@Evelyn,
Concernant le commentaire de Youtube que vous avez tiré, j’ai l’impression qu’il s’attarde plutôt sur les faits qui entourent la publication de l’œuvre. Or, il faut resituer ces faits.
I. Maria Valtorta, Marie d’Agreda et Anne-Catherine Emmerich Il semble qu'elle est en contradiction sur de nombreux points avec d'autres mystiques.. qui elles, sont reconnues par l'Eglise. Lisez plutôt Anne Catherine Emmerich, Marie d'Agreda, Sainte Brigitte de Suède.. etc..
Les écrits d’Anne-Catherine Emmerich et Marie d’Agreda ne sont pas aussi fiables que ceux de Maria Valtorta.
Je m’explique.
Pour la première, Clemens Brentano, qui recueillait ses visions, a cru bon d’enrichir les visions par ses propres déductions. Des faits, des discours, des attitudes semblent avoir été ajoutés à l’écrit original.
Le cardinal José Saraiva Martins déclare :
La bienheureuse Anne-Catherine Emmerick, ne nous a laissé que trois lettres dont l’authenticité soit sûre. Les autres écrits, qui lui sont attribués par erreur, ont des origines diverses: les “visions” de la Passion du Christ ont été annotées, réélaborées très librement et sans contrôle par l’écrivain allemand Clemens Brentano et ont été publiées en 1833 sous le titre ''La douloureuse passion de Notre Seigneur Jésus-Christ''. […] Les œuvres en discussion ne peuvent donc pas être considérées comme des œuvres écrites ou dictées par Anne-Catherine Emmerick ni comme des transcriptions fidèles de ses déclarations et de ses récits, mais comme une œuvre littéraire de Brentano qui a procédé à de telles amplifications et manipulations qu’il est impossible d’établir quel est le véritable noyau attribuable à la bienheureuse.
Maria Valtorta n’a jamais retravaillé ses écrits : elle annotait les copies dactylographiées ou ajoutait des réflexions dans la marge.
Il n’y a donc pas eu de “pollution extérieure” par un tiers, si tant est qu’on accepte l’idée qu’il s’agisse d’une révélation privée.
Pour Marie d’Agreda, ses écrits ne sont pas non plus aussi fiables que ceux de Valtorta parce qu’elle écrit ses visions dix ans plus tard, et elle en vient à brûler son manuscrit (à la demande d’un de ses confesseurs). Elle réécrit ensuite son oeuvre. Elle a certainement fait de son mieux, mais nous qui ne sommes que des créatures, je n’ose imaginer l’ampleur de la tâche pour se rappeler tout ce qu’elle a vu.
Les vicissitudes de la narration des visions, notamment la distance entre leur rédaction et les visions initiales, ainsi que les pressions psychologiques auxquelles Marie d'Agréda fut soumise, ont introduit des éléments de l'époque comme le confirmera Jésus à Maria Valtorta, une autre voyante : "S’il faut répéter toute une série de visions en ne les ayant plus sous les yeux, après un long intervalle de temps, il retombe sans cesse dans sa propre personnalité et dans les habitudes de son époque".
De là trois défauts :
- un langage artificiellement recomposé,
- une abondance en superstructures,
- avec une superfétation du merveilleux.
Pour ce qui concerne Maria Valtorta, elle écrit instantanément ce qu’elle voit, et si elle contemple une seconde fois la vision, elle l’écrit une nouvelle fois sans retoucher à la vision précédente.
Cela ne veut pas dire que Anne-Catherine Emmerich et Marie d’Agreda ne doivent pas être lues, au contraire, elles sont une sources d’édification, mais en termes de « fidélité » et « véracité » des faits, c’est Maria Valtorta qui témoigne le plus fidèlement ce qu’elle a vu.
Je ne me prononce pas sur Brigitte de Suède que je ne connais pas du tout mais j’ai déjà lu quelques extraits de son oeuvre et je les avais bien appréciés.
Bref, tout cela pour dire que certes, on peut tout à fait lire Anne-Catherine Emmercih et Marie d’Agreda, mais leurs oeuvres n’ont pas leur perfection qu’elles avaient au tout début quand elles voyaient les visions. On ne retrouve pas ce défaut chez Maria Valtorta, puisqu’elle écrit sur-le-champ ce qu’elle voit, sans retoucher à ses visions.
