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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 3 Juil - 7:13

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Au château à Césarée Panéade"

Le repas est terminé dans la maison hospitalière. Jésus sort avec les douze, les disciples et le vieux maître de maison. Ils reviennent à la "Grande Source", mais ne s'y arrêtent pas. Ils continuent leur route en allant toujours en direction du nord.

La route qu'ils ont prise, bien que montante, est pratique car c'est une vraie route que peuvent suivre les chars et les chevaux. Tout en haut, au sommet d'une montagne, il y a un château massif ou une forteresse, qui étonne à cause de sa forme singulière. On dirait deux constructions établies avec une différence de niveau de quelques mètres l'une par rapport à l'autre, de sorte que celle qui est le plus en arrière et la mieux fortifiée, est surélevée par rapport à l'autre et la domine et la défend. Un mur élevé et large, dominé par des tours massives de forme carrée, relie les deux constructions qui pourtant forment un ensemble unique car elles sont entourées d'une enceinte unique avec des pierres en saillie, verticales ou un peu obliques à la base pour donner un meilleur appui au poids du bastion. Je ne vois pas le côté ouest, mais les deux côtés nord et sud tombent à pic ne formant qu'un avec la montagne qui est isolée et qui descend à pic de ces deux côtés et je crois qu'il en est de même du côté ouest.
Le vieux Benjamin, à cause de la fierté de tout habitant envers sa cité, fait valoir le château du Tétrarque, qui est en même temps qu'un château une défense de la ville, et il en énumère la beauté et la puissance, la solidité, la commodité des citernes et des bassins, des espaces libres, le large champ de vision, sa situation, etc. etc. "Les romains eux-mêmes disent qu'il est beau. Et eux s'y connaissent !..." termine le vieillard. Et il ajoute : "Je connais l'intendant, aussi je puis vous faire entrer. Je vais vous faire voir le plus vaste et le plus beau panorama de la Palestine."

Jésus écoute avec bienveillance. Les autres sourient un peu, eux qui ont vu tant de panoramas... mais le vieillard est si bon qu'ils n'ont pas le cœur de le mortifier et ils l'approuvent dans son désir de montrer de belles choses à Jésus.

Ils arrivent au sommet. La vue est vraiment belle, même de la petite place qui est devant le portail de fer qui donne accès. Mais le vieillard dit : "Venez, venez !... Dedans, c'est plus beau. Nous allons monter sur la partie la plus haute de la citadelle. Vous allez voir..." Ils pénètrent dans l'entrée sombre creusée dans la muraille large de plusieurs mètres, jusqu'à une cour où les attendent l'intendant et sa famille. Les deux amis se saluent et le vieillard explique le but de sa visite.

"Le. Rabbi d'Israël ?! Dommage que Philippe soit absent. Il désirait le voir, car sa renommée était parvenue jusqu'à lui. Il aime les vrais rabbis car ce sont les seuls qui ont défendu son droit, et aussi pour faire la nique à Antipas qui ne les aime pas. Venez, venez !..." L'homme a d'abord lorgné Jésus, puis il a pensé bien faire de l'honorer en Lui faisant une inclination digne d'un roi.

Ils traversent une nouvelle entrée, voilà une seconde cour et une nouvelle porte de fer qui donne accès à une troisième cour au-delà de laquelle se trouve un fossé profond et la muraille garnie de tours de la citadelle. Des visages curieux d'hommes d'armes et d'ordonnances se font voir de tous côtés, Ils pénètrent dans la citadelle et puis, par un escalier, ils montent sur le bastion et de là à une tour. Dans la tour entrent seulement Jésus avec l'intendant, Benjamin et les douze. Davantage serait impossible, car ils sont déjà serrés comme des anchois. Les autres restent sur le bastion.

Mais quelle vue quand Jésus et ceux qui l'accompagnent sortent sur la petite terrasse qui couronne la tour et ils penchent tous leurs visages du haut du parapet de pierre ! En se penchant sur le mur qui se trouve sur ce côté ouest, le plus élevé du fort, on voit Césarée toute entière qui s'étend au pied de ce mont et on la voit bien car elle aussi n'est pas en plaine, mais sur des pentes douces. Au-delà de Césarée, s'étend toute la plaine fertile qui précède le lac de Méron. On dirait une petite mer d'un vert tendre avec des facettes d'eaux claires couleur de turquoise qui brillent sur l'étendue verte comme des lambeaux du ciel serein. Et puis des collines plaisantes, mises comme des colliers vert émeraude foncé strié par l'argent des oliviers répandus çà et là aux abords de la plaine, et puis ce sont les panaches aériens des arbres en fleurs ou bien des massifs d'arbres fleuris... Mais en regardant vers le nord et l'est voici le Liban puissant, l'Hermon qui brille au soleil avec ses neiges perlées et les monts de l'Iturée, puis la vallée du Jourdain, enserrée dans le berceau qui se forme entre les collines de la mer de Tibériade et les monts de la Gaulanitide, apparaît dans un raccourci hardi, qui se perd, dans un lointain de rêve.

"Beau ! Beau ! Très beau !" s'exclame Jésus en admirant, et il semble bénir ou embrasser ces lieux merveilleux avec ses bras qui s'ouvrent et son visage souriant. Et il répond aux apôtres qui Lui demandent telle ou telle explication, en indiquant les endroits où ils ont été, ou bien les régions et les directions où elles se trouvent.
"Mais je ne vois pas le Jourdain" dit Barthélemy.

"Tu ne le vois pas, mais il est dans cette vaste étendue entre deux chaînes de montagnes. Tout de suite après celle de l'ouest se trouve le fleuve. Nous descendrons par là car la Pérée et la Décapole attendent encore l'Évangélisateur."

Mais à ce moment il se retourne, semblant interroger l'air à cause d'une lamentation longue, étouffée, qui frappe ses oreilles et ce n'est pas là première fois. Et il regarde l'intendant comme pour lui demander ce qui arrive.

"C'est une des femmes du château, une épouse. Elle est sur le point d'avoir un enfant. Le premier et le dernier car son époux est mort aux calendes de Casleu, Je ne sais même pas s'il va vivre, car la femme, depuis qu'elle est veuve, ne fait que fondre en larmes. Ce n'est plus qu'une ombre. Tu entends ? Elle n'a même plus la force de crier... Certainement... Veuve à dix-sept ans... et ils s'aimaient beaucoup. Ma femme et sa belle-mère lui disent : "Dans ton fils, tu retrouveras Tobie". Mais ce sont des mots..."
Ils descendent de la tour et font le tour des bastions, en admirant toujours l'endroit et le panorama. Puis l'intendant veut absolument offrir des boissons et des fruits aux visiteurs et ils entrent dans une vaste pièce sur le devant du fort, où les serviteurs apportent ce qui est commandé.

La lamentation est plus déchirante et plus proche, et l'intendant s'excuse aussi parce que cela retient sa femme loin du Maître. Mais un cri encore plus pénible que la lamentation d'avant lui succède et font rester en l'air les mains qui portaient les fruits ou les coupes à la bouche.

"Je vais voir ce qui est arrivé" dit l'intendant. Et il sort pendant que la cacophonie des cris et des pleurs entre encore plus forte par la porte entrouverte.

L'intendant revient : "Son enfant est mort à peine né... Quel tourment ! Elle essaie de le ranimer avec les forces qui lui restent;,. Mais il ne respire plus. Il est noir !..." et il secoue la tête en ajoutant : "Pauvre Dorca !"

"Apporte-moi le bébé."

"Mais il est mort, Seigneur !"

"Apporte-moi l'enfant, te dis-je, comme il est. Et dis à la mère qu'elle ait foi."

L'intendant s'éloigne. Il revient : "Elle ne veut pas. Elle dit qu'elle ne le donnera à personne. Elle semble folle. Elle dit que nous faisons cela pour le lui prendre."

"Conduis-moi au seuil de sa pièce pour qu'elle me voie."

"Mais..."

"Laisse courir ! Je me purifierai après, si jamais..." Ils vont rapidement par un couloir sombre jusqu'à une porte fermée. Jésus l'ouvre Lui-même en restant sur le seuil, en face du lit sur lequel une créature diaphane serre sur son cœur un petit être qui ne donne pas signe de vie.

"La paix à toi, Dorca. Regarde-moi. Ne pleure pas. Je suis le Sauveur. Donne-moi ton petit..."

Ce qu'il y a dans la voix de Jésus, je ne sais pas. Je sais que la femme désespérée, qui au premier regard avait férocement serré le nouveau-né sur son cœur, le regarde et son œil qui était tourmenté et fou s'ouvre à une lumière douloureuse, mais pleine d'espoir. Elle remet le petit être, enveloppé dans des linges fins, à la femme de l'intendant... et elle reste là, les mains tendues, la vie, la foi dans ses yeux dilatés, sourde aux prières de sa belle-mère qui voudrait la faire étendre.

Jésus prend le paquet de chair à demi refroidie et de linge, et il tient le petit tout droit par les aisselles, et il appuie sa bouche sur les lèvres entrouvertes en se tenant penché car la petite tête pend en arrière. Il souffle fortement dans la gorge inerte... Il reste un instant les lèvres appuyées sur la petite bouche, puis il s'écarte... et un pépiement tremble dans l'air immobile... un second plus fort... un troisième... et enfin un vrai vagissement tout en essayant de remuer sa petite tête, en agitant ses mains, ses pieds, alors que dans un long pleur triomphal de nouveau-né se colore sa petite tête sans cheveux, sa figure minuscule... et le cri de la mère lui répond : "Mon enfant ! Mon amour ! La descendance de mon Tobie ! Sur mon cœur ! Sur le cœur de maman... que je meure heureuse..." dit-elle dans un murmure qui s'éteint dans un baiser et une réaction d'abandon bien compréhensible.

"Elle meurt !" crient les femmes.

"Non. Elle entre dans un repos bien mérité. Quand elle va s'éveiller, dites-lui d'appeler l'enfant : Jésaï-Tobie. Je la reverrai au Temple le jour de sa purification. Adieu. La paix soit avec vous." Il referme lentement la porte et se détourne pour revenir où il était, vers ses disciples. Mais ils sont tous là, groupe ému qui a vu et qui le regarde avec admiration.

Ils reviennent ensemble dans la cour. Les saluent l'intendant abasourdi qui ne cesse de répéter : "Comme il regrettera le Tétrarque de n'avoir pas été ici !" et ils reprennent la descente pour revenir à la ville.

Jésus met la main sur l'épaule du vieux Benjamin en lui disant : "Je te remercie pour ce que tu nous as fait voir et pour avoir été la cause d'un miracle."...

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-033.htm
Tome: 5/33

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La Décapole : Césarée Panénade



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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 4 Juil - 7:09

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Jésus prédit pour la première fois sa Passion."

Il blâme Pierre.


Jésus a dû quitter la ville de Césarée de Philippe dès les premières lueurs du matin, car maintenant elle est déjà loin avec ses montagnes, et la plaine entoure de nouveau Jésus qui se dirige vers le lac de Méron pour aller ensuite vers celui de Génésareth. Il a avec Lui tous les apôtres et les disciples qui étaient à Césarée. Mais une caravane si nombreuse sur la route n'étonne personne, car on rencontre déjà d'autres caravanes qui se dirigent vers Jérusalem, des caravanes d'israélites ou de prosélytes qui viennent de tous les lieux de la Diaspora et qui désirent rester quelque temps dans la Cité Sainte pour entendre les rabbis et respirer longuement l'air du Temple.

Ils avancent rapidement, sous un soleil déjà haut sur l'horizon, mais qui ne gêne pas encore car c'est un soleil de printemps qui joue avec les feuilles nouvelles et les branches fleuries et qui fait naître des fleurs, des fleurs, des fleurs, de tous côtés. La plaine, qui précède le lac, n'est qu'un tapis fleuri et l’œil, en se tournant vers les collines qui l'entourent, les voit couvertes des touffes blanches, légèrement rosées, ou franchement roses, ou roses presque rouges, des différents arbres fruitiers ou bien, en passant près des rares maisons des paysans ou près des maréchaleries çà et là le long de la route, il se réjouit des premiers rosiers fleuris dans les jardins, le long des haies ou contre les murs des maisons.

"Les jardins de Jeanne doivent être tout en fleurs" fait remarquer Simon le Zélote.

"Le jardin de Nazareth aussi doit paraître un panier plein de fleurs. Marie est la douce abeille qui va d'un rosier à l'autre, et de ceux-ci aux jasmins qui ne vont pas tarder de fleurir, aux lys dont les boutons paraissent déjà sur les tiges, et elle cueillera le rameau d'amandier comme elle le fait toujours, et même elle cueillera le rameau du poirier ou du grenadier pour le mettre dans l'amphore dans sa petite pièce.

Quand nous étions enfants nous lui demandions chaque année : "Pourquoi gardes-tu toujours un rameau de l'arbre en fleurs et qu'au contraire tu n'y mets pas les premières roses ?" Et elle répondait : "Parce que sur ces pétales je vois écrit un ordre qui me vint de Dieu et que je sens l'odeur pure de la brise céleste". Tu t'en souviens, Jude ?" demande Jacques d'Alphée à son frère.

"Oui, je m'en souviens. Et je me rappelle que, devenu homme, j'attendais avec anxiété le printemps pour voir Marie se déplacer dans son jardin sous les nuées de ses arbres en fleurs et à travers les haies des premières roses. Je n'ai jamais vu de spectacle plus beau que celui de cette éternelle jeune fille glissant parmi les fleurs, au milieu des vols de colombes..."

"Oh ! allons vite la voir, Seigneur ! Que moi aussi je voie tout cela !" supplie Thomas.

"Nous n'avons qu'à accélérer la marche et reposer très peu la nuit, pour arriver à temps à Nazareth" répond Jésus.

"Tu me fais ce plaisir, Seigneur ?"

"Oui, Thomas. Nous irons tous à Bethsaïda, et puis à Capharnaüm, et là nous nous séparerons, nous pour aller en barque à Tibériade et puis à Nazareth. De cette façon nous tous, sauf les juifs, nous prendrons des vêtements plus légers. L'hiver est fini."

"Oui, et nous allons dire à la Colombe: "Lève-toi vite, ô ma bien- aimée, et viens car l'hiver est passé, la pluie est finie, il y a des fleurs sur la terre..Debout, ô mon amie, et viens, colombe qui restes cachée, montre-moi ton visage, et fais-moi entendre ta voix."

"Bravo, Jean ! Tu sembles un amoureux qui chante sa chanson à sa belle !" dit Pierre.

"Je le suis. Je le suis de Marie. Je ne vois pas d'autre femme qui éveille mon amour. Il n'y a que Marie, que j'aime de tout moi- même."

"Je le disais moi aussi, il y a un mois. N'est-ce pas, Seigneur ?" dit Thomas.

"Je crois que nous sommes tous énamourés d'elle. Un amour si élevé, si céleste !... Tel qu'il n'y a que cette Femme qui puisse l'inspirer. Et l'âme aime complètement son âme, l'esprit aime et admire son intelligence, l'œil l'admire et se complaît dans sa grâce pure qui donne une affection sans trouble, tout comme quand on regarde une fleur... Marie, la Beauté de la terre et, je crois, la Beauté du Ciel..." dit Mathieu.

"C'est vrai ! C'est vrai ! Tous nous voyons en Marie ce qu'il y a de plus doux dans la femme. A la fois l'enfant pure et la mère très douce. Et on ne sait pas si on l'aime plus pour l'une ou l'autre de ces grâces..." dit Philippe.

"On l'aime parce que c'est "Marie". Voilà !" dit Pierre sentencieusement.

Jésus les a entendus parler et il dit : "Vous avez tous bien parlé. Simon Pierre a très bien parlé. On aime Marie parce que c'est "Marie". Je vous ai dit, en allant à Césarée, que seuls ceux qui uniront une foi parfaite à un amour parfait arriveront à connaître le vrai sens des mots : "Jésus, le Christ, le Verbe, le Fils de Dieu et le Fils de l'homme". Mais maintenant aussi je vous dis qu'il y a un autre nom lourd de sens. Et c'est celui de ma Mère. Seulement ceux qui uniront une foi parfaite à un amour parfait arriveront à connaître le vrai sens du nom "Marie", de la Mère du Fils de Dieu. Et le vrai sens commencera à apparaître clairement aux vrais croyants et aux vrais aimants dans une heure redoutable de déchirement, quand celle qui a enfanté sera suppliciée avec celui qui est né d'elle, quand la Rédemptrice rachètera avec le Rédempteur, aux yeux de tout le monde et pour tous les siècles des siècles."

"Quand ?" demande Barthélemy alors qu'ils se sont arrêtés sur les bords d'un gros ruisseau où boivent de nombreux disciples.

"Arrêtons-nous ici pour partager le pain. Le soleil est au midi. Ce soir nous serons au lac de Méron et nous pourrons raccourcir le chemin avec de petites barques" répond évasivement Jésus.

Tous s'assoient sur l'herbe, tendre et attiédie par le soleil, des bords du ruisseau, et Jean dit : "C'est dommage d'abîmer ces petites fleurs si gentilles. On dirait des morceaux de ciel tombés ici sur les prés." Il y a des centaines et des centaines de myosotis.

"Elles renaîtront plus belles demain" dit Jacques à son frère pour le consoler. "Elles ont fleuri afin de faire au-dessus des mottes une salle de banquet pour le Seigneur."

Jésus offre et bénit la nourriture et tous se mettent à manger allègrement. Les disciples, comme autant de tournesols, regardent tous vers Jésus qui est assis au milieu de la rangée de ses apôtres. Le repas est vite fini, assaisonné de sérénité et d'eau pure. Mais, comme Jésus reste assis, personne ne bouge. Les disciples aussi s'approchent pour entendre ce que dit Jésus que ses apôtres interrogent, et ils l'interrogent encore sur ce qu'il a dit avant de sa Mère.

"Oui. Parce qu'être ma Mère selon la chair, se serait déjà une grande chose. Pensez que l'on se rappelle Anne d'Elcana parce que mère du prophète Samuel. Mais lui n'était qu'un prophète, et pourtant on se souvient de sa mère parce qu'elle l'a engendré. Par conséquent le souvenir de Marie serait accompagné des plus grands éloges parce qu'elle a donné au monde Jésus le Sauveur. Mais ce serait peu par rapport à ce que Dieu exige d'elle pour compléter la mesure requise pour la rédemption du monde. Marie ne décevra pas le désir de Dieu. Elle ne L'a jamais déçu. Depuis la requête d'un amour total a celle d'un sacrifice total, elle s'est donnée et elle se donnera. Et quand elle aura consommé le plus grand sacrifice, avec Moi, pour Moi, et pour le monde, alors les vrais fidèles et les vrais aimants comprendront le vrai sens de son Nom. Et dans les siècles des siècles, il sera accordé de le savoir à tout véritable fidèle, à tout véritable aimant. Le Nom de la Grande Mère, de la sainte Nourrice qui allaitera dans les siècles des siècles les enfants du Christ par ses pleurs, pour les faire croître à la Vie des Cieux."

"Pleurer, Seigneur ? Elle doit pleurer ta Mère ?" demande l'Iscariote.

"Toute mère pleure, et la mienne pleurera plus que toute autre."

"Mais pourquoi ? J'ai fait quelquefois pleurer ma mère parce que je ne suis pas toujours un bon fils. Mais Toi ! Tu ne donneras jamais de douleur à ta Mère."

"Non. En effet je ne lui donne pas de douleur en tant que Fils, mais je lui en donnerai en tant que Rédempteur. Il y en aura deux qui feront verser à ma Mère des pleurs qui n'auront pas de fin : Moi pour sauver l'Humanité, et l'Humanité par son continuel péché. Tout homme qui a vécu, vit ou vivra coûte des larmes à Marie."

"Mais pourquoi ?" demande Jacques de Zébédée, étonné.

"Parce que tout homme me coûte des tortures à Moi, pour le racheter."

"Mais comment peux-tu dire cela de ceux qui sont morts ou de ceux qui ne sont pas encore nés ? Te feront souffrir ceux qui sont vivants, les scribes, les pharisiens, les sadducéens, par leurs accusations, leurs jalousies, leurs méchancetés, mais rien de plus" affirme, sûr de lui, Barthélemy.

"Jean-Baptiste a été tué aussi... et ce n'est pas le seul prophète qu'Israël ait tué, et le seul prêtre du Vouloir éternel, tué parce qu'il était mal vu de ceux qui désobéissent à Dieu."

"Mais Toi, tu es plus qu'un prophète et plus que le Baptiste lui-même, ton Précurseur. Tu es le Verbe de Dieu. La main d'Israël ne se lèvera pas sur Toi" dit Jude Thaddée.

"Tu le crois, mon frère ? Tu es dans l'erreur" lui répond Jésus.

"Non. Cela ne peut être ! Cela ne peut arriver ! Dieu ne le permettra pas ! Ce serait avilir pour toujours son Christ !" Jude Thaddée est si agité qu'il se lève.

Jésus aussi l'imite et il regarde fixement son visage pâle, ses yeux sincères. Il dit lentement: "Et pourtant il en sera ainsi" et il abaisse son bras droit qu'il tenait levé, comme pour jurer.

Tous se lèvent et se serrent encore davantage autour de Lui, une couronne de visages affligés, mais plus encore incrédules, et des murmures circulent dans le groupe : "Certainement... si c'était ainsi... le Thaddée aurait raison."

"Ce qui est arrivé au Baptiste, c'est mal, Mais cela a exalté l'homme, héroïque jusqu'à la fin. Si cela arrivait au Christ, il en serait diminué."

"Christ peut être persécuté, mais pas avili."

"L'onction de Dieu est sur Lui."

"Qui pourrait croire encore, s'il te voyait à la merci des hommes ?"

"Nous ne le permettrons pas."

Le seul qui se tait est Jacques d'Alphée. Son frère l'attaque : "Tu ne parles pas ? Tu ne réagis pas ? Tu n'entends pas ? Défends le Christ contre Lui-même !"

Jacques, pour toute réponse, porte les mains à son visage et il s'écarte un peu en pleurant.

"C'est un sot !" prononce son frère.

"Peut-être moins que tu ne penses" lui répond Hermastée, et il continue : "Hier, en expliquant la prophétie, le Maître a parlé d'un corps décomposé qui se recompose et d'un corps qui par lui-même ressuscite. Je pense que quelqu'un ne peut ressusciter si d'abord il n'est pas mort."

"Mais il peut être mort de mort naturelle, de vieillesse. Et c'est déjà beaucoup pour le Christ !" réplique le Thaddée, et plusieurs lui donnent raison.

"Oui, mais alors ce ne serait pas un signe donné à cette génération qui est beaucoup plus vieille que Lui" observe Simon le Zélote.

"Bien ! Mais il n'est pas dit qu'il parle de Lui-même" réplique le Thaddée, entêté dans son amour et dans son respect.

"Personne, s'il n'est pas le Fils de Dieu, ne peut par lui-même se ressusciter, de même que personne, s'il n'est pas le Fils de Dieu, ne peut être né comme il est né. Moi, je le dis. Moi qui ai vu la gloire de sa naissance" dit Isaac sûr de lui dans son témoignage.

Jésus, les bras croisés, les a écoutés parler en les regardant à tour de rôle. Maintenant il fait signe qu'il va parler et il dit : "Le Fils de l'homme sera livré aux mains des hommes parce qu'il est le Fils de Dieu, mais parce qu'il est aussi le Rédempteur de l'homme. Et il n'y a pas de rédemption sans souffrance. Ma souffrance atteindra le corps, la chair et le sang, pour réparer les péchés de la chair et du sang. Elle sera morale pour réparer les péchés de l'âme et des passions. Elle sera spirituelle pour réparer les fautes de l'esprit. Elle sera complète. Aussi, à l'heure fixée, je serai pris dans Jérusalem, et après avoir beaucoup souffert, de la part des Anciens et des Grands Prêtres, des scribes et des pharisiens, je serai condamné à une mort infamante. Et Dieu laissera faire parce qu'il doit en être ainsi, car je suis l'Agneau qui expie pour les péchés du monde entier. Et dans une mer d'angoisse, que partageront ma Mère et quelques autres personnes, je mourrai sur le gibet. Trois jours après, par ma seule volonté divine, je ressusciterai pour une vie éternelle et glorieuse comme Homme et je serai de nouveau Dieu au Ciel avec le Père et l'Esprit. Mais auparavant je devrai souffrir toutes sortes d'opprobres et avoir le cœur transpercé par le Mensonge et la Haine."

Un chœur de cris scandalisés s'élève dans l'air tiède et parfumé du printemps.

Pierre, le visage effrayé, et scandalisé lui aussi, prend Jésus par le bras et l'amène un peu à part en Lui disant doucement à l'oreille : "Oh ! Seigneur ! Ne dis pas cela. Ce n'est pas bien. Tu vois ? Eux se scandalisent. Tu tombes dans leur estime. Pour aucune raison tu ne dois permettre cela; mais aussi, une pareille chose ne t'arrivera jamais. Pourquoi donc l'envisager comme vraie ? Tu dois monter toujours davantage dans l'estime des hommes si tu veux t'affirmer, et tu dois terminer, peut-être, par un dernier miracle comme celui de réduire en cendres tes ennemis. Mais ne jamais t'avilir et te rendre pareil à un malfaiteur que l'on punit." Et Pierre paraît un maître ou un père affligé qui fait des reproches pleins d'un amour angoissé à un fils qui a dit une sottise.

Jésus, qui s'était un peu penché pour écouter le murmure de Pierre, se redresse sévère, avec des éclairs dans les yeux, mais des éclairs de courroux, et il crie fort pour que tous entendent et que la leçon serve à tous : "Va loin de Moi, toi qui en ce moment es un satan qui me conseille de manquer à l'obéissance envers mon Père !

C'est pour cela que je suis venu ! Non pour les honneurs ! Toi, en me conseillant l'orgueil, la désobéissance, la dureté sans charité, tu tentes de m'amener au mal. Va ! Tu es pour Moi un scandale ! Tu ne comprends pas que la grandeur réside non dans les honneurs mais dans le sacrifice et que ce n'est rien de paraître un ver pour les hommes si Dieu nous regarde comme des anges ? Toi, homme sot, tu ne comprends pas ce qui est grandeur pour Dieu et raison de Dieu et tu vois, juges, entends, parles, avec ce qui est de l'homme."

Le pauvre Pierre reste anéanti sous ce reproche sévère; il s'écarte mortifié et il pleure... et ce ne sont pas les larmes de joie de quelques jours auparavant, mais les larmes de désolation de quelqu'un qui comprend qu'il a péché et qu'il a fait souffrir celui qu'il aime. Et Jésus le laisse pleurer. Il se déchausse, relève le vêtement et passe à gué le ruisseau. Les autres l'imitent en silence. Personne n'ose dire un seul mot. En arrière de tous, se trouve le pauvre Pierre qu'Isaac et le Zélote essaient en vain de consoler, André se retourne plusieurs fois pour le regarder, et puis il murmure quelque chose à Jean qui est tout affligé. Mais Jean secoue la tête en signe de refus.

Alors André se décide. Il court en avant, rejoint Jésus, l'appelle doucement avec une crainte visible : "Maître ! Maître !..."

Jésus le laisse appeler plusieurs fois. A la fin, il se retourne, l'air sévère et il demande : "Que veux-tu ?"

"Maître, mon frère est affligé... il pleure..."

"Il l'a mérité."

"C'est vrai, Seigneur. Mais lui, c'est toujours un homme... Il ne peut pas toujours bien parler."

"En effet aujourd'hui il a très mal parlé" répond Jésus. Mais il est déjà moins sévère et un éclair souriant adoucit son œil divin.

André s'enhardit et prolonge sa plaidoirie en faveur de son frère : "Mais tu es juste et tu sais que c'est son amour pour Toi qui l'a fait errer ..."

"L'amour doit être lumière et non pas ténèbres. Il l'a rendu ténèbres et s'en est enveloppé l'esprit."

"C'est vrai, Seigneur. Mais les bandes on peut les enlever quand on veut. Ce n'est pas comme d'avoir l'esprit ténébreux. Les ban- des, c'est l'extérieur. L'esprit, c'est l'intérieur, le noyau vivant... L'intérieur de mon frère est bon."

"Qu'il enlève alors les bandes qu'il s'est mises."

"Certainement il le fera, Seigneur ! Il y est déjà occupé. Retourne-toi et regarde comme il est défiguré par les larmes que tu ne consoles pas. Pourquoi es-tu si sévère avec lui ?"

"C'est parce qu'il a le devoir d'être "le premier" comme je lui ai fait l'honneur de l'être. Celui qui reçoit beaucoup doit donner beaucoup..."

"Oh ! Seigneur ! C'est vrai, oui. Mais ne te souviens-tu pas de Marie de Lazare ? De Jean d'Endor ? D’Aglaé ? De la Belle de Corozaïn ? De Lévi ? A eux tu as tout donné... et eux ne t'avaient donné que l'intention de se racheter... Seigneur !... Tu m'as écouté pour la Belle de Corozaïn et pour Aglaé... Ne m'écouterais-tu pas pour ton et mon Simon qui a péché par amour pour Toi ?"

Jésus abaisse ses yeux sur le doux qui se fait audacieux et pressant en faveur de son frère, comme il le fut, silencieusement, pour Aglaé et la Belle de Corozaïn, et son visage resplendit de lumière : "Va appeler ton frère" dit-il "et amène-le ici."

"Oh ! merci, mon Seigneur ! J'y vais..." et il s'éloigne, en courant rapide comme l'hirondelle.

"Viens, Simon. Le Maître n'est plus en colère contre toi. Viens, il veut te le dire."

"Non, non. Moi, j'ai honte... Il y a trop peu de temps qu'il m'a fait des reproches... Il me veut pour m'en faire encore..."

"Comme tu le connais mal ! Allons, viens ! Tu crois que je pourrais t'amener pour te faire encore souffrir ? Si je n'étais pas certain que c'est une joie qui t'attend, je n'insisterais pas. Viens."

"Mais que vais-je Lui dire ?" dit Pierre en se mettant en route un peu à regret, freiné par ses sentiments humains, excité par son esprit qui ne peut se passer de la condescendance de Jésus et de son amour. "Que vais-je Lui dire ?" continue-t-il à demander.

"Mais rien ! Montre-lui ton visage, et cela suffira" dit André pour encourager son frère.

Tous les disciples, à mesure que les deux les dépassent, regardent les deux frères et sourient, comprenant ce qui arrive.

Ils rejoignent Jésus. Mais Pierre s'arrête au dernier moment. André ne fait pas d'histoires. En le poussant énergiquement comme il le fait à la barque pour la pousser au large, il le pousse en avant. Jésus s'arrête... Pierre lève son visage ... Jésus abaisse le sien... Ils se regardent... Deux grosses larmes roulent sur les joues toutes rougies de Pierre...

"Viens ici, grand enfant irréfléchi, que je te serve de père en essuyant ces larmes" dit Jésus, et il lève la main sur laquelle est encore la marque du coup de pierre de Giscala, et il essuie avec les doigts ces deux larmes.

"Oh ! Seigneur ! M'as-tu pardonné ?" demande Pierre en tremblant, en prenant la main de Jésus dans les siennes et en le regardant avec deux yeux de chien fidèle qui veut se faire pardonner par son maître fâché.

"Je ne t'ai jamais condamné..."

"Mais avant..."

"Je t'ai aimé. C'est amour de ne pas permettre qu'en toi prennent racine des déviations de sentiment et de sagesse. Tu dois être le premier en tout, Simon Pierre."

"Alors... alors tu m'aimes bien encore ? Tu me veux encore ? Ce n'est pas que je veuille la première place, tu sais ? Il me suffit même d'avoir la dernière, mais être avec Toi, à ton service... et mourir à ton service, Seigneur, mon Dieu !"

Jésus lui passe son bras autour des épaules et le serre tout contre Lui. Alors Simon, qui n'a pas quitté l'autre main de Jésus, la couvre de baisers... heureux. Et il murmure : "Combien j'ai souffert !... Merci, Jésus."

"Remercie ton frère, plutôt. Et sache à l'avenir porter ton fardeau avec justice et héroïsme. Attendons les autres. Où sont-ils ?"

Ils se sont arrêtés où ils étaient quand Pierre a rejoint Jésus, pour laisser au Maître la liberté de parler à son apôtre mortifié. Jésus leur fait signe d'avancer. Et avec eux, se trouvent quelques paysans qui avaient laissé leur travail dans les champs pour venir interroger les disciples.

Jésus a toujours la main sur l'épaule de Pierre et il dit : "Par ce qui est arrivé, vous avez compris que c'est une chose sévère que d'être à mon service. C’est à lui que j’ai adressé le reproche, mais il était pour tous, parce que les mêmes pensées étaient dans la plus grande partie de vos cœurs, ou bien formées ou en germe. De cette façon je les ai brisées, et celui qui les cultive encore montre qu'il ne comprend pas ma Doctrine, ma Mission, ma Personne.

Je suis venu pour être le Chemin, la Vérité et la Vie Je vous donne la Vérité par ce que j'enseigne. Je vous aplanis le Chemin par mon sacrifice, je vous le trace, je vous l'indique. Mais la Vie, je vous la donne par ma mort. Et souvenez-vous que quiconque répond à mon appel et se met dans mes rangs pour coopérer à la rédemption du monde doit être prêt à mourir pour donner aux autres la Vie. Ainsi quiconque veut venir à ma suite doit être prêt à se renoncer, à renier son vieux lui-même avec ses passions, ses tendances, ses habitudes, ses traditions, ses pensées, et me suivre avec son nouveau lui-même.

Que chacun prenne sa croix comme Moi je la prendrai. Qu'il la prenne même si elle lui semble trop infamante. Qu'il laisse le poids de sa croix écraser son lui-même humain pour libérer son lui-même spirituel, auquel la croix ne fait pas horreur mais au contraire est un point d'appui et un objet de vénération, car l'esprit sait et se souvient. Et qu'il me suive avec sa croix. Est-ce qu'à la fin du chemin l'attendra la mort ignominieuse comme elle m'attend ? Il n'importe. Qu'il ne s'afflige pas, mais au contraire qu'il se réjouisse, car l'ignominie de la terre se changera en une grande gloire au Ciel, alors que ce sera un déshonneur d'être lâche en face des héroïsmes spirituels, Vous ne cessez de dire que vous voulez me suivre jusqu'à la mort. Suivez-moi alors, et je vous conduirai au Royaume par un chemin âpre mais saint et glorieux, au terme duquel vous conquerrez la Vie qui ne change pas pour l'éternité. Cela sera "vivre". Suivre, au contraire, les chemins du monde et de la chair, c'est "mourir". De cette façon si quelqu'un veut sauver sa vie sur la terre il la perdra, tandis que celui qui perdra sa vie sur la terre à cause de Moi et par amour pour mon Évangile, la sauvera. Mais réfléchissez: à quoi servira à l'homme de gagner le monde entier si ensuite il perd son âme ?

