est bon. »

« Je l'ai fait pour toi... Et aussi le vêtement frais de chanvre... » Le vieillard lève sa main tremblante et il essaie de la poser sur la tête brune, en disant : « Tu es bon... plus que le miel... C'est... c'est ta bonté qui me fait du bien... Mais ton miel... il ne sert plus... Ni non plus le vêtement frais... Garde-les... garde-les avec ma bénédiction... »

Margziam glisse à genoux, la tête appuyée sur le bord du lit en gémissant : « Seul ! Je reste seul ! »

Simon tourne autour du lit et, d'une voix plus rauque que jamais à cause de l'émotion, il dit en caressant les cheveux de Margziam : « Non... Seul, non... Moi, je t'aime bien. Porphyrée t'aime bien... Les disciples... autant de frères... Et puis,.. Jésus... Jésus qui t'aime bien... Ne pleure pas, mon fils ! »

« Ton... fils... oui… moi, heureux... Seigneur !... Seigneur… » le vieillard murmure, s'embrouille, sent venir la fin.

Jésus l'entoure de sort bras, le soulève, entonne lentement : « J'ai levé les yeux vers les monts, d'où viendra mon secours» et il poursuit le psaume 120. Puis il s'arrête, observant l'homme qui meurt dans ses bras, apaisé par ces paroles... Il entonne le psaume 121, mais il en dit peu car il a à peine commencé le quatrième verset qu'il s'interrompt pour dire : « Pars en paix, âme juste ! » et il le recouche lentement en lui abaissant avec la main les paupières.

Une mort si tranquille que personne, sauf Jésus, ne s'est aperçu du trépas. Pourtant ils le comprennent par le geste du Maître et il s'ensuit un bruit de voix.

Jésus fait signe de se taire. Il se tourne du côté de Margziam qui, pleurant, la tête appuyée sur le lit, ne s'est aperçu de rien. Il se penche, il l'embrasse en cherchant à le relever et il lui dit : « Il est en paix, Margziam ! Il ne souffre plus. La plus grande grâce de Dieu pour lui, c'est cela : la mort, et dans les bras du Seigneur ! Ne pleure pas, cher fils. Regarde-le, comme il est en paix... En paix… Il y en a peu en Israël qui aient eu la faveur qu'a eue ce juste de mourir sur la poitrine du Sauveur. Viens ici, dans mes bras... Tu n'es pas seul. Et puis il y a Dieu, et c'est tout, qui t'aime pour tout le monde. »

Le pauvre Margziam fait vraiment peine à voir, mais il trouve encore la force de dire : « Merci, Seigneur, d'être venu... Et à toi, Simon, de m'avoir amené... Et à tous, à tous merci... de ce que vous m'avez donné pour lui... Mais rien ne sert plus... Pourtant... le vêtement si... Nous sommes pauvres... Nous ne pouvons pas faire l'embaumement... Oh ! mon père ! Je ne puis même pas te donner un tombeau ! ...Mais si vous avez confiance, si vous pouvez. ..faites les dépenses et je vous donnerai en octobre le prix des agneaux et du poisson... »

« Ohé ! Mais tu as encore un père ! Moi, je m'occupe de tout ! Même s'il faut vendre une barque. Nous donnerons au vieil homme tous les honneurs. Le principal est d'avoir un prêt... et quelqu'un qui donne un tombeau.

L'intendant dit : « A Jezraël, il y a des disciples parmi le peuple. Ils ne refuseront rien. Je pars de suite et je reviendrai pour tierce... »

« Bon, mais... le pharisien ? »

« Ne craignez pas. Je lui fais savoir qu'il y a un mort, et pour ne pas se contaminer, il ne va plus sortir de la maison. Je pars... »

Et pendant que Margziam, penché sur son grand-père, pleure et le caresse, et que Jésus parle doucement avec les apôtres et avec Isaac, Michée et les autres vont et viennent pour préparer les derniers honneurs à leur compagnon défunt.

Et ici je fais une observation personnelle. Il m'est arrivé plusieurs fois de me trouver dans des circonstances semblables et j'ai souvent remarqué que ceux qui étaient présents, dans une intention bonne, ou avec une intransigeance qui ne l'est pas, font taire ceux qui se désolent d'avoir perdu un parent. Je compare cette attitude avec la douceur de Jésus qui compatit à la souffrance de l'orphelin et n'attend pas de lui un héroïsme qui ne serait pas naturel...

Combien de choses il y a à apprendre du plus petit acte de Jésus !...

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-135.htm
TOME : 6/135

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Jzosu224



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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 29 Oct - 7:16

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

« Jésus parle de la Charité aux apôtres »

Vision du jeudi 30 mai 1946 (Ascension)

"Où as-tu laissé les barques, Simon, quand tu es venu à Nazareth ?" demande Jésus pendant qu'il s'en va dans la direction nord-est en tournant le dos à la plaine d'Esdrelon et en avançant dans la direction du Thabor.

"Je les ai renvoyées pour la pêche, Maître. Mais j'ai dit qu'elles se trouvent à Tarichée tous les trois jours... Je ne savais pas combien de temps je serais resté avec Toi."

"Très bien. Qui d'entre vous veut aller avertir ma Mère et Marie d'Alphée de nous rejoindre à Tibériade ? Le rendez-vous est à la maison de Joseph."

"Maître... nous le voudrions tous. Mais Toi, dis qui doit y aller. Cela vaudra mieux."

"Alors Mathieu, Philippe, André et Jacques de Zébédée. Que les autres viennent avec Moi à Tarichée. Vous direz aux femmes le motif du retard, et de fermer la maison et de venir, Nous resterons ensemble pendant toute une lune. Allez. Voici la bifurcation, et que la paix soit avec vous." Il embrasse les quatre qui se séparent et il reprend la marche avec les autres.

Mais après quelques pas, il s'arrête et remarque Margziam qui, la tête penchée, marche un peu en arrière. Quand le jeune homme le rejoint, il lui met la main sous le menton pour le forcer à lever le visage. Deux traces de larmes se voient sur le visage un peu brun.

"Tu irais toi aussi volontiers à Nazareth ?"

"Oui, Maître... Mais fais ce que tu veux."

"Je veux que tu aies du réconfort, fils... Va, cours après eux. La Mère te consolera." Il l'embrasse et le laisse aller. Margziam se met à courir pour rejoindre rapidement les quatre.

"C'est encore un enfant..." remarque Pierre.

"Et il souffre beaucoup... Il me disait hier soir, quand je l'ai trouvé en larmes dans un coin de la maison : "C'est comme si mon père et ma mère étaient morts hier... La mort du vieux père m'a rouvert le cœur..." dit Jean.

"Pauvre enfant !... Mais cela a été une bonne chose qu'il soit présent à cette mort..." dit le Zélote.

"Il s'était tellement bercé de l'idée de pouvoir aider le vieillard !..." dit Pierre. "Porphyrée me disait qu'il faisait des sacrifices de toutes sortes pour pouvoir mettre de l'argent de côté. Il a travaillé dans les champs, il a fait des fagots pour les fours, il a pêché, il s'est privé des fromages pour les vendre; du miel pour le vendre... Il avait ce clou dans le cœur et il voulait avoir le vieux père avec lui. ..Hélas !"

"C'est un homme de bonnes résolutions. Il ne recule pas devant le sacrifice et le travail. Bonnes qualités" dit Barthélemy.

"Oui, c'est un bon fils et ce sera un disciple des meilleurs. Voyez avec quelle maîtrise il se gouverne même dans les moments les plus troublés... Son cœur affligé désirait Marie, mais il n'a pas demandé d'y aller. Il a si bien compris dans la prière ce que c'est que la force, qu'il surpasse beaucoup d'adultes" dit Jésus.

"Crois-tu qu'il fasse des sacrifices dans un but fixé d'avance?" demande Thomas.

"J'en suis certain."

"C'est vrai" dit Jacques d'Alphée. "Hier, il a donné ses fruits à un vieillard en lui disant : "Prie pour le père de mon père que j'ai perdu depuis peu", et moi, je lui ai fait l'observation : "Il est en paix, Margziam. Ne crois-tu pas valide l'absolution de Jésus ?" Il m'a répondu : "Je la crois valide mais, je pense, en offrant des suffrages, aux âmes pour lesquelles personne ne prie et je dis : s'il n'en est plus besoin pour mon père, que ces sacrifices aillent à ceux à qui personne ne pense". Et j'en suis resté édifié."

"Oui" dit Pierre. "Hier il est venu à moi et en me jetant les bras autour du cou, car il est encore enfant, il m'a dit : "Maintenant tu es vraiment pour moi un père... et je te rends ce que ta bonté m'avait fait économiser. Il ne sert plus, cet argent, au vieux père... et toi et Porphyrée, vous faites tant pour moi..." Moi, et j'avais du mal à rester sans pleurer, je lui ai répondu : "Non, fils. Nous ferons avec cet argent des aumônes pour des vieillards dans la misère ou pour des orphelins pauvres, et Dieu emploiera tes aumônes pour accroître la paix du pauvre vieux". Et Margziam m'a donné deux baisers si forts que... voilà... je n'ai pas pu retenir mes larmes. Et comme il t'est reconnaissant, Barthélemy, d'avoir réglé les dépenses. Il me disait : "Pour moi, l'honneur donné au vieux père n'a pas de prix. Je vais dire à Barthélemy de me prendre pour serviteur".

"Oh ! pauvre enfant ! Pas même pour une heure ! Lui sert le Seigneur et il nous édifie tous. J'ai honoré un juste. Je pouvais le faire car mon nom est connu et il m'était facile de trouver quelqu'un qui me fasse une avance d'argent. De Bethsaïda, je m'occuperai du remboursement de la petite dette, insignifiante au fond..." répond Barthélemy.

"Oui, comme argent c'est peu, puisque ceux de Jezraël ont été généreux, mais ton amour pour un condisciple n'est pas une chose insignifiante, car tout acte d'amour a une grande valeur" dit Jésus et il continue : "Vous êtes en train de vous former à cet amour du prochain, qui est la seconde partie du précepte base de la Loi de Dieu, mais qui en vérité était bien tombé en désuétude en Israël. Les préceptes nombreux, les minuties qui ont succédé à la Loi du Sinaï, droite et complète dans sa brièveté, ont défiguré la première partie du précepte base en le réduisant à un amas de rites extérieurs auxquels il manque ce qui leur donne la valeur, le nerf, la vérité : c'est-à-dire qu'il manque aux formes du culte extérieur l'adhésion active de l'intérieur, avec les œuvres qu'elle accomplit, avec les tentations qu'elle surmonte.

Quelle valeur peut avoir aux yeux de Dieu la parade d'un culte quand ensuite, en son intérieur, le cœur n'aime pas Dieu, ne s'anéantit pas dans un respectueux amour pour Dieu, quand il ne le loue pas, et ne l'admire pas en aimant les choses qu'il a faites, et pour commencer l'homme qui est le chef d’œuvre de la Création terrestre ? Vous voyez où en est arrivée l'erreur en Israël ? D'avoir en un premier temps fait d'un précepte unique deux préceptes et, par la suite, avec la décadence des esprits; d'avoir coupé nettement le second du premier comme si c'était une branche inutile.

Ce n'était pas une branche inutile, il n'y avait même pas deux branches. C'était un tronc unique qui, dès la base, s'était orné des vertus particulières des deux amours. Regardez ce gros figuier qui a poussé au sommet du coteau. il est né spontanément, et presque dès la racine, c'est-à-dire au sortir du sol, il s'est divisé en deux branches tellement unies que les deux écorces se sont soudées. Mais chaque branche a produit sa propre frondaison des deux côtés, d'une manière tellement bizarre que l'on a donné le nom de "Maison du figuier jumeau" à ce petit village situé sur la petite colline. Eh bien, si maintenant on voulait séparer les deux troncs, qui au fond sont un seul tronc, il faudrait employer la hache ou la scie. Mais que ferait-on ? On ferait mourir la plante, ou si on était assez adroit pour faire passer la hache ou la scie de façon à ne blesser qu'un seul des deux troncs, on en sauverait un, mais l'autre serait inexorablement condamné à mourir et celui qui resterait, bien qu'encore vivant, serait chétif et probablement s'étiolerait sans plus donner de fruit ou en en donnant très peu.

La même chose est arrivée en Israël. Ils ont voulu diviser, séparer les deux parties urnes au point d'être une seule chose. Ils ont voulu remailler ce qui était parfait, car toute œuvre de Dieu est parfaite, toute pensée, toute parole. En effet si Dieu sur le Sinaï a donné le commandement d'aimer le Dieu très Saint et le prochain en un unique précepte, il est clair qu'il n'y a pas deux préceptes que l'on puisse pratiquer indépendamment l'un de l'autre, mais qu'ils sont un seul précepte.

Et, comme il ne me suffit jamais de vous former à cette sublime vertu, la plus grande de toutes, celle qui s'élève avec l'esprit au Ciel, car elle est la seule qui subsiste au Ciel, j'insiste sur cette vertu; âme de toute la vie de l'esprit qui perd la vie s'il perd la Charité parce qu'il perd Dieu.

Comprenez-moi. Supposez qu'un jour à votre porte viennent frapper deux époux très riches pour demander l'hospitalité pour toute leur vie. Pourriez-vous dire : "Nous acceptons l'époux, mais nous ne voulons pas de l'épouse" sans vous entendre répondre par l'époux : "Cela ne peut être, car je ne puis me séparer de la chair de ma chair. Si vous ne voulez pas l'accueillir, moi non plus, je ne puis m'arrêter chez vous, et je m'en vais avec tous les trésors auxquels je vous aurais fait participer" ?

Dieu est uni à la Charité. Celle-ci est vraiment, et plus intimement et vraiment encore que deux époux qui s'aiment intensément, l'esprit de son Esprit. Dieu Lui-même est la Charité. La Charité n'est que l'aspect le plus manifeste de Dieu, celui qui le met davantage en lumière. Entre tous ses attributs, elle est l'attribut roi et l'attribut origine, car tous les autres attributs de Dieu naissent encore de la charité. Qu'est la Puissance, sinon la charité qui œuvre ? Qu'est la Sagesse, sinon la charité qui enseigne ? Qu'est la Miséricorde, sinon la charité qui pardonne ? Qu'est la Justice, sinon la charité qui gouverne ? Et je pourrais continuer ainsi pour tous les innombrables attributs de Dieu.

Maintenant, d'après ce que je dis, pouvez-vous penser que celui qui ne possède pas la charité possède Dieu ? Il ne le possède pas, Pouvez-vous penser qu'il puisse accueillir Dieu et non la Charité ? La Charité qui est unique et qui embrasse le Créateur et les créatures et dont on ne peut avoir une seule moitié, celle donnée au Créateur, sans avoir l'autre moitié, celle donnée au prochain. Dieu est dans les créatures. Il y est avec son signe ineffaçable, avec ses droits de Père, d'Époux, de Roi, L'âme est son trône, le corps est son temple. Alors, celui qui n'aime pas son frère et le méprise, méprise, afflige, méconnaît le Maître de la maison de son frère, le Roi, le Père, l'Époux de son frère, et il est naturel que ce Grand Être qui est Tout et qui est présent dans un frère, dans tous les frères, fasse sienne l'offense faite à l'être plus petit, à la partie du Tout, c'est-à-dire à chaque homme en particulier. C'est pour cela que je vous ai enseigné les œuvres corporelles et spirituelles de miséricorde, c'est pour cela que je vous ai enseigné à ne pas scandaliser vos frères, c'est pour cela que je vous ai enseigné à ne pas juger, à ne pas mépriser, à ne pas repousser vos frères, qu'ils soient bons ou non, fidèles ou gentils, amis ou ennemis, riches ou pauvres.

Quand sur une couche s'accomplit une conception, elle se forme par le même acte, qu'elle arrive sur un lit d'or ou sur la litière d'une étable. Et la créature qui se forme dans un sein royal n'est pas différente de celle qui se forme dans le sein d'une mendiante. La conception, la formation d'un nouvel être est la même en tous les points de la Terre quelle que soit la religion des habitants. Toutes les créatures naissent comme sont nés du sein d'Ève Abel et Caïn.

Et à l'égalité de la conception, formation et manière de naître des enfants d'un homme et d'une femme sur la Terre, correspond une autre égalité dans le Ciel : la création d'une âme à infuser dans l'embryon pour qu'il soit celui d'un homme et non d'un animal, et qu'elle l'accompagne du moment qu'elle est créée jusqu'à la mort, et qu'elle survive en attendant la résurrection générale pour s'unir alors de nouveau au corps ressuscité et avoir avec lui la récompense ou le châtiment. La récompense ou le châtiment selon les actions accomplies pendant la vie terrestre. En effet ne vous imaginez pas que la Charité puisse être injuste, que seulement parce que beaucoup n'auront pas appartenu à Israël ou au Christ, tout en pratiquant la vertu dans la religion qu'ils suivent, convaincus que c'est la vraie, ils doivent rester éternellement sans récompense. Après la fin du monde, il ne survivra pas d'autre vertu que la Charité, c'est-à-dire l'Union avec le Créateur de toutes les créatures qui auront vécu avec justice. Il n'y aura pas autant de Ciels : un pour Israël, un pour les chrétiens, un pour les catholiques, un pour les gentils, un pour les païens. Il n'y aura pas autant de Ciels, mais un seul Ciel, et de même une seule récompense : Dieu, le Créateur qui se réunit à ses créatures qui auront vécu dans la justice, dans lesquelles, à cause de la beauté des esprits et des corps des saints, il s'admirera Lui-même avec sa joie de Père et de Dieu. Il y aura un seul Seigneur, pas un Seigneur pour Israël, un pour le Catholicisme, un pour chacune des autres religions.

Maintenant je vous révèle une grande vérité. Souvenez-vous-en. Transmettez-la à vos successeurs. N'attendez pas toujours que l'Esprit Saint éclaire à nouveau les vérités, après des années ou des siècles d'obscurité. Écoutez. Vous direz peut-être : "Mais alors quelle justice y a-t-il à appartenir à la religion sainte si à la fin du monde nous sommes traités de la même manière que les gentils ?" Je vous réponds : la même justice qu'il y a, et c'est la vraie justice, pour ceux qui, tout en appartenant à la religion sainte, ne seront pas bienheureux parce qu'ils n'auront pas vécu en saints.

Un païen vertueux, pour la seule raison qu'il aura pratiqué une vertu authentique, convaincu que sa religion était bonne, aura le Ciel à la fin. Mais quand ? À la fin du monde, quand des quatre séjours des trépassés [4] deux seulement subsisteront : à savoir le Paradis et l'Enfer. Car la Justice, à ce moment-là, ne pourra que conserver et donner les deux royaumes éternels à ceux qui de l'arbre du libre arbitre auront choisi les bons fruits ou voulu les fruits mauvais. Mais quelle attente avant qu'un païen vertueux arrive à cette récompense ! ...Vous n'y pensez pas ? Et cette attente, spécialement du moment où la Rédemption avec tous les prodiges consécutifs se sera produite et où l'Évangile sera annoncé au monde, sera la purification des âmes qui auront vécu en justes dans d'autres religions mais n'auront pas pu entrer dans la vraie Foi ayant connu son existence et la preuve de sa réalité. Pour eux, les Limbes pendant des siècles et des siècles jusqu'à la fin du monde. Pour ceux qui auront cru au Dieu vrai et n'auront pas su être héroïquement saints, le long Purgatoire; et pour certains, il pourra se terminer à la fin du monde.

Mais après l'expiation et l'attente, les bons, quelle que soit leur provenance, seront tous à la droite de Dieu; les mauvais, quelle que soit leur provenance, à la gauche et puis dans l'Enfer horrible, alors que le Sauveur entrera avec les bons dans le Royaume éternel."

"Seigneur, pardonne-moi si je ne te comprends pas. Ce que tu dis est très difficile... au moins pour moi... Tu dis toujours que tu es le Sauveur et que tu rachèteras ceux qui croient en Toi, Et alors ceux qui ne croient pas, ou parce qu'ils ne t'ont pas connu ayant vécu auparavant, ou bien parce que - le monde est si grand ! - ils n'ont pas eu connaissance de Toi, comment peuvent-ils être sauvés ?" demande Barthélemy.

"Je te l'ai dit : à cause de leur vie de justes, de leurs œuvres bonnes, de leur foi qu'ils croient vraie."

"Mais ils n'ont pas eu recours au Sauveur..."

"Mais le Sauveur souffrira pour eux, pour eux aussi. Tu n'imagines pas, Barthélemy, quelle étendue de valeur auront mes mérites d'Homme-Dieu ?"

"Mon Seigneur, ils sont toujours inférieurs à ceux de Dieu, à ceux que tu as par conséquent depuis toujours."

"Juste et pas juste ta réponse. Les mérites de Dieu sont infinis, dis-tu. Tout est infini en Dieu. Mais Dieu n'a pas de mérites, en ce sens qu'il n'a pas mérité. il a des attributs, des vertus qui Lui sont propres. Lui est Celui qui est : la Perfection, l'Infini, le Tout-Puissant. Mais pour mériter il faut accomplir, avec effort, quelque chose qui est au-dessus de notre nature. Ce n'est pas un mérite de manger, par exemple. Mais cela peut devenir un mérite de manger avec parcimonie, en faisant de vrais sacrifices pour donner aux pauvres ce que nous épargnons. Ce n'est pas un mérite de rester silencieux, mais cela le devient quand on reste silencieux en ne répliquant pas à une offense, et cætera.

Maintenant tu comprends que Dieu ne peut se forcer Lui-même, étant Parfait, Infini. Mais l'Homme-Dieu peut se forcer Lui-même en humiliant l'infinie Nature divine jusqu'aux limites humaines, en triomphant de la nature humaine qui en Lui n'est pas absente ou métaphorique mais réelle, avec tous ses sens et ses sentiments, avec ses possibilités de souffrance et de mort, avec sa volonté libre.

Personne n'aime la mort, surtout si elle est douloureuse, prématurée et imméritée. Personne ne l'aime, et pourtant tout homme doit mourir. Aussi on devrait regarder la mort avec le même calme dont on voit finir tout ce qui a vie. Eh bien, je force mon Humanité à aimer la mort. Non seulement cela. Moi, j'ai choisi la vie pour pouvoir avoir la mort. Pour l'Humanité. En effet, en qualité d'Homme-Dieu, j'acquiers ces mérites qu'en restant Dieu je ne pouvais acquérir. Et avec eux, qui sont infinis, sous la forme où je les acquiers, à cause de la Nature divine unie à l'humaine, à cause des vertus de Charité et d'Obéissance par lesquelles je me suis mis en condition de les mériter, à cause de la Force, de la Justice, de la Tempérance, de la Prudence, de toutes les vertus que j'ai mises dans mon cœur pour qu'il soit bien accueilli de Dieu, mon Père, j'aurai une puissance infinie non seulement comme Dieu, mais comme l'Homme qui s'immole pour tous, c'est-à-dire qui atteint l'extrême limite de la Charité. C'est le sacrifice qui donne le mérite. Plus grand est le sacrifice et plus grand est le mérite. À sacrifice complet, mérite complet. À sacrifice parfait, mérite parfait. Et il peut servir selon la sainte volonté de la victime, à laquelle le Père dit : "Qu'il en soit comme tu veux !" parce qu'elle l'a aimé sans mesure et qu'elle a aimé le prochain sans mesure.

Voici, c'est Moi qui vous le dis. Le plus pauvre des hommes peut être le plus riche et faire du bien à une quantité innombrable de frères s'il sait aimer jusqu'au sacrifice. Moi, je vous le dis : même si vous n'avez plus une bouchée de pain, un calice d'eau, un lambeau de vêtement, vous pouvez toujours faire du bien. Comment ? En priant et en souffrant pour les frères. Faire du bien à qui ? À tous. De quelle façon ? De mille manières toutes saintes car si vous savez aimer, vous saurez comme Dieu agir, enseigner, pardonner, gouverner, et comme l'Homme-Dieu racheter."

"O Seigneur, donne-nous cette charité !" soupire Jean.

"Dieu vous la donne, puisqu'il se donne à vous. Mais vous vous devez l'accueillir et la pratiquer de plus en plus parfaitement. Aucun événement pour vous ne doit être séparé de la charité. Des matériels à ceux de l'esprit. Que tout soit fait avec charité et pour la Charité. Sanctifiez vos actions, vos journées, mettez le sel dans vos oraisons, la lumière dans vos actes. La lumière; la saveur, la sanctification, c'est la Charité. Sans elle, les rites sont sans valeur et les prières sont vaines et les offrandes fausses. En vérité je vous dis que le sourire par lequel un pauvre vous salue comme frères a plus de valeur qu'un sac de pièces de monnaie que quelqu'un peut jeter à vos pieds, dans le seul but d'être remarqué. Sachez aimer et Dieu sera avec vous, toujours."

"Enseigne-nous à aimer ainsi, Seigneur."

"Cela fait deux ans que je vous l'enseigne. Faites ce que vous me voyez faire et vous serez dans la Charité et la Charité sera en vous. Sur vous sera le sceau, le chrême, la couronne qui vous fera reconnaître pour des ministres du Dieu-Charité. Maintenant reposons-nous dans cet endroit ombragé. il y a de l'herbe touffue et haute et les arbres adoucissent la chaleur.

Nous reprendrons la marche dans la soirée..."

*SOURCE: http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-136.htm
TOME: 6/136

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Jésus et Ses Apôtres


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 30 Oct - 7:12

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Jésus à Tibériade"

Vision du lundi 3 juin 1946

Jésus arrive avec les siens à Tibériade par une matinée orageuse, Et il y arrive par un court trajet de Tarichée à Tibériade avec les barques qui se balancent fortement sur le lac très agité et grisâtre comme le ciel parcouru par des nuages qui n'annoncent rien de bon.

Pierre scrute le ciel et le lac et il ordonne aux garçons de mettre les barques en lieu sûr : "Dans un moment, vous allez entendre quelle musique ! Je ne suis plus Simon le pêcheur, si sous peu les averses et les vagues du lac ne font pas de dégâts. il n'y a personne sur le lac ?" se demande-t-il à lui-même, en scrutant la mer troublée de Galilée. Et il la voit déserte, parcourue seulement par des vagues de plus en plus fortes, sous la chape du ciel de 'plus en plus menaçante.

Il se console en la voyant vide et en pensant qu'elle ne fera pas de victimes humaines, et il suit plus satisfait le Maître qui avance dans les coups de vent si forts que les hommes ont du mal à marcher dans les nuages de poussière avec leurs habits que la bourrasque fait claquer.

Dans Tibériade, dans cette partie de Tibériade habitée par des gens du peuple, familles de pêcheurs ou d'artisans occupés à des travaux qui se rapportent à la pêche, il y a beaucoup d'allées et venues pour rentrer dans les maisons ce que l'orage pourrait détériorer. Des gens courent chargés des filets et des rames des barques déjà mises à l'abri, d'autres traînent dans les maisons les outils de travail, pendant que siffle le vent, que s'élèvent des nuages de poussière et que claquent les portes. L'autre Tibériade, celle qui est plus au nord, le quartier des palais qui s'étendent le long du lac, des beaux parcs que l'on voit sur l'arc de la rive, dort paresseusement. Seuls des serviteurs ou des esclaves, selon que les maisons appartiennent aux israélites ou aux romains, s'affairent à enlever des rideaux sur le haut des terrasses, à retirer les légères embarcations de plaisance, les sièges épars dans les jardins...

Jésus, qui a avancé de ce côté, dit à Simon le Zélote et au cousin Jude : "Allez demander au portier de Jeanne de Chouza si aucun des nôtres ne nous a cherchés. Moi, j'attends ici."

"Bien. Et Jeanne ?"

"Nous la verrons ensuite. Allez et faites ce que je dis."

Les deux partent rapidement et pendant que les autres attendent, Jésus les envoie ici et là afin de se procurer la nourriture "pour eux et les femmes, parce qu'il n'est pas juste d'imposer des frais à la famille du disciple" dit Jésus. Et il reste seul, adossé au mur d'un jardin d'où vient une rumeur d'ouragan tant est forte la lutte du vent contre les grands arbres.

Jésus est tout ramassé sur Lui-même, dans ses vêtements qu'il tient bien serrés dans le manteau qu'il a ramené sur sa tête où il fait office de capuchon pour se protéger du vent qui rejette les cheveux dans les yeux. Et ainsi, couvert de poussière, le visage à demi-caché par les pans du manteau, adossé à un mur presque au coin de la rue qui croise une belle artère qui va du lac au centre de la ville, il a l'air d'un mendiant qui attend l'obole. Quelques passants le regardent, mais comme il ne dit rien, ne demande rien et reste ainsi, la tête penchée, personne ne s'arrête pour Lui donner ou Lui dire quelque chose. Pendant ce temps la bourrasque redouble, et le bruit du lac se fait plus violent, remplissant la ville toute entière de son mugissement.

Un homme de grande taille qui avance courbé pour se défendre du vent, tout enveloppé dans son manteau qu'il tient serré sous le cou avec la main, vient du chemin qui va de l'intérieur vers la rive. Pour éviter une file d'ânes de maraîchers qui, après avoir déchargé leurs légumes aux marchés reviennent chez eux, il relève la tête et voit Jésus (et je vois que ce jeune homme est Judas de Kériot).

"Oh ! Maître !" dit-il de l'autre côté de la file des ânes. "Je venais justement chez Jeanne pour te chercher. Je suis allé à Capharnaüm pour te chercher, mais..." Le dernier âne est passé et Judas se hâte de rejoindre le Maître en terminant son discours : "...mais à Capharnaüm il n'y avait personne. J'ai attendu plusieurs jours et puis je suis revenu ici, et tous les jours j'allais chez Joseph et chez Jeanne pour te chercher..."

Jésus le regarde de son regard pénétrant et il arrête cette avalanche de paroles en disant seulement : "La paix soit avec toi."

"C'est vrai ! Je ne t'ai même pas salué ! La paix soit avec Toi, Maître. Mais Toi, tu l'as toujours cette paix !"

"Et toi, non ?"

"Je suis un homme, Maître."

"L'homme juste a la paix. Seul l'homme coupable est troublé. Es-tu tel ?"

"Moi ?... Non, non, Maître. Du moins... Certainement, pour dire vrai, d'être loin de Toi ne me rendait pas heureux... Mais ce n'était pas encore être privé de paix. C'était la nostalgie de Toi, à cause de l'affection que j'ai pour Toi... Mais la paix, c'est autre chose, n'est-ce pas ?..."

"Oui. C'est autre chose. Les séparations ne peuvent porter atteinte à la paix du cœur, si le cœur de celui qui est séparé ne fait pas de choses que sa conscience lui indique comme capables d'affliger l'aimé, s'il les savait"

"Mais ceux qui sont absents ne savent pas... A moins qu'il n'y ait quelqu'un qui les informe."

Jésus le regarde et se tait.

"Tu es seul, Maître ?" demande Judas en cherchant à détourner la conversation vers des sujets plus banals.

"J'attends ceux que j'ai envoyé chez Jeanne pour savoir si ma Mère est venue de Nazareth."

"Ta Mère ? Tu fais venir ta Mère ici ?"[1]

"Oui. Je resterai avec elle à Capharnaüm pendant toute la lune, en me rendant en barque dans les villages de la rive, mais en revenant chaque jour à Capharnaüm. Il doit y avoir beaucoup de disciples..."

"Oui... Beaucoup..." Judas a perdu sa faconde. Il est pensif...

"Tu n'as rien à me dire, Judas ? Nous sommes tous les deux seuls... Rien ne t'est arrivé, pendant ce temps de séparation, aucun fait sur lequel tu sentes nécessaire d'avoir la parole de ton Jésus ?" dit doucement Jésus comme pour aider le disciple à avouer en lui faisant sentir tout son miséricordieux amour.

"Et Toi, tu ne sais rien qui en moi demande ta parole ? Si tu le sais - moi en vérité je ne connais pas ce qui mérite cette parole - parle. Cela pèse à un homme de devoir se rappeler ses fautes et ses défauts et de les avouer à un autre..."

"Moi qui te parle, je ne suis pas un autre homme, mais..."

"Non. Tu es Dieu. Je le sais. Mais à cause de cela, il n'est pas nécessaire que ce soit moi qui parle. Toi, tu sais..."

"Moi, je ne suis pas un autre homme, disais-je, mais je suis ton Ami le plus affectueux. Je ne te dis pas le Maître, le supérieur, mais je te dis : l'Ami..."

"C'est toujours la même chose. C'est toujours l'ennuyeuse recherche de ce qui s'est fait dans le passé, et dont l'aveu pourrait provoquer des reproches. Mais, plus que les reproches, c'est de déchoir dans l'estime de l'ami qui afflige..."

"A Nazareth, le dernier sabbat que je m'y trouvai, Simon Pierre dit par inadvertance à un compagnon une chose qu'il devait taire. Ce n'était pas une désobéissance volontaire, ce n'était pas une médisance, ce n'était pas une chose susceptible de faire du tort au prochain. Simon Pierre l'avait dite à un cœur honnête et à un homme sérieux. Ce dernier, se voyant amené à connaître une chose secrète sans que lui-même ou Pierre l'eussent voulu, jura qu'il ne répéterait pas le secret à d'autres. Simon pouvait être tranquille... Mais il ne le devint que lorsqu'il m'eut fait l'aveu de la faute. Tout de suite... Pauvre Simon ! Il appelait cela une faute ! Mais si dans le cœur de mes disciples il n'y avait que des fautes comme celle-là, et autant, autant d'humilité, autant de confiance, autant d'amour que Pierre, oh ! je devrais me proclamer Maître d'une troupe de saints !..."

"Et ainsi tu veux me dire que Pierre est saint et que je ne le suis pas. C'est vrai. Je ne suis pas un saint. Chasse-moi, alors..."

"Tu n'es pas humble, Judas. L'orgueil te ruine. Et tu ne me connais pas encore..." termine Jésus avec une immense tristesse.

Judas se rend compte de cette peine, et il murmure : "Pardonne-moi, Maître !..."

"Toujours. Mais sois bon, fils ! Sois bon ! Pourquoi veux-tu te faire du mal à toi-même ?"

Judas a des larmes sur les cils, vraies ou fausses je ne sais, et il se réfugie dans les bras de Jésus en pleurant sur son épaule. Et Jésus lui caresse les cheveux en murmurant : "Pauvre Judas ! Pauvre, pauvre Judas qui va chercher ailleurs, où il ne peut la trouver, sa paix, et quelqu'un qui puisse le comprendre..."

"Oui, c'est vrai. Tu as raison, Maître. La paix est ici... Dans tes bras... Je suis un malheureux... Toi seul me comprends et m'aimes... Toi seul... Je suis un sot... Pardonne-moi, Maître."

"Oui, sois bon, sois humble. Si tu tombes, viens vers Moi et je te relèverai. Si tu es tenté, accours vers Moi. Je te défendrai de toi-même, de ceux qui te haïssent, de tout... Mais relève-toi. Les autres arrivent..."

"Un baiser, Maître... Un baiser..."

Et Jésus l'embrasse... et Judas se remet... Oui, mais en attendant, il n'a nullement avoué ses fautes, je pense moi...

"Nous avons tardé un peu, car Jeanne était déjà levée et le portier a voulu l'avertir. Elle viendra dans la journée chez Joseph, pour te vénérer" dit le Thaddée.

"Chez Joseph ? S'il arrive la masse d'eau que le ciel promet, ces rues seront des marécages. Jeanne ne viendra certainement pas dans ce taudis et par ces rues. Il vaudrait mieux que nous allions chez elle..." dit Judas qui a déjà repris son assurance.

Jésus ne lui répond pas, mais il demande à son cousin : "Est-ce qu'aucun des nôtres ne nous a cherchés chez Jeanne ?"

"Personne encore."

"C'est bien. Allons chez Joseph. Les autres nous y rejoindront..."

"Si j'étais sûr que nos mères sont en route, j'irais bien à leur rencontre" dit Jude d'Alphée.

"Ce serait bien, mais plusieurs routes arrivent à Tibériade, et peut-être elles n'ont pas pris la principale..."

"C'est vrai, Jésus... Allons..."

Ils s'en vont rapidement au milieu des éclairs qui sillonnent le ciel blême et les premiers roulements du tonnerre qui résonnent brutalement dans les gorges des collines qui entourent le lac presque complètement. Ils entrent dans la pauvre maison de Joseph qui, dans la tempête, paraît encore plus pauvre et plus sombre. De lumineux, il n'y a que le visage du disciple et des siens, bienheureux d'avoir le Maître dans leur maison.

"Mais tu tombes mal, Seigneur" s'excuse le batelier. "Je n'ai pas pu pêcher dans ce lac, et... je n'ai que des légumes..."

"Et ton bon cœur. Mais j'y ai pensé. Les compagnons vont venir avec ce qu'il faut. Ne te fatigue pas, femme... Nous pouvons nous asseoir même par terre. C'est si propre. Tu es une brave femme, je le sais, mais l'ordre que je vois ici le confirme."

"Oh ! mon épouse ! La vraie femme forte ! Ma joie, notre joie" proclame le batelier, ravi de l'éloge du Seigneur qui s'est assis tranquillement au bord du foyer éteint, presque par terre, en prenant sur ses genoux un petit enfant qui le regarde étonné.

Ils entrent, au moment de la première averse, ceux qui sont allés pour les achats et, sur le seuil, ils secouent leurs manteaux et leurs sandales pour ne pas apporter d'eau ni de boue dans la maison.

C'est une fin du monde de tonnerre, d'éclairs, de pluie, de vent. Le mugissement du lac accompagne les soli des éclairs et les hurlements du vent.

"Salut ! L'été se baigne les plumes et arrose le foyer... Après cela ira mieux... Pourvu que cela n'endommage pas les vignes... Puis-je aller là-haut, pour regarder le lac ? Je veux voir quelle humeur il a..."

"Va. va. La maison est à vous" répond le disciple à Pierre.

Et Pierre, avec sa seule tunique, sort bienheureux pour jouir de la tempête, il monte l'escalier extérieur et reste sur la terrasse pour se rafraîchir et il donne son avis à ceux de l'intérieur comme s'il était sur le pont de sa barque à commander les manœuvres.

Les autres sont assis ça et là dans la cuisine où on y voit à peine. car on doit tenir la porte à moitié fermée à cause de la pluie et, par la fente, il entre un filet de lumière verdâtre qu'interrompt la brève et éblouissante clarté des éclairs...

Pierre rentre, trempé comme s'il était tombé dans le lac, et il déclare : "Maintenant il est sur notre tête. Il s'éloigne vers la Samarie. Il va tremper là-bas..."

"Il t'a déjà bien trempé ! Tu coules comme une fontaine" remarque Thomas.

"Oui, mais je suis si bien après une pareille chaleur."

"Rentre. Ainsi trempé, tu prendrais du mal à rester sur la porte" lui conseille Barthélemy.

"Non ! Je suis comme du bois à l'épreuve de l'eau... J'ai commencé alors que je ne savais pas encore dire "père" à rester à l'humidité. Ah ! comme on respire facilement !... Pourtant... la rue... est un fleuve... Si vous voyez le lac ! Il a toutes les couleurs et il bout comme une marmite. On ne comprend même plus dans quelle direction vont les vagues. Elles bouent sur place... Il fallait cela, pourtant..."


"Oui, il fallait cela. Les murs ne se refroidissaient plus tant ils étaient brûlés par le soleil. Ma vigne avait les feuilles recroquevillées, poussiéreuses... Je l'arrosais au pied... mais oui !... Que fait un peu d'eau quand tout le reste est en feu ?" dit Joseph.

"Plus de mal que de bien, ami" déclare Barthélemy. "Les plantes ont besoin de l'eau du ciel, car elles boivent même avec les feuilles, hein ?! Il semble que non, mais il en est ainsi. Les racines, les racines ! C'est bien, mais les feuillages aussi y sont pour quelque chose et ils ont leurs droits..."

"Ne te paraît-il pas, Maître, que Barthélemy propose le sujet d'une belle parabole ?" dit le Zélote pour l'encourager à parler.

Mais Jésus, qui est en train de bercer le petit enfant qui a peur des éclairs, ne dit pas la parabole, mais il donne son accord en disant : "Et toi, comment la proposerais-tu ?"

"Mal assurément, Maître. Moi, je ne suis pas Toi..."

"Dis-la comme tu sais. Il vous sera très utile de prêcher en paraboles. Habituez-vous. Je t'écoute, Simon..."

"Oh !... Toi, Maître, moi... sot... Mais j'obéis. Je dirais ainsi : "Un homme avait un beau pied de vigne. Mais comme il n'était pas propriétaire d'un vignoble, il avait planté sa vigne dans le petit jardin de la maison, pour la faire monter sur la terrasse où elle donnerait de l'ombre et des grappes de raisin et il donnait beaucoup de soins à sa vigne. Mais elle poussait au milieu des maisons, près de la rue, et alors la fumée des cuisines et des fours, et la poussière de la route montaient pour abîmer la vigne. Et encore, tant que tombaient du ciel les pluies du mois de Nisan, les feuilles de la vigne se débarrassaient des impuretés et elles jouissaient du soleil et de l'air sans avoir à leur surface une couche d'ordures pour l'en empêcher. Mais quand vint l'été et que l'eau ne descendit plus du ciel, la fumée, la poussière, les excréments des oiseaux se déposèrent en couches épaisses sur les feuilles pendant que le soleil trop brûlant les desséchait. Le maître de la vigne donnait de l'eau aux racines enfouies dans le sol, ainsi la vigne ne mourait pas mais végétait péniblement, car l'eau absorbée par les racines ne montait que par l'intérieur, et le pauvre feuillage n'en profitait pas. Au contraire, du sol desséché, mouillé par un peu d'eau, montaient des fermentations et des exhalaisons qui abîmaient les feuilles en les tachant de sortes de pustules malignes.

Enfin il arriva du ciel une grande pluie qui descendit sur les feuillages, courut le long des branches, des grappes, du tronc, éteignit la chaleur des murs et du sol. La tempête une fois passée, le maître de la vigne la vit nettoyée, fraîche, toute réjouie et réjouissante sous le ciel serein". Voilà la parabole."

"C'est bien. Mais l'application à l'homme ?..."

"Maître, fais-la, Toi."

"Non. Toi. Nous sommes entre frères. Tu ne dois pas craindre de faire piètre figure."

"De faire piètre figure, je ne le crains pas comme une chose pénible. Au contraire, je l'aime, car cela sert à me garder humble, mais c'est que je ne voudrais pas dire des choses inexactes..."

"Moi, je te les corrigerai."

"Oh ! alors ! Voilà. Je dirais : "C'est ce qui arrive à l'homme qui ne vit pas isolé dans les jardins de Dieu, mais qui vit au milieu de la poussière et de la fumée des choses du monde. Elles le couvrent lentement de tartre, presque sans qu'il s'en aperçoive, et il trouve son esprit stérilisé sous une croûte d'humanité si épaisse que la brise de Dieu et le soleil de la Sagesse ne peuvent lui être utiles. Et c'est inutilement qu'il cherche à y suppléer avec un peu d'eau qu'il puise dans les pratiques et qu'il donne avec tant d'humanité à la partie inférieure de sorte que la partie supérieure n'en jouit pas... Malheur à l'homme qui ne se purifie pas avec l'eau du Ciel qui débarrasse de l'impureté, qui éteint l'ardeur des passions, qui nourrit vraiment le moi tout entier". J'ai parlé."

"Tu as bien parlé. Moi je dirais aussi qu'à la différence de l'arbre, créature privée du libre arbitre et attachée à la terre, et qui par conséquent n'est pas libre d'aller à la recherche de ce qui lui est utile et de fuir ce qui lui nuit, l'homme peut aller à la recherche de l'eau du Ciel, et fuir la poussière, la fumée, et l'ardeur de la chair, du monde et du démon. L'enseignement serait plus complet."

"Merci, Maître. Je m'en souviendrai" dit le Zélote.

"On n'est pas solitaire... Nous vivons dans le monde... Par conséquent..." dit Judas de Kériot.

"Pourquoi ce : par conséquent ? Veux-tu dire que Simon a parlé comme un sot ?" lui demande Jude d'Alphée.

"Je ne dis pas cela. Je dis que ne pouvant nous isoler... nous devons être forcément couverts par ce qui est du monde."


"Le Maître et Simon disent justement que l'on doit chercher l'eau du Ciel pour se conserver propre malgré le monde qui nous entoure" dit Jacques d'Alphée.

"Bon ! Mais l'eau du Ciel est-elle toujours à notre disposition, pour nous nettoyer ?"

"Oui" dit Jean avec assurance.

"Oui ? Et où la trouves-tu ?"

"Dans l'amour."

"L'amour, c'est du feu. Il te brûle davantage."

"C'est du feu, oui, mais c'est aussi l'eau qui lave. Car il éloigne tout ce qui est de la terre et donne tout ce qui est du Ciel."

"...Opérations que je ne comprends pas : il éloigne, il apporte..."

"Oui, je ne suis pas fou. Je dis qu'il t'enlève ce qui est humanité et qu'il te donne ce qui vient de Dieu et qui par conséquent est divin. Et une chose divine ne peut que nourrir et sanctifier. Jour après jour l'amour te nettoie de ce que le monde t'a donné."

Judas va répliquer, mais le petit qui est sur le sein de Jésus, dit : "Une autre parabole, belle, belle... pour moi..." et cela apporte une diversion à la discussion.

"Sur quoi, petit ?" demande Jésus condescendant.

L'enfant regarde autour de lui, et puis il trouve. Il dirige un doigt vers sa mère, et il dit : "Sur la mère."

"La mère est pour l'âme et pour le corps ce que Dieu est pour eux. La mère que fait-elle pour toi ? Elle veille sur toi, elle te soigne, elle t'éduque, elle t'aime, elle fait attention pour que tu ne te fasses pas mal, elle te protège, comme fait la colombe avec ses petits, sous les ailes de son amour. Et la mère doit être obéie et aimée, parce que tout ce qu'elle fait, elle le fait pour notre bien. Le bon Dieu aussi, et bien plus parfaitement que la plus parfaite des mères, garde ses enfants sous les ailes de son amour, les protège, les éduque, les aide, pense à eux nuit et jour. Mais le bon Dieu, aussi et beaucoup plus que la mère - en effet la mère est le plus grand amour de la Terre, mais Dieu est le plus grand et l'éternel amour de la Terre et du Ciel - doit être obéi et aimé, car tout ce qu'il fait, Il le fait pour notre bien..."

"Même les éclairs ?" interrompt l'enfant qui en a une grande peur.

"Eux aussi."

"Pourquoi ?"

"Parce qu'ils nettoient le ciel et l'air et..."


"Et après arrive l'arc-en-ciel !..." s'écrie Pierre qui, moitié dehors et moitié dedans, a écouté et s'est tu. Et il ajoute: "Viens, tourtereau, je te le fais voir. Regarde comme c'est beau!…"

Et, en effet, la lune éclaire le ciel car la tempête est passée, et un immense arc-en-ciel, qui part des rives de Ippo, jette le ruban de son arc par dessus le lac pour aller se perdre au-delà des montagnes en arrière de Magdala.

Tout le monde se rend sur le seuil, mais pour voir le lac il faut se déchausser car la cour est une mare d'eau jaunâtre qui s'écoule lentement. Comme souvenir de la tempête, il reste le lac devenu jaunâtre avec des vagues qui tendent à se calmer. Mais le ciel est serein, mais l'air est léger, mais les feuillages ont repris leur couleur.

Et Tibériade reprend vie... Et bientôt on voit, par la rue encore pleine d'eau et de boue, arriver Jeanne avec Jonathas. Elle lève les yeux pour saluer le Maître qui est sur la terrasse et elle monte vivement pour se prosterner, heureuse... Les apôtres parlent entre eux et Judas seul, à mi-chemin entre Jésus et Jeanne d'une part et les apôtres de l'autre, reste à part, tout pensif. Je parie qu'il écoute avec la plus grande attention les paroles de Jeanne dont la pensée en ce qui concerne Judas a été indéchiffrable, car elle a salué tous les apôtres d'un unique : "Paix à vous."

Mais Jeanne parle uniquement des enfants et de la permission que Chouza lui a donnée d'aller en barque à Capharnaüm pendant que le Maître y est. Alors les soupçons de Judas se calment, et il rejoint ses compagnons...

Avec de la boue au bas des vêtements, mais sèches par ailleurs, voici que s'avancent Marie très Sainte et Marie d'Alphée avec les cinq qui sont allés les prendre. Le sourire de Marie, pendant qu'elle monte le court escalier, est plus merveilleux que l'arc-en-ciel resté dans le ciel.