Puisque ces trois mystiques ont eu des conditions d’écriture différentes, il ne faut pas s’étonner qu’on retrouve des contradictions entre elles.
Pour informations, voilà les deux sources que j’ai été consultées pour répondre à ce sujet :
http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaAgreda.htmhttp://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/ACEmmerich.htmEt je recommande ce fil :
https://imitationjesuschrist.forumactif.com/t539-qui-est-maria-valtorta-o-la-position-de-l-eglise-o-differences-avec-marie-d-agreda-et-a-c-emmerichII. La mise à l’Index En 1949 l'ouvrage est examiné par la Congrégation pour la doctrine de la foi (appelée alors Saint-Office) en charge de ces questions. Loin de recevoir l'imprimatur, il est interdit de publication, comme l'indique l'article de L'Osservatore Romano en date du 6 janvier 1960 : « Il y a environ dix ans [donc environ 10 ans avant 1960] il circulait d'épaisses pages dactylographiées qui contenaient des prétendues visions et révélations. À ce moment-là l'Autorité Ecclésiastique compétente avait prohibé l'impression de ces pages dactylographiées et avait commandé qu'elles fussent retirées de la circulation[12]. »
J’aurais bien aimé savoir de quel article était tiré cet extrait, mais ce n’est pas grave. Si jamais ça a été repris de Wikipédia, j’attire quand même l’attention sur le fait qu’il y a quelques personnes qui censurent cette page, sans accepter quoi que ce soit qui appuie l’œuvre.
Pour ce qui concerne l’interdiction de 1960, il faut bien savoir que :
- L’œuvre de Maria Valtorta ne fut condamnée que pour une raison disciplinaire, le défaut d’imprimatur, et non dogmatique. Cet imprimatur n’est plus formellement requis pour de telles œuvres.
- L’œuvre a été examinée et certifiée par des
autorités compétentes sur les plans dogmatique, théologique, biblique et exégétique.
- Ses soutiens se recrutent dans la sphère
des Pontifes et des saints.
L’ouvrage de Maria Valtorta fut censurée au titre de
l’article 1385, paragraphe 1, § 2 du Code de droit canonique de 1917, en vigueur au temps de Maria Valtorta. Il stipulait qu’aucun livre touchant à un sujet religieux ne peut être édité sans imprimatur. Hors c’était le cas de la vie de Jésus de Maria Valtorta qui ne pouvait fournir une attestation écrite dans ce sens.
Il s’agit d’une condamnation disciplinaire et non doctrinale. Les condamnations doctrinales sont régies par un autre article du code : le § 1399. On imagine mal d’ailleurs que des souverains Pontifes, des cardinaux, des théologiens et des biblistes
aient pu soutenir une œuvre contraire à la foi, voire même futile ou nocive. Cela est du simple bon sens.
La censure intervient en décembre 1959 : plus de trois ans après la publication du premier tome (juin 1956). Il faut dire qu’entre-temps le Pape Pie XII, qui avait encouragé la publication, était mort : ceci explique cela.
http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta08.htmIII. Benoit XVI et Maria Valtorta En ce qui concerne les œuvres de Maria Valtorta, dans un courrier daté du 31 janvier 1985 adressé au cardinal Siri, archevêque de Gênes, le cardinal Joseph Ratzinger, successeur d'Alfredo Ottaviani à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, confirme que leur diffusion ne serait pas « opportune »[19]. Il écrit à ce propos : « L'Index conserve toute sa valeur morale, par laquelle il n'est pas opportun de diffuser ou de recommander une œuvre dont la condamnation n'a pas été décidée à la légère mais pour des raisons mûrement réfléchies, afin de neutraliser les dommages qu'une telle publication peut causer aux fidèles les plus naïfs ».
Dans ce cas-là, vous ne savez pas la réaction de Benoît XVI dans les années 90. Je mets un extrait ici :
Il [Benoît XVI] lisait volontiers l’Homme Nouveau, un magazine dirigé alors par Marcel Clément. L’abbé André Richard y publiait régulièrement des articles très favorables à la mystique italienne. Ce qui donna l’occasion au cardinal Ratzinger d’intervenir. Mais le mieux est d’écouter Geneviève Esquier, journaliste à Marie de Nazareth raconter les faits dont elle fut témoin directe :
Quand j'étais journaliste à L'Homme Nouveau, dans les années 90, nous publiions des articles très positifs sur Maria Valtorta, jusqu'au jour où le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a écrit à Marcel Clément, directeur du journal qu'il connaissait bien, pour lui demander de suspendre les articles sur Valtorta, au motif qu'il y avait quelques doutes sur l'orthodoxie de ses propos, notamment en matière de théologie du mariage. Il se demandait s'il n'y avait pas quelques relents de jansénisme chez elle et voulait prendre le temps d'étudier ses écrits.