Et encore gardez-vous bien, maintenant et à l'avenir, d'avoir honte de mes paroles et de mes actions. Cela aussi serait "mourir". En effet celui qui aura honte de Moi et de mes paroles au milieu de cette génération sotte, adultère et pécheresse, dont j'ai parlé, et espérant en tirer protection et avantages La flattera en me reniant, Moi et ma Doctrine, et en jetant les paroles qu'il a eues dans les gueules immondes des porcs et des chiens pour avoir en récompense des excréments en guise de paiement, celui-là sera jugé par le Fils de l'homme quand il viendra dans la gloire de son Père et avec les anges et les saints pour juger le monde. Lui alors rougira de tous ces adultères et fornicateurs, de ces lâches et de ces usuriers et il les chassera de son Royaume, parce qu'il n'y a pas de place dans la Jérusalem céleste pour les adultères, les lâches, les fornicateurs, les blasphémateurs et les voleurs. Et en vérité je vous dis qu'il y a ici certains de ceux qui sont présents parmi ceux et celles qui sont mes disciples qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu se fonder le Royaume de Dieu, avec son Roi qui aura reçu la couronne et l'onction."

Ils reprennent leur marche en parlant avec animation pendant que le soleil descend lentement dans le ciel...


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-034.htm
Tome : 5/34

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Pierre blâmé par Jésus


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 5 Juil - 7:29

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Prophétie sur Pierre et Margziam.
L’aveugle de Bethsaïda


Ils ne marchent plus, mais ils courent dans la nouvelle aurore encore plus brillante et plus pure que les précédentes. Partout la rosée scintille et des pétales multicolores pleuvent sur les têtes et sur les prés pour y mettre d'autres couleurs de fleurs effeuillées près de celles innombrables des fleurettes qui se dressent sur les tiges des rives et des champs et pour allumer de nouveaux diamants sur les brins d'herbe nouvelle. Ils courent parmi les chants des oiseaux amoureux, et du murmure de la brise légère et des eaux riantes qui soupirent ou qui arpègent, en glissant parmi les branches, en caressant les foins et les blés qui montent jour après jour, ou bien en coulant entre les rives, en courbant doucement les tiges qui effleurent les eaux limpides. Ils courent comme s'ils allaient à la rencontre de l'amour. Même les plus âgés comme Philippe, Barthélemy, Mathieu, le Zélote partagent la hâte joyeuse des jeunes. Et il en est ainsi parmi les disciples, où les plus âgés rivalisent avec les plus jeunes pour la rapidité de la marche.

Et la rosée n'a pas encore séché sur les prés quand ils arrivent aux environs de Bethsaïda resserrée dans un petit espace entre le lac, le fleuve et la montagne. Et d'un bois de la montagne descend, par un sentier, un tout jeune homme courbé sous un fagot de ramilles. Il descend agile, presque en courant et, à cause de sa position, il ne voit pas les apôtres... Il chante, heureux, en courant sous son fagot et, arrivé sur la grand-route, aux premières maisons de Bethsaïda, il jette sa charge par terre et se redresse pour se reposer en rejetant en arrière ses cheveux noirs foncés. Il est grand et élancé, avec un corps robuste et des membres agiles et frêles. Une belle figure de jeune.

"C'est Margziam" dit André.

"Es-tu fou ? Celui-là c'est un homme" lui répond Pierre. André met ses mains en porte-voix et l'appelle à grands cris. Le jeune homme, qui se penchait pour reprendre son fardeau, après avoir serré sa ceinture à la courte tunique qui lui arrive à peine aux genoux et qui est ouverte sur la poitrine probablement parce qu'elle est trop étroite, se tourne en direction de l'appel et il voit Jésus, Pierre et les autres qui le regardent, arrêtés près d'un groupe de saules pleureurs qui trempent ses branches dans les eaux d'un large ruisseau, le dernier affluent de gauche du Jourdain avant le lac de Galilée, situé justement à la limite du pays. Il laisse retomber son fardeau, lève les bras et crie : "Mon Seigneur ! Mon père !" et il s'élance en courant.

Mais Pierre aussi accourt, traverse à gué le ruisseau sans même enlever ses sandales, en se bornant à relever ses vêtements et puis il court sur la route poussiéreuse en laissant sur le terrain sec les empreintes de ses sandales humides.

"Mon père !"

"Mon fils chéri !"

Ils sont dans les bras l'un de l'autre. Margziam est vraiment aussi grand que Pierre, si bien que ses cheveux noirs retombent sur le visage de Pierre dans son baiser affectueux, mais il semble plus grand, élancé comme il l'est. Cependant Margziam se détache du doux embrassement et il reprend sa course vers Jésus qui a passé le ruisseau et qui avance lentement entouré de ses apôtres.

Margziam tombe à ses pieds, les bras levés, et il dit : "Oh ! mon Seigneur, bénis ton serviteur !"

Mais Jésus se penche, le relève et le prend sur son cœur, en le baisant sur les deux joues et en lui souhaitant "une paix continuelle et une croissance en sagesse et en grâce sur les voies du Seigneur."

Les autres apôtres aussi font fête au jeune homme, et surtout ceux qui ne l'avaient pas vu depuis des mois et ils se félicitent avec lui de son développement.

Mais Pierre ! Mais Pierre ! S'il l'avait procréé lui, il n'en serait pas tant satisfait ! Il tourne autour, le regarde, le touche et demande à tel ou tel : "Mais n'est-il pas beau ? N'est-il pas bien fait ? Regarde comme il est droit ! Quelle poitrine haute ! Quelles jambes droites !... Un peu maigre, avec encore peu de muscles. Mais il promet ! Il promet vraiment ! Et le visage ? Regardez s'il semble encore ce petit être que l'an dernier je portais dans mes bras ! Il me semblait porter un oiseau miséreux, pâlichon, triste, peureux... Brave Porphyrée ! Ah ! elle a été vraiment brave avec tout son miel, son beurre, son huile, les œufs et les foies de poissons. Elle mérite vraiment que je le lui dise tout de suite. Hé ! Maître, me laisses-tu aller la trouver ?"

"Va ! Va ! Simon. Je t'aurai vite rejoint." Margziam, que Jésus tient encore par la main, dit : "Maître, certainement mon père va commander un repas à maman. Permets que je te quitte pour l'aider..."

"Va. Et que Dieu te bénisse puisque tu honores ceux qui sont pour toi père et mère."

Margziam s'éloigne en courant, reprend son fagot, le charge et rejoint Pierre, en marchant à ses côtés.

"Ils semblent être Abraham et Isaac, en train de gravir la montagne« observe Barthélemy.

"Oh ! pauvre Margziam ! Il ne lui manquerait plus que cela !" dit Simon le Zélote.
"Et mon pauvre frère ! Je ne sais s'il aurait la force de faire Abraham..." dit André.
Jésus le regarde et puis regarde la tête grisonnante de Pierre qui s'éloigne avec son Margziam près de lui, et il dit : "En vérité je vous dis qu'un jour viendra où Simon Pierre se réjouira en sachant emprisonné, frappé, flagellé, mis en péril de mort son Margziam, et où il aurait le courage de l'étendre de sa main sur le gibet pour le revêtir de la pourpre des Cieux et pour féconder la terre de son sang de martyr, enviant son sort et souffrant pour un seul motif : de n'être pas à la place de son fils et obligé de se réserver à cause de son élection comme Chef Suprême de mon Eglise jusqu'à ce que je lui dise : "Va mourir pour elle". Vous ne connaissez pas encore Pierre. Moi, je le connais."

"Tu prévois le martyre pour Margziam et pour mon frère ?"

"Tu en souffres, André ?"

"Non. Je souffre que tu ne le prévoies pas aussi pour moi."

"En vérité, en vérité je vous dis que vous serez tous revêtus de la pourpre, sauf un."
"Qui ? Qui ?"

"Laissons le silence sur la douleur de Dieu" dit Jésus affligé et solennel. Et tous se taisent effrayés et pensifs.

Ils entrent dans la première rue de Bethsaïda, au milieu des jardins pleins d'une verdure nouvelle. Pierre, avec d'autres de Bethsaïda, est en train d'amener à Jésus un aveugle. Margziam n'est pas là : certainement il est resté pour aider Porphyrée. Avec les gens de Bethsaïda et les parents de l'aveugle, il y a beaucoup de disciples venus à Bethsaïda de Sicaminon et d'autres villes, parmi lesquels Etienne, Hermas, le prêtre Jean, et Jean le scribe et beaucoup d'autres. (Désormais, pour m'en souvenir, quel embrouillement ! Ils sont si nombreux).

"Je te l'ai amené, Seigneur. Il attendait ici depuis plusieurs jours" explique Pierre pendant que l'aveugle et ses parents ne cessent de chanter : "Jésus, Fils de David, aie pitié de nous !"

"Mets ta main sur les yeux de mon fils et il verra"

"Aie pitié de moi, Seigneur ! Je crois en Toi !"

Jésus prend l'aveugle par la main et recule avec lui de quelques mètres pour le mettre à l'abri du soleil qui inonde maintenant la rue. Il le place le dos au mur d'une maison tout couvert de feuilles, la première maison du village, et se met en face de lui. Il mouille ses deux index avec de la salive et lui frotte les paupières avec ses doigts humides, ensuite il appuie ses mains sur les yeux avec la base de la main dans les creux des orbites et les doigts dans les cheveux du malheureux. Il prie ainsi, puis il enlève ses mains : "Que vois-tu ?" demande-t-il à l'aveugle.

"Je vois des hommes, sûrement ce sont des hommes. Mais c'est ainsi que je me représentais les arbres couverts de fleurs. Mais certainement ce sont des hommes, car ils s'agitent et s'avancent vers moi."

Jésus pose de nouveau ses mains et puis de nouveau les retire en disant : "Et maintenant ?"

"Oh ! maintenant je vois bien la différence entre les arbres plantés dans la terre et ces hommes qui me regardent... Et je te vois, Toi ! Comme tu es beau ! Tes yeux ressemblent au ciel et tes cheveux semblent des rayons du soleil... et ton regard et ton sou- rire sont de Dieu. Seigneur, je t'adore !" et il s'agenouille pour baiser le bord de son vêtement.

"Lève-toi, et viens vers ta mère qui pendant tant d'années a été pour toi lumière et réconfort et de laquelle tu ne connais que l'amour."

Il le prend par la main et le conduit à sa mère qui est agenouillée à quelques pas de distance, l'adorant, comme auparavant elle le suppliait.

"Lève-toi, femme. Voilà ton fils. Il voit la lumière du jour, et que son cœur veuille suivre la Lumière éternelle. Retournez chez vous. Soyez heureux et soyez saints par reconnaissance pour Dieu. Mais en passant dans les villages, ne dites à personne que c'est Moi qui l'ai guéri, pour que la foule ne se précipite pas ici pour m'empêcher d'aller où il est juste que j'aille pour que j'apporte confirmation de foi, de lumière et de joie aux autres enfants de mon Père."

Et vivement, par un petit sentier à travers les jardins, il se dirige vers la maison de Pierre. Il y entre en saluant Porphyrée de son doux salut.


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-035.htm
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Guérison de l' aveugle


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 6 Juil - 7:13

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"De Capharnaüm à Nazareth avec Manaën et les femmes disciples"

Vision du dimanche 2 décembre 1945.

Quand ils posent le pied sur la petite plage de Capharnaüm, ils sont accueillis par les cris des enfants qui rivalisent avec les hirondelles affairées à la construction des nids nouveaux, tant ils courent rapidement, en gazouillant de leurs petites voix, de la plage aux maisons, joyeux de la joie simple des enfants, pour lesquels c'est un spectacle merveilleux et un objet magique qu'un petit poisson trouvé mort sur la rive, ou un petit caillou que le flot a poli et qui par sa couleur semble une pierre précieuse, ou la fleur découverte entre deux rochers, ou le scarabée aux couleurs changeantes capturé en plein vol. Tous des prodiges que l'on fait voir aux mamans pour qu'elles prennent part à la joie de leurs enfants.

Mais maintenant ces hirondelles humaines ont vu Jésus et tous leurs vols se dirigent vers Lui qui va poser le pied sur la plage. C'est une tiède avalanche vivante de chairs enfantines, c'est une douce chaîne de menottes tendres, c'est un amour de cœurs d'enfants qui s'abat sur Jésus, qui l'enserre, l'attache, le réchauffe comme un doux feu.

"Moi ! Moi !"

"Un baiser !"

"À moi !"

"Moi aussi !"

"Jésus ! Je t'aime bien !"

"Ne pars plus si longtemps !"

"Je venais voir tous les jours si tu arrivais."

"Moi, j'allais chez Toi."

"Tiens cette fleur, c'était pour maman, mais je te la donne."

"Encore un baiser pour moi, un beau, un fort. Le premier ne m'a pas touché parce que Jahel m'a poussé..." et les petites voix se font entendre pendant que Jésus essaie de se déplacer dans ce filet de tendresses.

"Mais laissez-le un peu tranquille ! Allons ! Assez !" crient les disciples et les apôtres qui cherchent à desserrer l'étreinte. Eh bien, oui ! Ils ressemblent à des lianes munies de ventouses ! Quand on les détache d'un côté, ils s'attachent de l'autre.

"Laissez ! Laissez faire ! Avec de la patience, on va y arriver" dit Jésus en souriant et il fait des pas invraisemblablement petits pour pouvoir avancer sans marcher sur les pieds nus.

Mais ce qui le libère de l'affectueuse étreinte, c'est l'arrivée de Manaën avec d'autres disciples, parmi lesquels les bergers qui étaient en Judée.

"La paix à Toi, Maître !" dit d'une voix tonnante Manaën dans son magnifique vêtement. Il n'a plus d'or au front ni aux doigts, mais au côté une magnifique épée qui provoque l'admiration respectueuse des enfants qui, devant ce merveilleux cavalier vêtu de pourpre et avec une arme superbe au côté, s'écartent intimidés. Et ainsi Jésus peut l'embrasser et embrasser Elie, Lévi, Mathias, Joseph, Jean, Siméon et je ne sais combien d'autres.

"Comment donc es-tu ici ? Et comment as-tu su que j'étais débarqué ?"

"Je l'ai su par les cris des enfants. Ils ont traversé les murs comme des flèches qui apportent la joie. Mais je suis venu ici en pensant qu'est prochain ton voyage en Judée et que certainement les femmes y prendront part... J'ai voulu y être moi aussi... Pour te protéger, Seigneur, si ce n'est pas trop d'orgueil que de le penser. Il y a beaucoup d'effervescence en Israël contre Toi. C'est douloureux de le dire, mais tu ne l'ignores pas." En parlant ainsi, ils arrivent à la maison et ils y entrent.

Manaën continue sa conversation après que le maître de maison et sa femme aient vénéré le Maître. "Désormais l'effervescence et l'intérêt que tu suscites a envahi tous les lieux, secouant et attirant l'attention même des plus obtus et de ceux qui sont distraits par des choses très différentes de ce que tu es. Les nouvelles de ce que tu opères ont pénétré jusqu'à l'intérieur des dégoûtantes murailles de Machéronte et des luxurieux refuges d'Hérode, que ce soit le palais de Tibériade ou les châteaux d'Hérodiade ou le splendide palais royal des Asmonéens près du Sixte. Elles franchissent comme des flots de lumière et de puissance les barrières de ténèbres et de bassesse, elles font crouler les monceaux de péchés qui couvraient comme une tranchée et un abri les amours dégoûtantes de la Cour et les crimes atroces, elles dardent comme des flèches de feu en écrivant des paroles bien plus menaçantes que celles du festin de Balthazar sur les murs souillés des alcôves et des salles du trône et des festins. Elles crient ton Nom et ta Puissance, ta Nature et ta Mission. Hérode tremble de peur, Hérodiade se tord sur son lit craignant que tu sois le roi vengeur qui lui enlèvera ses richesses et son immunité, si ce n'est même la vie, en la jetant à la merci des foules qui tireront vengeance de ses nombreux crimes.

On tremble à la Cour, et c'est à cause de Toi. On tremble de peur humaine et de peur surhumaine. Depuis que la tête de Jean est tombée, il semble qu'un feu brûle les viscères de ses meurtriers. Ils n'ont même plus leur misérable paix d'auparavant, paix de porcs rassasiés de ripailles, qui étouffent les reproches de leurs consciences dans l'ébriété ou la débauche. Il n'y a plus rien qui les apaise... Ils sont persécutés... Et ils se haïssent après les heures de débauche, dégoûtés l'un de l'autre, se rejetant mutuellement la culpabilité du crime qui les trouble, un crime qui a dépassé la mesure.

Quant à Salomé, elle est comme possédée par un démon, et en proie à un érotisme qui serait dégradant pour une esclave. Le palais royal exhale plus de puanteur qu'un égout.

Hérode m'a questionné plusieurs fois sur Toi. Chaque fois j'ai répondu : ''Pour moi, c'est le Messie, le Roi d'Israël de l'unique souche royale : celle de David. C'est le Fils de l'homme annoncé par les Prophètes, c'est le Verbe de Dieu, celui qui, étant le Christ, l'Oint de Dieu, a le droit de régner sur tous les vivants". Et Hérode blêmit de peur en sentant en Toi le Vengeur. Et il repousse la peur, le cri de sa conscience que le remords déchire en disant - car les courtisans, pour le réconforter, lui disent que Toi, tu es Jean que l'on a cru faussement mort, et avec cela ils le font plus que jamais défaillir d'horreur, ou bien Elie, ou quelque autre prophète du temps passé - en disant : "Non, ce ne peut être Jean ! Je l'ai fait décapiter et Hérodiade garde sa tête en lieu sûr. Et ce ne peut être l'un des prophètes : on ne revit pas, une fois mort. Mais ce ne peut être non plus le Christ. Qui le dit ? Qui dit que c'est Lui ? Qui ose me dire qu'il est le Roi de l'unique souche royale ? C'est moi qui suis le roi ! Et pas d'autres. Le Messie a été tué par Hérode le Grand. Il a été noyé dès sa naissance dans une mer de sang. Il a été égorgé comme un agneau... et il n'avait que quelques mois... L'entends-tu comme il pleure ? Son bêlement ne cesse de résonner dans ma tête en même temps que le rugissement de Jean : 'Il ne t'est pas permis'... Il ne m'est pas permis ?! Si, tout m'est permis car je suis 'le roi'. Ici le vin et les femmes, si Hérodiade se refuse à mes embrassements, et que danse Salomé pour éveiller mes sens apeurés par tes récits effrayants".

Et il s'enivre au milieu des mimes de la Cour, pendant que dans ses appartements sa femme folle crie ses blasphèmes au Martyr et des menaces à ton adresse. Pendant ce temps, Salomé expérimente ce que c'est que d'être née du péché de deux débauchés et d'avoir participé à un crime obtenu en abandonnant son corps aux fantaisies lubriques d'un dégoûtant.

Mais ensuite Hérode revient à lui-même et veut être informé sur Toi, et il voudrait te voir. Et pour cela il favorise mes venues vers Toi dans l'espoir que je t'amène à lui. C'est une chose que je ne ferai jamais d'amener ta sainteté dans une caverne de bêtes immondes. Hérodiade voudrait t'avoir pour te frapper, et elle le crie avec son stylet dans les mains... Et voudrait t'avoir Salomé qui t'a vu à ton insu, à Tibériade, au dernier Etanim [1], et qui est folle de Toi...

Voilà ce qu'est le Palais royal, Maître ! Mais moi j'y reste pour surveiller ainsi leurs desseins sur Toi."

"Je t'en suis reconnaissant et le Très-Haut t'en bénit. Cela aussi c'est servir les décrets de l'Eternel"

"Je l'ai pensé, et c'est pour cela que je suis venu."

"Manaën, je te demande instamment une chose, puisque tu es venu. Descends vers Jérusalem, pas avec Moi, mais avec les femmes. Moi, je vais avec eux par un chemin inconnu et ils ne pourront me faire du mal. Mais elles ce sont des femmes et sans défense, et celui qui les accompagne a l'âme douce et il a appris à présenter la joue à qui l'a déjà frappé. Ta présence sera une sûre protection. C'est un sacrifice, je le comprends, mais nous serons ensemble en Judée. Ne me le refuse pas, ami."

"Seigneur, tout désir de Toi est une loi pour ton serviteur. Je suis au service de ta Mère et des femmes disciples qui l'accompagnent dès ce moment et jusqu'à quand tu voudras."

"Merci. Cette obéissance aussi sera inscrite dans le Ciel. Maintenant, en attendant que les barques arrivent pour tous, consacrons le temps à guérir les malades qui m'attendent."

Et Jésus descend dans le jardin où sont les brancards ou les infirmes et il les guérit rapidement, tout en recevant l'hommage de Jaïre et des amis peu nombreux de Capharnaüm.

Parmi les femmes, il y a Porphyrée et Salomé et en plus la femme âgée de Barthélemy, et celle moins âgée de Philippe avec ses jeunes filles. Elles s'occupent des vivres pour la troupe nombreuse des disciples que l'on va rassasier avec les paniers de pois- sons offerts par Bethsaïda et Capharnaüm. C'est une grande éventration de poissons argentés qui frétillent encore, un grand rinçage de poissons dans les chaudrons, un grand grésillement sur les grils qui s'opère dans la cuisine, pendant que Margziam, avec d'autres disciples, alimente les feux et porte des brocs d'eau pour aider les femmes.

Le repas est vite prêt et vite consommé. Et comme les barques sont maintenant réunies pour transporter tout ce peuple, il ne reste qu'à s'embarquer pour Magdala sur un lac enchanté, tant il est serein, angélique, dans le chaton d'émeraude de ses rives.

Les jardins et la maison de Marie de Magdala s'ouvrent hospitaliers dans le midi ensoleillé pour accueillir le Maître et ses disciples, et Magdala toute entière s'amène pour saluer le Rabbi qui va vers Jérusalem.

Et les pentes fraîches des collines galiléennes entendent la marche agile et joyeuse de la troupe fidèle, suivie d'un char commode où se trouvent Jeanne avec Porphyrée, Salomé, la femme de Barthélemy et celle de Philippe avec ses deux jeunes filles et en plus tout souriants Marie et Mathias, difficiles à reconnaître tant ils ont changé depuis cinq mois.

Margziam marche bravement avec les adultes et même, comme le veut Jésus, il est justement dans le groupe apostolique, entre Pierre et Jean, et il ne perd pas un mot de ce que dit Jésus.

Le soleil brille dans un ciel très pur et des rafales tièdes apportent des odeurs de bois, de menthe, de violettes, des premiers muguets, des rosiers toujours plus fleuris et, par-dessus tout, cette odeur fraîche, légèrement amère des fleurs des arbres à fruits qui répandent partout une neige de pétales sur l'herbe. Tous en ont dans les cheveux pendant qu'ils avancent au milieu d'un continuel gazouillis d'oiseaux, au milieu des chants séduisants et des appels trépidants d'un buisson à l'autre entre les mâles audacieux et les femelles pudiques, pendant que les brebis broutent, grossies par leur maternité, et que les premiers agneaux heurtent leurs museaux roses contre les mamelles arrondies pour augmenter la sécrétion du lait, ou bien gambadent dans les prés d'herbe tendre comme des enfants heureux.

Comme Nazareth arrive vite après Cana, où Suzanne se joint aux autres femmes en apportant avec elle les produits de sa terre dans des paniers et des vases, et une branche entière de roses rouges en boutons prêts à s'ouvrir, "pour les offrir à Marie" dit-elle.

"Moi aussi, tu vois ?" dit Jeanne, en ouvrant une espèce de boite où sont rangées de nombreuses roses dans de la mousse humide : "Les premières et les plus belles, toujours un rien pour elle qui nous est si chère !"

Je vois que chaque femme a apporté des vivres pour le voyage pascal et avec eux, qui une fleur, qui une plante pour le jardin de Marie, et Porphyrée s'excuse de n'avoir apporté qu'un pot de camphrier magnifique aux feuilles glauques minuscules qui exhalent leur arôme rien qu'à les effleurer. "Marie désirait cette plante balsamique..." dit-elle. Et toutes la louent pour la beauté vigoureuse de l'arbuste. "Oh ! J'en ai pris soin tout l'hiver, en le gardant à l'abri de la gelée et de la grêle dans ma pièce. Margziam m'aidait à la porter au soleil chaque matin, et à la rentrer chaque soir... Et ce cher enfant, s'il n'y avait pas eu la barque et maintenant le char, l'aurait chargée sur ses épaules pour l'apporter à Marie, et lui faire plaisir à elle et aussi à moi" ainsi parle l'humble femme qui s'enhardit de plus en plus à cause de la bonté de Jeanne et ne se tient plus de joie d'être en voyage pour Jérusalem, et avec le Maître, son homme et son Margziam.

"Tu n'y es jamais allée ?"

"Tant que vécut mon père, chaque année. Mais ensuite... Ma mère n'y alla plus... Mes frères m'y auraient amenée, mais je rendais service à ma mère et elle ne me laissait pas aller. Ensuite j'ai épousé Simon... et ma santé n'a plus été très bonne. Simon aurait dû rester longtemps en voyage, et cela l'ennuyait... Aussi je restais à la maison à l'attendre… Le Seigneur voyait mon désir... et c'était comme si j'avais fait le sacrifice au Temple..." dit la douce femme.

Et Jeanne, qui l'a pour voisine, lui met la main sur ses splendides tresses en lui disant : "Chérie !" Et en cet adjectif il y a tant d'amour, tant de compréhension, tant de sens.

Voilà Nazareth... voilà la maison de Marie d'Alphée qui est déjà dans les bras de ses fils, et avec ses mains mouillées et rougies par la lessive qu'elle est en train de faire, elle les caresse et puis, essuyant ses mains avec son grossier tablier, elle court vers Jésus pour l'embrasser... Et puis voilà la maison d'Alphée de Sara, qui précède immédiatement celle de Marie. Alphée ordonne au plus grand de ses petits-enfants d'avertir Marie, et en attendant il marche à pas de géant vers Jésus, avec un tas de petits-enfants dans les bras et il le salue avec cette nichée qui se serre dans ses bras et qu'il Lui offre comme un bouquet de fleurs. Et voici Marie qui se présente sur le seuil de la porte, en plein soleil, avec son vêtement d'intérieur d'un bleu clair un peu déteint, l'or de ses cheveux resplendit vaporeux sur son front virginal et descend en lourdes tresses sur la nuque. Elle tombe sur le sein de son Fils qui l'embrasse avec tout son amour.

Les autres s'arrêtent prudemment pour les laisser libres dans leur première rencontre. Mais elle se détache tout de suite, et tourne son visage que l'âge n'a pas altéré, maintenant tout rose à cause de la surprise, illuminé par son sourire et elle salue de sa voix angélique : "Paix à vous, serviteurs du Seigneur et disciples de mon Fils. Paix à vous, sœurs dans le Seigneur" et avec elles qui sont descendues du char, elle échange un baiser fraternel.

"Oh ! Margziam ! Maintenant je ne pourrai plus te tenir dans mes bras ! Tu es un homme maintenant. Mais viens à la Mère de tous ceux qui sont bons, que je te donne encore un baiser. Chéri ! Que Dieu te bénisse et te fasse grandir dans ses voies, robuste comme croît ton corps de jeune, et davantage encore. Mon Fils, nous devrons l'amener à son grand-père. Il sera heureux de le voir ainsi" dit-elle ensuite en se tournant vers Jésus.

Et puis elle embrasse Jacques et Jude d'Alphée, et elle leur donne la nouvelle qui leur plaît certainement : "Cette année Simon vient avec moi, comme disciple du Maître. Il me l'a dit."

Et l'un après l'autre, elle salue les plus connus, les plus influents, accompagnant pour tous son salut d'une parole de grâce. Manaën lui est amené et présenté comme devant l'escorter dans son voyage vers Jérusalem.

"Tu ne viens pas avec nous, Fils ?"

"Mère, j'ai d'autres endroits à évangéliser. Nous nous verrons à Béthanie."

"Que ta volonté soit faite maintenant et toujours. Merci, Manaën. Toi : ange humain, avec nos gardiens : les anges du Ciel; nous serons en sécurité comme si nous étions dans le Saint des Saints." Et elle présente sa main à Manaën en signe d'amitié. Le cavalier, qui a grandi dans le faste, s'agenouille pour baiser la main délicate qu'elle lui présente.

Pendant ce temps, on a déchargé les fleurs et ce qui doit rester à Nazareth. Puis le char s'en va dans une écurie de la ville.

La petite maison paraît une roseraie à cause des roses répandues partout par les femmes disciples. Mais la plante de Porphyrée, posée sur la table, suscite la plus vive admiration de Marie qui la fait porter dans un endroit favorable d'après les indications de l'épouse de Pierre. Tout le monde ne peut certainement pas entrer dans la petite maison, ni dans le jardin qui n'est pas un domaine mais qui semble monter vers le ciel serein, se faire aérien tant il y a des nuages de fleurs sur les arbres du jardin. Et Jude d'Alphée demande en souriant à Marie : "As-tu cueilli aujourd'hui aussi le rameau pour ton amphore ?"

"Bien sûr, Jude. Et quand vous êtes venus, je le contemplais..."

"Et tu songeais, Maman, à ton lointain mystère" dit Jésus en la prenant de son bras gauche et en l'attirant sur son cœur.

Marie lève son visage empourpré et soupire : "Oui, mon Fils... et je songeais à la première palpitation de ton cœur en moi..."

Jésus dit : "Que restent les sœurs disciples, les apôtres, Margziam, les bergers disciples, le prêtre Jean, Etienne, Hermas et Manaën. Que les autres se dispersent pour chercher un logement..."

"Je puis en loger plusieurs dans ma maison..." crie Simon d'Alphée, du seuil de sa maison sur lequel il est arrêté. "Je suis leur condisciple et je les réclame."

"Oh ! frère, avance, que je t'embrasse" dit expansif Jésus, alors qu'Alphée de Sara, Ismaël et Aser, les deux disciples ex-âniers de Nazareth, disent à leur tour : "Chez nous. Venez, venez !"

Les disciples qui n'ont pas été choisis s'en vont et on peut fermer la porte... pour la rouvrir cependant, tout de suite après, à la venue de Marie d'Alphée qui ne peut rester loin, même occupée par sa lessive. Il y a environ quarante personnes, aussi elles se répandent dans le jardin tiède et tranquille jusqu'à ce que l'on distribue les aliments auxquels tout le monde trouve une saveur céleste tant il y a d'agrément à les consommer dans la maison du Seigneur, distribués par Marie.

Simon revient après avoir installé les disciples et il dit : "Tu ne m'as pas appelé comme les autres, mais moi je suis ton frère et je reste quand même."

"Tu arrives à propos, Simon. Je vous ai voulu ici pour vous faire connaître Marie. Beaucoup d'entre vous, vous connaissez Marie comme "mère", certains comme "épouse". Mais personne ne connaît Marie comme "vierge". Moi, je veux vous la faire connaître dans ce jardin en fleurs dans lequel votre cœur vient plein de désir dans les séparations forcées et comme pour se reposer des fatigues de l'apostolat.

Je vous ai écouté parler, vous, apôtres, disciples et parents, et j'ai perçu vos impressions, vos souvenirs, vos jugements sur ma Mère. Je vais vous transfigurer tout cela, très admirable mais encore très humain, en une connaissance surnaturelle. Car ma Mère, avant Moi, doit être transfigurée aux yeux de ceux qui le méritent le plus, pour la montrer telle qu'elle est. Vous, vous voyez une femme. Une femme, qui par sa sainteté, vous paraît différente des autres, mais que vous voyez en réalité comme une âme enveloppée par la chair, comme celle de toutes les femmes ses sœurs. Mais maintenant je veux dévoiler l'âme de ma Mère, sa véritable et éternelle beauté.

Viens ici, ma Mère. Ne rougis pas, ne te retire pas intimidée, suave colombe de Dieu. Ton Fils est la Parole de Dieu, et il peut parler de toi et de ton mystère, de tes mystères, ô sublime Mystère de Dieu. Assoyons-nous ici, à l'ombre légère des arbres en fleurs, près de la maison, près de ta sainte demeure. Ainsi ! Levons cette tenture ondoyante et qu'il sorte des flots de sainteté et de Paradis de cette demeure virginale, pour nous saturer tous de toi... Oui, Moi aussi. Que je me parfume de toi, Vierge parfaite, pour que je puisse supporter les puanteurs du monde, pour que je puisse voir la candeur avec ma pupille saturée de ta Candeur. Ici, Margziam, Jean, Etienne, et vous sœurs disciples, bien en face de la porte ouverte sur la demeure chaste de celle qui est la Chaste entre toutes les femmes. Et en arrière, vous, mes amis. Et ici, à mes côtés, toi, ma Mère bien-aimée.

Je vous ai parlé, il y a même peu de temps de : "l'éternelle beauté de l'âme de ma Mère". Je suis la Parole et par conséquent je sais employer les mots sans erreur. J'ai dit : éternelle, pas immortelle. Et ce n'est pas sans intention que je l'ai dit. Immortel est celui qui, après être né, ne meurt plus. Ainsi l'âme des justes est immortelle au Ciel, l'âme des pécheurs est immortelle dans l'Enfer, car l'âme, une fois créée, ne meurt plus qu'à la grâce. Mais l'âme vit, existe à partir du moment où Dieu la pense. C'est la Pensée de Dieu qui la crée. L'âme de ma Mère est depuis toujours pensée par Dieu. Par conséquent elle est éternelle dans sa beauté, dans laquelle Dieu a versé toute perfection pour en tirer délice et réconfort.

Il est dit dans le Livre de notre aïeul Salomon qui t'a vue à l'avance et qui est par conséquent ton prophète : "Dieu m'a possédée au commencement de ses œuvres, dès le principe, avant la Création. J'ai été établie éternellement, dès le principe, avant que fût faite la terre. Les abîmes n'existaient pas encore et moi, j'étais conçue. Les sources ne jaillissaient pas encore, les montagnes n'étaient pas encore constituées dans leur lourde masse et j'existais déjà. Avant les collines, j'ai été engendrée. Lui n'avait pas encore fait la Terre, les fleuves, ni les pôles du monde et moi, j'existais déjà. Quand Il préparait les cieux et le Ciel, moi, j'étais présente. Quand par des lois inviolables Il renferma l'abîme sous la voûte, quand Il rendit stable dans les hauteurs la voûte céleste et y suspendit les sources des eaux, quand Il fixa à la mer ses limites et donna comme loi aux eaux de ne pas dépasser leurs frontières, quand Il jetait les fondements de la Terre, j'étais avec Lui pour mettre en ordre toutes choses. Toujours dans la joie, je jouais continuellement en sa présence. Je jouais dans l'univers".

Oui, ô Mère, Dieu, l'Immense, le Sublime, le Vierge, l'Incréé, était lourd de toi et il te portait comme son très doux fardeau, se réjouissant de te sentir t'agiter en Lui, en Lui donnant les sourires dont il a fait la Création ! Toi qu'il a douloureusement enfantée pour te donner au Monde, âme très suave, née de Celui qui est Vierge pour être la "Vierge", Perfection de la Création, Lumière du Paradis, Conseil de Dieu, telle qu'en te regardant il put pardonner la Faute, car toi seule et par toi seule, tu sais aimer comme toute l'Humanité rassemblée ne sait pas aimer. En toi est le Pardon de Dieu ! En toi le Remède de Dieu, toi, caresse de l'Éternel sur la blessure que l'homme a faite à Dieu ! En toi, le Salut du monde, Mère de l'Amour Incarné et du Rédempteur qui a été accordé ! L'âme de ma Mère ! Fondu dans l'Amour avec le Père, je te regardais en mon intérieur, ô âme de ma Mère !... Et ta splendeur, ta prière, la pensée que tu me porterais, me consolait pour toujours de mon destin douloureux et des expériences inhumaines de ce qu'est le monde corrompu pour le Dieu absolument parfait. Merci, ô Mère ! Je suis venu déjà saturé de tes consolations. Je suis descendu en te sentant toi seule, ton parfum, ton chant, ton amour... Joie, ma joie !