"Ta Mère, Maître !" annonce Thomas.

Jésus va à sa rencontre et tous les autres avec Lui. Et ils se félicitent de ce que les femmes n'aient pas eu d'autre ennui qu'un peu de boue en bas de leurs vêtements.

"Nous nous sommes arrêtés aux premières gouttes chez un maraîcher" explique Mathieu, et il demande : "Vous nous attendiez depuis longtemps ?"

"Non. Nous sommes arrivés à l'aurore."

"Nous avons tardé à cause d'un malheureux..." dit André.

"Bien. Maintenant que vous êtes tous ici et que le beau temps est revenu, je serais d'avis de partir ce soir pour Capharnaüm" dit Pierre.


Marie, qui consent toujours, dit cette fois : "Non, Simon. Nous ne pouvons pas partir si d'abord... Mon Fils, une mère s'est recommandée à moi pour que Toi, Toi seul, qui peux le faire, tu convertisses l'âme de son unique garçon. Je t'en prie, écoute-moi, car je l'ai promis... Pardonne-lui... Ton pardon..."

"Il est déjà donné, Marie. Moi, j'ai déjà parlé au Maître..." interrompt l'Iscariote, croyant que Marie parle de lui.

"Je ne parle pas de toi, Judas de Simon. Je parle d'Esther de Lévi, nazaréenne, une mère tuée par le comportement de son fils. Jésus, elle est morte dans la nuit où tu es parti. Les appels qu'elle faisait vers Toi, n'étaient pas pour elle, pauvre mère martyre d'un fils infâme, mais pour son fils... car nous mères de vous les fils, ce n'est pas de nous que nous nous inquiétons... Elle le veut sauvé, son Samuel... Mais maintenant, maintenant qu'elle est morte, Samuel, en proie aux remords, paraît fou et il ne veut absolument pas entendre raison... Mais Toi, Fils, tu peux sauver son intelligence et son esprit..."

"Est-il repenti ?"

"Comment veux-tu qu'il le soit s'il est désespéré ?"

"En effet le fait d'avoir tué sa mère en lui donnant des douleurs continuelles doit le rendre désespéré. On ne viole pas impunément le premier des commandements de l'amour envers le prochain. Mère, comment veux-tu que Moi je pardonne et que Dieu donne la paix au matricide impénitent ?"

"Mon Fils, cette mère demande la paix de l'autre vie... Elle était bonne... elle a tant souffert..."

"Elle aura la paix pour elle..."

"Non, Jésus. Il ne peut avoir la paix l'esprit d'une mère si elle voit son enfant privé de Dieu..."

"Il est juste qu'il en soit privé."

"Oui, Fils, oui. Mais pour la pauvre Esther... Sa dernière parole a été une prière pour son fils... Et elle m'a dit de te le dire. Jésus, Esther pendant sa vie n'a jamais eu une joie, tu le sais. Donne-lui celle-là, maintenant qu'elle est morte, donne-la à son esprit qui souffre à cause de son fils."

"Mère, j'ai cherché à convertir Samuel pendant mes séjours à Nazareth. Mais inutilement, car en lui était éteint l'amour..."

"Je le sais. Mais Esther a offert son pardon, ses souffrances, pour que l'amour renaisse en Samuel. Et qui sait ? Ce tourment qu'il souffre maintenant ne pourrait-il pas être un amour qui revit ? Un douloureux amour, et quelqu'un pourrait dire : un inutile amour, puisque la mère ne peut en jouir. Mais Toi, mais moi, nous savons que la charité des trépassés est attentive et toute proche. Nous le savons, moi, par la foi, Toi, directement. Les trépassés ne se désintéressent pas de nous, et ils n'ignorent pas ce qui arrive aux êtres aimés qu'ils ont quittés... Et Esther peut encore jouir de ce tardif amour de son fils ingrat, et maintenant bouleversé par le remords. O mon Jésus, je le sais, cet homme t'inspire du dégoût à cause de l'énormité de sa faute. Un fils qui hait sa mère ! Un monstre pour Toi qui es tout amour pour la tienne. Mais justement parce que tu es tout amour pour moi, écoute-moi. Retournons ensemble à Nazareth, tout de suite. La route ne me pèse pas, rien ne me pèse, si cela sert à sauver une âme..."

"C'est bien. Tu as gagné, Mère... Judas de Simon, prends avec toi Joseph et va à Nazareth. Tu m'amèneras Samuel à Capharnaüm."

"Moi ? Pourquoi moi ?"

"Parce que tu n'es pas fatigué. Les autres, oui. Ils ont tant marché pendant que tu te reposais..."

"J'ai marché, moi aussi. Je suis allé à Nazareth te chercher. Ta Mère peut le dire."

"Tes compagnons sont allés à Nazareth tous les sabbats et maintenant ils reviennent d'un long voyage. Va et ne discute pas..."

"C'est que... A Nazareth ils ne m'aiment pas... Pourquoi m'envoies-tu justement moi ?"

"Moi aussi, ils ne m'aiment pas, et pourtant je vais à Nazareth. Il n'est pas nécessaire d'être aimé dans un lieu pour aller à ce lieu. Va et ne discute pas, je te le répète."

"Maître... moi, j'ai peur des déments..."

"L'homme est bouleversé par le remords, mais il n'est pas dément."

"Ta Mère l'a dit..."

"Et Moi, je te dis pour la troisième fois : va et ne discute pas. Cela ne peut te faire que du bien de méditer à quoi cela peut amener de faire souffrir une mère..."

"Tu me compares à Samuel ? Ma mère est reine dans sa maison. Moi, je ne suis même pas près d'elle pour la surveiller et lui être une charge à cause de mon entretien..."

"Ce ne sont pas ces choses qui sont une charge pour les mères. Mais c'est un lourd fardeau qui les écrase que le manque d'amour de leurs fils, leur conduite imparfaite aux yeux de Dieu et des hommes. Va, te dis-je."


"Je pars. Et que vais-je dire à l'homme ?"

"Qu'il vienne à Capharnaüm, chez Moi."

"S'il n'a jamais obéi, pas même à sa mère, veux-tu qu'il m'obéisse à moi, maintenant, puisqu'il est ainsi désespéré ?"

"Et tu n'as pas encore compris que si je t'envoie c'est signe que j'ai déjà travaillé l'esprit de Samuel en le faisant sortir du délire du remords désespéré ?"

"J'y vais. Adieu, Maître. Adieu, Mère. Adieu, amis." Et il s'en va tout autre qu'enthousiaste, suivi de Joseph qui, au contraire, est tout heureux d'être choisi pour cette mission.

Pierre chantonne quelque chose...

Jésus lui demande : "Que dis-tu, Simon de Jonas ?"

"Je disais une vieille chanson du lac..."

"Laquelle ?"

"C'est : "Il en est toujours ainsi ! La pêche plaît au cultivateur, mais le pêcheur n'aime pas pêcher !" Et en vérité, ici on a vu que c'était plutôt le disciple qui avait le désir de pêcher que l'apôtre..."

Plusieurs rient. Jésus ne rit pas, il soupire.

"Je t'ai affligé, Maître ?" demande Pierre.

"Non. Mais ne critique pas toujours."

"C'est pour Judas que mon Frère est affligé" dit Jude d'Alphée.

"Toi aussi tais-toi et surtout au fond de ton cœur."

"Mais, vraiment Samuel a-t-il eu déjà le miracle ?" demande Thomas curieux et un peu incrédule.

"Oui."

"Alors il est inutile qu'il vienne à Capharnaüm."

"C'est nécessaire. Je n'ai pas guéri complètement son cœur. C'est à lui, de lui-même, de chercher la guérison, c'est-à-dire le pardon par un saint repentir. Mais j'ai fait en sorte qu'il puisse raisonner de nouveau. A lui, maintenant, d'obtenir le reste par sa libre volonté. Descendons. Nous allons parmi les humbles..."

"Pas chez moi, Maître ?"

"Non, Jeanne. Toi tu pourras venir quand tu voudras chez Moi, mais eux sont retenus par leurs travaux, et c'est Moi qui vais à eux..."

Jésus descend de la terrasse et sort dans la rue, suivi des autres et aussi de Jeanne qui a envoyé Jonathas à la maison et qui est bien décidée à ne pas se séparer de Jésus, puisque Jésus n'est pas disposé à aller chez elle.

Ils s'en vont vers les maisonnettes pauvres, se dirigeant vers des endroits de plus en plus pauvres et périphériques... Et la vision cesse ainsi.

* SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-137.htm
TOME : 6/137
Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Tibzor12
Tibériade sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 31 Oct - 7:20

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

" Jésus arrive à Capharnaüm"

Vision du mardi 4 juin 1946

Je ne sais si c'est spontanément ou bien prévenue par quelqu'un, Porphyrée est déjà sur la petite plage de Capharnaüm quand les barques y arrivent, et il y en a trois au lieu de deux, ce qui me fait penser que quelqu'un est déjà allé à l'avance, à Capharnaüm, pour prévenir que le Maître arrive et pour prendre une barque pour les femmes et Margziam. Et avec Porphyrée se trouvent les filles de Philippe et Miryam de Jaïre, en plus de la mère de Jacques et Jean.

Mais je remarque bien Porphyrée qui, sans souci des petites vagues du lac, encore un peu agité, qui parcourent la grève dans une course un peu folle et désordonnée, entre dans l'eau jusqu'à mi-jambes. Elle se penche à l'intérieur de la barque où est Margziam et l'embrasse en lui disant : "Je t'aimerai bien aussi pour lui. Je t'aimerai bien pour tous, fils chéri !" Elle le dit très émue, et sitôt que la barque est arrêtée et qu'en descendent ceux qui s'y trouvaient, Porphyrée serre Margziam contre elle, ne cédant à personne le devoir de faire sentir au jeune homme qu'il est très aimé.

Elle va de même se joindre au groupe de l'autre barque pour vénérer le Maître, et pouvoir le faire avant que les gens de Capharnaüm et les nombreux disciples qui depuis longtemps attendent l'arrivée de Jésus s'emparent du Maître, en enlevant aux femmes disciples la joie de l'avoir pour elles.

Les femmes sont serrées autour du Maître et seuls les enfants de Capharnaüm peuvent rompre le cercle que forment les femmes disciples en glissant de force leurs petits corps entre deux femmes pour arriver à Jésus qui va lentement vers sa maison.

À cette heure matinale, il y a peu de gens dans les rues, tout au plus des femmes qui vont à la fontaine ou au marché, entourées d'une nichée d'enfants, ou quelque pêcheur qui retourne porter les rames et les filets dans les barques pour les préparer à la pêche du soir. Mais, en fait de notables, personne, sauf Jaïre qui accourt tout respectueux pour vénérer Jésus et qui se félicite en entendant dire qu'il compte s'arrêter quelques semaines en allant la nuit aux villes du lac pour y parler au matin et revenir ensuite se reposer le jour à Capharnaüm. Et c'est Jaïre, à cause du respect qu'il inspire à ses concitoyens, qui réussit le premier à se mettre à côté de Jésus. Il y réussit en écartant sa fille en vertu de l'autorité paternelle. Après lui, ceux qui réussissent à s'unir à Jésus ce sont les disciples les plus influents, ceux auxquels, par mouvement instinctif de justice, les autres cèdent la première place après les apôtres, c'est-à-dire le vieux prêtre Jean (l'ex-lépreux), Étienne, Hermas, Timon, Jean fils de Noémi, Nicolaï et les disciples ex-bergers qui, sauf les deux allés vers le Liban, sont tous présents.

Jésus s'intéresse aux autres, aux absents, et il en demande des nouvelles à leurs compagnons. Sont-ils encore fervents ? Oh ! très ! Se reposent-ils dans leurs maisons ? Non. Ils travaillent dans leurs villes et dans les villages voisins pour de nouveaux disciples. Et Hermastée ? Hermastée est allé le long de la mer et il descend vers sa ville. Il est avec Joseph, celui d'Emmaüs, et ils veulent parler du Sauveur tout le long des côtes, et à eux se sont unis les deux amis Samuel et Abel, pour montrer ce que peut le Seigneur, eux dont l'un était estropié et l'autre lépreux.

Questions et réponses, et le parcours ne suffit pas pour les épuiser, et la maison de Thomas de Capharnaüm ne suffit pas pour accueillir tant de gens qui se pressent maintenant autour de Jésus revenu après une si longue absence.

Et Jésus décide d'aller vers la campagne pour pouvoir rester au milieu de tous, sans faire de préférences.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-138.htm
TOME : 6/138

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Carte de la Palestine . Capharnaüm sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 1 Nov - 7:26

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"La prédication dans la région du lac. À Capharnaüm"

Vision du samedi 22 juin 1946

C'est le sabbat. C'est ce que je pense en voyant les gens réunis dans la synagogue. Mais il pourrait se faire qu'ils se soient réunis là pour fuir le soleil ou pour être plus tranquilles dans la maison de Jaïre, et les gens se pressent attentifs malgré la chaleur que l'ouverture des portes et des fenêtres pour établir des courants d'air n'arrive pas à tempérer.

Ceux qui n'ont pas pu entrer dans la synagogue, pour n'être pas rôtis dans la rue par le soleil, se sont réfugiés dans le jardin ombragé qui est derrière la synagogue, le jardin de Jaïre aux tonnelles bien abritées et aux arbres fruitiers aux frondaisons épaisses. Jésus parle près de la porte qui donne sur le jardin pour être entendu de ceux qui s'y trouvent, comme de ceux qui sont dans la synagogue

Jaïre est à côté de Lui, attentif. Les apôtres sont en groupe près de la porte qui donne dans le jardin. Les femmes disciples, avec Marie au milieu, sont assises sous une tonnelle qui touche presque la maison. Miryam de Jaïre et les deux filles de Philippe sont assises aux pieds de Marie.

D'après les paroles que j'entends, je vois qu'il y a eu quelque incident entre les habituels pharisiens et Jésus, et qu'à cause de cela le peuple est un peu remuant. Jésus l'exhorte à la paix et au pardon en disant que dans des cœurs troublés, la parole de Dieu ne peut pénétrer avec fruit.

"Nous ne pouvons tolérer que tu sois insulté" crie quelqu'un dans la foule.

"Laissez faire au Père, le mien et le vôtre, et vous imitez-moi. Tolérez, pardonnez. Ce n'est pas en répondant par l'insulte à l'insulte que l'on persuade les ennemis."

"Ce n'est pas non plus avec une continuelle douceur, cependant. Tu te fais piétiner" crie l'Iscariote.

"Toi, mon apôtre, ne scandalise pas en donnant l'exemple de la colère et de la critique."

"Il a raison, pourtant, ton disciple. Ses paroles sont justes."

"Il n'est pas juste le cœur qui les formule et celui qui les écoute. Qui veut être mon disciple doit m'imiter. Moi, je tolère et je pardonne. Moi, je suis doux, humble et pacifique. Les fils de la colère ne peuvent rester avec Moi car ils sont fils du siècle et de leurs passions.

Ne vous rappelez-vous pas le quatrième livre des Rois[1] ? Il est dit dans un passage qu'Isaïe parla contre Sennachérib qui croyait pouvoir tout oser, et qu'il lui prophétisa que rien ne le sauverait du châtiment de Dieu. Il le compare à un animal auquel on met un anneau dans les narines et un frein aux lèvres pour en dompter la coupable fureur. Vous savez comment Sennachérib périt de la main de ses propres fils. C'est qu'en vérité le cruel périt à cause de sa propre cruauté. Il périt en sa chair et en son esprit

Moi, je n'aime pas les cruels. Je n'aime pas les orgueilleux. Je n'aime pas les irascibles, les avides, les luxurieux. Je ne vous ai jamais donné un mot et un exemple de ces choses, mais toujours, au contraire, je vous ai enseigné les vertus opposées à ces mauvaises passions.

Comme elle est belle la prière de David, notre roi, quand, revenu à la sainteté par un sincère repentir des fautes passées et des années de sage conduite, il loua le Seigneur, plein de douceur et de résignation pour le décret qui l'empêchait d'être le constructeur du nouveau Temple. Disons-la ensemble en louant le Seigneur Très-Haut..."

Pendant que ceux qui sont assis se lèvent, que ceux qui sont appuyés au mur prennent une position respectueuse en quittant leur appui, Jésus entonne la prière de David (1Paralipomènes, chap. 29, v. 10 à 19)

Ensuite Jésus reprend sur son ton habituel : "Il faut toujours se souvenir que toute chose est dans les mains de Dieu, toute entreprise, toute victoire. La magnificence, la puissance, la gloire, la victoire appartiennent au Seigneur. C'est Lui qui accorde à l'homme telle ou telle chose, s'il juge que c'est l'heure de l'accorder pour un bien certain. Mais l'homme ne peut y prétendre. A David, pardonné, mais qui avait encore besoin de victoires sur lui-même après les erreurs passées, Dieu n'accorde pas la construction du Temple : "Tu as répandu trop de sang et fait trop de guerres, tu ne pourras donc pas élever une maison à mon Nom après avoir versé tant de sang en ma présence. Il te naîtra un fils qui sera un homme de paix... et pour cela on l'appellera le Pacifique... c'est lui qui édifiera une maison à mon Nom". Ainsi parla le Très-Haut à son serviteur David.

De même je vous dis. Voulez-vous, à cause de votre colère, ne pas mériter d'ériger en vos cœurs la maison au Seigneur votre Dieu ? Loin de vous donc tout sentiment qui n'est pas un sentiment d'amour. Ayez un cœur parfait comme David le demandait pour son fils, constructeur du Temple afin que, gardant mes commandements et exécutant toute chose selon ce que je vous ai enseigné, vous arriviez à élever en vous la maison de votre Dieu en attendant que vous alliez dans la sienne, éternelle et pleine de joie.

Donne-moi un rouleau, Jaïre, je leur expliquerai ce que Dieu veut."

Jaïre va à l'endroit où sont rangés les rouleaux et il en prend un au hasard au milieu du tas. Il le dépoussière et le présente à Jésus qui le déroule et lit : «"Jérémie, chapitre 5. Allez par les rues de Jérusalem, regardez, observez, cherchez sur les places un homme qui pratique la justice et cherche à être fidèle et Moi, J'userai de miséricorde envers lui".» (Le Seigneur me dit : "Ne continue pas. Je dis tout le chapitre.")

Jésus, après avoir tout lu, rend le rouleau à Jaïre et il parle.

"Mes enfants, vous avez entendu quels châtiments terribles sont réservés à Jérusalem, à l'Israël qui n'est pas juste, mais ne vous réjouissez pas. C'est notre Patrie. Ne vous réjouissez pas en pensant : "Nous n'y serons peut-être plus". Elle est toujours pleine de vos frères.

Ne dites pas : "C'est bien fait puisqu'elle est cruelle envers le Seigneur". Les malheurs de la Patrie, les douleurs des concitoyens, doivent toujours affliger ceux qui sont des justes. Ne jugez pas comme les autres jugent, mais comme Dieu juge, c'est-à-dire avec miséricorde.

Que devez-vous faire alors envers cette Patrie, envers ces compatriotes, soit que sous ces noms il s'agisse de la grande Patrie et de ses habitants, de toute la Palestine, ou de cette petite patrie qu'est Capharnaüm, votre ville, soit qu'il s'agisse de tous les hébreux, ou de ces quelques-uns, qui me sont hostiles, de cette petite ville de Galilée ? Vous devez faire des œuvres d'amour. Tâchez de sauver la Patrie et les compatriotes. Comment ? Par la violence, peut-être ? Par le mépris ? Non. Par l'amour, par un patient amour pour les convertir à Dieu.

Vous avez entendu. "Si je trouve un homme qui pratique la justice, j'userai envers lui de miséricorde". Travaillez donc pour que les cœurs viennent à la justice et se rendent justes. Vraiment, dans leur injustice, ils disent de Moi : "Ce n'est pas Lui", et pour cette raison, ils croient qu'en me persécutant, il ne leur arrivera pas de mal. Vraiment ils disent : "Ces choses n'arriveront jamais. Les prophètes ont parlé au hasard".

Et ils chercheront à vous amener vous aussi à dire comme eux. Vous, présents ici, vous êtes fidèles. Mais où est Capharnaüm ? Est-ce là toute Capharnaüm ? Où sont ceux que les autres fois je voyais se presser autour de Moi ? C'est donc que le levain qui a fermenté depuis la dernière fois que j'ai été ici a fait des ruines dans beaucoup de cœurs ? Où est Alphée ? Josué avec ses trois fils ? Aggée de Malachie ? Joseph et Noémi ? Lévi, Abel, Saül et Zacharie ? Ont-ils oublié les bienfaits visiblement reçus parce que des paroles mensongères les ont trompés ? Mais les paroles peuvent-elles détruire les faits ?

Vous voyez ! Ce n'est qu'une petite localité. Dans cet endroit, où les bénéficiaires sont les plus nombreux, la rancœur a pu dévaster la foi en Moi. Il n'y a que ceux qui sont parfaits dans la foi que je vois. Et pourriez-vous prétendre que des faits lointains, des paroles lointaines peuvent maintenir fidèle à Dieu Israël tout entier ? Cela devrait être, car la foi devrait être telle même sans être soutenue par les faits. Mais cela n'est pas. Et plus grande est la science et plus petite est la foi, parce que les savants se croient dispensés de la foi simple et franche qui croit à force d'amour et non grâce à l'aide de la science.

C'est l'amour qu'il faut transmettre et allumer. Et pour le faire, il faut brûler. Être convaincu, héroïquement convaincu, pour convaincre. Au lieu des grossièretés, pour répondre aux insultes, l'humilité et l'amour. Et aller avec eux en rappelant les paroles du Seigneur à ceux qui ne s'en souviennent plus : "Craignons le Seigneur qui nous donne la pluie de la première et de la dernière saison".

"Ils ne nous comprendraient pas ! Au contraire ils nous offenseraient en disant que nous sommes des sacrilèges puisque nous enseignons sans en avoir le droit. Tu n'ignores pas ce que sont les scribes et les pharisiens !..."

"Non. Je ne l'ignore pas. Même si je l'avais ignoré, maintenant je le saurais. Mais peu importe ce qu'ils sont eux. Ce qui importe c'est ce que nous sommes, nous. Eux et les prêtres peuvent applaudir les faux prophètes qui prophétisent ce qui leur est avantageux, oubliant que ce sont seulement les œuvres bonnes commandées par la Loi qu'il faut applaudir. Ce n'est pas une raison pour que mes fidèles les imitent, ni non plus qu'ils se découragent et se mettent à se regarder comme des vaincus. Vous, vous devez travailler autant que le Mal travaille..."

"Nous ne sommes pas le Mal" crie du seuil, sur la route, la voix éraillée d'Élie le pharisien, qui cherche à entrer sans cesser de crier: "Nous ne sommes pas le Mal, nous, ô fauteur de troubles. "

"Homme, c'est toi le perturbateur. Sors d'ici !" dit tout de suite le centurion qui devait être de garde près de la synagogue, tant son intervention est rapide.

"Toi, toi, païen, tu oses m'imposer..."

"Moi, romain, oui. Sors ! Le Rabbi ne te trouble pas. C'est toi qui le troubles. Tu n'as pas le droit."

"C'est nous qui sommes les rabbis et pas le menuisier galiléen" crie le vieillard qui ressemble plutôt à une marchande de légumes qu'à un maître.

"Un de plus, un de moins... Vous en avez des centaines et tous donnent un mauvais enseignement. Le seul vertueux, c'est Lui. Je t'ordonne de sortir."

"Vertueux, hein ?! Vertueux celui qui achète à Rome sa sauvegarde ! Sacrilège ! Immonde !"

Le centurion pousse un cri et le pas pesant de quelques soldats se mêle aux cris injurieux d'Élie.

"Saisissez cet homme et chassez-le" commande le centurion.

"Moi ? Les mains des païens sur moi ? Les pieds des païens dans une de nos synagogues ! Anathème ! A l'aide ! Ils me profanent ! Ils me..."

"Je vous en prie, soldats, laissez-le ! N'entrez pas. Respectez ce lieu, et ses cheveux blancs" dit Jésus de sa place.

"Comme tu veux, ô Rabbi."

"Ah ! ah ! Intrigant ! Mais le Sanhédrin le saura. J'ai la preuve ! J'ai la preuve ! Maintenant je crois aux paroles qui m'ont été dites. J'ai la preuve, et anathème sur Toi !"

"Et le glaive sur toi, si tu dis encore un mot. Rome défend le droit. Elle n'intrigue, vieille hyène, avec personne. Le Sanhédrin saura tes mensonges. Le Proconsul aura mon rapport. Je vais l'écrire. Va chez toi et tiens-toi à la disposition de Rome" et le centurion après un demi-tour parfait, s'en va, suivi des quatre soldats, laissant en plan Élie, interdit et tremblant, lâchement tremblant...

Jésus reprend son discours, comme si rien ne l'avait interrompu : "Vous devez travailler, autant que le Mal travaille, pour édifier en vous et autour de vous, la maison du Seigneur comme je vous le disais en commençant. Agir avec une grande sainteté, pour que Dieu puisse encore descendre dans les cœurs et sur la chère Patrie qui nous a vus naître et qui est déjà tellement punie et qui ne sait pas quelle nuée de malheur se forme pour elle au septentrion, dans la nation forte qui déjà nous domine et qui nous dominera de plus en plus car les actions des citoyens sont de nature à dégoûter le Très Bon et à exciter le fort. Et avec le courroux de Dieu et de celui qui vous domine vous voulez peut-être avoir la paix et la prospérité ? Soyez, soyez bons, ô fils de Dieu. Faites que ce ne soit pas un seul, mais des centaines et des centaines qui soient bons en Israël, pour détourner les redoutables châtiments du Ciel. Je vous ai dit au commencement que là où il n'y a pas de paix, il ne peut y avoir de parole de Dieu qui, entendue paisiblement, donne des fruits dans les cœurs. Et vous voyez que cette réunion n'a pas été tranquille et qu'elle ne sera pas fructueuse. Trop d'agitation dans les cœurs... Allez. Nous aurons encore des heures pour rester unis. Et priez comme Moi je prie pour que qui nous trouble se ravise... Allons, Mère" et, fendant la foule, il sort dans la rue.

Élie est encore là et, le teint terreux comme celui d'un mort, il se jette aux pieds de Jésus : "Pitié ! Tu as une fois sauvé mon petit-fils Sauve-moi pour que j'aie le temps de me repentir. J'ai péché ! Je l'avoue. Mais tu es bon. Rome... Oh ! que va me faire Rome ?"

"Elle te dépoussiérera de la poussière de l'été avec de bons coups de fouet" crie quelqu'un, et les gens rient alors qu'Élie pousse un cri de douleur, comme si déjà il sentait le fouet, et il gémit : "Je suis vieux... Perclus de douleurs... Hélas !"

"Les soins vont te les faire passer, vieux chacal !"

"Tu vas redevenir jeune et danser..."

"Silence !" impose Jésus aux moqueurs. Et au pharisien : "Lève-toi, sois digne. Tu sais bien que je ne complote pas avec Rome. Que veux-tu donc que je te fasse ?"

"C'est vrai. Oui, c'est vrai. Tu ne complotes pas. Au contraire, tu méprises les romains, tu les hais, tu les m..."

"Rien de cela. Ne mens pas en me louant, comme auparavant tu mentais en m'accusant. Et sache que ce ne serait pas une louange de dire de Moi que je hais tel ou tel, que je maudis tel ou tel. Je suis le Sauveur de tous les esprits et, à mes yeux, il n'y a pas de races, pas de visages, mais des esprits."

"C'est vrai ! C'est vrai ! Mais tu es juste et Rome le sait et c'est pour cela qu'elle te défend. Tu calmes les foules, tu enseignes le respect aux lois et..."

"C'est peut-être une faute à tes yeux ?"

"Oh ! non ! Non ! C'est justice ! Tu sais faire ce que tous nous devrions faire, parce que tu es juste, parce que..."

Les gens ricanent et murmurent. Nombreuses sont les épithètes de "Menteur ! Lâche ! Ce matin même, tu disais le contraire !" qu'on entend, même si on parle en sourdine.

"Eh bien, que dois-je faire ?"

"Aller ! Aller trouver le centurion. Vite ! Avant que parte le courrier. Tu vois ? Ils préparent déjà les chevaux ! Oh ! pitié !"

Jésus le regarde : petit, tremblant, livide de peur, misérable... Il le considère, et avec compassion. Il n'y a que quatre pupilles qui le regardent avec compassion : celles du Fils et de la Mère. Toute autre est ironique, ou sévère, ou fâchée... Même Jean, même André ont le regard dur d'une sévérité méprisante.

"J'ai pitié. Mais ce n'est pas à Moi d'aller trouver le centurion..."

"C'est un ami, pour Toi..."

"Non."

"Il t'est reconnaissant, veux-je dire, à cause... à cause du serviteur que tu lui as guéri[2]."

"Toi aussi, tu as eu ton petit-fils guéri et tu ne m'as pas été reconnaissant bien que tu sois un Israélite comme Moi. Un bienfait ne crée pas d'obligation."

"Si, il la crée. Malheur à celui qui n'est pas reconnaissant pour..." Élie comprend qu'il se condamne lui-même et, s'embrouillant, il se tait. La foule le raille.

"Vite, ô Rabbi. Grand Rabbi ! Saint Rabbi ! Il donne des ordres, tu le vois ?! Ils vont partir ! Veux-tu qu'on me méprise ? Veux-tu que je meure ?"

"Non. Moi, je ne vais pas rappeler un bienfait. Va toi, et dis-lui : "Le Maître te dit d'user de pitié". Va !"

Elie s'en va en courant et Jésus se dirige en sens opposé vers sa maison.

Le centurion doit avoir accepté, car on voit les soldats déjà en selle descendre de cheval, rendre une tablette couverte de cire au centurion et ramener leurs chevaux.

"Dommage ! C'était bien fait pour lui !" s'écrie Pierre, et Mathieu lui répond : "Oui, le Maître devait le laisser punir ! Autant de coups que d'insultes qu'il a pour nous. Odieux vieillard !"

"Et ainsi il est tout prêt à recommencer" s'exclame Thomas.

Jésus se retourne sévère : "Ai-je des disciples ou des démons ? Allez, vous dont le cœur est sans miséricorde ! Votre présence m'est pénible."

Les trois restent sur place, pétrifiés par le reproche.

"Mon Fils, tu as déjà tant de douleur ! Et moi, j'ai déjà tant de peine ! N'y ajoute pas celle-là... Regarde-les !..." implore Marie.

Et Jésus se retourne pour regarder les trois... Trois visages désolés avec, dans les yeux, toute l'espérance et toute la douleur.

"Venez !" commande Jésus.

Oh ! les hirondelles sont moins rapides que les trois !

"Et que ce soit la dernière fois que je vous entends dire des paroles semblables à celles-là. Toi, Mathieu, tu n'en as pas le droit. Toi, Thomas, tu n'es pas encore mort pour juger qui est imparfait, en te croyant sauvé. Toi, ensuite, Simon de Jonas, tu as fait comme une grosse pierre que l'on a montée avec peine à la cime et qui a roulé au fond de la vallée. Comprends ce que je veux te dire... Et maintenant, écoutez. Ici, dans la synagogue et dans la ville il est inutile de parler. Je parlerai des barques sur le lac tantôt ici, tantôt là.

Vous préparerez les barques, autant qu'il en faut, et nous irons dans les soirées tranquilles ou dans les aubes fraîches..."

* SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-139.htm
TOME : 6/139

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Le Centurion Caïus - Cornélius de Capharnaüm


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 5 Nov - 7:21

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"À Magdala"

Vision du lundi 24 juin 1946

"Où ? Maître ?" demande Pierre qui a terminé les manœuvres et les préparatifs de la navigation et se trouve avec sa barque en tête de la petite flottille de barques qui, chargées de gens, sont prêtes à suivre le Maître.

"À Magdala. Je l'ai promis à Marie de Lazare."

"C'est bien" répond Pierre et il manœuvre le timon de façon à prendre la bonne direction, en louvoyant.

Jeanne est dans la barque avec le Maître, Marie très Sainte et Marie de Cléophas et en plus Margziam, Mathieu, Jacques d'Alphée et quelqu'un que je ne connais pas. Elle montre les barques nombreuses qui sont sur le lac, dans la tranquille soirée d'été qui tamise les feux du couchant en cascades de voiles violacés, comme si du ciel il tombait des cascades d'améthystes ou des grappes de glycines en fleurs. Elle dit : "Peut-être parmi elles il y a aussi les barques des romaines. C'est un de leurs passe-temps favoris de simuler une pêche dans ces soirées tranquilles."

"Il y en aura pourtant davantage à sud" remarque l'homme que je ne connais pas.

"Oh! non, Benjamin. Ils ont des barques rapides et des bateliers adroits. Ils viennent jusque là-haut."

"Pour ce qu'ils ont à faire..." bougonne Pierre, et il continue dans sa barbe, avec son intransigeance de pêcheur qui voit la navigation et la pêche comme une profession et non comme un passe-temps, presque comme une religion réglée par des lois sévères et utiles et il lui semble que c'est une profanation de s'en servir maladroitement : "Avec leurs encens et leurs fleurs et leurs parfums et autres choses démoniaques, ils corrompent les eaux; avec leurs musiques, leurs cris stridents et leurs conversations, ils troublent les poissons; avec leurs torches fumeuses, ils les épouvantent; avec leurs filets maudits jetés au hasard, ils abîment les fonds et la reproduction... Cela devrait être interdit. La Mer de Galilée appartient aux galiléens, aux pêcheurs du pays, pas aux prostituées et à leurs compères... Si j'étais le maître ! Je vous ferais voir, fétides barques païennes, sentines flottantes de vices, alcôves qui naviguent pour apporter même ici, sur ces eaux de Dieu, de notre Dieu, à ses fils, vos... Oh ! mais regardez ! Elles foncent justement vers nous ! Mais peut-on voir !... Mais peut-on permettre... Mais..."

Jésus interrompt ce réquisitoire, dans lequel Pierre épanche tout son esprit d'Israélite et de pêcheur, rougissant, étouffé par le mépris, haletant comme s'il luttait contre des forces infernales, et il lui dit avec un sourire paisible : "Mais il est bien que tu ne sois pas le maître. Heureusement tu ne l'es pas ! Pour eux et pour toi. En effet tu les empêcherais de suivre une bonne impulsion et donc une impulsion imprimée à leurs esprits - païens, j'en conviens, mais naturellement bons - imprimée à leurs esprits par la Miséricorde Éternelle qui guide ces créatures qui ne sont pas coupables d'être nées dans la Nation romaine au lieu de l'être dans la Nation hébraïque. Dieu jette sur eux un regard de pitié précisément parce qu'il les voit tendre vers ce qui est bon. Et tu te ferais du mal à toi-même car tu commettrais un acte contre la charité et un autre contre l'humilité..."

"Humilité ? Je ne vois pas... Étant maître du lac, il me serait permis d'en disposer à mon gré."

"Non, Simon de Jonas. Non. Tu te trompes. Même les choses qui nous appartiennent, nous appartiennent parce que Dieu les accorde. Donc, en ayant la possession pendant un temps limité, il faut toujours penser qu'il n'y a qu'un Seul qui possède tout et sans limitation ni dans le temps, ni dans l'espace. Un Seul est le Maître. Les hommes... Oh ! eux ne sont que les administrateurs de petits morceaux de la grande Création. Mais le Maître c'est Lui, mon Père et le tien et Celui de tous les vivants. De plus, Lui est Dieu, très Parfait par conséquent dans toute sa pensée et dans toute son action. Si Dieu donc regarde avec bienveillance le mouvement de ces cœurs païens vers la Vérité, et non seulement regarde mais favorise ce mouvement en lui imprimant une accélération de plus en plus forte vers le Bien, ne te paraît-il pas que toi, homme, en voulant les empêcher, tu veux au fond empêcher à Dieu une action ? Et quand empêche-t-on une chose ? Quand on estime qu'elle n'est pas bonne.

Tu penserais donc de ton Dieu qu'il fait une action qui n'est pas bonne. Si de juger ses frères n'est pas une bonne chose parce que tout homme a ses défauts et possède une faculté de connaissance et de jugement si limitée que sept fois sur dix son jugement est erroné, il sera absolument mauvais de juger Dieu dans ses actions. Simon, Simon ! Lucifer a voulu juger Dieu dans une de ses pensées et l'a estimée erronée et il a voulu se substituer à Dieu en se croyant plus juste que Lui[1]. Tu sais, Simon, à quoi Lucifer a réussi. Et tu sais que toute la douleur dont nous souffrons est venue de cet orgueil..."

"Tu as raison, Maître ! Je suis un grand malheureux! Pardonne-moi, Maître !"

Et Pierre, toujours impulsif, lâche la barre du timon pour se précipiter aux pieds de Jésus. Alors, la barque subitement laissée à elle-même et justement sur le fil du courant, dévie et fait une embardée effrayante au milieu des cris de Marie de Cléophas et de Jeanne et des occupants de la légère barque jumelle qui voient venir maintenant contre eux la lourde barque de Pierre.

Heureusement Mathieu reprend rapidement le timon et la barque reprend sa route après avoir tangué d'une manière effrayante, parce qu'aussi les autres se sont servis des rames pour l'éloigner, lui imprimant des secousses brusques et produisant des remous.

"Ohé, Simon ! Une fois tu as insulté les romains en les traitant de mauvais navigateurs, parce qu'ils venaient sur nous, mais aujourd'hui, c'est toi qui fais triste figure... Et justement à leur vue. Regarde comme ils sont tous debout sur les barques pour voir..." dit pour le piquer l'Iscariote en montrant les barques romaines maintenant si proches, dans le miroir d'eau en face de Magdala, qu'on peut les voir, bien que les voiles violacés du soir soient devenus plus sombres en amortissant la lumière.

"Tu as perdu aussi une corbeille et un seau, Simon. Veux-tu que nous cherchions à les repêcher avec les grappins ?" dit Jacques de Zébédée d'une autre barque maintenant toute proche parce que, après l'incident, tous se sont groupés autour de la barque de Pierre.

"Mais comment as-tu fait ? Cela ne t'arrive jamais !" dit et s'exclame André, encore d'une autre barque.

Pierre répond à tous, les uns après les autres, alors qu'ils lui ont parlé tous ensemble. "Ils m'ont vu ? N'importe ! S'ils avaient vu aussi mon cœur et... Bon, cela ne le dis pas, Pierre... Pourtant, toi, sache que tu ne me fais pas mal. Ce n'est pas une fausse manœuvre, c'est arrivé pour une bonne cause celle de pouvoir me mortifier... Ne te tracasse pas, Jacques ! Des vieilleries sont allées au fond... Si je pouvais jeter aussi à leur suite le vieil homme qui résiste en moi ! Je voudrais perdre tout, même la barque, mais être vraiment comme le Maître le veut... Comment ai-je fait ? Hé ! Je me suis prouvé à moi-même, à mon orgueil qui veut faire la leçon même à Dieu dans les choses de l'esprit, que je suis une grosse bête, même pour les choses de la barque... C'est bien fait pour moi. Je me suis fait une parabole, de moi-même à moi-même... Maître, n'est-il pas vrai ?"

Jésus sourit pour montrer son accord... Assis à la poupe, à sa place habituelle, blanc sur le fond de l'air qui s'assombrit, tranquille, les cheveux ondulant légèrement au vent du soir, il se détache sur le crépuscule comme un ange de lumière et de paix.

Les barques romaines les ont rejoints.

"Elles ont des coques et des voiles parfaites... et puis, des bateliers ! Ils vont rapides comme des alcyons ! Ils utilisent tout fil de vent, toute veine de courant..."

"Les rameurs sont presque tous des esclaves de Crète ou du Nil" explique Jeanne.

"Les marins du delta sont très adroits, et de même ceux de Crète. Pourtant très bons aussi ceux d'Italie... Ils franchissent Scylla et Charybde... et cela suffit pour les dire excellents" avoue l'inconnu du nom de Benjamin.

"Où allons-nous, Seigneur ? À Magdala, ou bien... Regarde, ceux de Magdala viennent vers nous..."

En effet toutes les petites embarcations de cet endroit s'empressent de quitter le rivage ou le petit port, chargées, surchargées de gens d'une manière effrayante, si bien que le bord est presque au niveau de l'eau et elles se dirigent vers les barques de Capharnaüm.

"Non. Restons ici au large en face de la ville. Je parlerai de la barque..."

"C'est que... Ces imprudents veulent se noyer. Mais regarde, Maître ! Il est vrai que le lac est tranquille comme une plaque d'argent... mais l'eau, c'est toujours l'eau... et la charge, c'est toujours la charge... et là... ils se croient sur la terre ferme et non pas sur l'eau... Donne-leur l'ordre de s'en retourner... Ils vont se noyer..."

"Homme de peu de foi ! Et tu ne te rappelles pas que tant que tu as cru, tu as marché sur l'eau, sur mon invitation, comme sur un terrain solide ? Ils ont la foi. Et alors, contre la loi de l'équilibre entre la charge et l'enfoncement, les eaux soutiendront ces barques surchargées."

"Si cela arrive... c'est vraiment un soir de grand miracle..." murmure Pierre en haussant les épaules alors qu'il descend la petite ancre pour arrêter la barque. Elle reste ainsi au milieu d'un cercle de barques, en partie de Capharnaüm, en partie de Magdala et en partie de Tibériade, et ces dernières sont celles des romaines, qui prudemment se placent en arrière de celles de Capharnaüm, vers le milieu du lac.

Jésus leur tourne le dos. Il regarde vers celles de Magdala, vers le jardin vaste et ombragé de Marie de Lazare, vers les maisonnettes qui s'étendent sur la rive et dont la blancheur ressort dans la nuit.

Le lac, qui n'est plus remué par les proues et les rames, reprend un aspect paisible : c'est une vaste plaque de cristal moirée d'argent par un commencement de lumière lunaire et parsemée d'écaillés de topaze ou de rubis là où les feux des fanaux ou les flammes des lanternes mises à toutes les proues se reflètent dans le lac.

Les visages semblent étranges par le contraste des lueurs rouges-jaunes ou des rayons lunaires. Ils apparaissent en partie très nets, en partie à peine visibles; d'autres semblent coupés en deux, en long ou en large, avec seulement le front ou le menton éclairés, ou bien avec une seule joue, une moitié de visage qui se détache en un profil très net, l'autre côté étant presque caché. Certains ont des yeux brillants alors que d'autres paraissent avoir des orbites vides, et il en est ainsi des bouches ou pour certains les dents s'éclairent d'un sourire alors que, pour d'autres, elles disparaissent dans l'ombre.

Mais pour que tout le monde voie Jésus, voilà que des barques de Capharnaüm et de Magdala on passe des quantités de fanaux que l'on met aux pieds de Jésus, accrochés aux rames inutilisées, placés sur le bord de la proue et de la poupe et jusque sur le mât dont la voile a été amenée. La barque où se trouve Jésus brille ainsi dans un cercle de barques restées sans lumières, et Jésus est maintenant bien visible, revêtu de tous côtés par la lumière. Seules les barques romaines s'éclairent de leurs lanternes rouges dont une brise très légère fait osciller la flamme.

"La paix soit avec vous !" commence Jésus en se mettant debout malgré le léger tangage de la barque et en ouvrant les bras pour bénir. Puis il poursuit, en parlant lentement, pour que tout le monde entende bien et, sur le lac silencieux, la voix se répand, puissante et harmonieuse.

"Il y a un moment, un de mes apôtres m'a proposé une parabole et maintenant je vous la propose, car elle peut être utile à tous, étant donné que tous vous pouvez la comprendre. Écoutez-la.

Un homme naviguait sur un lac par une soirée tranquille comme celle-ci et, se sentant sûr de lui-même, il eut la prétention d'être sans défauts. C'était un homme très expérimenté dans les manœuvres et, pour cette raison, il se sentait supérieur aux autres qu'il rencontrait sur l'eau. Parmi eux, beaucoup venaient par plaisir et donc sans l'expérience que donne le travail habituel et fait pour gagner sa vie. Par ailleurs c'était un bon Israélite et, pour ce motif, il se croyait en possession de toutes les vertus. Enfin, c'était réellement un brave homme.

Un soir donc qu'il s'en allait naviguant avec assurance, il se permit d'exprimer des jugements sur son prochain. C'était, selon lui, un prochain si lointain qu'il n'avait plus à le considérer comme prochain. Aucun lien de nationalité, de métier ou de foi, ne l'unissait à ce prochain et ainsi lui, n'étant retenu par aucun lien de solidarité nationale, religieuse ou professionnelle, le ridiculisait tranquillement, sévèrement même, et il se lamentait de n'être pas le maître du lieu, car s'il l'avait été, il aurait chassé de ce lieu le prochain, et dans sa foi intransigeante, il reprochait presque au Très-Haut de permettre à ces gens différents de lui de faire ce que lui faisait, et de vivre là où lui vivait.

Dans la barque il avait un ami, un très bon ami qui l'aimait avec justice et pour cette raison le voulait sage, et quand il fallait le faire, il corrigeait ses idées erronées. Ce soir-là, donc, cet ami dit au batelier : "Pourquoi ces pensées ? N'est-il pas unique le Père des hommes ? N'est-ce pas Lui le Seigneur de l'Univers ? Est-ce que par hasard son soleil ne descend pas sur tous les hommes pour les réchauffer, et est-ce que par hasard ses nuages n'arrosent pas les champs des gentils comme ceux des hébreux ? Et s'il le fait pour les besoins matériels de l'homme, n'aura-t-Il pas la même prévoyance pour ses besoins spirituels ? Et voudrais-tu suggérer à Dieu ce qu'il doit faire ? Qui est comme Dieu ?"

L'homme était bon. Dans son intransigeance il y avait beaucoup d'ignorance, beaucoup d'idées erronées, mais il n'y avait pas de mauvaise volonté, il n'y avait pas l'intention d'offenser Dieu mais, au contraire, l'intention d'en défendre les intérêts. En entendant ces paroles, il se jeta aux pieds du sage et il Lui demanda pardon d'avoir parlé comme un sot. Il le demanda avec tant d'impétuosité, que pour un peu il provoquait une catastrophe en faisant périr la barque et ceux qui s'y trouvaient. En effet dans son empressement à demander pardon, il ne se soucia plus ni du timon, ni de la voile, ni du courant. Ainsi, après la première erreur d'un jugement défectueux, il commit une seconde erreur de mauvaise manœuvre, et il se prouva à lui-même que non seulement il était un pauvre juge mais aussi un marin maladroit.

Voilà la parabole.

Maintenant, écoutez: selon vous, cet homme aura-t-il ou non le pardon de Dieu ? Rappelez-vous: il avait péché contre Dieu et le prochain en jugeant les actions de l'un et l'autre, et il s'en est fallu de peu qu'il soit homicide de ses compagnons. Réfléchissez et répondez..." Et Jésus croise les bras et il tourne son regard sur toutes les barques, jusqu'aux plus lointaines, jusqu'aux romaines qui font voir une rangée de visages attentifs de patriciennes et de rameurs qui dépassent par-dessus les bords...

Les gens parlottent et se consultent... Un murmure à peine sensible de voix qui se confond avec le léger clapotis de l'eau contre les embarcations. Il est difficile de juger. La plupart cependant sont d'avis que l'homme ne sera pas pardonné, parce qu'il a péché. Non, du moins pour le premier péché il ne sera pas pardonné...

Jésus entend le murmure qui s'amplifie en ce sens. Il sourit du regard de ses yeux merveilleux qui brillent dans la nuit, elle-même, comme deux saphirs sous le rayonnement de la lune de plus en plus belle et resplendissante au point que plusieurs pensent à éteindre les lanternes et fanaux, pour rester sous le seul éclairement de la lumière phosphorescente de la lune.

"Éteins aussi celles-là, Simon" dit Jésus à Pierre. "Elles sont misérables comme des étincelles en comparaison des étoiles sous ce ciel rempli d'astres et de planètes." Pierre est tendu pour entendre le jugement de la foule, et Jésus caresse son apôtre, pendant qu'il allonge la main pour détacher les lanternes et il lui demande tout bas : "Pourquoi ce regard troublé ?"

"Parce que cette fois tu me fais juger par le peuple..."

"Oh! pourquoi le crains-tu ?"

"Parce que... il est comme moi... injuste..."

"Mais c'est Dieu qui juge, Simon !"

"Oui. Mais Toi, tu ne m'as pas encore pardonné et maintenant tu attends leur jugement pour le faire... Tu as raison, Maître... Je suis incorrigible... Mais... Pourquoi à ton pauvre Simon ce jugement de Dieu ?..."