Marcel Clément a réuni la rédaction du journal pour nous annoncer que non seulement pendant un temps indéfini, on ne publierait plus rien sur Maria Valtorta, mais qu'on suspendait aussi la vente de ses livres à la librairie de l'Homme Nouveau, où on en vendait beaucoup !
À peu près un an plus tard, le cardinal Ratzinger a à nouveau écrit à Marcel Clément pour le remercier de son obéissance et pour lui dire qu'il pouvait reprendre la publication et la vente des ouvrages de Valtorta, car ils ne contenaient rien qui aille contre la doctrine de l'Église. (Pour info, le cardinal Ratzinger était un lecteur très assidu de l'Homme Nouveau).
Hélas, je ne possède pas copie de cette lettre qui doit se trouver dans les papiers de Clément, ou même encore dans les dossiers de l'Homme Nouveau. Mais j'en ai été le témoin oculaire et auditif !
La rédaction de Marie de Nazareth rajoute : « nous recherchons cette lettre actuellement dans les archives de l’Homme Nouveau, mais le témoignage est très fiable ». Effectivement, il est corroboré par une autre personne qui souhaite cependant rester anonyme.
Ce Nihil obstat du Préfet de la Congrégation pour la foi a été confirmée par Mgr Roman Danylak administrateur apostolique de l’Église gréco-catholique pour l’est-canadien : le cardinal Ratzinger, écrit-il, « en lettres privées, a reconnu que cette œuvre est exempte d'erreurs de doctrine ou de morale » [5].
Pour lire la position de Benoit XVI, il faut aller ici :
http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/054.htmIV. Emilio Pisani, le péché originel et l’expression de « l’Homme-Dieu » À l'initiative du cardinal Ratzinger et de la Congrégation, la Conférence des évêques italiens demande à l'éditeur de Maria Valtorta de publier un démenti à l'intérieur des volumes « qui indique clairement, dès la toute première page, que les "visions" et les "dictées" auxquelles il est fait allusion sont simplement des formes littéraires utilisées par l'auteur pour raconter la vie de Jésus à sa manière. Elles ne peuvent être considérées comme étant d'origine surnaturelle ». .... Depuis lors, plusieurs théologiens catholiques, dont le prêtre jésuite Mitch Pacwa[14], ont réexpliqué pour quelles raisons l'Église catholique a clairement condamné, à plusieurs reprises, l'ouvrage de Maria Valtorta. Ils ont relevé de nombreuses et graves incohérences théologiques, incompatibles avec le dogme catholique : par exemple, le « péché originel » est décrit comme une scène d'attouchements sexuels ou encore Maria Valtorta désigne Jésus-Christ sous le nom de « l'Homme-Dieu » alors que pour le catholicisme il est « Dieu fait homme »[32].
Pour la première partie de la citation, je réponds ceci :
Les auteurs de la note rappellent que Mgr Tettamanzi adressa le 6 mai 1992 une lettre à Emilio Pisani, l’éditeur de Maria Valtorta, dans laquelle il lui demandait « pour le bien des lecteurs et dans l’esprit d’un authentique service de la foi de l’Église, de déclarer clairement dès les premières pages que les “visions” et les “dictées” reproduites ne peuvent pas être considérées d’origine surnaturelle, mais comme de simples formes littéraires que l’auteur a utilisé pour raconter, à sa façon, la vie de Jésus ».
Cependant, ils ne disent pas que M. Pisani répondit à Mgr Tettamanzi par écrit ne pas avoir l’autorité de déclarer de lui-même que les “visions” et les “dictées” pouvaient être d’origine surnaturelle ou non, mais être prêt à imprimer sur tous les volumes une telle déclaration si elle était établie de manière officielle par l’autorité ecclésiastique compétente. Il n’obtint jamais de réponse.