Mais écoutez, vous qui maintenant savez qu'est unique la Femme en laquelle il n'y a pas de tache, unique la Créature qui n'a pas coûté de blessure au Rédempteur, écoutez la seconde transfiguration de Marie, l'Élue de Dieu.

C'était un serein après-midi d'Adar et les arbres étaient en fleurs dans le jardin silencieux; Marie, épouse de Joseph, avait cueilli un rameau d'un arbre en fleurs pour remplacer celui qui était dans sa pièce. Elle était depuis peu arrivée à Nazareth, Marie, prise au Temple pour orner une maison de saints. Elle avait l'âme partagée entre le Temple, la maison et le Ciel. Elle, en regardant le rameau en fleurs, pensait que c'était avec un rameau pareil qui avait fleuri d'une manière insolite, un rameau coupé dans ce jardin en plein hiver et qui avait fleuri comme pour le printemps devant l'Arche du Seigneur - peut-être le Soleil-Dieu l'avait réchauffé en rayonnant sur lui sa Gloire - que Dieu lui avait signifié sa volonté... Et elle pensait encore qu'au jour des noces, Joseph lui avait apporté d'autres fleurs, mais jamais semblables à la première qui portait inscrite sur ses pétales légers : "Je te veux unie à Joseph"... Elle pensait à tant de choses... Et en pensant, elle montait vers Dieu. Les mains étaient agiles entre la quenouille et le fuseau et elle filait un fil plus fin que l'un des cheveux de sa jeune chevelure...

L'âme tissait un tapis d'amour en allant agile comme la navette sur le métier, de la terre au Ciel, des besoins de la maison, de son époux, à ceux de l'âme, de Dieu. Et elle chantait et priait. Et le tapis se formait sur le métier mystique, se déroulait de la terre au Ciel, montait jusqu'à se perdre là-haut... Formé de quoi ? Des fils fins, parfaits, solides, de ses vertus, du fil qui volait de la navette, qu'elle croyait "sienne", alors qu'elle appartenait à Dieu : la navette de la Volonté de Dieu sur laquelle était enroulée la volonté de la petite, grande Vierge d'Israël, celle que le Monde ne connaissait pas mais que Dieu connaissait, sa volonté enroulée dans celle du Seigneur et qui ne faisait qu'une avec elle, Et le tapis se fleurissait des fleurs de l'amour, de la pureté, des palmes de la paix, des palmes de la gloire, des violettes, des jasmins... Toutes les vertus fleurissaient sur le tapis de l'amour que la Vierge déroulait, invitant, de la terre au Ciel. Et comme le tapis ne suffisait pas, elle lançait son cœur en chantant : "Que vienne mon Bien-Aimé dans son jardin et qu'il mange du fruit de ses arbres... Que mon Bien-Aimé descende dans son jardin au parterre des arômes, pour se rassasier dans les jardins, pour cueillir des lys. Je suis à mon Bien- Aimé, et mon Bien-Aimé est à moi, Lui qui se repaît parmi les lys !" Et des distances infinies, parmi des torrents de Lumière, arrivait une Voix qu'une oreille humaine ne peut entendre, ni une gorge humaine former. Et elle disait : "Que tu es belle, mon amie ! Que tu es belle !... C'est du miel que distillent tes lèvres... Tu es un jardin clos, une fontaine scellée, ô sœur, mon épouse..." et les deux voix s'unissaient ensemble pour chanter l'éternelle vérité : "L'amour est plus fort que la mort. Rien ne peut éteindre ou submerger 'notre' amour". Et la Vierge se transfigurait ainsi... ainsi... ainsi... pendant que Gabriel descendait et la rappelait, avec son ardeur, à la Terre, réunissait son esprit à sa chair pour qu'elle pût entendre et comprendre la demande de Celui qui l'avait appelée "Sœur" mais qui la voulait "Épouse". C'est ici qu'arriva le Mystère... Et une femme pudique, la plus pudique de toutes les femmes, celle qui ne connaissait même pas la poussée instinctive de la chair, s'évanouit devant l'Ange du Seigneur, parce que même un ange trouble l'humilité et la pudeur de la Vierge, et elle ne se tranquillisa qu'en l'entendant parler, et elle crut, et elle dit la parole par laquelle "leur" amour devint Chair et vaincra la Mort, et il n'y a pas d'eau qui pourra l'éteindre ni de perversion qui puisse le submerger..."

Jésus se penche doucement sur Marie qui a glissé à ses pieds comme extasiée dans le rappel d'une heure lointaine, lumineuse d'une lumière spéciale que son âme paraît exhaler, et il lui demande doucement : "Quelle fut ta réponse, ô Vierge très pure, à celui qui t'assurait qu'en devenant la Mère de Dieu tu n'aurais pas perdu ta parfaite Virginité ?"

Et Marie, comme en un rêve, lentement, en souriant, les yeux dilatés par des larmes de joie : "Voici la Servante du Seigneur ! Qu'il soit fait de moi selon sa Parole" et elle repose sa tête sur les genoux du Fils, adorant.

Jésus la voile de son manteau, en la cachant aux yeux de tous et il dit : "Et ce fut fait et cela se fera jusqu'à la fin, jusqu'à l'autre et l'autre encore de ses transfigurations. Elle sera toujours "la Servante de Dieu". Elle fera toujours comme dira "la Parole". Ma Mère ! Telle est ma Mère. Et il est bien que vous commenciez à la connaître dans la plénitude de sa sainte Figure... Mère ! Mère ! Redresse ton visage, Aimée... Rappelle tes sentiments à la Terre où pour l'instant nous sommes..." dit-il en découvrant Marie après un certain temps durant lequel il n'y avait d'autre bruit que le bourdonnement des abeilles et le clapotis de la petite source.

Marie lève son visage trempé de larmes et murmure : "Pourquoi, Fils, m'as-tu fait cela ? Les secrets du Roi sont sacrés... "

"Mais le Roi peut les dévoiler quand Il veut. Mère, je l'ai fait pour que soit comprise la parole d'un Prophète : "Une Femme enfermera l'Homme en elle", et l'autre parole d'un autre Prophète: "La Vierge concevra et enfantera Un Fils" Et c'est aussi pour que ceux qui ont horreur de trop de choses, qui pour eux sont humiliantes, concernant le Verbe de Dieu, aient en contrepoids tant d'autres choses qui les confirment dans la joie de m'appartenir. De cette façon, ils ne se scandaliseront jamais plus, et même à cause de cela conquerront le Ciel... Maintenant que ceux qui doivent aller dans des maisons hospitalières, y aillent. Moi, je reste avec les femmes et Margziam. Demain à l'aube que tous les hommes soient ici, parce que je veux vous amener près d'ici.

Ensuite nous reviendrons saluer les femmes disciples pour retourner ensuite à Capharnaüm afin de rassembler d'autres disciples et les envoyer à leur suite."...

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-036.htm
Tome : 5/36

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Les_fe12
Les Saintes femmes de l' entourage de Jésus


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 7 Juil - 7:41

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"La Transfiguration et l’épileptique guéri"

Qui parmi les hommes n'a jamais vu, au moins une fois, une aube sereine de mars ? S'il s'en trouve quelqu'un, c'est un grand infortuné car il ignore une des grâces les plus belles de la nature, quand elle se réveille au printemps, redevenue vierge, petite fille, comme elle devait l'être au premier jour.

C'est une grâce pure dans tout ce qu'elle présente, depuis les herbes nouvelles où brille la rosée, jusqu'aux fleurettes qui s'ouvrent comme des enfants qui naissent, jusqu'au premier sourire de la lumière du jour, jusqu'aux oiseaux qui s'éveillent dans un frôlement d'ailes et qui disent leur premier "cip ?" interrogateur qui prélude à tous leurs discours mélodieux de la journée, jusqu'à l'odeur même de l'air qui a perdu pendant la nuit, par l'action de la rosée et l'absence de l'homme, toute souillure de poussière, de fumée et d'exhalaisons de corps humains. C'est dans cette grâce que cheminent Jésus, les apôtres et les disciples. Avec eux se trouve aussi Simon d'Alphée. Ils vont vers le sud-est, franchissant les collines qui forment une couronne autour de Nazareth, ils passent un torrent et traversent une plaine étroite entre les collines de Nazareth et des montagnes vers l'est. Ces montagnes sont précédées du cône à moitié coupé du Thabor qui me rappelle étrangement en son sommet la coiffure de nos carabiniers vue de profil.
Ils le rejoignent. Jésus s'arrête et dit : "Que Pierre, Jean et Jacques de Zébédée viennent avec Moi sur la montagne. Vous autres disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être de nouveau à Nazareth. Ne vous éloignez donc pas. La paix soit avec vous." Et s'adressant aux trois qu'il a appelés, il dit : "Allons." Et il commence la montée sans plus se retourner en arrière et d'un pas si rapide que Pierre a du mal à le suivre.
A un arrêt Pierre, rouge et en sueur, Lui demande hors d'haleine : "Mais où allons-nous ? Il n'y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux-tu aller prêcher là !"

"J'aurais pris l'autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n'irons pas à la forteresse et ceux qui y sont ne nous verront même pas. Je vais m'unir à mon Père et je vous ai voulu avec Moi, parce que je vous aime. Allons, vite !"

"Oh mon Seigneur Ne pourrions-nous marcher un peu plus doucement et parler de ce que nous avons entendu et vu hier et qui nous a tenus éveillés toute la nuit pour en parler ?"

"Aux rendez-vous de Dieu il faut toujours se rendre rapidement. Allons, Simon Pierre ! Là-haut, je vous ferai reposer." Et il reprend la montée...


Je suis avec mon Jésus sur une haute montagne. Avec Jésus, il y a Pierre, Jacques et Jean. Ils montent encore plus haut et le regard se porte vers des horizons ouverts dont une belle et tranquille journée permet de voir nettement les détails jusque dans les lointains.

La montagne ne fait pas partie d'un ensemble montagneux comme celui de la Judée, elle s'élève isolée et, par rapport à l'endroit où nous nous trouvons, elle a l'orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière à l'ouest la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas.

Elle est très élevée et l'œil peut découvrir un large horizon. Le lac de Génésareth semble un morceau de ciel descendu pour s'encadrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée dans des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l'agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement penchées vers l'onde azurine, vraiment avec la grâce du vol d'un alcyon qui survole l'eau à la recherche d'une proie. Puis, voilà que de l'immense turquoise sort une veine, d'un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus sombre là où les rives se rapprochent et où l'eau est plus profonde et plus sombre à cause de l'ombre qu'y projettent les arbres qui croissent vigoureux près du fleuve qui les nourrit de sa fraîcheur. Le Jourdain semble un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine. Des petits villages sont disséminés à travers la plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d'autres sont plus vastes, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans la verdure. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y voit les diverses cultures avec leurs différentes couleurs riant au beau soleil qui descend du ciel serein. Ce doit être le printemps, peut-être mars, si je tiens compte de la latitude de la Palestine, car je vois les blés déjà grands, mais encore verts, qui ondulent comme une mer glauque, et je vois les panaches des plus précoces parmi les arbres à fruits qui étendent des nuées blanches et rosées sur cette petite mer végétale, puis les prés tout en fleurs avec le foin qui a déjà poussé, dans lesquelles brebis qui paissent semblent des tas de neige amoncelée un peu partout sur la verdure.

Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment la base, des collines basses et de peu d'étendue, se trouvent deux petites villes, l'une vers le sud et l'autre vers le nord. La plaine très fertile s'étend particulièrement et avec plus d'ampleur vers le sud.
Jésus, après un court arrêt à l'ombre d'un bouquet d'arbres, qu'il a certainement accordé par pitié pour Pierre qui dans les montées fatigue visiblement, reprend l'ascension. Il va presque sur la cime, là où se trouve un plateau herbeux que limite un demi-cercle d'arbres du côté de la côte.

"Reposez-vous, amis, je vais là-bas pour prier" et il montre de la main un énorme rocher, un rocher qui affleure de la montagne et qui se trouve par conséquent non vers la côte mais vers l'intérieur, vers le sommet.

Jésus s'agenouille sur l'herbe et appuie sa tête et ses mains au rocher, dans la pose qu'il aura aussi dans sa prière au Gethsémani. Le soleil ne le frappe pas, car la cime Lui donne de l'ombre. Mais le reste de l'emplacement couvert d'herbe est tout égayé par le soleil jusqu'à la limite de l'ombre du bouquet d'arbres sous lequel se sont assis les apôtres.

Pierre enlève ses sandales, en secoue la poussière et les petits cailloux et il reste ainsi, déchaussé, ses pieds fatigués dans l'herbe fraîche, presque allongé, la tête sur une touffe d'herbe qui dépasse et lui sert d'oreiller.

Jacques l'imite, mais pour être plus à l'aise, il cherche un tronc d'arbre pour s'y appuyer le dos couvert de son manteau.

Jean reste assis et observe le Maître. Mais le calme de l'endroit, le petit vent frais, le silence et la fatigue viennent aussi à bout de lui, et sa tête tombe sur la poitrine et les paupières sur ses yeux. Aucun des trois ne dort profondément, mais ils sont sous le coup de cette somnolence estivale qui les étourdit.

Ils sont éveillés par une clarté si vive qu'elle fait évanouir celle du soleil et qui se propage et pénètre jusque sous la verdure des buissons et des arbres sous lesquels ils se sont installés.

Ils ouvrent leurs yeux étonnés et ils voient Jésus transfiguré. Il est maintenant tel que je le vois dans les visions du Paradis, naturellement sans les Plaies et sans la bannière de la Croix, mais la majesté du visage et du corps est pareille, pareille en est la clarté et pareil le vêtement qui est passé d'un rouge foncé à un tissu immatériel de diamant et de perles qui est son vêtement au Ciel. Son visage est un soleil qui émet une lumière sidérale, mais très intense, et ses yeux de saphir y rayonnent. Il semble encore plus grand, comme si sa gloire avait augmenté sa taille.

Je ne saurais dire si la clarté, qui rend phosphorescent même le plateau, provient toute entière de Lui ou bien si à sa clarté propre se mélange toute celle qu'a concentrée sur son Seigneur toute la lumière qui existe dans l'Univers et dans les Cieux. Je sais que c'est quelque chose d'indescriptible.

Jésus est maintenant debout, je dirais même qu'il est au-dessus de la terre car entre Lui et la verdure du pré il y a une sorte de vapeur lumineuse, un espace fait uniquement de lumière et sur lequel il semble qu'il se dresse. Mais elle est si vive que je pourrais me tromper et l'impossibilité de voir le vert de l'herbe sous les pieds de Jésus pourrait venir de cette lumière intense qui vibre et produit des ondes, comme on le voit parfois dans les incendies. Des ondes, ici, d'une couleur blanche incandescente. Jésus reste le visage levé vers le ciel et il sourit à une vision qui le transporte.

Les apôtres en ont presque peur, et ils l'appellent, car il ne leur semble plus que ce soit leur Maître tant il est transfiguré. "Maître ! Maître !" appellent-ils doucement mais d'une voix angoissée.

Lui n'entend pas.

"Il est en extase, dit Pierre tout tremblant. Que peut-il bien voir ?"

Les trois se sont levés. Ils voudraient s'approcher de Jésus, mais ils ne l'osent pas.
La lumière augmente encore avec deux flammes qui descendent du ciel et se placent aux côtés de Jésus. Quand elles sont arrêtées sur le plateau, leur voile s'ouvre et il en sort deux personnages majestueux et lumineux. L'un est plus âgé, au regard perçant et sévère et avec une longue barbe séparée en deux. De son front partent des cornes de lumière qui m'indiquent que c'est Moïse. L'autre est plus jeune, amaigri, barbu et poilu, à peu près comme le Baptiste auquel je dirais qu'il ressemble pour la taille, la maigreur, la conformation et la sévérité. Alors que la lumière de Moïse est d'une blancheur éclatante comme celle de Jésus, surtout pour les rayons du front, celle qui émane d'Élie ressemble à la flamme vive du soleil.

Les deux Prophètes prennent une attitude respectueuse devant leur Dieu Incarné et bien que Jésus leur parle familièrement ils n'abandonnent pas leur attitude respectueuse. Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent.

Les trois apôtres tombent à genoux, tremblants, le visage dans les mains. Ils voudraient regarder, mais ils ont peur. Finalement Pierre parle : "Maître, Maître! Écoute-moi". Jésus tourne les yeux en souriant vers son Pierre qui s'enhardit et dit : "C'est beau d'être ici avec Toi, Moïse et Élie... Si tu veux, nous faisons trois tentes pour Toi, pour Moïse et pour Élie, et nous nous tiendrons ici pour vous servir..."

Jésus le regarde encore et il sourit plus vivement. Il regarde aussi Jacques et Jean, d'un regard qui les embrasse avec amour. Moïse aussi et Élie regardent fixement les trois. Leurs yeux étincellent. Ce doit être comme des rayons qui pénètrent les cœurs.

Les apôtres n'osent pas dire autre chose. Effrayés, ils se taisent. Ils semblent un peu ivres et comme stupéfaits. Mais quand un voile qui n'est pas un nuage ni du brouillard, qui n'est pas un rayon, enveloppe et sépare les Trois glorieux derrière un écran encore plus brillant que celui qui les entourait déjà et les cache à la vue des trois, une Voix puissante et harmonieuse vibre et remplit d'elle-même tout l'espace, les trois tombent le visage contre l'herbe.

"Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui Je me suis complu. Écoutez-le."

Pierre, en se jetant à plat ventre, s'écrie : "Miséricorde pour moi, pécheur ! C'est la Gloire de Dieu qui descend !" Jacques ne souffle mot. Jean murmure avec un soupir, comme s'il allait s'évanouir : "Le Seigneur parle !"

Personne n'ose relever la tête, même quand le silence est redevenu absolu. Ils ne voient donc pas non plus le retour de la lumière à son état naturel de lumière solaire pour montrer Jésus resté seul et redevenu le Jésus habituel dans son vêtement rouge. Il marche vers eux en souriant, il les secoue, les touche et les appelle par leurs noms.
"Levez-vous ! C'est Moi. Ne craignez pas" dit-il, car les trois n'osent pas lever le visage et invoquent la miséricorde de Dieu sur leurs péchés, craignant que ce soit l'Ange de Dieu qui veut les montrer au Très-Haut.

"Levez-vous, donc. Je vous le commande" répète Jésus avec autorité. Eux lèvent le visage et ils voient Jésus qui sourit.

"Oh ! Maître, mon Dieu !" s'écrie Pierre. "Comment ferons-nous pour vivre auprès de Toi, maintenant que nous avons vu ta Gloire ? Comment ferons-nous pour vivre parmi les hommes et nous, hommes pécheurs, maintenant que nous avons entendu la Voix de Dieu ?"

"Vous devrez vivre auprès de Moi et voir ma gloire jusqu'à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. Obéissez au Père qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l'homme sera ressuscité d'entre les morts, et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez. Parce qu'alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume."

"Mais Élie ne doit-il pas venir afin de préparer à ton Royaume ? Les rabbis le disent."
"Élie est déjà venu et il a préparé les voies au Seigneur. Tout arrive comme il a été révélé. Mais ceux qui enseignent la Révélation ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Ils ne voient pas et ils ne reconnaissent pas les signes des temps et les envoyés de Dieu. Élie est revenu une première fois. Il reviendra une seconde fois quand les derniers temps seront proches pour préparer les derniers à Dieu. Mais maintenant il est venu pour préparer les premiers au Christ, et les hommes n'ont pas voulu le reconnaître, ils l'ont tourmenté et mis à mort. Ils feront la même chose au Fils de l'homme car les hommes ne veulent pas reconnaître ce qui est leur bien."

Les trois penchent la tête, pensifs et tristes, et ils descendent par le chemin par où ils sont montés avec Jésus.

...Et c'est encore Pierre qui dit, dans une halte à mi-chemin : "Ah ! Seigneur ! Je dis moi aussi comme ta Mère hier : "Pourquoi nous as-tu fait cela ?" et je dis aussi: "Pourquoi nous as-tu dit cela ?" Tes dernières paroles ont effacé de nos cœurs la joie de la vue glorieuse ! C'est une grande journée de peur que celle-ci ! Ce qui nous a d'abord effrayé, c'est la grande lumière qui nous a éveillés, plus forte que si la montagne avait brûlé, ou que si la lune était descendue pour rayonner sur le plateau, sous nos yeux, puis ton aspect et ta façon de te détacher du sol, comme si tu allais t'envoler. J'ai eu peur que Toi, dégoûté des iniquités d'Israël, tu ne retournes aux Cieux, peut-être sur l'ordre du Très-Haut. Puis j'ai eu peur de voir apparaître Moïse que les gens de son temps ne pouvaient regarder sans voile tant resplendissait sur son visage le reflet de Dieu, et c'était un homme, et maintenant c'est un esprit bienheureux et enflammé de Dieu, et Élie... Miséricorde divine ! J'ai cru être arrivé à mon dernier moment, et tous les péchés de ma vie, depuis le temps où tout petit je volais des fruits dans le garde-manger du voisin, jusqu’au dernier quand je t'ai mal conseillé ces derniers jours, tous me sont venus à l'esprit.

Avec quel tremblement je m'en suis repenti ! Puis il m'a semblé que ces deux justes m'aimaient... et j'ai osé parler. Mais même leur amour me faisait peur car je ne mérite pas l'amour de pareils esprits. Et après... et après !... La peur des peurs ! La voix de Dieu !... Jéhovah qui a parlé ! A nous ! Il nous a dit : "Écoutez-le" Toi. Et Il t'a proclamé : "Son Fils Bien-Aimé en qui Il se complaît". Quelle peur ! Jéhovah !... à nous !... Certainement il n'y a que ta force qui nous a gardés en vie !... Quand tu nous as touchés et tes doigts brûlaient comme des pointes de feu, j'ai eu la dernière épouvante. J'ai cru que c'était l'heure du jugement et que l'Ange me touchait pour me prendre l'âme et la porter au Très-Haut... Mais comment ta Mère a-t-elle fait pour voir... pour entendre... pour vivre, en somme, cette heure dont tu as parlé hier, sans mourir, elle qui était seule, jeune, sans Toi ?"

"Marie, la Sans Tache, ne pouvait avoir peur de Dieu. Ève n'en eut pas peur tant qu'elle fut innocente. Et il y avait Moi. Moi, le Père et l'Esprit, Nous, qui sommes au Ciel, sur la terre et en tout lieu, et qui avions notre Tabernacle dans le cœur de Marie" dit doucement Jésus.

"Quelle chose ! Quelle chose !... Mais après tu as parlé de mort... Et toute joie est finie... Mais pourquoi justement à nous trois tout cela ? Ce n'était pas bien de la donner à tous cette vision de ta gloire ?"

"C'est justement parce que vous vous évanouissez en entendant parler de la mort, et mort par supplice, du Fils de l'homme, que l'Homme-Dieu a voulu vous fortifier pour cette heure et pour toujours, par la connaissance anticipée de ce que je serai après la Mort. Rappelez-vous tout cela pour le dire en son temps... Avez-vous compris ?"

"Oh! oui, Seigneur. Il n'est pas possible d'oublier, et ce serait inutile de le raconter. Ils diraient que nous sommes "ivres"."

Ils reprennent leur marche vers la vallée mais, arrivés à un certain endroit, Jésus tourne par un sentier rapide en direction d'Endor, c'est-à-dire du côté opposé à celui où il a quitté les disciples.

"Nous ne les trouverons pas" dit Jacques. "Le soleil commence à descendre. Ils seront en train de se rassembler en t'attendant à l'endroit où tu les as quittés."
"Viens et n'aie pas de sottes pensées."

En effet, au moment où le maquis fait place à une prairie qui descend en pente douce pour arriver à la grand-route, ils voient la masse des disciples accrue de voyageurs curieux, de scribes venus de je ne sais où, qui s'agitent au pied de la montagne.
"Hélas ! Des scribes !... Et ils discutent déjà !" dit Pierre en les montrant du doigt. Et il descend les derniers mètres à contrecœur.

Mais ceux qui sont en bas les ont vus et se les montrent, et puis se mettent à courir vers Jésus en criant : "Comment donc, Maître, de ce côté ? Nous allions venir à l'endroit convenu, mais les scribes nous ont retenus par des discussions, et un père angoissé par des supplications."

"De quoi discutiez-vous ?"

"Pour un possédé. Les scribes se sont moqués de nous parce que nous n'avons pas pu le délivrer. Judas de Kériot a essayé encore, c'était pour lui un point d'honneur, mais inutilement. Alors nous leur avons dit : "Mettez-vous y vous". Ils ont répondu: "Nous ne sommes pas des exorcistes". Par hasard il est passé des gens qui venaient de Caslot-Thabor, parmi lesquels se trouvaient deux exorcistes. Mais aucun résultat. Voici le père qui vient te prier. Écoute-le."

En effet un homme s'avance en suppliant et il s'agenouille devant Jésus qui est resté sur le pré en pente, de sorte qu'il est au- dessus du chemin au moins de trois mètres et qu 'iI est bien visible pour tous, par conséquent.

"Maître" Lui dit l'homme "je suis allé avec mon fils à Capharnaüm pour te chercher. Je t'amenais mon malheureux fils pour que tu le délivres, Toi qui chasses les démons et guéris toutes sortes de maladies. Il est pris souvent par un esprit muet. Quand il le prend, il ne peut que pousser des cris rauques comme une bête qui s'étrangle. L'esprit le jette à terre, et lui se roule en grinçant des dents, en écumant comme un cheval qui ronge le mors, et il se blesse ou risque de mourir noyé ou brûlé, ou bien écrasé, car l'esprit plus d'une fois l'a jeté dans l'eau, dans le feu ou en bas des escaliers. Tes disciples ont essayé, mais n'ont pas pu. Oh ! Seigneur plein de bonté ! Pitié pour moi et pour mon enfant !"

Jésus flamboie de puissance pendant qu'il crie : "O génération perverse, ô foule satanique, légion rebelle, peuple d'Enfer incrédule et cruel, jusqu'à quand devrai-je rester à ton contact ? Jusqu'à quand devrai-je te supporter ?" Il est imposant si bien qu'il se fait un silence absolu et que cessent les railleries des scribes.

Jésus dit au père : "Lève-toi et amène-moi ton fils." L'homme s'en va et revient avec d'autres hommes, au milieu desquels se trouve un garçon d'environ douze-quatorze ans. Un bel enfant, mais au regard un peu hébété comme s'il était abasourdi. Sur le front rougit une longue blessure et plus bas se trouve la trace blanche d'une cicatrice ancienne. Dès qu'il voit Jésus qui le fixe de ses yeux magnétiques, il pousse un cri rauque et il est pris par des contorsions convulsives de tout le corps, alors qu'il tombe à terre en écumant et en roulant les yeux, de sorte que l'on voit seulement le blanc des yeux, alors qu'il se roule par terre dans la convulsion caractéristique de l'épilepsie.
Jésus s'avance de quelques pas pour être près de lui, et il dit : "Depuis quand cela arrive-t-il ? Parle fort pour que tout le monde entende."

L'homme, en criant, pendant que le cercle de la foule se resserre et que les scribes se placent plus haut que Jésus pour dominer la scène, dit : "Depuis son enfance, je te l'ai dit : souvent il tombe dans le feu, dans l'eau, en bas des escaliers et des arbres, parce que l'esprit l'assaille à l'improviste et le flanque ainsi pour en venir à bout. Il est tout couvert de cicatrices et de brûlures. C'est beaucoup s'il n'est pas resté aveugle par les flammes du foyer. Aucun médecin, aucun exorciste n'a pu le guérir, ni non plus tes disciples. Mais Toi, si comme je le crois fermement, tu peux quelque chose, aie pitié de nous et secours-nous."

"Si tu peux le croire, tout m'est possible, car tout est accordé à celui qui croit."
"Oh! Seigneur, si je crois! Mais si encore ma foi n'est pas suffisante, augmente ma foi, Toi, pour qu'elle soit complète et obtienne le miracle" dit l'homme en pleurant, agenouillé près de son fils plus que jamais en convulsions.

Jésus se redresse, recule deux pas, et pendant que la foule resserre plus que jamais le cercle, il crie à haute voix : "Esprit maudit qui rends l'enfant sourd et muet et le tourmentes, je te le commande : sors de lui, et n'y rentre jamais plus !"

L'enfant, tout en restant couché sur le sol, fait des sauts effrayants, s'arc-boutant et poussant des cris inhumains, puis, après un dernier sursaut par lequel il se retourne à plat ventre en se frappant le front et la bouche contre une pierre qui dépasse de l'herbe et qui se rougit de sang, il reste immobile.

"Il est mort !" crient plusieurs.

"Pauvre enfant !"

"Pauvre père !" disent, en les plaignant, les meilleurs.

Et les scribes railleurs : "Il t'a bien servi le Nazaréen !", ou bien : "Maître, comment se fait-il ? Cette fois Belzébuth te fait faire piètre figure..." et ils rient haineusement. Jésus ne répond à personne, pas même au père qui a retourné son fils et lui essuie le sang de son front et de ses lèvres blessés, en gémissant et en appelant Jésus. Mais le Maître se penche et il prend l'enfant par la main. Et celui-ci ouvre les yeux en poussant un soupir, comme s'il s'éveillait d'un rêve, il s'assied et sourit. Jésus l'attire à Lui, le fait mettre debout, et le remet au père, pendant que la foule crie enthousiasmée et que les scribes s'enfuient, poursuivis par les railleries de la foule...

"Et maintenant allons" dit Jésus à ses disciples. Et après avoir congédié la foule, il contourne la montagne en se dirigeant vers la route déjà faite le matin.

Jésus dit : "Je t'ai préparé à méditer ma Gloire. Demain (fête de la Transfiguration) l'Église la célèbre. Mais je veux que mon petit Jean la voie dans sa vérité pour la mieux comprendre. Je ne te choisis pas seulement pour connaître les tristesses de ton Maître et ses douleurs. Celui qui sait rester avec Moi dans la douleur doit prendre part avec Moi à ma joie.

Je veux que toi, devant ton Jésus qui se montre à toi, tu aies les mêmes sentiments d'humilité et de repentir que mes apôtres.

Jamais d'orgueil. Tu serais punie en me perdant.

Un continuel souvenir de ce que je suis Moi, et de ce que tu es, toi. Une continuelle pensée de tes manquements et de ma perfection pour avoir un cœur lavé parla contrition. Mais, en même temps, aussi une si grande confiance en Moi. J'ai dit : "Ne craignez pas. Levez-vous. Allons. Allons parmi les hommes car je suis venu pour rester avec eux. Soyez saints, forts et fidèles en souvenir de cette heure". Je le dis aussi à toi et à tous mes préférés parmi les hommes, à ceux qui me possèdent d'une manière spéciale.

Ne craignez rien de Moi. Je me montre pour vous élever non pour vous réduire en cendres. Levez-vous : que la joie du don vous donne la vigueur et ne vous engourdisse pas dans la jouissance du quiétisme en vous croyant déjà sauvés parce que je vous ai montré le Ciel. Allons ensemble parmi les hommes. Je vous ai invités à des œuvres surhumaines par des visions surhumaines et des instructions, pour que vous puissiez m'aider davantage. Je vous associe à mon œuvre. Mais moi, je n'ai pas connu et je ne connais pas de repos. Car le Mal ne se repose jamais et le Bien doit être toujours actif pour annuler le plus possible le travail de l'Ennemi. Nous nous reposerons quand le Temps sera accompli. Maintenant il faut marcher inlassablement, travailler continuellement, se consumer sans se lasser pour la moisson de Dieu. Que mon contact continuel vous sanctifie, que mes instructions continuelles vous fortifient, que mon amour de prédilection vous rende fidèles contre toute embûche. Ne soyez pas comme les anciens rabbins qui enseignaient la Révélation et puis n'y croyaient pas, au point de ne pas reconnaître les signes des temps et les envoyés de Dieu. Reconnaissez les précurseurs du Christ dans son second avènement puisque les forces de l'Antéchrist sont en marche et, en faisant exception à la mesure que je me suis imposée, car je sais que vous buvez certaines vérités non par esprit surnaturel mais par soif de curiosités humaines, je vous dis en vérité que ce qu'un grand nombre croiront une victoire sur l'Antéchrist, une paix désormais prochaine, ce ne sera qu'une halte pour donner le temps à l'Ennemi du Christ de se retremper, de guérir ses blessures, de réunir son armée pour une lutte plus cruelle.

Reconnaissez, vous qui êtes les "voix" de votre Jésus, du Roi des rois, du Fidèle et du Véridique qui juge et combat avec justice et sera le Vainqueur de la Bête et de ses serviteurs et prophètes, reconnaissez votre Bien et suivez-le toujours,

Que nulle apparence trompeuse ne vous séduise et que nulle persécution ne vous abatte, Que votre "voix" dise mes paroles, Que votre vie soit pour cette œuvre. Et si vous avez sur la terre le même sort que le Christ, que son Précurseur et qu'Élie, sort sanglant ou sort tourmenté par des tortures morales, souriez à votre sort à venir et assuré qui vous sera commun avec celui du Christ, de son Précurseur et de son prophète.

Égal dans le travail, dans la douleur, dans la gloire. Ici-bas Moi, Maître et Exemple. Là-haut, Moi Récompense et Roi. Me posséder sera votre béatitude. Ce sera oublier la douleur. Ce sera ce que toute révélation est encore insuffisante à vous faire comprendre car la joie de la vie future est trop au-dessus des possibilités imaginatives de la créature encore unie à la chair."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-037.htm
Tome : 5/37

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La Transfiguration de Jésus


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 9 Juil - 7:18

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"Instructions aux disciples après la Transfiguration"

Ils sont maintenant de nouveau dans la maison de Nazareth et même, pour être plus précis, ils sont dispersés sur le monticule des oliviers en attendant de se séparer pour le repos. Ils ont allumé un petit feu pour éclairer la nuit car c'est déjà le soir, et la lune se lève tard. Mais la soirée est tiède, "presque trop" disent les pêcheurs qui prévoient des pluies prochaines, et il est beau d'être là, tous unis, les femmes dans le jardin fleuri autour de Marie, les hommes là- haut et, sur le faîte du talus de manière à être avec ceux-ci et celles- là, Jésus qui répond à l'un ou l'autre pendant que les femmes écoutent attentivement. On doit avoir parlé du lunatique guéri au pied de la montagne et les commentaires durent encore.

"Il a vraiment fallu que ce soit Toi !" s'exclame le cousin Simon.