Jésus lui met la main sur l'épaule et il le fait aisément car Pierre est en bas dans la barque et Jésus debout à la poupe, par conséquent bien au-dessus de Pierre. Et il sourit... mais ne lui répond pas. Au contraire, il demande aux gens : "Eh bien ? parlez fort, barque par barque."

Hélas ! Pauvre Pierre ! Si Dieu l'avait jugé d'après l'avis de ceux qui étaient là, Il l'aurait condamné. Sauf trois barques, toutes les autres, y compris celles des apôtres le condamnent. Les romaines ne se prononcent pas et ne sont pas interrogées, mais il est visible qu'elles aussi jugent l'homme condamnable, car d'une barque à l'autre - elles sont trois - elles font le signe du pouce renversé.

Pierre lève ses yeux bovins, effrayés, vers le visage de Jésus, et il rencontre un visage encore plus doux et de ses yeux de saphir s'écoule une sorte de paix, et il voit se pencher sur lui un visage que l'amour fait resplendir et il se sent attiré contre Jésus, de sorte que sa tête grisonnante se trouve appliquée au côté de Jésus alors que le bras du Maître embrasse étroitement ses épaules.

"C'est ainsi que juge l'homme, mais ce n'est pas ainsi que Dieu juge, mes enfants ! Vous dites : "II ne sera pas pardonné". Moi, je dis: "Le Seigneur ne voit même pas en lui matière à pardon". En effet le pardon suppose une faute, mais ici, il n'y avait pas de faute. Non, ne murmurez pas en hochant la tête. Je répète : ici, il n'y avait pas de faute.

La faute, quand est-ce qu'elle se produit ? Quand il y a la volonté de pécher, la conscience que l'on pécherait, et que l'on persiste à vouloir pécher même après que l'on a pris conscience que telle action est un péché. Tout est dans la volonté avec laquelle on accomplit un acte, que ce soit un acte de vertu ou de péché. Même quand quelqu'un fait un acte évidemment bon mais sans avoir conscience qu'il fait un acte bon, et croyant au contraire qu'il fait un acte mauvais, il fait une faute comme s'il faisait un acte mauvais, et réciproquement.

Réfléchissez sur un exemple. Quelqu'un a un ennemi et il sait qu'il est malade. Il sait que par ordre du médecin il ne doit pas boire d'eau froide, ni même aucun liquide. Il va le trouver, soi-disant par amour. Il l'entend gémir : "J'ai soif, j'ai soif !" et, simulant la pitié, il s'empresse de lui donner à boire de l'eau glacée du puits en disant : "Bois, ami. Moi je t'aime et je ne puis te voir souffrir ainsi de ta soif ardente. Regarde : je t'ai apporté exprès cette eau si fraîche. Bois, bois, car une grande récompense est donnée à celui qui assiste les malades et qui donne à boire à ceux qui ont soif" et en lui donnant à boire, il amène sa mort. Croyez-vous que cet acte, bon en lui-même puisqu'il est fait de deux œuvres de miséricorde, est bon alors qu'il est fait dans un but mauvais ? Non, il ne l'est pas.

Et encore : un fils qui a un père ivrogne et qui pour le sauver de la mort qu'amènerait son intempérance, ferme le cellier, enlève l'argent à son père, et lui impose même sévèrement de ne pas aller au village pour boire et ruiner sa santé, vous paraît-il qu'il manque au quatrième commandement du seul fait qu'il fait des reproches à son père et les fait, lui, comme s'il était chef de famille, à son propre père ? En apparence il fait souffrir son père et semble coupable. En réalité, c'est un bon fils, car sa volonté est bonne puisqu'il veut sauver son père de la mort. C'est toujours la volonté qui donne à l'acte sa valeur.

Et encore : le soldat qui tue à la guerre est-il homicide ? Non, si son esprit ne consent pas au massacre et s'il combat parce qu'il y est contraint, mais le fait avec ce minimum d'humanité que la dure loi de la guerre et sa situation subalterne lui impose.
Par conséquent cet homme de la barque, qui par une bonne volonté de croyant, de patriote et de pêcheur ne supportait pas ceux qui selon lui étaient des profanateurs, ne faisait pas de péché contre l'amour du prochain, mais il avait seulement une idée erronée de l'amour du prochain. Et il ne faisait pas de péché d'irrespect envers Dieu, parce que son ressentiment envers Dieu venait de son esprit de croyant qui était bon mais n'était pas équilibré ni éclairé, et il ne commettait pas d'homicide parce qu'il provoquait l'embardée par un bon désir de demander pardon.

Sachez toujours faire la distinction. Dieu est Miséricorde plutôt qu'intransigeance. Dieu est bon. Dieu est Père. Dieu est Amour. C'est cela qu'est le vrai Dieu. Et le vrai Dieu ouvre son cœur à tous, à tous, en disant : "Venez", à tous en indiquant son Royaume. Et Il est libre de le faire car Il est le Seigneur Unique, Universel, Créateur, Éternel.

Je vous en prie, vous d'Israël. Soyez justes, rappelez-vous ces choses. Ne faites pas en sorte que les comprennent ceux qui pour vous sont immondes, alors que vous vous ne les comprenez pas. Même l'amour excessif et désordonné de la religion et de la patrie est un péché parce qu'il devient de l'égoïsme. Et l'égoïsme est toujours une raison et une cause de péché.

Oui, l'égoïsme est un péché car il sème dans le cœur une volonté mauvaise qui le rend rebelle à Dieu et à ses commandements. L'esprit de l'égoïste ne voit plus nettement Dieu ni ses vérités. L'orgueil fume chez l'égoïste et offusque les vérités. Dans la brume l'esprit, qui ne voit plus la lumière franche de la vérité comme il la voyait avant de devenir orgueilleux, commence le procès des pourquoi et, de là, il passe au doute, du doute au détachement non seulement de l'amour et de la confiance en Dieu et en sa justice, mais aussi de la crainte de Dieu et de ses châtiments. Et, en conséquence, voilà la facilité de pécher, et de la facilité de pécher voici la solitude de l'âme qui s'éloigne de Dieu, qui n'ayant plus la volonté de Dieu pour la guider tombe sous la loi de sa volonté de pécheur. Oh ! c'est une bien dure chaîne la volonté du pécheur, Satan a dans sa main une de ses extrémités, et l'autre extrémité tient attaché au pied de l'homme un lourd boulet pour le retenir là, esclave, dans la boue, courbé, dans les ténèbres.

L'homme peut-il donc alors ne pas faire des fautes mortelles ?

Peut-il ne pas les faire s'il n'a plus que de la volonté mauvaise, en lui-même ? Alors, alors seulement, Dieu ne pardonne pas. Mais quand l'homme a de la bonne volonté et accomplit même des actes spontanés de vertu, il finit certainement par arriver à posséder la Vérité, car la bonne volonté mène à Dieu, et Dieu, le Père très Saint, se penche, plein d'amour, de pitié, d'indulgence, pour aider, pour bénir, pour pardonner à ses enfants qui ont bonne volonté.

C'est pour cela que l'homme de cette barque a été pleinement aimé, car n'ayant pas la volonté de pécher, il n'avait pas péché.

Allez maintenant en paix à vos maisons. Les étoiles ont occupé tout le ciel et la lune revêt le monde de pureté. Allez, obéissants comme les étoiles et rendez-vous purs comme la lune, car Dieu aime ceux qui sont obéissants et purs d'esprit et Il bénit ceux qui mettent en chacune de leurs actions la bonne volonté d'aimer Dieu et les frères et de travailler à sa gloire et à leur profit.

La paix soit avec vous !"

Et Jésus rouvre ses bras pour bénir, pendant que s'éloignent les barques qui l'entourent, qu'elles se séparent, chacune prenant sa propre direction.

Pierre est si heureux qu'il ne pense pas au départ.

Mathieu le secoue : "Tu ne fais pas attention, Simon ? Moi je ne suis pas au courant..."

"C'est vrai... Oh ! mon Maître ! Alors tu ne m'avais pas condamné ?! Et j'avais une telle crainte..."

"Ne crains pas, Simon de Jonas. Moi je t'ai pris pour te sauver, non pour te perdre. Moi, je t'ai pris à cause de ta bonne volonté... Allons, prends le timon et regarde la Polaire et va avec assurance, Simon de Jonas. Toujours avec assurance... Dans toutes les navigations... Dieu, ton Jésus, sera toujours debout à ton côté sur la proue de ta barque spirituelle. Et Il te comprendra toujours, Simon de Jonas. Tu comprends ?

Toujours. Et Il n'aura pas à te pardonner parce que tu pourras même tomber comme un faible enfant, mais tu n'auras jamais la volonté mauvaise de tomber... Sois content, Simon de Jonas."

Et Pierre acquiesce, acquiesce, trop ému pour parler, suffoqué par l'amour, et la main lui tremble un peu sur le timon, mais son visage resplendit de paix, de sécurité, d'amour, alors qu'il regarde son Maître qui est debout tout près de Lui, sur le bord de la barque, comme un archange tout blanc de lumière.


*Œuvre de M.V : SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-140.htm
TOME : 6/140

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Magdala sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 6 Nov - 9:01

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Épisode à Capharnaüm. Jésus protecteur des enfants"

Vision du mardi 25 juin 1946

"Prenez des provisions et des vêtements pour plusieurs jours. Nous allons à Ippo et de là à Gamala et à Aféca pour descendre à Gerghesa et revenir ici avant le sabbat" ordonne Jésus debout sur le seuil de la maison et caressant machinalement des enfants de Capharnaüm, venus saluer leur grand Ami dès que le soleil, à son couchant, n'est plus ardent au point d'être meurtrier et permet de quitter les maisons. Et Jésus est l'un des premiers à le faire de la ville qui sort de la torpeur asphyxiante des heures ensoleillées.

Les apôtres ne semblent pas très enthousiastes de l'ordre qu'ils ont reçu. Ils se regardent entre eux et ils regardent le soleil encore si impitoyable, ils touchent les murs de la maison encore brûlants et, avec le pied nu, ils tâtent le sol et ils disent : "Il est chaud comme une brique mise au feu..." en sous-entendant par toute cette pantomime qu'il faut être fou pour se mettre en route...

Jésus se détache de l'huisserie à laquelle il s'appuyait un peu et il dit : "Que celui qui n'a pas envie de venir reste simplement. Je n'oblige personne, mais je ne veux pas quitter cette région sans parler."

"Maître... te semble-t-il ?! Nous venons tous... Seulement... il nous paraissait encore tôt pour voyager..."

"Avant les Tabernacles, je veux aller vers le septentrion, beaucoup plus loin par conséquent et par des chemins où on ne peut profiter de la barque. Aussi, on doit maintenant faire cette région où le lac nous épargne beaucoup de chemin."

"Tu as raison. Je vais préparer les barques..." et Simon de Jonas s'en va avec son frère et les deux fils de Zébédée[1] et en plus quelques disciples pour préparer le départ.

Jésus reste avec le Zélote, ses cousins[2], Mathieu, l'Iscariote, Thomas et les deux inséparables Philippe et Barthélemy, qui préparent leurs sacs, emplissent les gourdes, apportent du pain, des fruits, tout ce qu'il faut.

Un petit garçon pleure contre les genoux de Jésus.

"Pourquoi pleures-tu, Alphée ?" lui dit Jésus en se penchant pour l'embrasser...

Rien... et il pleure plus fort.

"Il a vu les fruits, et il en veut" dit l'Iscariote ennuyé.

"Oh ! pauvre petit ! Il a raison ! Il ne faut pas faire passer certaines choses sous les yeux des enfants, sans leur en donner un peu. Tiens, fils. Ne pleure pas !" dit Marie d'Alphée et, ce disant, elle détache une grappe dorée d'un rameau mis dans un panier avec toutes ses feuilles et des grappes qui y sont encore attachées.

"Je ne veux pas de raisin..." et il pleure plus fort.

"Il veut sûrement de l'eau emmiellée, dit Thomas et il lui offre sa gourde en disant : Cela plaît aux enfants et leur fait du bien. Mes neveux aussi..."

"Je ne veux pas de ton eau..." et il pousse des cris plus aigus et plus forts.

"Mais que veux-tu alors ?" demande Jude d'Alphée, mi-sérieux, mi-fâché.

"Deux claques, voilà ce qu'il veut !" dit l'Iscariote.

"Pourquoi ? Pauvre enfant !" demande Mathieu.

"Parce qu'il est ennuyeux."

"Oh ! S'il fallait donner des gifles à tous les gens ennuyeux, on passerait sa vie à se les donner" dit Thomas avec beaucoup de calme.

"Il ne se sent pas bien, peut-être" déclare Marie Salomé qui est parmi les disciples. "Des fruits et de l'eau, de l'eau et des fruits... Le corps en souffre."

"Et lui, c'est déjà beaucoup s'il mange du pain, de l'eau et des fruits... Ils sont tellement pauvres !" dit Mathieu qui par son expérience de percepteur connaît toutes les finances de Capharnaüm.

"Qu'as-tu, petit ? Tu souffres ici ?... Et pourtant tu n'as pas de fièvre..." dit Marie de Cléophas, à genoux près de l'enfant.

"Oh ! Maman ! Mais c'est un caprice !... Tu ne vois pas ? Tu les gâterais tous."

"Je ne t'ai pas gâté, mon Jude, mais je t'ai aimé. Et tu ne te rendais pas compte que je t'aimais jusqu'à te protéger contre les rigueurs d'Alphée ?..."

"C'est vrai, maman... J'ai eu tort de te faire des reproches."

"Il n'y a pas de mal, fils. Mais si tu veux être apôtre, sache avoir des entrailles de mère pour les fidèles. Ils sont comme des enfants, tu sais... et il faut pour eux une patience affectueuse..."

"Bien parlé, Marie !" approuve Jésus.

"Nous allons finir par être instruits par les femmes" bougonne Judas Iscariote. "Et, peut-être, même par des païennes..."

"Sans aucun doute. Elles vous dépasseront de beaucoup, si vous resterez ce que vous êtes, et toi plus que tous, Judas. Sûrement tous te dépasseront : les petits, les mendiants, les ignorants, les femmes, les gentils..."

"Tu pourrais dire que je serai l'avorton du monde, et ce serait plus vite fait" répond Judas, et il rit jaune.

"Les autres sont en train de revenir... et ce sera l'heure de partir, n'est-ce pas ?" dit Barthélemy pour couper court à la scène dont souffrent plusieurs, chacun à sa manière.

Les pleurs de l'enfant atteignent leur maximum.

"Mais, en somme !! Que veux-tu ? Qu'as-tu ?" s'adresse à lui l'Iscariote en le secouant rudement pour le détacher des genoux de Jésus auxquels l'enfant s'est agrippé et surtout pour passer son dépit sur l'innocent.

"Avec Toi ! Avec Toi !... Tu t'en vas... et les coups pleuvent drus..."

"Ah !... Oh, le pauvre petit ! C'est vrai ! Depuis qu'elle s'est remariée, ceux du premier mari... sont comme des mendiants... comme s'ils n'étaient pas nés d'elle... Elle les envoie comme des mendiants et... oh ! pas de pain pour eux..." dit la femme du propriétaire de la maison qui semble bien connaître la situation et les responsables. Et elle dit pour finir : "Il faudrait bien que quelqu'un les adopte, ces trois abandonnés..."

"N'en parle pas à Simon de Jonas, femme. Tu te ferais haïr à mort par sa belle-mère qui est plus que jamais butée contre lui et nous tous. Ce matin même elle a couvert d'insolences Simon et Margziam, et moi qui étais avec eux..." dit Mathieu.

"Je n'en parlerai pas à Simon... Mais c'est ainsi..."

"Et toi, tu ne les prendrais pas ? Tu n'as pas d'enfants..." dit Jésus en la regardant fixement...

"Moi... Oh ! cela me plairait... Mais nous sommes pauvres... et puis... Thomas... C'est qu'il a des neveux... et moi aussi... et... et"

"Et surtout tu n'es pas disposée à faire du bien à tes semblables... Femme, hier tu critiquais les pharisiens d'ici comme durs de cœur, les gens de la ville comme revêches à ma parole... Mais toi, que fais-tu de différent, toi qui me connais depuis plus de deux ans ?..."

La femme baisse la tête en chiffonnant son vêtement, mais elle ne dit pas un mot en faveur de l'enfant qui pleure toujours.

"Nous sommes prêts, Maître" crie Pierre qui arrive.

"Oh ! être pauvre !... et persécuté !..." soupire Jésus en levant les bras et en faisant ainsi un geste de découragement...

"Mon Fils !..." dit pour le réconforter Marie qui jusqu'alors s'était tue. Et il suffit de cette parole pour consoler Jésus.

"Vous, allez en avant avec les provisions. Moi, je vais avec ma Mère jusqu'à la maison de l'enfant" commande Jésus à ceux qui arrivent et à ceux qui étaient déjà avec Lui, et il s'éloigne avec sa Mère qui a pris l'enfant à son cou...

Ils vont vers la campagne.

"Que vas-tu lui dire, mon Fils?"

"Maman, que veux-tu que je dise à une femme qui n'a pas d'amour dans ses entrailles de mère même pour ceux qui sont nés de son sein?"

"Tu as raison... Et alors?"

"Et alors... Prions, ma Mère."

Ils marchent en priant.

Une vieille les interpelle : "Vous portez Alphée à Méroba ? Dites-lui qu'il est temps qu'elle s'en occupe. Il leur faudra forcément devenir voleurs... et ils sont comme des sauterelles là où ils tombent... Mais c'est à elle que j'en veux, pas à ces trois malheureux... Oh ! la mort comme elle est injuste! Jacob n'aurait-il pas pu vivre et elle mourir ? Tu devrais la faire mourir, ainsi..."

"Femme, vieille comme tu l'es, tu n'es pas encore sage ? Et tu dis ces paroles alors que tu peux mourir à chaque minute ? En vérité tu es injuste autant que Méroba. Repens-toi et ne pèche plus."

"Pardon, Maître... C'est que sa faute-me fait déraisonner..."

"Oui. Je te pardonne. Mais ne dis jamais plus, pas même en toi-même, ces paroles. Ce n'est pas par la malédiction que l'on répare les erreurs. C'est par l'amour. Si Méroba mourait, le sort des enfants changerait-il ? Peut-être le veuf prendrait une autre femme et il aurait des enfants d'un troisième lit, et eux une marâtre... Plus pénible par conséquent serait leur sort."

"C'est vrai. Je suis vieille et sotte. Voici Méroba. Elle maugrée déjà... Je te quitte, Maître. Je ne veux pas qu'elle pense que je t'ai parlé d'elle. C'est une vipère..."

Mais la curiosité est plus forte que la peur de la "vipère", et la petite vieille, tout en se tenant à distance de Jésus et de Marie, ne s'en écarte pas tellement et elle se penche pour arracher au bord du chemin de l'herbe, rendue humide par le voisinage d'une fontaine, pour écouter sans se faire remarquer.

"Te voilà ? Qu'as-tu fait ? A la maison ! Toujours en route comme une bête errante, comme un chien sans maître, comme..."

"Comme un enfant sans mère. Femme, tu sais que c'est un mauvais témoignage pour une mère, les enfants qui ne restent pas près de ses vêtements ?"

"C'est parce qu'ils sont méchants..."

"Non. Je viens ici depuis trente mois. Auparavant, du vivant de Jacob et les premiers mois de ton veuvage, il n'en était pas ainsi. Puis tu as repris un mari... et avec le souvenir du premier mariage, tu as perdu aussi celui de tes enfants. Mais quelle différence en eux avec celui qui mûrit dans ton sein ? Ne les as-tu pas portés ainsi ces enfants ? Tu ne les as pas allaités, peut-être ? Regarde là cette colombe... Quel soin elle a de son petit... Et pourtant elle couve déjà d'autres œufs... Regarde cette brebis. Elle n'allaite plus l'agneau de la portée précédente parce qu'elle en porte déjà un autre. Et pourtant, vois comme elle lui lèche le museau et se laisse heurter le flanc par son agnelet plein de vie ? Tu ne me réponds pas ? Femme, pries-tu le Seigneur ?"

"Certainement. Je ne suis pas païenne..."

"Et comment peux-tu parler au Seigneur qui est juste, si tu es injuste ? Et comment peux-tu aller à la synagogue et écouter les rouleaux quand ils parlent de l'amour de Dieu pour ses enfants, sans sentir le remords dans ton cœur ? Pourquoi gardes-tu le silence dans cette attitude arrogante ?"

"Parce que je n'ai pas demandé tes paroles... et je ne sais pas pourquoi tu viens me troubler... L'état, où je suis, mérite le respect..."

"Et celui de ton âme, non ? Pourquoi ne respectes-tu pas les droits de ton âme ? Je sais ce que tu veux me dire : qu'une colère peut mettre en danger la vie de celui qui doit naître... Mais de la vie de ton âme, tu ne te soucies pas ? Elle est plus précieuse que celle de celui qui doit naître... Tu le sais... Ton état peut se terminer dans la mort. Est-ce que tu veux affronter cette heure avec l'âme troublée, malade, injuste ?"

"Mon mari dit que tu es quelqu'un qu'il ne faut pas écouter. Je ne t'écoute pas. Viens, Alphée..." et elle fait le geste de se retourner au milieu des cris de l'enfant qui sait déjà qu'il va au-devant des coups et qui ne veut pas lâcher le bras de Marie. Marie, en soupirant, cherche à persuader la femme et s'adresse à elle pour lui dire : "Je suis mère, moi aussi, et je peux comprendre tant de choses. Et je suis femme... Aussi je sais comprendre les femmes. Tu as une période qui n'est pas bonne, n'est-ce pas ? Tu souffres et tu ne sais pas souffrir... et ainsi tu t'aigris... Ma sœur, écoute. Si je te donnais maintenant le petit Alphée, tu serais injuste envers lui et envers toi. Laisse-le-moi pour quelques jours, oh ! quelques jours seulement. Tu verras quand tu ne l'auras plus, tu soupireras après lui... parce qu'un fils est chose si douce que quand il s'éloigne de nous, nous nous sentons pauvres, glacées, sans lumière..."

"Mais prends-le ! Prends-le ! Si seulement tu pouvais prendre les deux autres ! Mais je ne sais pas où ils sont..."

"Je le prends, oui. Adieu, femme. Viens, Jésus." Et Marie se retourne rapidement et elle s'éloigne en sanglotant...

"Ne pleure pas, Maman."

"Ne la juge pas, Fils..."

Les deux phrases se croisent toutes les deux pleines de pitié, et puis dans une pensée unique, les lèvres s'ouvrent pour une même parole. "S'ils ne comprennent pas l'amour naturel, peuvent-ils jamais comprendre l'amour qui est dans la Bonne Nouvelle ?" et ils se regardent, ce fils et cette Mère, par-dessus la petite tête de l'innocent qui maintenant s'abandonne confiant et heureux dans les bras de Marie...

"Nous allons avoir un disciple de plus que prévu, Maman."

"Et lui aura des journées de paix..."

"Vous avez vu, hein ?" leur dit la petite vieille. "Elle est sourde, sourde comme une cymbale défoncée... Je vous l'avais dit ! Et maintenant ? Et après?"

"Et maintenant, c'est la paix. Et, après. Dieu veuille que quelque cœur ait pitié... Pourquoi pas le tien, femme ? Une coupe d'eau donnée par amour est comptée au Ciel. Mais celui qui aide un innocent par amour pour Moi... oh ! quelle béatitude pour ceux qui aiment les petits et les sauvent du mal !..."

La petite vieille reste pensive... et Jésus avance par un raccourci qui conduit au lac. En arrivant, il prend l'enfant des bras de Marie pour qu'elle monte plus facilement dans la barque. Il soulevé l'enfant aussi haut qu'il peut pour le montrer, et avec un sourire lumineux, il dit à ceux qui sont déjà dans la barque : "Regardez ! Cette fois, certainement, nous allons avoir une prédication fructueuse car nous avons un innocent avec nous" et il monte avec assurance sur la passerelle qui se balance et il entre dans la barque et puis s'assoit près de sa Mère. pendant que la barque se détache du rivage en mettant de suite le cap sur le sud-est, en direction d'Ippo.


*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-141.htm
TOME : 6/141

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Alphae10

Alphée , l'enfant mal aimé de Méroba , sa mère


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 7 Nov - 7:38

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"À la bourgade qui précède Ippo"

Vision du mercredi 26 juin 1946

Ippo n'est pas sur la rive du lac comme je le croyais en voyant ces maisons sur la rive presque à la limite sud-est du lac. Les paroles des disciples me le font remarquer.

408> Ce groupe de maisons c'est, dirais-je, l'avant-garde d'Ippo qui se trouve plus à l'intérieur dans les terres. Comme Ostie pour Rome ou le Lido pour Venise, ces maisons représentent le débouché sur le lac pour la ville de l'intérieur qui l'utilise comme chemin lacustre d'importation et d'exportation, et aussi pour abréger les voyages de cette région à la rive opposée de Galilée, et enfin comme lieu de promenade pour les oisifs de la ville et la fourniture de poisson que leur procurent les nombreux pêcheurs de la bourgade.

Dans la soirée tranquille, ils débarquent près d'un petit port naturel que forme le lit d'un torrent maintenant desséché et où pendant quelques mètres arrive l'eau céruléenne du lac que ne repousse plus l'eau du torrent. Il y a là des maisons et des maisonnettes de pêcheurs qui exploitent les eaux poissonneuses, et de maraîchers qui cultivent une bande de terres grasses et humides. Arrosée par les eaux toutes proches, elle va du rivage vers l'intérieur et s'étend davantage au nord qu'au sud où elle se termine rapidement là où commence la haute falaise qui descend presque à pic dans le lac et de laquelle s'y sont précipités les porcs du miracle des géraséniens.

À cause de l'heure, les habitants sont sur les terrasses ou dans les jardins en train de souper. Mais les jardins ont des haies basses et les terrasses aussi ont des murets peu élevés, et ainsi les habitants voient la petite flottille des barques qui arrivent au port. Les uns par curiosité, les autres parce qu'ils les connaissent, se lèvent et vont à la rencontre de ceux qui arrivent.

Un pêcheur déclare: "C'est la barque de Simon de Jonas avec celle de Zébédée. Ce ne peut donc être que le Rabbi qui vient ici avec ses disciples."

"Femme, prends tout de suite l'enfant et suis-moi. C'est peut-être Lui. Il le guérira. C'est l'ange de Dieu qui nous le conduit" commande un maraîcher à sa femme qui a le visage brûlé par les larmes.

"Moi, pour mon compte, je crois. Moi, je me rappelle ce miracle ! Tous ces porcs ! Les porcs qui éteignent dans l'eau la chaleur des démons entrés en eux... Ce devait être un grand tourment pour que ces animaux, si dédaigneux de la propreté, se soient jetés à l'eau... " dit un homme qui accourt et fait de la propagande pour le Maître.

"Oh ! tu le dis ! Certainement ce devait être un tourment. J'y étais moi aussi et je m'en souviens. Les corps fumaient, les eaux fumaient. Le lac était devenu plus chaud que les eaux de Hamatha. Et là où ils sont passés en courant, le bois et l'herbe sont restés brûlés."

"Moi, j'y suis allé, mais je n'ai rien vu de changé..." lui répond un troisième.

"Rien ? Mais alors tu as des écailles aux yeux ! Regarde ! On voit d'ici. Tu vois là-bas où se trouve ce cours d'eau à sec ! Va y voir un peu plus près, et rends-toi compte si..."

"Mais non ! Cette dévastation, ce sont les soldats de Rome qui l'ont faite quand ils recherchaient ce ribaud pendant les froides nuits de Tébeth. Ils ont campé là et y ont fait du feu."

"Et ils ont brûlé tout un bois pour faire du feu ? Regarde combien d'arbres il manque là !"

"Un bois ! Deux ou trois chênes !"

"Et cela te paraît peu ?"

"Non, mais on sait ! Eux font litière de ce qui nous appartient. Ils sont les maîtres et nous les opprimés. Ah ! Jusqu'à quand..." la discussion glisse du terrain spirituel au terrain politique.

"Qui me conduit au Rabbi ? Pitié pour un aveugle ! Où est-il ? Dites-le-moi. Je l'ai cherché à Jérusalem, à Nazareth, à Capharnaüm. Il était toujours parti avant que j'arrive... Où est-il ? Oh ! pitié pour moi !" c'est un homme d'environ quarante ans qui se plaint en tâtant autour de lui avec un bâton.

Il reçoit des imprécations de ceux qui reçoivent dans les jambes ou sur les épaules son coup de bâton, mais personne n'a pitié et tous le heurtent en passant, sans qu'une main se tende pour le conduire. Le pauvre aveugle s'arrête effrayé et découragé...

"Le Rabbi ! Le Rabbi ! Ahc-Ahc, il il lèee ! « (je m'efforce de rendre... parole le cri aigu des femmes qui le modulent. Mais c'est un cri, non une parole ! Il rappelle davantage le cri de certains oiseaux que la parole humaine).

"Il va bénir nos enfants !"

"Sa parole va faire tressaillir le fruit que je porte en mon sein. Réjouis-toi, mon enfant ! Le Sauveur te parle" dit une épouse à la mine florissante en caressant son ventre gonflé sous son vêtement flou.

"Oh ! peut-être il va rendre fécond le mien ! Ce serait la joie et la paix entre Élisée et moi. Je suis allée dans tous les endroits où on dit que la femme acquiert la fécondité. J'ai bu de l'eau du puits près de la tombe de Rachel et du ruisseau de la grotte où la Mère l'a enfanté... Je suis allée à Hébron pour prendre pendant trois jours la terre du lieu où est né le Baptiste...

J'ai mangé des fruits du chêne d'Abraham et j'ai pleuré en invoquant Abel à l'endroit où il fut enfanté et tué... Toutes les choses saintes, toutes les choses miraculeuses du sol et du Ciel je les ai essayées, et médecins, et remèdes, et vœux, et prières, et offrandes... mais mon sein ne s'est pas ouvert à la semence, et c'est à peine si Élisée me supporte, tout juste s'il ne me hait pas !!! Hélas !" gémit une femme déjà fanée.

"Tu es vieille désormais, Sella ! Résigne-toi !" lui disent, avec une pitié mêlée à un léger mépris et à un air triomphal bien visible, celles qui passent avec le sein gonflé par la maternité ou avec des bébés qu'elles allaitent à leurs florissantes mamelles.

"Non ! Ne le dites pas ! Il a ressuscité les morts ! Ne pourra-t-il pas donner la vie à mes entrailles ?"

"Place ! Place ! Faites place à ma mère malade" crie un jeune homme qui tient les barres d'un brancard improvisé soutenu de l'autre côté par une fillette très affligée. Sur le brancard se trouve une femme encore jeune, mais réduite à l'état de squelette jaunâtre.

"Il faudra Lui parler du malheureux Jean. Lui montrer l'endroit où il se trouve. C'est le plus malheureux de tous, car étant lépreux, il ne peut aller à la recherche du Maître..." dit un homme âgé, influent.

"Nous d'abord ! Nous d'abord ! S'il s'en va vers Ippo, c'est fini. Les gens de la ville vont l'accaparer et nous comme toujours, on reste à la traîne."

"Mais qu'arrive-t-il là-bas ? Pourquoi les femmes crient-elles ainsi, sur la rive ?"

"Parce qu'elles sont folles !"

"Non. Ce sont des cris joyeux ! Courons..."

Le chemin est un fleuve de foule qu'il canalise dans la direction de la grève et du torrent, là où Jésus et les siens sont restés bloqués par les premiers qui sont accourus.

"Miracle ! Miracle ! Le fils d'Élise, abandonné par les médecins, le voilà, il est guéri! Le Rabbi l'a guéri en lui mettant de la salive dans la gorge."

Les cris des femmes deviennent encore plus stridents et plus aigus, mêlés aux hosannas puissants des hommes.

Jésus est littéralement accablé, malgré sa grande taille. Les apôtres essaient de toutes les façons de le dégager. Ah, bien oui ! Les femmes disciples, avec Marie au milieu, sont séparées du groupe apostolique. L'enfant, dans les bras de Marie d'Alphée, pleure, effrayé. Ses cris attirent l'attention de plusieurs sur elles, et c'est l'habituel bien informé qui dit : "Oh ! il y aussi la Mère du Rabbi et celles des disciples !..."

"Lesquelles ? Qui est-ce ?"

"La Mère, c'est celle qui est pâle et blonde, vêtue de lin, et les autres les plus âgées dont l'une a le bébé et l'autre une corbeille sur la tête."

"Et le petit, qui est-ce ?"

"Le fils, hein ! Ne l'entendez-vous pas l'appeler maman ?"

"Le fils de qui ? De celle plus âgée ? Ce n'est pas possible !"

"De la jeune. Tu vois qu'il veut aller vers elle ?"

"Non. Le Rabbi n'a pas de frères. Je le sais de source sûre."

Des femmes ont entendu la conversation et, pendant que Jésus, après s'être dégagé non sans peine, a réussi à rejoindre le brancard porté par les enfants et guéri la malade, elles se dirigent curieuses vers Marie.

Mais l'une d'elles ce n'est pas par curiosité. Elle se prosterne aux pieds de Marie en disant : "Au nom de ta maternité, aie pitié de moi" et c'est la femme stérile.

Marie se penche et lui dit : "Que veux-tu, sœur ?"

"Être mère... Un enfant !... Un seul !... Je suis haïe à cause de ma stérilité. Je crois que ton Fils peut tout, mais j'ai une foi si grande en Lui que je pense qu'étant né de toi, il t'a faite sainte et puissante comme Lui. Maintenant, je t'en prie... pour tes délices de Mère, je t'en prie: rends-moi féconde. Touche-moi de ta main et je serai heureuse..."

"Ta foi est grande, femme, mais il faut la donner à qui possède le droit : à Dieu. Viens donc vers mon Jésus..." et elle la prend par la main demandant avec une insistance gracieuse la permission de passer pour rejoindre Jésus.

Les autres disciples la suivent dans le sillage qui s'ouvre parmi les gens et de même les femmes accourues vers Marie et, tout en marchant, elles demandent à Marie d'Alphée quel est ce petit qu'elle tient élevé au-dessus de la foule.

"Un enfant que sa mère n'aime plus, et il est venu chercher de l'amour auprès du Rabbi..."

"Un enfant que sa mère n'aime plus !?!"

"Tu as entendu, Suzanne ?"

"Qui est cette hyène ?"

"Hélas ! Et moi qui brûle d'en avoir ! Donne, donne qu'un enfant m'embrasse au moins une fois !..." et Sella, la femme stérile, arrache pour ainsi dire le petit des bras de Marie d'Alphée et le serre sur son cœur en cherchant à suivre Marie, déjà séparée d'elle, depuis le moment où Sella a abandonné la main de Marie pour prendre le petit.

"Jésus, écoute. Il y a une femme qui demande une grâce, elle est stérile..."

"Ne dérange pas le Maître pour elle, femme. Ses entrailles sont mortes" dit quelqu'un qui ne sait pas qu'il parle à la Mère de Dieu. Et puis, confus de son erreur dont quelqu'un l'avertit, il cherche à se faire tout petit et à disparaître pendant que Jésus répond à lui et à la femme qui supplie, en disant: "Je suis la Vie. Femme, que te soit fait ce que tu demandes" et il pose un instant sa main sur la tête de Sella.

"Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" crie l'aveugle de tout à l'heure qui est arrivé lentement près de la foule et en arrière d'elle jette son cri d'appel.

Jésus, qui s'était penché pour écouter les paroles suppliantes de Sella, relève la tête et regarde vers l'endroit d'où, syncopée comme la voix d'un naufragé, arrive la voix de l'aveugle.

"Que veux-tu que je te fasse ?" crie-t-il.

"Que je voie. Je suis dans les ténèbres."

"Je suis la Lumière. Je le veux !"

"Ah ! Je vois ! Je vois ! De nouveau je vois ! Laissez-moi passer que je dépose un baiser sur les pieds de mon Seigneur !"

"Maître, tu les as tous guéris, ici. Mais il y a un lépreux dans une cabane, dans le bois. Il ne cesse de nous prier de t'amener à lui..."

"Allons ! Allons ! Laissez-moi aller. Ne vous faites pas de mal ! Je suis ici pour tous... Allons, faites place. Vous faites mal aux femmes et aux enfants. Je ne pars pas de sitôt. Je reste demain et ensuite je serai dans la région pendant cinq jours. Vous pourrez me suivre si vous voulez..."

Jésus cherche à discipliner la cohue, d'obtenir que pour bénéficier de sa venue les habitants ne se fassent pas de mal. Mais la foule est comme une matière molle qui se déplace, mais revient ensuite se serrer autour de Lui. C'est comme une avalanche qui, par une loi naturelle ne peut que grossir en se déplaçant, c'est comme un grain de fer qu'attire un aimant... Et la marche est lente, entravée, fatigante... Tout le monde sue, les apôtres braillent, jouent des coudes dans les poitrines et de coups de pieds dans les jambes pour ouvrir un chemin... Efforts inutiles ! Pour faire dix mètres, il faut un quart d'heure.

Une femme d'environ quarante ans réussit à force de constance à se faire un chemin jusqu'à Jésus et Lui touche le coude.

"Que veux-tu, femme ?"

"Cet enfant... j'ai appris... Je suis veuve et sans enfants... Souviens-toi de moi. Je suis Sara d'Aféca, la veuve du marchand de vaisselle. Rappelle-toi. J'ai une maison près de la place de la fontaine rouge, mais j'ai aussi des vignes et un bois. J'ai de quoi offrir à celui qui est seul... et je serais heureuse..."

"Je m'en souviendrai, femme. Que ta pitié soit bénie."

Le village s'étend plutôt parallèlement que verticalement au lac. On a vite fait de le traverser et d'arriver à la campagne. Elle les accueille au coucher du soleil et il n'y a pas d'obscurité car le clair de lune succède insensiblement à la lumière crépusculaire. Ils s'en vont vers les contreforts de la haute falaise qui plus au sud borde le lac. Dans l'escarpement il y a des grottes; je ne sais pas si elles sont naturelles ou creusées exprès dans la roche, plusieurs sont murées et blanchies au dehors, ce sont certainement des tombeaux.

"Nous y voilà ! Arrêtons-nous pour ne pas être contaminés. Nous sommes près du tombeau du vivant et c'est l'heure où il vient à ce rocher prendre ce qu'on lui offre. Il était riche, tu sais ? Nous nous en souvenons. Il était bon aussi, mais maintenant c'est un saint. Plus la douleur l'a frappé, et plus il est devenu juste. Nous ne savons pas comment il est devenu lépreux. On dit que c'est par des pèlerins qu'il avait logés. Ils allaient à Jérusalem, disaient-ils. Ils paraissaient sains, mais ils étaient certainement lépreux. En fait c'est après leur passage qu'ils prirent la lèpre, d'abord la femme et les serviteurs, puis les enfants et enfin lui. Tous. Pour commencer et par les mains, ceux qui avaient lavé les pieds et les vêtements des pèlerins, c'est pourquoi nous disons que c'étaient eux qui devaient être la cause de tout. Les enfants, trois, morts en très peu de temps; ensuite la mère, et plutôt de douleur que de maladie... Lui... Quand le prêtre les déclara tous lépreux, il acheta ce coin de colline avec ses richesses désormais inutiles et il y fit mettre des provisions pour lui et les siens... serviteurs compris, et des pioches et des pics... et il commença à creuser les tombeaux... et l'un après l'autre, il les y plaça tous: ses enfants, la femme, les serviteurs... Il est resté lui tout seul et pauvre, car tout s'épuise avec le temps... et voilà quinze ans que cela dure... Et pourtant... jamais une plainte. Il était savant: il répète l'Écriture par cœur. Il la dit aux étoiles, aux plantes, aux arbres, aux oiseaux; il la dit à nous qui avons tant à apprendre de lui, et il console nos douleurs... lui, tu comprends ? il console nos douleurs.

Il vient des gens de Ippo et de Gamala et jusque de Gerghesa et d'Aféca pour l'entendre. Quand il a appris le miracle des deux possédés... oh ! il s'est mis à prêcher la foi en Toi. Seigneur, si les hommes t'ont salué du nom de Messie, si les femmes t'ont salué comme vainqueur et roi, si nos enfants connaissent ton Nom et que tu es le Saint d'Israël, c'est grâce au pauvre lépreux" c'est ce que raconte au nom de tous, le vieillard qui auparavant avait parlé de Jean.

"Vas-tu le guérir ?" demandent plusieurs.

"Et vous le demandez ? J'ai pitié des pécheurs, mais qu'en sera-t-il pour un juste ? Mais c'est peut-être lui qui vient, là-bas, parmi ces buissons..."

"C'est certainement lui. Mais quelle vue tu as, Seigneur ! Nous entendons le bruit, mais nous ne voyons rien..."

Le bruit même cesse. Tout est silence et attente...

Jésus est bien en vue, seul, un peu en avant car il est allé jusqu'au rocher où on a déposé des provisions; les autres, dans la pénombre de quelques arbres, disparaissent au milieu des troncs d'arbres et des buissons. Même les enfants sont silencieux ou bien endormis dans les bras de leurs mères, ou bien effrayés par le silence, les tombeaux, et les ombres bizarres que produit la lumière lunaire éclairant les arbres et les rochers.

Mais, de sa cachette, le lépreux doit voir et bien voir. Voir la grande et solennelle stature du Seigneur, tout blanc dans la clarté de la lune, très beau. Le regard fatigué du lépreux se croise certainement avec le regard lumineux de Jésus. Quel langage va sortir de ces pupilles divines, dilatées, brillantes comme des étoiles ? Quel langage des lèvres qui s'ouvrent dans un sourire d'amour ? Quel langage du cœur, surtout du cœur du Christ ? Mystère. Un des si nombreux mystères entre Dieu et les âmes dans leurs relations spirituelles. Il est certain que le lépreux comprend car il crie : "Voici l'Agneau de Dieu ! Voici Celui qui est venu pour guérir toute la douleur du monde ! Jésus, Messie béni, notre Roi et notre Sauveur, aie pitié de moi !"

"Que veux-tu ? Comment peux-tu croire dans l'Inconnu et voir en Lui l'Attendu ? Qui suis-je pour toi ? L'Inconnu..."

"Non. Tu es le Fils du Dieu vivant. Comment je le sais et je le vois ? Je ne sais pas. Ici, en mon intérieur, une voix a crié : "Voici l'Attendu ! Il est venu récompenser ta foi". Inconnu ? Oui. Personne n'a connu le visage de Dieu. Tu es donc "l'Inconnu" sous ton apparence. Mais tu es le Connu pour ta Nature, pour ta réalité. Jésus, Fils du Père, Verbe Incarné et Dieu comme le Père. Voici qui tu es, et je te salue et te prie, croyant en Toi."

"Et si je ne pouvais rien, et si ta foi était déçue ?"

"Je dirais que c'est la volonté du Très-Haut, et je continuerais à croire et à aimer, espérant toujours dans le Seigneur."

Jésus se retourne vers la foule qui toute attentive écoute le dialogue, et il dit : "En vérité, en vérité je vous dis que cet homme a la foi qui déplace les montagnes. En vérité, en vérité je vous dis que la vrai charité, la vraie foi et la véritable espérance s'éprouvent dans la douleur plus que dans la joie, car l'excès de joie est parfois une ruine pour un esprit encore informe. Il est facile de croire et d'être bon, quand la vie n'est qu'une succession de jours semblables, tranquilles sinon joyeux. Mais celui qui sait persister dans la foi, l'espérance et la charité, même quand les maladies, les misères, la mort, les malheurs lui apportent la solitude, l'abandon, l'éloignement de tout le monde, et qu'il ne fait que dire : "Que soit fait ce que le Très-Haut croit utile pour moi", en vérité celui-là non seulement mérite l'aide de Dieu, mais, Moi je vous le dis, dans le Royaume des Cieux, sa place est toute prête et il ne connaîtra pas le séjour dans le purgatoire, car sa justice a annulé toutes les dettes de sa vie passée. Homme, je te le dis : "Va en paix, car Dieu est avec toi !"" En le disant, il se tourne et tend les bras vers le lépreux, l'attire pour ainsi dire par son geste, et quand il est tout près, bien en vue, il commande : "Je le veux ! Sois purifié !..." et il semble que la lune, par ses rayons d'argent, nettoie et balaie les pustules, les plaies, les nodules et les croûtes de l'horrible maladie.

Le corps se reconstitue et redevient sain. C'est un vieillard digne, d'aspect ascétique dans sa maigreur celui qui, instruit du miracle par les hosannas de la foule, se courbe pour baiser le sol, ne pouvant toucher Jésus ni personne avant le temps prescrit par la Loi.

"Lève-toi. On va t'apporter un vêtement propre pour que tu puisses aller devant le prêtre. Mais sache aller toujours avec la pureté de l'esprit devant ton Dieu. Adieu, homme. La paix soit avec toi !"

Jésus se réunit à la foule et revient lentement au village pour se reposer.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-142.htm
TOME : 6/142

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Ippo__10
Ippo sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 8 Nov - 7:12

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Prédication matinale dans la bourgade sur le lac"

Vision du jeudi 27 juin 1946

C'est, par contre, en une fraîche matinée que les gens attendent que Jésus sorte d'une maison de la bourgade lacustre pour commencer sa prédication.

Je crois que les habitants ont peu dormi cette nuit-là, émus comme ils l'étaient par les miracles de la veille, par la joie d'avoir le Messie parmi eux, et la volonté de ne pas perdre une minute de sa présence. Le sommeil a été long à venir, précédé de multiples conversations à l'intérieur des maisons, pour récapituler les événements, pour examiner si l'esprit de chacun était doué de cette foi, de cette espérance, de cette charité, résistant à tout événement pénible, que le Maître a louées et indiquées comme un moyen sûr pour obtenir la grâce de Dieu en cette vie et dans l'autre. Les habitants ont vivement quitté leurs maisons, poursuivis par la crainte que le Maître puisse sortir par les rues et s'éloigner de bon matin sans qu'ils puissent assister à son départ. C'est ainsi que les maisons se sont rapidement ouvertes pour rendre aux rues leurs habitants qui, étonnés de se voir si nombreux, tous présents, mus par les mêmes pensées, se sont dit : "Vraiment c'est la première fois qu'une même pensée émeut nos cœurs et les unit " et avec une amitié nouvelle, bonne, fraternelle, ils se sont tous dirigés d'un même cœur vers la maison où est logé Jésus et ils l'ont assiégée, sans faire de bruit, sans impatience, mais sans lassitude, bien décidés à suivre le Maître dès qu'il sortirait dans la rue.

De nombreux maraîchers ont cueilli dans leurs jardins des fruits encore couverts de rosée et ils les tiennent à l'abri du soleil qui se lève, de la poussière, des mouches, sous une couche de pampres frais ou de larges feuilles de figuiers dont les dentelures laissent voir des pommes rosés qui paraissent peintes par un miniaturiste, des grains de raisin couleur d'ambre ou d'onyx, ou les panses délicates des figues de toutes espèces, les unes bien enfermées dans leurs peaux délicatement ridées qui couvrent leur pulpe de miel, d'autres gonflées et lisses comme de la soie bien repassée, d'autres ouvertes à un sourire de fibres blondes, rosés, rouge foncé, suivant leur espèce. Des pêcheurs ont apporté des poissons dans de petites corbeilles. Ils les ont certainement péchés, pendant la nuit car certains sont encore vivants et halètent dans leurs dernières et pénibles respirations et dans les convulsions de l'agonie, faisant resplendir dans leurs derniers souffles et leurs faibles frétillements la couleur argentée ou délicatement azurée de leurs panses et de leurs dos étendus sur un lit de feuilles gris vert de saules ou de peuplier.

Le lac avait pris la délicate couleur lactée que l'aube transfuse dans les eaux au sortir de la nuit, si pur, angélique dirais-je, comme absorbé, tellement le flot arrive lentement sur la grève avec un bruissement imperceptible, quand il s'insinue dans les galets. Maintenant il a pris la teinte riante, plus humaine, camée dirais-je de l'aurore, qui enflamme l'eau des premières rougeurs par le reflet des nuages rosés sur la surface du lac. Il devient céruléen dans la lumière franche de l'aurore, il recommence à vivre, à palpiter, avec ses vagues tranquilles qui se mettent en mouvement, courent riantes et frangées d'écume sur le rivage ou reviennent heurter d'autres vagues, ornant tout le miroir du lac d'une dentelle légère, blanche, jetée sur la soie bleu clair de l'eau effleurée par la brise matinale. Et puis c'est le premier rayon du soleil qui sabre l'eau là-bas vers Tarichée, là où elle était bleu vert à cause des bosquets qui s'y reflétaient et qui maintenant se dore et resplendit comme un miroir brisé frappé par le soleil.

