Condamnation du rationalismeLe 2 août 1943
Jésus dit :
“Sens-toi en sécurité. Celui qui m’a, a tout. Tu n’as plus faim et tu n’as plus soif, selon ma promesse [1], car tu crois en moi. Je ne parle pas de la faim et de la soif du pauvre corps. Je parle de la faim et de la soif de votre cœur, de votre âme, de votre esprit. La seule pensée que tu m’as près de toi te console, te soutient, te nourrit tout entière.
Non, je ne me fatigue pas d’être près de toi. Jésus ne se fatigue pas d’être près de ses pauvres enfants qui sont si malheureux sans lui. Est-ce que je me fatigue jamais de rester dans les églises à vous attendre, enserré dans un peu de pain pour assumer une forme visible à votre lourdeur matérielle ?
Les âmes que le Père m’a données sont comme le plus doux trésor que j’aie [2]. Peux-tu douter que je traite avec le plus tendre respect ce qui m’a été donné par le Père ?
Je suis descendu du Ciel, où j’étais bienheureux dans la divinité suprême de mon Essence, pour accomplir ce désir du Père de sauver le genre humain qu’il avait créé [3]. Circonscrit, moi l’Infini, à un peu de chair; rabaissé, moi le Puissant, au rôle d’un homme obscur [4] ; pauvre, moi le Maître de l’Univers, dans un petit village quelconque; accusé, moi le sans Tache, le très pur, de toutes les fautes morales et spirituelles comme rebelle à l’autorité humaine, corrupteur de peuples, transgresseur de la loi divine, blasphémateur contre Dieu; j’ai tout subi, j’ai tout accompli pour que se réalise le désir du Père.
Non, je ne me fatigue pas d’être avec toi. Je t’attends. Quand viendra ton heure, tu monteras avec moi à la vie éternelle, car elle est réservée à ceux qui croient en moi. Je t’ai déjà dit[5] comment celui qui croit, qui croit réellement, se sauve. Car la Foi apporte avec elle les autres vertus et fait pratiquer les vertus et la Loi.”
Toujours le 2 août.
Jésus dit :
“Dis au Père (Migliorini), qui demande un signe pour convaincre ses confrères de certaines vérités qu’on ne peut nier, que je lui donne la même réponse qu’au riche Épulon[6] : "S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils n’écouteront pas davantage un mort ressuscité[7]".
S’ils n’écoutent pas la voix de leur conscience inspirée par moi, laquelle leur crie ses avertissements incontestables et véridiques, s’ils étouffent sous l’incrédulité ce reste de sensibilité qui persiste en eux, comment veux-tu qu’ils puissent entendre autre chose ? S’ils ne s'inclinent pas devant la réalité qui les frappe, et qu’ils ne se souviennent de rien, ne comprennent, n’admettent rien, comment veux-tu qu’ils croient à un signe ?
Ils me nient même moi, même s’ils disent ne pas me nier; ils sont savants et ils ont étouffé la belle et sainte simplicité, la pure capacité de croire, sous les pierres et les briques de leur science, trop imprégnée de terre pour pouvoir comprendre ce qui n’est pas de la terre.
Ah ! Maria ! Qu’il a de la peine, ton Jésus ! Je vois mourir ce que j’ai semé au prix de ma mort.
Mais ils ne me croiraient pas même si j’apparaissais. Ils mettraient en branle tous les outils de la science pour peser, énumérer, analyser les merveilles de mon apparition; ils déploieraient tous les raisonnements de leur culture, dérangeant les saints et les prophètes pour citer, de travers et de la façon qui leur convient davantage, les raisons pour lesquelles moi, Roi et Seigneur de la création, je ne peux apparaître.
Aujourd’hui, comme il y a à peu près vingt siècles, des simples d’esprit et des enfants me suivraient et croiraient en moi. Les simples, car ils ont le même cœur, vierge de rationalisme, de méfiance et d’orgueil d’esprit, que les tout-petits. Non. Je ne trouverais dans mon Église personne capable de croire. Ou plutôt, je trouverais, dans la grande armée de mes ministres, quelques âmes qui auraient su conserver la plus haute virginité : celle de l’esprit.