"Oh ! mais même en voyant que leurs exorcistes ne pouvaient rien, tout en reconnaissant qu'ils avaient employé les formules les plus fortes, le miracle ne les a pas persuadés, ces crécerelles !" dit en hochant la tête le passeur Salomon.

"Et même en disant aux scribes leurs propres conclusions, on ne les persuaderait pas."
"Oui ! Mais il me semblait qu'ils parlaient bien, n'est-ce pas ?" demande quelqu'un que je ne connais pas.

"Très bien. Ils ont exclu tout sortilège du démon dans le pouvoir de Jésus, en disant qu'ils s'étaient sentis envahis par une paix profonde quand le Maître a fait le miracle, alors que, disaient-ils, que quand il sort sous l'influence d'un pouvoir mauvais ils en éprouvent une sorte de souffrance" répond Hermas.

"Cependant, hein ? Il était fort l'esprit ! Il ne voulait pas s'en aller ! Mais pourquoi ne le tenait-il pas toujours ? C'était un esprit qui avait été chassé, qui était perdu, ou bien l'enfant est assez saint pour le chasser par lui-même ?" demande un autre disciple dont je ne connais pas le nom.

Jésus répond spontanément : "J'ai plusieurs fois expliqué que toute maladie, étant un tourment et un désordre, peut cacher Satan et que Satan peut se cacher dans une maladie, s'en servir, la créer pour tourmenter et faire blasphémer Dieu. L'enfant était un malade, pas un possédé. Une âme pure. C'est pour cela que je l'ai délivrée, avec tant de joie, du démon très rusé qui voulait la dominer au point de la rendre impure."
"Et pourquoi, alors, si c'était une simple maladie, n'avons-nous pas réussi ?" demande Judas de Kériot.

"Oui! On comprend que les exorcistes ne pouvaient rien si ce n'était pas un possédé ! Mais nous..." observe Thomas.

Et Judas de Kériot, qui ne digère pas l'échec d'avoir essayé plusieurs fois sur l'enfant en obtenant seulement de le faire tomber dans l'agitation sinon dans des convulsions, dit : "Mais avec nous il devenait pire. Tu te souviens, Philippe ? Toi qui m'aidais, tu as entendu et vu les moqueries qu'il m'envoyait. Il a été jusqu'à me dire : "Va-t'en ! Entre toi et moi, le plus démon, c'est toi". Ce qui a fait rire les scribes derrière moi."

"Et cela t'a déplu ?" demande Jésus comme avec négligence.

"Certainement ! Ce n'est pas beau d'être bafoué et ce n'est pas utile quand on est de tes disciples. On y perd son autorité."

"Quand on a Dieu avec soi, on ne manque pas d'influence, même si tout le monde vous raille, Judas de Simon."

"C'est bien. Mais pourtant Toi augmente la puissance, au moins en nous les apôtres, pour que certains échecs ne se produisent plus."

"Il n'est pas juste et il ne serait pas utile que j’augmente votre pouvoir. Vous devez agir par vous-mêmes, pour réussir. C'est à cause de votre insuffisance que vous ne réussissez pas, et aussi parce que vous avez diminué ce que je vous avais donné par des dispositions qui ne sont pas saintes. Vous avez voulu les ajouter en espérant des triomphes plus spectaculaires."

"C'est pour moi que tu le dis, Seigneur ?" demande l'Iscariote.

"Tu dois savoir si tu le mérites. Moi, je parle pour tous."

Barthélemy demande : "Mais alors que faut-il avoir pour vaincre ces démons ?"

"La prière et le jeûne. Il ne faut pas autre chose. Priez et jeûnez. Et non seulement pour la chair. Car il convient que votre orgueil ait jeûné de satisfactions. L'orgueil, quand on le satisfait, rend l'esprit et l'âme apathiques, et devient tiède, inerte l'oraison, de même que le corps repu est somnolent et lourd. Et maintenant allons, nous aussi, prendre un juste repos. Demain, à l'aube, que tous, sauf Manaën et les disciples bergers, soient sur la route de Cana. Allez. La paix soit avec vous."

Mais ensuite il retient Isaac et Manaën et leur donne des instructions particulières pour le lendemain, jour de départ pour les femmes disciples et Marie, qui avec Simon d' Alphée et Alphée de Sara

commencent le pèlerinage pascal. «Vous passerez par Esdrelon pour que Margziam voie le vieillard. Vous donnerez aux paysans la bourse que je vous ai fait donner par Judas de Kériot. Et pendant le voyage, vous secourrez les pauvres que vous rencontrerez avec l'autre bourse que je vous ai donnée tout à l'heure. Arrivés à Jérusalem, allez à Béthanie, et dites de m'attendre pour la nouvelle lune de Nisan. Je pourrai tarder très peu à partir de cette date. Je vous confie la personne qui m'est la plus chère et les femmes disciples. Mais je suis tranquille, elles seront en sécurité. Allez. Nous nous reverrons à Béthanie et nous resterons longtemps ensemble.»

Il les bénit, et pendant qu'ils s'éloignent dans la nuit, il bondit dans le jardin, et il entre dans la maison où déjà se trouvent les femmes disciples et sa Mère, qui avec Margziam sont en train de serrer les cordons des sacs de voyage et de tout ranger pour la durée de l'absence qui n'est pas connue.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-038.htm

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Instruction des disciples après la Transfiguration


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 10 Juil - 7:31

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le tribut au Temple et le statère dans la bouche du poisson"

Les deux barques prises pour retourner à Capharnaüm glissent sur un lac invraisemblablement paisible. C'est une vraie plaque de cristal bleu clair qui se recompose immédiatement en sa lisse unité après le passage des deux barques. Ce ne sont pas pourtant les barques de Pierre et de Jacques, mais deux barques louées à Tibériade, peut-être. Et j'entends Judas qui se lamente un peu, parce qu'il est resté sans argent après cette dépense.
"On a pensé aux autres. Mais à nous ? Comment allons-nous faire maintenant ? J'espérais que Chouza... mais rien. Nous sommes dans la situation d'un mendiant, un de ceux si nombreux qui se mettent sur les routes pour quêter les pèlerins" bougonne-t-il à voix basse à Thomas.

Mais ce dernier, débonnaire, répond : "Qu'y a-t-il de mal, s'il en est ainsi ? Moi, je ne me préoccupe absolument pas."

"Oui, mais pourtant, à l'heure du repas, tu as plus d'appétit que tout le monde."

"Bien sûr ! J'ai faim. En cela aussi je suis vigoureux. Eh bien, aujourd'hui, au lieu de demander aux hommes le pain et la pitance, je les demanderai directement à Dieu."

"Aujourd'hui ! Aujourd'hui ! Mais demain, nous serons dans la même situation; et de même après-demain, et nous allons vers la Décapole où nous sommes inconnus, et là les habitants sont à demi païens. Et ce n'est pas seulement le pain, mais les sandales qui s'en vont en morceaux, et les pauvres qui nous ennuient, et on pourrait se trouver mal et..."

"Et si tu continues, d'ici peu tu m'auras fait mourir et tu devras encore penser à mon enterrement. Oh ! que de soucis ! Moi... je n'en ai vraiment aucun. Je suis joyeux, tranquille comme un enfant qui vient de naître."

Jésus, qui paraissait absorbé dans ses pensées, assis à la proue, sur le bord, se tourne et à haute voix il dit à Judas qui est à la poupe, mais il le dit comme s'il parlait à tout le monde : "Que l'on soit sans la moindre piécette, c'est très bien. La paternité de Dieu brillera encore davantage, même dans les choses les plus humbles."

"Depuis quelques jours, pour Toi, tout est bien. C'est bien qu'il n'y ait pas de miracle, bien que l'on ne nous offre rien, bien d'avoir donné tout ce que nous avions, tout est bien, en somme... Mais moi, je me trouve bien mal à l'aise... Tu es un cher Maître, un saint Maître, mais pour la vie matérielle... tu ne vaux rien" dit Judas sans aigreur, comme s'il faisait des observations à un bon frère qui se glorifie même de sa bonté imprévoyante.

Et Jésus, en souriant, lui répond : "C'est ma plus grande qualité d'être un homme qui ne vaut rien pour la vie matérielle... Et je répète qu'il est bien d'être sans la moindre piécette" et il a un sourire lumineux.

La barque racle le fond et s'arrête. Ils en descendent pendant que l'autre barque accoste. Jésus, avec Judas, Thomas, Jude et Jacques, Philippe et Barthélemy, se dirige vers la maison...

Pierre débarque de l'autre avec Mathieu, les fils de Zébédée, Simon le Zélote et André. Mais alors que tous se mettent en marche, Pierre reste sur la rive à parler avec les passeurs qui les ont conduits, et que peut-être il connaît, et puis il les aide à repartir. Ensuite il remet son vêtement long et remonte la plage pour aller à la maison.

Pendant qu'il traverse la place du marché, deux hommes viennent à sa rencontre et l'arrêtent en disant : "Écoute, Simon de Jonas."

"J'écoute. Que voulez-vous ?"

"Ton Maître, seulement parce qu'il est tel, paie-t-il ou ne paie-t-il pas les deux drachmes dues au Temple ?"

"Bien sûr qu'il les paie ! Pourquoi ne les paierait-il pas ?"

"Mais... parce qu'il se dit le Fils de Dieu et..."

"Et il l'est" réplique avec décision Pierre déjà rouge d'indignation. Et il dit pour finir : "Pourtant, comme il est un fils de la Loi, et le meilleur fils de la Loi, il paie ses drachmes comme tout israélite..."

"Il n'y paraît pas. On nous a dit qu'il ne le fait pas et nous Lui conseillons de le faire."

"Hum !" grommelle Pierre dont la patience est presque à bout. "Hum !... Mon Maître n'a pas besoin de vos conseils. Allez en paix, et dites à ceux qui vous envoient que les drachmes seront payées à la première occasion."

"Payées à la première occasion !... Pourquoi pas tout de suite ? Qui nous assure qu'il le fera, s'il est toujours çà et là, sans but ?"

"Pas tout de suite parce que, pour le moment, il ne possède pas la moindre piécette. Vous pourriez le presser et il n'en sortirait pas la moindre monnaie. Nous sommes tous sans argent, parce que nous, qui ne sommes pas des pharisiens, qui ne sommes pas des scribes, qui ne sommes pas des sadducéens, qui se sommes pas riches, qui ne sommes pas des espions, qui ne sommes pas des aspics, nous avons coutume de donner aux pauvres ce que nous avons, au nom de sa doctrine. Avez-vous compris ? Et pour l'instant, nous avons tout donné, et tant que le Très-Haut n'y pense pas, nous pouvons mourir de faim ou nous mettre à quêter au coin de la rue. Dites aussi cela à ceux qui disent de Lui qu'il est un bambocheur. Adieu !" et il les laisse en plan et s'en va en bougonnant tout rouge de colère.


Il entre dans la maison et monte dans la pièce du haut où se trouve Jésus qui écoute quelqu'un qui le prie d'aller dans une maison sur la montagne derrière Magdala, où il y a quelqu'un qui meurt.

Jésus congédie l'homme en promettant d'y aller sans tarder et, après son départ, il s'adresse à Pierre qui est assis pensif dans un coin et il lui dit : "Qu'en dis-tu, Simon ? Régulièrement les rois de la terre, de qui reçoivent-ils les tributs et l'impôt ? De leurs propres enfants ou des étrangers ?"

Pierre sursaute et il dit : "Comment sais-tu, Seigneur, ce que je dois te dire ?"

Jésus sourit en ayant l'air de dire : "Laisse tomber" puis il dit : "Réponds à ce que je te demande."

"Des étrangers, Seigneur."

"Donc les enfants en sont exempts, comme de fait il est juste. Car un enfant est du sang et de la maison de son père et il ne doit payer à son père que le tribut de l'amour et de l'obéissance. Donc Moi, Fils du Père, je ne devrais pas payer le tribut au Temple qui est la maison du Père. Tu leur as bien répondu. Mais comme il y a une différence entre toi et eux, celle-ci : toi, tu crois que je suis le Fils de Dieu, et eux, comme ceux qui les ont envoyés, ne le croient pas, aussi, pour ne pas les scandaliser, je vais payer le tribut, et tout de suite pendant qu'ils sont encore sur la place pour le recevoir."

"Et, avec quoi, si nous n'avons pas la moindre piécette ?" demande Judas qui s'est approché avec les autres. "Tu vois s'il est nécessaire d'avoir quelque chose ?"

"Nous allons nous le faire prêter par le maître de maison" [1] dit Philippe.

Jésus fait signe de la main de se taire et il dit : "Simon de Jonas, va au rivage et jette, le plus loin que tu pourras, un filin muni d'un solide hameçon. Et dès que le poisson va mordre, tire à toi le filin. Ce sera un gros poisson. Sur la rive, ouvre-lui la bouche, tu y trouveras un statère. Prends-le. Rejoins ces deux et paie pour toi et pour Moi. Puis apporte le poisson. Nous le ferons rôtir et Thomas nous fera la charité d'un peu de pain. Nous mangerons et nous irons tout de suite trouver celui qui se meurt. Jacques et André, préparez les barques. Nous irons avec elles à Magdala et, le soir, nous reviendrons à pied pour ne pas empêcher de pêcher Zébédée et le beau-frère de Simon."

Pierre s'en va et on le voit peu après sur la rive, qui monte sur un petit bateau qui est à l'eau. Il jette un filin fin et solide, garni d'un petit caillou ou de plomb vers le bout et qui se termine par le fil fin de la ligne proprement dite. Les eaux du lac s'ouvrent avec des éclats argentés quand le poids y plonge, et puis tout redevient tranquille pendant que l'eau revient au calme en faisant des cercles concentriques...

Mais après un moment, le filin qui était lâche dans les mains de Pierre se tend et vibre... Pierre tire, tire, tire, alors que la corde subit des secousses de plus en plus énergiques. A la fin, il donne une saccade et le filin vole avec sa proie qui voltige en l'air en faisant un arc au-dessus de la tête du pêcheur et puis s'abat sur le sable jaunâtre où il se contorsionne par la souffrance de l'hameçon qui lui fend le palais et de l'asphyxie qui commence.

C'est un magnifique poisson, gros comme un turbot et qui pèse au moins trois kilos. Pierre enlève l'hameçon de ses lèvres charnues, lui enfonce son gros doigt dans la gueule, et il en sort une grosse pièce d'argent. Il la lève entre le pouce et l'index pour la montrer au Maître qui se trouve sur le parapet de la terrasse, puis il ramasse le filin, l'enroule, prend le poisson et court vers la place.

Les apôtres sont stupéfaits... Jésus sourit et il dit : "Et ainsi nous aurons supprimé un scandale..."

Pierre rentre : "Ils allaient venir ici, et avec Eli, le pharisien. J'ai essayé d'être gentil comme une jeune fille et je les ai appelés en disant : "Hé ! envoyés du Fisc ! Prenez ! Cela vaut quatre drachmes, n'est-ce pas ? Deux pour le Maître et deux pour moi. Et nous sommes quittes, n’est-ce pas ? Au revoir et spécialement à toi, cher ami, dans la vallée de Josaphat".

Ils se sont fâchés parce que j'ai dit "Fisc". "Nous appartenons au Temple et non au Fisc". "Vous percevez les taxes comme les gabelous. Pour moi tout percepteur appartient au fisc" ai-je répondu. Mais Eli m'a dit : "Insolent ! Tu me souhaites la mort ?" "Non, ami ! Pas du tout. Je te souhaite un heureux voyage vers la vallée de Josaphat : Tu ne vas pas pour la Pâque à Jérusalem ? Nous pourrons donc nous rencontrer là, ami". "Je ne le désire pas, et je ne veux pas que tu te permettes de me dire ton ami". "En effet, c'est trop d'honneur" lui ai-je répondu. Et je suis parti. Le plus beau, c'est qu'il y avait la moitié de Capharnaüm pour voir que j'ai payé pour Toi et pour moi. Et ce vieux serpent ne pourra plus rien dire."

Les apôtres ont dû tous rire pour le récit et la mimique de Pierre. Jésus voulait rester impassible, mais pourtant il esquisse un léger sourire quand il dit : "Tu es pire que la moutarde" et il dit pour finir : "Cuisez le poisson et faisons vite. Au crépuscule je veux être revenu ici."


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-039.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Stater10
Statère dans la bouche du poisson


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 13 Juil - 7:38

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le plus grand dans le Royaume des Cieux."
"Le petit Benjamin de Capharnaüm"


C'est juste au moment où le ciel et le lac sont incendiés par les feux du crépuscule qu'ils reviennent vers Capharnaüm. Ils sont contents. Ils parlent entre eux. Jésus parle peu, mais il sourit. Ils remarquent que, si le messager avait été plus précis, il leur aurait épargné du chemin. Mais pourtant, aussi, ils disent qu'ils ont été payés de leur fatigue parce que tout un groupe de petits enfants ont eu leur père guéri au moment où déjà sa mort était proche et où il se refroidissait, et aussi parce qu'ils ne sont plus tout à fait sans argent.

"Je vous l'avais dit que le Père aurait pourvu à tout" dit Jésus.

"Et c'est un ancien amant de Marie de Magdala ?" demande Philippe.

"Il semble... D'après ce que l'on nous a dit..." répond Thomas.

"À Toi, Seigneur, que t'a dit l'homme ?" demande Jude d'Alphée. Jésus sourit évasivement.

"Moi, je l'ai vu plus d'une fois avec elle, quand j'allais à Tibériade avec des amis. Cela est sûr" affirme Mathieu.

"Oui, Frère, contente-nous... L'homme t'a-t-il demandé seulement de guérir, ou aussi d'être pardonné ?" demande Jacques d'Alphée.

"Quelle question inutile ! Quand donc le Seigneur n'exige-t-il pas de repentir, pour accorder une grâce ?" dit l'Iscariote avec quelque dédain pour Jacques d'Alphée.

"Mon frère n'a pas dit une sottise. Jésus guérit ou délivre, et puis il dit: "Va et ne pèche plus" lui répond le Thaddée.

"Mais c'est parce qu'il voit déjà le repentir dans les cœurs" réplique l'Iscariote.

"Chez les possédés il n'y a pas de repentir ni de volonté d'être délivrés. Pas un nous l'a prouvé. Rappelle-toi tous les cas. Tu ver- ras que, ou bien ils s'enfuyaient, ou bien ils se manifestaient comme ennemis ou, pour le moins, ils essayaient l'une ou l'autre chose et ils n'y arrivaient pas seulement parce que les parents les en empêchaient" réplique le Thaddée.

"Et la puissance de Jésus" ajoute le Zélote.

"Mais alors Jésus tient compte de la volonté des parents qui représentent la volonté du possédé qui, si le démon ne l'en empêchait pas, voudrait être délivré."

"Oh ! que de subtilités ! Et pour les pécheurs alors ? Il me semble qu'il emploie la même formule, même s'ils ne sont pas possédés" dit Jacques de Zébédée.

"A moi il a dit : "Suis-moi" et je ne Lui avais pas encore dit un mot concernant mon état" observe Mathieu.

"Mais il le voyait dans ton cœur" dit l'Iscariote qui veut toujours avoir raison, à tout prix.

"Et c'est bien ! Mais cet homme, qui d'après le bruit qui court était un grand débauché et un grand pécheur, n'était pas possédé, ou plutôt sans l'être il avait un démon comme maître sinon comme possesseur, avec tous ses péchés. Il était moribond, mais qu'a-t-il demandé en somme ? Nous sommes en train de faire un voyage dans les nuages me semble-t-il... nous en sommes encore à la première question" dit Pierre.

Jésus le satisfait : "Cet homme a voulu être seul avec Moi pour pouvoir parler en toute liberté. Il n'a pas exposé tout de suite son état de santé. ..mais l'état de son esprit. Il a dit : "Je suis mourant, mais pas encore comme j'ai fait croire pour t'avoir le plus vite possible. J'ai besoin de ton pardon pour guérir. Mais cela me suffit. Si tu ne me guéris pas, je me résignerai. Je l'ai mérité. Mais sauve mon âme" et il m'a confessé ses nombreuses fautes. Une chaîne de fautes à donner la nausée..." Jésus parle ainsi, mais son visage resplendit de joie.

"Et tu en souris, Maître ? Cela m'étonne !" observe Barthélemy.

"Oui, Barthélemy. J'en souris parce que les fautes n'existent plus, et parce que, avec les fautes, j'ai connu le nom de la rédemptrice. L'apôtre a été une femme dans ce cas."

"Ta Mère !" disent plusieurs. Et d'autres : "Jeanne de Chouza ! S'il allait souvent à, Tibériade, peut-être il la connaît." Jésus hoche la tête. Ils Lui demandent : "Qui, alors ?"

"Marie de Lazare" répond Jésus.

"Elle est venue ici ? Pourquoi ne s'est-elle pas fait voir à quelqu'un de nous ?"

"Elle n'est pas venue. Elle a écrit à son ancien complice. J'ai lu les lettres. Toutes lui adressent la même supplication : de l'écouter, de se racheter comme elle-même s'est rachetée, de la suivre dans le Bien comme il l'avait suivie dans la faute, et avec des paroles de larmes, elles le priaient de soulager l'âme de Marie du remords d'avoir séduit son âme. Et elle l'a converti, à tel point qu'il s'était retiré dans sa maison de campagne pour vaincre les tentations de la ville. La maladie, qui venait davantage de ses remords que de son état physique, a fini de le préparer à la Grâce. Voilà. Êtes-vous contents maintenant ? Comprenez-vous maintenant pourquoi je souris ?"

"Oui, Maître" disent-ils tous. Et ensuite, voyant que Jésus allonge le pas, comme pour s'isoler, ils se mettent à bavarder entre eux...

Ils sont déjà en vue de Capharnaüm lorsque, au carrefour de la route qu'ils suivent avec celle qui côtoie le lac en venant de Magdala, ils croisent les disciples venus à pied en évangélisant de Tibériade. Tous, sauf Margziam, les bergers et Manaën, qui sont allés de Nazareth à Jérusalem avec les femmes. Et même les disciples sont plus nombreux à cause de quelques éléments qui se sont unis à eux au retour de leur mission et qui amènent avec eux de nouveaux prosélytes de la doctrine chrétienne.

Jésus les salue avec douceur, mais tout de suite s'isole de nouveau dans une méditation et une oraison profonde, en s'avançant de quelques pas. Les apôtres, de leur côté, s'unissent aux disciples surtout aux plus influents, à savoir : Etienne, Hermas, le prêtre Jean, Jean le scribe, Timonée, Joseph d'Emmaüs, Hermastée (qui d'après ce que je comprends vole sur le chemin de la perfection), Abel de Bethléem de Galilée dont la mère se trouve dans la foule avec d'autres femmes. Les disciples et les apôtres échangent questions et réponses sur ce qui est arrivé depuis qu'ils se sont quittés. C'est ainsi qu'ils parlent de la guérison et de la conversion d'aujourd'hui, et du miracle du statère dans la bouche du poisson... Ce dernier, en raison des circonstances qui sont à son origine, produit une grande conversation qui se propage d'un rang à l'autre comme un feu qui prend dans des feuilles sèches...

Je vois Jésus qui suit un chemin de campagne suivi et entouré de ses apôtres et des disciples.

Le lac de Galilée brille pas très loin tranquille et azuré sous un beau soleil de printemps ou d'automne car il n'est pas violent comme un soleil d'été. Mais je dirais que c'est le printemps car la nature est très fraîche et elle n'a pas ces tons dorés et mourants que l'on voit en automne.

Il semble qu'à l'approche du soir, Jésus se retire dans la maison hospitalière et se dirige par conséquent vers la ville que l'on voit apparaître déjà. Jésus, comme il arrive souvent, est à quelques pas en avant des disciples. Deux ou trois, pas plus, mais assez pour pouvoir s'isoler dans ses pensées, ayant besoin de silence après une journée d'évangélisation. Il chemine absorbé, avec dans la main droite un rameau vert, certainement cueilli dans quelque buisson avec lequel il fouette légèrement, perdu dans ses pensées, les herbes de la berge.

Derrière Lui, au contraire, les disciples parlent avec animation. Ils rappellent les événements de la journée et ils n'ont pas la main trop légère pour apprécier les défauts d'autrui et les méchancetés d'autrui. Tous critiquent plus ou moins le fait que ceux qui sont chargés de la perception du tribut pour le Temple aient voulu être payés par Jésus.
Pierre, toujours véhément, soutient que c'est un sacrilège parce que le Messie n'est pas tenu de payer le tribut : "C'est comme si on voulait que Dieu se paie Lui-même" dit-il. "Et cela n'est pas juste. Si, ensuite, ils croient que Lui n'est pas le Messie, cela devient un sacrilège."

Jésus se tourne un instant et il dit : "Simon, Simon, il y en aura tant qui douteront de Moi ! Même parmi ceux qui croient que leur foi en Moi est assurée et inébranlable. Ne juge pas les frères, Simon. Commence par te juger toi-même."

Judas, avec un sourire ironique, dit à Pierre qui humilié a baissé la tête : "Ceci est pour toi. Parce que tu es le plus âgé tu veux toujours faire le docteur. Il n'est pas dit qu'il faille juger le mérite d'après l'âge. Parmi nous, il y en a qui te sont supérieurs pour le savoir et la position sociale."

Il s'allume une discussion sur les mérites respectifs. Tel se vante d'avoir été parmi les premiers disciples, tel appuie son mérite sur la situation qu'il a quittée pour suivre Jésus, tel dit que personne comme lui n'a des droits parce que personne ne s'est converti comme lui, en passant de la situation de publicain à celle de disciple. La discussion se prolonge, et si je ne craignais pas d'offenser les apôtres, je dirais qu'elle prend les allures d'un véritable procès.

Jésus s'en désintéresse. Il semble n'entendre plus rien. Entre temps on est arrivé aux premières maisons de la ville que je sais être Capharnaüm. Jésus continue et les autres par derrière sont toujours en discussion.

Un enfant de sept à huit ans court derrière Jésus en sautant. Il le rejoint en dépassant le groupe plus qu'animé des apôtres. C'est un bel enfant aux cheveux châtains foncés tout bouclés, courts. Dans son visage brun, il a deux yeux noirs intelligents. Il appelle avec familiarité le Maître, comme s'il le connaissait bien. "Jésus !," dit-il "laisse-moi venir avec Toi jusqu'à ta maison, veux-tu ?"

"Ta mère le sait-elle ?" demande Jésus en le regardant avec un doux sourire.
"Elle le sait."

"En vérité ?" Jésus, tout en souriant, le regarde d'un regard pénétrant.

"Oui, Jésus, en vérité."

"Alors, viens."

L'enfant fait un saut de joie et prend la main gauche de Jésus qui la lui présente. C'est avec une amoureuse confiance que l’enfant met sa petite main brune dans la longue main de mon Jésus. Moi, je voudrais bien en faire autant !

"Raconte-moi une belle parabole, Jésus" dit l'enfant en sautant aux côtés du Maître et en le regardant par en dessous avec un petit visage qui resplendit de joie.
Jésus aussi le regarde avec un sourire joyeux qui Lui fait entrouvrir la bouche qu'ombragent des moustaches et une barbe blonde-rousse que le soleil fait briller comme si c'était de l'or. Ses yeux de saphir foncé rient de joie quand il regarde l'enfant.
"Qu'en fais-tu de la parabole ? Ce n'est pas un jeu."

"C'est plus beau qu'un jeu. Quand je vais dormir, j'y pense, et puis j'en rêve et le lendemain je m'en souviens et je me la redis pour être bon. Elle me rend bon."

"Tu t'en souviens ?"

"Oui. Veux-tu que je te dise toutes celles que tu m'as dites ?"

"Tu es brave, Benjamin, plus que les hommes qui oublient. En récompense, je te dirai la parabole."

L'enfant ne saute plus. Il marche, sérieux, attentif comme un adulte, et il ne perd pas un mot, pas une inflexion de la voix de Jésus qu'il regarde avec attention, sans même prendre garde où il met ses pieds.

"Un berger qui était très bon apprit qu'il y avait dans un endroit de la création un grand nombre de brebis abandonnées par des bergers qui n'étaient guère bons. Elles étaient en danger sur de mauvais chemins et dans des herbages empoisonnés et elles s'en allaient de plus en plus vers de sombres ravins. Il vint dans cet endroit et, sacrifiant tout son avoir, il acheta ces brebis et ces agneaux.

Il voulait les amener dans son royaume, parce que ce berger était roi aussi comme l'ont été de nombreux rois en Israël. Dans son royaume, ces brebis et ces agneaux auraient tant de pâturages sains, tant d'eaux fraîches et pures, des chemins sûrs et des abris solides contre les voleurs et les loups féroces.

Alors ce berger rassembla ses brebis et ses agneaux et il leur dit : "Je suis venu pour vous sauver, pour vous amener là où vous ne souffrirez plus, où vous ne connaîtrez plus les embûches et les douleurs, Aimez-moi, suivez-moi, car je vous aime tant et, pour vous avoir, je me suis sacrifié de toutes manières. Mais si vous m'aimez, mon sacrifice ne me pèsera pas. Suivez-moi et allons". Et le berger en avant, les brebis à la suite, prirent le chemin vers le royaume de la joie.

À chaque instant, le berger se retournait pour voir si elles le suivaient, pour exhorter celles qui étaient fatiguées, encourager celles qui perdaient confiance, pour secourir les malades, caresser les agneaux. Comme il les aimait ! Il leur donnait son pain et son sel. Il commençait par goûter l'eau des sources pour voir si elle était saine et la bénissait pour la rendre sainte.

Mais les brebis - le crois-tu, Benjamin ? - les brebis, après quelque temps se lassèrent. Une d'abord, puis deux, puis dix, puis cent restèrent en arrière à brouter l'herbe jusqu'à s'empiffrer au point de ne plus se mouvoir et se couchèrent, fatiguées et repues, dans la poussière et dans la boue. D'autres se penchèrent sur les précipices, malgré les paroles du berger : "Ne le faites pas". Comme il se mettait là où il y avait un plus grand danger, pour les empêcher d'y aller, certaines le bousculèrent avec leurs têtes arrogantes et plus d'une fois essayèrent de le jeter au fond. Ainsi beaucoup finirent dans les ravins et moururent misérablement. D'autres se battirent à coups de cornes et de têtes, et se tuèrent entre elles.

Seul un agnelet ne s'écarta jamais. Il courait en bêlant et il disait par son bêlement au berger : "Je t'aime". Il courait derrière le bon berger et quand ils arrivèrent à la porte de son royaume, il n'y avait qu'eux deux : le berger et l'agnelet fidèle. Alors le berger ne dit pas : "Entre", mais il dit : "Viens" et il le prit sur sa poitrine, dans ses bras, et il l'amena à l'intérieur en appelant tous ses sujets et en leur disant : "Voici. Celui-ci m'aime. Je veux qu'il soit avec Moi pour toujours. Et vous aimez-le, car c'est celui que préfère mon cœur".

La parabole est finie, Benjamin. Maintenant peux-tu me dire quel est ce bon berger ?"
"C'est Toi, Jésus."

"Et cet agnelet, qui est-ce ?"

"C'est moi, Jésus."

"Mais maintenant je vais partir. Tu m'oublieras."

"Non, Jésus, je ne t'oublierai pas parce que je t'aime."

"Ton amour disparaîtra quand tu ne me verras plus."

"Je me dirai à moi-même les paroles que tu m'as dites, et ce sera comme si tu étais présent. Je t'aimerai et je t'obéirai de cette façon. Et, dis-moi, Jésus : Toi, tu te souviendras de Benjamin ?"

"Toujours."

"Comment feras-tu pour te souvenir ?"

"Je me dirai que tu m'as promis de m'aimer et de m'obéir, et je me souviendrai ainsi de toi."

"Et tu me donneras ton Royaume ?"

"Si tu seras bon, oui."

"Je serai bon."

"Comment feras-tu ? La vie est longue."

"Mais aussi tes paroles sont si bonnes. Si je me les dis et si je fais ce qu'elles me disent de faire, je me garderai bon toute ma vie. Et je le ferai parce que je t'aime. Quand on aime bien, ce n'est pas fatigante d'être bon. Je ne me fatigue pas d'obéir à maman, parce que je l'aime bien. Je ne me fatiguerai pas d'être obéissant pour Toi, parce que je t'aime bien."

Jésus s'est arrêté pour regarder le petit visage enflammé par l'amour plus que par le soleil. La joie de Jésus est si vive qu'il semble qu'un autre soleil se soit allumé en son âme et irradie par ses pupilles. Il se penche et il baise l'enfant sur le front.

Il s'est arrêté devant une petite maison modeste, avec un puits devant. Jésus va ensuite s'asseoir près du puits et c'est là que le rejoignent les disciples, qui sont encore en train de mesurer leurs prérogatives respectives.

Jésus les regarde, puis il les appelle : «Venez autour de Moi, et écoutez le dernier enseignement de la journée, vous qui célébrez sans cesse vos mérites et pensez à vous adjuger une place en rapport avec eux. Vous voyez cet enfant ? Lui est dans la vérité plus que vous. Son innocence lui donne les clefs pour ouvrir les portes de mon Royaume. Lui a compris, dans sa simplicité de tout petit, que c'est dans l'amour que se trouve la force de devenir grand et dans l'obéissance par amour celle d'entrer dans mon Royaume. Soyez simples, humbles, aimants d'un amour que vous ne donniez pas qu'à Moi mais que vous partagiez entre vous, obéissant à mes paroles, à toutes, même à celles-ci, si vous voulez arriver la où entreront ces innocents. Apprenez auprès des petits. Le Père leur révèle là vérité comme Il ne la révèle pas aux sages."

Jésus parle en tenant Benjamin debout contre ses genoux et il lui tient les mains sur les épaules. En ce moment le visage de Jésus est plein de majesté. .Il est sérieux, pas courroucé, mais sérieux. C'est vraiment le Maître. Le dernier rayon de soleil nimbe sa tête blonde.

La vision s'arrête pour moi ici, en me laissant pleine de douceur dans mes souffrances.

Les disciples n'ont donc pas pu entrer dans la maison, c'est naturel, à cause de leur nombre et par respect. Ils ne le font jamais s'ils ne sont pas invités par le Maître à le faire, en groupe ou en particulier. Je remarque toujours un grand respect, une grande retenue, malgré l'affabilité du Maître et sa longue familiarité. Même Isaac, qui pourrait se dire le premier d'entre les disciples, ne prend jamais la liberté d'aller vers Jésus, sans qu'un sourire, au moins un sourire du Maître l'appelle près de Lui.

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N'est-ce pas un peu différent de la manière désinvolte et presque burlesque dont beaucoup traitent ce qui est surnaturel... Ceci est un de mes commentaires et que je trouve juste, car cela ne me va pas que les gens aient avec des choses, qui sont au-dessus de nous, les manières que nous n'avons pas à l'égard de nos égaux, les hommes, quand ils sont tant soit peu au-dessus de nous... Mais !... Allons de l'avant..
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Donc les disciples se sont répandus sur la rive du lac pour acheter du poisson pour le souper, et aussi du pain et ce qu'il faut. Jacques de Zébédée revient aussi et il appelle le Maître qui est assis sur la terrasse avec Jean accroupi à ses pieds dans un entretien plein de douceur et d'abandon... Jésus se lève et se penche au-dessus du parapet.
Jacques dit : "Que de poissons, Maître ! Mon père dit que ton arrivée a béni les filets. Regarde : ceci est pour nous" et il montre un panier de poissons argentés.