Ce miroir s'étend de plus en plus en donnant une couleur d'or et de topaze à de nouvelles nappes encore céruléennes, éteignant les teintes rosés des nuages qui se reflétaient dans l'onde, enveloppant les quilles des dernières barques qui rentrent après la pêche, celles des premières qui sortent, pendant que les voiles, dans la lumière triomphale du soleil désormais levé, blanchissent comme des ailes d'anges sur le fond d'azur du ciel et la verdure des collines. Merveilleux lac de Galilée qui pour la fertilité de ses rives me rappelle notre lac de Garde, et pour sa paix mystique notre lac de Trasimène, perle de la Palestine, digne cadre pour la plus grande partie de la vie publique de Jésus !

Voilà que Jésus apparaît sur le seuil de la maison hospitalière et il sourit en levant les bras pour bénir les patients habitants qui l'attendent.

"Que la paix soit avec vous tous.

M'attendiez-vous ? Craigniez-vous que je m'enfuie sans vous saluer ? Je ne manque jamais à mes promesses. Aujourd'hui je suis avec vous pour vous évangéliser et rester avec vous comme je l'ai promis, pour bénir vos maisons, vos jardins, vos barques, pour que chaque famille soit sanctifiée et que le travail aussi soit sanctifié. Pourtant rappelez-vous que ma bénédiction pour être fructueuse doit être aidée par votre bonne volonté. Et vous savez ce que doit être la bonne volonté qui doit animer une famille pour que soit sainte la maison qui l'abrite. L'homme doit être un chef mais pas un despote, ni pour son épouse, ni pour ses enfants, ni pour ses serviteurs et, en même temps, il doit être le roi, le vrai roi, au sens biblique du mot.

Rappelez-vous le chapitre 8 du premier livre des Rois[1] ? Les anciens d'Israël se rassemblèrent pour aller à Rama où résidait Samuel, et ils lui dirent : "Te voilà devenu vieux et tes fils ne marchent pas dans tes sentiers. Pour nous juger, établis au-dessus de nous un roi comme en ont toutes les nations".

Roi veut donc dire "juge" et le roi devrait être un juge juste pour ne pas faire de ses sujets des malheureux dans le temps avec les guerres, les injustices, les impositions injustes, ni dans l'éternité avec un royaume de mollesse et de vice. Malheur à ces rois qui manquent à leurs devoirs, qui ferment l'oreille aux voix de leurs sujets, qui ferment les yeux sur les plaies de la nation, qui se rendent complices de la souffrance du peuple par des alliances contraires à la justice pour renforcer leur puissance avec l'aide de leurs alliés ! Mais malheur aussi à ces pères qui manquent à leurs devoirs, qui sont aveugles et sourds pour les besoins et les défauts des membres de leur famille, qui sont pour elle une cause de scandale ou de douleur, qui s'abaissent pour les mariages à des compromis indignes pour s'allier à des familles riches et puissantes, sans réfléchir que le mariage est une union destinée à élever et réconforter l'homme et la femme, en plus de la procréation. C'est un devoir, c'est un ministère, ce n'est pas un marché, ce n'est pas une souffrance, ce n'est pas un avilissement de l'un ou l'autre conjoint. C'est de l'amour, pas de la haine.

Que le chef soit donc juste, sans des duretés ou des exigences excessives et sans d'excessives condescendances et faiblesses. Pourtant, si vous aviez à choisir entre l'excès de l'une ou l'autre chose, choisissez plutôt la seconde, car de celle-là au moins Dieu pourra vous dire: "Pourquoi as-tu été si bon ?" et ne pas vous condamner, parce que l'excès de bonté punit déjà l'homme à cause des vexations que les autres se permettent à son égard; alors que Dieu vous reprocherait toujours la dureté, parce qu'elle est un manque d'amour envers le prochain le plus proche. Et que la femme soit juste dans la maison envers son époux, ses enfants et ses serviteurs. Qu'à l'époux elle donne obéissance et respect, réconfort et aide.

Obéissance tant que celle-ci n'implique pas le consentement au péché. L'épouse doit être soumise mais pas avilie. Faites attention, épouses, que le premier qui vous juge après Dieu, pour certaines condescendances coupables, c'est votre mari, lui-même, qui vous y pousse. Ce ne sont pas toujours des désirs de l'amour, mais une épreuve pour votre vertu.

Même si sur le moment il n'y réfléchit pas, il peut venir un jour où votre époux se dise : "Ma femme est fortement sensuelle" et il peut devenir soupçonneux pour votre fidélité. Soyez chastes dans le mariage. Faites que votre chasteté impose à votre époux cette retenue que l'on a pour les choses pures, et qu'il vous regarde comme sa semblable, non comme une esclave ou une concubine qu'il ne garde que pour le "plaisir" et qu'il rejette quand elle ne plaît plus. L'épouse vertueuse, je veux dire l'épouse qui même après le mariage garde ce "quelque chose" de virginal dans ses gestes, ses paroles, ses abandons affectueux, peut amener son mari à s'élever des sens au sentiment, pour que son époux se dépouille de la luxure et devienne vraiment avec elle "une chose" unique qu'il traite avec la même attention qu'une partie de lui-même, et il est juste qu'il en soit ainsi, car la femme est "os de ses os et chair de sa chair" et personne ne traite mal ses os et sa chair, mais au contraire les aime, pour que l'époux et l'épouse, comme les deux premiers époux, se regardent et ne se voient pas dans leur nudité sexuelle, mais s'aiment par l'esprit sans honte avilissante.

Que l'épouse soit patiente, maternelle avec son mari. Qu'elle le considère comme le premier de ses enfants, car la femme est toujours mère et l'homme a toujours besoin d'une mère qui soit patiente, prudente, affectueuse et qui le réconforte. Bienheureuse la femme qui de son propre conjoint sait être la compagne, et en même temps la mère pour le soutenir, et la fille pour qu'il la guide. Que l'épouse soit laborieuse. Le travail, en empêchant les rêves, est utile à l'honnêteté en plus d'être avantageux pour la bourse. Qu'elle ne tourmente pas son mari par de sottes jalousies qui n'arrangent rien. Le mari est-il honnête ? Une sotte jalousie, en le poussant à fuir la maison, le mettra en danger de tomber dans les filets d'une prostituée. Il n'est pas honnête et fidèle ? Ce ne seront pas les emportements de la jalousie qui le corrigeront mais bien une contenance sérieuse, sans bouderies ni grossièretés, digne et affectueuse, toujours affectueuse, qui le font réfléchir et redevenir sage. Sachez reconquérir votre mari, quand la passion l'a éloigné de vous, par votre vertu, comme dans votre jeunesse vous l'avez conquis par votre beauté. Et, pour en tirer la force dans ce devoir, et résister à la douleur qui pourrait vous rendre injustes, aimez vos enfants et envisagez leur bien.

Une femme possède tout en ses enfants: la joie, la couronne royale pour les heures heureuses où elle est réellement la reine de la maison et de son conjoint, et le baume dans les heures douloureuses où une trahison ou d'autres expériences pénibles de la vie conjugale, lui flagellent le front et surtout le cœur avec les épines de sa triste royauté d'épouse martyre.

Tellement avilies que vous désirez retourner dans votre famille, en divorçant, ou trouver une compensation dans un prétendu ami qui désire jouir d'une femme et feint d'avoir pitié du cœur de celle qui a été trahie ? Non, femmes, non ! Ces enfants, ces enfants innocents, déjà troublés, attristés de trop bonne heure par l'ambiance du foyer domestique qui a perdu sa sérénité, sa justice, ils ont leurs droits, sur la mère, sur le père, sur le réconfort d'une maison où, si un amour a sombré, l'autre reste vigilant pour veiller sur eux. Leurs yeux innocents vous regardent, vous étudient et comprennent plus que vous ne croyez, et ils forment leurs esprits d'après ce qu'ils voient et comprennent. Ne soyez jamais une cause de scandale pour vos enfants innocents, mais réfugiez-vous en eux comme en un rempart de pur diamant contre les faiblesses de la chair et les embûches des serpents.

Et que la femme soit une mère, une mère juste qui est sœur en même temps que mère, qui est amie en même temps que sœur, de ses fils et de ses filles, et un exemple, surtout, et en tout. Veiller sur ses fils et ses filles, les corriger affectueusement, les soutenir, les faire réfléchir, et tout cela sans préférences car les enfants sont tous nés d'une même semence et d'un même sein. S'il est naturel qu'ils soient aimés, pour la joie qu'ils donnent, les enfants qui sont bons, c'est aussi un devoir d'aimer, et s'il le faut d'un amour douloureux, les enfants qui ne sont pas bons, en se rappelant que l'homme ne doit pas être plus sévère que Dieu qui aime non seulement ceux qui sont bons, mais aussi ceux qui ne le sont pas, et les aime pour essayer de les rendre bons, de leur donner les moyens et le temps de le devenir, et les supporte jusqu'à leur mort, en se réservant d'être un juste Juge quand l'homme ne peut plus réparer.

Et ici, permettez-moi de vous dire une chose qui n'appartient pas au sujet, mais qu'il est utile que vous ayez présente à l'esprit. Bien souvent, trop souvent, on entend dire que les mauvais ont plus de joie que les bons et que cela n'est pas juste. Je commence par vous dire : "Ne jugez pas les apparences et ce que vous ne connaissez pas". Les apparences sont souvent trompeuses et, sur la Terre, le jugement de Dieu est caché. De l'autre côté, vous connaîtrez et vous verrez que le bien-être passager du mauvais lui a été accordé comme un moyen pour l'attirer au Bien, et comme un paiement du peu de bien que même le plus mauvais peut faire.

Mais quand vous verrez les choses dans la juste lumière de l'autre vie, vous verrez que plus courte que la vie d'un brin d'herbe né au printemps sur le bord d'un torrent que l'été dessèche, est le temps de la joie du pécheur, alors qu'un seul instant de gloire dans le Ciel est, pour la joie qu'il communique à l'esprit qui en jouit, plus vaste que la plus triomphale vie d'homme qui ait jamais existé. N'enviez donc pas la prospérité du méchant, mais cherchez par votre bonne volonté à arriver à la possession du trésor éternel du juste.

Et, revenant à ce que doivent être les membres d'une famille et les habitants d'une maison pour que s'y maintienne fructueuse ma bénédiction, je vous dis, enfants, d'être soumis à vos parents, respectueux, obéissants pour pouvoir l'être aussi avec le Seigneur votre Dieu. Parce que, si vous n'apprenez pas à obéir aux petits commandements du père et de la mère que vous voyez, comment pourrez-vous obéir aux commandements de Dieu, qui sont dits en son nom, mais que vous ne voyez ni n'entendez ? Et si vous n'apprenez pas à croire que celui qui vous aime, comme votre père et votre mère vous aiment, ne peut que commander des choses bonnes, comment pouvez-vous croire que sont bonnes les choses qui vous sont données comme des ordres de Dieu ? Dieu aime, Il est Père, le savez-vous ? Mais justement parce qu'il vous aime et veut vous avoir avec Lui, ô chers enfants, c'est pour cela qu'il veut que vous soyez bons. Et la première école où vous apprenez à le devenir, c'est la famille. C'est là que vous apprenez à aimer et à obéir et c'est de là que part pour vous le chemin qui conduit au Ciel. Soyez donc bons, respectueux, dociles. Aimez votre père, même s'il vous corrige, car il le fait pour votre bien, et votre mère si elle vous éloigne d'actions dont son expérience sait qu'elles ne sont pas bonnes.

Honorez-les, en évitant de les faire rougir par vos actions mauvaises. L'orgueil n'est pas une chose bonne, mais il existe un saint orgueil, celui de dire : "Je n'ai pas donné de douleur à mon père et à ma mère". Cela, qui vous fait jouir de leur voisinage pendant qu'ils sont vivants, est pour vous la paix sur la blessure de leur mort, alors que les larmes qu'un enfant fait verser à ses parents creusent comme du plomb fondu le cœur de l'enfant mauvais, et malgré tout son effort pour endormir la blessure, elle fait souffrir, ne cesse de faire souffrir et de plus en plus quand la mort de l'un des parents empêche l'enfant de réparer... Oh ! enfants, soyez bons, toujours, si vous voulez que Dieu vous aime.

Enfin sainte est la maison où, grâce à la justice des maîtres, les serviteurs et les valets aussi se rendent justes. Que les maîtres se souviennent qu'un mauvais comportement aigrit et gâte le serviteur, et que le serviteur n'oublie pas que son mauvais comportement dépite le maître. Que chacun se tienne à sa place, mais lié par l'amour du prochain, pour combler la séparation qui existe entre serviteurs et maîtres.

Et alors la maison bénie par Moi gardera sa bénédiction et Dieu y résidera. Et de la même façon conserveront la bénédiction, et donc la protection, les barques et les jardins et les outils de travail et les engins de pêche, quand saintement adonnés au travail les jours permis et saintement dédiés au culte de Dieu pendant le saint sabbat, vous parcourrez votre vie de pêcheurs ou de maraîchers, sans frauder pour le prix ou pour le poids, et vous ne maudirez pas le travail et ne le ferez pas le roi de votre vie au point de le faire passer avant Dieu car si le travail vous procure le gain, Dieu vous donne le Ciel.

Et maintenant allons donc bénir les maisons, les barques et les rames, les jardins et les pioches, et puis nous irons parler près du refuge de Jean avant qu'il aille trouver le prêtre, car Moi, je ne reviendrai plus et il est juste qu'il m'entende au moins une fois. Prenez le pain, le poisson et les fruits ; nous les porterons là-bas dans le bois, et nous mangerons en présence du lépreux guéri en lui donnant les meilleures portions pour que sa chair aussi soit en fête et qu'il se sente déjà comme un frère parmi ceux qui croient au Seigneur."

Et Jésus se met en route suivi des gens de la bourgade et d'autres de villes voisines où, peut-être, pendant la nuit, sont allés des habitants de ce bourg apporter la nouvelle que le Sauveur est sur cette rive.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-143.htm
TOME : 6/143

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Ippo_s10



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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 9 Nov - 7:22

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

« Prédication près du refuge du lépreux »

Vision du samedi 29 juin 1946

"Mon Seigneur !" crie l'ancien lépreux en se jetant à genoux dès qu'il voit apparaître Jésus dans la friche qui précède le lieu rocailleux où il a vécu pendant tant d'années. Et puis, se relevant, il crie encore : "Pourquoi reviens-tu vers moi ?"

"Pour te donner le viatique de la parole après celui de la santé."

"Le viatique on le donne à celui qui part et moi, en effet, je pars ce soir pour les purifications. Mais je pars pour revenir et m'unir aux disciples, si tu veux m'accueillir. Je n'ai plus de maison, ni de parents, Seigneur. Je suis vieux pour reprendre l'activité et la vie; on me réintégrera dans mes biens, mais comment sera la maison depuis quinze années qu'elle n'est plus à personne ? Que vais-je y trouver ? Peut-être des murs en ruine... Je suis un oiseau sans nid. Permets-moi de m'unir à la troupe de ceux qui te suivent. Du reste... moi, je ne m'appartiens plus à moi-même, car à cause de ce que tu m'as donné, je t'appartiens. Je n'appartiens plus au monde qui m'a séparé de lui, à juste titre comme impur, pendant si longtemps. Maintenant c'est moi qui trouve le monde impur après t'avoir connu, et je fuis le monde pour venir à Toi."

"Et Moi, je ne te repousse pas. Cependant je te dis que je voudrais que tu acceptes un séjour dans cette région. Aëra et Arbela ont leur fils comme disciple pour l'évangélisation. Toi, sois-le pour Ippo, Gamala, Aféca et les villes voisines. Moi, sous peu, je descends en Judée et je ne reviendrai plus de ce côté. Je veux qu'il y ait des évangélisateurs."

"Ta volonté me rend cher tout renoncement. Je ferai ce que tu veux. Je le ferai sitôt accomplies les purifications. J'avais pensé de ne plus m'occuper de ma maison. Maintenant, au contraire, je dis que je vais la remettre en état, de façon à pouvoir l'habiter pour y accueillir pendant l'hiver des âmes désireuses de te connaître, et je prierai quelque disciple qui te suit depuis des années de venir avec moi, car si tu veux que je sois un petit maître, j'ai besoin d'être instruit par quelqu'un qui l'est plus que moi. Et au printemps j'irai avec les autres pour prêcher ton Nom."

"C'est une bonne pensée. Dieu t'aidera à la réaliser."

"J'ai déjà commencé en détruisant par le feu tout ce qui m'appartenait : à savoir mon pauvre grabat et tous les objets qui me servaient, le vêtement que je portais jusqu'à hier, tout ce qu'avait touché mon corps malade. La grotte où je vivais est noircie par le feu que j'y ai fait pour détruire et purifier. Personne ne s'y contaminera en entrant s'y réfugier une nuit de tempête. Et puis... (la voix de l'homme s'affaiblit, comme si elle se fêlait et il parle plus lentement...) et puis... j'avais un vieux coffre qui s'en allait en morceaux... vermoulu... il semblait que la lèpre l'avait rongé, lui aussi... Mais pour moi... il était plus précieux que toutes les richesses du monde... À l'intérieur, il y avait les chers objets... des souvenirs de ma mère... le voile de mariée de mon Anne... Ah ! quand je l'ai enlevé, tout heureux, le soir des noces et quand j'ai contemplé ce visage lilial, si beau et si pur, qui m'aurait dit que quelques années plus tard je l'aurais vu alors qu'il n'était qu'une plaie !

Et... les vêtements de mes enfants... leurs jouets... qu'ils avaient tenus dans leurs petites mains tant qu'ils avaient pu les saisir... quelque chose... et... oh ! c'est une telle douleur... pardonne-moi mes larmes... La plaie me fait beaucoup souffrir maintenant que je les ai brûlés parce qu'il le fallait... sans pouvoir les baiser... car c'étaient des objets de lépreux... Je suis injuste, Seigneur... Je te montre des larmes... Mais aie compassion... J'ai détruit le dernier souvenir que j'avais d'eux... et maintenant je suis comme quelqu'un qui est perdu dans un désert..." L'homme s'affaisse en pleurant auprès de ce tas de cendres, souvenir de son passé...

"Tu n'es pas perdu, Jean, tu n'es pas seul. Je suis avec toi. Et les tiens seront bientôt, avec Moi, dans le Ciel, pour t'attendre. Ces restes te les rappelaient, défigurés par la maladie, ou bien d'une santé resplendissante avant le malheur, tout cela, souvenir de douleur. Laisse cela dans les cendres du bûcher. Anéantis-le, dans la certitude que je te donne, de retrouver des êtres heureux, embellis par la joie du Ciel. Le passé est mort, Jean. Ne pleure plus sur lui. La lumière ne s'attarde pas à regarder les ténèbres de la nuit, mais elle est joyeuse de s'en séparer et de resplendir en montant dans le ciel, à la suite du soleil, chaque matin. Et le soleil ne s'attarde pas à l'orient, mais il monte, bondit et court jusqu'à ce qu'il rejoigne le sommet du firmament pour y rayonner. Ta nuit est finie. N'y pense plus. Monte par l'esprit là où Moi, Lumière, je te porte. Là, grâce à la douce espérance et à la belle foi, tu vas déjà retrouver la joie, car ta charité va pouvoir se répandre en Dieu et dans les êtres aimés qui t'attendent. Ce n'est qu'une rapide montée... et tu vas être là-haut avec eux. La vie est un souffle... l'éternité est l'éternel présent."

"Tu as raison, Seigneur. Tu me réconfortes et tu m'apprends comment surmonter cette heure avec justice... Mais tu es au soleil pour rester près de moi, plus qu'il t'est permis. Éloigne-toi, Maître. Tu m'as donné suffisamment. Le soleil pourrait te faire mal, car il est déjà fort."

"Je suis venu pour rester avec toi. Nous sommes tous venus pour cela, mais déplace-toi, toi aussi, du côté des arbres et nous serons voisins sans qu'il y ait de danger."

L'homme obéit, en s'éloignant du rocher au pied duquel se trouve le monceau de cendres : le passé, et il va vers l'endroit où se dirige Jésus où, tout émus, se trouvent les apôtres et les femmes et les habitants de la bourgade et ceux qui sont venus de la ville pour écouter le Maître.

"Allumez les feux pour cuire les poissons. Nous allons partager la nourriture dans un banquet d'amour" commande Jésus.

Et, pendant que les apôtres exécutent l'ordre, Lui fait un tour sous les arbres qui ont poussé en désordre dans cet endroit évité par tout le monde à cause du voisinage du lépreux, un fouillis sauvage d'arbres qui ne connaissent pas la serpe ou la hache depuis qu'ils sont nés. Des gens qui souffrent ou qui sont affligés, sont à l'ombre propice du fourré et racontent à Jésus leurs angoisses. Jésus guérit, conseille ou réconforte, patient et puissant. Plus loin, dans un petit pré, l'enfant de Capharnaüm joue heureux avec des enfants du village, et leurs cris de joie rivalisent avec le chant des nombreux oiseaux qui sont dans les feuillages. Leurs vêtements multicolores, qui s'agitent dans leurs courses sur l'herbe verte, les rendent semblables à de gros papillons qui voltigent de fleur en fleur.

La nourriture est prête. On appelle Jésus. Il demande comme une grâce un panier à un paysan qui avait apporté des figues et du raisin, et il le remplit de pain, des poissons les plus beaux, de fruits savoureux, il y ajoute sa gourde d'eau emmiellée et se dirige vers l'ancien lépreux.

"Tu restes sans gourde, Maître" lui fait remarquer Barthélemy. "Lui ne peut plus te la rendre."

Et Jésus dit en souriant : "Il y a encore tant d'eau pour la soif du Fils de l'homme ! Il y a l'eau que le Père a mise dans les puits profonds. Et le Fils de l'homme a encore ses mains libres pour les unir... Un jour viendra que je n'aurai plus ni celles-ci, ni celle-là... et je n'aurai pas non plus l'eau de l'amour pour donner du rafraîchissement à l'Assoiffé... Maintenant j'ai tant d'amour autour de Moi..." et il continue sa marche, portant à deux mains le panier large, rond et bas, qu'il dépose sur l'herbe à quelques mètres de Jean, en lui disant : "Prends et mange. C'est le banquet de Dieu." Puis il revient à sa place, offre et bénit la nourriture et la fait distribuer à ceux qui sont là et qui ont mis ensemble ce qu'ils avaient.

Tous mangent avec appétit, paisiblement joyeux, et Marie s'occupe du petit Alphée avec une maternelle douceur. Puis, le repas terminé, Jésus se place entre les gens et l'ancien lépreux pour commencer à parler, alors que les mères prennent dans leurs bras les enfants rassasiés de nourriture et de jeux, et les bercent pour les endormir pour qu'ils ne troublent pas le discours.

"Écoutez tous.

Dans un psaume de David, le psalmiste se demande : "Qui habitera dans le Tabernacle de Dieu ? Qui reposera sur la montagne de Dieu ?" Et il se met à énumérer quels seront ces gens fortunés et pour quel motif ils le seront. Il dit: "Celui qui vit sans tache et pratique la justice. Celui dont le cœur parle avec vérité et dont la langue n'ourdit pas des tromperies, qui ne fait pas de tort au prochain et n'accueille pas de propos qui déshonorent son semblable". Et en quelques lignes, après avoir dit qui entrera dans le domaine de Dieu, il dit ce que ces saints font de bien après n'avoir pas fait le mal. Voici: "À ses yeux le méchant n'est rien. Il honore ceux qui craignent Dieu. Il ne trompe pas son prochain par de faux serments. Il ne prête pas son argent en usurier. Il n'accepte pas de cadeaux pour faire tort à l'innocent". Et il dit pour finir: "Celui qui fait cela ne chancellera pas à jamais".

En vérité, en vérité je vous dis que le psalmiste a dit la vérité, et je confirme par ma sagesse que celui qui fait ces choses ne chancellera pas à jamais. La première condition pour entrer dans le Royaume des Cieux, c'est de "Vivre sans tache".

Mais l'homme, qui est une créature faible, peut-il vivre sans tache ? La chair, le monde et Satan, dans un continuel bouillonnement de passions, de tendances et de haine, crachent leurs souillures pour tacher les esprits, et si le Ciel n'était ouvert qu'à ceux qui ont vécu sans tache après l'âge de raison, de toute l'Humanité, il y en aurait très peu qui entreraient au Ciel, de même qu'il y a très peu d'hommes qui arrivent à la mort sans avoir connu des maladies plus ou moins graves pendant leur existence.

Et alors ? Le Ciel est-il ainsi fermé aux fils de Dieu ? Doivent-ils se dire : "Je l'ai perdu" quand un assaut de Satan ou une tempête de la chair les fait tomber et qu'ils voient leur âme maculée ? N'y aura-t-il plus de pardon pour celui qui aura péché ? Rien n'effacera-t-il la tache qui souille l'esprit ?

Ne craignez pas votre Dieu d'une crainte injuste. Lui est Père, et un père tend toujours une main au fils qui chancelle, lui offre de l'aide pour qu'il se relève, le réconforte par de suaves moyens pour que son avilissement ne dégénère pas en désespoir, mais fleurisse en une humilité désireuse de réparer pour revenir à la dilection du Père.

Voilà. Le repentir du pécheur, la volonté vraie de réparer, nés l'un et l'autre d'un véritable amour pour le Seigneur, lavent la tache de la faute et rendent digne du pardon divin. Et quand Celui qui vous parle aura accompli sa mission sur la Terre, aux absolutions de l'amour, du repentir et de la bonne volonté, s'unira, très puissante, l'absolution que le Christ vous aura obtenue au prix de son sacrifice. Plus purs dans l'âme que les enfants qui viennent de naître, beaucoup plus purs car pour ceux qui croiront en Moi jailliront de leurs seins des fleuves d'eau vive qui laveront même la faute d'origine, cause première de toute la faiblesse de l'homme, vous pourrez aspirer au Ciel, au Royaume de Dieu, à ses Tabernacles. En effet la Grâce que je vais vous rendre vous aidera à pratiquer la justice qui fait grandir, dans la mesure où elle est pratiquée, le droit que vous donne un esprit sans tache d'entrer dans la joie du Royaume des Cieux.

Y entreront les petits enfants, et ils y jouiront à cause de la béatitude qui leur sera donnée gratuitement, ils y jouiront, car le Ciel est joie. Mais y entreront les adultes, les vieillards, ceux qui ont vécu, lutté, vaincu, et qui, à la candide couronne de la Grâce, uniront la couronne multicolore de leurs œuvres saintes, de leurs victoires sur Satan, le monde et la chair. Très grande sera leur béatitude de vainqueurs, grande comme l'homme ne peut l'imaginer.

Comment se pratique la justice ? Comment se conquiert la victoire ? Par l'honnêteté des paroles et des actions, par la charité envers le prochain. En ne reconnaissant que Dieu et en ne mettant pas les idoles des créatures, de l'argent, de la puissance, à la place du Dieu très Saint. En donnant à chacun la place qui lui revient, sans chercher à donner plus ou moins qu'on ne doit. N'est pas juste celui qui, parce que quelqu'un est un ami ou un parent puissant, l'honore et le sert même dans des œuvres qui ne sont pas bonnes. Celui qui, à l'opposé, nuit à son prochain parce qu'il ne peut obtenir de lui avantage d'aucune sorte et qui fait de faux serments, ou se fait acheter par des cadeaux pour faire une déposition contre l'innocent ou juger partialement, non selon la justice mais en calculant ce qu'un jugement injuste peut lui obtenir de celui qui est le plus puissant des adversaires, celui-là n'est pas juste et vaines sont ses prières, ses offrandes, car elles sont tachées par l'injustice aux yeux de Dieu.

Vous voyez que ce que je vous dis est encore le Décalogue. C'est toujours le Décalogue, la parole du Rabbi. En effet, le bien, la justice, la gloire, se trouvent dans l'accomplissement de ce que le Décalogue enseigne et ordonne de faire. Il n'y a pas d'autre doctrine. Autrefois elle a été donnée au milieu des foudres du Sinaï, maintenant elle l'est au milieu des splendeurs de la Miséricorde, mais c'est toujours la même Doctrine.

Et elle ne change pas, et elle ne peut changer. Beaucoup, pour s'excuser, en Israël diront pour se justifier de n'être pas saints même après le passage du Sauveur sur la Terre : "Je n'ai pas trouvé manière de le suivre et de l'entendre". Mais leur excuse n'a aucune valeur, car le Sauveur n'est pas venu apporter une nouvelle Loi, mais pour confirmer la première, l'unique Loi, ou plutôt pour la reconfirmer justement dans sa nudité sainte, dans sa simplicité parfaite. Pour confirmer par l'amour et par les promesses d'un amour assuré de Dieu, ce qui d'abord avait été dit avec rigueur d'un côté et entendu avec crainte de l'autre[2].

Pour bien vous faire comprendre ce que sont les dix commandements et combien il est important de les suivre, je vous dis cette parabole.

Un père de famille avait deux fils pareillement aimés et desquels il voulait dans la même mesure être le bienfaiteur. Ce père possédait, outre la demeure où étaient ses fils, des possessions où étaient cachés de grands trésors. Les fils connaissaient l'existence de ces trésors, mais ne connaissaient pas la route pour y aller. En effet le père, pour des motifs particuliers, n'avait pas dévoilé à ses enfants le chemin pour y arriver et cela pendant de très nombreuses années. Pourtant à un certain moment, il appela ses deux fils et leur dit : "Il est bon que désormais vous connaissiez où sont les trésors que votre père a mis de côté pour vous, pour pouvoir y arriver quand je vous le dirai. En attendant, connaissez-en le chemin et les signaux que j'y ai placés pour que vous ne perdiez pas le bon chemin.

Écoutez-moi donc. Les trésors ne sont pas dans une plaine où stagnent les eaux, où brûle la canicule, où la poussière abîme tout, où les épines et les ronces étouffent la végétation et où les voleurs peuvent facilement arriver pour dérober. Les trésors sont au sommet de cette haute montagne, élevée et raboteuse. Je les ai placés là au sommet et ils vous y attendent. La montagne a plus d'un sentier, elle en a même un grand nombre, mais un seul est bon. Quant aux autres, certains finissent sur un précipice, d'autres dans des cavernes sans issues, d'autres dans des fossés d'eau boueuse, d'autres dans des nids de vipères, d'autres sur des cratères de soufre enflammé, d'autres contre des murailles infranchissables. Le bon sentier, au contraire, est fatigant, mais il arrive au sommet sans être interrompu par des précipices ou d'autres obstacles. Pour que vous puissiez le reconnaître, j'y ai mis tout au long, à des distances régulières, dix monuments de pierre sur lesquels sont gravés, pour vous guider, ces trois mots : 'Amour, obéissance, victoire'. Allez en suivant ce sentier, et vous arriverez au lieu du trésor. Moi, ensuite, par un autre chemin connu de moi seul, je viendrai et je vous ouvrirai les portes pour que vous soyez heureux".

Les deux fils saluèrent le père qui répéta, tant que ses deux fils purent l'entendre : "Suivez le chemin que je vous ai dit. C'est pour votre bien. Ne vous laissez pas tenter par les autres, même s'ils vous semblent meilleurs. Vous perdriez le trésor et moi, avec lui...".

Les voilà arrivés au pied de la montagne. Un premier monument se trouvait à la base, exactement au commencement du sentier qui était au milieu d'une rangée de sentiers qui escaladaient la montagne en tous sens. Les deux frères commencèrent l'ascension sur le bon sentier. Il était encore très bon au commencement, bien que sans un brin d'ombre. Du haut du ciel, le soleil y tombait à pic l'inondant de lumière et de chaleur. La roche blanche où il était taillé, le ciel pur au-dessus de leurs têtes, la chaleur du soleil qui enveloppait leurs membres, voilà ce que les frères voyaient et ressentaient. Mais animés encore par la bonne volonté, par le souvenir du père et de ses recommandations, ils montaient joyeusement vers la cime. Voici le second monument... et puis le troisième. Le sentier était de plus en plus fatigant, solitaire, brûlant. On ne voyait même pas les autres sentiers où il y avait de l'herbe, des arbres, des eaux claires, et surtout une montée plus douce parce que moins rapide et tracée sur un sol qui n'était pas rocheux.

"Notre père veut nous faire arriver morts" dit un fils en arrivant au quatrième monument. Et il commença à ralentir la marche. L'autre l'encouragea à poursuivre en disant : "Il nous aime comme d'autres lui-même et plus encore, puisqu'il nous a sauvé le trésor si merveilleusement. Ce sentier dans la roche, qui, sans déviations monte du bas au sommet, c'est lui qui l'a creusé. Ces monuments, c'est lui qui les a faits pour nous guider. Réfléchis, mon frère ! C'est lui, lui tout seul, qui a fait tout cela par amour ! Pour nous le donner ! Pour nous faire arriver sans erreur possible et sans danger".

Ils marchèrent encore, mais les sentiers laissés en contrebas se rapprochaient du sentier dans la roche et ils se rapprochaient d'autant plus souvent que le sentier conduisant à la cime devenait plus étroit. Et comme ils étaient beaux, ombragés, engageants !...

"Je prendrais bien un de ceux-ci" dit le fils mécontent en arrivant au sixième monument. "D'autant plus que celui-là va à la cime".

"Tu ne peux pas le dire... Tu ne vois pas s'il monte ou s'il descend..."

"Le voilà là-haut !"

"Tu ne sais pas si c'est celui-là. Et puis le père a dit de ne pas quitter le bon sentier..."

C'est de mauvaise grâce que le nonchalant continue.

Voilà le septième monument : "Oh ! pour moi, je m'en vais vraiment".

"Ne le fais pas, frère !"

Ils montent par le sentier vraiment très difficile désormais, mais la cime désormais était proche...

Voilà le huitième monument et tout proche, le côtoyant, le sentier fleuri. "Oh ! Tu le vois, peut-être pas en ligne droite, mais il monte vraiment celui-ci?"

"Tu ne sais pas si c'est celui-là".

"Si. Je le reconnais".

"Tu te trompes".

"Non, je m'en vais".

"Ne le fais pas. Pense au père, aux dangers, au trésor".

"Mais qu'ils se perdent tous ! Que ferai-je du trésor si j'arrive mourant au sommet ? Quel danger plus grand que ce chemin ? Et quelle haine plus grande que celle du père qui nous a bernés avec ce sentier pour nous faire mourir ? Adieu ! J'arriverai avant toi, et vivant..." et il se jette dans le sentier contigu et disparaît en poussant un cri de joie derrière les arbres qui font de l'ombre.

L'autre continue tristement... Oh ! la route, dans son dernier parcours, était vraiment effroyable ! Le voyageur n'en pouvait plus. Il était comme ivre de fatigue, de soleil ! Au neuvième monument, il s'arrêta haletant, s'appuya sur la pierre gravée en lisant machinalement les paroles qui étaient gravées. Tout près il y avait un sentier avec de l'ombre, de l'eau, des fleurs... "Je le prendrais bien... Mais non ! Non. Ici est écrit, et c'est mon père qui l'a écrit : 'Amour, obéissance, victoire'. Je dois croire. À son amour, à sa vérité, et je dois obéir pour montrer mon amour... Allons... Que l'amour me soutienne..." Voici le dixième monument... Le voyageur, épuisé, brûlé par le soleil, marchait courbé comme sous un joug... C'était l'amoureux et saint joug de la fidélité qui est amour, obéissance, force, espérance, justice, prudence, tout... Au lieu de s'appuyer, il se laissa tomber assis à ce peu d'ombre que le monument faisait sur le sol. Il se sentait mourir... Du sentier voisin venait un bruit de ruisseaux et une odeur de bois... "Père, père, aide-moi par ton esprit, dans la tentation... aide-moi à être fidèle jusqu'à la fin !".

De loin, riante, la voix du frère : "Viens, je t'attends. Ici, c'est un eden... Viens..."

"Si j'y allais ?..." et en criant très fort: "On monte vraiment au sommet ?"

"Oui, viens. Il y a une galerie fraîche et qui mène là-haut. Viens ! Je le vois déjà le sommet au-delà de la galerie, dans le rocher..."

"J'y vais ? Je n'y vais pas ?... Qui va me secourir ?... J'y vais..." Il appuya les mains pour se relever et, pendant qu'il le faisait, il remarqua que les paroles gravées n'étaient plus nettes comme celles du premier monument : "À chaque monument, les mots étaient plus légers... C'est comme si mon père, épuisé, avait eu du mal à les graver. Et... regarde !... Ici aussi ce signe rouge brun qui était déjà visible dès le cinquième monument... Mais ici il emplit le creux de chaque mot et il a coulé marquant le rocher comme de larmes sombres, comme... de sang..." Il gratta avec le doigt là où il y avait une tache large comme les deux mains. Et la tache s'en alla, laissant découvertes, fraîches, ces paroles : "C'est ainsi que je vous ai aimés, jusqu'à répandre mon sang pour vous conduire au Trésor".

"Oh ! oh ! mon père ! Et moi, je pouvais penser à ne pas suivre ton commandement ?! Pardon, mon père ! Pardon". Le fils pleura contre le rocher, et le sang qui remplissait les mots se refit frais, brillant comme du rubis, et les larmes furent nourriture et boisson pour le bon fils, et force... Il se leva... par amour, il appela son frère, fort, très fort... Il voulait lui dire sa découverte... l'amour du père, lui dire : "Reviens". Personne ne répondit...

Le jeune homme reprit sa marche, presque à genoux sur la pierre brûlante car, par la fatigue, son corps était vraiment à bout, mais son esprit était serein. Voici le sommet... Et là, voici le père.

"Mon Père !"

"Fils chéri !"

Le jeune homme s'abandonna sur le sein paternel, le père l'accueillit en le couvrant de baisers.

"Tu es seul ?"

"Oui... Mais mon frère va bientôt arriver..."

"Non. Il ne viendra plus. Il a quitté la voie des dix monuments. Il n'est pas revenu après les premières désillusions qui l'avertissaient. Tu veux le voir ? Le voilà. Dans le gouffre de feu... Il s'est entêté dans la faute. Je lui aurais encore pardonné et je l'aurais attendu si, après avoir reconnu son erreur, il était revenu sur ses pas et si, bien qu'en retard, il était passé par où l'amour est passé le premier, en souffrant jusqu'à répandre le meilleur de son sang, ce qu'il y avait de plus cher en lui, pour vous".

"Il ne savait pas..."

"S'il avait regardé avec amour les paroles gravées dans les dix monuments, il aurait lu leur vraie signification. Tu l'as lu dès le cinquième monument et tu l'as fait remarquer à l'autre en disant : 'Ici, le père a dû s'être blessé !' et tu l'as lu au sixième, septième, huitième, neuvième... toujours plus clairement, jusqu'à ce que tu aies eu l'instinct de découvrir ce qu'il y avait sous mon sang. Sais-tu le nom de cet instinct ? 'Ton union véritable avec moi'. Les fibres de ton cœur, confondues avec les miennes, ont tressailli, et elles t'ont dit : 'Ici tu auras la mesure de la manière dont t'aime le père'. Maintenant entre en possession du Trésor et de moi-même, toi, affectueux, obéissant, victorieux pour toujours".

Voilà la parabole.

Les dix monuments sont les dix commandements. Votre Dieu les a gravés et mis sur le sentier qui mène au Trésor éternel, et Il a souffert pour vous conduire à ce sentier. Vous souffrez ? Dieu aussi. Vous devez faire effort sur vous-mêmes ? Dieu aussi.

Savez-vous jusqu'à quel point ? En souffrant de se séparer de Lui-même et en s'efforçant pour connaître l'être humain avec toutes les misères que l'humanité porte avec elle : naître, souffrir le froid, la faim, la fatigue et les sarcasmes, les affronts, les haines, les embûches et enfin la mort en donnant tout son Sang pour vous donner le Trésor. Voilà ce que souffre Dieu, descendu pour vous sauver. Voilà ce que souffre Dieu en haut des Cieux, en se permettant à Lui-même de le souffrir.

En vérité je vous dis qu'aucun homme, si fatigant que soit son sentier pour arriver au Ciel, ne suivra jamais un sentier plus fatigant et plus douloureux que celui que le Fils de l'homme parcourt pour venir du Ciel à la Terre, et de la Terre au Sacrifice pour vous ouvrir les portes du Trésor.

Mon Sang est déjà dans les tables de la Loi. Mon Sang est dans le Chemin que je vous trace. C'est sous l'ondée de mon Sang que s'ouvre la porte du Trésor. C'est par mon Sang qui la lave et la nourrit que votre âme se fait pure et forte. Mais pour qu'il ne soit pas répandu en vain, vous devez suivre la Loi immuable des dix commandements.

Maintenant, reposons-nous. Au coucher du soleil, j'irai vers Ippo, Jean à la purification, vous à vos maisons. Que la paix du Seigneur soit avec vous."

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-144.htm
TOME : 6/144

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Le_lzo10
Jésus et le lépreux


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 10 Nov - 7:37

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Jésus à Ippo"

Vision du mardi 2 juillet 1946

Je vous prie de m'excuser si ce cahier est particulièrement mal écrit. Ce sont des épisodes que j'ai vus pendant que j'étais entre la mort et la vie après le funeste 2 Juillet 1946... Je l'ai écrit en restant étendue avec une très forte fièvre, en plus... des douleurs aiguës...

********************************
Jésus entre à Ippo dans une claire matinée. Il doit avoir passé la nuit dans la maison de campagne d'un habitant de la ville, venu pour l'entendre, pour entrer dans la ville dans les premières heures du matin d'un bruyant jour de marché. Beaucoup de gens d'Ippo sont avec Lui et beaucoup d'autres d'Ippo accourent à sa rencontre, avisés qu'ils sont que le Rabbi est arrivé. Mais il n'y a pas que les habitants d'Ippo autour de Jésus. Ceux de la bourgade sur le lac sont présents aussi. Il manque seulement quelques femmes qui, à cause de leur état physique ou parce qu'elles ont des enfants trop petits, n'ont pas pu s'éloigner trop de leurs maisons.

La ville, légèrement au-dessus du niveau du lac, s'étend sur les premières ondulations du haut plateau qui se trouve au-delà du lac et qui monte vers l'orient pour rejoindre au sud-est les monts de l'Auranitide et au nord-est le groupe montagneux où trône le grand Hermon. Elle se présente bien, avec ses riches maisons de commerce et ses propriétés, et elle est importante comme nœud de routes et centre de nombreuses régions d'au-delà du lac, comme l'indiquent les bornes routières qui portent les noms de Gamala, Gadara, Pella, Arbela, Bosra, Gerghesa et d'autres encore.

Elle est très peuplée et très fréquentée par des étrangers venus des villes voisines pour des achats ou des ventes ou d'autres raisons d'affaires. Je vois qu'il y a de nombreux romains, civils ou militaires, parmi la foule. Je ne sais pas si c'est particulier à cette ville ou à la région, mais les gens ne me paraissent pas si hostiles et butés envers les romains. Il se peut que les affaires aient créé des liens, sinon d'amitié, au moins de relations plus que dans les régions de l'autre rive.

La foule grossit à mesure que Jésus s'avance vers le centre de la ville jusqu'à ce qu'il s'arrête sur une vaste place plantée d'arbres à l'ombre desquels se déroule le marché, c'est-à-dire où se traitent les affaires les plus importantes car le commerce de détail de vivres et d'objets se trouve au-delà de cette place, sur un terre-plein où déjà le soleil frappe très fort.

Les acheteurs et les marchands s'en défendent avec des toiles tendues sur des pieux qui donnent un peu d'ombre sur les marchandises exposées par terre. L'endroit est ainsi couvert de toiles multicolores qui s'élèvent un peu au-dessus de la terre et il fourmille de gens dont les vêtements sont de toutes les couleurs. Il semble un pré orné de fleurs géantes, dont les unes sont immobiles et les autres circulent entre les étalages. Cela donne à l'esplanade un aspect assez agréable que certainement elle n'a plus lorsque, désencombrée de ses... boutiques préhistoriques, elle n'est plus qu'une place stérile et déserte, jaunâtre et désolée.

Elle est animée maintenant par un bruyant brouhaha. Mais comme ils crient ces gens du peuple et que de paroles et de cris pour marchander une écuelle de bois, un blutoir, ou bien une poignée de graines ! Et au vacarme des vendeurs et des acheteurs s'unit tout un chœur de mendiants qui forcent leurs voix pour qu'on les entende par-dessus le bruit du marché.

"Mais ici, Maître, tu ne peux pas parler !" s'exclame Barthélemy. "Ta voix est puissante mais elle ne peut couvrir tout ce bruit !"

"Nous allons attendre" répond Jésus. "Vous voyez ? Le marché se termine. Certains enlèvent déjà leurs marchandises. En attendant, allez donner l'obole aux mendiants avec les offrandes des riches d'ici. Ce sera le prologue et la bénédiction du discours, car l'aumône faite avec amour passe du degré de secours matériel à celui de l'amour du prochain, et il attire des grâces."

Les apôtres vont s'acquitter de cet ordre.

Jésus se met à parler au milieu de la foule attentive : "La ville est riche et prospère, au moins de ce côté-ci. Je vous vois habillés de vêtements propres et élégants. Vos visages ont un air de prospérité. Tout me dit que vous ne souffrez pas misère. Maintenant je vous demande si ceux, là-bas qui se plaignent, sont d'Ippo ou des mendiants occasionnels, venus ici d'autres endroits pour avoir des secours. Soyez sincères..."

"Voilà. Nous allons te dire, bien que tes paroles soient déjà un reproche. Certains sont venus d'ailleurs, la plupart sont d'Ippo."

"Et il n'y a pas de travail pour eux ? J'ai vu que l'on construit beaucoup ici et il devrait y avoir du travail pour tous..."

"Ce sont presque toujours les romains qui embauchent pour les travaux..."

"Presque toujours. Tu as bien dit, car j'ai vu aussi des habitants d'ici qui dirigent des travaux. Et parmi eux, j'en ai vu beaucoup qui occupent des gens qui ne sont pas d'ici. Pourquoi ne pas secourir d'abord les gens de la ville ?"

"Parce que... Il est difficile de travailler ici. C'est que surtout il y a quelques années, avant que les romains ne fassent de belles routes, il était fatigant d'apporter ici les matériaux et d'ouvrir des routes... Et beaucoup se sont rendus malades ou estropiés... et maintenant ce sont des mendiants car ils ne peuvent plus travailler."

"Mais vous jouissez du travail qu'ils ont fait ?"

"Certainement, Maître ! Vois comme la ville est belle, pratique, avec des eaux abondantes dans des citernes profondes et de belles routes qui communiquent avec d'autres riches villes. Tu vois quelles solides constructions. Tu vois combien de travaux. Tu vois..."

"Je vois tout. Et ces choses, ceux qui vous ont aidés à les construire, ce sont ceux qui maintenant vous demandent en pleurant un pain ? Oui, dites-vous ? Et alors pourquoi, jouissant de ce que eux vous ont aidé à posséder, ne leur donnez-vous pas un peu de joie ? Le pain, sans qu'ils le demandent; un grabat, pour qu'ils ne soient pas contraints à partager les tanières avec les animaux sauvages. Un secours dans leurs maladies qui, soignées, pourraient leur donner le moyen de faire encore quelque chose au lieu de s'avilir dans une oisiveté forcée et dégradante. Comment pouvez-vous vous asseoir satisfaits à table et partager joyeusement une nourriture abondante avec vos enfants joyeux, en sachant qu'à peu de distance il y a des frères qui ont faim ? Comment pouvez-vous aller vous reposer dans un lit confortable alors que vous savez que dehors, dans la nuit, il y a des hommes sans couchettes et sans repos ? Ne vous brûlent-elles pas la conscience, ces pièces de monnaie que vous renfermez dans les coffres-forts, sachant que beaucoup n'ont pas une piécette pour s'acheter un pain ?

Vous m'avez dit que vous croyez au Seigneur Très-Haut et que vous observez la Loi, que vous connaissez les prophètes et les livres de la Sagesse. Vous m'avez dit que vous croyez en Moi et que vous êtes avides de ma Doctrine. Mais alors, vous devez vous faire un bon cœur, car Dieu est amour et prescrit l'amour, parce que la Loi est amour, parce que les prophètes et les livres de la Sagesse conseillent l'amour et que ma Doctrine est une doctrine d'amour. Les sacrifices sont vains et aussi les prières, s'ils n'ont pas comme base et comme autel l'amour du prochain, et spécialement du pauvre indigent, auquel il est possible de donner toutes les formes de l'amour avec le pain, le lit, le vêtement, le réconfort et l'enseignement, en le conduisant à Dieu.