Ô sainte virginité de l’esprit ! Que tu es précieuse, que tu es chère à mon cœur qui a une prédilection pour toi ! Ô sainte virginité de l’esprit qui conserves la blancheur éclatante du Baptême aux âmes qui te possèdent, l’ardeur de la Confirmation aux âmes qui te gardent, qui continues de fournir la nourriture de la Communion aux âmes qui s’abandonnent à toi, qui es le Mariage de l’âme avec son Jésus, Maître et Ami, qui es le Sacerdoce qui consacre à la Vérité, qui es l’Huile qui purifie l’âme à l’heure extrême pour la préparer à entrer dans la demeure que je vous ai préparée ! Sainte virginité de l’esprit qui es lumière pour voir, son pour comprendre, qu’ils sont peu nombreux ceux qui savent te conserver !
Vois-tu, ma chère âme. Il y a peu de choses que je condamne aussi sévèrement que le rationalisme [8] qui déflore, désacralise et tue la Foi, je dis Foi avec la majuscule pour dire Foi véritable, absolue, royale. Je le condamne comme mon sicaire. C’est lui qui me tue dans les cœurs, qui a préparé et prépare des temps bien tristes à l’Église et au monde.
J’ai maudit d’autres choses. Mais aucune autant que le rationalisme. C’est la semence dont sont venues d’autres, tant d’autres doctrines vénéneuses. Il fut le perfide qui ouvre la porte à l’ennemi. En effet, il a ouvert les portes à Satan qui n’a jamais tant régné que depuis que règne le rationalisme.
Mais il est dit : "Quand le Fils de l’homme viendra, il ne trouvera pas de foi dans les cœurs [9]". Le rationalisme fait ainsi son œuvre. Je ferai la mienne.
Bienheureux ceux qui, tout comme ils ferment la porte au péché et aux passions, savent fermer les portes du temple secret à la science qui nie, et qui vivent, seuls avec l’Unique qui est tout, jusqu’au bout.
En vérité, je te dis que je serrerai contre mon cœur le malheureux qui a commis un crime humain et s’en est repenti, pourvu qu’il ait toujours admis que je peux tout; mais j’aurai le visage du Juge pour ceux qui, se basant sur une science humaine doctrinaire, nient le surnaturel dans les manifestations que le Père voudrait que je donne.
Un sourd de naissance n’entend pas, n’est-ce pas ? Quelqu’un qui aurait les tympans brisés dans un accident n’entend pas, n’est-ce pas ? Moi seul pourrais leur redonner l’ouïe simplement en les touchant de mes mains[10]. Mais comment puis-je donner l’ouïe à un esprit sourd si cet esprit ne se laisse pas toucher par moi ?
En ce qui concerne les questions du Père (Migliorini) sur l’adversaire ultime [11], laissons l’Horreur dans l’ombre du mystère. Il est inutile que vous sachiez certaines choses. Soyez bons et c’est tout. Offrez votre bonté à l’avance dans le but d’abréger la durée du règne monstrueux sur la race d’Adam.
Quant au temps... 1000,... 2000,... 3000, ne sont que des formes pour fournir une référence à votre mentalité limitée. La souveraineté bestiale du fils de l’Ennemi — "fils, non du vouloir de la chair [12]", mais du vouloir d’une âme qui est parvenue au sommet et au plus profond de son identification à Satan — est si cruelle que chaque minute sera un Jour, chaque jour sera une année, chaque année sera un siècle pour ceux qui vivront à cette heure-là. Mais pour Dieu, chaque siècle est un millième de Seconde, puisque l’éternité, c’est être dans un temps dont l’étendue est sans limites. L’horreur sera si démesurée que l’obscurité de la nuit la plus obscure sera la lumière du soleil de midi en comparaison pour les enfants des humains qui y seront plongés.
Son nom pourrait être "Négation". Car elle niera Dieu, elle niera la Vie, elle niera tout. Tout, tout, tout.