"Que Dieu lui donne des grâces pour sa générosité. Préparez-le et après le souper nous irons sur la rive avec les disciples."

Et ainsi font-ils. Le lac est noir dans la nuit, en attendant la lune qui se lève tard. On ne le voit pas, mais on entend son murmure, son clapotis contre les rochers du rivage. Seules les incroyables étoiles des nuits d'Orient se mirent dans ses eaux tranquilles. Ils s'assoient en cercle autour d'une petite barque renversée, sur laquelle est assis Jésus. Les petits fanaux des barques apportés ici, au milieu du cercle, éclairent à peine les visages les plus voisins. Le visage de Jésus est tout éclairé par en dessous par un falot placé à ses pieds, et tous, de cette façon, peuvent le voir quand il parle à l'un ou l'autre.

Au début c'est une conversation sans façon, familière, mais ensuite elle prend le ton d'une instruction. Jésus le dit même ouvertement : "Venez et écoutez. D'ici peu, nous nous séparerons et je veux vous instruire encore pour vous mieux former.
Aujourd'hui je vous ai entendu discuter et ce n'était pas toujours avec charité. Aux premiers d'entre vous, j'ai déjà donné l'instruction. Mais je veux vous la donner à vous aussi, et elle ne fera pas de mal à ceux qui sont les premiers s'ils l'entendent de nouveau. Maintenant le petit Benjamin n'est pas ici contre mes genoux. Il dort dans son lit et il fait ses rêves innocents. Mais peut-être son âme candide est-elle de même parmi nous. Mais supposez que lui, ou quelque autre enfant, soit ici pour vous servir d'exemple. Vous, dans votre cœur, vous avez tous une idée fixe : être le premier dans le Royaume des Cieux, une curiosité : savoir qui sera ce premier; et enfin un danger : le désir encore humain de s'entendre répondre : "Tu es le premier dans le Royaume des Cieux" par des compagnons complaisants, ou par le Maître, surtout par le Maître, dont vous connaissez la véracité et la connaissance de l'avenir.

N'est-ce pas ainsi ? Les questions tremblent sur vos lèvres et vivent au fond de votre cœur. Le Maître, pour votre bien, accepte cette curiosité bien qu'il ait horreur de céder aux curiosités humaines. Votre Maître n'est pas un charlatan que l'on interroge pour deux piécettes au milieu du vacarme d'un marché. Ce n'est pas quelqu'un possédé par l'esprit du Python qui se procure de l'argent en faisant le devin, pour répondre aux esprits étroits des hommes qui veulent connaître l'avenir pour savoir comment "se diriger". L'homme ne peut se diriger par lui-même. C'est Dieu qui le dirige si l'homme a foi en Lui ! Et il ne sert à rien de connaître l'avenir, ou de croire qu'on le connaît, si ensuite on n'a pas le moyen de changer l'avenir prophétisé. Il n'y a qu'un moyen : prier le Père et Seigneur pour que sa miséricorde nous aide. En vérité je vous dis qu'une prière confiante peut changer un châtiment en bénédiction. Mais celui qui a recours aux hommes pour pouvoir, en tant qu'homme, et avec des moyens humains, changer l'avenir, ne sait pas du tout prier ou sait très mal prier.

Moi, cette fois-ci, parce que cette curiosité peut vous donner un bon enseignement, j'y réponds, bien que j'aie horreur des questions curieuses et irrespectueuses. Vous vous demandez : "Qui parmi nous est le plus grand dans le Royaume des Cieux?"
Moi, je supprime la limite du "parmi nous" et j'élargis la question aux limites du monde entier, présent et futur, et je réponds : Le plus grand dans le Royaume des Cieux, c'est le plus petit parmi les hommes, c'est-à-dire celui que les hommes considèrent comme "le plus petit". Celui qui est simple, humble, confiant, ignorant, par conséquent l'enfant, ou celui qui sait se refaire une âme d'enfant. Ce n'est pas la science, ni la puissance, ni la richesse, ni l'activité, même si elle est bonne, qui vous rendront "le plus grand" dans le Royaume bienheureux. Mais d'être comme des tout petits par l'amour, l'humilité, la simplicité, la foi.

Observez comme m'aiment les enfants et imitez-les. Comme ils croient en Moi, et imitez-les. Comme ils se souviennent de ce que je dis, et imitez-les. Comme ils font ce que j'enseigne, et imitez-les. Comme ils ne s'enorgueillissent pas de ce qu'ils font, et imitez-les. Comme ils n'ont pas de jalousie pour Moi ni pour leurs compagnons, et imitez-les. En vérité je vous dis que, si vous ne changez pas votre manière de penser, d'agir et d'aimer, et si vous ne vous refaites pas sur le modèle des tout petits, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Eux savent ce que vous savez, ce qu'il y a d'essentiel dans ma doctrine. Mais avec quelle différence ils pratiquent ce que j'enseigne ! Vous, vous dites pour toute bonne action que vous accomplissez : "J'ai fait", L'enfant dit : "Jésus, je me suis souvenu de Toi aujourd'hui, et à cause de Toi j'ai obéi, j'ai aimé, j'ai contenu un désir de me battre... et je suis content parce que Toi, je le sais, tu sais quand je suis bon et tu en es content". Et encore considérez les enfants quand ils agissent mal, Avec quelle humilité ils me l'avouent : " Aujourd'hui j'ai été méchant. Et cela me déplaît parce que je t'ai donné de la douleur". Ils ne cherchent pas d'excuses. Ils savent que je sais, ils croient, ils souffrent de ma douleur.

Oh ! ils sont chers à mon cœur, les enfants, en qui il n'y a pas d'orgueil, pas de duplicité, pas de luxure ! Moi, je vous le dis : devenez semblables à des petits, si vous voulez entrer dans mon Royaume. Aimez les petits comme l'exemple angélique que vous pouvez encore avoir. Vous devriez être comme des anges. Pour vous excuser, vous pourriez dire : "Nous ne voyons pas les anges". Mais Dieu vous donne les enfants comme modèles et eux, vous les avez parmi vous. Et si vous voyez un enfant abandonné matériellement, ou abandonné moralement, et qui peut périr, accueillez-le en mon Nom, parce qu'eux sont très aimés de Dieu. Et quiconque accueille un enfant en mon Nom, m'accueille Moi-même, parce que je suis dans l'âme des enfants, qui est innocente. Et celui qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé, le Seigneur Très-Haut.
Et gardez-vous de scandaliser un de ces petits dont l’œil voit Dieu. On ne doit jamais donner de scandale à personne. Mais malheur, trois fois malheur, à celui qui déflore la candeur ignorante des enfants ! Laissez-les anges, le plus que vous pouvez. Trop répugnants sont le monde et la chair pour l'âme qui vient des Cieux ! Et l'enfant, par son innocence, est encore tout âme. Respectez l'âme de l'enfant et son corps lui-même, comme vous respectez un lieu sacré. Sacré est aussi l'enfant car il a Dieu en lui, En tout corps se trouve le temple de l'Esprit, mais le temple de l'enfant est le plus sacré et le plus profond, et il est au-delà du double Voile. Ne remuez même pas les voiles de la sublime ignorance de la concupiscence par le vent de vos passions. Je voudrais un enfant dans toute famille, au milieu de toute réunion de personnes, pour qu'il serve de frein aux passions des hommes.

L'enfant sanctifie, restaure et rafraîchit par le seul rayonnement de ses yeux sans malice. Mais malheur à ceux qui enlèvent sa sainteté à l'enfant par leur scandaleuse manière d'agir ! Malheur à ceux qui par leur conduite licencieuse transmettent leur malice aux enfants ! Malheur à ceux qui par leurs propos et leur ironie blessent la foi que les enfants ont en Moi ! Il vaudrait mieux qu'à tous ceux-là on attache à leur cou une meule de moulin, et qu'on les jette à la mer pour qu'ils s'y noient avec leurs scandales. Malheur au monde pour les scandales qu'il donne aux innocents ! Car, s'il est inévitable qu'il arrive des scandales, malheur à l'homme qui les provoque par sa faute !
Personne n'a le droit de faire violence à son corps et à sa vie, car la vie et le corps viennent de Dieu, et Lui seul a le droit d'en prendre une partie ou le tout. Mais pourtant je vous dis que si votre main vous scandalise, il vaut mieux que vous la coupiez, que si votre pied vous porte à donner du scandale, il est bien que vous le coupiez. Il vaut mieux pour vous entrer manchots ou boiteux dans la Vie que d'être jetés au feu éternel avec les deux mains et les deux pieds. Et s'il ne suffit pas d'un pied ou d'une main coupés, faites couper aussi l'autre main ou l'autre pied, pour ne plus donner de scandale et pour avoir le temps de vous repentir avant d'être jetés là où le feu ne s'éteint pas et ronge comme un ver pour l'éternité. Et si c'est votre œil qui est pour vous occasion de scandale, arrachez-le. Il vaut mieux être borgne que d'être dans l'enfer avec les deux yeux. Avec un seul œil ou même sans aucun, arrivés au Ciel, vous verrez la Lumière, alors qu'avec les deux yeux scandaleux, vous verrez dans l'enfer les ténèbres et l’horreur. Et rien d'autre. Rappelez-vous tout cela. Ne méprisez pas les petits, ne les scandalisez pas, ne vous moquez pas d'eux. Ils sont plus que vous, car leurs anges ne cessent de voir Dieu qui leur dit les vérités qu'ils doivent révéler aux enfants et à ceux qui ont un cœur d'enfant.

Et vous, comme des enfants, aimez-vous entre vous, sans disputes, sans orgueil. Restez en paix entre vous. Ayez un esprit de paix pour tous. Vous êtes frères, au nom du Seigneur, et non pas ennemis. Il n'y a pas, il ne doit pas y avoir d'ennemis pour les disciples de Jésus. L'unique Ennemi, c'est Satan. Pour lui, soyez des ennemis implacables, entrez en lutte contre lui et contre les péchés qui amènent Satan dans les cœurs. Soyez infatigables dans le combat contre le mal quelque soit la forme qu'il prenne.

Et patients. Il n'y a pas de limite pour le travail de l'apôtre, car le travail du Mal ne connaît pas de limites. Le démon ne dit jamais : "Assez. Maintenant je suis fatigué et je me repose". Lui, il est inlassable : Il passe, agile comme la pensée, et plus encore, d'un homme à un autre. Il essaie, il attaque, il séduit, il tourmente, il n'accorde aucun répit. Il assaille traîtreusement et il abat, si l'on n'est pas plus que vigilant. Parfois il s'installe en conquérant à cause de la faiblesse de celui qu'il assaille. D'autres fois, il entre en ami, parce que la manière de vivre de la proie qu'il recherche est déjà telle qu'elle est une alliance avec l'Ennemi. Une autre fois, chassé par quelqu'un, il cherche et tombe sur une proie plus facile, pour se venger de l'échec que lui a fait subir Dieu ou un serviteur de Dieu. Mais vous, vous devez dire ce que lui dit : "Pour moi, pas de repos". Lui ne se repose pas pour peupler l'enfer. Vous ne devez pas vous reposer afin de peupler le Paradis. Ne lui donnez pas de répit. Je vous prédis que plus vous le combattrez, plus il vous fera souffrir, mais vous ne devez pas en tenir compte. Lui peut parcourir la terre, mais il n'entre pas dans le Ciel. Là, il ne vous causera plus d'ennuis. Et là seront tous ceux qui l'auront combattu..."

Jésus s'interrompt brusquement et demande : "Mais, en somme, pourquoi ennuyez-vous toujours Jean ? Que veulent-ils de toi ?"

Jean rougit comme une flamme, et Barthélemy, Thomas, l'Iscariote baissent la tête en se voyant découverts.

"Eh bien ?" demande impérieusement Jésus.

"Maître, mes compagnons veulent que je te dise une chose."

"Dis-la, donc !"

"Aujourd'hui, pendant que tu étais chez ce malade et que nous allions à travers le pays comme tu l'avais dit, nous avons vu un homme qui n'est pas ton disciple, et que nous n'avons même jamais remarqué parmi ceux qui écoutent tes enseignements, qui chassait des démons en ton Nom dans un groupe de pèlerins qui allaient à Jérusalem. Et il réussissait, il a guéri quelqu'un qui avait un tremblement lui interdisant tout travail, et il a rendu la parole à une fillette qui avait été assaillie dans le bois par un démon qui avait pris la forme d'un chien et qui lui avait lié la langue. Lui disait : "Va-t-en, démon maudit, au nom du Seigneur Jésus, le Christ, Roi de la souche de David, Roi d'Israël. Lui est Sauveur et Vainqueur. Fuis devant son Nom !" et le démon s'enfuyait réellement. Nous nous sommes fâchés et lui, l'avons interdit. Il nous a dit : "Qu'est-ce que je fais de mal ? J'honore le Christ en débarrassant son chemin des démons qui ne sont pas dignes de le voir". Nous lui avons répondu : "Tu n'es pas exorciste en Israël, et tu n'es pas disciple du Christ. Il ne t'est pas permis de le faire". Il a dit : "Il est toujours permis de faire le bien" et il s'est révolté contre notre injonction en disant : "Et je continuerai à faire ce que je fais". Voilà, ils voulaient que je te dise cela, surtout maintenant que tu as dit qu'au Ciel il y aura tous ceux qui ont combattu Satan."

"C'est bien. Cet homme sera de ceux-ci. Il l'est. Il avait raison et vous, vous aviez tort. Infinis sont les chemins du Seigneur, et il n'est pas dit que seuls ceux qui prennent le chemin direct arriveront au Ciel. En tout lieu et en tout temps, et de mille manières, il y aura des créatures qui viendront à Moi, et peut-être même par une route qui au début était mauvaise. Mais Dieu verra la droiture de leur intention et les amènera au bon chemin. De même il yen aura qui, par l'ivresse de la triple concupiscence, sortiront de la bonne route et prendront une route qui lès éloigne ou même qui les déroute complètement. Vous ne devez donc jamais juger vos semblables. Dieu seul voit. Faites en sorte, vous, de ne pas sortir de la bonne voie, où la volonté de Dieu, plutôt que la vôtre, vous a mis. Et quand vous voyez quelqu'un qui croit en mon Nom et opère par lui, ne l'appelez pas étranger, ennemi, sacrilège. C’est bien un de mes sujets, ami et fidèle, puisqu'il croit en mon Nom spontanément et mieux que plusieurs d'entre vous, pour cela mon Nom sur ses lèvres opère des prodiges semblables aux vôtres et peut-être davantage. Dieu l'aime parce qu'il m'aime et il finira de l'amener au Ciel. Personne, s'il fait des prodiges en mon Nom, ne peut être pour Moi un ennemi et dire du mal de Moi. Mais, par son activité, il apporte au Christ honneur et témoignage de foi.

En vérité je vous dis que croire en mon Nom suffit déjà pour sauver sa propre âme. Car mon Nom est Salut. Aussi je vous dis : si vous le rencontrez encore, ne lui faites pas de défense, mais au contraire appelez-le "frère" parce qu'il l'est réellement, même s'il est en dehors de l'enceinte de mon Bercail. Qui n'est pas contre Moi est avec Moi. Celui qui n'est pas contre vous est pour vous."

"Nous avons péché, Seigneur ?" demande Jean contrit.

"Non. Vous avez agi par ignorance mais sans malice. Il n'y a donc pas de faute. Pourtant, à l'avenir, ce serait une faute parce que maintenant vous savez. Et maintenant allons dans nos maisons. La paix soit avec vous."


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-040.htm
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Benjamin le petit garçon


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 14 Juil - 7:16

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"Benjamin fut fidèle jusqu’à la mort"

Jésus dit ensuite :

« Ce que j'ai dit à mon petit disciple, je le dis aussi à vous. Le Royaume appartient aux agneaux fidèles qui m'aiment et me suivent sans se perdre dans des illusions, qui m'aiment jusqu'à la fin.

Et je vous dis à vous ce que j'ai dit à mes disciples adultes : "Apprenez auprès des petits". Ce n'est pas d'être savants, riches, audacieux, qui vous fera conquérir le Royaume des Cieux. Ce n'est pas l'être humainement, mais c'est l'être par la science d'amour qui rend savants, riches, audacieux, surnaturellement. Comme l'amour éclaire pour comprendre la Vérité ! Comme il rend riche pour l'acquérir ! Comme il rend audacieux pour la conquérir ! Quelle confiance il inspire ! Quelle sécurité !

Faites comme le petit Benjamin, ma petite fleur qui m'a parfumé le cœur ce soir-là et lui a fait entendre une musique angélique qui a recouvert l'odeur d'humanité qui bouillait dans les disciples et le bruit des discussions humaines.

Et tu veux savoir ce qu'il advint ensuite de Benjamin ? Il resta le petit agneau du Christ et, lorsqu'il eut perdu son Grand Berger puisqu'il était retourné au Ciel, il se fit le disciple de celui qui me ressemblait davantage, en recevant de sa main le baptême et le nom d'Etienne, mon premier martyr. Il a été fidèle jusqu'à la mort et avec lui ses parents, amenés à la Foi par l'exemple du petit apôtre de leur famille. Il n'est pas connu ? Nombreux sont ceux qui, inconnus des hommes, me sont connus dans mon Royaume et qui sont heureux de cela. La renommée du monde n'ajoute pas une étincelle à l'auréole des bienheureux.


Petit Jean, marche toujours avec ta main dans la mienne. Tu iras avec sécurité et, arrivée au Royaume, je ne te dirai pas : "Entre" mais "Viens" et je te prendrai dans mes bras pour te mettre là où mon Amour t'a préparé une place que ton amour a méritée.
Va en paix. Je te bénis."


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-041.htm
Tome : 5/41

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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 15 Juil - 7:34

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"Seconde multiplication des pains "

Jésus dit : "Maria, dis : "Me voici" comme les étoiles dont parle la prophétie et, pleine de joie, viens m'écouter.

C'est la veille de la Pentecôte. La Sagesse n'est pas descendue une seule fois avec son feu. Elle descend toujours pour vous donner ses lumières. Il suffit que vous l'aimiez et la cherchiez comme un trésor très précieux. Le monde périt parce qu'il s'est moqué de la Sagesse et l'a repoussée en marchant hors de ses voies. L'homme a accumulé dans son esprit beaucoup de science, mais il est plus ignorant que dans son état primitif. Alors il cherchait le chemin du Seigneur et il tendait son âme pour en accueillir les paroles. Maintenant il cherche tout, sauf ce qu'il devrait chercher et il remplit son être de toutes les plus inutiles et dangereuses paroles, mais pas de celles qui seraient sa vie.

"Le Seigneur" dit Baruch "n'a pas choisi les géants pour leur communiquer les paroles de la Sagesse". Non. Le Seigneur ne choisit pas les géants. Il ne les choisit pas. Il ne les choisit pas, laïcs ou consacrés qui vous croyez beaucoup uniquement parce que vous êtes pleins d'orgueil, mais à mes yeux vous êtes moins que des cigales stridulantes. Le Seigneur ne regarde pas vos diplômes et vos charges, ni l'habit et le nom que vous portez. Tout cela n'est qu'oripeaux sur ce que Dieu regarde pour en mesurer la valeur : l'esprit. Et si votre esprit n'est pas enflammé de charité, généreux dans le sacrifice, humble, chaste, non, le Seigneur ne vous choisit pas pour ses préférés, pour les dépositaires des richesses de sa Sagesse.

Ce n'est pas vous qui pouvez me dire : "Je veux être celui qui sait". C'est Moi qui peux dire : "Je veux que celui-ci sache". Je puis avoir pour vous de la pitié, cela encore, parce que vous êtes des malheureux, atteints par les lèpres les plus laides. Mais, quant à vous choisir pour mes préférés, non, vous ne le méritez pas.

Sachez le mériter par une vie de rectitude en toute chose. Si vous conservez la foi pour vos obligations les plus lourdes, mais que vous manquiez pour les choses moins visibles mais plus profondes, vous n'êtes plus droits. Vous ne l'êtes pas. Et cette rancœur que vous avez n'est qu'un motif humain, qui s'affuble d'un vêtement trompeur de zèle. L'intention n'est pas droite et elle ne vaut rien.

Et toi, viens converser avec ton Maître. Viens pour que je t'arrache au tombeau de la douleur, et que je ne t'accable pas par une vision d'ailleurs déjà vue d'une terrifiante majesté. De la résurrection des morts conserve seulement le côté spirituel appliqué à la solennité actuelle. *C'est l'Esprit de Dieu qui, infusé en vous, vous donne la Vie.
Aime-le, invoque-le, sois-lui fidèle. Tu auras la Vie et la Paix. La première au-delà de la terre, la seconde dès cette terre."

*************

Je vois un endroit qui n'est certainement pas une plaine. Ce n'est pas non plus la montagne. Il y a des montagnes à l'orient, mais elles sont un peu loin. Puis il y a une petite vallée et des hauteurs plus basses et plates; des plateaux herbeux. Il semble que ce soit les premières pentes d'un groupe de collines. Le terrain est plutôt aride et sans arbres. Il y a une herbe courte et rare, disséminée sur un terrain caillouteux. Çà et là quelques rares touffes de buissons épineux. Du côté de l'occident, l'horizon s'élargit vaste et lumineux. Je ne vois pas autre chose comme nature. il fait encore jour mais je dirais que le soir commence, car l'occident est rouge à cause du crépuscule alors que les monts du côté de l'orient sont déjà violets dans la lumière qui devient crépusculaire. Un commencement de crépuscule qui rend plus sombres les failles profondes, et presque violettes les parties plus élevées.

Jésus est debout sur un gros rocher et il parle à une foule très nombreuse répandue sur le plateau. Les disciples l'entourent. Lui, encore plus haut sur son rustique piédestal, domine une foule de gens de tous âges et de toutes conditions qui l'entourent.
Il doit avoir accompli des miracles car je l'entends dire : "Ce n'est pas à Moi mais à Celui qui m'a envoyé que vous devez offrir louange et reconnaissance. Et la louange, ce n'est pas celle qui sort comme un souffle des lèvres distraites. Mais c'est celle qui monte du cœur et qui est le véritable sentiment de votre cœur. Celle-la est agréable à Dieu. Que ceux qui sont guéris aiment le Seigneur d'un amour de fidélité, et que l'aiment les parents de ceux qui sont guéris. Du don de la santé retrouvée ne faites pas un mauvais usage. Plus que des maladies du corps, ayez peur des maladies du cœur. Et n'ayez pas la volonté de pécher. Car tout péché est une maladie. Et il y en a qui sont tels qu'ils peuvent donner la mort. Maintenant donc vous tous, qui à cette heure vous vous réjouissez, ne détruisez pas par le péché la bénédiction de Dieu. Votre joie tarirait car les mauvaises actions enlèvent la paix, et là où il n 'y a pas de paix, il n'y a pas de joie. Mais soyez saints, soyez parfaits comme votre Père le veut. Il le veut parce qu'Il vous aime, et à ceux qu'il aime, il veut donner un Royaume. Mais dans son Royaume saint n'entrent que ceux que la fidélité à la Loi rend parfaits. La paix de Dieu soit avec vous."

Jésus se tait. il croise les bras sur la poitrine et, les bras ainsi croisés .il observe la foule qui est autour de Lui. Puis il regarde tout autour. Il lève les yeux vers le ciel serein qui devient toujours plus sombre à mesure que la lumière décroît. Il réfléchit. Il descend de son rocher. Il parle aux disciples : "J'ai pitié de ces gens. Ils me suivent depuis trois jours. Ils n'ont plus de provisions avec eux. Nous sommes loin de tout village. Je crains que les plus faibles souffrent trop, si Moi je les renvoie sans les nourrir."

"Et comment veux-tu faire, Maître ? Tu le dis : nous sommes loin de tout village. Dans ce lieu désert, où trouver du pain ? Et qui nous donnerait assez d'argent pour en acheter pour tout le monde ?"

"N'avez-vous rien avec vous ?"

"Nous avons quelques poissons et quelques morceaux de pain : les restes de notre nourriture, Mais cela ne suffit pour personne. Si tu les donnes à ceux qui sont les plus proches, cela va faire du grabuge. Tu nous en prives et tu ne fais du bien à personne." C'est Pierre qui parle.

"Apportez-moi ce que vous avez." Ils apportent un petit panier avec à l'intérieur sept morceaux de pain. Ce ne sont même pas des pains entiers. Il semble que ce soit de gros morceaux coupés dans de grandes miches. Ensuite les poissons petits, c'est une poignée de pauvres bestioles roussies.

"Faites asseoir cette foule par groupes de cinquante et qu'ils restent tranquilles et silencieux, s'ils veulent manger."

Les disciples, les uns montant sur des pierres, les autres circulant parmi les gens, se donnent du mal pour mettre l'ordre réclamé par Jésus. A force d'insister ils y réussissent. Quelque enfant pleurniche parce qu'il a faim et sommeil, quelque autre parce que, pour le faire obéir, la mère ou quelque autre parent lui a administré une gifle.

Jésus prend les pains, pas tous naturellement : deux à la fois, un dans chaque main, les offre et puis les pose et le bénit. Il prend les petits poissons. Il y en a si peu qu’ils tiennent tous dans le creux de ses longues mains. Il les offre eux aussi et puis les pose et les bénit aussi.

"Et maintenant prenez, faites le tour de la joule et donnez abondamment à chacun."
Les disciples obéissent.

Jésus, debout, blanche silhouette qui domine tout ce peuple assis en larges groupes qui couvrent tout le plateau, observe et sourit.

Les disciples vont et vont, toujours plus loin. Ils donnent et donnent encore. Et le panier est toujours plein de nourriture. Les gens mangent, alors que le soir descend et il y a un grand silence et une grande paix.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-042.htm
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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 16 Juil - 7:36

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"Miracle spirituel de la multiplication de la parole"

Jésus dit :

"Voici une autre chose qui ennuiera les docteurs pointilleux. L'application de cette vision évangélique. Je ne te fais pas méditer sur ma puissance et ma bonté, ni sur la foi et l'obéissance des disciples. Rien de cela. Je veux te faire voir l'analogie de l'épisode avec l’œuvre de l'Esprit-Saint.

Tu vois : je donne ma parole. Je donne tout ce que vous pouvez comprendre, et par conséquent assimiler pour en faire une nourriture pour l'âme. Mais vous vous êtes rendus tellement lents à comprendre par la fatigue et la faim, que vous ne pouvez assimiler toute la nourriture qui se trouve dans ma parole. Il vous en faudrait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais vous ne savez pas en recevoir beaucoup. Vous êtes si pauvres de forces spirituelles ! Cela vous pèse sans vous donner du sang et des forces. Et voici qu'alors l'Esprit-Saint opère le miracle pour vous. Le miracle spirituel de la multiplication de la Parole. Il multiplie cette parole en vous en éclairant tous les sens les plus secrets, de façon que, sans vous alourdir d'un poids qui vous écraserait sans vous fortifier, vous vous en nourrissez et ne tombez plus harassés tout au long du désert de la vie.

Sept pains et quelques poissons ! J'ai prêché pendant trois ans et, comme dit mon bien-aimé Jean, "si on devait écrire toutes les paroles que j'ai dites et les miracles que j'ai accomplis pour vous donner une nourriture abondante, capable de vous amener sans faiblesse jusqu'au Royaume, la Terre ne suffirait pas pour en contenir les volumes".[1][1] Mais si cela avait été fait, vous ne pourriez pas lire une telle masse d'écrits. Vous ne lisez, même pas comme vous le devriez, le peu qui a été écrit sur Moi. L'unique chose que vous devriez connaître, comme vous connaissez les mots les plus nécessaires dès l'âge le plus tendre.

Et alors l'Amour vient et multiplie. Lui aussi, Un avec le Père et Moi, a "pitié de vous qui mourez de faim" et, par un miracle qui se répète depuis des siècles, double, décuple, centuple les significations, les lumières, la nourriture de chacune de mes paroles. Ainsi, voici un trésor sans fond de nourriture céleste. Il vous est offert par la Charité. Puisez-y sans peur. Plus votre amour puisera, plus celui-ci, qui est le fruit de l'Amour, augmentera ses flots. Dieu ne connaît pas de limites dans ses richesses et dans ses possibilités. Vous êtes relatifs. Lui, non. Il est infini dans toutes ses œuvres, même en celle de pouvoir vous donner à chaque heure, en toute circonstance, les lumières dont vous avez besoin à cet instant. Et comme au jour de la Pentecôte, l'Esprit répandu sur les apôtres rendit leur parole compréhensible aux Parthes, aux Mèdes, aux Scythes, aux Cappadociens, aux habitants du Pont et de la Phrygie, et semblable à leurs langues natales aux Égyptiens et aux Romains; aux Grecs et aux Libyens, ainsi de même Il vous donnera réconfort si vous pleurez, conseil si vous demandez conseil, participation de joie si vous êtes joyeux, par la même Parole.

Oh ! réellement si l'Esprit vous éclaire : ''Va en paix et ne veuille pas pécher"[2][2], cette parole est une récompense pour celui qui n'a pas péché, un encouragement pour celui qui encore faible ne veut pas pécher, pardon pour le coupable qui se repent, reproche tempéré de miséricorde pour celui qui n'a qu'une velléité de repentir. Et ce n'est qu'une phrase, des plus simples. Mais combien il y en a dans mon Évangile ! Combien qui, comme des boutons de fleurs, après une averse et un soleil d'avril, s'ouvrent serrés sur la branche où d'abord il n'y en avait un seul fleuri et la couvrent toute entière pour la joie de ceux qui les admirent.

Repose maintenant. La paix de l'Amour soit avec toi".

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-043.htm

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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 17 Juil - 7:20


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« Le Pain du Ciel »

La plage de Capharnaüm fourmille de gens qui sortent d'une vraie flottille de barques de toutes tailles : Et les premiers qui débarquent s'en vont parmi les gens cherchant s'ils voient le Maître, un apôtre ou au moins un disciple. Et ils s'en vont à la recherche…

Un homme finalement répond : "Le Maître ? Les apôtres ? Non. Ils sont partis tout de suite après le sabbat, et ils ne sont pas revenus. Mais ils vont revenir car il y a des disciples. J'ai parlé tout à l'heure avec l'un d'entre eux. Ce doit être un grand disciple. Il parle comme Jaïre ! Il est allé vers cette maison au milieu des champs, en suivant la mer."

L'homme qui a posé la question répand le bruit, et tous se précipitent vers l'endroit indiqué. Mais après avoir fait environ deux cents mètres sur la rive, ils rencontrent tout un groupe de disciples qui viennent vers Capharnaüm en faisant force gestes. Ils les saluent et demandent : "Le Maître, où est-il ?"

Les disciples répondent : "Pendant la nuit, après le miracle , il s'en est allé avec les siens, avec des barques au-delà de la mer. Nous avons vu les voiles, au clair de lune, qui allaient vers Dalmanutha."

"Ah Voilà ! Nous le cherchions à Magdala dans la maison de Marie, et il n'y était pas ! Pourtant... ils pouvaient nous le dire les pêcheurs de Magdala !"

"Ils ne l'auront pas su. Peut-être est-il allé sur les monts d'Arbela pour prier. Il y a été déjà une autre fois, l'an dernier avant la Pâque. Je l'ai rencontré alors, par une très grande grâce du Seigneur à son pauvre serviteur" dit Etienne.

"Mais il ne revient pas ici ?"

"Certainement il va revenir. Il doit faire ses adieux et donner les ordres. Mais que voulez-vous ?"

"L'entendre encore, le suivre, devenir siens."

"Présentement il va à Jérusalem. Vous le retrouverez là. Et là, dans la Maison de Dieu, le Seigneur vous parlera si pour vous il est utile de le suivre. Car il est bien que vous sachiez que, s'il ne repousse personne, nous autres avons en nous des tendances qui repoussent la Lumière. Maintenant celui qui en a tant au point d'en être non seulement saturé - cela ne serait que peu de mal car Lui est Lumière et si nous devenons loyalement siens avec une volonté bien décidée, sa Lumière nous pénètre et chasse nos ténèbres - mais d'en être pénétré et d'y être attaché comme à la chair de sa personne, alors il vaut mieux qu'il s'abstienne de venir, à moins qu'il ne se détruise pour se recréer à nouveau. Réfléchissez donc pour savoir si vous avez en vous la force de prendre un nouvel esprit, une nouvelle manière de penser, une nouvelle façon de vouloir. Priez pour pouvoir connaître la vérité sur votre vocation. Et puis venez, si vous croyez. Et veuille le Très-Haut, qui a guidé Israël dans son "Passage", vous guider, en ce "pèsac", pour venir dans le sillage de l'Agneau, hors des déserts, vers la Terre éternelle, vers le Royaume de Dieu" dit Etienne en parlant au nom de tous ses compagnons.

"Non, non ! Tout de suite ! Tout de suite ! Personne ne fait ce que Lui fait. Nous voulons le suivre" dit la foule en tumulte.

Etienne a un sourire très expressif. Il ouvre les bras et dit : "C'est parce qu'il vous a donné en abondance du bon pain que vous voulez venir ? Croyez-vous que dans l'avenir il ne vous donne que cela ? Lui promet à ceux qui le suivent ce qui est son lot : la douleur, la persécution, le martyre. Ce ne sont pas des roses, mais des épines; pas des caresses, mais des soufflets, pas du pain, mais des pierres sont prêtes pour les "christ". Et je parle ainsi sans blasphémer, parce que ses vrais fidèles seront oints de l'huile sainte faite de sa Grâce et de sa souffrance, et nous serons "oints" pour être les victimes sur l'autel et les rois dans le Ciel."

"Eh bien ? En es-tu jaloux peut-être ? Tu y es, toi ? Nous voulons y être nous aussi. Il est le Maître pour tous."

"C'est bien. Je vous le disais parce que je vous aime et que je veux que vous sachiez ce que c'est que d'être ses "disciples" pour ne pas être ensuite des déserteurs. Allons alors l'attendre tous ensemble à sa maison. Le crépuscule commence et c'est le début du sabbat. Il viendra le passer ici avant son départ."

Ils vont vers la ville en parlant. Et plusieurs interrogent Etienne et Hermas, qui les a rejoints, et eux, aux yeux des israélites, ont une lumière spéciale comme élèves préférés de Gamaliel. Plusieurs demandent : "Mais que dit Gamaliel de Lui ?", d'autres : "Est- ce lui qui vous a envoyés ?", et d'autres encore : "N'a-t-il pas souffert de vous perdre ?", ou bien : "Et le Maître, que dit-il du grand rabbi ?"

Les deux répondent avec patience : "Gamaliel parle de Jésus de Nazareth comme du plus grand homme d'Israël"

"Oh ! plus grand que Moïse ?" disent certains presque scandalisés.

"Lui dit que Moïse est l'un des si nombreux précurseurs du Christ, mais qu’il n'était que le serviteur du Christ."

"Alors, pour Gamaliel, celui-ci est le Christ ? C'est ce qu'il dit ? Si c'est ce que dit le rabbi Gamaliel, la question est tranchée. C'est Lui le Christ !"