La misère, par son avilissement, amène l'esprit à perdre cette foi en la Providence qui est salutaire pour résister dans les épreuves de la vie. Comment pouvez-vous prétendre que les malheureux soient toujours bons, patients, pieux, quand ils voient que ceux qui reçoivent tout le bien de la vie, et suivant les idées communes, de la Providence, ont le cœur dur, sont sans une religion véritable - car à leur religion il manque la première et la plus essentielle des parties : l'amour - sont sans patience et qu'eux, qui ont tout, ne savent même pas supporter les supplications de ceux qui ont faim ? Parfois ils lancent des imprécations contre Dieu et contre vous ? Mais qui les amène à ce péché ? Vous ne réfléchissez jamais, vous, riches citoyens d'une riche ville, que vous avez un grand devoir : celui d'amener à la Sagesse ceux que vous abandonnez par votre manière d'agir ?

J'ai entendu que l'on me disait : "Nous voudrions être tous tes disciples pour te prêcher". C'est à tous que je dis : voilà que vous le pouvez. Ces gens qui viennent craintifs, honteux avec leurs vêtements déchirés, leurs visages émaciés, sont ceux qui attendent la Bonne Nouvelle, celle qui est donnée surtout pour les pauvres, pour qu'ils aient un réconfort surnaturel dans l'espérance d'une vie glorieuse après la réalité de leur triste vie présente. Vous pouvez la mettre en pratique avec assez peu d'efforts matériels, mais avec davantage d'efforts spirituels - car les richesses sont dangereuses pour la sainteté et la justice - ma doctrine. Eux peuvent la suivre avec leurs peines de toutes sortes. Le pain qui manque, le vêtement insuffisant, le toit inexistant, tout cela les amène à se demander : "Comment puis-je croire que Dieu est pour moi un Père, si je n'ai pas ce qu'a l'oiseau de l'air ?" Les duretés du prochain, comment peuvent-elles les amener à croire qu'il faut s'aimer comme des frères ? Vous avez l'obligation de les persuader que Dieu est Père et que vous êtes leurs frères par votre amour actif. Il y a une Providence, et vous en êtes les serviteurs, vous, les riches du monde. Considérez que d'être ses intermédiaires c'est le plus grand honneur que Dieu vous fait et l'unique moyen de rendre saintes les richesses dangereuses.

Et agissez comme si en chacun d'eux vous me voyiez Moi-même. Moi, je suis en eux. J'ai voulu être pauvre et persécuté pour être comme eux et pour que le souvenir du Christ pauvre et persécuté durât au cours des siècles en jetant une lumière surnaturelle sur ceux qui sont pauvres et persécutés comme le Christ, une lumière qui vous les fasse aimer comme d'autres Moi-même.

Et Moi, je suis en fait dans le mendiant que l'on rassasie, dont on calme la soif, que l'on habille, que l'on loge. Je suis dans l'orphelin recueilli par amour, dans le vieillard que l'on secourt, dans la veuve que l'on aide, dans le pèlerin que l'on loge, dans le malade que l'on soigne. Et je suis dans l'affligé que l'on réconforte, dans celui qui doute que l'on rassure, dans l'ignorant que l'on instruit. Je suis où on reçoit l'amour. Et toute chose qui est faite à un frère dépourvu de moyens matériels ou spirituels, c'est à Moi qu'elle est faite. Car je suis le Pauvre, l'Affligé, l'Homme des Douleurs, et je le suis pour donner Richesse, Joie, Vie surnaturelle à tous les hommes qui bien des fois - ils ne le savent pas mais c'est ainsi - ne sont riches qu'en apparence, et joyeux d'une joie seulement apparente, et qui sont tous pauvres de vraies richesses et de vraies joies, car ils sont sans la Grâce à cause de la Faute d'Origine qui les en prive. Vous le savez : sans la Rédemption il n'y a pas de Grâce, et sans la Grâce il n'y a pas de joie ni de Vie.

Et Moi, pour vous donner la Grâce et la Vie, je n'ai pas voulu naître roi ou puissant, mais pauvre, mais enfant du peuple, mais humble. En effet la couronne n'est rien, le trône n'est rien, rien la puissance, pour Celui qui vient du Ciel afin de conduire au Ciel, alors que l'exemple est tout ce qu'un vrai Maître doit donner pour donner de la force à sa Doctrine. En effet les plus nombreux ce sont les pauvres et les inférieurs, alors que les puissants et les heureux sont les moins nombreux. Parce que la Bonté est Pitié.

C'est pour cela que je suis venu et que le Seigneur a donné l'onction à son Christ : pour que j'annonce la Bonne Nouvelle à ceux qui sont doux et que je guérisse ceux qui ont le cœur brisé, pour que j'annonce la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers, pour que je console ceux qui pleurent, pour remettre aux enfants de Dieu, aux enfants qui savent rester tels dans la joie comme dans la douleur, leur diadème, le vêtement de justice, et les changer d'arbres sauvages en arbres du Seigneur, en ses champions, en ses gloires . Je suis tout pour tous, et je veux les avoir avec Moi dans le Royaume des Cieux, lequel est ouvert à tous pourvu qu'on sache vivre dans la justice. La justice est dans la pratique de la Loi et dans l'exercice de l'amour. À ce Royaume on n'accède pas par les droits de la fortune, mais par l'héroïsme de la sainteté.

Que celui qui veut y entrer me suive et fasse ce que je fais : qu'il aime Dieu par-dessus toute chose et son prochain comme Moi je l'aime, qu'il ne blasphème pas le Seigneur, qu'il sanctifie ses fêtes, qu'il honore ses parents, qu'il ne lève pas une main violente sur son semblable, qu'il ne commette pas d'adultère, qu'il ne vole pas son prochain d'aucune façon, qu'il ne fasse pas de faux témoignages, qu'il ne désire pas ce qu'il n'a pas et que les autres possèdent, mais qu'il soit content de son sort en le regardant toujours comme transitoire et comme une route et un moyen pour conquérir un sort meilleur et éternel, qu'il aime les pauvres, les affligés, les petits de la Terre, les orphelins, les veuves, qu'il ne fasse pas d'usure . Celui qui fera cela, quelle que soit sa nation et sa langue, sa condition et sa fortune, pourra entrer dans le Royaume de Dieu dont Moi j'ouvre les portes.

Venez à Moi, vous tous dont la volonté est droite. Ne vous effrayez pas de ce que vous êtes ou de ce que vous avez été. Je suis l'Eau qui lave le passé et qui fortifie pour l'avenir. Venez à Moi, vous qui êtes pauvres de sagesse. Dans ma parole se trouve la sagesse. Venez à Moi, refaites-vous une vie nouvelle sur d'autres idées. Ne craignez pas de ne pas savoir, de ne pouvoir faire. Ma Doctrine est facile, mon joug est léger. Je suis le Rabbi qui donne sans demander de compensation, sans demander d'autre compensation que votre amour. Si vous m'aimez, vous aimerez ma Doctrine et par conséquent aussi votre prochain et vous aurez la Vie et le Royaume.

Riches, dépouillez-vous de l'attachement aux richesses et achetez avec elles le Royaume par toutes les œuvres de miséricordieux amour pour le prochain . Pauvres, dépouillez-vous de votre avilissement et venez sur la route de votre Roi. Avec Isaïe, je vous dis : "Vous qui avez soif venez aux eaux, vous qui n'avez pas d'argent venez acheter" . Avec l'amour, vous achèterez ce qui est amour, ce qui est nourriture impérissable, la nourriture qui vraiment rassasie et fortifie.

Moi, je m'en vais, ô hommes, ô femmes, ô riches, ô pauvres d'Ippo. Je m'en vais pour obéir à la Volonté de Dieu. Mais je veux partir d'auprès de vous moins affligé que quand je suis entré. C'est votre promesse qui soulagera mon affliction. Pour votre bien, ô riches, pour le bien de votre ville, soyez, promettez-moi d'être, miséricordieux à l'avenir envers les plus petits d'entre vous. Tout est beau, ici. Mais comme le nuage noir d'un orage donne un aspect effrayant à la ville la plus belle, ainsi plane ici, comme une ombre qui fait disparaître la beauté, la dureté de votre cœur. Enlevez-la, et vous serez bénis. Rappelez-vous : Dieu promit de ne pas détruire Sodome s'il s'y était trouvé dix justes . Vous ne connaissez pas l'avenir. Moi, je le connais. Et en vérité je vous dis qu'il est lourd de punition, plus qu'un nuage de grêle en été. Sauvez votre ville par votre justice, par votre miséricorde. Le ferez-vous ?"

"Nous le ferons, Seigneur, en ton nom. Parle-nous, parle-nous encore ! Nous avons été durs et pécheurs. Mais Toi, tu nous sauves. Tu es le Sauveur. Parle-nous..."

"Je serai avec vous jusqu'au soir. Mais je parlerai par mes œuvres. Maintenant que le soleil donne, que chacun aille dans sa maison et méditez mes paroles."

"Et Toi, où vas-tu, Seigneur ? Chez moi ! Chez moi !" Tous les riches d'Ippo veulent l'avoir et ils se disputent presque pour faire valoir le motif pour lequel Jésus doit aller chez celui-ci ou celui-là.

Il lève la main pour imposer silence. Il l'obtient non sans peine. Il dit : "Je reste avec eux." Et il indique les pauvres qui, serrés en tas en marge de la foule, le regardent de l’œil de quelqu'un qui, toujours méprisé, se sent aimé. Et il répète : "Moi, je reste avec eux pour les consoler et partager le pain avec eux, pour leur donner un avant-goût de la joie du Royaume où le Roi sera assis parmi ses sujets au même banquet d'amour. Et en attendant, puisque leur foi est peinte sur leurs visages et dans leurs cœurs, je leur dis : "Qu'il vous soit fait ce que dans votre cœur vous demandez et que vos âmes et vos corps jubilent dans le premier salut que vous donne le Sauveur"."

Les pauvres peuvent être au moins une centaine. Les deux tiers au moins d'entre eux sont handicapés, ou bien sont aveugles ou visiblement malades; l'autre tiers, ce sont des enfants qui mendient pour leurs mères veuves ou pour leurs grands-parents... Eh bien, c'est un spectacle prodigieux : les bras estropiés, les hanches disloquées, les échines déformées, les yeux éteints, les gens épuisés qui se traînent, toute la flore douloureuse des maladies et des malheureux provoqués par des accidents de travail ou par des excès de fatigue ou de privation, tout disparaît en reprenant un état normal. Tous ces malheureux se reprennent à vivre et à se sentir capables de se suffire à eux-mêmes. Leurs cris remplissent la vaste place et y résonnent.

Un romain se fraie avec peine un passage dans la foule en délire et rejoint Jésus qui, à son tour, se dirige avec peine vers les pauvres qu'il a guéris et qui le bénissent de leur place, ne pouvant fendre la foule compacte.

"Salut, ô Rabbi d'Israël. Ce que tu as fait, est-ce seulement pour ceux de ton peuple ?"

"Non, homme, ni ce que j'ai fait, ni ce que j'ai dit. Mon pouvoir est universel parce qu'universel est mon amour. Et ma doctrine est universelle parce que, pour elle, il n'y a pas de castes, ni de religions, ni de nations qui la limitent. Le Royaume des Cieux est pour l'Humanité qui sait croire au vrai Dieu. Et je suis pour ceux qui savent croire dans la puissance du vrai Dieu."

"Je suis païen, mais je crois que tu es un dieu. J'ai un esclave qui m'est cher, un vieil esclave qui me suit depuis mon enfance. Maintenant la paralysie le tue lentement, en le faisant beaucoup souffrir. Mais c'est un esclave, et peut-être que Toi..."

"En vérité je te dis que je ne connais qu'un seul esclavage qui me donne du dégoût : celui du péché, du péché obstiné. En effet celui qui pèche et se repent rencontre ma pitié. Ton esclave va être guéri. Va et guéris-toi de ton erreur en entrant dans la vraie foi."

"Tu ne viens pas dans ma maison ?"

"Non, homme."

"Vraiment... j'ai trop demandé. Un dieu ne va pas dans les maisons des mortels. Cela ne se lit que dans les contes... Mais personne n'a jamais logé Jupiter ou Apollon."

"Parce qu'ils n'existent pas. Mais Dieu, le vrai Dieu, entre dans la maison de l'homme qui croit en Lui et Il y apporte la guérison et la paix."

"Qui est le vrai Dieu ?"

"Celui qui est."

"Pas Toi ? Ne mens pas ! Je sens que tu es Dieu..."

"Je ne mens pas, tu l'as dit, je le suis. Je suis le Fils de Dieu venu pour sauver aussi ton âme, comme j'ai sauvé ton esclave aimé. N'est-ce pas lui qui vient t'appeler à grands cris ?"

Le romain se retourne. Il voit un vieillard suivi par d'autres et qui, enveloppé dans une couverture, accourt en criant : "Marius ! Marius ! Mon maître !"

"Par Jupiter ! Mon esclave ! Comment !... Moi... j'ai dit : Jupiter... Non, je dis : par le Rabbi d'Israël. Moi... Moi..." l'homme ne sait plus que dire.

Les gens ouvrent volontiers leurs rangs pour laisser passer le vieillard guéri.

"Je suis guéri, maître. J'ai senti un feu dans mes membres et entendu un commandement : "Lève-toi !" Il me semblait que c'était ta voix. Je me suis levé... je tenais debout... J'ai essayé de marcher... j'y réussissais... J'ai touché mes escarres... plus de plaies. J'ai crié. Nérée et Quintus sont accourus. Ils m'ont dit où tu étais. Je n'ai pas attendu d'avoir mes vêtements. Maintenant je puis encore te servir..." le vieillard à genoux pleure en embrassant les vêtements du romain.

"Pas à moi. C'est Lui, le Rabbi qui t'a guéri. Il faudra croire, Aquila. Lui, c'est le vrai Dieu. Il a guéri ceux-ci de sa voix, et toi... avec je ne sais quoi... On doit croire... Seigneur... je suis païen mais... voilà... Non. C'est trop peu. Dis-moi où tu vas et je te ferai honneur." Il avait offert une bourse, mais il la reprend.

"Je vais sous ce portique sombre, avec eux."

"Je te donnerai pour eux. Salut, ô Rabbi. Je le raconterai à ceux qui ne croient pas..."

"Adieu. Je t'attends sur les chemins de Dieu."

Le romain s'en va avec ses esclaves. Jésus s'en va avec ses pauvres et avec les apôtres et les femmes disciples.

Le portique - c'est plutôt un chemin couvert qu'un portique - est ombragé et frais, et la joie est si grande que l'endroit paraît beau, bien que très ordinaire en lui-même. De temps à autre un habitant vient et donne des oboles. L'esclave du romain revient avec une lourde bourse. Et Jésus donne des paroles de Lumière et des réconforts d'argent. Les apôtres reviennent avec des vivres de toutes sortes.

Jésus rompt le pain et bénit la nourriture pour la donner aux pauvres, à ses pauvres...

* SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-145.htm
TOME : 6/145

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Ippo_s11
Ippo sur la carte , au bord du Lac de Tibériade


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 11 Nov - 7:23

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"Vers Gamala"

Vision du mercredi 3 juillet 1946

Le soir descend en amenant la brise qui rafraîchit après tant de chaleur, et la pénombre qui soulage après tant de soleil.

Jésus prend congé des gens d'Ippo, fermement décidé à ne pas retarder le départ car il veut être à Capharnaüm pour le sabbat.

Les gens s'éloignent à regret et certains s'obstinent à le suivre hors de la ville. Parmi eux se trouve la femme d'Aféca, une veuve qui, dans la ville sur le lac, a prié le Seigneur de la choisir comme tutrice du petit Alphée dont la mère ne veut pas. Elle s'est jointe aux femmes disciples comme si elle était l'une d'elles et désormais elle est si familiarisée avec elles, qu'elles la considèrent comme une de la famille. Maintenant elle est avec Salomé et ne cesse pas de s'entretenir avec elle à voix basse. Plus en arrière se trouve Marie avec sa belle-sœur, et elles règlent leur pas sur celui de l'enfant qui marche en donnant la main à toutes les deux et qui s'amuse à sauter sur le bord de chaque pierre du chemin, certainement construit par les romains pour avoir ainsi des pavés réguliers.

Et il rit en disant à chaque fois : "Vois comme je suis brave ? Regarde, regarde encore !" Un jeu que je crois ont fait tous les enfants du monde quand ils tiennent par la main ceux qu'ils sentent affectueux pour eux. Et les deux saintes créatures qui le tiennent par la main montrent un grand intérêt pour son jeu et le louent pour la bravoure qu'il montre en sautant. Le pauvre petit est refleuri en quelques jours d'une vie paisible et affectueuse, il a l’œil joyeux des enfants heureux et son rire argentin le rend même plus beau et surtout plus enfant. Il a perdu cette expression de petit homme, prématuré et triste qu'il avait le soir du départ de Capharnaüm.

Marie d'Alphée remarque la chose et, entendant une parole de Sara la veuve, elle dit à sa belle-sœur : "Ce serait bien ainsi ! A la place de Jésus, je le lui donnerais"

"Il a une mère, Marie..."

"Une mère ? Ne le dis pas ! Une louve est plus mère que cette malheureuse."

"C'est vrai. Mais même si elle ne se rend pas compte de ses devoirs envers son fils, elle a toujours un droit sur lui."

"Hum ! Pour le faire souffrir ! Regarde comme il est mieux !"

"Je le vois. Mais... Jésus n'a pas le droit d'enlever des enfants à leur mère, pas même pour les donner à qui les aimerait."

"Les hommes aussi n'auraient pas le droit de... Il suffit. Moi je sais."

"Oh ! Je te comprends... Tu veux dire : les hommes aussi n'auraient pas le droit de t'enlever ton Fils, et pourtant ils le feront... Mais en faisant cela, un acte humainement cruel, ils provoqueront un bien infini. Ici, au contraire, je ne sais si ce serait un bien pour cette femme..."

"Mais pour le petit, si. Mais pourquoi... nous a-t-il dit cette horrible chose ? Moi, je n'ai plus de paix depuis que je sais..."

"Et tu ne le savais pas même auparavant que le Rédempteur devait souffrir et mourir ?"

"Bien sûr, je le savais ! Mais je ne savais pas que c'était Jésus. Je l'ai bien aimé, tu sais ? Plus que mes propres enfants. Si beau, si bon... Oh ! Je te l'ai envié, ma Marie, quand il était tout petit, et ensuite toujours... toujours... Je faisais attention même à un courant d'air pour Lui et... je ne puis penser qu'il sera torturé..." Marie de Cléophas pleure dans son voile.

Et Marie, la Mère, la réconforte : "Ma Marie, ne regarde pas la chose du côté humain. Pense à ses fruits... Moi, tu peux penser comment je vois tomber la lumière chaque jour... Quand elle meurt, je me dis : un jour de moins pour avoir Jésus... Oh ! Marie ! C'est d'une chose par-dessus tout que je remercie le Très-Haut : de m'avoir accordé d'atteindre l'amour parfait, parfait autant que peut le posséder une créature, qui me permet de pouvoir guérir et fortifier mon cœur en disant : "Sa douleur et la mienne sont utiles à mes frères et, pour cela, que soit bénie la Douleur". Si je n'aimais pas ainsi le prochain... je ne pourrais pas, non, penser qu'ils mettront à mort Jésus..."

"Mais quel amour est donc le tien ? Quel amour doit-on avoir pour pouvoir dire ces paroles ? Pour... pour... pour ne pas s'enfuir avec son propre enfant, le défendre et dire au prochain : "Mon premier prochain, c'est mon fils, et je l'aime par-dessus toute chose ?"

"Celui qui doit être aimé par-dessus toute chose, c'est Dieu."

"Et Lui est Dieu."

"Lui fait la Volonté du Père, et moi, avec Lui. Quel amour est le mien ? Quel amour doit-on avoir pour pouvoir dire ces paroles ? L'amour de fusion avec Dieu, l'union totale, l'abandon total, être perdues en Lui, n'être plus qu'une partie de Lui, comme ta main est une partie de toi-même et fait ce que ta tête commande. Voilà mon amour, et l'amour que l'on doit avoir pour faire toujours avec bonne volonté la Volonté de Dieu."

"Mais tu es toi. Tu es la Bénie entre toutes les créatures. Certainement tu étais déjà telle même avant d'avoir Jésus, car Dieu t'a choisie pour que tu l'aies, et il t'est facile..."

"Non, Marie. Je suis Femme et Mère comme toute femme et toute mère. Le don de Dieu ne supprime pas la créature. Elle a son humanité comme toute autre, même si le don de Dieu lui donne une spiritualité élevée. Tu sais, désormais, que moi j'ai dû accepter le don de mon propre gré, et avec toutes les conséquences qu'il comportait. En effet tout don divin est une grande béatitude mais aussi un grand engagement. Et Dieu ne violente aucun homme pour qu'il accepte ses dons, mais Il interroge la créature, et si la créature dit : "Non" à la voix spirituelle qui lui parle, Dieu ne la force pas. Toutes les âmes, au moins une fois dans leur vie, sont interrogées par Dieu si..."

"Oh ! pour moi, non ! A moi, Il n'a jamais rien demandé !" s'exclame Marie d'Alphée, sûre d'elle-même.

La Vierge Marie sourit doucement et répond : "Tu ne t'en es pas aperçue et ton âme a répondu sans que tu t'en aperçoives, et cela parce que tu aimes beaucoup le Seigneur."

"Je te dis qu'il ne m'a jamais parlé !..."

"Et pourquoi es-tu disciple à la suite de Jésus ? Et pourquoi alors désires-tu ardemment que tes fils, tous, soient disciples de Jésus ?

Tu sais ce que cela veut dire le suivre, et pourtant tu veux que tes fils le suivent."

"Certainement, je voudrais les Lui donner tous. Alors vraiment je dirais que j'ai donné à la Lumière mes fils. Et je prie, je prie pour pouvoir les enfanter à Elle, à Jésus, par une vraie, éternelle maternité."

"Tu vois ! Et cela pourquoi ? Parce que Dieu t'a interrogée un jour et Il t'a dit : "Marie, m'accorderais tu tes fils pour être mes ministres dans la nouvelle Jérusalem ?" Et tu as répondu : "Oui, Seigneur". Et même maintenant que tu sais que le disciple n'est pas plus que le Maître, à Dieu qui t'interroge encore pour éprouver ton amour, tu réponds : "Oui, mon Seigneur. Je veux désormais qu'ils soient tiens !" N'est-ce pas ainsi ?"

"Oui, Marie. C'est ainsi, c'est vrai. Je suis si ignorante que je ne sais pas comprendre ce qui arrive dans l'âme. Mais quand Jésus ou toi vous me faites réfléchir, je dis que c'est vrai, que c'est certainement vrai. Je dis que... je voudrais qu'ils soient tués par les hommes plutôt qu'ennemis de Dieu... Certainement... si je les voyais mourir... si... oh ! Mais le Seigneur... Il m'aiderait, hein ? le Seigneur, à cette heure... ou bien Il n'aidera que toi ?"

"Il aidera toutes ses filles fidèles et qui seront martyres en esprit, ou dans leur esprit et leur chair pour sa gloire."

"Mais qui doit être tué ?" demande l'enfant qui, entendant cette conversation, a cessé de sauter, et est resté toutes oreilles. Et il demande encore, un peu curieux, un peu effrayé, en regardant de côté et d'autre dans la campagne solitaire qui devient sombre: "Il y a des voleurs ? Où sont-ils ?"

"Il n'y a pas de voleurs, mon enfant. Et personne, pour l'instant, ne doit être tué. Saute, saute encore..." répond Marie très Sainte.

Jésus, qui était très en avant, s'est arrêté pour attendre les femmes. De ceux qui l'ont suivi depuis Ippo, il y a encore trois hommes et la veuve. Les autres se sont décidés, l'un après l'autre, à le quitter et à retourner à leur ville.

Les deux groupes se réunissent. Jésus dit : "Restons ici en attendant la lune. Ensuite nous partirons de façon à entrer à l'aube dans la ville de Gamala."

"Mais, Seigneur! Tu ne te souviens pas comment ils t'ont chassé de là ? Ils t'ont supplié de t'en aller..."

"Eh bien ? Je suis parti, maintenant je reviens. Dieu est patient et prudent. A ce moment-là, dans leur agitation, ils n'étaient pas capables d'accueillir la Parole que l'on doit écouter avec une âme paisible pour qu'elle soit fructueuse. Souvenez-vous d'Élie et de sa rencontre avec le Seigneur sur l'Horeb. Pensez qu'Élie était déjà une âme aimée du Seigneur et habituée à l'entendre. Ce fut seulement dans la paix d'une brise légère, quand son âme reposait, après les agitations, dans la paix de la création et de son moi honnête, que le Seigneur parla. Et le Seigneur a attendu que l'agitation, laissée dans cette région, en souvenir de leur passage par la légion des démons - car si le passage de Dieu est paix, le passage de Satan est perturbation - et le Seigneur a attendu que l'agitation tombe et que se refassent limpide le cœur et l'intelligence, pour retourner vers ceux de Gamala qui sont encore ses fils. Ne craignez pas. Ils ne nous feront pas de mal !"

La veuve d'Aféca s'avance et se prosterne : "Et chez moi, tu n'y viendras pas, Seigneur? Aféca aussi est pleine de fils de Dieu..."

"La route est difficile, et le temps est court. Nous avons les femmes et nous devons revenir pour le sabbat à Capharnaüm. N'insiste pas, femme" dit l'Iscariote d'un air tranchant, comme pour la repousser.

"C'est que... Je voulais qu'il se persuade que je pourrais bien m'occuper de l'enfant."

"Mais il a sa mère, tu comprends ?" dit encore l'Iscariote, et il le dit impoliment.

"Connais-tu des chemins courts entre Gamala et Aféca ?" demande Jésus à la femme humiliée.

"Oh ! oui ! Le chemin est montagneux, mais bon ; il est frais parce qu'il passe au milieu des bois. Et puis, pour les femmes, moi je paie, on peut prendre des ânes..."

"Je viendrai chez toi pour te consoler, même si je ne peux te donner l'enfant parce qu'il a sa mère. Mais je te promets que si Dieu juge bon que l'innocent mal aimé retrouve de l'amour, je penserai à toi."

"Merci, Maître. Tu es bon" dit la veuve et elle jette sur Judas un coup d’œil qui veut dire : "Et toi, tu es mauvais."

L'enfant qui a écouté et compris, au moins en partie, et qui est attaché aussi à la veuve qui l'a conquis par des caresses et par de bons morceaux, un peu par un mouvement naturel de réflexion et un peu par cet esprit d'imitation propre aux enfants, répète exactement ce qu'a fait la veuve, mais au lieu de se prosterner aux pieds de Jésus, il s'attache à ses genoux, en levant sa petite figure que blanchit la clarté de la lune et il dit : "Merci, Maître, tu es bon." Et il ne se borne pas à cela, il veut dire clairement ce qu'il pense, et il termine en disant : "Et toi, tu es méchant" et il donne un coup de pied à l'Iscariote pour qu'il n'y ait aucune erreur possible sur la personne.

Thomas rit bruyamment et entraîne les autres, lorsqu'il dit : "Pauvre Judas ! Mais il est dit, vraiment, que les enfants ne t'aiment pas ! Chaque fois que l'un d'eux te juge, c'est toujours aussi mal !..."

Judas a si peu d'esprit qu'il montre sa colère, une colère injuste, sans proportion avec la cause et l'objet qui la provoque, et qui se défoule en arrachant vilainement l'enfant des genoux de Jésus et en le rejetant en arrière pendant qu'il crie : "Voilà ce qui arrive quand dans les choses sérieuses on joue la comédie. Il n'est pas beau ni utile d'amener après soi une suite de femmes et de bâtards..."

"Cela, non. Son père, tu l'as connu toi aussi, c'était un époux légitime et un juste[1]" fait remarquer sévèrement Barthélemy.

"Eh bien ? N'est-il pas maintenant un vagabond, un futur voleur ? N'a-t-il pas causé des conversations peu avantageuses sur nous ? On l'a cru fils de ta Mère... Et où est l'époux de ta Mère pour justifier un fils de cet âge ? Ou bien on le croit fils de l'un de nous, et..."

"Il suffit. Tu parles le langage du monde. Mais le monde parle dans la boue, aux grenouilles, aux couleuvres, aux lézards, à toutes les bêtes immondes... Viens, Alphée, ne pleure pas. Viens à Moi. Moi, je te porterai dans mes bras."

Grande est la peine de l'enfant. Toute sa douleur d'orphelin, d'enfant repoussé par sa mère, endormie pendant ces jours de paix, revient à la surface, bout, déborde. Plus que les égratignures qu'il s'est faites au front et aux mains, en tombant sur un terrain pierreux, égratignures que les femmes nettoient et baisent pour le consoler, lui pleure sa douleur d'enfant qui n'est pas aimé. Des pleurs longs, déchirants, avec des appels vers le père mort, vers sa mère... Oh ! pauvre petit !

************************
Je pleure avec lui, moi que les hommes n'ont jamais su aimer, et comme lui, je me réfugie dans les bras de Dieu, aujourd'hui, anniversaire des funérailles de mon père; aujourd'hui où une décision injuste me prive de la Communion fréquente...

********************************
Jésus le prend, l'embrasse, le berce et le console tout en marchant en avant de tous, avec l'innocent dans ses bras, au clair de lune... Les pleurs tombent lentement et s'espacent, et on peut entendre dans le silence de la nuit la voix de Jésus qui lui dit : "Je suis ici, Alphée. J'y suis pour tous, pour te tenir lieu de père et de mère. Ne pleure pas. Ton père est près de Moi, et il t'embrasse avec Moi. Les anges ont soin de toi, comme s'ils étaient des mères. Tout l'amour, tout l'amour, si tu es bon et innocent, est avec toi..."

C'est maintenant la voix de l'un des trois venus d'Ippo, qui dit : "Le Maître est bon, et il attire. Mais ses disciples, non. Moi, je m'en vais..."

Puis la voix sévère du Zélote qui dit à l'Iscariote : "Tu vois ce que tu fais ?"

Et ensuite seule la veuve d'Aféca reste parmi les femmes disciples et soupire avec elles. On n'entend que le bruit des pas qui peu à peu s'amortit. En effet les trois d'Ippo s'en sont allés. Puis la troupe apostolique s'arrête près d'une vaste grotte qui est peut-être un abri pour les bergers, car le sol est jonché d'une couche de bruyères et de fougères coupées depuis peu qui isolent du sol humide.

"Arrêtons-nous ici. Rassemblons pour les femmes ce lit de la Providence. Nous nous pouvons nous étendre ici dehors, sur l'herbe" dit Jésus. C'est ce qu'ils font pendant que la pleine lune parcourt le firmament.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-146.htm
TOME : 6/146
Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Ippo__11
Gamala ,sa situation sur la carte



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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

Ste Thérèse de l' Enfant Jésus et de la Sainte Face
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 12 Nov - 16:25

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"À Gamala"

Vision du lundi 8 juillet 1946

L'aube se lève tout juste lorsque Jésus s'éveille et se dresse pour s'asseoir sur son lit rustique fait de terre et d'herbe. Puis il se lève, prend ses sandales et son manteau qu'il avait étendu sur Lui pour se défendre de la rosée et de la fraîcheur de la nuit et, avec précaution, il passe dans l'enchevêtrement de jambes et de bras et de torses et de têtes des apôtres endormis autour de Lui. Il s'éloigne de quelques mètres regardant de près pour voir où il pose les pieds, dans la vague lueur de l'aube, qui sous le feuillage des arbres est à peine un semblant de lumière. Il rejoint un pré découvert. Par une éclaircie entre les arbres, on aperçoit un coin du lac qui se réveille et une large partie du ciel qui s'éclaircit en passant du gris bleu, particulier au firmament qui sort de la nuit, au bleu clair, alors qu'à l'orient il s'estompe déjà en une teinte jaune claire qui, de plus en plus soutenue, passe du jaune clair à un jaune rosé, puis à une pâle couleur de corail, extrêmement gracieuse.

L'aube promet une belle journée malgré une très légère brume qui n'en finit pas de céder à la lumière le champ du ciel là-bas à l'orient, et elle se présente en voiles si légers que l'azur du ciel n'en souffre pas, mais au contraire s'en trouve embelli comme si c'était une mousseline très blanche frangée d'or et de corail, toujours changeante, toujours plus belle, comme si elle s'efforçait d'atteindre la perfection de son éphémère beauté avant que le jour la détruise par le triomphe du soleil. À l'occident, au contraire, quelques astres résistent encore bien qu'ayant perdu déjà leur éclat nocturne, à la lumière qui croît, et la lune, tout près de disparaître derrière la crête des monts, parcourt le ciel, pâle, sans éclat, comme une planète morte.

Jésus, debout, les pieds nus dans l'herbe humide de rosée, les bras croisés sur la poitrine, la tête levée pour regarder le jour qui se lève. réfléchit... ou parle avec le Père dans un colloque d'esprits.

Le silence est absolu, au point que l'on entend tomber par terre les gouttelettes de la rosée très abondante.

Jésus abaisse son visage, en restant debout les bras croisés, et il se plonge dans une méditation encore plus intense. Il est totalement concentré en Lui-même. Ses magnifiques yeux bien ouverts fixent le sol comme pour arracher à l'herbe une réponse, mais je crois qu'ils ne voient même pas le lent mouvement des herbes qui, sous le vent frais de l'aube, ont une sorte de frémissement, un frisson pareil à celui de quelqu'un qui sort du sommeil et qui s'étire, se retourne, se secoue pour se réveiller tout à fait. et redevenir agile en ses nerfs et en ses muscles. Il regarde et ne voit pas ce réveil de l'herbe et des fleurs sauvages qui passe des rameaux, des feuilles, des corolles en ombrelles ou en grappes, en épis, en trochets. Certaines fleurs sont isolées en calices, d'autres disposées en éventails ou ont la forme de gueule-de-loup, ou de corne d'abondance, de plumet, de baie. Certaines sont droites sur leurs tiges, d'autres molles et pendantes d'une tige qui n'est pas la leur où elles se sont enroulées, d'autres sont abandonnées et rampantes sur le sol ; certaines sont groupées en familles de nombreuses plantes petites et humbles, d'autres sont solitaires, larges, d'une couleur et d'une allure violentes. Toutes sont occupées à secouer de leurs pétales les gouttes de rosée, désireuses maintenant non plus de rosée mais de soleil, capricieuses dans leurs désirs comme dans leurs dispositions...

En cela, elles sont très semblables aux hommes qui ne sont jamais satisfaits de ce qu'ils possèdent.

Jésus semble écouter. Mais il n'entend certainement pas le bruissement du vent qui augmente et s'amuse à faire tomber la rosée en secouant les branches, ni non plus les chuchotements de plus en plus forts des oiseaux qui s'éveillent et se racontent les rêves de la nuit, ou échangent leurs impressions sur le nid douillet et mélodieux où, dans les brins de laine et de foin, les oisillons hier encore nus mettent leurs premières plumes ou bien ouvrent démesurément leurs becs en montrant avides leurs gosiers rouges et manifestent bruyamment leur première exigence de nourriture. Jésus semble écouter. Et il n'entend certainement pas le premier appel moqueur du merle, ni le doux chant de la fauvette à tête noire, ni les trilles d'or de l'alouette qui montent joyeusement à la rencontre du soleil qui se lève, ni le sifflement qui déchire l'air tranquille des bandes d'hirondelles qui ont quitté les rochers où elles ont fait leurs nids et commencent à tisser leurs toiles de vols infatigables entre terre et ciel. Et il n'entend pas non plus le jacassement d'une pie qui se penche d'une branche du rouvre auprès duquel se trouve Jésus et semble Lui demander : "Qui es-tu ? Que penses-tu ?" et se moque. Cela non plus n'interrompt pas sa méditation.

Mais qui ne sait pas que les pies sont taquines ? Celle-ci, lasse de voir un intrus dans le petit pré qui est peut-être son endroit préféré, arrache au rouvre deux beaux glands jumelés et, avec la précision d'un champion de tir, les fait tomber sur la tête de Jésus. Ce n'est pas un lourd projectile, capable de blesser, mais de la hauteur d'où il vient, il acquiert assez de force pour attirer l'attention du Méditatif qui regarde en haut et il voit l'oiseau qui, les ailes étendues, avec des inclinations moqueuses, se réjouit de son tir. Jésus a un léger sourire, il secoue la tête, soupire comme pour conclure ses méditations et se déplace en cheminant de côté et d'autre. La pie, avec un rire et un gué-gué moqueur, descend pour jacasser, fouiller, creuser l'herbe libérée de l'Intrus.

Jésus cherche de l'eau, mais il n'en trouve pas. Il se résigne à retourner vers les apôtres, mais les oiseaux Lui apprennent où en trouver. Par bandes, ils descendent vers des fleurs de très large calice, qui sont autant de petites coupes contenant de l'eau, ou bien ils se posent sur de très larges feuilles veules dont chaque poil retient une goutte de rosée, et là ils se désaltèrent ou font leurs ablutions. Jésus les imite.

Il recueille dans le creux de la main l'eau des calices et s'en rafraîchit le visage, il cueille les larges feuilles velues et avec elles il nettoie la poussière de ses pieds nus, il nettoie ses sandales, se les lace. Avec d'autres il se lave les mains jusqu'à ce qu'il les voie propres et il sourit en murmurant : "Les divines perfections du Créateur !"

Maintenant il est rafraîchi, en ordre parce que, avec ses mains humides, il a coiffé ses cheveux et sa barbe, et pendant que le premier rayon de soleil fait du pré une nappe toute diamantée, il va réveiller les apôtres et les femmes.

Les unes et les autres ont du mal à se réveiller, fatigués comme ils le sont. Mais Marie est éveillée, mais immobile à cause de l'enfant qui dort recroquevillé sur son sein, sa petite tête sous le menton de Marie. La Mère, voyant apparaître sur le seuil de la caverne son Jésus, Lui sourit de ses doux yeux bleu clair et ses joues se colorent de rosé par la joie de le voir. Elle se dégage de l'enfant, qui pleurniche un peu d'être remué, et elle se lève et va vers Jésus de son pas silencieux légèrement ondoyant, de colombe pudique.

"Que Dieu te bénisse, mon Fils, en ce jour."

"Que Dieu soit avec toi, Maman. La nuit a été dure pour toi ?"

"Du tout. Bienheureuse, au contraire. Il me semblait t'avoir tout petit dans mes bras... Et j'ai rêvé qu'il te sortait de la bouche une sorte de fleuve d'or résonnant avec une douceur que l'on ne peut dire, et une voix qui disait... Oh ! quelle voix ! "C'est la Parole qui enrichit le monde et donne la béatitude à celui qui l'écoute et lui obéit. Sans limite dans sa puissance, dans le temps, dans l'espace, Elle sauvera". Oh ! mon Fils ! Et c'est Toi, mon Fils, cette Parole ! Comment faire à tant vivre et tant faire pour pouvoir remercier l'Éternel de m'avoir faite ta Mère ?"

"Ne t'en mets pas en peine, Maman ! Chaque battement de ton cœur est pour Dieu une récompense. Tu es pour Dieu une vivante louange et toujours tu le seras, Maman. Tu le remercies depuis que tu existes..."

"Il ne me semble pas le faire suffisamment, Jésus. C'est si grand, si grand ce que Dieu a fait pour moi ! Qu'est-ce que je fais moi, enfin, de plus que toutes ces femmes bonnes, qui sont tes disciples avec moi ? Dis-le-Lui, Toi, mon Fils, à notre Père, qu'il me permette de le remercier comme le don le mérite."

"Ma Mère ! Et crois-tu que le Père ait besoin que je Lui demande cela pour toi ? Lui a déjà préparé pour toi le sacrifice que tu devras consommer pour cette louange parfaite. Et tu seras parfaite quand tu l'auras accompli..."

"Mon Jésus !... Je comprends ce que tu veux dire... Mais serai-je capable de penser à cette heure-là ?... Ta pauvre Maman..."

"La bienheureuse Épouse de l'Amour éternel ! Maman, tu es cela. Et l'Amour pensera en toi."

"Tu le dis, mon Fils, et moi, je me repose sur ta Parole. Mais, Toi... prie pour moi, à cette heure qu'aucun d'entre eux ne comprend... et qui est déjà imminente... N'est-ce pas vrai ? N'est-ce pas vrai peut-être ?"

Dire l'expression du visage de Marie pendant ce dialogue, est chose impossible. Il n'y a pas d'écrivain qui puisse la traduire en langage humain sans l'abîmer par des mièvreries ou des teintes imprécises. Seul celui qui a le cœur, le cœur bon, tout en étant viril, peut donner mentalement au visage de Marie l'expression réelle qu'il a en ce moment.

Jésus la regarde... Autre expression intraduisible en notre pauvre langage, et il lui répond : "Et toi, prie pour Moi à l'heure de la mort... Oui. Aucun d'entre eux ne comprend... Ce n'est pas leur faute. C'est Satan qui crée les fumées pour qu'ils ne voient pas et qu'ils soient comme ivres et sourds et donc non préparés... et plus faciles à fléchir... Mais toi et Moi, nous les sauverons malgré les embûches de Satan. Dès maintenant je te les confie, ma Mère. Souviens-toi de ces paroles : je te les confie. Je te donne mon héritage. Je n'ai rien sur la Terre qu'une Mère et elle je l'offre à Dieu : Hostie avec l'Hostie; et mon Église, et elle je la confie à toi. Sois pour elle une Nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux hommes en lesquels, au cours des siècles, revivrait l'homme de Kériot avec toutes ses tares. Et je pensais que quelqu'un qui ne serait pas Jésus le repousserait, cet être taré. Mais Moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, venant après Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique, lui Chef et toi fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l'Église puisque tu m'as enfanté Moi, Chef de ce Corps mystique, toi ne repousse pas les nombreux Judas, mais secours-les et apprends à Pierre, aux frères, à Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas repousser mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l'Église naissante. Et au cours des siècles, ô Mère, sois toujours Celle qui intercède et protège, défend, aide mon Église, mes Prêtres et mes fidèles, du Mal, et du Châtiment, d'eux-mêmes...

Que de Judas, ô Mère, au cours des siècles ! Et combien qui ressemblent à des déficients incapables de comprendre, ou à des aveugles qui ne savent pas voir et à des sourds qui ne savent pas entendre, ou à des estropiés et des paralytiques qui ne savent pas venir... Mère, tous sous ton manteau ! Toi seule peux et pourras changer les décrets de châtiments de l'Éternel pour un ou pour plusieurs. Car il n'y aura rien que la Triade pourra jamais refuser à sa Fleur."

"J'agirai ainsi, Fils. Pour ce qui dépend de moi, va en paix vers ton but. Ta Mère est ici pour te défendre dans ton Église, toujours."

"Que Dieu te bénisse, Maman... Viens ! Je vais te cueillir des calices de fleurs pleins d'une rosée parfumée, et tu t'en rafraîchiras le visage comme Moi je l'ai fait. Ils nous ont été préparés par notre Père très Saint, et les oiseaux me les ont indiqués. Regarde comme tout sert dans la Création ordonnée de Dieu ! Ce plateau surélevé et près du lac, si fertile à cause des nuées qui montent de la Mer de Galilée et des grands arbres qui attirent la rosée, permettant cette luxuriance d'herbes et de fleurs, même pendant la sécheresse de l'été. Cette pluie abondante de rosée pour emplir ces calices pour que ses enfants bien-aimés puissent se laver le visage... Voilà ce que le Père a préparé pour ceux qui l'aiment. Tiens. L'eau de Dieu dans le calice de Dieu pour rafraîchir l'Ève du nouveau Paradis." Et Jésus cueille ces fleurs très larges, dont je ne sais pas le nom, et il verse dans les mains de Marie l'eau qui s'est rassemblée au fond...

Les autres, pendant ce temps, ont fait leur toilette et ils viennent chercher Jésus qui s'est éloigné de quelques mètres de l'endroit de la halte.

"Nous sommes prêts, Maître."

"C'est bien. Allons de ce côté."

"Mais est-ce le bon chemin ? Les bois cessent ici et nous étions sous les bois l'autre fois..." objecte Jacques de Zébédée.

"Parce que nous montions du lac. Mais maintenant nous pouvons prendre le chemin direct. Vous voyez ? Gamala est ici, entre l'orient et le midi, et il n'y a pas d'autre route car les trois autres côtés sont impraticables pour qui n'est pas une chèvre sauvage."

"Tu as raison. Nous éviterons le vallon aride d'où nous vîmes arriver les possédés" dit Philippe.

Ils marchent rapidement, laissant bientôt le bois sous lequel ils ont dormi, pour un chemin caillouteux situé au-delà d'un petit vallon et qui s'accentue de plus en plus en se rapprochant du mont bizarre sur lequel s'accroche Gamala d'où descendent de trois côtés, à l'est, au nord et à l'ouest, des pentes rapides, et reliée au reste de la région par une route directe unique allant du sud au nord, qui s'élève entre deux vallées rocheuses et sauvages qui la séparent des campagnes de l'orient et des bois de chênes de l'occident.

Beaucoup de gardiens de porcs passent au milieu de leurs troupeaux qui se dirigent vers les bois de chênes. Des chars qui transportent des pierres équarries passent en grinçant, tirés par des attelages de bœufs à la lente démarche. Quelques cavaliers passent au trot, en soulevant des nuages de poussière. Des équipes de terrassiers, esclaves je crois ou purgeant quelque peine, passent déguenillés et hâves, se dirigeant vers leurs travaux sous la dure surveillance de leurs gardiens.

À mesure que le mont se rapproche et que la route monte, on voit des fossés fortifiés qui entourent le mont comme autant d'anneaux qui protègent ses flancs. Il ne doit pas être facile de creuser ces fossés, surtout dans certains endroits presque en surplomb. Et pourtant des hommes nombreux travaillent pour remettre en état des fortifications déjà existantes ou pour en préparer d'autres, pour apporter sur leurs épaules nues des cubes de pierre qui font courber les malheureux et laissent des traces sanglantes sur leurs épaules nues.

"Mais que font-ils ? Est-ce par hasard un temps de guerre pour travailler ainsi ? Ils sont fous !" disent entre eux les disciples, alors que les femmes plaignent les malheureux demi-nus, mal nourris, obligés de subir des fatigues qui dépassent leurs forces.

"Mais qui les fait travailler ? Le Tétrarque ou les romains ?" demandent encore les apôtres. Ils discutent entre eux, car il semble que Gamala est, dirai-je, indépendante de la Tétrarchie de Philippe et de la Tétrarchie d'Hérode, et parce qu'il paraît impossible à divers apôtres que les romains s'occupent de faire construire chez les autres des fortifications qui demain pourraient servir contre eux. Et l'éternelle idée, l'idée fixe comme celle d'un maniaque, du royaume temporel du Messie s'agite comme l'enseigne d'une victoire déjà assurée et de la gloire et de l'indépendance nationale.

Ils crient si fort que des surveillants s'approchent et écoutent. Ce sont des hommes grossiers, d'une race qui visiblement n'est pas hébraïque, plusieurs sont âgés, certains ont des cicatrices sur le corps. Mais ce qu'ils sont, le dit la sortie méprisante de l'un d'eux : "Notre royaume" ! Tu as entendu, Titus ? O gros nez ! Votre royaume est déjà écrasé sous ces pierres. Celui qui se sert de l'ennemi pour construire contre l'ennemi sert l'ennemi. Paroles de Publius Corfinius.

Et si vous ne comprenez pas, vivez; et les pierres vous expliqueront l'énigme" et il rit en levant son fouet parce qu'il voit un travailleur épuisé qui vacille et s'assoit, et il le frapperait si Jésus ne l'arrêtait pas en s'avançant et en lui disant : "Il ne t'est pas permis. C'est un homme, ton égal."

"Qui es-tu pour te mêler et défendre un esclave ?"
"Je suis la Miséricorde. Mon nom d'homme ne te dirait rien. Mais mon attribut te rappelle d'être miséricordieux. Tu as dit : "Celui qui se sert de l'ennemi pour construire contre l'ennemi sert l'ennemi". Tu as dit une vérité douloureuse. Mais Moi, je t'en dis une lumineuse : "Celui qui n'use pas de miséricorde ne trouvera pas la miséricorde"

"Tu es un rhéteur ?"