Vous croyez y être déjà ? Oh ! Pauvres gens ! Ce que vous vivez n’est qu’un lointain grondement de tonnerre. Ce sera alors un éclat de foudre sur vos têtes.
Soyez bons. Ma miséricorde est sur vous.”
Le soir de ce même 2 août, Jésus réapparaît, douloureux dans son vêtement de Sang [13]. Celui qui s’est pressé lui-même pour devenir liqueur de vie pour nous.
Il est très triste. Il ne me dit que trois petits mots : “Je souffre tant !”. Mais il me les dit vraiment en remuant les lèvres. Ce n’est pas comme les autres fois où je le vois triste ou souriant, mais toujours la bouche fermée, même si sa parole frappe mon esprit. Maintenant, il remue vraiment les lèvres pour dire : “Je souffre tant !” avec un accent si triste, si accablé que ça m’atteint comme une épée.
De quoi mon Jésus souffre-t-il ce soir en particulier ? Qui l’a frappé, le faisant saigner et pleurer ? Qu’est-ce que je peux faire pour le faire sourire ? Je comprends qu’une faute grave a été commise ce soir, je ne sais pas par qui, ni où[14]. Et je ne comprends rien d’autre.
Aujourd’hui, prise par les devoirs de l’hospitalité, je n’ai pas pu prier beaucoup. Mais la charité envers les pèlerins, c’est aussi une prière, n’est-ce pas ? Je ne pense donc pas qu’il souffre à cause de moi, et je suis donc en paix.
[1] Cf. Jean 6, 35. Voir aussi Jean 4, 14.
[2] Les âmes que le Père m’a données : Cf. Jean 17, versets 2, 6, 9 et 24.
[3] Cf. Jean 3, 16-17.
[4] Cf. Philippiens 2, 7-8.
[5] Dans les catéchèses du 18 juillet et du 22 juillet 1943.
[6] Épulon : traduction littérale d’epulone : fêtard en latin et glouton en italien.
[7] Cf. La parabole du riche et du pauvre Lazare de Luc 16, 19-31. Voir le récit correspondant en EMV 191.
[8] Le rationalisme oppose la raison à la révélation ou le sentiment.. C’est du rationalisme de l’école d’Antioche (IIIème siècle), qui s’interdit de saisir le sens mystique des Écritures que naissent les grandes hérésies d’Arius, Nestorius, Eunomius, qui en sont les adeptes.
Au XIIIème siècle Saint Thomas d’Aquin distingue Foi et raison, mais ne les dit pas incompatible. Enseignement que défend saint Jean-Paul II dans son encyclique Fides et ratio.
Au XVIIème siècle, Descartes, tente d’exclure toute idée de Providence divine et réduit l’action de Dieu au seul acte de création. Pour lui, la recherche de la vérité peut se faire par la raison seule, sans la lumière de la foi (les Principes de la philosophie). Cette réduction maximum de la part d’intervention divine dans le monde influence fortement rationalisme moderne. Celui-ci dérive progressivement vers les formes variées de l’athéisme : déisme, panthéisme, agnosticisme, matérialisme, … qui finissent par combattre la Foi, sujet d’aliénation selon leurs adeptes.
[9] Cf. Luc 18, 8. À noter que dans l’Évangile, la phrase est interrogative. Ici elle-est affirmative : Il ne trouvera pas la Foi. Jésus s’en explique dans les lignes suivantes.
[10] Cf. la guérison du sourd-muet de Marc 7, 31-37 (Ephphata). Dans Maria Valtorta, il y a deux guérisons similaires que Marc fusionne en un seul récit. Voir EMV 341 et EMV 419.
[11] L’Antéchrist.
[12] Cf. Jean 1, 13.
[13] Cf. Isaïe 63, 1-6.
[14] Le 2 août 1943, on recense, comme évènement majeur, la révolte du camp d’extermination de Treblinka et le bombardement de Hambourg pour la neuvième fois en huit jours. Les pertes sont estimées à 50.000 morts.
Cependant la grande souffrance de Jésus peut être causée par d’autres raisons.
Source : http://www.maria-valtorta.org/Quaderni/430802.htm