"Il ne dit pas cela. Il n'arrive pas encore à le croire, pour son malheur. Mais il dit que le Christ est sur la terre car il Lui a parlé, il y a plusieurs années. Lui et le sage Hillel. Et il attend le signe que le Christ lui a promis pour le reconnaître " dit Hermas.

"Mais comment a-t-il fait pour croire que celui-là était le Christ ? Que faisait-il ? Moi, je suis aussi âgé que Gamaliel, mais je n'ai jamais entendu dire que chez nous aient été faites les choses que le Maître fait. S'il n'est pas persuadé par ces miracles, que vit-il donc de si miraculeux dans ce Christ pour pouvoir croire en Lui ?"

"Il le vit oint par la Sagesse de Dieu. C'est ce qu'il dit" répond encore Hermas.

"Et alors qu'est-il pour Gamaliel celui-ci ?"

"Le plus grand homme, maître et précurseur d'Israël. Quand il pourrait dire : "C'est le Christ" elle serait sauvée l'âme sage et juste de mon premier maître" dit Etienne et il termine : "Et je prie pour que cela soit, à tout prix."

"Et s'il ne croit pas que c'est le Christ, pourquoi vous y a-t-il envoyés ?"

"Nous voulions y venir. Lui nous a laissés venir en disant que c'était bien."

"Peut-être pour savoir et rapporter au Sanhédrin..." insinue quelqu'un.

"Homme, comment parles-tu ? Gamaliel est honnête. Il ne sert d’espion à personne et surtout pas aux ennemis d'un innocent !" Etienne se fâche et il paraît un archange tant il est indigné, et presque rayonnant dans son saint dédain.

"Il aura été désolé de vous perdre, pourtant" dit un autre.

"Oui et non. Comme homme qui nous aimait bien, oui. Comme esprit très droit, non. Parce qu'il a dit : "Lui est plus que moi et plus jeune que moi. Je puis donc fermer les yeux, rassuré sur votre avenir, en sachant que vous appartenez au 'Maître des maîtres' ".

"Et Jésus de Nazareth, que dit-il du grand rabbi ?"

"Oh ! Il n'a que des paroles élevées pour lui !"

"Il n'en est pas jaloux ?"

"Dieu ne jalouse pas" dit sévèrement Hermas. "Ne fais pas de suppositions sacrilèges."

"Mais pour vous, alors, il est Dieu ? En êtes-vous certains?"

Et les deux, d'une seule voix : "Comme d'être vivants en ce moment." Et Etienne termine : "Et veuillez le croire, vous aussi, pour posséder la vraie Vie."

Ils sont de nouveau sur la plage devenue un lieu de réunion, et ils la traversent pour aller à la maison.

Sur le seuil se trouve Jésus qui caresse des enfants.

Des disciples se groupent avec des curieux et ils demandent : "Maître, quand es-tu venu ?"

"Il y a quelques instants." Le visage de Jésus a encore la majesté solennelle, un peu extatique, qu'il a après une prière prolongée.

"Tu as été en oraison, Maître ?" demande Étienne à voix basse, par respect, comme il s'est incliné pour le même motif.

"Oui. D'où le vois-tu, mon fils ?" demande Jésus en lui posant la main sur ses cheveux foncés en une douce caresse.

"De ton visage d'ange. Je suis un pauvre homme, mais ton aspect est si limpide que j'y lis les palpitations et les actions de ton esprit."

"Le tien aussi est limpide. Tu es un de ceux qui restent tout petits..."

"Et qu'y a-t-il sur mon visage, Seigneur ?"

"Viens à part et je te le dirai" et il le prend par le poignet et l'amène dans un couloir obscur. "Charité, foi, pureté, générosité, sagesse; et tout cela c'est Dieu qui te l'a donné et tu l'as cultivé et tu le feras davantage. Enfin, d'après ton nom, tu as la couronne d'or pur et avec une grande gemme qui resplendit sur ton front. Sur l'or et les pierres sont gravés deux mots: "Prédestination" et "Prémices". Sois digne de ton sort, Étienne. Va en paix avec ma bénédiction." Et il pose de nouveau la main sur ses cheveux alors qu'Étienne s'agenouille pour ensuite se prosterner et Lui baiser les pieds. Ils reviennent vers les autres.

"Ces gens sont venus pour t'entendre..." dit Philippe. "Ici on ne peut parler. Allons à la synagogue. Jaïre en sera content."

Jésus en tête, par derrière le cortège des autres, ils vont à la belle synagogue de Capharnaüm et Jésus, salué par Jaïre, y entre et il ordonne que toutes les portes restent ouvertes pour que ceux qui n'arrivent pas à entrer puissent l'entendre de la rue et de la place qui sont à côté de la synagogue.

Jésus va à sa place, dans cette synagogue amie, de laquelle aujourd'hui sont absents heureusement les pharisiens, peut-être déjà partis en grande pompe pour Jérusalem. Et il commence à parler.

"En vérité je vous dis : vous me cherchez non pas pour m'entendre ni pour les miracles que vous avez vus, mais pour ce pain que je vous ai donné à manger à satiété et sans frais. Les trois quart d'entre vous c'est pour cela qu'ils me cherchaient, et par curiosité, venant de toutes parts de notre Patrie. Il manque donc à la recherche l'esprit surnaturel, et reste dominant l'esprit humain avec ses curiosités malsaines, ou pour le moins d'une imperfection infantile, non pas simple comme celle des tout petits, mais diminuée comme l'intelligence d'un esprit obtus.

Et avec la curiosité, il reste la sensualité et un sentiment vicié. La sensualité qui se cache, subtile comme le démon dont elle est la fille, derrière des apparences et des actes qui sont bons en apparence, et le sentiment vicié qui est simplement une déviation morbide du sentiment et qui, comme tout ce qui est "maladie", ressent le besoin et le désir des drogues qui ne sont pas la simple nourriture, le bon pain, la bonne eau, l'huile pure, le, premier lait qui suffit pour vivre, pour bien vivre. Le sentiment vicié veut les choses extraordinaires pour en être remué et pour éprouver le frisson qui plaît, le frisson maladif des paralysés qui ont besoin de drogues pour éprouver des sensations qui leur donnent l'illusion d'être intègres et virils. La sensualité qui veut satisfaire sans fatigue la gourmandise, dans ce cas, avec du pain qui n'a pas coûté de sueurs, puisque Dieu l'a donné par bonté.

Les dons de Dieu ne sont pas l'ordinaire, ils sont l'extraordinaire. On ne peut y prétendre, ni se livrer à la paresse en disant : "Dieu me les donnera". Il est dit : "Tu mangeras ton pain mouillé par la sueur de ton front" c'est-à-dire le pain gagné par le travail. Si Celui qui est Miséricorde a dit : "J'ai pitié de ces foules qui me suivent depuis trois jours et n'ont plus rien à manger et qui pourraient tomber en route avant d'avoir atteint Ippo sur le lac, ou Gamala, ou d'autres villes", et a pourvu à leurs besoins, il n'est pourtant pas dit qu'on doive le suivre pour ce motif. C'est pour bien davantage qu'un peu de pain, destiné à devenir ordure après la digestion, que l'on doit me suivre. Ce n'est pas pour la nourriture qui emplit le ventre, mais pour celle qui nourrit l'âme, car vous n'êtes pas seulement des animaux qui doivent brouter et ruminer, ou fouiller avec le groin et s'engraisser. Mais vous êtes des âmes ! C'est cela que vous êtes ! La chair c'est le vêtement, l'être c'est l'âme. C'est elle qui est immortelle, La chair, comme tout vêtement, s'use et finit, et ne mérite pas qu'on s'en occupe comme si c'était une perfection à laquelle il faut donner tous ses soins.

Cherchez donc ce qu'il est juste de se procurer, non ce qui est injuste. Cherchez à vous procurer non la nourriture qui périt, mais celle qui dure pour la vie éternelle. Celle-là, le Fils de l'homme vous la donnera toujours, quand vous la voudrez. Car le Fils de l'homme a à sa disposition tout ce qui vient de Dieu et peut vous le donner; Lui est Maître, et Maître magnanime, des trésors de Dieu Père qui a imprimé sur Lui son sceau pour que les yeux honnêtes ne soient pas confondus. Et si vous avez en vous la nourriture qui ne périt pas, vous pourrez faire les œuvres de Dieu, étant nourris de la nourriture de Dieu."

"Que devons-nous faire pour faire les œuvres de Dieu ? Nous observons la Loi et les Prophètes. Nous sommes donc déjà nourris de Dieu et nous faisons les œuvres de Dieu."

"C'est vrai. Vous observez la Loi, ou plutôt vous "connaissez" la Loi. Mais connaître n'est pas pratiquer. Nous connaissons, par exemple, les lois de Rome et pourtant un israélite fidèle ne les pratique pas autrement que dans les formules qui lui sont imposées par sa condition de sujet. Pour le reste nous, je parle des israélites fidèles, nous ne pratiquons pas les usages païens des romains tout en les connaissant. La Loi que vous tous connaissez et les Prophètes devraient en effet vous nourrir de Dieu et vous donner par conséquent la capacité de faire les œuvres de Dieu. Mais pour faire cela, elles devraient être devenues une seule chose avec vous, comme l'air que vous respirez et la nourriture que vous assimilez, qui se changent tous les deux en vie et en sang. Alors qu'ils restent étrangers, tout en étant dans votre maison, comme peut l'être un objet de la maison qui vous est connu et utile, mais qui s'il venait à manquer ne vous enlèverait pas l'existence. Alors que... Oh ! essayez un peu de ne pas respirer pendant quelques minutes, essayez de rester sans nourriture pendant des jours et des jours... et vous verrez que vous ne pouvez vivre. Ainsi devrait se ressentir votre moi de la dénutrition et de son asphyxie de la Loi et des Prophètes, puisque vous les connaissez mais ne les assimilez pas et qu'ils ne deviennent pas une seule chose avec vous.

C'est cela que je suis venu enseigner et donner : le suc, l'air de la Loi et des Prophètes, pour rendre le sang et la respiration à vos âmes qui meurent de faim et d'asphyxie. Vous ressemblez à des enfants qu'une maladie rend incapables de savoir ce qui peut les nourrir. Vous avez des provisions de nourriture, mais vous ne savez pas qu'elles doivent être mangées pour se changer en une chose vitale, et qu'elles deviennent vraiment nôtres, par une fidélité vraie et pure à la Loi du Seigneur qui a parlé à Moïse et aux Prophètes pour vous tous. Venir donc à Moi pour avoir l'air et le suc de la Vie éternelle, c'est un devoir. Mais ce devoir présuppose en vous une foi. Car si quelqu'un n'a pas la foi, il ne peut croire à mes paroles, et s'il ne croit pas il ne vient pas me dire : "Donne-moi le vrai pain". Et s'il n'a pas le vrai pain, il ne peut pas faire les œuvres de Dieu n'ayant pas la capacité de les faire. Par conséquent pour être nourris de Dieu et pour faire l'œuvre de Dieu, il est nécessaire que vous fassiez l'œuvre-base qui est celle-ci : croire en Celui que Dieu a envoyé."

"Mais quels miracles fais-tu donc pour qu’il nous soit possible de croire en Toi comme en un envoyé de Dieu et pour qu'on puisse voir sur Toi le sceau de Dieu ? Que fais-tu que déjà, sous une forme plus modeste, n'aient pas fait les Prophètes ? Moïse t'a même surpassé, puisque non pas une seule fois mais pendant quarante années il a nourri nos pères d'une nourriture merveilleuse. C'est écrit que nos pères, pendant quarante années, mangèrent la manne dans le désert et il est dit par conséquent que Moïse leur donna à manger du pain venu du ciel, lui qui pouvait."

"Vous êtes dans l'erreur. Ce n'est pas Moïse, mais c'est le Seigneur qui a pu faire cela. Et dans l'Exode on lit : "Voici : Je ferai pleuvoir du pain du ciel. Que le peuple sorte et qu'il recueille ce qui suffit pour chaque jour, et qu'ainsi Je me rende compte si le peuple marche selon ma Loi. Et le sixième jour qu'il en ramasse le double par respect pour le septième jour, le sabbat". Et les hébreux virent le désert se recouvrir chaque matin de cette chose minuscule qui ressemble à ce qui est pilé dans le mortier, et au grésil, semblable à la graine de coriandre, et au bon goût de fleur de farine mélangée à du miel ". Ce n'est donc pas Moïse, mais le Seigneur qui a procuré la manne. Dieu qui peut tout. Tout. Punir et bénir, enlever et accorder. Et Moi, je vous le dis, que des deux choses, Il préfère bénir et accorder plutôt que punir et enlever.

Moïse, comme il est dit dans l'Ecclésiastique, était "cher à Dieu et aux hommes, sa mémoire était bénie, car il était rendu par Dieu semblable aux saints dans leur gloire, grand et terrible pour les ennemis, capable de susciter les prodiges et mettre fin à eux, glorieux en présence des rois, son ministre en présence du peuple, il avait vu la gloire de Dieu et entendu la voix du Très-Haut, il était le gardien des préceptes et de la Loi de vie et de science ". Aussi Dieu, comme dit la Sagesse, par amour pour Moïse, nourrit son peuple avec le pain des anges, et lui envoya du ciel un pain déjà fait, sans fatigue, un pain délicieux et d'une douce saveur. Et - souvenez bien de ce que dit la Sagesse - et puisqu'il venait du ciel, de Dieu, et qu'il montrait la douceur divine envers ses fils, il avait pour chacun le goût que chacun voulait, et procurait à chacun les effets qu'il désirait, étant utile aussi bien au tout petit, à l'estomac encore imparfait, qu'à l'adulte à l'appétit et à la digestion vigoureux, qu'à la fillette délicate et qu'au vieillard décrépit.

Et même, pour montrer que ce n'était pas œuvre d'homme, il renversa les lois des éléments car il résistait au feu, ce pain mystérieux qui, au lever du soleil, fondait comme du givre. Ou plutôt : le feu - c'est toujours la Sagesse qui parle - oublia sa propre nature par respect pour l’œuvre de Dieu son Créateur et pour les besoins des justes de Dieu, de sorte qu'alors qu'il a l'habitude de s'enflammer pour tourmenter, ici il se fit doux pour faire du bien à ceux qui faisaient confiance au Seigneur. Alors c'est pour cela, qu'en se transformant de toutes manières, il servit à la grâce du Seigneur, leur nourrice à tous, selon les besoins de celui qui priait le Père éternel, pour que ses fils bien-aimés apprennent que ce n'est pas la reproduction des fruits qui nourrit les hommes, mais que c'est la parole du Seigneur qui conserve ceux qui croient en Dieu. En effet le feu ne consumait pas, comme il le pouvait, la douce manne, même pas si la flamme était haute et puissante, alors que suffisait à la fondre le doux soleil du matin, afin que les hommes se rappellent et qu'ils apprennent que les dons de Dieu doivent être recherchés dès le commencement du jour et de la vie, et que pour les avoir, il faut devancer la Lumière et se lever pour louer l'Éternel dès la première heure du matin

C'est cela que la manne enseignait aux hébreux, et Moi, je vous le rappelle parce que c'est un devoir qui dure et durera jusqu'à la fin des siècles. Cherchez le Seigneur et ses dons célestes, sans paresser jusqu'aux heures tardives du jour ou de la vie. Levez-vous pour le louer avant même que le loue le soleil levant, et nourrissez-vous de sa parole qui consacre et préserve et conduit à la Vie vraie. Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du Ciel mais, en vérité, Celui qui l'a donné, c'est le Père Dieu, et maintenant, en vérité, c'est mon Père qui vous donne le vrai Pain, le Pain nouveau, le Pain éternel qui descend du Ciel, le Pain de miséricorde, le Pain de Vie, le Pain qui donne au monde la Vie, le Pain qui rassasie toute faim et enlève toute langueur, le Pain qui donne à celui qui le prend la Vie éternelle et l'éternelle joie."

"Donne-nous, ô Seigneur, ce pain et nous ne mourrons plus."

"Vous mourrez comme tout homme meurt, mais vous ressusciterez pour la Vie éternelle si vous vous nourrissez saintement de ce Pain, parce qu'il rend incorruptible celui qui le mange. Pour ce qui est de vous, il sera donné à ceux qui le demandent à mon Père avec un cœur pur, une intention droite, et une sainte charité. C'est pour cela que j'ai enseigné à dire : "Donne-nous le Pain quotidien".

Mais pour ceux qui s'en nourriront indignement, il deviendra un grouillement de vers d'enfer, comme les paniers de manne conservés contre l'ordre reçu. Et ce Pain de santé et de vie deviendra, pour eux, mort et condamnation. Car le plus grand sacrilège sera commis par ceux qui mettront ce Pain sur une table spirituelle corrompue et fétide, et le profaneront en le mêlant à la sentine de leurs inguérissables passions. Mieux vaudrait pour eux ne l'avoir jamais pris !"

"Mais où est ce Pain ? Comment le trouve-t-on ? Quel nom a-t-il ?"

"Moi, je suis le Pain de Vie. C'est en Moi qu'on le trouve. Son nom est Jésus. Qui vient à Moi n'aura plus faim, et celui qui croit en Moi n'aura plus jamais soif, parce que les fleuves célestes se déverseront en lui, éteignant toute ardeur matérielle. Je vous l'ai dit, désormais. Vous m'avez connu désormais, et pourtant vous ne croyez pas. Vous ne pouvez croire que tout ce qui est, est en Moi. Et pourtant, il en est ainsi. C'est en Moi que sont tous les trésors de Dieu. C'est à Moi qu'est donné tout ce qui appartient à la terre, et sont donc réunis en Moi les Cieux glorieux et la terre militante, et jusqu'à la peineuse et expectante masse de ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu sont en Moi, car en Moi et pour Moi est tout pouvoir. Et Moi, je vous le dis : tout ce que le Père me donne viendra à Moi. Et je ne chasserai pas celui qui vient à Moi car je suis descendu du Ciel pour faire non pas ma volonté mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. Et la Volonté de mon Père, du Père qui m'a envoyé la voici: que je ne perde aucun de ceux qu'Il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Maintenant la Volonté du Père qui m'a envoyé est que quiconque connaît le Fils et croit en Lui ait la Vie éternelle et que je puisse le ressusciter au Dernier Jour, en le voyant nourri de la Foi en Moi et marqué de mon sceau."

Il se fait un bourdonnement qui n'est pas discret dans la synagogue et au-dehors à cause des paroles nouvelles et hardies du Maître. Et Lui, après avoir un moment repris haleine, tourne ses yeux étincelants de ravissement là où on murmure davantage et ce sont précisément les groupes où il y a des juifs. Il recommence à parler.

"Pourquoi murmurez-vous entre vous ? Oui, je suis le Fils de Marie de Nazareth, fille de Joachim de la race de David, vierge consacrée au Temple, et puis épousée par Joseph de Jacob, de la race de David. Vous avez connu, beaucoup d'entre vous, les justes qui donnèrent la vie à Joseph, menuisier de race royale, et à Marie, vierge héritière de souche royale. Cela vous fait dire : "Comment celui-ci peut-il se dire descendu du Ciel ?" et le doute naît en vous.

Je vous rappelle les Prophètes sur l'Incarnation du Verbe. Et je vous rappelle comment, plus pour nous israélites que pour tout autre peuple, il est de foi que Celui que nous n'osons pas appeler ne peut pas se donner une Chair selon les lois humaines et de plus selon les lois d'une humanité déchue. Le Très Pur, l'Incréé, s'Il s'est mortifié jusqu'à se faire Homme pour l'amour de l'homme, ne pouvait choisir qu'un sein de Vierge plus pur que les lys pour revêtir de Chair sa Divinité. Le Pain descendu du Ciel au temps de Moïse a été placé dans l'arche d'or, recouverte du Propitiatoire, veillée par les chérubins, derrière les voiles du Tabernacle. Et avec le Pain était la Parole de Dieu. Et il était juste qu'il en fût ainsi, parce que le plus grand respect doit être donné aux dons de Dieu et aux tables de sa très Sainte Parole. Mais alors, qu'est-ce qui aura été préparé par Dieu pour sa propre Parole et pour le vrai Pain qui est venu du Ciel ? Une arche plus inviolée et plus précieuse que l'arche d'or, couverte du précieux Propitiatoire de sa pure volonté d'immolation, veillée par les chérubins de Dieu, voilée d'une candeur virginale, d'une humilité parfaite, d'une charité sublime, et de toutes les vertus les plus saintes.

Et alors ? Vous ne comprenez pas encore que ma Paternité est au Ciel et que par conséquent c'est de là que je viens ? Oui, je suis descendu du Ciel pour accomplir le décret de mon Père, le décret de salut des hommes selon ce qui a été promis au moment même de la condamnation et répété aux Patriarches et aux Prophètes. Mais cela, c'est la foi. Et la foi est donnée par Dieu à ceux qui ont une âme de bonne volonté. Aussi personne ne peut venir à Moi, s'il n'est pas conduit à Moi par mon Père, qui le voit dans les ténèbres, mais avec un vrai désir de la lumière. Il est écrit dans les Prophètes : "Ils seront tous instruits par Dieu [4]". Voilà, c'est dit. C'est Dieu qui leur apprend où ils doivent aller pour être instruits par Dieu. Tout homme donc qui, au fond de son esprit droit, a entendu parler Dieu, a appris de mon Père à venir vers Moi."

"Et qui veux-tu qui ait entendu Dieu, ou vu son Visage ?" demandent plusieurs qui commencent à montrer des signes d'irritation et de scandale. Et ils finissent par dire : "Tu délires ou tu es illusionné."

"Personne n'a vu Dieu excepté celui qui est de Dieu. Celui-là a vu le Père et c'est Moi qui suis Celui-là. Et maintenant écoutez le Credo de la Vie future sans lequel on ne peut se sauver.

En vérité, en vérité je vous dis que celui qui croit en Moi a la Vie éternelle. En vérité, en vérité je vous dis que je suis le Pain de la Vie éternelle.

Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et ils sont morts, car la manne était une nourriture sainte mais temporelle et elle donnait la vie pour autant qu'il était nécessaire d'arriver à la Terre Promise par Dieu à son peuple. Mais la Manne que je suis n'aura pas de limites de temps ni de puissance. Non seulement elle est céleste, mais elle est divine, et elle produit ce qui est divin : l'incorruptibilité, l'immortalité de ce que Dieu a créé à son image et à sa ressemblance. Elle ne durera pas quarante jours, quarante mois, quarante années, quarante siècles. Mais elle durera tant que durera le Temps, et elle sera donnée à tous ceux qui ont pour elle une faim sainte et agréable au Seigneur, qui se réjouira de se donner sans mesure aux hommes pour lesquels Il s'est incarné pour qu'ils aient la Vie quinemeurtpas.

Moi, je puis me donner, je puis me transsubstantier par amour pour les hommes, de sorte que le pain devienne Chair et que la Chair devienne Pain, pour la faim spirituelle des hommes qui sans cette Nourriture mourraient de faim et de maladies spirituelles. Mais si quelqu'un mange de ce Pain avec justice, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, ce sera ma Chair immolée pour la Vie du monde; ce sera mon Amour répandu dans les maisons de Dieu pour que viennent à la table du Seigneur ceux qui sont aimants ou malheureux et qu'ils trouvent un réconfort pour leur besoin de se fondre en Dieu et un soulagement pour leurs peines."

"Mais comment peux-tu nous donner ta Chair à manger ? Pour qui nous as-tu pris ? Pour des fauves sanguinaires ? Pour des sauvages ? Pour des homicides ? Nous avons de la répugnance pour le sang et le crime."

"En vérité, en vérité je vous dis que bien des fois l'homme est plus qu'un fauve et que le péché rend plus que sauvage, que l'orgueil donne une soif homicide, et que ce n'est pas à tous ceux qui sont présents que répugneront le sang et le crime. Et même dans l'avenir l'homme sera tel parce que Satan, la sensualité et l'orgueil, en font une bête féroce. Et c'est pour satisfaire un besoin plus grand que jamais que vous devez et que l'homme devra se guérir lui-même des germes terribles par l'infusion du Saint.

« En vérité, en vérité je vous dis que si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son Sang, vous n'aurez pas en vous la Vie. Celui qui mange dignement ma Chair et qui boit mon Sang a la Vie éternelle et je le ressusciterai au Dernier Jour. Car ma Chair est vraiment une Nourriture et mon Sang un Breuvage. Celui qui mange ma Chair et qui boit mon Sang reste en Moi, et je reste en lui. Comme le Père vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, de même ce lui qui me mange vivra lui aussi par Moi et ira où je l'envoie, et il fera ce que je veux et il vivra avec austérité comme homme, et sera ardent comme un séraphin, et il sera saint, car pour pouvoir se nourrir de ma Chair et de mon Sang, il s'interdira les fautes et il vivra en s'élevant pour finir son ascension aux pieds de l'Éternel."

"Mais celui-là est fou ! Qui peut vivre de cette façon ? Dans notre religion il n'y a que le prêtre qui doive se purifier pour offrir la victime. Ici Lui veut faire de nous autant de victimes de sa folie. Cette doctrine est trop pénible et ce langage est trop difficile ! Qui peut l'écouter et le pratiquer ?" murmurent ceux qui sont présents et plusieurs sont des disciples réputés tels.

Les gens se dispersent en commentant, et très réduits apparaissent les rangs des disciples quand restent seuls dans la synagogue le Maître et les plus fidèles. Je ne les compte pas, mais je dis qu'on arrive à peu près à une centaine. Il doit donc y avoir eu une forte défection même dans les rangs des anciens disciples depuis longtemps au service de Dieu. Parmi ceux qui sont restés, il y a les apôtres, le prêtre Jean et le scribe Jean, Étienne, Hermas, Timon, Hermastée, Agape, Joseph, Salomon, Abel de Bethléem de Galilée, et Abel le lépreux de Corozaïn avec son ami Samuel, Élie (celui qui renonça à ensevelir son père pour suivre Jésus), Philippe d'Arbela, Aser et Ismaël de Nazareth, et en plus d'autres dont je ne connais pas les noms. Tous ceux-ci parlent doucement en commentant la défection des autres et les paroles de Jésus qui reste pensif, les bras croisés, appuyé à un haut pupitre.

"Et vous vous scandalisez de ce que je vous ai dit ? Et si je vous disais que vous verrez un jour le Fils de l'homme monter au Ciel où il était auparavant et s'asseoir à côté du Père ? Et qu'avez-vous compris, absorbé, cru, jusqu'à présent ? Et avec quoi avez-vous écouté et assimilé ? Seulement avec ce qui est humain ? C'est l'esprit qui vivifie et a de la valeur. La chair ne sert à rien. Mes paroles sont esprit et vie, et c'est avec l'esprit qu'il faut les écouter et les comprendre pour en avoir la vie. Mais il y en a beaucoup parmi vous dont l'esprit est mort parce qu'il est sans foi. Beaucoup d'entre vous ne croient pas vraiment, et c'est inutilement qu'ils restent près de Moi. Ils n'en auront pas la Vie, mais la Mort.

Car ils y restent, comme je l'ai déjà dit, ou par curiosité ou par affection humaine, ou pire, pour des fins encore plus indignes. Ils n'ont pas été amenés ici par le Père en récompense de leur bonne volonté, mais par Satan. Personne, en vérité, ne peut venir à Moi, si cela ne lui est pas accordé par le Père. Allez-vous-en aussi, vous qui restez difficilement parce que vous avez honte, humainement, de m'abandonner, mais qui avez honte encore davantage de rester au service de quelqu'un qui vous semble "fou et dur". Allez. Il vaut mieux que vous soyez loin pour nuire."

Et plusieurs autres se retirent des disciples, parmi lesquels le scribe Jean et Marc, le gérasénien possédé, guéri en envoyant les démons dans les porcs. Les disciples bons se consultent et courent après ceux qui ont abandonné, en essayant de les arrêter. Dans la synagogue il y a maintenant Jésus, le chef de la synagogue, et les apôtres...

Jésus se tourne vers eux qui, mortifiés, restent dans un coin, et il dit : "Voulez-vous vous en aller, vous aussi ?" Il le dit sans amertume et sans tristesse. Mais avec beaucoup de sérieux.

Pierre dans un élan douloureux Lui dit : "Seigneur, et où veux-tu qu'on aille ? Vers qui ? Tu es notre vie et notre amour. Toi seul as les paroles de Vie éternelle. Nous savons que tu es le Christ, le Fils de Dieu. Si tu veux, chasse-nous. Mais nous, pour ce qui est de nous, nous ne te quitterons pas, pas même... pas même si tu ne nous aimais plus..." et Pierre pleure sans bruit, avec de grosses larmes... André aussi, Jean, les deux fils d'Alphée, pleurent ouvertement, et les autres pâles ou rouges, par suite de l'émotion, ne pleurent pas, mais souffrent visiblement.

"Pourquoi devrais-je vous chasser ? N'est-ce pas Moi qui vous ai choisis vous douze ?"

Jaïre prudemment, s'est retiré pour laisser Jésus libre de réconforter ou de réprimander ses apôtres. Jésus, qui remarque sa retraite silencieuse, dit, en s'assoyant accablé, comme si la révélation qu'il fait Lui coûtait un effort supérieur à ce qu'il peut faire, épuisé comme il l'est, dégoûté, endolori : "Et pourtant, l'un de vous est un démon."

La parole tombe lente, effrayante, dans la synagogue, où il n'y a que la lumière des nombreuses lampes qui soit joyeuse... et personne n'ose rien dire. Mais ils se regardent l'un l'autre, avec un frisson de peur et en se posant une question angoissée, et par une question encore plus angoissée et intime, chacun s'examine lui-même...

Personne ne bouge pendant un moment. Et Jésus reste seul sur son siège, les mains croisées sur les genoux, la tête baissée. Il la lève enfin et il dit : "Venez. Je ne suis pourtant pas un lépreux ! Ou bien vous me croyez tel ?.."

Alors Jean s'avance rapidement et s'enlace à son cou en disant : "Avec Toi, alors, dans la lèpre, mon seul amour. Avec Toi, dans la condamnation. Avec Toi, dans la mort, si tu crois que cela t'attende..." et Pierre rampe à ses pieds, il les Lui prend et les pose sur ses épaules en sanglotant : "Presse-moi, foule-moi aux pieds ! Mais ne me fais pas penser que tu te méfies de ton Simon."

Les autres voyant que Jésus caresse les deux premiers s'avancent et le baisent sur ses vêtements, sur ses mains, sur ses cheveux... Seul l'Iscariote ose le baiser au visage.

Jésus se lève tout à coup, et semble le repousser brusquement tant son mouvement est imprévu, et il dit : "Allons à la maison. demain soir, à la nuit, nous partirons en barques pour Ippo."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-044.htm
Tome : 5 /44

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Le Pain du Ciel


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 18 Juil - 7:39

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"Le nouveau disciple Nicolaï d’Antioche"

Jésus est tout seul sur la terrasse de la maison de Thomas de Capharnaüm. La ville est de loisir pendant le sabbat, avec une population déjà réduite, car les plus zélés pour les pratiques de la foi sont déjà partis pour Jérusalem et de même aussi ceux qui s'y rendent en famille avec des enfants qui ne peuvent faire de longues marches et obligent les adultes à des haltes et à de courtes étapes. Ainsi manque, dans la journée qui est par elle-même un peu brumeuse, la note d'or de l'enfance charmante.

Jésus est très pensif. Assis sur un banc très bas, dans un coin, près du mur de clôture, tournant le dos à l'escalier, pour ainsi dire caché par ce mur, il a le coude sur le genou et appuie son front sur sa main d'un geste fatigué, comme s'il souffrait. Il est interrompu dans sa méditation par un jeune enfant qui veut le saluer avant de partir pour Jérusalem. "Jésus ! Jésus !" crie-t-il à chaque marche ne voyant pas Jésus car le muret le cache à la vue de ceux qui sont en bas. Et Jésus est tellement concentré qu'il n'entend pas la petite voix légère et le pas d'oiseau... de sorte que, quand le petit arrive sur la terrasse, Lui est encore dans cette position de douleur.

Et l'enfant en reste intimidé. Il s'arrête au bord de la terrasse, met son petit doigt entre ses lèvres et réfléchit... puis il se décide et avance lentement... désormais il est derrière Jésus... il se penche pour voir ce qu'il fait... et il dit : "Non, sois bon ! Ne pleure pas ! Pourquoi ? A cause de ces mufles d'hier ? Mon père disait avec Jaïre qu'ils sont indignes de Toi. Mais Toi, tu ne dois pas pleurer. Moi, je t'aime bien, et aussi ma petite sœur et Jacques et Tobit, et Jeanne et Marie et Michée et tous, tous les enfants de Capharnaüm. Ne pleure plus..." et il se jette à son cou, caressant, et il dit en finissant : "Autrement je pleurerai, moi aussi, et je pleurerai toujours... pendant tout le voyage..."

"Non, David, je ne pleure plus. Tu m'as consolé. Tu es seul ? Quand partez-vous ?"

"Après le crépuscule. En barque jusqu'à Tibériade. Viens avec nous. Mon père t'aime bien, tu sais ?"

"Je le sais, chéri. Mais je dois aller voir d'autres enfants... Je te remercie d'être venu me saluer et je te bénis, petit David. Donne-moi le baiser d'adieu, puis retourne auprès de ta mère. Sait-elle que tu es ici ?..."

"Non. Je me suis échappé parce que je ne t'ai pas vu avec tes disciples et j'ai pensé que tu pleurais."

"Je ne pleure plus, tu vois. Va trouver maman qui peut-être te cherche avec inquiétude. Adieu. Fais attention aux ânes des caravanes. Tu vois ? Il y en a d'arrêtés partout."
"Mais est-ce bien vrai que tu ne pleures plus ?"

"Non. Je n'ai plus de douleur, tu me l'as enlevée. Merci, mon enfant."

Le petit descend quatre à quatre l'escalier et Jésus l'observe. Puis il hoche la tête, revient à sa place, à sa douloureuse méditation.

Il se passe un certain temps. Le soleil, à son couchant, se montre dans des éclaircies.
Un pas plus lourd dans l'escalier. Jésus relève la tête. Il voit Jaïre qui se dirige vers Lui. Il le salue. Jaïre Lui rend respectueuse- ment sa salutation.

"Comment se fait-il que tu sois ici, Jaïre ?"

"Seigneur ! Peut-être j'ai été fautif. Mais Toi qui vois le cœur des hommes, tu verras que dans mon cœur il n'y avait pas de mauvaise intention. Je ne t'ai pas invité à parler à la synagogue, aujourd'hui. Mais j'ai tant souffert pour Toi hier, et je t'ai tant vu souffrir que... je n'ai pas osé. J'ai questionné les tiens. Ils m'ont dit : "Il veut rester seul"... Mais il y a un instant est venu Philippe, père de David, et il m'a dit que son petit t'a vu pleurer. Il a dit que tu l'avais remercié d'être venu vers Toi. Je suis venu, moi aussi.

Maître, ceux qui sont encore à Capharnaüm, vont se réunir à la synagogue, et ma synagogue est la tienne, Seigneur."