"Je suis la Miséricorde. Je te l'ai dit."

Des gens de Gamala, ou qui s'y rendent, disent: "C'est le Rabbi de Galilée. Celui qui commande aux maladies, aux vents, aux eaux et aux démons et change les pierres en pain, et rien ne Lui résiste. Courons le dire à la ville. Que viennent les malades ! Que l'on ait sa Parole ! Nous sommes d'Israël, nous aussi !" et pendant qu'une partie d'entre eux s'en vont en courant, les autres se serrent autour du Maître.

Le surveillant de tout à l'heure dit : "Est-ce vrai ce que ces gens disent de Toi ?"

"C'est vrai."

"Fais un miracle et je croirai."

"On ne demande pas des miracles pour croire. On demande la foi pour croire et obtenir ainsi le miracle. La foi et la pitié pour le prochain."

"Je suis païen, moi..."

"Ce n'est pas une raison valable. Tu vis en Israël qui te paie..."

"Parce que je travaille."

"Non. Parce que tu fais travailler."

"Moi, je sais faire travailler."

"Oui, sans pitié. Mais tu n'as jamais réfléchi que si, au lieu d'être romain, tu avais appartenu à Israël, tu aurais pu être à la place de l'un d'eux ?"

"Hé !... Certainement... Mais je ne le suis pas, grâce à la protection des dieux."

"Elles ne pourraient te défendre, tes vaines idoles, si le vrai Dieu voulait te frapper. Tu n'es pas mort encore. Sois donc miséricordieux pour obtenir miséricorde..."

L'homme voudrait répliquer, discuter, mais ensuite il hausse les épaules, méprisant, tourne le dos et s'en va frapper quelqu'un qui a cessé de travailler au pic un filon tenace de roche.

Jésus regarde le malheureux qui a été frappé et celui qui l'a frappé. Deux regards d'une même mais différente pitié. Et d'une tristesse si profonde qu'elle me rappelle certains regards du Christ pendant la Passion. Mais que peut-il faire ? Impuissant à intervenir, il reprend son chemin avec le poids des malheurs qu'il a vus, pour Lui alourdir le cœur.

Mais de Gamala descendent vivement des habitants, des notables certainement, et ils rejoignent Jésus qu'ils saluent profondément en l'invitant à entrer dans la ville pour parler aux habitants qui pour leur compte sont en train d'arriver par bandes.

"Vous, vous pouvez aller où vous voulez. Eux (et il indique les travailleurs) ne le peuvent pas. L'heure est encore fraîche et la position nous garantit du soleil. Allons près de ces malheureux pour qu'eux aussi ils aient la Parole de Vie" répond Jésus. Et il s'y dirige le premier en revenant sur ses pas, et puis il prend un sentier accidenté qui va exactement en dessous de la montagne, là où le travail est le plus pénible. Il se tourne alors vers les notables et il leur dit : "S'il est en votre pouvoir de le faire, commandez que le travail soit suspendu."

"Certainement que nous le pouvons! C'est nous qui payons et, si nous payons des heures creuses, personne ne pourra se plaindre" disent les gens de Gamala et ils vont parlementer avec ceux qui dirigent les travaux. Je vois ces derniers qui après un moment haussent les épaules comme pour dire : "Si la chose vous plaît, à nous elle ne nous importe pas." Et puis ils sifflent pour les équipes un signal de repos.

Jésus, pendant ce temps, a parlé avec d'autres de Gamala. Je les vois faire un signe d'assentiment et retourner rapidement vers la ville.

Les travailleurs accourent craintifs autour des surveillants. "Cessez le travail. Le bruit gêne le philosophe" ordonne l'un d'eux, peut-être leur chef.

Les travailleurs regardent avec des yeux fatigués celui qu'on nomme le "philosophe" et qui leur fait cadeau d'un arrêt de travail. Et ce "philosophe", en les regardant avec pitié, répond à leurs regards et aux paroles du surveillant en disant : "Le bruit ne me dérange pas, mais je souffre de leur misère. Venez, fils. Reposez vos membres et surtout votre cœur près du Christ de Dieu."

Peuple, esclaves, condamnés, apôtres, disciples se pressent dans l'espace libre entre le mont et les tranchées, et ceux qui ne trouvent pas de place grimpent en haut des plus hautes tranchées ou s'installent sur des rochers renversés sur le sol, et les moins chanceux se résignent à aller sur la route où déjà arrivent les rayons du soleil. Et toujours d'autres gens arrivent de Gamala, ou s'arrêtent d'autres qui venant d'ailleurs se dirigeaient vers Gamala.

Une foule nombreuse, et au milieu d'elle se fraient un passage ceux qui étaient partis un peu auparavant. Ils portent des paniers et de lourds récipients. Ils se fraient un chemin jusqu'à Jésus qui a ordonné aux apôtres d'amener les travailleurs au premier rang. Ils déposent paniers et amphores aux pieds de Jésus.

"Donnez-leur les offrandes de la charité" commande Jésus.

"Ils ont déjà eu leur nourriture, il reste encore du pain et de l'eau vinaigrée. S'ils mangent trop, ils sont alourdis pour le travail" crie un surveillant.

Jésus le regarde et répète l'ordre : "Donnez-leur une nourriture d'hommes, et apportez-moi leur nourriture."

Les apôtres, aidés de volontaires, exécutent l'ordre.

Leur nourriture ! Une espèce de croûte noire, dure, dont les animaux ne voudraient pas et un peu d'eau vinaigrée. Voilà la nourriture de ces forçats ! Jésus regarde cette misérable nourriture et il la fait mettre de côté contre la montagne. Il regarde ceux qui devaient la consommer : des corps sous-alimentés, dans lesquels les muscles seulement, surdéveloppés par des fatigues anormales, résistent avec leurs faisceaux de fibres en saillie sur la peau flasque, yeux fébriles et apeurés, bouches avides jusqu'à montrer un appétit animal quand ils mordent dans la nourriture excellente, abondante, inattendue, quand ils boivent du vin, du vrai vin, fortifiant, frais...

Jésus attend patiemment qu'ils finissent leur repas et il n'a pas beaucoup à attendre car l'avidité est telle que tout est bientôt fini.

Jésus ouvre les bras avec son geste habituel qui annonce qu'il va parler, pour attirer l'attention et imposer le silence. Il dit : "En cet endroit, quelle chose admirent les yeux de l'homme ? Des vallées creusées plus profondément que la nature ne les avait faites, des collines créées avec des massifs et des terre-pleins fabriqués par l'homme, des routes sinueuses et qui pénètrent dans la montagne comme des tanières d'animaux. Et tout cela, pourquoi ? Pour arrêter un danger dont on ne sait d'où il peut venir, mais que l'on sent menaçant comme un nuage de grêle dans un ciel orageux.

Ici, en vérité, on s'apprête humainement, avec des forces humaines et des moyens humains, et même inhumains, à se défendre et à préparer des moyens d'attaque, oublieux des paroles du Prophète qui enseigne à son peuple comment on peut se défendre des malheurs humains grâce à des moyens surhumains, les plus efficaces. Il crie : "Consolez-vous... consolez Jérusalem car son esclavage est fini, son iniquité est expiée, car elle a reçu de la main du Seigneur le double de ses péchés" Et après la promesse, il dit quel chemin il faut suivre pour la traduire en réalité : "Préparez les chemins du Seigneur, redressez dans la solitude les sentiers de Dieu Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée, les voies tortueuses deviendront droites, celles qui sont raboteuses deviendront planes .Alors apparaîtra la gloire du Seigneur et tous les hommes, sans exception, la verront, car la bouche du Seigneur a parlé". Paroles reprises par l'homme de Dieu : Jean le Baptiste, et que seule la mort a éteint sur ses lèvres.

Voilà, ô hommes, la véritable défense contre les malheurs de l'homme. Non pas les armes contre les armes, la défense contre l'attaque, non pas l'orgueil, non pas la férocité. Mais les armes surnaturelles, les vertus conquises dans la solitude, c'est-à-dire à l'intérieur de l'individu seul avec lui-même, qui travaille pour se sanctifier en élevant des montagnes de charité, en abaissant des cimes d'orgueil, en redressant les chemins tortueux de la concupiscence, en enlevant du chemin l'obstacle de la sensualité. Alors apparaîtra la gloire du Seigneur, et l'homme sera défendu par Dieu contre les embûches des ennemis spirituels et matériels. Que voulez-vous que ce soit quelques tranchées, quelques glacis, quelques fortifications, contre le châtiment de Dieu attiré par l'iniquité ou même seulement par la tiédeur de l'homme ? Contre ces châtiments qui s'appelleront : romains, comme ils se sont appelés autrefois babyloniens, ou philistins, ou égyptiens, mais qui en réalité sont une punition divine, et cela seulement, et punition attirée par trop d'orgueil, de sensualités, de cupidité, de mensonges, d'égoïsmes, de désobéissances à la Loi sainte du Décalogue. L'homme, même le plus fort, peut être tué par une mouche. La ville, même la mieux fortifiée, peut être prise quand pour l'un ou pour l'autre, il n'y a plus de protection de Dieu, quand cette protection est en fuite, chassée, à cause des péchés de l'homme ou de la ville.

Le Prophète dit encore : "Tout homme est comme de l'herbe et toute sa gloire comme la fleur d'un champ. L'herbe sèche, la fleur tombe dès que la touche le souffle du Seigneur".

Vous, de par ma volonté, regardez aujourd'hui avec pitié ces hommes que jusqu'à hier vous aviez regardés comme des machines astreintes au travail par vous. Aujourd'hui, parce que je les ai placés, frères parmi les frères, pauvres au milieu de vous qui êtes riches et heureux, vous les voyez aujourd'hui pour ce qu'ils sont : des hommes. Le mépris et l'indifférence sont tombés de beaucoup de cœurs et la pitié y est entrée. Mais allez plus au fond, au-delà de la chair accablée. En son intérieur, en leur intérieur, il y a une âme, une pensée, des sentiments, comme en vous. Autrefois ils ont été comme vous : sains, libres, heureux. Par la suite ils ne l'ont plus été, car si la vie de l'homme est comme l'herbe qui sèche, encore plus fragile est son bien-être. Ceux qui aujourd'hui sont sains peuvent demain être malades; ceux qui aujourd'hui sont libres peuvent demain être esclaves; ceux qui aujourd'hui sont heureux demain peuvent être malheureux.

Parmi eux, il y a certainement des coupables. Mais ne jugez pas leur faute et ne vous réjouissez pas de leur peine. Demain, pour de multiples causes, vous pourriez vous aussi être coupables et astreints à une dure expiation. Soyez donc miséricordieux, car vous ne connaissez pas votre lendemain, qui pourrait avoir besoin de toute la miséricorde divine et humaine tant il pourrait être différent du jour présent. Soyez portés à l'amour et au pardon. Il n'y a pas d'homme sur la Terre qui n'ait pas besoin du pardon de Dieu et de quelqu'un de ses semblables. Pardonnez donc pour que l'on vous pardonne.

Le Prophète dit encore : "L'herbe sèche, la fleur tombe, mais la parole du Seigneur reste éternellement". Voici l'arme et la défense : la Parole éternelle devenue la loi de votre action

Elevez ce rempart véritable contre le danger qui vous menace et vous serez sauvés. Accueillez par conséquent la Parole, Celui qui vous parle, mais ne l'accueillez pas matériellement pour une heure dans les murs de la ville, mais bien dans votre cœur, pour toujours, car je suis Celui qui sait et qui agit, et dirige puissamment. Et je suis le bon Berger qui fait paître le troupeau qui se fie à Lui, et ne néglige personne, ni celui qui est petit, ni celui qui est las, ni celui qui est blessé ou frappé par le sort, ni celui qui pleure ses erreurs, ni celui qui, riche et heureux, néglige tout pour la vraie richesse et le vrai bonheur : celui de servir Dieu jusqu'à la mort.

L'Esprit du Seigneur est sur Moi car le Seigneur m'a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux doux, guérir les cœurs brisés, prêcher la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers. Et on ne peut dire de Moi que je suis un fauteur de troubles, car je ne pousse pas à la révolte et je ne conseille pas de s'évader aux esclaves et aux prisonniers, mais à l'homme enchaîné, à l'homme asservi, j'enseigne la vraie liberté, la vraie libération, celle qui ne peut être enlevée ni même limitée, celle qui grandit d'autant plus que l'homme s'y abandonne davantage : la liberté spirituelle, la libération du péché, la douceur dans la souffrance, de savoir reconnaître Dieu au-delà des hommes qui enchaînent, de savoir que Dieu aime celui qui l'aime et pardonne là où l'homme ne pardonne pas, de savoir espérer en un lieu éternel de récompense pour celui qui sait être bon dans son malheur, se repentir de ses péchés, être fidèle au Seigneur.

Ne pleurez pas vous à qui je m'adresse particulièrement. Je suis venu pour consoler, recueillir ceux qui sont rejetés, pour apporter la lumière dans leurs ténèbres, la paix à leurs âmes, pour promettre une demeure de joie à celui qui se repent comme à celui qui n'est pas coupable. Et il n'est pas de passé qui empêche ce Présent qui attend au Ciel ceux qui savent servir le Seigneur dans la situation où ils se trouvent.

Il n'est pas difficile, ô pauvres enfants, de servir le Seigneur. Il vous a donné une manière facile de le servir car Il veut vous avoir heureux au Ciel. Servir le Seigneur, c'est aimer. Aimer la volonté de Dieu parce que vous aimez Dieu. La volonté de Dieu se cache même sous les choses les plus apparemment humaines. Car - je parle à vous qui peut-être avez versé le sang de vos frères - car si ce n'était certainement pas la volonté de Dieu que vous soyez violents, maintenant c'est sa volonté que dans l'expiation vous vous acquittiez de vos dettes envers l'Amour. Car, si ce n'était pas la volonté de Dieu que vous vous révoltiez contre les ennemis, c'est maintenant sa volonté que vous soyez humbles, comme autrefois vous avez été orgueilleux pour votre malheur. Car, si ce n'était pas la volonté de Dieu que frauduleusement, en grand ou en petit, vous vous appropriez ce qui ne vous appartenait pas, c'est maintenant la volonté de Dieu que vous soyez punis pour ne pas arriver à Dieu avec votre péché sur le cœur.

Et ils ne doivent pas l'oublier ceux qui sont heureux maintenant, ceux qui se croient en sécurité, ceux qui, à cause de cette sotte assurance, ne préparent pas en eux le Royaume de Dieu, et qui seront à l'heure de l'épreuve comme des enfants éloignés de la maison du Père, à la merci de la tempête, sous le fouet de la douleur.

Tous, agissez avec justice et levez les yeux vers la Maison paternelle, vers le Royaume des Cieux. Quand il aura eu ses portes grandes ouvertes par Celui qui est venu les ouvrir, il ne refusera pas d'accueillir quiconque aura atteint la justice.

Mutilés dans votre chair, estropiés, eunuques; ou mutilés en votre esprit, estropiés, eunuques pour vos puissances spirituelles, exclus en Israël, ne craignez pas de ne pas avoir de place dans le Royaume des Cieux. Les mutilations, les déformations, les infirmités de la chair cessent avec la chair. Ce qui atteint le moral, comme la prison et l'esclavage, cesse aussi un jour; ce qui atteint l'esprit, le fruit des fautes passées, se répare par la bonne volonté. Les mutilations matérielles ne comptent pas aux yeux de Dieu, les spirituelles s'annulent à ses yeux quand elles sont couvertes par un repentir plein d'amour.

Le fait d'être étranger au Peuple saint n'est plus un obstacle pour servir le Seigneur car le temps est venu où les frontières de la Terre disparaissent devant l'Unique Roi, le Roi de tous les rois et peuples, qui réunit tous les peuples en un seul pour en faire son Peuple nouveau. Ce peuple duquel il n'y aura d'exclus que ceux qui cherchent à tromper le Seigneur par une obéissance mensongère à son Décalogue, que tous les hommes de bonne volonté peuvent suivre, qu'ils soient hébreux, gentils ou idolâtres. Car là où il y a bonne volonté, il y a tendance naturelle à la justice, et celui qui tend à la justice ne trouve pas de difficulté à adorer le Dieu vrai, quand il arrive à le connaître, à respecter son Nom, à sanctifier ses fêtes, à honorer ses parents, à ne pas tuer, à ne pas voler, à ne pas faire de faux témoignages, à n'être pas adultère ou fornicateur, à ne pas désirer ce qui ne lui appartient pas. Et si jusqu'à présent il ne l'a pas fait, que désormais il le fasse pour qu'il sauve son âme et conquière sa place au Ciel. Il est dit : "Je leur donnerai une place dans ma Maison s'ils respectent mon Pacte, et Je les rendrai heureux". Et cela est dit à tous les hommes de volonté sainte, car le Saint des Saints est le Père commun de tous les hommes.

J'ai parlé. Je n'ai pas d'argent pour eux et il ne leur serait pas utile. Mais je vous dis, à vous de Gamala, qui avez tant progressé sur le chemin du Seigneur depuis la première fois que nous nous sommes rencontrés, d'élever la défense la plus valable pour votre ville : celle de l'amour entre vous, et pour eux, en les secourant en mon Nom, pendant qu'ils peinent pour vous. Le ferez-vous ?"

"Oui, ô Seigneur" crie la foule.

"Eh bien, allons. Je ne serais pas entré dans vos murs si la dureté de vos cœurs avait répondu "non" à ma prière. Vous qui restez, soyez bénis... Allons..."

Il revient sur la route maintenant toute ensoleillée et monte à la ville construite pour ainsi dire en pleine roche comme une cité troglodyte, dotée pourtant de maisons bien tenues et d'un panorama splendide et varié suivant le point où l'on regarde, vers les monts de l'Auranitide, ou vers la Mer de Galilée, ou au loin vers le grand Hermon, ou du côté de la verte vallée du Jourdain. La ville est fraîche à cause de la manière dont elle est construite, et en altitude, et avec des rues abritées du grand soleil. Elle ressemble davantage à un immense château-fort, une suite de forteresses, tant les maisons à demi-murées, à demi-creusées dans la montagne, présentent cet aspect.

Sur la plus grande place, la plus élevée de toutes, le point culminant de la ville - où l’œil jouit d'un vaste horizon de montagnes, de forêts, de lacs, de fleuves - se trouvent les malades de Gamala. Et Jésus passe en les guérissant...


*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-147.htm
TOME : 6/147

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Gamala11
Gamala-synagogue


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 13 Nov - 7:15

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"De Gamala à Aféca"

Vision du 13 juillet 1946

Ils doivent avoir passé la nuit à Gamala, car maintenant c'est le matin, un matin venteux. Peut-être aussi à cause de sa construction et de sa disposition en terrasses qui descendent du haut de la ville jusqu'à la limite des remparts, massifs et pourvus de portes elles aussi, ferrées, vraies portes de forteresse, cette ville jouit de ce vent, si agréable en terre d'orient. Si elle m'a paru belle hier à l'heure où elle était ensoleillée, maintenant elle me paraît splendide. Les maisons, disposées comme elles le sont, n'empêchent pas la vue du vaste panorama. En effet la terrasse de l'une est au niveau du terrain de celle de la rue supérieure, de sorte que chaque rue est une longue terrasse d'où l'on peut voir l'horizon. C'est un horizon qui en haut de la montagne présente un panorama complet, qui plus bas se réduit à un demi-cercle mais toujours vaste et très beau. Au pied de la montagne, la couleur verte des forêts de chênes ou des campagnes forme un chaton d'émeraude au-delà du vallon aride qui entoure la montagne de Gamala. Puis, à l'orient, à perte de vue, les cultures du haut plateau, de l'acrocoro.

********************************
(Il me semble que l'on appelle ainsi ces vastes et basses surélévations de la croûte terrestre, mais si je me trompe, je vous prie de corriger en mon nom. Je n'ai pas le dictionnaire à portée de main et je suis seule dans ma pièce; impossible par conséquent d'avoir le dictionnaire qui se trouve sur le bureau à moins de trois mètres de moi. Je le dis pour. rappeler que celle qui écrit est crucifiée au lit.)

*****************************

Au-delà du haut plateau, les monts de l'Auranitide et plus loin encore, les plus hauts sommets du Basan; au sud, la bande fertile entre le Jourdain bleu et les hauteurs compactes et continues qui se trouvent à l'orient du fleuve et qui sont comme le contrefort du haut plateau; au nord les monts lointains de la chaîne libanaise sur laquelle trône l'imposant Hermon embelli de mille couleurs en cette heure matinale, et en bas, tout de suite à l'occident, la perle de la Mer de Galilée. C'est vraiment une perle, attachée à un sautoir bleu, d'un bleu différent du sien, du Jourdain à son entrée dans le lac et à sa sortie, plus clair à son entrée, plus foncé quand il reprend sa course vers le midi, brillant au soleil, tranquille entre ses rives vertes, vraiment biblique. Le petit lac de Méron, au contraire, ne se voit pas, caché derrière les collines qui sont au nord de Bethsaïda, mais on le devine à cause du vert nourri de la campagne qui l'entoure, qui ensuite se déploie au nord-ouest entre la Mer de Galilée et le lac de Méron; dans la plaine où s'élève Corozaïn. Il me semble avoir entendu dire autrefois par les apôtres que c'est la plaine de Génésareth.

Jésus prend congé des habitants qui, avec leur orgueil d'habitants des villes, s'empressent de Lui montrer les beautés de l'horizon et celles de leur ville, pourvue d'aqueducs, de thermes, de beaux édifices : "Tout cela est le fruit de notre peine et de notre argent. En effet nous avons été à l'école des romains et nous avons voulu leur emprunter des choses pratiques. Mais, nous ne sommes pas comme les autres de la Décapole, nous ! Nous payons, et eux, les romains, nous servent. Mais ensuite ! Rien d'autre. Nous sommes fidèles, nous. Même cet isolement c'est de la fidélité..."

"Faites que votre fidélité ne soit pas de pure forme, mais réelle, intime, juste. Autrement inutiles seraient vos travaux de défense. Je vous le répète. Vous voyez ? Vous avez construit cet aqueduc, solide, utile. Mais s'il n'était pas alimenté par une source lointaine, vous donnerait-il de l'eau pour les fontaines et les thermes ?"

"Non. Il ne donnerait rien. Ce serait une construction inutile."

"Vous l'avez dit : inutile. Pareillement les défenses naturelles ou matérielles sont inutiles si celui qui les fait construire ne les rend pas puissantes par l'aide de Dieu, et Dieu n'aide pas quand on n'est pas ses amis."


"Maître, tu parles comme si tu savais que nous avons beaucoup besoin de Dieu..."

"Tous les hommes ont besoin de Dieu et pour toute chose."

"Oui, Maître. Mais... il semble que nous, nous en ayons plus besoin que toutes les autres villes de Palestine et..."

"Oh !..." un oh ! si douloureux...

Les gens de Gamala le regardent interdits. Le plus hardi demande : "Que penses-tu ? Que nous connaîtrons encore les horreurs d'autrefois ?"

"Oui, et de plus graves encore, et plus longues... longues... oh ! ma Patrie ! Si longues... Et cela si elle n'accueille pas le Seigneur !"

"Nous t'avons accueilli. Nous sommes sauvés alors ! L'autre fois, nous avons été sots, mais tu as pardonné..."

"Faites en sorte de rester dans la justice d'aujourd'hui à mon égard, et de grandir dans la justice selon la Loi."

"Nous le ferons, Seigneur."

Ils voudraient le suivre encore et le retenir encore, mais Jésus veut rejoindre les femmes qui sont allées en avant sur des ânes, et il s'arrache à leur insistance en descendant rapidement par le chemin fait hier pour venir. Il ralentit seulement quand il est sur le chantier des travailleurs afin de lever la main pour bénir les malheureux qui le regardent comme s'ils regardaient Dieu.

La route, arrivée au pied de la montagne, bifurque en deux directions : l'une vers le lac, l'autre vers l'intérieur. C'est sur cette dernière que sont les quatre ânes qui trottent en soulevant la poussière de la route brûlée par l'été et en secouant leurs longues oreilles. De temps à autre, une des femmes se retourne pour voir si Jésus les rejoint, et elles voudraient s'arrêter pour être avec Lui, mais Jésus, de la main, leur fait signe de continuer pour échapper à l'accablement de la route découverte déjà envahie par le soleil, et d'arriver aux bois qui montent vers Aféca.

Bois frais qui entrelacent une voûte verte au-dessus de la route caravanière. Ils s'y enfoncent joyeusement en poussant un cri de soulagement. Aféca est beaucoup plus à l'intérieur que Gamala, dans les montagnes, aussi on ne voit plus le lac de Galilée. Et même, on ne voit plus rien car la route monte entre deux mamelons qui lui cachent la vue.

La veuve marche en avant pour indiquer le chemin le plus court, ou plutôt elle quitte la route caravanière pour un sentier qui grimpe à travers la montagne, encore plus frais et plus ombragé. Mais je comprends le motif de la déviation, quand se retournant sur sa selle. Sara dit : "Voilà : ces bois sont à moi. Des arbres de valeur. On vient en acheter de Jérusalem pour les coffres des riches. Et ceci ce sont les vieux arbres, mais, j'ai des plants toujours renouvelés. Venez. Voyez..." et elle pousse son âne en bas à travers les fossés, en haut sur les monticules, et puis de nouveau en bas en suivant le sentier à travers ses bois où en fait il y a des régions d'arbres adultes déjà bons à abattre et des régions d'arbustes tendres s'élevant parfois de quelques centimètres au-dessus de la terre, au milieu des herbes vertes, qui exhalent tous les parfums de la montagne.

"Ils sont beaux ces lieux, et bien tenus. Tu es sage" dit Jésus en en faisant l'éloge.

"Oh !... Mais pour moi seule... Plus volontiers j'en prendrais soin pour un fils..."

Jésus ne répond pas.

Ils continuent la route. Déjà on voit Aféca entourée de pommiers et d'autres arbres à fruits.

"Ce verger aussi est à moi. J'en ai trop pour moi seule !... C'était déjà trop quand j'avais mon époux et le soir, nous nous regardions dans la maison trop vide, trop grande, devant trop d'argent que nous procuraient trop de produits et nous disions : "Et pour qui ?" Et maintenant, je le dis plus encore..." Toute la tristesse d'un mariage stérile ressort des paroles de la femme.

"Des pauvres, il y en a toujours..." dit Jésus.

"Oh ! oui ! Et ma maison s'ouvre à eux chaque jour. Mais après ?..."

"Tu veux dire quand tu seras morte ?"

"Oui, Seigneur. Je souffrirai de laisser, à qui?... les choses dont j'ai pris tant de soin..."

Jésus a une ombre de sourire plein de compassion, mais il répond avec bonté : "Tu es plus sage pour les choses de la Terre que pour celles du Ciel, femme. Tu te préoccupes pour que tes arbres poussent bien et qu'il ne se forme pas de clairières dans tes bois. Tu t'affliges en pensant que par la suite l'on n'en prendra pas soin comme maintenant. Mais ces pensées sont peu sages, et même tout à fait sottes. Tu crois que dans l'autre vie ont de la valeur les pauvres choses que l'on nomme arbres, fruits, argent, maisons ? Et qu'il sera affligeant de les voir négligées ? Redresse ta pensée, femme. Là. ce ne sont pas les pensées d'ici, dans aucun des trois royaumes. Dans l'Enfer, la haine et la punition provoquent un aveuglement féroce. Dans le Purgatoire, la soif d'expiation anéantit toute autre pensée. Dans les Limbes, la bienheureuse attente des justes n'est profanée par aucune sensualité.

La Terre est au loin avec ses misères; elle n'est proche que pour ses besoins surnaturels, besoins des âmes, non besoins d'objets. Les trépassés, qui ne sont pas damnés, c'est seulement par amour surnaturel qu'ils tournent vers la Terre leurs esprits et vers Dieu leurs prières, pour ceux qui sont sur la Terre, pas pour autre chose. Et quand ensuite les justes entreront dans le Royaume de Dieu, que veux-tu que soit désormais, pour quelqu'un qui contemple Dieu, cette prison misérable, cet exil qui a pour nom : Terre ? Que peuvent être pour lui les choses qu'il y a laissées ? Le jour pourrait-il regretter une lampe fumeuse quand le soleil l'éclairé ?"

"Oh ! Non !"

"Et alors pourquoi soupires-tu après ce que tu laisseras ?"

"Mais je voudrais qu'un héritier continue de..."

"De jouir des richesses terrestres, pour y trouver un obstacle pour devenir parfait, alors que le détachement des richesses est une échelle pour posséder les richesses éternelles ? Vois-tu, ô femme ? Le plus grand obstacle pour obtenir cet innocent, ce n'est pas sa mère avec ses droits sur son fils, mais ton cœur. Lui c'est un innocent, un innocent triste, mais toujours un innocent qui à cause de sa souffrance elle-même est cher à Dieu. Mais si tu en faisais un avare, un cupide, peut-être un vicieux, à cause des moyens que tu as, ne le priverais-tu pas de la prédilection de Dieu ? Et pourrais-je, Moi qui ai soin de ces innocents, être un Maître inconséquent qui faute de réflexion laisse se dévoyer un innocent disciple ? Guéris-toi d'abord toi-même, dépouille-toi d'une humanité encore trop vive, libère ta justice de cette croûte d'humanité qui la déprime, et alors tu mériteras d'être mère. En effet n'est pas mère seulement celle qui engendre ou qui aime un fils adoptif et le soigne et le suit dans ses besoins de créature animale. Sa mère aussi l'a engendré, mais elle n'est pas mère car elle n'a soin ni de sa chair, ni de son esprit. On est mère quand surtout on se préoccupe de ce qui ne meurt plus, c'est-à-dire de l'esprit, et non seulement de ce qui meurt, c'est-à-dire de la matière. Et crois bien, ô femme, que celui qui aimera l'esprit aimera aussi le corps, parce qu'il aura un amour juste, et ainsi sera juste."

"J'ai perdu le fils, je le comprends..."

"Ce n'est pas dit. Que ton désir te pousse à la sainteté et Dieu t'exaucera. Il y aura toujours des orphelins dans le monde."

Ils sont aux premières maisons. Aféca n'est pas une ville qui puisse rivaliser avec Gamala ou Ippo. Elle est plutôt rurale qu'autre chose mais, peut-être parce qu'elle se trouve à un nœud de routes important, elle n'est pas pauvre. Lieu de passage des caravanes qui vont de l'intérieur au lac, ou du nord au sud, elle est obligée de s'équiper pour fournir aux pèlerins logements et vêtements, sandales et aliments, et ainsi il y a de nombreux magasins et de nombreuses auberges.

La maison de la veuve est près de l'une de celles-ci sur une place, et le rez-de-chaussée est occupé par un vaste magasin où il y a un peu de tout, géré par un vieillard au gros nez et barbu qui discute comme un possédé avec des acheteurs radins.

"Samuel !" appelle la femme.

"Maîtresse !" répond le vieillard en s'inclinant autant que le lui permettent les balles de marchandises entassées devant lui.

"Appelle Élie ou Philippe et rejoins-moi à la maison" commande la veuve et puis, s'adressant au Maître : "Viens, entre dans ma maison et sois-en l'hôte bienvenu."

Tout le monde entre en passant par le magasin pendant qu'un garçon qui est accouru emmène les ânes je ne sais où. A la suite du magasin, qui donne à la maison un aspect qui n'est pas trop artistique, il y a une belle cour avec des portiques sur deux côtés. Au milieu la fontaine, ou du moins un bassin car il n'y a pas de jet d'eau. Sur les côtés, des platanes robustes pour donner de l'ombre aux murs blanchis à la chaux. Un escalier monte à la terrasse, des pièces s'ouvrent sur les côtés sans portiques: les plus éloignés du magasin.

"Autrefois, du temps de mon époux, c'était plein ici et on y logeait des marchands surpris ici par la nuit. Les portiques pour les marchandises, des étables pour les animaux, et là-bas le bassin pour les abreuver. Viens dans les pièces" et elle traverse la cour en diagonale pour aller vers la partie la plus belle de la maison. Elle appelle : "Marie ! Jeanne !"

Deux servantes accourent, l'une avec les mains enfarinées, l'autre avec un balai à la main.

"Maîtresse, que la paix soit avec toi et avec nous, maintenant que tu es revenue."

"Et avec vous. Pas d'ennuis ces jours-ci?"

"Joseph, cet étourdi, a brisé le rosier que tu aimais tant. Je lui ai donné une bonne correction. Punis-moi, car j'ai été assez sotte pour l'en laisser approcher."

"Pas d'importance..." mais des larmes viennent aux yeux de Sara qui s'en explique en disant: "C'était mon époux qui me l'avait apporté au dernier printemps qu'il fut en bonne santé..."

"Élie s'est cassé une jambe, ce qui rend Samuel furieux parce que son aide lui fait défaut à cette époque de grands marchés... Il est tombé de l'échelle de l'autre côté, en se penchant pour que tu trouves les murs blanchis" dit l'autre femme et elle termine : "Il souffre beaucoup et il restera bancal. Et toi, maîtresse, as-tu été heureuse pendant ton voyage ?"

"Comme jamais je ne l'aurais espéré. Je reviens avec le Rabbi de Galilée. Vite ! Préparez pour ceux qui sont avec moi. Entre, Maître !"

Ils passent dans la maison devant les servantes stupéfaites.

Une pièce vaste, fraîche, dans la pénombre, avec des sièges et des coffres les accueille. Le veuve sort pour donner des ordres. Jésus appelle les apôtres afin de les envoyer dans la ville pour préparer les âmes à sa venue. Samuel entre, passé de vendeur en maître de maison. Les servantes le suivent avec des amphores et des bassins pour les ablutions avant le repas. On porte sur de larges plateaux : du pain, des fruits, du lait.

La maîtresse revient ; "J'ai dit à mon serviteur que tu es ici. Il te prie d'user de miséricorde envers lui, et moi, je t'en prie également. Pour les Tabernacles il passe beaucoup de gens ici. Et le principal passage tout de suite après la nouvelle lune de Tisri. Comment allons-nous faire, si lui est malade, je ne sais..."

"Dis-lui qu'il vienne ici."

"Impossible. Il ne peut se tenir debout."

"Dis-lui que le Rabbi ne va pas le trouver, mais qu'il veut le voir."

"Je le ferai porter par Samuel et Joseph."

"Il ne manquerait plus que cela ! Je suis vieux et fatigué" bougonne Samuel.

"Dis à Élie de venir sur ses jambes. C'est Moi qui le veux."

"Un pauvre rabbi ! Gamaliel lui-même n'en serait pas capable" bougonne encore le vieux serviteur.

"Tais-toi, Samuel !... Pardonne-lui, Maître ! C'est un serviteur fidèle. Il est né ici des serviteurs de la maison de mon époux, industrieux, honnête... mais entêté dans ses idées de vieil Israélite..." dit la veuve à voix basse pour l'excuser.

"Je comprends son esprit, mais le miracle le changera. Vas dire à Élie de venir, et il viendra."

La veuve va et revient : "Je lui ai dit. Mais je me suis enfuie pour ne pas le voir mettre sur le sol cette jambe toute noire et enflée."

"Tu ne crois pas au miracle ?"

"Moi, si. Mais cette jambe fait horreur... Je crains que la gangrène ne la pourrisse entièrement. Elle est luisante, luisante... horrible et... Oh !" L'interruption, l'exclamation, vient de ce qu'elle voit le serviteur Élie qui court mieux qu'un homme en bonne santé et va se jeter aux pieds de Jésus en disant : "Louange au Roi d'Israël."

"Louange à Dieu seul. Comment es-tu venu ? Comment as-tu osé ?"

"J'ai obéi. J'ai pensé : "Le Saint ne peut mentir et il ne peut commander des sottises. J'ai foi, je crois" et j'ai remué la jambe. Elle ne me faisait plus mal, elle remuait. Je l'ai posée par terre, elle me portait. J'ai fait un pas, je pouvais le faire. Je suis accouru. Dieu ne trompe pas ceux qui croient en Lui."

"Lève-toi, homme. En vérité je vous dis que peu de gens ont sa foi. De qui te vient-elle ?"

"De tes disciples qui sont passés ici pour te prêcher."

"Toi seul les as entendus ?"

"Non. Tous, car on les a reçus ici après la Pentecôte."

"Et toi seul tu as cru... Ton esprit est très avancé dans les voies du Seigneur. Continue..."

Le vieux Samuel se débat vivement entre des sentiments opposés... Mais, comme beaucoup en Israël, il ne sait pas se détacher du vieux pour le nouveau, et il se raidit en disant : "Magie ! Magie ! Il est dit : "Que mon peuple ne se contamine pas avec les mages et les devins. Si quelqu'un le fait, Je détournerai de lui mon visage et Je l'exterminerai" . Tremble, ô maîtresse, d'être infidèle aux lois !" et il s'en va, sévère, scandalisé comme s'il avait vu le démon installé dans la maison.

"Ne le punis pas, Maître ! Il est vieux ! Il a toujours cru ainsi..."

"Ne crains pas. Si je devais punir tous ceux qui m'appellent démon, beaucoup de tombeaux s'ouvriraient pour engloutir leur proie. Je sais attendre... Je parlerai vers le coucher du soleil...

Puis je quitterai Aféca. J'accepte maintenant de m'arrêter sous ton toit."

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-148.htm
TOME : 6/148

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Le Site de Gamala avec ses ruines en terrasses


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 14 Nov - 7:56

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

"à Aféca"

Vision du lundi 15 juillet 1946

Jésus parle aux gens d'Aféca du seuil du magasin de Sara. Il s'adresse à une foule très variée, plus curieuse qu'attentive. Les hébreux y sont les moins nombreux car la plus grande partie sont des gens de passage, marchands, pèlerins, les uns allant vers le lac, d'autres qui s'apprêtent à descendre au gué de Jéricho, d'autres qui viennent de villes orientales et vont vers celles de la mer.

Pour le moment, ce n'est pas un vrai discours mais des réponses de Jésus à celui-ci, à celui-là, un dialogue que cependant tous écoutent, bien qu'avec des sentiments divers, que fait bien voir l'expression des visages et les remarques de ceux qui sont là, et d'après lesquelles je comprends qui ils sont et où ils se dirigent. Le dialogue parfois change de ton et de personnages, car en laissant de côté Jésus, il devient une discussion entre ceux qui sont là pour des raisons de races ou des différences de pensée.

C'est ainsi qu'un vieil homme de Joppé s'en prend à un marchand de Sidon qui défend le Maître contre l'incrédulité des juifs qui ne veulent pas admettre que Jésus soit l'Attendu des nations. Et c'est un flot de citations scripturaires appliquées à tort et à travers, combattues par la simple affirmation du syro-phénicien : "Moi, je ne me soucie pas de ces paroles, mais je dis que c'est Lui, car j'ai vu ses miracles et entendu ses paroles." La discussion s'étend car d'autres y prennent part. Les adversaires du Christ crient : "C'est Belzébuth qui l'aide, ce n'est donc pas le Saint de Dieu. Ce dernier est un roi, ce n'est pas un faux rabbi, ni un mendiant", et ceux qui pensent comme le sidonite disent : "Les sages sont pauvres parce qu'ils sont honnêtes. Ils ne sont pas cousus d'or et autoritaires comme vos faux rabbis et prêtres." On comprend qu'ils parlent ainsi car ce ne sont pas des hébreux, mais des gentils de différentes nations qui se trouvent incidemment en Palestine, ou naturalisés là, tout en gardant l'esprit païen.

"Sacrilèges !"

"C'est vous qui êtes des sacrilèges, vous qui ne voyez même pas la divinité de sa pensée" répondent certains.

"Vous ne méritez pas de l'avoir. Mais par Zeus ! Nous avons méprisé Socrate, et cela ne nous a pas réussi. Je vous dis : attention à vous. Attention à vous pour que les dieux ne vous frappent pas comme nous l'avons été de très nombreuses fois" crie quelqu'un, certainement un grec.

"Hou ! les défenseurs du roi d'Israël ! Des gentils !"

"Et des samaritains ! Et nous nous vantons de l'être, car nous saurons mieux que vous garder le Rabbi, s'il vient en Samarie. Mais vous... Vous avez fait le Temple. Très beau, mais c'est un tombeau rempli de fumier bien que vous l'ayez couvert d'or et de marbres précieux" crie des extrémités de la foule un personnage de grande taille, vêtu de lin, avec des volants et des broderies, des bandes à la ceinture, des rubans, des bracelets...

"Hou ! un samaritain !" Il semble qu'ils disent : "le diable" tant les hébreux intransigeants crient d'horreur en s'écartant comme d'un lépreux, et en le fuyant ils crient à Jésus : "Chasse-le ! C'est un immonde !..."

Mais Jésus ne chasse personne. Il cherche à imposer l'ordre et le silence, et les apôtres avec Lui, sans grand succès. Alors pour mettre fin aux disputes, il commence sa prédication.

"Quand le peuple de Dieu, après la mort de Marie à Cadès[1]. se révolta dans le désert à cause du manque d'eau et cria contre Moïse, son sauveur et son conducteur de la terre du péché à la terre de la promesse, comme s'il était un fou destructeur, et insulta Aaron comme un prêtre inutile, Moïse entra avec son frère dans le tabernacle et ils parlèrent au Seigneur en exigeant un miracle pour faire cesser la médisance. Le Seigneur n'est pas tenu de céder à toute requête, surtout si elle est violente et provient d'esprits qui ont perdu la sainte confiance dans la Providence paternelle, cependant Il parla à Moïse et à Aaron. Il aurait pu aussi parler uniquement à Moïse puisque Aaron, bien qu'il fût Grand Prêtre, avait démérité un jour de la bonté de Dieu en adorant l'idole. Mais Dieu voulut l'éprouver encore et lui donner manière de croître en grâce aux yeux de Dieu. Il ordonna donc de prendre la verge d'Aaron, déposée dans le Tabernacle après avoir fleuri en pétales bien ouverts et avoir donné des amandes, et d'aller avec elle parler à la pierre, et que la pierre donnerait de l'eau pour les hommes et les animaux. Et Moïse, avec Aaron, fit ce que le Seigneur ordonnait, mais tous les deux ne surent pas croire complètement au Seigneur et celui qui crut le moins, ce fut le Prêtre Suprême d'Israël: Aaron. Le rocher, frappé par la verge, s'ouvrit et fit jaillir assez d'eau pour désaltérer le peuple et les bêtes et cette eau fut appelée eau de Contradiction[2], parce que là les Israélites discutèrent avec le Seigneur et critiquèrent ses actions et ses ordres et tous ne furent pas fidèles de la même façon mais, au contraire, en commençant par le Souverain Prêtre, se manifesta et commença le doute sur la vérité des divines paroles. Et Aaron fut ensuite enlevé des vivants sans avoir pu atteindre la Terre Promise

Maintenant aussi le peuple manifeste contre le Seigneur en disant : "Tu nous a amenés à mourir comme peuple et comme individus sous la domination des oppresseurs". Et à Moi il crie : "Fais-toi roi et délivre-nous". Mais de quelle libération parlez-vous ? De quel châtiment ? De choses matérielles ? Mais dans les choses matérielles il n'y a ni salut ni châtiment ! Un châtiment bien plus grand et une libération bien plus grande est à la portée de votre libre vouloir, et vous pouvez choisir. Dieu vous l'accorde.

Cela je le dis pour les Israélites qui sont présents, pour eux qui devraient savoir lire les figures de l'Écriture et les comprendre. Mais puisque j'ai pitié de mon peuple dont je suis le Roi spirituel, je veux vous aider à comprendre au moins une figure pour vous aider à comprendre qui je suis.

Le Très-Haut dit à Moïse et à Aaron: "Prenez la verge et parlez au rocher et des fleuves jailliront pour la soif du peuple, afin qu'il ne se lamente plus". Au Prêtre Éternel, le Très-Haut a dit encore une fois, pour mettre fin aux lamentations de son peuple: "Prends la verge bourgeonnée de la race de Jessé, et une fleur en sortira que n'aura pas touchée la boue humaine, et elle deviendra un fruit d'amande doux et plein d'onction. Et avec elle, amande de la racine de Jessé avec son bourgeon admirable sur lequel reposera l'Esprit du Seigneur avec ses sept dons, frappe la pierre d'Israël pour qu'elle produise une eau abondante pour son salut".

Le Prêtre de Dieu est l'Amour lui-même. Et l'Amour a produit une Chair en faisant sortir son bourgeon de la racine de Jessé que la fange n'avait pas nourrie, et la Chair était celle du Verbe Incarné, du Messie attendu, envoyé pour parler à la roche pour qu'elle se fendît, pour qu'elle fendît sa dure croûte d'orgueil et de cupidité et accueillît les eaux que le Seigneur a envoyées, les eaux qui jaillissent de son Christ, l'huile suave de son amour, pour devenir malléable, bonne, pour se sanctifier en accueillant en son cœur le don du Très-Haut à son peuple.

Mais Israël ne veut pas de l'Eau vive en son sein. Il reste fermé, dur, et surtout il reste tel dans la personne de ses grands contre lesquels la verge fleurie et chargée de fruits, grâce au seul pouvoir divin, frappe et parle inutilement. Et en vérité je vous dis que beaucoup de ce peuple n'entreront pas dans le Royaume alors que beaucoup qui ne sont pas de ce peuple y entreront, parce qu'ils auront su croire ce que les prêtres d'Israël ne veulent pas croire. C'est pour cela que je suis au milieu de vous comme un signe de contradiction et vous serez jugés d'après la manière dont vous saurez me comprendre.

Mais aux autres qui ne sont pas d'Israël, je dis : la maison de Dieu que fuient les fils de son peuple, est ouverte à ceux qui cherchent la Lumière. Venez, suivez-moi. Si j'ai été placé comme un signe de contradiction[3], je suis placé aussi comme un signe pour toutes les nations, et qui m'aimera sera sauvé."

"Tu aimes davantage les étrangers que nous. Si tu nous évangélisais nous finirions par t'aimer ! Mais tu es partout sauf en Judée" dit un juif touché par les paroles de Jésus.

"Je descendrai aussi en Judée et y ferai un long séjour, mais cela ne changera pas la pierre qui est dans le cœur de beaucoup. Elle ne changera même pas quand le Sang descendra sur la pierre. Tu es chef de synagogue, n'est-ce pas ?"

"Oui, comment le sais-tu ?"

"Je le sais. Eh bien, tu peux alors comprendre ce que je dis."

"Le sang ne doit pas tomber sur la pierre. C'est péché."

"Le Sang, vous le verserez avec joie sur la pierre, pour qu'il y reste. Et elle vous paraîtra un trophée de victoire la pierre sur laquelle on aura versé le Sang du véritable Agneau. Mais ensuite il viendra un jour où vous comprendrez... Vous comprendrez le vrai châtiment, et ce qu'était le vrai salut qui vous était offert. Allons..."

Un homme s'avance en bousculant : "Je suis syro-phénicien. Beaucoup d'entre nous croient en Toi, même sans t'avoir eu... et nous avons de nombreux malades... Ne vas-tu pas venir chez nous ?"

"Chez vous, non. Je n'ai pas le temps. Mais maintenant, après le sabbat, je vais aller vers vos frontières. Que celui qui a besoin de grâces attende dans le voisinage."

"Je le dirai aux compatriotes. Dieu soit avec Toi, Maître."

"Paix à toi, homme."

Jésus prend congé de la veuve, ou plutôt il le voudrait, mais elle s'agenouille et Lui fait connaître ce qu'elle a décidé : "J'ai décidé de laisser Samuel ici, il est meilleur comme serviteur que comme croyant, et de venir à Capharnaüm près de Toi."

"Je quitterai Capharnaüm bientôt, et pour toujours."

"Tu as là-bas de bons disciples, pourtant."

"C'est vrai."

"J'ai pris cette décision... De cette façon, je te donnerai la preuve que je sais me détacher des richesses et aimer avec justice. J'emploierai l'argent qui s'entasse ici pour tes pauvres et je regarderai comme premier pauvre l'enfant, si vraiment la mère veut le garder tout en ne l'aimant pas. En attendant, voici" et elle offre une lourde bourse.

"Que Dieu te bénisse de ses bénédictions et de celles de tes bénéficiaires. Tu as beaucoup progressé en peu d'heures."

La femme rougit. Elle regarde tout autour d'elle, puis elle avoue : "Ce n'est pas moi qui ai fait des progrès. C'est ton apôtre qui m'a instruit. Celui-là, celui qui se cache derrière le jeune brun."

"Simon Pierre, le Chef des apôtres. Qu'est-ce qu'il t'a donc dit ?"