(Donc, M. Pisani n’a pas manqué à son devoir.)
https://www.fabricegagnant.com/commission-doctrinale-cef-maria-valtorta/#La_demande_de_Mgr_Tettamanzi_est_restee_sans_suite
Qu’on me cite explicitement où le péché originel est décrite comme une scène d’attouchements sexuels. Moi qui ai lu toute l’œuvre, je n’ai jamais lu ce passage.
Concernant l’expression de l’Homme-Dieu, il n’y a rien de contradictoire en cela, puisque Jésus est vrai Homme et vrai Dieu. En tout cas, je ne vois pas où est le problème...
V. Le tournevis Sur un plan plus anecdotique, l'ouvrage présente des anachronismes, par exemple l'usage de tournevis à l'époque christique.
Je ne connais pas cette histoire de tournevis.
J’ai retrouvé ceci sur le site maria-valtorta.org :
On trouve, sous la plume de Maria Valtorta, des mots anachroniques : certains sont dus à la traduction française interprétative, par exemple "jockey" à la place du mot original "aurige". Le traducteur a voulu, de bonne foi, "acculturer" dans le monde contemporain les visions du passé. Sur ce principe, il emploie aussi des mots comme "usine" à la place "d'atelier". Chaque fois que nous l'avons pu, nous avons restitué le mot original après l'avoir vérifié dans la version italienne de référence.
D'autres sont impropres comme "tournevis".
Maria Valtorta décrit les scènes qu'elle voit. Manquant du terme technique exact, il lui arrive d'utiliser l'analogie : "qui ressemble à...", avec les mots de sa culture.
L'outil qui ressemble à un tournevis est probablement un ciseau à bois, une gouge ou un bédane : à cette époque les outils du charpentier ressemblaient beaucoup à ceux de notre époque. Comme il s'agit des mots mêmes de Maria Valtorta, nous les avons laissé tel quel. Au lecteur de se faire sa propre opinion.
http://www.maria-valtorta.org/Memo/Charpentier.htm
La traduction française n’est pas parfaite : sur le forum Maria Valtorta, un membre a relevé que le mot “animo” et “anima” (qui ont deux sens différents en italien) étaient traduits par “âme”, alors qu’on devrait probablement distinguer “âme” et “esprit”
VII. Sept condamnations ? L'Église catholique n'est jamais revenue sur cette condamnation, prononcée au minimum sept fois : en 1949, 1959, 1960, 1961, 1985 et deux fois en 1993.
Je me permets de taguer
@Valtortiste91 car cette affirmation me semble erronée. S’il y avait eu sept condamnations, officieuses ou officielles, je crois que les plus grands défenseurs de l’œuvre le sauraient.
Sauf erreur de ma part, il n’y a pas eu de condamnation officielle de l’Eglise d’un point de vue doctrinal et théologique. Comme je l’énonçais plus haut, l’Index portait sur un défaut d’imprimatur (c’est-à-dire une autorisation d’imprimer). Le reste concerne surtout des avertissements de l’Eglise qui se remet « à la conscience mâture des fidèle ». Même le récent avertissement de la CEF ne condamne pas le contenu spirituel de l’Oeuvre.
Quant aux observations de l’Osservatore Romano, il y vraiment moyen de remettre leurs contestations dans le contexte de l’Oeuvre.
VIII. Le CEV et les prêtres qui soutiennent l’Oeuvre Selon l'éditeur En 1985, le fils de Michele Pisani, premier éditeur de Maria Valtorta, Emilio Pisani créé une société privée ad hoc, le Centro Editoriale Valtortiano (CEV). Les statuts du CEV indiquent que la société a pour "vocation spécifique et prioritaire de développer, documenter et diffuser la connaissance de Maria Valtorta, de sa personne, de ses écrits, de ses idéaux, au moyen de l'impression et de la vente de ses œuvres littéraires". Le CEV parle du soutien de plusieurs ecclésiastiques de haut rang qu'aurait reçus L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, avant et après sa mise à l'Index. Ces témoignages ont été exclusivement publiés par le CEV et n'ont été confirmés par aucune autre source. " En espérant que cela vous aide à discerner.
Je peux citer trois prêtres qui défendaient l’oeuvre :
- Mgr René Laurentin
- Le Père Yannick Bonnet ;
- Le frère Benjamin de Don Bosco, d’ailleurs, vous retrouvez son témoignage sur Youtube.