"Merci, Jaïre. Aujourd'hui d'autres parleront à la synagogue. Moi, je viendrai comme simple fidèle..."

"Et tu n'y serais pas tenu. Ta synagogue, c'est le monde. Mais, ne vas-tu vraiment pas venir, Maître ?"

"Non, Jaïre. Je reste ici devant le Père qui me comprend et ne trouve pas de faute en Moi." Une larme brille dans l’œil affligé de Jésus.

"Moi aussi, je ne trouve pas de faute en Toi... Adieu, Seigneur."

"Adieu, Jaïre." Et Jésus s'assied de nouveau, toujours méditatif. Légère comme une colombe monte, dans son vêtement blanc, la fille de Jaïre. Elle regarde... Elle appelle doucement : "Mon Sauveur !"

Jésus tourne la tête, la voit, lui sourit et lui dit : "Viens à Moi."

"Oui, mon Seigneur. Mais je voudrais t'amener aux autres. Pourquoi la synagogue devrait-elle être muette, aujourd'hui ?"

"Il y a ton père et tant d'autres pour l'emplir de paroles."

"Mais ce sont des paroles... La tienne, c'est la Parole. Oh ! mon Seigneur ! Par ta parole, tu m'as rendue à maman et à mon père, et j'étais morte. Mais regarde ceux qui vont à la synagogue ! Beaucoup sont plus morts que je ne l'étais alors. Viens leur donner la Vie."

"Ma fille, toi, tu le méritais ; eux... Aucune parole ne peut donner la vie à quelqu'un qui, pour lui, a choisi la mort."

"Oui, mon Seigneur, mais viens tout de même. Il y en a aussi qui vivent toujours plus, en t'entendant... viens. Mets ta main dans la mienne, et allons, Moi, je suis le témoignage de ta puissance, et je suis prête à le donner même devant tes ennemis, même au prix de perdre cette seconde vie qui d'ailleurs n'est plus la mienne. Tu me l'as donnée, bon Maître, par pitié pour une mère et un père. Mais moi..." la jeune fille, une belle jeune fille qui est déjà une petite femme, aux doux yeux qui brillent dans son visage pur et intelligent, s'arrête à cause d'un flot de pleurs qui l'étrangle en coulant de ses longs cils sur ses joues.

"Pourquoi pleures-tu maintenant ?" demande Jésus en lui mettant la main sur les cheveux.

"Parce que... on m'a dit que tu as dit que tu mourras..."

"Tout le monde meurt, jeune fille."

"Mais pas comme tu dis ! Moi... oh ! maintenant je n'aurais pas voulu redevenir vivante pour ne pas voir cela, pour n'être pas là quand... cette horreur sera..."

"Alors tu n'y serais pas non plus pour me donner la consolation que tu me donnes maintenant. Ne sais-tu pas que la parole, même une seule parole, de quelqu'un qui est pur et de quelqu'un qui m'aime m'enlève toute peine ?"

"Si ? Oh ! alors tu ne devrais plus en avoir parce que je t'aime plus que ma mère, que mon père, que ma vie !"

"C'est ainsi."

"Alors, viens. Ne reste pas seul. Parle pour moi, pour Jaïre, pour maman, pour le, petit David, pour ceux qui t'aiment, en somme. Nous sommes nombreux et nous serons davantage encore. Mais ne reste pas seul. Il vient de la mélancolie" et, instinctivement maternelle comme toute femme honnête, elle termine en disant : "Avec moi, près de Toi, personne ne te fera du mal. Et moi, du reste, je te défendrai."

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. La Main dans la main, ils traversent les rues et entrent à la synagogue par une porte latérale.

Jaïre, qui est en train de lire à haute voix un rouleau, arrête la lecture et dit, en s'inclinant profondément : "Maître, je t'en prie, parle pour ceux qui ont le cœur droit. Prépare-nous à la Pâque par ta sainte parole."

"Tu étais en train de lire les Rois, n'est-ce pas ?"

"Oui, Maître. J'essayais de faire comprendre que celui qui se sépare du Dieu vrai, tombe dans l'idolâtrie des veaux d'or."

"Tu as bien parlé. Personne n'a rien à dire ?"

Il s'élève un bruit dans la foule. Les uns veulent que Jésus parle, d'autres crient : "Nous sommes pressés. Que l'on dise les prières et qu'on termine la réunion. Nous allons à Jérusalem, d'ailleurs, et là nous entendrons les rabbis" et ceux qui crient ainsi ce sont les nombreux déserteurs d'hier, que le sabbat a retenus à Capharnaüm.

Jésus les regarde avec une extrême tristesse et dit : "Vous êtes pressés, c'est vrai. Dieu aussi a hâte de vous juger. Allez, donc." Puis, se tournant vers ceux qui les réprimandent, il dit : "Ne leur faites pas de reproches. Chaque plante donne son fruit."
"Seigneur, répète le geste de Néhémie ! ]Parle contre eux, toi, Prêtre Suprême !" crie indigné Jaïre, et lui font chorus les apôtres, les disciples et les gens de Capharnaüm.

Jésus met ses bras en croix, et très pâle, l'air torturé et pourtant très doux, il crie : "Souviens-toi de Moi, ô mon Dieu ! Et favorablement ! Et souviens-toi aussi d'eux, favorablement ! Moi, je leur pardonne !"

La synagogue se vide, et il ne reste que ceux qui sont fidèles à Jésus... Il y a un étranger dans un coin. Un homme robuste que personne ne regarde et auquel personne ne parle. Du reste, lui aussi ne parle avec personne. Il ne fait que regarder fixement Jésus si bien que le Maître tourne ses yeux dans cette direction, le voit et demande à Jaïre qui cela peut être.

"Je ne sais pas. Quelqu'un de passage, certainement."

Jésus l'interpelle : "Qui es-tu ?"

"Nicolaï, prosélyte d'Antioche, qui se rend à Jérusalem pour la Pâque."

"Qui cherches-tu ?"

"Toi, Seigneur Jésus de Nazareth. Je désire te parler."

"Viens." Et le prenant près de Lui, il sort dans le jardin derrière la synagogue pour l'entendre.

"J'ai parlé à Antioche avec un de tes disciples nommé Félix. J'ai ardemment désiré de te connaître. Il m'a dit que tu séjournais à Capharnaüm et que tu as ta Mère à Nazareth. Et aussi que tu vas au Gethsémani ou à Béthanie. L'Éternel a fait que je te rencontre au premier endroit. Moi, j'y étais hier... et j'étais tout près ce matin, alors que tu pleurais en priant près de la fontaine... Je t'aime, Seigneur, parce que tu es saint et doux. Je crois en Toi. Tes actions, tes paroles, m'avaient déjà fait tien. Mais ta miséricorde de tout à l'heure, pour les coupables, m'a décidé. Seigneur, accueille-moi à la place de ceux qui t'abandonnent ! Je viens à Toi avec tout ce que j'ai : la vie et les biens, tout." Il s'est agenouillé en disant les dernières paroles.

Jésus le regarde fixement... puis il lui dit : "Viens. A partir d'aujourd'hui, tu appartiendras au Maître. Allons auprès de tes compagnons."

Ils rentrent à la synagogue où les apôtres et les disciples sont en grande conversation avec Jaïre.

"Voici un nouveau disciple. Le Père me console. Aimez-le comme un frère. Allons avec lui partager le pain et le sel. Puis, dans la nuit, vous partirez avec lui pour Jérusalem et nous, nous irons en barque à Ippo... Et n'indiquez mon chemin à personne pour qu'on ne me retienne pas."

Mais cependant le sabbat est terminé, et ceux qui veulent fuir Jésus sont en foule sur la plage pour négocier le passage pour Tibériade. Et ils se disputent avec Zébédée qui ne veut pas leur céder sa barque, déjà prête à côté de celle de Pierre, pour le départ nocturne de Jésus avec les douze.

"Je vais l'aider !" dit Pierre qui est en colère.

Jésus, pour éviter des heurts trop violents, le retient en disant : "Allons-y tous, pas toi seul."

Et ils vont... Et ils goûtent l'amertume de voir que ceux qui fuient s'en vont sans un salut, coupant net toute discussion pour s'éloigner de Jésus... et ils entendent quelques épithètes méprisantes et des conseils amers aux disciples fidèles...

Jésus se détourne pour revenir à la maison après le départ de la foule hostile, et il dit au nouveau disciple : "Tu les entends ? Voilà ce qui t'attend en venant à Moi."

"Je le sais. C'est pour cela que je reste. Je t'avais vu, un jour de gloire, au milieu de la foule qui t'acclamait en te saluant "roi".] J'ai haussé les épaules en disant : "Un autre pauvre illusionné ! Une autre infortune pour Israël !" et je ne t'ai pas suivi parce que tu me semblais un roi, et je ne pensais même plus à Toi. Maintenant je te suis parce que, dans tes paroles et dans ta bonté, je vois le Messie Promis."

"En vérité tu es plus juste que beaucoup d'autres. Cependant, encore une fois, je le dis : Que celui qui espère en Moi un roi de la terre, qu'il se retire. Que celui qui sent qu'il aura honte en face du monde accusateur, qu'il se retire. Que celui qui se scandalisera de me voir traité de malfaiteur, qu'il se retire. Je vous le dis alors que vous pouvez encore le faire sans être compromis aux yeux du monde. Imitez ceux qui fuient sur ces barques, si vous ne vous sentez pas le courage de partager mon sort dans l'opprobre, pour pouvoir le partager ensuite dans la gloire. Parce que cela va arriver : le Fils de l'homme va être accusé et puis remis aux hommes qui le tueront comme un malfaiteur et ils croiront l'avoir vaincu. Mais c'est inutilement qu'ils auront commis leur crime car Moi, je ressusciterai après trois jours et je triompherai. Bienheureux ceux qui sauront être avec Moi, jusqu'à la fin !"

Ils sont arrivés à la maison et Jésus confie aux disciples le nouveau venu. Il monte seul où il était d'abord. Il va même dans la pièce du haut et s'y assied, pour réfléchir.

Peu après, l'Iscariote monte avec Pierre. "Maître, Judas m'a fait réfléchir à des choses qui sont justes."

"Dis-les."

"Tu prends ce Nicolaï, un prosélyte, duquel nous ignorons le passé. Nous avons eu et nous avons déjà tant d'ennuis. Et mainte- nant ? Que savons-nous de lui ? Pouvons-nous nous y fier ? Judas dit, à juste raison, que ce pourrait être un espion envoyé par des ennemis."

"Mais oui ! Un traître ! Pourquoi n'a-t-il pas voulu dire d'où il vient et qui l'envoie ? Je l'ai interrogé, mais il dit seulement : "Je suis Nicolaï d'Antioche, prosélyte". Moi, j'ai de forts soupçons."

"Je te rappelle que lui vient parce qu'il me voit trahi."

"C'est peut-être un mensonge ! Ce peut-être une trahison !"

"Celui qui partout voit le mensonge ou voit la trahison est une âme qui est capable de ces choses, parce qu'il juge sur son propre modèle" dit Jésus avec sérieux.

"Seigneur, tu m'offenses !" crie Judas indigné.


"Quitte-moi donc et va avec ceux qui m'abandonnent." Judas sort en claquant la porte brutalement.

"Cependant, Seigneur, Judas n'a pas tous les torts... Et puis je ne voudrais pas que... cet homme parle de Jean. Ce ne peut être que l'homme d'Endor ce Félix qui te l'a envoyé..."

"Certainement, mais Jean est prudent et il a repris son ancien nom. Sois tranquille, Simon. Un homme, qui devient disciple parce qu'il sait que ma cause humaine est déjà perdue, ne peut être qu'un esprit droit. Il est bien différent de celui qui vient de sortir et qui est venu à Moi parce qu'il espérait être le premier ministre d'un roi puissant... et qui ne se persuade pas que je suis Roi seulement pour l'esprit..."

"As-tu des soupçons sur lui, Seigneur ?"

"Sur personne. Mais en vérité je te dis que là où arrivera Nicolaï, disciple et prosélyte, Judas de Simon, apôtre israélite et juif, n'arrivera pas."

"Seigneur, je voudrais interroger Nicolaï sur... Jean."

"Ne le fais pas. Jean ne l'a chargé de rien parce qu'il est prudent. Ne sois pas toi l'imprudent."

"Non, Seigneur. Je te le demandais seulement..."

"Descendons pour hâter le repas. Quand il fera bien nuit, nous partirons... Simon... m'aimes-tu ?"

"Oh ! mon Maître ! Mais que dis-tu ?"

"Simon, mon cœur est plus sombre que le lac dans une nuit de tempête, et il est aussi agité que lui..."

"Oh ! mon Maître !... Que dois-je te dire, si je suis encore plus... sombre et agité que Toi ? Je te dirai : "Voici ton Simon, et si mon cœur peut te réconforter, prends-le". Je n'ai que lui, mais il est sincère."

Jésus met un moment sa tête sur la poitrine large et robuste, et puis il se lève et descend avec Pierre.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-045.htm
Tome : 5/45

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« Jésus accueille Nicolas d'Antioche, l'un des futurs diacres. »


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Dim 19 Juil - 8:03

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

" Jésus vers Gadara"

Vision du lundi 10 décembre 1945.

Jésus est déjà dans la région de l'autre rive du Jourdain. Et, d'après ce que je comprends, cette ville que l'on voit en haut d'une colline c'est Gadara. Et c'est aussi la première ville qu'ils touchent après leur débarquement sur la rive sud-orientale du lac de Galilée, parce que c'est là qu'ils ont débarqué évitant de descendre à Ippo où ils avaient été précédés par les barques qui transportaient des personnes hostiles à Jésus. Je pense qu'ils ont donc débarqué juste en face de Tarichée, là où le Jourdain sort du lac.

« Tu connais le chemin le plus court pour aller à Gadara, n'est-ce pas ? Tu t'en souviens ? » demande Jésus.

« Et comment ! Quand nous serons aux sources chaudes au-dessus de Yarmoc[1], nous n'aurons qu'à suivre la route » répond Pierre.

« Et les sources[2], où les trouves-tu ? » demande Thomas.

« Oh ! il suffit d'avoir du nez pour les trouver. On les sent un mille avant d'y être ! » dit Pierre, en fronçant le nez de dégoût.

« Je ne savais pas que tu avais des douleurs... » observe Judas Iscariote.

« Des douleurs, moi ? Et quand donc ? »

« Hé ! si tu connais si bien les sources chaudes au-dessus de Yarmoc, tu as dû y aller. »

« Je n’ai jamais eu besoin de sources, moi, pour me bien porter ! Les poisons des os sont sortis de moi avec les sueurs de mon honnête travail... et, du reste, ayant connu le travail plutôt que le plaisir, des poisons il en est entré très peu en moi... »

« La remarque est pour moi, n'est-ce pas ? Bien sûr ! Je suis coupable de tout !... » dit Judas fâché.

« Mais qui t'a mordu ? Tu questionnes, moi je te réponds comme j'aurais répondu au Maître ou à un compagnon. Et je crois que personne d'entre eux, pas même Mathieu qui... a été un jouisseur, ne se serait formalisé. »

« Eh bien, moi je me formalise ! »

« Je ne te savais pas aussi susceptible. Mais je te prie de m'excuser de l'insinuation que tu supposes. Pour l'amour du Maître, tu sais ? Du Maître qui est déjà si affligé par des étrangers et qui n'a pas besoin de l'être par nous autres. Regarde-le, au lieu de courir après tes impressions, et tu verras qu'il a besoin de paix et d'amour. »

Jésus ne parle pas. Il se contente de regarder Pierre et il lui sourit avec reconnaissance. Judas ne répond pas à l'occasion de la juste observation de Pierre. Il est renfermé et fâché. Il veut se montrer poli, mais le dépit, la mauvaise humeur, la désillusion qu'il a dans le cœur transpirent de son regard, de sa voix, de son visage, et jusque de sa démarche pleine de volonté de puissance. Il fait claquer ses semelles, les frappe avec colère contre le sol, comme pour donner libre cours à tout ce qui bout en son intérieur.

Mais il s'efforce de paraître calme et de se montrer poli. Il n'y réussit pas, mais il essaye... Il demande à Pierre : « Et alors, comment connais-tu cet endroit ? Peut-être tu y as été pour ta femme ? »

« Non, j'y suis passé quand, au mois d'Etamin, nous sommes venus en Auranitide avec le Maître. J'ai accompagné la Mère et les femmes disciples jusqu'aux terres de Chouza. Et ainsi, en venant de Bozra, je suis passé par ici » répond Pierre sincèrement et prudemment.

« Tu étais seul ? » demande ironiquement Judas.

« Pourquoi ? Crois-tu que moi, je n'en vaille pas plusieurs, quand il s'agit d'être à la hauteur et de faire un travail de confiance, et en plus de le faire par amour ? »

« Oh ! quel orgueil ! J'aurais voulu te voir ! »

« Tu aurais vu un homme sérieux qui accompagnait des femmes saintes. »

« Mais est-ce que tu étais vraiment seul ? » demande Judas qui se livre à une véritable enquête.

« J'étais avec les frères du Seigneur. »

« Ah ! voilà ! Les aveux commencent ! »

« Et tu commences à me porter sur les nerfs ! Peut-on savoir ce que tu as ? »

« C'est vrai. C'est honteux » dit le Thaddée.

« Et il est temps d'en finir » renchérit Jacques de Zébédée.

« Il ne t'est pas permis de te moquer de Simon» dit Barthélemy sur un ton de reproche.

« Et tu devrais te souvenir qu'il est notre Chef à tous » dit pour finir le Zélote.

Jésus ne parle pas.

« Oh ! moi, je ne me moque de personne, je n'ai rien. Mais cela m'amuse de le taquiner un peu... »

« Ce n'est pas vrai ! Tu mens ! Tu poses des questions astucieuses parce que tu veux arriver à établir quelque chose. Celui qui est sournois croit tout le monde comme lui. Ici, il n'y a pas de secrets. Nous y étions tous, nous avons tous fait la même chose : ce qu'avait ordonné le Maître. Et il n'y a rien d'autre. Comprends-tu ? » dit Jude vraiment fâché.

« Silence. Vous êtes comme des femmes qui se querellent. Vous avez tous tort et j'ai honte de vous » dit sévèrement Jésus.

Il se fait un silence profond pendant qu'ils vont vers la ville sur la colline. Thomas rompt le silence en disant : « Quelle puanteur ! »

« Ce sont les sources. Ceci c'est le Yarmoc et ces constructions ce sont les Thermes des romains. Plus loin, il y a une belle route toute pavée qui va à Gadara. Les romains veulent voyager dans de bonnes conditions. Gadara est une belle ville ! » dit Pierre.

« Elle sera encore plus belle parce qu'ici nous ne trouverons pas certains... êtres, du moins, en grand nombre » bougonne Mathieu entre ses dents.

Ils passent le pont sur le fleuve en respirant les odeurs désagréables des eaux sulfureuses. Ils rasent les Thermes en passant entre les véhicules romains et prennent une belle route qui a des pavés très larges et qui conduit à la ville en haut de la colline, superbe dans son enceinte.

Jean s'approche du Maître : « Est-ce vrai qu'à l'emplacement de ces eaux on a précipité autrefois un condamné dans les entrailles du sol ? Ma mère nous le disait, quand nous étions petits, pour nous faire comprendre que l'on ne doit pas pécher, sinon l'enfer s'ouvre sous les pieds de celui qui est maudit de Dieu, et l'engloutit. Et ensuite, pour le rappeler et comme avertissement, il reste des fissures par lesquelles sortent ces odeurs, cette chaleur et ces eaux infernales. J'aurais peur de m'y baigner... »

« Peur de quoi, mon enfant ? Tu n'en serais pas corrompu. Il est plus facile d'être corrompu par les hommes qui ont en eux l'enfer d'où émanent puanteurs et poisons. Mais ne se corrompent que ceux qui ont tendance à l'être d'eux-mêmes. »

« Pourrais-je en être corrompu, moi ? »

« Non. Même si tu étais dans une troupe de démons, non. »

« Pourquoi ? Qu'a-t-il de différent des autres, lui ? » demande tout de suite Judas de Kériot.

« Il a qu'il est pur à tous points de vue, et que par conséquent il voit Dieu » répond Jésus. Et Judas rit malignement.

Jean revient à sa question : « Alors ce ne sont pas des bouches de l'enfer ces sources ? »

« Non. Au contraire, ce sont de bonnes choses mises là par le Créateur pour ses enfants. L'enfer n'est pas renfermé dans la terre. Il est sur la terre, Jean. Dans le cœur des hommes. Et il se complète ailleurs. »

« Mais l'Enfer existe-t-il réellement ? » demande l'Iscariote.

« Mais que dis-tu ? » demandent ses compagnons scandalisés.

« Je dis : existe-t-il vraiment ? Moi, je n'y crois pas, et je ne suis pas le seul[4]. »

« Païen ! » crient-ils avec horreur.

« Non. Israélite. Nous sommes nombreux en Israël à ne pas croire à cette blague. »

« Mais alors comment fais-tu pour croire au Paradis ? »

« Et à la justice de Dieu ? »

« Où mets-tu les pécheurs ? »

« Comment expliques-tu Satan ? » crient-ils nombreux.

« Je dis ce que je pense. On m'a reproché; tout à l'heure, d'être un menteur. Je vous montre que je suis sincère, même si vous en êtes scandalisés et si cela me rend odieux à vos yeux. Du reste je ne suis pas le seul en Israël, depuis qu’Israël a fait des progrès dans le domaine de la science par ses relations avec les hellénistes et les romains, qui sont de cet avis. Et le Maître, le seul dont je respecte le jugement, ne peut le reprocher ni à moi ni à Israël, Lui qui protège les grecs et les romains et en est ouvertement l'ami... Moi, je pars de ce concept philosophique : si tout est contrôlé par Dieu, tout ce qui est fait par nous est le fait de sa volonté, et par conséquent Il doit nous récompenser tous de la même façon puisque nous ne sommes que des automates mus par Lui. Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : "La Volonté du Très-Haut. La Volonté du Père". Voilà l'unique Volonté. Et elle est tellement infinie qu'elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures. Par conséquent aussi bien le Bien que le Mal, qu'il semble que nous faisons, c'est Dieu qui le fait, car c'est Lui qui l'impose. Par conséquent, Il ne nous punira pas du mal et ainsi Il exercera sa justice parce que nos fautes ne sont pas volontaires mais imposées par Celui qui veut que nous les fassions Pour qu'il y ait le Bien et le Mal sur la terre. Celui qui est méchant sert pour l'expiation de ceux qui le sont moins. Et il souffre par lui-même de ne pouvoir être considéré comme bon et c'est ainsi qu'il expie sa part de faute. Jésus l'a dit. L'enfer est sur la terre et dans le cœur des hommes. Satan, moi je ne le sens pas. Il n'existe pas. J'y croyais autrefois, mais depuis quelque temps, je suis sûr que tout cela c'est de la blague. Quand on en est persuadé, on arrive à la paix. »

Judas débite ces... théories avec un tel aplomb qu'il en coupe le souffle aux autres... Jésus se tait, et Judas le taquine : « N'ai-je pas raison, Maître ? »

« Non. » Et son "non" est tellement sec qu'il semble une explosion.

« Et pourtant moi... Satan, je ne le sens pas et je n'admets pas le libre arbitre, le Mal. Et tous les sadducéens sont avec moi, et avec moi il y en a beaucoup d'autres, d'Israël ou non. Non. Satan n'existe pas. »

Jésus le regarde, d'un regard qui est si complexe que l'on ne peut l'analyser. C'est le regard d'un Juge, d'un Médecin, de quelqu'un qui souffre, qui est stupéfait... c'est tout à la fois...

Judas, désormais lancé, dit pour terminer : « C'est sans doute que je suis meilleur que les autres, plus parfait, que j'ai surmonté la terreur des hommes pour Satan. »

Et Jésus se tait. Et lui l'excite : « Mais parle ! Pourquoi n'en ai-je pas la terreur ? »

Jésus se tait.

« Tu ne réponds pas, Maître ? Pourquoi ? As-tu peur ? »

« Non. Je suis la Charité. Et la Charité retient son jugement jusqu'à ce qu'elle soit obligée de le donner... Laisse-moi, et retire-toi » dit-il enfin parce que Judas essaye de l'embrasser, et il termine en un souffle, serré de force dans les bras du blasphémateur: « Tu m'inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il n'est qu'un avec toi. Va-t-en démon ! »

Judas, effronté, le baise et rit, comme si le Maître lui avait dit en secret quelque louange. Il revient vers les autres qui se sont arrêtés abasourdis, et il leur dit : « Vous voyez ? J'ai su ouvrir le cœur du Maître et je le rends heureux parce que je Lui montre ma confiance et j'en reçois une instruction. Vous, au contraire !... Vous n'osez jamais parler. C'est que vous êtes des orgueilleux. Oh ! moi, j'apprendrai de Lui plus que tous. Et je pourrai parler... »

Ils sont arrivés aux portes de la ville. Ils y entrent tous ensemble car Jésus les a attendus. Mais alors qu'ils franchissent l'entrée, Jésus commande : « Que mes frères et Simon aillent en avant rassembler les gens. »

« Pourquoi pas moi, Maître ? Tu ne me donnes plus de missions ? Elles ne sont plus nécessaires maintenant ? Tu m'en as donné deux de suite et qui ont duré des mois... »

« Et tu t'en es plaint disant que je voulais t'éloigner. Maintenant tu te plains parce que je te garde auprès de Moi ? »

Judas ne sait que répondre et il se tait. Il va en avant avec Thomas, le Zélote, Jacques de Zébédée et André. Jésus s'arrête pour laisser passer Philippe, Barthélemy, Mathieu et Jean, comme s'il voulait rester seul. Ils le laissent faire.

Mais le cœur affectueux de Jean, dont les yeux plusieurs fois ont eu des larmes qui y ont brillé pendant les discussions et les blasphèmes de Judas, peu après le fait se retourner à temps pour voir que Jésus, ne se sachant pas observé dans la ruelle solitaire et assombrie par les archivoltes successifs qui la cachent, se porte les mains au front en un geste de douleur, se courbant comme quelqu'un qui souffre beaucoup. Le blond Jean quitte ses compagnons et il revient vers son Maître : « Qu'as-tu, mon Seigneur ? Tu souffres encore tant, comme quand nous t'avons retrouvé à Aczib ? Oh ! mon Seigneur ! »

« Ce n'est rien, Jean, rien ! Aide-moi par ton amour, et tais-toi avec les autres, et prie pour Judas. »

« Oui, Maître. Il est très malheureux, n'est-ce pas ? Il est dans les ténèbres, et il ne sait pas qu'il s'y trouve. Il croit avoir trouvé la paix... Est-ce la paix que la sienne ? »

« Il est très malheureux » dit jésus accablé.

« Ne sois pas ainsi accablé, Maître. Pense au grand nombre de pécheurs, endurcis dans le péché, qui sont redevenus bons. Ainsi fera Judas. Oh ! Tu le sauveras certainement ! Cette nuit je la passerai en prière pour lui. Je dirai au Père de faire de moi quelqu'un qui sait seulement aimer, je ne veux plus que cela. Je songeais à donner ma vie pour Toi, ou à faire briller ta puissance à travers mes œuvres. Maintenant plus rien de cela. Je renonce à tout, je choisis la vie la plus humble et la plus commune et je demande au Père de donner tout ce que j'ai à Judas... pour le satisfaire... et pour qu'ainsi il se tourne vers la sainteté... Seigneur... je devrais te dire des choses... Je crois savoir pourquoi Judas est ainsi. »

« Viens cette nuit. Nous prierons ensemble et nous parlerons. »

« Et le Père m'écoutera ? Il acceptera mon sacrifice ? »

« Le Père te bénira. Mais tu en souffriras... »

« Oh ! non ! Il suffit que je te voie content... et que Judas... et que Judas... »

« Oui, Jean. Ils nous appellent. Courons. »

La ruelle fait place à une belle route. La route devient une artère ornée de portiques et de fontaines et elle est ornée de places plus belles l'une que l'autre. Elle croise une artère pareille et il y a sûrement au fond un amphithéâtre. Et des gens atteints de diverses infirmités sont déjà rassemblés dans un coin des portiques en attendant le Sauveur.

Pierre vient à la rencontre de Jésus : « Ils ont conservé la foi en ce que nous avons dit de Toi, au mois d'Etamin. Ils sont venus tout de suite. »

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-046.htm
TOME : 5/46

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Gadara


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

Ste Thérèse de l' Enfant Jésus et de la Sainte Face
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 20 Juil - 7:49

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

La nuit à Gadara et le départ.
la question divorce


Les magnifiques étoiles d'une sereine nuit de mars resplendissent dans le ciel d'Orient, si visibles et si vives que le firmament semble s'être abaissé comme un baldaquin sur la terrasse de la maison qui a accueilli Jésus. C'est une maison très haute et située à un des endroits les plus élevés de la ville de sorte qu'un horizon infini s'ouvre devant et autour dans toutes les directions. Et si la terre disparaît. dans l'obscurité de la nuit que n'égaie pas encore la lune qui décroît, le ciel resplendit de mille et mille lumières. C'est vraiment la revanche du firmament qui présente victorieusement ses parterres d'astres, ses prairies de la Voie Lactée, ses planètes gigantesques, ses bosquets de constellations en face des éphémères végétations de la terre qui, même séculaires, ne sont toujours qu'une heure par rapport à ce que sont les étoiles depuis le moment où le Créateur a fait le firmament. Et quand on se perd en regardant là-haut, en promenant les regards à travers les routes splendides où les plantes sont les étoiles, il semble que l'on entend les voix, les chants de ces forêts de splendeurs, de cet orgue énorme de la plus sublime des cathédrales, où il me plaît d'imaginer que les soufflets et les registres sont les vents des courses des astres et que les voix sont les étoiles lancées sur leurs trajectoires. Cette impression s'impose d'autant plus à moi que le silence nocturne de Gadara endormie est absolu. Pas une fontaine qui chante, pas un chant d'oiseau. Le monde est endormi et aussi les créatures. Les hommes dorment, moins innocents que les autres créatures, leur sommeil plus ou moins tranquille dans leurs maisons enténébrées.

Mais de la porte qui donne sur la terrasse inférieure - car il y a une terrasse plus élevée au-dessus de la pièce plus haute -débouche une ombre grande, à peine visible dans la nuit mais où se devine la blancheur du visage et des mains qui ressort sur le vêtement sombre. Elle est suivie d'une autre plus petite. Ils marchent sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller ceux qui peut-être dorment dans la pièce inférieure, et sur la pointe des pieds ils montent l'escalier extérieur qui va à la plus haute terrasse.

Puis ils se prennent par la main et ils vont ainsi s'asseoir sur un banc qui longe le parapet très haut entourant la terrasse. À cause du banc très bas et du parapet très haut, tout disparaît à leurs yeux. Même s'il y avait le plus beau clair de lune, descendue pour éclairer le monde, pour eux ce serait comme rien. La ville est cachée toute entière par le parapet, et avec elle les ombres les plus sombres, dans l'obscurité de la nuit, des montagnes voisines. Seul le ciel se découvre à eux avec les constellations du printemps et les magnifiques étoiles d'Orion, de Rigel et de Bételgeuse, d'Aldébaran, de Persée, et d'Andromède et de Cassiopée, et les Pléiades unies comme des sœurs, et Vénus couleur de saphir et éclatante comme le diamant, et le pâle rubis de Mars et le topaze de Jupiter, sont les rois du peuple astral et palpitent, palpitent comme pour saluer le Seigneur, multipliant leurs palpitations de lumière en l'honneur de la Lumière du monde.

Jésus lève la tête pour les regarder en l'appuyant contre le haut muret et Jean l'imite en perdant ses regards là-haut où l'on peut ignorer le monde... Puis Jésus dit : "Et maintenant que nous nous sommes purifiés au spectacle des étoiles, prions." Il se lève et Jean l'imite. Une prière prolongée, silencieuse, pressante, toute âme, les bras en croix, le visage levé, tourné vers l'orient où s'annonce une première lueur lunaire. Et ensuite le "Pater" qu'ils disent ensemble, lentement, non pas une fois mais trois, et avec toujours plus d'insistance dans leur demande, que leur voix manifeste clairement. Une supplication qui sépare l'âme de la chair, si ardente qu'elle les laisse sur les chemins de l'Infini.

Puis c'est le silence. Ils s'assoient où ils étaient avant, alors que la lune éclaire toujours plus la terre endormie.

Jésus passe un bras autour des épaules de Jean et il l'attire à Lui en disant : "Dis-moi donc les choses que tu sens devoir me dire. Quelles sont les choses que mon Jean a vues avec l'aide de la Lumière spirituelle dans l'âme ténébreuse du compagnon ?"

"Maître... je me suis repenti de t'avoir dit cela. Je ferais deux péchés..."

"Pourquoi ?"

"Parce que je te ferai souffrir en te révélant ce que tu ne sais pas, et... parce que... Maître, c'est un péché de dire le mal que nous voyons dans un autre ? Oui, n'est-ce pas ? Et alors comment pourrais-je dire cela, en blessant la charité !..." Jean est angoissé.

Jésus éclaire son âme : "Écoute, Jean. Qu'est-ce qui compte le plus pour toi, le Maître ou le condisciple ?"

"Le Maître, Seigneur. C'est Toi qui comptes le plus."

"Et que suis-je pour toi ?"

"Le Commencement et la Fin. Tu es Tout."

"Crois-tu que Moi, puisque je suis Tout, je sais aussi tout ce qui existe ?"

"Oui, Seigneur. Et à cause de cela, je suis très embarrassé. Car je pense que tu sais et que tu souffres. Et parce que je me souviens que tu m'as dit un jour que parfois tu es l'Homme, seulement l'Homme, et que par conséquent le Père te fait connaître ce que c'est que d'être homme, un homme qui doit se conduire selon la raison. Et je pense aussi que Dieu, par pitié pour Toi, pourrait te cacher ces laides réalités..."

"Tiens-toi à cette pensée, Jean, et parle. Avec confiance. Confier à Celui qui pour toi est "Tout", ce que tu sais, ce n'est pas un péché. Car le "Tout" ne se scandalise pas, ne médit pas et ne manquera pas de charité, pas même en pensée, à l'égard du malheureux. Ce serait un péché si tu disais ce que tu sais à quelqu'un qui ne peut être tout amour, à tes compagnons par exemple, qui seraient médisants et même attaqueraient le coupable sans miséricorde, nuisant ainsi à lui et à eux-mêmes. En effet, il faut avoir de la miséricorde, une miséricorde toujours d'autant plus grande que l'on se trouve devant une pauvre âme qui souffre de tous les maux. Un médecin, un infirmier compatissant, ou bien une mère, s'il s'agit d'un simple malaise s'impressionnent peu et ne se préoccupent pas de la guérison. Mais si l'enfant ou l'homme est très malade, en danger de mort, déjà gangrené et paralysé, comme ils luttent, en surmontant les répugnances et les fatigues, pour le guérir ! N'est-ce pas ainsi ?"

"C'est ainsi, Maître" dit Jean qui a pris sa pose habituelle, le bras enlacé au cou de son Maître et la tête appuyée sur son épaule.