"Oh ! il m'a parlé si simplement et si bien ! Il s'est abaissé, lui apôtre, à m'avouer que lui aussi était comme moi, injuste dans ses désirs. Oh ! je ne le puis croire ! Mais que pourtant il s'est efforcé de devenir bon pour mériter ce qu'il désirait, et qu'il s'efforce de plus en plus de le devenir, pour ne pas faire un mal du bien qu'il a obtenu. Sais-tu, les choses que l'on dit entre nous, pauvres gens, elles se comprennent mieux... Je t'offense, Seigneur ?"

"Non, tu donnes gloire à Dieu par ta sincérité et la louange que tu donnes à mon apôtre. Fais comme il t'a conseillé et que Dieu soit toujours avec toi qui tends vers la justice."

Il la bénit et se dirige en tête vers le nord-ouest, sous les verts vergers agités par un vent soudain.

*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-149.htm
TOME : 6/149

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Aféca sur la carte , situé à droite du Lac et au dessous d' Ippo


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mer 18 Nov - 18:42

Bonjour à tous,

Je reprends ce sujet qui était cher au coeur de Maud.

Elle aimait profondément l'Oeuvre de Maria Valtorta et je pense que continuer ce fil lui ferait plaisir.

En union de prières avec elle, avec Maria Valtorta, et avec tous les saints du Ciel, qui nous aiment et nous protègent  Colombe

(Si quelqu'un veut s'y investir, qu'il n'hésite pas à me faire signe, tout le monde est la bienvenue pour continuer cette belle Oeuvre commencée par Maud).


Jésus dit :

“Ne vous attristez donc pas, vous tous qui pleurez. Ayez confiance en moi et confiez-moi le sort de vos êtres chers.

Le temps de cette terre est bref, mes enfants. Bientôt, je vous appellerai là où la vie dure. Soyez donc saints pour obtenir la vie éternelle, là où déjà vous attendent vos êtres chers ou où ils vous rejoindront après avoir purgé leur peine.

Votre séparation actuelle est brève comme heure qui passe. Après vient la réunification des esprits dans la Lumière et puis, la résurrection bienheureuse, grâce à laquelle vous jouirez, non seulement de l’union avec ceux que vous aimez, mais aussi de la vision de ces visages qui vous sont chers et dont la disparition vous fait pleurer comme si on vous avait volé votre joyau le plus cher.

Rien n’est changé, mes enfants. La mort ne vous sépare pas si vous vivez dans le Seigneur. Celui qui est allé au-delà de la vie terrestre n’est pas séparé de vous. Il ne peut l’être puisqu’il vit en moi comme vous vivez. Seulement, pour apporter une comparaison humaine, il s’est élevé des membres inférieurs à des parties plus hautes et nobles, et il vous aime donc avec plus de perfection parce qu’il est encore plus uni à moi et il tire sa perfection de moi. Seuls les damnés sont ‘morts’. Eux seuls. Mais les autres ‘vivent’.

Ils vivent, Maria. Comprends-tu ? Ils vivent. Ne pleure pas(*177). Prie. Je viendrai bientôt.

Comme le soir tombe, l’ouvrier se hâte de terminer sa journée pour aller ensuite content à son repos, après avoir eu une juste rétribution pour son travail. Lorsque pour une créature tombe le soir de sa vie sur terre, il faut aussi qu’elle se hâte de finir son travail pour mettre les dernières touches à l’œuvre presque terminée. Et les mettre avec joie, en pensant au repos qui est proche après tant de labeur et à la rétribution qui sera généreuse parce que le travail fut grand.

Je suis un Maître qui rétribue bien. Je suis un Père qui t’attend pour te récompenser. Je suis celui qui t’aime et qui t’a toujours aimée et qui t’aimera toujours. Pas une de tes larmes ne m’est inconnue et pas une ne restera sans récompense. Tiens-toi toujours plus en Moi et ne crains pas. Ne crains pas que je te laisse seule. Même quand je ne parle pas, je suis avec toi.

Toi, seule ? Oh ! Ne dis pas cela ! Ton Jésus est avec toi, et là où est Jésus est tout le paradis. Tu n’est pas seule. Marie n’était pas seule dans sa petite maison de Nazareth. Les anges entouraient sa solitude humaine. Toi, Maria, tu n’es pas seule. Tu m’as pour Père, tu as Marie pour Mère, tu as mes saints pour frères et les anges pour amis. Celui qui vit en moi a tout, ma fille.

Je ne te dis pas : ‘Ne pleure pas’. J’ai pleuré, moi aussi et Marie a pleuré. Mais je te dis : ‘Ne pleure pas de ces pleurs humains qui sont la négation de la foi et de l’espérance. Ne pleure jamais comme cela’.

Aie foi, non seulement dans les grandes choses de la Foi, mais aussi dans mes paroles secrètes. Elles sont de moi, tu peux en être certaine. Et aie espoir en mes promesses. Quand je viendrai te donner la Vie, tu verras que tu n’as pas perdu ceux que tu as pleurés. C’est celui qui meurt sans Jésus dans son cœur qui est perdu.

Reste en Jésus. Tu trouveras en lui tout ce que tu désires.

J’essuierai pour toujours chaque larme de tes yeux, comme je soulage maintenant chacune de tes douleurs, que je ne peux pas t’éviter puisque c’est utile à la gloire de ton Dieu et à la tienne.

L’hiver de la vie passe vite, ma colombe, et quand viendra le printemps éternel, je viendrai te couronner de fleurs et je t’enlèverai les épines que tu portas par amour pour moi.”

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458. Guérison spirituelle à Guerguesa, leçon sur les dons de Dieu, et retour à Capharnaüm.

Ancienne édition : Tome 6, chapitre 150.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 458.

Vision du mardi 16 juillet 1946

Jeudi 9 août 29
Guerguesa


      458.1 Ils arrivent au bord du lac, dans les environs immédiats de Guerguesa, quand le coucher rougissant du soleil fait place à un crépuscule violacé et paisible. La rive est bondée de personnes qui préparent les barques pour la pêche nocturne ou qui se baignent avec plaisir dans les eaux du lac, un peu agité par le vent qui le parcourt.

      On a vite vu et reconnu Jésus, de sorte que, avant même qu’il puisse entrer dans la ville, on sait qu’il est arrivé, ce qui suscite l’affluence habituelle des gens qui accourent pour l’entendre.

      Un homme se fraie un passage au milieu de la foule pour lui dire qu’on était venu le matin, de Capharnaüm, le chercher et lui demander de s’y rendre au plus tôt.

      « Cette nuit même. Je ne reste pas ici et, puisque nos barques ne s’y trouvent pas, je vous demande de nous prêter les vôtres.

      – Comme tu veux, Seigneur. Mais tu nous parleras avant de partir ?

      – Oui, et pour vous saluer aussi. Je vais bientôt quitter la Galilée… »

      458.2 Une femme en pleurs l’appelle du milieu de la foule, en suppliant qu’on la laisse passer et s’approcher du Maître.

      « C’est Arria, une païenne qui est devenue juive par amour. Tu as guéri une fois son mari [1], mais…

      – Je m’en souviens. Laissez-la passer ! »

      La femme s’avance et se jette aux pieds de Jésus en pleurant.

      « Qu’as-tu, femme ?

      – Rabbi ! Rabbi ! Aie pitié de moi ! Siméon… »

      Un homme de Guerguesa l’aide à parler :

      « Maître, il emploie mal la santé que tu lui as donnée. Son cœur est devenu dur, avide, et il ne semble même plus être israélite. Vraiment, sa femme est bien meilleure que lui, bien qu’elle soit née en terre païenne. Et sa dureté et son avidité lui attirent des rixes et des haines. Au cours d’une bagarre, il a été gravement blessé à la tête, et le médecin dit qu’il va probablement devenir aveugle.

      – Et que puis-je faire en pareil cas ?

      – Toi… guéris-le… Elle, tu le vois, est au désespoir… Elle a plusieurs enfants, et encore petits. La cécité de son époux ferait la misère de la maison… Il est vrai que c’est de l’argent mal gagné… Mais sa mort serait un malheur, car un mari est toujours un mari, et un père est toujours un père, même s’il faut s’attendre, au lieu d’amour et de pain, à des trahisons et des coups…

      – Je l’ai guéri une fois et je lui ai dit : “ Ne pèche plus. ” Il a péché davantage encore. N’avait-il pas promis de ne plus le faire ? N’avait-il pas fait vœu de ne plus être usurier et voleur si je le guérissais, de rendre ce qu’il avait mal acquis à qui il le pouvait et, en cas d’impossibilité, de l’employer pour les pauvres ?

      – Maître, c’est vrai, j’étais présent. Mais… l’homme manque de fermeté dans ses résolutions.

      – Tu as raison. Et ce n’est pas Siméon seulement. Nombreux sont ceux qui, comme le dit Salomon, ont deux poids et deux mesures, ainsi qu’une balance fausse [2], non seulement au sens matériel, mais aussi en ce qui concerne leurs jugements et leurs actions, ainsi que leur comportement envers Dieu. C’est encore Salomon qui dit : “ C’est une ruine pour l’homme de repousser ce qui est saint, et après avoir fait un vœu, de se rétracter. ” [3] Ceux qui agissent de la sorte sont trop nombreux…

      458.3 Femme, ne pleure pas, mais écoute et sois juste puisque tu as choisi une religion de justice. Que choisirais-tu, si je te proposais deux possibilités : soit guérir ton époux et le laisser vivre pour qu’il continuera à se moquer de Dieu et à accumuler les péchés sur son âme, soit le convertir, lui pardonner et le laisser mourir ? Choisis, et j’accomplirai ton souhait. »

      La malheureuse passe par un bien dur combat. L’amour naturel, le besoin d’un homme qui gagne sa vie — bien ou mal — pour ses enfants, la pousserait à demander la “ vie ”. Son amour surnaturel envers son époux la pousse à demander “ pardon et mort ”. Les gens se taisent, attentifs, émus, attendant sa décision.

      Finalement la pauvre femme se jette de nouveau sur le sol, s’accrochant au vêtement de Jésus comme pour y puiser de la force et elle gémit :

      « La vie éternelle… Mais aide-moi, Seigneur… »

      On dirait qu’elle meurt, tant elle baisse son visage contre terre.

      « Tu as pris le meilleur parti, sois-en bénie. Peu en Israël t’égaleraient en crainte de Dieu et en justice. Lève-toi. Allons le trouver.

      – Mais, Seigneur, vas-tu vraiment le faire mourir ? Et comment vais-je me débrouiller ? »

      Le côté humain ressort du feu de l’esprit comme le phénix de la mythologie ; elle souffre et s’effare humainement…

      « Ne crains rien, femme. Toi, moi, nous tous, nous confions tout au Père des Cieux et lui agira avec son amour. Es-tu capable de croire cela ?

      – Oui, mon Seigneur…

      – Alors, allons-y en récitant la prière de toutes les demandes et de tous les réconforts. »

      Et tout en marchant, entouré et suivi d’une foule nombreuse, il dit lentement le Notre Père. Le groupe des apôtres l’imite et, en un chœur bien harmonisé, les phrases de la prière s’élèvent au-dessus du bruit de la foule qui, prise par le désir d’entendre prier le Maître, se tait peu à peu, de sorte que l’on entend parfaitement les dernières demandes dans un silence solennel.

      « Le pain quotidien, le Père te le donnera. Je te le garantis en son nom » dit Jésus à la femme.

      Puis il poursuit, en s’adressant non pas à elle seule, mais à tous :

      « Et vos fautes vous seront pardonnées si vous pardonnez à ceux qui vous ont offensés et qui vous ont fait du tort. Ils ont besoin de votre pardon pour obtenir celui de Dieu. Et tous ont besoin de la protection de Dieu pour ne pas tomber dans le péché comme Siméon. Souvenez-vous-en. »

      458.4 Les voilà arrivés à la maison. Jésus y entre avec la femme, Pierre, Barthélemy et Simon le Zélote.

      L’homme, étendu sur une couche, le visage couvert de bandes et de linges mouillés, s’agite et délire. Mais la voix ou la volonté de Jésus le ramène à lui, et il s’écrie :

      « Pardon ! Pardon ! Je ne retomberai plus dans le péché. Ton pardon comme la dernière fois ! Mais guérir aussi, comme la dernière fois. Arria ! Arria ! Je te le jure, je serai bon. Je renonce à toute violence et fraude, je… »

      L’homme est prêt à tout promettre par crainte de la mort…

      « Pourquoi veux-tu cela ? » demande Jésus. « Pour expier ou parce que tu redoutes le jugement de Dieu ?

      – Cela, cela ! Mourir maintenant, non ! L’enfer !… J’ai volé. J’ai volé l’argent du pauvre ! J’ai menti. J’ai frappé le prochain et fait souffrir les miens. Oh !…

      – La peur n’est pas bonne. C’est le repentir qu’il faut, un repentir sincère et ferme.

      – La mort ou la cécité ! Ah ! quel châtiment ! Ne plus voir ! Les ténèbres ! Les ténèbres! Non !…

      – Si les ténèbres des yeux sont terribles, celles du cœur ne sont-elles pas plus horribles pour toi ? Et ne crains-tu pas celles de l’enfer, éternelles, atroces ? La privation continuelle de Dieu ? Les remords continuels ? La douleur de t’être tué toi-même, pour toujours, spirituellement ? N’aimes-tu pas ta femme ? N’aimes-tu pas tes enfants ? Et ton père, ta mère, tes frères, ne les aimes-tu pas ? Eh bien, tu ne penses pas que tu ne les auras plus avec toi, si tu meurs damné ?

      – Non ! Non ! Pardon ! Pardon ! Expier, ici, oui, ici… Même la cécité, Seigneur… Mais l’enfer, non… Que Dieu ne me maudisse pas ! Seigneur ! Seigneur ! Toi qui chasses les démons et pardonnes les fautes, ne lève pas la main pour me guérir, mais pour me pardonner et me délivrer du démon qui me tient… Pose la main sur mon cœur, sur ma tête… Délivre-moi, Seigneur…

      – Je ne puis faire deux miracles. Réfléchis. Si je te délivre du démon, je te laisserai la maladie…

      – Peu importe ! Sois le Sauveur.

      – Qu’il en soit comme tu veux. Sache profiter de cette grâce, c’est la dernière que je te fais. Adieu.

      – Tu ne m’as pas touché ! Ta main ! Ta main ! »

      Jésus le satisfait et met sa main sur la tête et sur la poitrine de l’homme, qui à cause de son pansement, aveuglé par ses bandages et sa blessure, tâtonne convulsivement pour saisir la main de Jésus et, après l’avoir trouvée, pleure sur elle, sans lui permettre de s’éloigner jusqu’à ce que, comme un enfant fatigué, il s’assoupisse, tenant encore la main de Jésus qu’il presse contre sa joue fiévreuse.

      Jésus dégage sa main avec précaution et sort sans bruit de la pièce, suivi de la femme et des trois apôtres.

      « Que Dieu te récompense, Seigneur. Prie pour ta servante.

      – Continue à grandir dans la justice, femme, et Dieu sera toujours avec toi. »

      Il lève la main pour bénir la maison et la femme, puis sort sur la route.

      458.5 Le ton monte dans la foule à cause de mille questions des curieux, mais Jésus fait signe de se taire et de le suivre. Il retourne vers la rive. La nuit descend lentement. Jésus monte dans une barque qui se balance près de la berge et c’est de là qu’il parle.

      « Non. Il n’est pas mort et il n’est pas guéri selon la chair. Son esprit a réfléchi sur ses fautes, il a changé sa manière de voir, et il a été pardonné parce qu’il a demandé l’expiation pour obtenir le pardon. Vous tous, aidez-le à poursuivre son chemin vers Dieu.

      Pensez que nous avons tous une responsabilité envers l’âme de notre prochain. Malheur à celui qui scandalise ! Mais malheur aussi à celui qui, par son attitude intransigeante, angoisse une personne qui vient tout juste de naître au bien en la repoussant avec inflexibilité du chemin sur lequel elle s’est engagée. Tous peuvent un peu servir de maître, et de bon maître pour leur prochain, et l’être d’autant plus que celui-ci est faible et ignore la sagesse du bien.

      Je vous exhorte à faire preuve de patience, de douceur et d’indulgence envers Siméon. Ne lui montrez pas de haine, de rancœur, de mépris ou d’ironie. Ne rappelez pas le passé, ni en vous, ni à lui. L’homme qui se relève après un pardon, un repentir, après un bon propos sincère, a une volonté, mais il a aussi le poids, l’héritage des passions, des habitudes du passé. Il faut savoir l’aider à s’en libérer, et avec beaucoup de discrétion, sans faire allusion au passé. Ce serait de l’imprudence envers la charité et envers la personne.

      Rappeler sa faute au coupable repenti, c’est l’humilier. Sa conscience ranimée suffit à cela. Rappeler à la créature son passé, c’est provoquer le réveil des passions et parfois le retour aux passions dominées, un consentement. Dans le meilleur des cas, c’est attiser des tentations.

      Ne tentez donc pas votre prochain, soyez prudents et charitables. Si Dieu vous a épargné certains péchés, louez-le ; mais n’affichez pas votre justice pour mortifier celui qui n’a pas été juste. Sachez comprendre le regard implorant de l’homme repenti qui voudrait que vous oubliiez et qui, conscient que ce n’est pas le cas, vous supplie au moins de ne pas l’humilier par le rappel de son passé.

      Ne dites pas : “ Il a été lépreux dans l’âme ” pour justifier vos abandons. L’ancien lépreux est réadmis au sein du peuple, après les purifications qui suivent sa guérison. Qu’il en soit de même pour celui qui est guéri du péché. N’imitez pas ceux qui se croient parfaits, mais ne le sont pas, car ils ne font pas preuve de charité envers leurs frères. Mieux, soutenez de votre amour vos frères revenus à la grâce pour qu’un bon entourage empêche de nouvelles chutes.

      N’essayez pas d’être plus justes que Dieu, qui ne repousse pas le pécheur repenti, mais lui pardonne et le réadmet en sa compagnie. Et même si ce pécheur vous a causé un tort irréparable, n’en tirez pas vengeance maintenant qu’il n’est plus un puissant que l’on craint ; mais pardonnez et faites preuve de beaucoup de pitié, parce qu’il a été pauvre du trésor que tout homme peut obtenir si seulement il le veut : la bonté. Aimez-le, car, par la douleur qu’il vous a causée, il vous a donné un moyen de mériter une récompense plus grande au Ciel. Unissez à son moyen le vôtre : le pardon, et votre récompense deviendra encore plus grande dans le Ciel.

      Et ne méprisez personne, même s’il est d’une autre race. Vous voyez que, lorsque Dieu attire une âme, y compris celle d’un païen, il le transforme de telle manière qu’il surpasse en justice beaucoup de gens du peuple élu.

      Je m’en vais. Rappelez-vous maintenant et toujours ces paroles, ainsi que tout ce que je vous ai dit précédemment. »

      458.6 Pierre, qui était prêt, pousse la rame contre la rive et la barque s’en détache et commence à s’éloigner, avec les deux autres à la suite.

      Le lac, un peu agité, imprime du roulis aux embarcations, mais personne ne s’en effraie, car le trajet est court. Les fanaux rouges mettent sur les eaux sombres des taches de rubis et teignent de sang l’écume blanche.

      « Maître, cet homme va-t-il guérir ou non ? Je n’ai rien compris » demande Pierre, après un moment, sans lâcher la barre.

      Jésus ne répond pas. Pierre fait un signe à Jean qui est assis au fond de la barque aux pieds du Maître, la tête appuyée sur les genoux de Jésus. Et Jean répète la question à voix basse.

      « Il ne guérira pas.

      – Pourquoi, Seigneur ? Je croyais, d’après ce que j’avais entendu, qu’il devrait guérir pour expier.

      – Non, Jean. Il pécherait de nouveau, car c’est une âme faible. »

      Jean repose sa tête sur les genoux de Jésus en disant :

      « Mais toi, tu pouvais le rendre fort… »

      Il semble faire un doux reproche.

      Jésus sourit en passant les doigts dans la chevelure de son Jean, puis, élevant la voix de façon que tous l’entendent, il donne la dernière instruction du jour :

      « En vérité, je vous dis que, pour accorder une grâce, il faut savoir tenir compte de son opportunité. La vie, la prospérité, un enfant, ne sont pas toujours un don ; même une guérison n’en est pas forcément un. Tout cela devient et reste don, quand celui qui le reçoit sait en faire un bon usage et pour des fins surnaturelles de sanctification. Mais lorsque la santé, la prospérité, des affections, une mission, aboutissent à la ruine de l’âme, mieux vaudrait ne les avoir jamais reçues. Et parfois Dieu fait le plus grand don qu’il puisse faire en n’accordant pas ce que les hommes voudraient ou penseraient juste d’avoir comme quelque chose de bon. Le père de famille ou le médecin sage savent ce qu’il convient de donner aux enfants ou aux malades pour que leur état n’empire pas ou pour qu’ils restent en bonne santé. Pareillement, Dieu sait ce qu’il faut donner pour le bien d’une âme.

      – Alors cet homme va mourir ? Malheureuse maison !

      – Serait-elle donc plus heureuse si un réprouvé l’habitait ? Et lui, serait-il plus heureux si, en vivant, il continuait à pécher ? En vérité, je vous dis que la mort est un don quand elle sert à éviter de nouveaux péchés et qu’elle prend l’homme pendant qu’il est réconcilié avec son Seigneur. »

      458.7 La quille grince déjà sur les hauts-fonds de Capharnaüm. Pierre dit :

      « Il était temps. Cette nuit, la bourrasque. Le lac bout, le ciel est sans étoiles, noir comme de la poix. Vous entendez, derrière les montagnes ? Vous voyez cette clarté ? Tonnerre et éclairs, bientôt de l’eau. Vite ! Mettez en lieu sûr les barques qui ne nous appartiennent pas ! Les femmes et l’enfant, partez avant qu’il ne pleuve. »

      Puis il crie à d’autres pêcheurs qui retirent leurs filets et leurs paniers :

      « Ohé ! Donnez-nous un coup de main ! »

      A force de bras, on remonte la barque bien haut sur la plage, pendant que les premières vagues viennent gifler leurs membres à demi-nus et pousser les cailloux de la rive.

      Puis ils se dirigent au pas de course vers la maison, tandis que les premières grosses gouttes soulèvent la poussière de la terre brûlée, en dégageant de fortes odeurs. Les éclairs zèbrent déjà le ciel au-dessus du lac, tandis que le tonnerre emplit de son fracas la coupe que forment les collines des rives.

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Jeu 19 Nov - 20:58

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

459. Pardon accordé à Samuel de Nazareth, et leçon sur les mauvaises amitiés

Ancienne édition : Tome 6, chapitre 151.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 459.

Vision du mercredi 17 juillet 1946

Vendredi 10 août 29
Capharnaüm


      459.1 « Dans la chambre du haut, il y a des hommes de Nazareth. Et hier, tes frères sont venus te chercher, puis des pharisiens et de nombreux malades. Et aussi quelqu’un d’Antioche, annonce Judas dès qu’il voit Jésus entrer dans la maison.

      – Sont-ils donc repartis ?

      – Non, celui d’Antioche est allé à Tibériade, mais il revient après le sabbat. Les malades sont répartis dans les maisons, et les pharisiens, en les entourant de beaucoup d’honneurs, ont voulu que tes frères soient présents. Ils sont tous les hôtes de Simon le pharisien.

      – Oh ! la ! là !… gémit Pierre.

      – Qu’est-ce que tu as ? Tu n’es pas content qu’ils honorent le Maître dans la personne de ses parents ? demande Judas.

      – Oh ! s’il s’agit vraiment d’honneur et de rencontre utile… j’en suis très heureux !

      – Se méfier, c’est juger. Le Maître ne veut pas que l’on juge.

      – Mais oui ! Mais oui ! Pour être sûr, je vais attendre pour me faire une opinion. Ainsi, je ne serai ni naïf ni pécheur.

      – Montons trouver les Nazaréens. Demain, nous irons voir les malades » dit Jésus.

      Judas se tourne vers Jésus :

      « Tu ne peux pas, c’est le sabbat. Veux-tu que les pharisiens te fassent des reproches ? Si tu ne penses pas à ton honneur, moi, j’y pense ! » lance très théâtralement Judas.

      Puis il ajoute :

      « Mais comme je comprends ton désir de guérir tout de suite ceux qui te cherchent, nous pouvons y aller nous-mêmes. Nous imposerons les mains en ton nom et…

      – Non. »

      C’est un “ non ” tellement sec qu’il n’admet aucune discussion.

      « Tu ne veux pas que nous accomplissions un miracle ? Tu veux le faire toi-même ? Eh bien… nous allons dire que tu es ici et que tu promets de les guérir. Ils seront déjà heureux…

      – Ce n’est pas nécessaire. Les pêcheurs nous ont vus, on sait donc que je suis ici. Et ils savent bien que je guéris ceux qui ont foi en moi, puisqu’ils sont venus me chercher. »

      Judas se tait, mécontent. Il a le visage fermé des mauvais jours.

      459.2 Jésus sort sans se soucier de l’averse que l’orage précipite sur la terre, et il monte à la chambre du haut. Il pousse la porte et entre, suivi des apôtres. Les femmes sont déjà là, en discussion avec les Nazaréens. Dans un coin se trouve un homme qui m’est inconnu.

      « Paix à vous.

      – Maître ! »

      Les Nazaréens s’inclinent, puis ils disent : “ Voici l’homme ”, en désignant l’inconnu.

      « Viens ici, ordonne Jésus.

      – Ne me maudis pas !

      – Pour cela, il n’était pas nécessaire que je t’appelle ici. Tu n’as rien d’autre à dire au Sauveur ? »

      Jésus est austère, mais en même temps encourageant.

      L’homme le regarde… Puis il éclate en sanglots et crie en se jetant sur le sol :

      « Si tu ne me pardonnes pas, je n’aurai pas de paix…

      – Quand je voulais te rendre bon, pourquoi ne l’as-tu pas voulu ? Maintenant, c’est tard pour réparer. Ta mère est morte.

      – Ah ! ne me dis pas cela. Tu es cruel !

      – Non. Je suis la Vérité. J’étais la Vérité quand je te disais que tu allais tuer ta mère. Je le suis encore. A cette époque, tu te moquais de moi. Pourquoi me recherches-tu maintenant ? Ta mère est morte. Tu as péché, et tu as continué, tout en sachant ce que tu faisais. Je te l’avais dit. C’est là une grande faute : tu as voulu pécher en repoussant la Parole et l’Amour. Pourquoi te lamenter si, maintenant, tu n’as pas de paix ?

      – Seigneur ! Seigneur ! Pitié ! J’étais fou et tu m’as guéri, j’ai espéré en toi, auparavant je désespérais de tous. Ne déçois pas mon espérance…

      – Et pourquoi désespérais-tu ?

      – Parce que… j’ai fait mourir ma mère de douleur… Même le dernier soir… elle était à bout… et je n’ai pas eu pitié… Je l’ai frappée, Seigneur ! »

      C’est un vrai cri de désespoir qui remplit la pièce.

      « Je l’ai frappée !… Elle est morte dans la nuit !… Et elle m’avait seulement demandé d’être bon… Ma mère ! Je l’ai tuée…

      – Il y a des années que tu l’as fait mourir, Samuel, à partir du moment où tu as cessé d’être un juste. Pauvre Esther ! Que de fois je l’ai vue pleurer ! Et quand elle me demandait une caresse de fils, à la place des tiennes… Et tu sais que ce n’était pas par amitié pour toi, qui es du même endroit [1] et du même âge que moi, mais par pitié pour elle que je venais chez toi… Je ne devrais pas te pardonner. Mais deux mères ont prié pour toi, et ton repentir est sincère. Je te pardonne donc. Par une vie honnête, efface du cœur de tes concitoyens le souvenir d’un Samuel pécheur, et retrouve ta mère. Tu le pourras si, par une vie de juste, tu conquiers le Ciel et ta mère avec lui. Mais rappelle-toi, rappelle-toi bien, que ton péché a été grand et que ta justice doit donc l’être dans la même proportion pour éteindre ta dette.

      459.3 – Ah ! Que tu es bon ! Pas comme celui de tes disciples qui est sorti aussitôt après être rentré, et qui est venu à Nazareth seulement pour me terroriser ! Eux peuvent le confirmer. »

      Jésus se retourne… Des apôtres, il manque uniquement Judas. C’est donc lui qui a maltraité Samuel. Que doit faire Jésus ? Pour éviter que l’on critique l’apôtre — comme apôtre sinon comme homme —, il dit :

      « Tout homme ne peut qu’être sévère à cause de ton péché. Quand on fait le mal, il faudrait réfléchir au fait que les hommes jugent, penser qu’on leur en donne l’occasion … Mais n’aie pas de rancœur. La mortification que tu as reçue, mets-la comme expiation sur la balance de Dieu. Allons. Ici, les justes sont joyeux de ta rédemption. Tu es parmi des frères qui ne te méprisent pas. Car, si tout homme peut pécher, il n’est méprisable que lorsqu’il persiste dans le péché.

      – Je te bénis, Seigneur. Je te demande pardon aussi pour toutes les fois où je t’ai méprisé… Je ne sais comment remercier… Tu sais ? La paix revient en moi. »

      Il pleure maintenant calmement…

      « Remercie ma Mère. Si tu es pardonné, si je t’ai guéri du délire pour te donner la possibilité du repentir, c’est grâce à elle. 459.4 Descendons. Le dîner est prêt et nous partagerons notre nourriture. »

      Et il sort en tenant l’homme par la main.

      En effet le repas est prêt, mais Judas n’est pas en bas non plus. Il n’est nulle part dans la maison. La maîtresse explique :

      « Il est sorti. Il a dit : “ Je reviens tout de suite. ”

      – C’est bien. Asseyons-nous et mangeons. »

      Jésus offre la nourriture, la bénit et la partage. Mais une ombre glaciale est dans la pièce, éclairée par deux lampes et le foyer. Au-dehors, l’orage continue…

      Judas revient, essoufflé, ruisselant comme s’il était tombé dans le lac. Bien qu’il ait relevé son manteau sur la tête, quand il le dépose tout mouillé à terre, ses cheveux paraissent raides et détrempés, collés aux joues, au cou. Tout le monde le regarde, mais personne ne parle.

      Lui veut s’excuser bien que personne ne lui demande rien :

      « J’ai couru chez tes frères pour leur dire que tu es ici. Je t’ai obéi, pourtant : je ne suis pas allé trouver les malades. D’ailleurs c’était impossible. Que d’eau ! Un vrai déluge !… Mais j’ai voulu sans tarder honorer ta famille… N’es-tu pas content, Maître ? Tu ne parles pas !…

      – Je t’écoute. Prends et mange. 459.5 Et en attendant d’aller nous reposer, parlons entre nous.

      Ecoutez : il est écrit de ne pas confier son cœur à l’étranger parce que nous ne connaissons pas ses habitudes. Mais pouvons-nous dire que nous connaissons le cœur d’un autre, même s’il est notre compatriote ? Le cœur d’un ami, d’un parent ? Il n’y a que Dieu qui connaisse parfaitement le cœur de l’homme, et l’homme n’a qu’un moyen de connaître le cœur de son semblable et de comprendre s’il est vraiment son compatriote, ou bien son véritable ami et son vrai parent.

      Quel est ce moyen ? Où se trouve-t-il ? Dans le prochain lui-même et en nous, dans ses actes et ses paroles, et dans le jugement droit que nous formons. Quand, dans les paroles du prochain, dans ses actes, ou dans les actions qu’il voudrait que nous fassions, nous nous rendons compte, par le jugement droit que nous formons, qu’il n’y a pas de bien, alors nous pouvons dire : “ II n’a pas le cœur bon, et je dois m’en méfier. ” Il faut le traiter avec charité, parce qu’il souffre du malheur le plus grave : avoir l’esprit malade. Mais il ne faut pas imiter ses actes, ni considérer ses paroles comme vraies et sages, et encore moins suivre ses conseils.

      Ne laissez pas cette orgueilleuse pensée vous détruire : “ Moi, je suis fort et le mal des autres n’entre pas en moi. Je suis juste et je le reste, même si j’écoute ceux qui sont injustes. ”

      L’homme est un abîme profond, et tous les éléments du bien et du mal sont en lui. Les premiers, les auxiliaires de Dieu, nous aident à grandir et à devenir rois ; les seconds, c’est-à-dire les passions et les mauvaises amitiés, peuvent devenir nuisibles à la vie de l’âme. Toutes les aspirations au bien et tous les germes du mal dorment en l’homme par la volonté aimante de Dieu, et par la volonté mauvaise de Satan qui suggestionne, qui tente, qui excite, alors que Dieu attire, réconforte, aime. Satan tente pour séduire. Dieu travaille pour conquérir. Et ce n’est pas toujours Dieu qui a la victoire, car la créature est lourde tant qu’elle ne fait pas de l’amour sa loi : à cause de sa pesanteur, elle descend et se laisse attirer plus facilement vers ce qui est assouvissement immédiat et par ce qu’il y a de plus bas en l’homme.

      Par ce que je dis de la faiblesse humaine, vous pouvez comprendre combien il est nécessaire de se méfier de soi-même et de faire grandement attention à notre prochain, pour ne pas unir le venin d’une conscience impure à ce qui fermente déjà en nous. Quand on comprend qu’un ami est la ruine de notre cœur, quand ses paroles troublent la conscience, quand ses conseils scandalisent, il faut savoir rompre cette amitié nuisible. En y restant fidèle, on finirait par périr spirituellement, parce qu’on en viendrait à des actes qui éloignent Dieu, qui empêchent la conscience endurcie de comprendre les inspirations de Dieu.

      Si un homme coupable de péchés graves pouvait, voulait parler, pour expliquer comment il en est venu à de telles fautes, on verrait qu’à l’origine il y a eu une amitié mauvaise…

      – C’est vrai ! reconnaît à voix basse Samuel de Nazareth.

      459.6 – Méfiez-vous de ceux qui, après vous avoir combattu sans raison, vous comblent tout à coup d’honneurs et de cadeaux.

      Méfiez-vous de ceux qui louent toutes vos actions et sont prêts à tous les éloges : en d’autres termes, ils louent le paresseux comme étant un bon travailleur, l’adultère comme étant un mari fidèle, le voleur comme étant honnête, le brutal comme étant un homme doux, le menteur comme étant sincère, le mauvais fidèle et le pire des disciples comme étant des modèles. Ils le font pour vous détruire et se servent de votre ruine pour leurs mauvais projets.

      Fuyez ceux qui veulent vous enivrer d’éloges et de promesses, pour vous faire commettre des actes que vous n’accepteriez pas de faire si vous n’étiez pas ivres.

      Et quand vous avez juré fidélité à quelqu’un, évitez de traiter avec ses ennemis ; ils ne peuvent vous fréquenter que pour nuire à celui qu’ils haïssent, et cela avec votre aide même.

      Ouvrez les yeux. J’ai dit : soyez simples comme des colombes, mais en même temps rusés comme des serpents. Car, pour traiter de questions spirituelles, la simplicité est sainte, mais pour vivre dans le monde sans se nuire à soi-même et à ses amis, il faut une ruse qui sache découvrir les fourberies de ceux qui haïssent les saints. Le monde est un nid de serpents. Sachez connaître le monde et ses combinaisons. Et puis, en restant des colombes, pas dans la boue où restent les serpents, mais à l’abri, en haut du rocher, ayez le cœur simple des enfants de Dieu. Et priez, priez car, en vérité je vous le dis, le grand Serpent siffle autour de vous : vous êtes en grand danger et celui qui ne veille pas, périra. 459.7Oui. Parmi les disciples, il y en aura qui périront, pour la plus grande joie de Satan et l’infinie douleur du Christ.

      – Qui donc, Seigneur ? Peut-être pas l’un des nôtres, un prosélyte, quelqu’un… qui n’est pas originaire de Palestine, ou qui…

      – Ne cherchez pas. N’est-il donc pas écrit que l’abomination entrera, comme elle l’a déjà fait, dans le lieu saint [2] ? Or, si on peut pécher même près du Saint, est-ce que l’un de mes disciples ne pourra pas pécher, qu’il soit Galiléen ou Judéen ? Veillez, veillez, mes amis. Veillez sur vous-mêmes et sur les autres, veillez à ce que vous disent les autres et à ce que vous dit votre conscience. Et si par vous-mêmes vous n’avez pas la lumière pour voir clair, venez à moi. Je suis la Lumière. »

      Pierre s’agite et chuchote derrière le dos de Jean qui fait des signes de dénégation. Jésus tourne vers lui son regard, le voit… Pierre se donne une contenance et fait mine de s’éloigner. Jésus se lève, sourit légèrement… Puis il entonne la prière, bénit, prend congé. Il reste seul pour prier encore.

[1] Deutéronome 9, 27 - Deutéronome 11, 31 - Deutéronome 12, 11.
[2] du même endroit : c’est nous qui rectifions. Par distraction probablement, Maria Valtorta avait écrit : contemporain et du même âge. A l’intérieur de la couverture du quatrième cahier autographe, qui comprend les chapitres 453 à 459, elle a noté :
Je vous prie de m’excuser si ce cahier est particulièrement mal écrit. Ce sont des épisodes que j’ai vus alors que j’étais entre la vie et la mort après ce funeste 2 juillet 1946… Je l’ai écrit couchée, avec une forte fièvre… et d’atroces douleurs… Cela explique aussi l’indécision que nous avons signalée en note en 457.2. La raison du funeste 2 juillet 1946 se trouve en 454.8. D’autres malaises de l’écrivain sont attestés en 54.9, 113.1, 131.6, 154.9, 165.11, 215.7 (en note), 227.1, 230.1, 361.1, 402.1, 456.1 (passage entre parenthèses), 487.2 (en note), 515.6 (dernières lignes), 574.4 (en note), 590.4, 634.18. La différente manière de recevoir les “ visions ” et les “ dictées ” est expliquée en 3.1, 21.7, 361.1.



*SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-151.htm
https://valtorta.fr/troisieme-annee-vie-publique-de-jesus/lecon-sur-les-mauvaises-amities.html
Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Colomb10[/i]
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 20 Nov - 18:58

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

460. Des pharisiens à Capharnaüm avec Joseph et Simon, fils d'Alphée. Jésus ne cachera pas à sa Mère l'heure du Sacrifice

Ancienne édition : Tome 6, chapitre 152.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 460.

Vision du jeudi 18 juillet 1946

Samedi 11 août 29
Capharnaüm


             460.1 « Tu ne reconduis pas l’enfant à sa mère ? demande Barthélemy à Jésus, qu’il trouve sur la terrasse, absorbé dans une profonde prière.

      – Non, j’attendrai qu’elle revienne de la synagogue…

      – Tu espères que le Seigneur lui parlera là-bas… et qu’elle… comprendra son devoir ? Tu penses en sage, mais elle n’est pas sage. Une autre mère serait accourue dès hier soir pour reprendre son enfant. Enfin… nous avions navigué sur une mer en tempête… Elle ne savait pas d’où nous venions… S’est-elle par hasard préoccupée de voir si son fils n’en avait pas souffert ? Elle vient peut-être ce matin ? Regarde combien de mères sont déjà debout, bien qu’il fasse jour depuis peu, empressées à étendre les vêtements de fête pour qu’ils finissent de sécher et que les enfants puissent les mettre propres pour le jour du Seigneur. Un pharisien dirait qu’elles font un travail servile, parce qu’elles étendent ces petits vêtements. Moi, je dis qu’elles font un acte d’amour envers Dieu et envers leurs enfants. Ce sont de pauvres femmes pour la plupart. Regarde là, Marie de Benjamin et Rébecca de Michée. Et sur cette pauvre terrasse, Jeanne qui, patiemment, démêle les franges du pauvre vêtement de son garçon afin qu’il paraisse moins pauvre pour aller à la fonction sacrée. Et là aussi, sur la rive qui va être bientôt tout ensoleillée, Selida étend la toile encore grège, pour que paraisse fin ce qui est toujours un tissu grossier, beau seulement en raison des sacrifices qu’il lui coûte : tant de bouchées de pain enlevées à la faim qui la tenaillait pour les changer en filasse de chanvre. Et là-bas, n’est-ce pas Adina qui frotte avec des herbes le petit vêtement déteint de sa fillette pour qu’il paraisse plus vert ? Mais la mère d’Alphée, on ne la voit pas…

      – Que le Seigneur change son cœur ! Il n’y a rien d’autre à dire… »

      460.2 Ils restent appuyés au muret de la terrasse, à regarder la nature rafraîchie par l’orage qui a éclairci l’atmosphère et nettoyé la verdure. Le lac est encore un peu agité et moins bleu qu’à l’ordinaire. Des veines d’eau sont descendues des torrents en crue pendant quelques heures, entraînant les poussières de leurs lits desséchés, mais le lac est beau malgré ces infusions d’ocre. On dirait un immense lapis-lazuli rayé de perles, et il rit sous le soleil limpide qui apparaît maintenant derrière les monts de l’orient et fait luire toutes les gouttes que retiennent encore les ramilles. Hirondelles et colombes sillonnent joyeusement l’air purifié et, dans les feuillages, des oiseaux de toute espèce gazouillent.

      « La chaleur retombe. C’est une belle et riche saison, belle comme l’âge mûr. N’est-ce pas, Maître ?

      – Belle… oui… »

      Mais on voit que Jésus pense à tout autre chose.

      Barthélemy le regarde…

      « A quoi penses-tu ? A ce que tu vas dire à la synagogue ?

      – Non. Je pense que les malades attendent. Allons tous les deux les guérir.

      – Nous seuls ?

      – Simon, André, Jacques et Jean sont allés retirer les nasses mises par Thomas en prévision de notre retour. Les autres dorment. Allons-y tous deux. »

      460.3 Ils descendent et se dirigent vers la campagne, vers les maisons éparses parmi les jardins ou même parmi les champs, à la recherche des malades abrités dans des maisons de pauvres, toujours hospitalières. Mais des gens courent en avant, devinant où le Maître se rend, et quelqu’un lui dit :

      « Attends ici, dans mon jardin, nous allons te les amener… »

      Et bien vite, de divers côtés, comme des eaux de ruisselets se réunissent en un unique étang, les malades arrivent ou sont amenés à Celui qui guérit. Les miracles s’accomplissent. Jésus dit, en congédiant ceux qui sont rétablis :

      « Ne révélez pas à ceux qui vous interrogent que je vous ai guéris. Retournez dans les maisons où vous étiez. Mon disciple apportera des secours aux plus pauvres avant le crépuscule.

      – Oui. Ne parlez pas. Vous lui feriez tort. Rappelez-vous que c’est le sabbat et que beaucoup le haïssent, renchérit Barthélemy.

      – Nous ne ferons pas de mal à celui qui nous a fait du bien. Nous en parlerons dans nos villages, sans préciser quel jour nous avons été guéris, dit un homme qui auparavant était paralysé.

      – Et même, dit quelqu’un qui avait eu les yeux malades, je pense que nous devrions nous disperser dans la campagne en attendant le coucher du soleil. Les pharisiens savent où nous étions logés et ils pourraient venir voir…

      – Tu as raison, Isaac. Hier, ils posaient vraiment trop de questions… Ils penseront que, las d’attendre, nous sommes partis avant la tombée du jour.

      – Mais hier soir, l’apôtre nous a vus ? » demande un ancien aveugle. « N’était-ce pas lui qui parlait ?

      – Non. C’était un frère du Seigneur. Il ne nous trahira pas.

      – Dites seulement où vous allez, pour que je puisse vous trouver quand je viendrai » insinue Barthélemy.

      Les malades tiennent conseil. Certains voudraient aller vers Chorazeïn, d’autres vers Magdala. Ils s’en remettent à Jésus, qui leur conseille :

      « Dans les champs, le long de la route qui va à Magdala. Suivez le second torrent et vous trouverez peu après une maison. Rendez-vous-y et dites : “ C’est Jésus qui nous envoie. ” Ils vous accueilleront comme des frères. Allez. Que Dieu soit avec vous et vous avec Dieu, en évitant de pécher à l’avenir. »

      460.4 Jésus se remet en route sans revenir immédiatement au village par le chemin déjà parcouru. Il fait au milieu des jardins un détour qui l’amène près de la source voisine du lac. La source est prise d’assaut par les femmes, qui veulent faire provision d’eau pendant qu’il fait frais et que le soleil n’est pas trop haut.

      « Le Rabbi ! Le Rabbi ! »

      Tous se rassemblent, femmes et enfants, et aussi hommes du peuple, âgés pour la plupart, et oisifs à cause du sabbat.

      « Un mot, Maître, pour rendre joyeuse cette journée, demande un vieillard qui tient par la main un enfant — peut-être son arrière-petit-fils car, si le vieil homme est presque certainement centenaire, l’enfant n’a pas plus de six ans.

      – Oui, satisfais le vieux Lévi, et nous avec lui.

      – Aujourd’hui, vous avez l’explication de Jaïre. Je suis ici pour l’entendre. Vous avez un chef de synagogue sage…

      – Pourquoi parles-tu ainsi, Maître ? Tu es leur chef à tous, toi le Maître d’Israël. Nous, nous ne connaissons que toi.

      – Il ne faut pas. Les chefs de synagogue sont établis pour être vos maîtres, pour exercer le culte parmi vous en vous donnant l’exemple pour faire de vous de fidèles israélites. Ils seront encore là quand, moi, je ne serai plus. Ils porteront un autre nom, auront d’autres cérémonies, mais ils seront toujours les ministres du culte. Vous devez les aimer et prier pour eux, car, là où il y a un bon chef de synagogue, il y a de bons fidèles et, par conséquent, Dieu s’y trouve.

      – Nous le ferons, mais parle-nous maintenant. On nous a dit que tu vas nous quitter…

      – J’ai beaucoup de brebis éparses à travers la Palestine. Elles attendent toutes leur Pasteur. Mais vous avez des disciples de plus en plus nombreux et sages…

      – Oui. Mais ce que tu dis est toujours bon et facile à comprendre pour nos esprits ignorants.

      – De quoi vais-je vous parler ?…

      – Jésus, nous t’avons cherché partout ! crie Joseph, fils d’Alphée, qui survient avec son frère Simon et un groupe de pharisiens.

      – Où donc peut être le Fils de l’homme, sinon parmi les petits et les simples de cœur ? Vous vouliez me voir ? Me voici. Mais avant, laissez-moi leur dire un mot…

      460.5 Ecoutez. On vous a annoncé que je vais vous quitter. C’est vrai. Je ne l’ai pas nié, mais avant cela, je vous donne ce commandement : veillez attentivement sur vous-mêmes pour bien vous connaître, approchez-vous de plus en plus de la Lumière pour y voir clair. Ma parole est Lumière. Gardez-la en vous et, quand à sa lumière vous découvrirez des taches ou des ombres, prenez grand soin de les chasser de votre cœur. Ce que vous étiez avant que je vous connaisse, vous ne devez plus l’être. Vous devez être bien meilleurs, car maintenant vous en savez beaucoup plus.

      Auparavant, vous étiez comme dans un crépuscule, mais désormais vous avez la Lumière en vous. Vous devez donc être fils de la Lumière.

      Regardez le ciel au matin, quand l’aube l’éclaircit : il peut sembler serein seulement parce qu’il n’est pas couvert de nuages orageux, mais à mesure que la lumière croît et que la vive clarté du soleil se développe à l’orient, l’œil voit avec surprise se former des taches rosées sur l’azur. Qu’est-ce ? Oh ! c’étaient de légères nuées, si légères qu’elles paraissaient ne pas exister tant que la lumière était incertaine mais, maintenant que le soleil les frappe, elles semblent être de légères écumes sur le ciel. Et elles y restent jusqu’à ce que le soleil les dissipe par son grand éclat.

      Agissez de même à l’égard de votre âme. Amenez-la de plus en plus près de la lumière, pour découvrir toute brume, même la plus légère, puis gardez-la sous le grand soleil de la Charité. Elle consumera vos imperfections comme le soleil fait s’évaporer la légère humidité qui se condense dans ces nuées si fines, qui disparaissent à l’aurore sous l’effet de ses rayons. Si vous êtes totalement brûlés de Charité, la Charité opérera en vous de continuels prodiges. Allez maintenant, et soyez bons… »

      460.6 Après les avoir congédiés, il va trouver ses deux cousins, qu’il embrasse après avoir fait de profondes inclinations aux pharisiens présents, parmi lesquels se trouve Simon, le pharisien de Capharnaüm. Les autres sont des visages nouveaux.

      « Nous sommes partis à ta recherche plutôt pour eux que pour nous. Ils sont venus à Nazareth pour te chercher, et alors… explique Simon, fils d’Alphée, en désignant les pharisiens.

      – Paix à vous. De quoi avez-vous besoin ?

      – Oh ! de rien. De te voir, seulement de te voir pour t’écouter, entendre la sagesse de tes paroles…

      – Rien que pour cela ?

      – Et aussi pour te conseiller, vraiment… Tu es trop bon et le peuple en abuse. Il est mauvais, ce peuple, tu le sais bien. Pourquoi ne maudis-tu pas les pécheurs ?

      – Parce que le Père m’ordonne de sauver, et non pas de perdre.

      – Tu vas aller au devant de malheurs…

      – Peu importe. Je ne puis transgresser l’ordre du Très-Haut pour aucun intérêt humain.

      – Et si… Sais-tu… on dit tout bas que tu flattes le peuple pour t’en servir en le soulevant. Nous sommes venus te demander si c’est vrai.

      – Etes-vous venus de vous-mêmes, ou vous a-t-on envoyés ?

      – Cela revient au même.

      – Non. Mais je vous réponds, à vous comme à ceux qui vous ont envoyés, que c’est une eau de paix qui déborde de mon seau, que la semence que je répands est une semence de renoncement. Je taille les rameaux orgueilleux. Je suis prêt à arracher les mauvaises plantes pour qu’elles ne nuisent pas aux bonnes, si elles ne se prêtent pas à la greffe. Mais ce que j’appelle “ bon ” n’est pas ce que vous, vous qualifiez de tel. En effet, je nomme “ bons ” l’obéissance, la pauvreté, le renoncement, l’humilité, la charité qui se prêtent à toutes les humilités et à toutes les miséricordes. Ne craignez rien. Le Fils de l’homme ne tend pas de piège aux puissances humaines, mais il vient inculquer la puissance aux âmes. Allez, et rapportez que l’Agneau ne sera jamais loup.

      – Que veux-tu dire ? Tu nous comprends mal et nous te comprenons mal.

      – Non. Vous et moi, nous nous comprenons fort bien…

      – Dans ce cas, tu sais pourquoi nous sommes venus ?

      – Oui : pour me demander de ne pas parler aux foules. Et vous ne réfléchissez pas que vous ne pouvez m’interdire d’entrer, comme tout juif, là où on lit et explique les Ecritures et où tout circoncis a le droit de parler.

      – Qui te l’a dit ? Jaïre, n’est-ce pas ? Nous le rapporterons.

      – Je n’ai pas encore vu Jaïre.

      – Tu mens.

      – Je suis la Vérité. »

      Du milieu du rassemblement qui s’est formé, un homme dit :

      « Il ne ment pas. Jaïre est parti hier, avant le coucher du soleil, avec sa femme et sa fille en laissant ici l’assistant. Il les a accompagnées chez sa mère mourante et il ne reviendra qu’après les purifications. »

      Les pharisiens n’ont pas la joie de pouvoir montrer que Jésus ment, mais ils ont celle de le savoir privé de son ami le plus puissant à Capharnaüm. Ils se regardent les uns les autres. C’est toute une mimique de regards.

      460.7 Joseph, fils d’Alphée, l’aîné de la famille, se sent obligé de défendre Jésus. Il se tourne vers Simon le pharisien :

      « Tu m’as honoré en voulant partager avec moi le pain et le sel, et le Très-Haut tiendra compte de cet honneur fait aux descendants de David. Tu t’es montré juste pour moi. Mon Frère est accusé par les pharisiens. Hier, ils m’ont dit, à moi qui suis le chef de famille, que leur unique douleur était que Jésus délaisse la Judée car, étant le Messie d’Israël, il avait le devoir d’aimer et d’évangéliser également tout Israël. J’ai trouvé juste leur raisonnement et je l’aurais rapporté à mon Frère. Mais alors, pourquoi parlent-ils ainsi aujourd’hui ? Qu’ils expliquent au moins pourquoi il ne doit pas prendre la parole. Il ne me semble pas qu’il dise des choses contraires à la Loi et aux Livres. Donnez-en la raison, et je persuaderai Jésus de tenir un autre discours.

      – C’est juste. Répondez à cet homme… » dit Simon le pharisien. « A-t-il tenu des propos… sacrilèges ?

      – Non. Mais le Sanhédrin l’accuse de diviser, d’essayer de diviser la Nation. Le Roi doit appartenir à Israël, pas seulement à la Galilée.

      – Tout ce qui concerne la patrie lui est cher, mais, en elle, sa région natale le lui est particulièrement. Cet amour qu’il a pour la Galilée n’est pas une raison grave au point de mériter une punition. Du reste, nous descendons de David, et par conséquent…

      – Alors qu’il vienne en Judée, qu’il ne nous méprise pas.

      – Tu les entends ? C’est un honneur pour toi et pour la famille ! déclare Joseph, sur un ton mi-sévère, mi-goguenard.

      – J’entends.

      – Je te conseille d’accéder à leur désir. Il est bon et tout à fait honorable. Tu dis que tu veux la paix. Puisqu’on t’aime dans ces deux régions, mets donc fin au dissentiment qui les oppose. Tu le feras certainement. Oh ! bien sûr qu’il le fera. Moi, je m’en porte garant pour lui, qui obéit aux aînés.

      – Il est dit : “ Personne n’est plus grand que moi. Il n’est pas d’autre dieu qui passe avant moi. ” [1] Moi, j’obéirai toujours à ce que Dieu veut.

      – Vous l’entendez ? Allez donc en paix.

      – Nous l’entendons. Mais, Joseph, avant de partir nous voulons savoir ce que Dieu veut pour lui.

      – Ce que Dieu veut, c’est que je fasse sa Volonté.

      – Et quelle serait-elle ? Parle !

      – Que je rassemble les brebis d’Israël et que je les réunisse en un seul troupeau. Et je le ferai.

      – Nous prenons note de tes paroles.

      – Bien. Que Dieu soit avec vous. »

      Jésus tourne alors le dos au groupe de pharisiens et retourne à la maison.

      460.8 Joseph, son cousin, se met à côté de Jésus, à moitié satisfait. D’un air protecteur, il lui fait remarquer qu’en sachant s’y prendre (comme lui), et en s’appuyant sur leur famille (comme heureusement aujourd’hui), en rappelant qu’ils ont droit au trône (en tant que descendant de David) et ainsi de suite, les pharisiens eux-mêmes deviennent de bons amis.

      Jésus l’interrompt :

      « Et tu les crois ? Tu crois à leurs dires ? En vérité, l’orgueil et les éloges menteurs suffisent pour couvrir d’un bandeau la vue la plus perçante.

      – Moi, pourtant… je les satisferais. Tu ne peux prétendre qu’ils te portent en triomphe au milieu des cris de louange, d’un seul coup… Tu dois les conquérir. Un peu d’humilité, Jésus, un peu de patience ! L’honneur mérite tous les sacrifices…

      – Assez ! Ce sont là des paroles humaines, et pire encore. Que Dieu te pardonne et qu’il te donne la lumière, mon frère. Mais écarte-toi, car tu me peines. Et tais à ta mère, à tes frères, à ma Mère ces conseils superflus.

      – Tu veux te perdre ! Tu es la cause de notre ruine et de la tienne !

      – Pourquoi es-tu venu, si tu es toujours le même ? Je n’ai pas encore souffert pour toi. Mais je le ferai, et alors… »

      Joseph est parti, fâché.

      « Tu le décourages… Il est comme notre père, tu le sais. C’est le vieux juif typique… murmure Simon.

      – Quand il comprendra, il verra que ma conduite, qui maintenant le déconcerte, était sainte… »

      460.9 Les voilà au seuil de la maison. Ils entrent. Jésus ordonne à Pierre :

      « Fais en sorte que la barque soit prête au coucher du soleil. Nous accompagnerons les deux Marie à Tibériade et Simon les escortera chez elles. Matthieu viendra avec toi, en plus de tes compagnons pêcheurs. Les autres resteront ici à nous attendre. »

      Pierre prend Jésus à part :

      « Et s’il vient, l’homme d’Antioche ? C’est à cause de Judas que je dis cela…

      – Ton Maître te dit que nous le trouverons sur le môle de Tibériade.

      – Ah ! Dans ce cas… » Et à haute voix : « La barque sera prête.

      460.10 – Mère, monte avec moi. Nous serons ensemble pendant ces heures. »

      Marie le suit sans mot dire. Ils entrent dans la chambre du haut, fraîche et ombragée par la vigne qui la couvre et par des rideaux installés pour faire de l’ombre.

      « Tu t’en vas, mon Jésus ? »

      Marie est très pâle.

      « Oui, il est temps.

      – Et moi, je ne dois pas venir pour la fête des Tentes ? Mon Fils !… »

      Marie a un sanglot.

      « Maman ! Pourquoi ? Ce n’est pas la première fois que nous nous quittons !

      – Non. C’est vrai. Mais… Ah ! je me rappelle ce que tu m’as dit dans les bois près de Gamla [2]… Mon Fils ! Pardonne à une pauvre femme. Je t’obéirai… Avec l’aide de Dieu, je serai forte… Mais je veux que tu me fasses une promesse…

      – Laquelle, Mère ?

      – Que tu ne me cacheras pas l’heure redoutable. Ne fais pas cela par pitié, ou par défiance de moi… Ce serait pour moi une trop grande douleur… et une trop grande torture… Ce qui me serait douloureux, ce serait… de tout apprendre à l’improviste et par quelqu’un qui ne m’aime pas comme toi tu aimes ta pauvre maman… Et ce serait une torture si je pensais que, peut-être au moment où je file, où je tisse, où je soigne les colombes, toi, mon Enfant, tu es mis à mort…

      – Ne crains rien, Mère. Tu sauras… Mais ce n’est pas notre dernier adieu. Nous nous verrons encore…

      – Vraiment ?

      – Oui. Nous nous verrons encore.

      – Et tu me diras : “ Je vais accomplir le Sacrifice ” ? Oh…

      – Je ne dirai pas cela, mais tu comprendras… Puis viendra la paix. Une telle paix… Imagine : avoir fait tout ce que Dieu veut de nous, ses enfants, pour le bien de tous les autres. Une paix si grande… La paix du parfait amour… »

      Il l’a serrée sur son cœur et il la tient étroitement dans son étreinte filiale, lui tellement plus grand et plus fort, elle plus menue, jeune de la jeunesse intacte de sa chair et de ce qu’elle exprime, qui couvre l’éternelle jeunesse de son âme immaculée. Et elle répète, héroïque, combien héroïque :

      « Oui, oui. Ce que Dieu veut… »

      Il n’y a pas d’autre mot. Les deux Parfaits consomment déjà le sacrifice de leur plus rude obéissance. Il n’y a même plus de larmes, même plus de baisers. Il n’y a qu’eux deux, qui aiment parfaitement et déposent aux pieds de Dieu leur amour.


[1] Exode 20, 1-3 - Deutéronome 5, 6-7.

[2] L’annonce que le sacrifice de Marie est prêt. Cf. EMV 455 (ancienne édition : tome 6 chapitre 147).
Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Jasus_46

Jésus à la synagogue
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Sam 21 Nov - 21:54

Bonjour à tous,

Ce chapitre est particulièrement long et je vais donc le découper en trois parties Wink

Bonne lecture à tous sunny


Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

461. Un complot pour élire Jésus comme roi (partie 1)

Ancienne édition : Tome 6, chapitre 153.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 461.

Vision du mardi 23 juillet 1946

Samedi 11 août 29
Tibériade


       461.1 Sur les rives du lac ou sur le lac lui-même, Tibériade a déversé tous ses habitants qui espèrent trouver quelque rafraîchissement dans la brise qui court sur les eaux et fait bouger les arbres des jardins, le long de la berge. Dans cette ville, se mêlent de nombreuses races, réunies là pour des motifs variés. Les riches se détendent sur des barques de plaisance confortables ou bien, sous les ombres vertes des jardins, ils regardent les bateaux évoluer sur les eaux bleu turquoise, déjà épurées de la couleur jaune qu’y avait apportée l’orage du soir précédent. Les pauvres, et les enfants surtout, s’ébattent sur la plage, là où les petites vagues viennent mourir. La fraîcheur de l’eau, qui les atteint plus haut qu’ils ne le voudraient, leur fait pousser de petits cris qui rappellent ceux des hirondelles.

      Les barques de Pierre et de Jacques approchent de la rive et se dirigent vers le petit môle.

      « Non. Allons au jardin de Jeanne » ordonne Jésus.

      Pierre obéit sans mot dire et la barque, suivie de sa sœur jumelle, exécute un virage parfait qui laisse un sillage d’écume en forme de point d’interrogation pour se replier sur la jetée du jardin de Kouza, où elle accoste et s’arrête. Jésus est le premier à descendre, et il donne la main aux deux Marie pour les aider à monter sur le petit quai.

      « Vous, maintenant, allez au grand môle et mettez-vous à parler. Vous allez voir un homme s’approcher pour vous demander où je suis. C’est l’homme d’Antioche. Conduisez-le-moi après avoir congédié la foule.

      – Oui… mais… Que devons-nous dire aux gens ? Annoncer ta venue ou prêcher ta doctrine ?

      – Ma venue. Prévenez-les qu’à l’aurore je parlerai à Tarichée et guérirai les malades. Que l’un de vous surveille les barques, ou chargez-en quelque disciple, afin qu’elles soient prêtes pour le départ. Allez, et que la paix soit avec vous. »

      Puis il se dirige vers la grille qui sert de clôture sur le débarcadère. Les deux Marie le suivent en silence.

      461.2 Dans le grand jardin où des roses tardives fleurissent — bien qu’en petit nombre —, on ne voit personne. Mais on entend les cris heureux des deux enfants qui jouent. En passant la main à travers les arabesques de la grille, Jésus cherche à déplacer le verrou. Comme il n’y parvient pas, il cherche quelque chose qui puisse faire du bruit et attirer l’attention. Mais il n’y a rien. Alors, entendant les cris des deux enfants se rapprocher, il hèle à haute voix :

      « Marie ! »

      Du coup, les deux enfants se taisent… Jésus répète :

      « Marie ! »

      Soudain, au milieu du pré, tondu comme un tapis d’où s’élèvent des touffes de rosiers bien tenus, il aperçoit la fillette, marchant à petits pas, circonspecte, un doigt sur les lèvres, ses yeux inquisiteurs scrutant dans tous les sens, puis, quelques pas en arrière, Mathias, suivi d’un agnelet blanc comme de l’écume.

      « Marie ! Mathias ! » crie Jésus à haute voix.

      La voix guide les regards innocents. Les deux enfants tournent les yeux vers la grille et aperçoivent Jésus, le visage contre les barres, qui leur sourit.

      « Le Seigneur ! Cours, Mathias, prévenir maman… Appelle Elie ou Michée… Qu’ils viennent ouvrir…

      – Vas-y toi-même ! Moi, je vais vers le Seigneur… »

      Et ils courent tous les deux, les bras tendus, tels deux papillons, l’un blanc, l’autre rosé avec leur petite tête brune. Heureusement, tout en courant ils alertent les serviteurs, et ceux-ci arrivent, armés d’arrosoirs et de râteaux, de sorte que finalement la grille s’ouvre et que les deux enfants se précipitent dans les bras de Jésus, qui les embrasse et franchit le seuil en les tenant par la main.

      461.3 « Maman est à la maison avec ses amies. On nous renvoie, parce qu’on ne veut pas de nous, explique rapidement Mathias.

      – Ne parle pas si mal. Maman nous renvoie parce que ces dames sont romaines et elles parlent encore de leurs dieux ; or nous, que Jésus a sauvés, nous ne devons connaître que lui seul. C’est pour ça, Seigneur. Mathias est trop petit, il ne comprend pas, dit-elle, gracieusement, avec son bon sens d’enfant qui a souffert et qui est par conséquent plus mûre, plus adulte que son âge.

      – Notre père aussi nous renvoie quand viennent les hommes de la Cour. Et ils me plairaient, parce que ce sont presque tous des soldats… des guerriers… La guerre ! C’est beau, la guerre ! Elle donne la victoire ! Elle chasse les Romains. A bas Rome ! Vive le royaume d’Israël, s’écrie fièrement le petit.

      – Ce n’est pas beau la guerre, Mathias, et quand on ne remporte pas la victoire, de sujets on devient esclaves.

      – Mais ton Règne doit arriver, et pour cela on fera la guerre. Et on les renverra tous, même Hérode, et c’est toi qui seras roi.

      – Mais tais-toi, espèce de bavard ! Tu sais bien que tu ne dois pas répéter ce que tu entends. Ils font bien de te chasser. Ignores-tu que tu peux faire du tort à nos parents et aussi à Jésus, en parlant comme ça ? » dit Marie.

      Puis elle explique :

      « Un jour est venu celui qui est comme un prince et un parent d’Hérode et qui est ton disciple [1], pour parler avec notre père. Ils criaient très fort. Ils n’étaient pas seuls, mais avec beaucoup d’autres…

      – Tous beaux, avec de belles épées, et ils parlaient de guerre… interrompt Mathias.

      – Je t’ai dit de te taire ! Ils criaient si fort qu’on a entendu, et, depuis lors, ce benêt ne fait qu’en parler. Dis-le-lui, toi, qu’il ne doit pas le faire… Maman l’a dit, et notre père a menacé de l’envoyer au sommet du grand Hermon, dans une grotte avec un esclave sourd et muet, jusqu’à ce qu’il ait appris à se taire. Et là, il y serait bien obligé, car s’il parle avec l’esclave, celui-ci n’entend pas et ne répond pas, et, s’il crie, les aigles et les loups arrivent pour le manger…

      – Quel terrible châtiment! » dit Jésus en souriant.

      Et il caresse l’enfant, qui a perdu sa hardiesse et se serre contre Jésus comme s’il voyait déjà les aigles et les loups prêts à le dévorer tout entier, y compris sa petite langue imprudente.

      « Un châtiment vraiment terrible ! répète-t-il.

      – Hé ! oui, et moi, j’ai peur que ça lui arrive et que je reste sans Mathias, et je pleure… Mais lui n’a pitié ni de maman ni de moi, et il nous fera mourir de douleur…

      – Je ne fais pas exprès… J’ai entendu… et je répète… C’est si beau… de penser que les Romains seront vaincus, que Hérode et Philippe seront chassés, et que tu seras Roi d’Israël », achève-t-il dans un murmure, en cachant son visage contre les vêtements de Jésus pour étouffer encore plus le son de sa voix.

      461.4 « Mathias ne dira plus jamais rien de tel. Il me le promet, et il tiendra parole. N’est-ce pas ? Ainsi, lui ne sera pas dévoré, Jeanne et Marie ne mourront pas de douleur, Kouza ne sera pas fâché, et moi, je ne serai pas haï. Parce que tu vois, Mathias ? Tu me fais haïr en disant de telles choses. Cela te plaît, que Jésus soit persécuté ? Imagine ton remords si un jour tu devais te dire : “ J’ai fait persécuter Jésus qui m’a sauvé, et tout cela pour avoir répété ce que j’ai entendu par hasard. ” Ces gens étaient des hommes, et les hommes perdent souvent Dieu de vue, parce qu’ils sont pécheurs. Ne voyant pas Dieu, ils ne voient pas la Sagesse et ils se trompent, ils font le mal alors qu’ils croient bien faire. Mais les enfants sont bons, leurs âmes voient Dieu, et Dieu repose dans leur cœur. Par conséquent, ils doivent comprendre les choses avec sagesse et dire que mon Royaume ne se fera pas par la violence sur la terre, mais par l’amour dans les cœurs. Et il leur faut prier pour que les hommes comprennent ce Royaume, comme le font les enfants. Les prières des enfants sont portées au Ciel par leurs anges, et le Très-Haut les transforme en grâces. Et Jésus a besoin de ces grâces pour faire de ces hommes, qui pensent à la guerre et au royaume de la terre, des apôtres qui comprennent que Jésus est paix et que son Royaume est dans les cœurs et au ciel. Tu vois cet agneau ? Pourrait-il dévorer quelqu’un ?

      – Bien sûr que non ! Si c’était possible, notre père ne nous en aurait pas fait cadeau pour nous faire mettre en pièces.

      – Voilà, tu as raison. De même, le Père qui est dans les Cieux ne m’aurait pas envoyé si j’avais eu la puissance et la volonté de mettre en pièces. Je suis l’Agneau et le Berger. Je suis doux et plein de bonté comme l’agneau, et je suis celui qui réunit par l’amour avec le bâton du bon Pasteur et non avec la lance et l’épée du guerrier. Tu as compris ? Et me promets-tu, à moi, précisément à moi, de ne plus parler comme un étourdi ?

      – Oui, Jésus. Mais… aide-moi, toi… parce que tout seul…

      – Je t’aiderai. Regarde, je te caresse les lèvres et ainsi elles sauront rester closes.

      461.5 – Mon Maître ! Sainte est cette soirée qui me permet de te voir ! dit Jonathas en accourant de la maison et en se prosternant aux pieds de Jésus.

      – Paix à toi, Jonathas. Puis-je voir Jeanne ?

      – Elle va arriver. Elle a congédié les Romaines pour venir te trouver. »

      Jésus le regarde d’un air interrogateur, mais ne lui demande rien. Il marche vers la maison, en écoutant Jonathas qui parle de Kouza, “ vraiment fâché avec Hérode ”, et qui ajoute :

      « Pour l’amour de ma maîtresse, je te prie de le modérer, car il veut faire des choses qui… ne feraient de bien ni à toi, ni à lui… mais surtout pas à toi. »

      461.6 Jeanne est une véritable apparition de beauté, de pureté et de grâce : elle porte un splendide vêtement blanc sur lequel, de la tête, descend un voile qui ressemble à un filigrane d’argent tant il est broché de fils de ce métal — et je ne sais comment la légèreté de l’étoffe supporte cette riche broderie. Elle est ceinte d’un fin diadème qui pointe légèrement sur le devant, comme une mitre emperlée, elle a de lourdes boucles d’oreilles ornées de perles assorties à son collier, des bagues et des bracelets pareillement garnis. Elle se hâte vers le Seigneur et, sans se soucier de ses beaux vêtements, elle se prosterne dans la poussière du sentier et dépose un baiser sur les pieds de Jésus.

      « Paix à toi, Jeanne.

      – Quand tu es avec moi, la paix est toujours en moi et dans ma maison… Mère !… »

      Elle est sur le point de baiser les pieds de Marie, mais celle-ci, les bras ouverts, l’accueille et l’embrasse. Elle échange aussi un baiser avec Marie, femme d’Alphée.

      Après les salutations, Jésus dit :

      « Je dois te parler, Jeanne.

      – Me voici, Maître. Marie, ma maison est la tienne : commande ce qu’il faut. Moi, je vais avec le Maître… »

      Jésus a déjà pris la direction du pré, bien en vue de tout le monde, mais assez isolé pour que personne ne puisse entendre. Jeanne le rejoint.

      « Jeanne, je dois recevoir quelqu’un qui vient d’Antioche, envoyé par Syntica, certainement. J’ai pensé le faire chez toi, ici, dans ton jardin…

      – Tu es le maître de tout ce qui appartient à Jeanne.

      – Même de ton cœur ? »

      Jésus la regarde fixement.

      « Tu sais, déjà, Maître ! J’en étais presque certaine. Maintenant, je le suis tout à fait. Kouza… L’incohérence des hommes est bien grande ! Le sentiment de leur intérêt est bien fort ! Et leur pitié pour leur femme est bien faible ! Nous sommes… Que sommes-nous donc, nous, les épouses des meilleurs ? Un joyau que l’on montre ou que l’on cache selon que cela peut être utile… Un mime qui doit rire ou pleurer, attirer ou repousser, parler ou se taire, se montrer ou rester caché, selon les désirs de l’homme… et toujours dans son intérêt… Il est triste, notre sort, Seigneur ! Et dégradant, aussi !

      – En compensation, il vous est donné de savoir vous élever plus haut par l’esprit.

      – C’est vrai. Tu l’as appris par toi-même ou bien on t’en a parlé ? As-tu vu Manahen ? Il te cherchait…

      – Non, je n’ai vu personne. Il est ici ?

      – Oui. Nous sommes tous ici… Je veux dire : tous les courtisans d’Hérode… et plusieurs d’entre eux parce qu’ils le haïssent. Kouza est des leurs depuis que, par la volonté d’Hérodiade, Hérode se plaît à humilier son intendant… Seigneur, tu te souviens qu’à Béther, il voulait me séparer de toi, parce qu’il craignait la disgrâce d’Hérode ? Il ne s’est passé que quelques mois… et déjà maintenant il veut que je… Oui, Seigneur, il voudrait que je te persuade d’accepter son aide pour devenir roi à la place du Tétrarque… Moi, je dois te le rapporter puisque je suis une femme, donc soumise à l’homme, et en plus femme juive, par conséquent plus que jamais soumise aux volontés de son époux. Je t’en informe donc… Et je ne te donne pas de conseil… car j’espère savoir déjà que tu ne te feras pas roi à l’aide de lanciers gagés. Oh !… qu’ai-je dit ! Je ne devais pas parler ainsi… Je devais te laisser d’abord entendre Kouza, Manahen et d’autres… D’un autre côté, si je m’étais tue, est-ce que je n’aurais pas mal agi ?… Seigneur, aide-moi à y voir clair…

      461.7 – Tu vois clair, Jeanne. Ce ne sera pas à l’aide des cohortes romaines ou des lances israélites que je deviendrai roi, même si Rome et Israël voulaient pacifier cette région en se servant de moi. J’ai déjà compris suffisamment de choses pour m’en rendre compte. Mathias a eu des paroles imprudentes. Jonathas a fait allusion à des mécontentements. Tu m’apprends le reste. Et moi, je complète ainsi : une folle conception de mon royaume pousse ceux qui sont bons, sans être encore justes, comme Manahen, à créer des mouvements tendant à instaurer le royaume d’Israël selon l’idée fixe de la plupart. Un ardent besoin de se venger d’un affront en pousse d’autres, parmi lesquels ton époux, à suivre ce même but. C’est sur ces deux motifs que fait levier l’astuce des pharisiens, des sadducéens, des scribes et aussi des hérodiens pour se débarrasser de moi en me faisant passer, aux yeux de ceux qui nous dominent, pour ce que je ne suis pas.

      Tu as congédié les Romaines pour me rapporter cela, pour ne pas trahir Kouza, ni Manahen, ni les autres. Mais je te dis, en vérité, que ce sont les païens qui m’ont le mieux compris. Ils m’appellent le philosophe : peut-être jugent-ils que je suis un rêveur, un irréaliste, un malheureux, selon eux pour qui tout repose sur la violence. Mais ils ont compris, eux au moins, que je ne suis pas de cette terre, et mon Royaume non plus. Ils ne me craignent pas, mais ils ont peur de ceux qui me suivent. Ils ont raison. Ceux qui me suivent, les uns par amour, les autres par orgueil, seraient capables de faire n’importe quoi pour réaliser leur idée : faire de moi — le Roi des rois, le Roi universel — le pauvre roi d’un état minuscule… Et, en vérité, je dois me garder davantage de ce complot qui se développe dans l’ombre, encouragé par mes vrais ennemis, qui ne sont pas au palais proconsulaire de Césarée, ni à celui du Légat à Antioche, ni à l’Antonia, mais sous les tefilim [2], les franges et les zizits [3] des vêtements hébraïques, et spécialement sous les larges tefilim et les floconneux zizits qui ornent les amples vêtements des pharisiens et des scribes pour manifester une adhésion encore plus large à la Loi. Mais la Loi doit être dans le cœur, pas sur les vêtements… Ceux qui se détestaient s’unissent maintenant, oubliant, pour me nuire, cette haine qui avait creusé de profonds fossés entre les castes ; or, aujourd’hui, Israël n’est plus divisé mais nivelé, car les fossés se sont comblés par leur haine commune pour moi. Si la Loi était dans leur cœur, au lieu d’être suspendue et attachée à leurs vêtements, à leurs fronts, à leurs mains, comme un sauvage s’orne d’amulettes, de coquillages, d’os, de becs de vautours, par superstition ou comme parure, si cette Loi était dans leur cœur, si la Sagesse était inscrite, non pas dans les tefilim, mais sur les fibres de leur cœur, ils comprendraient qui je suis et ils sauraient qu’ils ne peuvent s’opposer à moi pour me détruire comme Verbe et comme Homme.

      Je dois donc me défendre de mes amis et de mes ennemis, pareillement injustes dans leur haine comme dans leur amour. Je dois chercher à diriger l’amour et à apaiser l’animosité. Je le fais pour accomplir mon devoir, et cela jusqu’à ce que j’aie édifié mon Royaume, en arrosant ses pierres de mon sang pour les cimenter. Lorsque je vous aurai aspergés de mon sang, votre cœur ne vacillera plus. Je parle des cœurs qui me sont fidèles, et du tien, Jeanne, qui es ainsi partagée entre les deux forces et les deux amours qui sont sur toi et en toi : Kouza et moi.

      – Mais tu vaincras, Seigneur.

      – Je vaincrai, oui.

      – Cherche pourtant à sauver Kouza aussi… Aime celui que j’aime.

      – J’aime celui qui t’aime.

      – Aime Kouza qui t’aime…

      – Le mensonge ne convient pas à ce front, pur comme les perles qui le ceignent, et qui rougit maintenant sous l’effort de vouloir se persuader et me persuader que Kouza m’aime.

      – Et pourtant, c’est le cas.

      – Oui, par intérêt. De même que, par intérêt là aussi, il ne m’aimait pas à Zio et à Sivam [4]… 461.8 Mais voici Simon, fils de Jonas, avec l’étranger. Allons à leur rencontre… »


[1] Manaën

[2] Tefillin ou tephillin : autre nom des phylactères : boîtiers renfermant les versets de la Torah et qui sont portés sur le front et sur le bras gauche.

[3] Tsitsit : Cordons de couleur bleue ou violette, symbole du ciel, qui pendaient aux quatre coins du vêtement. Ils rappelaient les commandements de la Loi et le devoir d’obéissance au fidèle. (Deutéronome 22,12).

Notes de la nouvel édition : les tefilim, les franges et les zizits sont les noms divers des ornements que la Loi prescrivait aux juifs afin qu'ils se souviennent des commandement du Seigneur, comme c'est écrit en Nb 15, 37-41 ; Dt 6, 6-8 ; 11, 18 ; 22,12. Nous les rencontrons aussi en 40.7 (sous forme de bandes), en 201.5 (comme franges et bandes), en 381.7.9, et en 501.4.

[4] ???

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Jeanne10

Jeanne de Kouza
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Dim 22 Nov - 21:07

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 17 Maria_28

461. Le Grec Zénon et la lettre de Syntica, avec la nouvelle de la mort de Jean d'En-dor (partie 2)

Ancienne édition : Tome 6, chapitre 153.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 461.

Vision du mardi 23 juillet 1946

Samedi 11 août 29
Tibériade


      (...) Voici Simon, fils de Jonas, avec l’étranger. Allons à leur rencontre… »

      Ils se dirigent vers le vaste vestibule qui se trouve à l’arrière de la maison ; plus qu’un vestibule, d’ailleurs, c’est un portique en demi-cercle  ouvrant sur le parc, et orné de colonnes avec des branches de rosiers, maintenant sans fleurs, et de charmants rameaux de jasmin, constellés de fleurs et d’autres plantes grimpantes pourpres dont j’ignore le nom.

      « Que la paix soit avec toi, étranger. Tu voulais me voir ?

      – Salut et gloire, Seigneur. Oui, je voulais te voir : j’ai une lettre pour toi. C’est une femme grecque qui me l’a remise à Antioche. Je suis… Non, je ne suis plus grec, car j’ai pris la nationalité romaine pour continuer mon travail. Je suis fournisseur des milices romaines. Je les déteste, mais il est rentable de les ravitailler. A cause de ce qu’ils nous ont fait, je devrais mêler de la ciguë à la farine, mais il faudrait les empoisonner tous, pas seulement quelques-uns. Ce serait inutile, ce serait pire… Ils se croient tout permis parce qu’ils sont forts. Ce sont des barbares en comparaison des Grecs. Ils nous ont tout volé pour s’orner de ce qui était à nous et essayer de paraître civilisés. Mais une fois grattée la croûte qui est teinte de notre civilisation, on découvre toujours un Amulius, un Romulus, un Tarquin… On découvre toujours un Brutus, meurtrier de son bienfaiteur. Maintenant, ils ont Tibère ! C’est encore peu pour eux ! Ils ont Séjan [5]. Ils ont ce qu’ils méritent. Le fer, les chaînes, les crimes qu’ils ont commis se retournent contre eux et mordent les chairs de ces brutes de Romains. C’est peu, encore trop peu. Mais ils n’échapperont pas à la loi : quand le monstre sera devenu énorme, il s’écroulera sous son propre poids et pourrira. Alors, les vaincus riront devant ce monstrueux cadavre, et ils redeviendront les vainqueurs. Qu’il en soit ainsi ! Tous les pieds des conquérants pour accabler celle qui nous a écrasés par sa brutale expansion… Mais pardonne-moi, Seigneur. Ma perpétuelle douleur m’a bouleversé encore une fois… 461.9 Je disais qu’une Grecque m’a remis une lettre pour toi, et elle m’a dit que tu es le Vertueux parfait. Vertueux… Tu es bien jeune pour l’être ! Les grands esprits de l’Hellade ont eu besoin de toute leur vie pour le devenir un peu… Et pourtant, la femme m’a dit ton Idée. Si vraiment tu crois à ce que tu enseignes, tu es grand… Est-il vrai que tu vis dans le but de te préparer à la mort pour donner au monde la sagesse de vivre en dieux et non en brutes, comme le font actuellement les hommes ? Est-il vrai que tu affirmes qu’il n’y a qu’une richesse qui mérite qu’on l’atteigne : celle de la vertu ? Est-il vrai que tu es venu pour racheter, mais que la rédemption commence en nous-mêmes, quand on suit tes enseignements ? Est-il vrai que nous possédons une âme et que nous devons en prendre soin car c’est une création divine, immortelle, incorruptible par nature, mais à laquelle, par une mauvaise vie, nous pouvons faire perdre son caractère divin, sans pouvoir la détruire ? Réponds, Grand Homme !

      – C’est vrai. Tout est vrai.

      – Par Zeus, c’est cela que disait notre très grand Sage [6]. Mais cela semblait être une mélodie à laquelle il manquait une note, une lyre à laquelle il manquait une corde. De temps à autre, on sentait un vide que le philosophe ne franchissait pas. Toi, tu l’as comblé, si réellement tu es venu non seulement pour enseigner, mais encore pour mourir sans y être contraint par personne, mais poussé par ta volonté personnelle d’obéir à Dieu… ce qui change ta mort, de suicide en sacrifice… Par la divine Pallas ! Aucun de nos dieux n’a jamais fait cela. J’en déduis donc que tu es au-dessus d’eux. La Grecque prétend qu’ils n’existent pas et que toi seul, tu existes… Je parle donc à un Dieu ? Et un Dieu peut-il écouter ainsi un ravitailleur voleur et qui hait son ennemi, un homme misérable ? Pourquoi m’écoutes-tu ?

      – Parce que je vois ton âme.

      – Tu la vois ! Comment est-elle ?

      – Difforme, sale, serpentine, amère, ignorante, même si ton intelligence est bien différente de celle d’un barbare. Mais à l’intérieur de ce temple souillé, il y a un autel qui attend, comme celui qui se trouve à l’Aréopage et qui attend la même chose : le Dieu vrai [7].

      – C’est donc toi, puisque la Grecque dit que tu es le vrai Dieu. Mais, par Zeus, ce que tu dis de mon âme est vrai. Tu es plus clair et plus sûr que l’oracle de Delphes. Mais tu prêches la paix, l’amour et le pardon : ce sont là de difficiles vertus. Et tu prêches la continence et l’honnêteté en toute matière… Pour les pratiquer, il faut être des dieux, plus grands que des dieux, car eux… ils sont bien loin d’être pacifiques, honnêtes ou magnanimes ! Ils sont la perfection des mauvaises passions de l’homme, excepté Minerve qui, elle au moins, est sage… Diane elle-même est pure, mais cruelle… Oui, être ce que tu prêches, c’est être plus grand qu’un dieu. Si je le devenais… Par le charmant Ganymède ! Lui fut enlevé tout jeune homme par l’aigle de l’Olympe et devint l’échanson des dieux. Mais Zénon, passer de l’état de fournisseur de vivres à des maîtres barbares à celui de dieu… 461.10 Mais permets-moi de m’enfermer dans cette pensée et, pendant ce temps, lis la lettre de la femme…»

      Et l’homme se met à marcher comme un péripatéticien [8].

      Pierre, fatigué et voyant que la conversation se prolongeait, s’était confortablement installé sur un siège de l’atrium et, dans cette fraîcheur, dans la douceur des coussins qui recouvraient le siège, il s’était tranquillement mis à sommeiller… Il doit cependant avoir gardé une oreille attentive, car il est réveillé par le bruit du sceau que l’on brise et du parchemin que l’on déroule. Il se lève en se frottant les yeux, lourds encore de sommeil. Il s’approche du Maître, qui lit debout, sous un lustre de plaques de mica délicatement violacées. La lumière est faible, juste suffisante pour éclairer l’endroit sans lui enlever l’enchantement du clair de lune d’une nuit sereine. Aussi Jésus tient-il très haut la feuille pour lire, et Pierre, qui est beaucoup plus petit et est tout près de lui, essaie d’allonger le cou, de se lever sur la pointe des pieds pour voir, mais sans y parvenir.

      « C’est Syntica, hein ? Que dit-elle ? » Il répète sa question, et supplie : « Lis tout haut, Maître ! »

      Mais Jésus répond :

      « Oui, c’est elle… Plus tard… »

      Et il poursuit sa lecture. Une fois la première feuille finie, il la plie, la passe dans les plis de sa ceinture et se met à lire la seconde feuille.

      « Comme elle en a écrit long, hein ! Comment va Jean ? Et qui est cet homme ? »

      Pierre insiste comme un enfant, mais Jésus est tellement absorbé qu’il ne l’entend plus. La seconde feuille, achevée, subit le sort de la première.

      « Elles s’abîment, comme ça. Passe-moi les feuilles pour que je les tienne… »

      Il pense certainement : “ et pour que je les lorgne. ” Mais, en levant les yeux pour suivre les mains du Maître, qui déroulent la troisième et dernière feuille, il voit briller une larme suspendue dans les cils blonds de Jésus.

      « Maître ! Tu pleures ? Pourquoi, mon Maître ? »

      Et il le serre contre lui en le prenant par la taille de son bras court et musclé.

     « Jean est mort…

      – Oh ! le pauvre ! Quand ?

      – Aux premières chaleurs… et en désirant tellement notre présence…

      – Oh ! pauvre Jean !… Mais… il était déjà à bout !… Et la douleur de la séparation… Tout cela à cause de ces serpents ! Si je connaissais leurs noms !… Lis tout haut, Seigneur. Jean, je l’aimais bien, moi !

      – Plus tard. Plus tard, je lirai. Tais-toi maintenant. »

      Jésus lit attentivement… Pierre se dresse encore plus pour voir… Une fois la lecture finie, Jésus replie la feuille et dit :

      « Appelle ma Mère.

      – Tu ne me lis pas la lettre ?

      – J’attends les autres… Entre-temps, je vais congédier cet homme. »

      461.11 Et, pendant que Pierre se dirige vers la maison où se tiennent les femmes disciples avec Jeanne, Jésus va trouver le Grec :

      « Quand pars-tu ?

      – Je dois aller à Césarée chez le Proconsul, puis à Joppé après avoir acheté des marchandises. Je partirai d’ici un mois, assez tôt pour éviter les tempêtes de novembre. Je le ferai par mer. As-tu besoin de moi ?

      – Oui, pour répondre. La Grecque dit que je peux me fier à toi.

      – On dit que nous sommes faux, mais nous sommes aussi capables de ne pas l’être. Fais-moi confiance. Tu peux préparer l’écrit et me chercher pour la fête des Tentes chez Cléanthe. C’est lui qui me fournit en fromage de Judée pour les tables des Romains. C’est la troisième maison après la fontaine du village de Bethphagé. Tu ne peux te tromper.

      – Toi aussi, tu ne peux te tromper si tu suis la route où tu as mis le pied. Adieu, homme. La civilisation grecque t’amène à la chrétienne.

      – Tu ne me reproches pas de haïr ?

      – Te rends-tu compte que je devrais le faire ?

      – Oui, parce que tu réprouves la haine comme une passion indigne, et que tu as horreur de la vengeance.

      – Et toi, qu’en penses-tu ?

      – Que celui qui ne hait pas et pardonne, est plus grand que Zeus.

      – Atteins alors cette grandeur… Adieu, homme. Que ta famille aime Syntica et, dans l’exil où vous êtes, prenez les chemins de la Patrie immortelle : le Ciel. Celui qui croit en moi et met mes paroles en pratique aura cette Patrie. Que la Lumière t’éclaire. Va en paix. »

      L’homme salue et s’éloigne. Puis il s’arrête, et revient sur ses pas :

      « Je ne t’entendrai pas parler ?

      – A l’aurore, je vais parler à Tarichée. Mais ensuite, je partirai en direction de la Syro-Phénicie, puis, je ne sais par quel chemin, pour Jérusalem.

      – Je te chercherai, et demain je serai à Tarichée constater juger si tu es aussi éloquent que sage. »

      Sur ces mots, il part définitivement.

      461.12 Dans l’atrium, les femmes commentent avec Pierre la mort de Jean. Mais ceux qui étaient restés en ville pour prévenir que le Rabbi serait le lendemain matin à Tarichée, sont arrivés à leur tour. Et tous parlent du pauvre Jean et sont impatients de savoir.

      « Il est mort, mon Fils ? demande Marie.

      – Oui, le voilà en paix.

      – Il a vraiment fini de souffrir, soupire Pierre.

      – Il est définitivement sorti de prison.

      – Il aurait été juste qu’il ne souffre pas la dernière douleur de l’exil, observe Jude avec véhémence.

      – Une purification de plus…

      – Ah ! je ne voudrais pas d’une telle purification pour moi. N’importe quelle autre, mais ne pas mourir loin du Maître ! s’écrie Jacques, fils de Zébédée.

      – Et pourtant… nous mourrons tous ainsi… Maître… emmène-nous avec toi ! dit André après les autres.

      – Tu ne sais pas ce que tu demandes, André. Votre place est ici jusqu’à ce que je vous appelle. 461.13 Mais écoutez ce qu’écrit Syntica :

      “ Syntica du Christ, au Christ Jésus, salut.

      L’homme qui te portera ces feuilles est mon compatriote. Il m’a promis de te chercher jusqu’à ce qu’il te rencontre, en se réservant comme dernier endroit Béthanie où il laissera la lettre chez Lazare s’il n’a pu te trouver nulle part. C’est quelqu’un qui se remet, comme il le peut, de tout le mal qu’il a reçu, lui et ses ancêtres, de la part de Rome. Par trois fois, Rome les a frappés, de multiples manières, et toujours avec ses méthodes. Lui, avec sa finesse de Grec, dit qu’il trait les vaches du Tibre pour leur faire cracher les chèvres helléniques. Il est le fournisseur de la maison du Légat et de nombreuses maisons romaines de cette petite Rome, de cette grande ville, reine de l’Orient. En outre, après les aliments raffinés pour les riches, il a réussi à s’assurer, d’une manière astucieuse faite d’hommages serviles qui voilent une haine implacable, les fournitures des cohortes d’Orient. Je n’approuve pas sa façon de faire, mais chacun a sa méthode. Moi, j’aurais préféré le pain, mendié le long des routes, aux bourses d’or que lui offre l’oppresseur. Et c’est ainsi que j’aurais toujours agi, si maintenant un autre motif, qui n’est pas intéressé, ne m’avait poussée à imiter le Grec pour atteindre mon but.

      Mais, au fond, c’est un brave homme et ce sont de braves gens que sa femme, ses trois filles et son fils. Je les ai connus à la petite école d’Antigonie et, comme la mère était malade au commencement du printemps, je l’ai soignée avec le baume, et c’est ainsi que je suis entrée dans leur maison. Beaucoup de maisons m’auraient reçue comme maîtresse de broderie, demeures nobles et maisons de commerce, mais j’ai préféré celle-là, et pas précisément parce que ses habitants sont grecs. Je vais t’expliquer.

      Je te prie d’être indulgent pour Zénon, même si tu ne peux approuver ses vues. Il ressemble à certains terrains arides, quartzeux en surface, mais excellents sous une croûte dure. J’espère réussir à enlever cette croûte formée par tant de souffrances et à mettre à nu la bonne terre. Il serait d’un grand secours pour ton Eglise, car Zénon est connu et il a des relations avec quantité de personnes d’Asie Mineure et de Grèce, sans compter Chypre, Malte et jusqu’à l’Ibérie où il a partout des parents et des amis, grecs comme lui et persécutés, et aussi des Romains des milices ou de la magistrature, très utiles, un jour, à ta cause.

      461.14 Seigneur, au moment où j’écris, de l’une des terrasses de la maison, je vois Antioche avec ses quais sur le fleuve, le palais du Légat dans l’île, ses rues royales, ses murs aux centaines de tours puissantes et, si je me retourne, je vois le sommet du mont Sulpius qui me domine avec ses casernes, et le second palais du Légat. Je me trouve ainsi entre les deux manifestations de la puissance romaine, moi, pauvre femme sujette, seule. Mais elles ne me font pas peur. Je pense au contraire que ce qui est impossible au déchaînement des éléments et à la force d’un peuple entier révolté, sera fait par la faiblesse qui ne porte pas ombrage, la faiblesse apparente que méprisent les puissants, de ceux qui sont une force parce qu’ils possèdent Dieu : toi.

      Je pense, et je te le dis, que cette force romaine sera la force chrétienne quand elle t’aura connu, et que c’est par les citadelles de la romanité païenne qu’il faudra commencer le travail, parce qu’elles seront toujours les maîtresses du monde. Et une romanité chrétienne voudra dire une chrétienté universelle. Quand cela aura-t-il lieu ? Je ne sais, mais je sens que cela arrivera. C’est pour cela que je regarde en souriant ces témoignages de la puissance romaine, en pensant au jour où ils mettront leurs enseignes et leur force au service du Roi des rois. Je les considère comme on considère des amis qui ne savent pas encore qu’ils le sont, qui feront souffrir avant d’être conquis, mais qui, une fois conquis, te porteront, porteront la connaissance de toi jusqu’aux confins du monde.

      Moi qui suis une pauvre femme, voilà ce que j’ose dire à ceux qui sont mes grands frères en toi. Quand sera venue l’heure de conquérir le monde à ton Royaume, il ne faudra pas commencer par Israël, trop renfermé dans son rigorisme mosaïque, aigri par les pharisiens et les autres castes, mais par ici, par le monde romain, par ses ramifications — les tentacules par lesquels Rome étrangle toute foi, tout amour, toute liberté différente de ce qu’elle veut, au service de ses intérêts : c’est par là que devra commencer la conquête des âmes à la Vérité.

      Toi, tu le sais, Seigneur. Mais je parle pour les frères qui ne peuvent croire que nous aussi, les païens, nous aspirons au bien. C’est aux frères que je dis que, sous la cuirasse païenne, il y a des cœurs déçus par le vide du paganisme, qui ont la nausée de la vie qu’ils mènent, dictée par les coutumes, qui sont las de la haine, du vice, de la dureté. Il y a des âmes honnêtes, mais qui ne savent pas où s’appuyer, pour trouver un apaisement à leurs aspirations au bien. Donnez-leur une foi qui les assouvisse, ils mourront pour elle en la portant toujours plus en avant, tel un flambeau dans les ténèbres, comme les athlètes des jeux helléniques. ” »

A suivre...




[5] Favori de Tibère. Il intrigua pour lui succéder comme empereur et fut mis à mort en 31. Il est donc encore vivant au moment où ce chapitre se déroule. Nous sommes en l’an 29.

[6]  Aristote, disciple de Platon et précepteur d’Alexandre le Grand. Fondateur de l’école péripatéticienne.

[7] Cf. Actes des apôtres 17,23.

[8] Péripatéticien : du grec se promener, car Aristote enseignait en marchant.

[9] Cela voudrait dire que l’année où nous sommes, l’an 29, le début de Tammouz correspondait au début juin. L’année suivante, l’an 30 et année de la mort du Christ, l’année devrait comporter le WéAdar pour rattraper le calendrier solaire.



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