"Eh bien, ce n'est pas tout le monde qui sait être miséricordieux pour les âmes malades. On doit donc être prudent pour révéler leurs maux, pour que le monde ne les fuie pas et ne leur nuise pas par son mépris. Un malade qui se voit méprisé s'assombrit et devient plus malade. Mais, au contraire, si on le soigne avec bonne humeur il peut guérir, car la bonne humeur confiante de celui qui l'assiste le pénètre et aide l'efficacité du remède. Mais tu sais que je suis la Miséricorde et que je ne mortifierai pas Judas. Parle donc sans scrupules. Tu n'es pas un espion. Tu es un fils qui confie à son père, avec une affectueuse anxiété, le mal découvert dans son frère pour que le père le soigne. Allons …"

Jean pousse un profond soupir, puis il baisse encore plus la tête en la laissant glisser sur la poitrine de Jésus, et il dit : "Comme il est pénible de parler de corruption !... Seigneur... Judas est impur... et il cherche à m'amener à l'impureté. Que lui me méprise, cela ne m'importe pas. Mais je suis affligé qu'il vienne vers Toi, souillé par ses amours. Depuis son retour, il m'a tenté plusieurs fois. Quand le hasard nous laisse seuls - et il essaie de toutes manières que cela arrive - il ne fait que parler de femmes... et j'en éprouve le dégoût que j'aurais si on m'immergeait dans une pourriture qu'on essaierait de m'introduire dans la bouche..."

"Mais en es-tu troublé au plus profond de toi-même ?"

"Troublé, comment ? Mon âme frémit. Ma raison crie contre ces tentations... Moi, je ne veux pas être corrompu..."

"Mais ta chair, qu'éprouve-t-elle ?"

"Elle frissonne d'horreur."

"Cela seulement ?"

"Oui, Maître. Et alors je pleure car il me semble que Judas ne pourrait faire une plus grande offense à quelqu'un qui s'est consacré à Dieu. Dis-moi : cela portera-t-il atteinte à mon offrande ?"

"Non, pas plus qu'une poignée de boue jetée sur une plaque de diamant. Elle ne raie pas la plaque, elle ne la pénètre pas. Il suffit d'une coupe d'eau pure que l'on jette sur elle pour la rendre nette. Et elle est plus belle qu'auparavant."

"Purifie-moi, alors."

"Ta charité te purifie et aussi ton ange. Rien ne reste sur toi. Tu es un autel purifié sur lequel Dieu descend. Et qu'est-ce que Judas fait d'autre ?"

"Seigneur, lui... Oh ! Seigneur !" La tête de Jean glisse encore plus bas.

"Quoi ?"

"Lui… Ce n'est pas vrai que c'est son argent qu'il te donne pour les pauvres. C'est de l'argent des pauvres qu'il dérobe pour lui, pour qu'on le loue d'une générosité qui n'est pas vraie. Tu l'as rendu furieux parce qu'au retour du Thabor tu lui as enlevé tout l'argent. Et il m'a dit : "Il y a des espions parmi nous". Je lui ai dit : "Pour espionner quoi ? Tu voles, peut-être ?" "Non" m'a-t-il répondu, "mais pourtant je suis prévoyant et j'ai deux bourses. Quelqu'un l'a dit au Maître et Lui m'a imposé de tout donner, il me l'a imposé si fortement que j'ai été pour ainsi dire obligé de le faire". Mais ce n'est pas vrai, Seigneur, qu'il fait cela par prévoyance. Il le fait pour avoir de l'argent. Je pourrais l'affirmer avec la quasi-certitude de dire la vérité."

"Quasi-certitude ! Ce doute, oui, cela est une légère faute. Tu ne peux l'accuser d'être un voleur, si tu n'en es pas absolument certain. Les actions des hommes ont parfois une apparence fâcheuse, tout en étant bonnes."

"C'est vrai, Maître. Je ne l'accuserai plus, pas même en pensée. Mais pourtant qu'il ait deux bourses et que celle qu'il dit lui appartenir et qu'il te donne est encore la tienne et qu'il le fait pour être loué, c'est vrai. Et moi je ne ferais pas cela. Je sens qu'il n'est pas bien de le faire."

"Tu as raison. Que dois-tu dire encore ?"

Jean lève un visage épouvanté, il est sur le point de parler mais puis se tait et il glisse à genoux en cachant son visage dans le vêtement de Jésus qui met une main sur ses cheveux.

"Allons, donc ! Tu pourrais avoir mal vu. Je t'aiderai à bien voir. Tu dois aussi me dire ce que tu penses des causes probables du péché de Judas."

"Seigneur, Judas se sent privé de la force qu'il voudrait pour faire des miracles... Tu le sais qu'il a toujours ambitionné... Tu te souviens d'Endor ? Et au contraire... c'est lui qui en fait le moins. Depuis qu'il est revenu, il ne réussit plus à rien. ..et la nuit même il s'en lamente en songe comme si c'était un cauchemar et... Maître, mon Maître !"

"Allons, parle. Va jusqu'au bout."

"Et il lance des imprécations... et il fait de la magie. Cela n'est ni mensonge ni doute. Moi je l'ai vu. Il m'a choisi comme compagnon parce que je dors profondément, ou plutôt parce que je dormais profondément. Maintenant, je l'avoue, je le surveille et mon sommeil est moins profond car, dès qu'il remue, je l'entends... J'ai mal fait, peut-être. Mais j'ai feint de dormir pour voir ce qu'il faisait. Et deux fois je l'ai vu et entendu faire des choses qui ne conviennent pas. Je ne m'y connais pas en magie, mais c'est bien cela dont il s'agit."

"Seul ?"

"Oui et non. À Tibériade, je l'ai suivi. Il est allé dans une maison. J'ai demandé par la suite qui est-ce qui y habite. C'est quelqu'un qui fait de la nécromancie avec d'autres. Et quand Judas est sorti, presque au matin, d'après les paroles échangées j'ai compris qu'ils se connaissent, et ils sont si nombreux... et pas tous des étrangers. Il demande au démon la force que tu ne lui donnes pas. C'est pour cela que j'ai fait au Père le sacrifice de la mienne, pour qu'Il la lui passe et qu'il ne soit plus pécheur."

"Tu devrais lui donner ton âme, mais cela ni le Père, ni Moi, ne le permettrions..."

Un long silence. Puis Jésus dit d'une voix fatiguée : "Allons, Jean. Descendons. Nous nous reposerons en attendant l'aube."

"Tu es plus triste qu'auparavant, Seigneur ! J'ai mal fait de parler !"

"Non. Je le savais déjà. Mais toi, au moins, tu es soulagé... et c'est cela qui compte."

"Seigneur, dois-je le fuir ?"

"Non. Ne crains pas. Satan ne nuit pas aux Jean. Il les terrorise, mais il ne peut leur enlever la grâce que Dieu ne cesse de leur donner. Viens. Au matin je parlerai, et ensuite nous irons à Pella. Il faut faire vite, car le fleuve est déjà grossi par les neiges qui fondent et par la pluie des jours derniers. Il sera bientôt en crue, d'autant plus que le cercle autour de la lune annonce des pluies abondantes..."

Ils descendent et disparaissent dans la pièce qui est au-dessous de la terrasse.

C'est le matin, un matin de mars. Aussi éclaircies et nuages se succèdent dans le ciel. Mais il y a plus de nuages que d'éclaircies et ils tendent à couvrir le ciel. Un air chaud souffle par à-coups syncopés et il rend l'atmosphère lourde en la voilant d'une poussière venue peut-être des régions du haut plateau.

"Si le vent ne change pas, ce sera de l'eau !" dit sentencieusement Pierre en sortant de la maison avec les autres.

En dernier lieu sort Jésus qui a pris congé du maître de maison qui sort avec Lui. Ils se dirigent vers une place. Après quelques pas, ils sont arrêtés par un officier romain accompagné de soldats.

"C'est Toi, Jésus de Nazareth ?"

"Oui."

"Que fais-tu ?"

"Je parle aux foules."

"Où ?"

"Sur la place."

"Des paroles séditieuses ?"

"Non. Des préceptes de vertus."

"Attention ! Ne mens pas. Rome en a assez de faux dieux."

"Viens toi aussi. Tu verras que je ne mens pas."

L'homme qui a logé Jésus sent qu'il doit intervenir : "Mais depuis quand tant de questions à un rabbi ?"

"Il est dénoncé comme séditieux."

"Séditieux ? Lui ? Mais tu te trompes, Marius Sévère ! C'est l'homme le plus doux de la terre. C'est moi qui te le dis."

L'officier hausse les épaules et répond : "Cela vaut mieux pour Lui. Mais c'est ainsi qu'on l'a dénoncé au centurion. Va, donc. Il est prévenu." Et il fait un demi-tour pour s'en aller avec ses subalternes.

"Mais qui cela peut être ? Moi, je ne comprends pas !" disent plusieurs.

"Ne cherchez pas à comprendre, répond Jésus. C'est inutile. Allons pendant qu'il y a beaucoup de monde sur la place. Après nous partirons également d'ici."

Ce doit être une place plutôt commerciale. Ce n'est pas un marché mais presque, car elle est entourée de magasins où sont entre- posées des marchandises de toutes sortes. Et une foule de gens y viennent. Aussi il y a beaucoup de monde sur la place et quelqu'un fait signe que c'est Jésus et tout de suite le "Nazaréen" est entouré. Il y a des gens de toutes classes et de toutes nationalités. Certains venus par vénération, les autres par curiosité.

Jésus fait signe qu'il va parler.

"Écoutons-le !" dit un romain qui sort d'un magasin.

"Est-ce que ce sera pour entendre une lamentation ?" lui répond un camarade.

"Ne le crois pas, Constance. Il est moins indigeste que l'un de nos rhéteurs habituels."

"Paix à ceux qui m'écoutent ! Il est dit dans Esdras, dans la prière d'Esdras : "Et que dirons-nous maintenant, ô notre Dieu, après ce qui est arrivé ? Que, si nous avons abandonné tes commandements, ceux que Tu nous as intimés par l'intermédiaire de tes serviteurs..."

"Arrête-toi, Toi qui parles. Le sujet, c'est nous qui te le donnons" crient une poignée de pharisiens qui se fraient un chemin au milieu de la foule. Presque aussitôt réapparaît l'escorte armée et elle s'arrête dans le coin le plus voisin. Les pharisiens sont maintenant en face de Jésus. "C'est Toi le Galiléen ? Jésus de Nazareth ?"

"Oui !"

"Loué soit Dieu que nous t'ayons trouvé !" Vraiment ils ont des visages si haineux qu'ils ne semblent pas heureux de la rencontre...

Le plus âgé parle : "Nous te suivions depuis plusieurs jours, mais nous arrivions toujours après ton départ."

"Pourquoi me suivez-vous ?"

"Parce que tu es le Maître et que nous voulons être éclairés sur un point obscur de la Loi."

"Il n'y a pas de points obscurs dans la Loi de Dieu."

"En elle, non. Mais, hé ! hé !... Mais sur la Loi sont venues les "ajoutés" comme tu dis, hé ! hé !... et ils ont créé l'obscurité."

"De la pénombre, tout au plus. Et il suffit de tourner son intelligence vers Dieu pour la dissiper."

"Ce n'est pas tout le monde qui sait le faire. Nous, par exemple, nous restons dans la pénombre. Tu es le Rabbi, hé ! hé ! Aide-nous donc."

"Que voulez-vous savoir ?"

"Nous voulions savoir s'il est permis à l'homme de répudier pour un motif quelconque sa propre femme. C'est une chose qui arrive souvent, et chaque fois cela fait du bruit où cela arrive. Les gens s'adressent à nous pour savoir si cela est permis et nous répondons suivant les cas."

"En approuvant le fait accompli quatre-vingt-dix fois sur cent. Pour les dix pour cent que vous n'approuvez pas, il s'agit des pauvres ou de vos ennemis."

"Comment le sais-tu ?"

"Parce qu'il en arrive ainsi dans toutes les choses humaines. Et j'ajoute une troisième classe : celle où si le divorce était permis, il se justifierait davantage, celle des cas pénibles, tels qu'une lèpre incurable, une condamnation à vie, ou une maladie honteuse..."

"Alors, pour Toi, ce n'est jamais permis ?"

"Ni pour Moi, ni pour le Très-Haut, ni pour aucune âme droite. N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement des jours, a créé l'homme et la femme ? Et qu'il les créa mâle et femelle il n’avait pas besoin de le faire. S'il l'avait voulu, il aurait pu, pour le roi de la Création, fait à son image et à sa ressemblance, créer un autre mode de procréation et il aurait été également bon, tout en étant différent de tout autre moyen naturel. Et il dit : "C'est pour ce motif que l'homme quittera son père et sa mère et s'unira avec la femme, et les deux seront une seule chair". Dieu les a donc unis en une seule unité. ils ne sont donc plus "deux" chairs mais "une" seule Ce que Dieu a uni, parce qu'il a vu que c'était "une chose bonne", que l'homme ne le sépare pas, parce que si cela arrivait, ce ne serait plus une chose bonne."

"Mais pourquoi alors Moïse a-t-il dit : "Si un homme a pris une femme mais qu'elle n'a pas trouvé grâce à ses yeux pour quelque chose de honteux, il lui écrira un libelle de répudiation, le lui remettra en mains propres et la renverra de sa maison"  ?"

"Il l'a dit à cause de la dureté de votre cœur. Pour éviter par un ordre des désordres trop graves : C'est pour cela qu'il vous a permis de répudier vos femmes. Mais au commencement il n'en a pas été ainsi. Car la femme est plus qu'une bête laquelle, selon les caprices de son maître ou les libres circonstances naturelles, est soumise à tel ou tel mâle, chair sans âme qui s'accouple pour la reproduction. Vos femmes ont une âme comme vous, et il n'est pas juste que vous la piétinez sans compassion. S'il est dit dans sa condamnation : "Tu seras soumise au pouvoir de ton mari et lui te dominera" cela doit se produire selon la justice et non selon la tyrannie qui lèse les droits d'une âme qui est libre et digne de respect.

Vous, en répudiant alors que ce n'est pas permis, vous offensez l'âme de votre compagne, la chair jumelle qui s'est unie à la vôtre, le tout qu'est la femme que vous avez épousée en exigeant son honnêteté, alors que vous, parjures, vous allez vers elle, déshonorés, diminués, parfois corrompus, et vous continuez de l'être en profitant de toute occasion pour la blesser et donner libre cours à vos passions insatiables. Vous faites de vos femmes des prostituées ! Pour aucun motif vous ne pouvez vous séparer de la femme qui vous est unie selon la Loi et la Bénédiction. Ce n'est que dans le cas où la grâce vous touche, quand vous comprenez que la femme n'est pas un objet que l'on possède mais une âme et que par conséquent elle a des droits égaux aux vôtres d'être reconnue comme faisant partie intégrante de l'homme et non pas comme son objet de plaisir, et c'est seulement dans le cas où votre cœur est assez dur pour ne pas épouser une femme après en avoir joui comme d'une prostituée, seulement pour faire disparaître le scandale de deux personnes qui vivent ensemble sans la bénédiction de Dieu sur leur union que vous pouvez renvoyer une femme. C'est qu'alors il ne s'agit pas d'union mais de fornication, et qui souvent n'est pas honorée par la venue des enfants supprimés contre nature ou éloignés comme déshonorants.

Dans aucun autre cas, dans aucun autre. Car si vous avez des enfants illégitimes d'une concubine, vous avez le devoir de mettre fin au scandale en l'épousant si vous êtes libres. Je ne m'arrête pas à l'adultère consommé au détriment d'une femme ignorante. Pour lui, il y a les pierres de la lapidation et les flammes du Schéol. Mais pour celui qui renvoie sa propre épouse légitime parce qu'il en est las et qui en prend une autre, il n'y a qu'un jugement : c'est un adultère.

Et aussi celui qui prend une femme répudiée car si l'homme s'est arrogé le droit de séparer ce que Dieu a uni, l'union matrimoniale continue aux yeux de Dieu et est maudit celui qui passe à une seconde femme sans être veuf. Et maudit celui qui, après avoir répudié sa femme, après l'avoir abandonnée aux craintes de l'existence qui la font consentir à de nouvelles noces pour avoir du pain, la reprend si elle reste veuve du second mari. Car bien qu'étant veuve, elle a été adultère par votre faute et vous redoubleriez son adultère.

Avez-vous compris, ô pharisiens qui me tentez ?" Ceux-ci s'en vont penauds, sans répondre.

"L'homme est sévère. S'il était à Rome, il verrait pourtant fermenter une boue encore plus fétide" dit un romain.

Certains hommes de Gadara murmurent aussi : "C'est une chose difficile que d'être homme s'il faut être aussi chaste !..."

Et certains disent plus haut : "Si telle est la situation de l'homme par rapport à la femme, il vaut mieux ne pas se marier."

Et les apôtres aussi tiennent ce raisonnement alors qu'ils reprennent le chemin vers la campagne, après avoir quitté les gens de Gadara. Judas en parle d'un air méprisant. Jacques en parle avec respect et réflexion. Jésus répond à l'un et à l'autre : "Ce n'est pas tous qui comprennent cela, ni qui le comprennent comme il faut. Certains, en effet, préfèrent le célibat pour être libres de satisfaire leurs vices. D'autres c'est pour éviter la possibilité de pécher, en n'étant pas de bons maris. Mais il y en a seulement quelques-uns auxquels il est accordé de comprendre la beauté d'être exempts de sensualité et même d'un désir honnête de la femme. Et ce sont les plus saints, les plus libres, les plus angéliques sur la terre. Je parle de ceux qui se font eunuques pour le Royaume de Dieu. Parmi les hommes, il y en a qui naissent tels; d'autres que l'on rend tels. Les premiers sont une monstruosité qui doit susciter la compassion, pour les seconds c'est un abus condamnable. Mais il y a enfin la troisième catégorie : celle des eunuques volontaires qui sans se faire violence, et par conséquent avec un double mérite, savent adhérer à la demande de Dieu et vivent comme des anges pour que l'autel délaissé de la terre ait encore des fleurs et de l'encens pour le Seigneur. Ces derniers refusent de satisfaire la partie inférieure de leur être pour faire grandir la partie supérieure, par laquelle ils fleurissent au Ciel dans les parterres les plus proches du trône du Roi. Et en vérité je vous dis que ce ne sont pas des mutilés, mais des êtres doués de ce qui manque à la plupart des hommes. Non pas les objets d'un mépris imbécile, mais plutôt d'une grande vénération. Que le comprenne celui qui doit le comprendre et le respecte, s'il le peut."

Ceux qui sont mariés parmi les apôtres chuchotent entre eux. "Qu'avez-vous ?" demande Jésus.

"Et nous ?" dit Barthélemy au nom de tous. "Nous ne savions pas cela et nous avons pris femme. Mais il nous plairait d'être comme tu dis..."

"Il ne vous est pas défendu de l'être désormais. Vivez dans la continence en voyant dans votre compagne une sœur, et vous en aurez grand mérite aux yeux de Dieu. Mais hâtez le pas pour être à Pella avant la pluie."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-047.htm
TOME : 5/47
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Jésus en compagnie d' Apôtres


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 21 Juil - 9:05

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Jésus à Pella"

La route qui va de Gadara à Pella passe à travers une région fertile qui s'étend entre deux rangées de collines, l'une plus haute que l'autre. Elles semblent deux énormes marches d'un escalier de géants fabuleux pour monter de la vallée du Jourdain aux monts de l'Auran. Quand la route s'approche davantage de la marche occidentale, l’œil domine non seulement les monts de l'autre rive - je crois que ce sont ceux de la Galilée méridionale et certainement ceux de la Samarie - mais aussi la splendide étendue de verdure qui longe les deux rives du fleuve azuré. Quand elle s'en écarte, en se rapprochant des chaînes orientales, alors l’œil perd de vue la vallée du Jourdain, mais il voit encore les cimes des chaînes de Samarie et de Galilée qui se détachent avec leur verdure sur le ciel gris. Par temps de soleil ce serait un beau panorama aux teintes gracieuses et vives. Aujourd'hui le ciel est décidément couvert de nuages très bas, amoncelés par le sirocco qui souffle de plus en plus fort et forme de nouveaux amas de nuages plus épais, abaissant le ciel avec toute cette ouate grise ébouriffée. Aussi le panorama perd la luminosité des couleurs vertes qui semblent atténuées comme par l'opacité du brouillard.

Ils traversent quelque petit village sans qu'il arrive rien de notable. L'indifférence accueille et suit le Maître. Seuls les mendiants ne manquent pas de s'intéresser au groupe des pèlerins galiléens et viennent demander l'aumône. Il y a toujours les habituels aveugles dont, pour la plupart, les yeux sont détruits par le trachome, ou ceux qui sont presque aveugles qui marchent la tête baissée. Supportant mal la lumière, rasant les murs, parfois seuls, parfois accompagnés d'une femme ou d'un enfant. Dans un village où se croisent la route qui va à Pella avec celle de Gérasa et Bozra par le lac de Tibériade, il y en a toute une foule qui assaille les caravanes par ses lamentations qui ressemblent à des jappements de chiens, interrompus de temps à autre par de véritables hurlements. Ils sont à l'écoute, groupe miséreux, sale, fatigué, adossés aux murs des premières maisons, grignotant des croûtes de pain et des olives, ou sommeillant, alors que les mouches se repaissent à l'aise sur les paupières ulcérées, mais au premier bruit de sabots ou au premier bruit de pas nombreux, ils se lèvent et vont, semblables au chœur dépenaillé d'une tragédie antique, proférant tous les mêmes paroles et faisant les mêmes gestes, vers les gens qui arrivent.

Quelque pièce de monnaie ou quelque quignon de pain vole, et les aveugles ou les semi-aveugles cherchent à tâtons dans la poussière ou dans les ordures pour trouver l'obole.
Jésus les observe et dit à Simon le Zélote et à Philippe : "Apportez-leur de l'argent et du pain. Judas a l'argent et Jean le pain."

Les deux s'en vont en avant s'empressant de faire ce qui leur a été ordonné et ils s'arrêtent pour parler, pendant que Jésus s'avance lentement, retardé par une file d'ânes qui barrent le chemin.

Les mendiants sont étonnés par le salut et par la grâce avec les- quels ils sont salués et assistés par ceux qui arrivent, et ils demandent : "Qui êtes-vous, vous qui êtes si gentils avec nous ?"

"Les disciples de Jésus de Nazareth, le Rabbi d'Israël. Celui qui aime les pauvres et les malheureux parce qu'il est le Sauveur, et qui passe en annonçant la Bonne Nouvelle et en faisant des miracles."

"Le miracle, le voilà" dit un homme aux paupières atrocement dévastées. Et il frappe sur son morceau de pain, véritable animal qui ne comprend et n'admire que les choses matérielles.

Une femme qui passe avec des brocs de cuivre et qui l'entend, lui dit : "Tais-toi donc, dégoûtant paresseux." Et elle se tourne vers les disciples pour dire : "Il n'est pas du pays. Il est bagarreur et violent avec ses semblables. Il faudrait le chasser car il vole les pauvres du village. Mais nous avons peur de ses vengeances" et doucement, avec seulement un filet de voix, elle murmure : "On dit que c'est un voleur qui pendant des années a volé et tué, en descendant des monts de Caracamoab et de Séla, cette dernière appelée Pétra par les troupes d'occupation qui surveillent les chemins des déserts. On dit que c'est un soldat déserteur des troupes de ce romain qui est venu là... pour faire connaître Rome... Hélios, me semble-t-il, et un autre nom encore... Si vous le faites boire il va vous raconter... Maintenant, aveugle, il est arrivé ici... C'est Le Sauveur ?" demande-t-elle ensuite en montrant Jésus qui est passé tout droit.
"C'est Lui. Tu veux Lui parler ?"

"Oh ! non !" dit la femme indifférente.

Les deux apôtres la saluent et s'en vont rejoindre le Maître, Mais un tumulte se produit parmi les aveugles et on entend une plainte quasi d'enfant. Plusieurs se tournent et la femme de tout à l'heure, qui est sur le seuil de sa maison, explique : "Ce doit être ce cruel qui enlève les pièces de monnaie aux plus faibles. Il le fait toujours."

Même Jésus s'est retourné pour regarder.

En effet un enfant, ou plutôt un adolescent, sort du groupe tout couvert de sang et en pleurs, et il se lamente : "Il m'a tout pris ! Et maman n'a plus de pain !"

Les uns le plaignent, d'autres rient.

"Qui est-ce ?" demande Jésus à la femme.

"Un enfant de Pella. Pauvre. Il vient mendier. Ils sont tous aveugles dans la maison. Ils se sont donnés la maladie. Le père est mort. La mère reste à la maison. L'enfant demande l'obole aux passants et aux paysans."

Le garçon s'avance avec son bâton. Il essuie avec son manteau déchiré les larmes et le sang qui descend de son front.

La femme l'appelle : "Arrête-toi, Jaia. Je vais te laver le front et te donner un pain !"

"J'avais de l'argent et du pain pour plusieurs jours ! Maintenant plus rien ! Maman m'attend pour manger..." dit le malheureux en se lamentant pendant qu'il se lave avec l'eau de la femme.

Jésus s'avance et il dit : "Je vais te donner ce que j'ai. Ne pleure pas."

"Mais Seigneur ! Pourquoi ? Où allons-nous loger ? Qu'allons-nous faire ?" dit Judas fâché.

"Nous louerons le Seigneur qui nous garde en bonne santé. C'est déjà une très grande grâce."

Le garçon dit : "Oh ! sûrement ! Moi, si j'y voyais, je travaillerais pour maman."

"Voudrais-tu guérir ?"

"Oui."

"Pourquoi ne vas-tu pas voir les médecins ?"

"Aucun ne nous a jamais guéri. ils nous ont dit qu'il y a quelqu'un en Galilée qui n'est pas médecin, mais qui guérit. Mais comment faire pour aller le trouver ?"

"Va à Jérusalem, au Gethsémani. Il y a une oliveraie au pied du mont des Oliviers près de la route de Béthanie. Demande de Marc et de Jonas. Tous ceux du faubourg d'Ophel te l'indiqueront. Tu peux te joindre à une caravane. Il en passe tant. A Jonas demande de Jésus de Nazareth..."

"Voilà ! C'est ce nom ! Il me guérira ?"

"Si tu as la foi, oui."

"Et j'ai la foi. Où vas-tu, Toi qui es bon ?"

"A Jérusalem, pour la Pâque."

"Oh ! prends-moi avec Toi ! Je ne te causerai pas d'ennuis. Je dormirai à la belle étoile et il me suffira d'un quignon de pain ! Allons à Pella... Tu y vas n'est-ce pas ? On le dit à la mère, et puis on va... Oh ! Voir ! Sois bon, Seigneur !..." Et l'enfant s'agenouille pour chercher les pieds de Jésus et les baiser.

"Viens. Je t'amènerai à la lumière."

"Béni sois-tu !"

Ils reprennent leur marche, et la main effilée de Jésus tient l'enfant par un bras pour le conduire avec sollicitude. Et l'enfant parle : "Toi, qui es-tu ? Un disciple du Sauveur ?"
"Non."

"Mais tu le connais, au moins ?"

"Oui."

"Et tu crois qu'il me guérira ?"

"Je le crois."

"Mais... il demandera de l'argent ? Je n'en ai pas. Les médecins en veulent tant ! Nous avons souffert de la faim pour nous guérir..."

"Jésus de Nazareth ne veut que la foi et l'amour."

"Il est très bon, alors. Pourtant Toi aussi, tu es bon" dit l'enfant et pour prendre et caresser la main qui le conduit, il palpe la manche du vêtement. "Quel bel habit tu as ! Tu es un seigneur ! Tu n'as pas honte de moi, dépenaillé comme je suis ?"

"Je n'ai honte que des fautes qui déshonorent l'homme."

"Moi, j'ai celle de maudire mon état, et de désirer des habits chauds, du pain, et surtout la vue."

Jésus le caresse : "Ce ne sont pas des fautes déshonorantes. Cependant cherche à ne pas avoir même ces imperfections, et tu seras saint."

"Mais si je guéris, je ne les aurais plus... Ou bien... je ne guéris pas et Toi, tu le sais, et tu me prépares à mon sort et tu m'instruis pour me sanctifier comme Job ?"

"Tu guériras. Mais après, surtout après, tu dois être content de ton état, même s'il n'est pas des plus heureux."

Ils sont arrivés à Pella. Les potagers qui précèdent toujours les villes, montrent la fécondité de leur sol par la luxuriance de leur verdure. Des femmes, occupées au travail dans les sillons ou encore aux cuves de lessive, saluent Jaia et lui disent : "Tu reviens vite aujourd'hui, cela a bien marché ?" ou encore : "Tu as trouvé un protecteur, pauvre enfant ?" Une femme, âgée, crie du fond d'un potager : "O Jaia ! Si tu as faim, voici une écuelle pour toi. Sinon, ce sera pour ta mère. Tu vas à la maison ? Prends-la."
"Je vais dire à maman que je vais avec ce bon seigneur à Jérusalem pour guérir. Il connaît Jésus de Nazareth et il me conduit à Lui."

La route, presque jusqu'aux portes de Pella, est envahie par la foule. Il y a des marchands, mais il y a aussi des pèlerins.

Une femme bien mise qui voyage sur un mulet, accompagnée d'une servante et d'un serviteur, se tourne en entendant parler de Jésus. Elle tire les rênes, arrête le mulet, descend et se dirige vers Jésus. "Tu connais Jésus ? Et tu vas le trouver ? Moi aussi, j'y vais... pour la guérison d'un fils. Je voudrais parler avec le Maître parce que..." elle se met à pleurer sous son voile fin.

"Quelle maladie a ton fils ? Où est-il ?"

"Il est de Gerasa, mais maintenant il est du côté de la Judée. Il va comme un obsédé... Oh ! qu'ai-je dit !"

"C'est un possédé ?"

"Seigneur, il l'était et il fut guéri. Maintenant... il est plus démon qu'auparavant parce que... Oh ! je ne puis en parler qu'à Jésus de Nazareth !"

"Jacques, prends l'enfant entre toi et Simon et allez en avant avec les autres. Vous m'attendrez au-delà de la porte. Femme, tu peux envoyer en avant tes serviteurs, nous parlerons entre nous."

La femme dit : "Mais tu n'es pas le Nazaréen ! C'est seulement à Lui que je veux parler. Lui seul peut comprendre et avoir miséricorde."

Désormais ils sont seuls pourtant. Les autres sont en avant et parlent de leurs affaires. Jésus attend que la route soit déserte et puis il dit : "Tu peux parler. Je suis Jésus de Nazareth."

La femme gémit et elle va tomber à genoux. "Non, pour le moment, les gens ne doivent pas savoir. Allons. Il y a là une maison ouverte. Nous demanderons à nous reposer et nous parlerons. Viens."

Ils s'en vont par une ruelle entre deux potagers vers une maison populaire sur l'aire de laquelle s'ébattent des enfants.

"La paix soit avec vous. Me permettez-vous de faire reposer la femme pendant un moment ? Je dois parler avec elle. Nous venons de loin pour pouvoir parler ensemble, et Dieu nous a fait nous rencontrer avant le but."

"Entrez. L'hôte est une bénédiction. Nous vous donnerons du lait et du pain et de l'eau pour vos pieds fatigués" dit une petite vieille.

"Pas besoin. Il nous suffit d'un endroit tranquille pour pouvoir parler."

"Venez" et elle les conduit sur une terrasse enguirlandée d'une vigne où se forment des feuilles émeraudes.

Ils restent seuls. "Parle, femme. Je l'ai dit : Dieu nous a fait rencontrer avant le but du chemin, pour ton soulagement."

"Il n'y a pas, il n'y a plus de soulagement pour moi ! J'avais un fils. Il devint possédé. Une bête sauvage dans les tombeaux. Rien ne le retenait, rien ne le guérissait. Il te vit. Il t'adora par la bouche du démon, et tu l'as guéri. Il voulait venir avec Toi. Tu as pensé à sa mère et tu me l'as envoyé pour me rendre la vie et la raison qui vacillaient à cause de la douleur que me donnait un fils possédé. Et tu l'as envoyé pour qu'il te prêchât puisqu'il voulait t'aimer. Moi. .. Oh ! être mère de nouveau et d'un fils saint ! Qui serait ton serviteur ! Mais dis-moi, dis-moi ! Quand tu l'as renvoyé, savais-tu que lui était... qu'il serait un démon de nouveau ? Parce que c'est un démon, qui te quitte après avoir tant reçu de Toi, après t'avoir connu, après avoir été choisi pour le Ciel... Dis-le-moi ! Le savais- tu ? Mais moi, je divague ! Je parle et je ne te dis pas pourquoi c'est un démon... Il est devenu comme fou depuis quelque temps, oh ! depuis quelques jours, mais plus pénibles pour moi que les longues années où il était possédé... Et alors je croyais que je n'aurais jamais eu de douleur plus grande que celle-là... Il est venu... et il a démoli la foi que Gerasa cultivait pour Toi, grâce à Toi et à lui [1], en disant des infamies sur ton compte. Et il te précède vers le gué de Jéricho, en te faisant tort, en te faisant tort !"

La femme, qui n'avait pas enlevé son Voile derrière lequel elle sanglotait, l'âme déchirée, se jette aux pieds de Jésus en le suppliant : "Va-t-en ! va-t-en ! Ne te fais pas insulter ! Je suis partie d'accord avec mon mari malade, en priant Dieu de te trouver. Il m'a exaucée ! Oh ! qu'Il en soit béni ! Je ne veux pas, moi je ne veux pas permettre que Toi, le Sauveur, tu sois maltraité à cause de mon fils ! Oh ! pourquoi l'ai-je mis au monde ? Il t'a trahi, Seigneur ! Il défigure tes paroles. Le démon l'a repris. Et... oh ! Très-Haut et Très Saint ! Aie pitié d'une mère ! Il sera damné, Mon fils, mon fils !

Auparavant ce n'était pas sa faute s'il était plein de démons. C'était un malheur qui lui était arrivé. Mais maintenant ! Maintenant que tu lui avais accordé ta grâce, maintenant qu'il avait connu Dieu, maintenant que tu l'avais instruit ! Maintenant lui a voulu être un démon et aucune force ne le délivrera plus ! Oh ! Oh !" La femme s’est jetée au sol, tas de vêtements et de chair qu'agitent des sanglots: Et elle gémit : "Dis-moi, dis-moi que dois-je faire pour Toi, pour mon fils ? Pour réparer ! Pour sauver ! Non. Réparer ! Tu vois que ma douleur est réparation. Mais sauver ! Je ne puis sauver celui qui a renié Dieu. Il est damné... Et qu'est-ce pour moi, israélite ? un tourment."

Jésus se penche, Il lui met la main sur l'épaule. "Lève-toi, calme-toi ! Tu m'es chère. Écoute, pauvre mère."

"Tu ne me maudis pas pour l'avoir engendré ?!"

"Oh ! non ! Tu n'es pas responsable de son erreur et, sache-le pour ton réconfort, tu peux au contraire être cause de son salut. Les ruines des fils peuvent être réparées par les mères. Et toi, tu le feras. Ta douleur, parce qu'elle est bonne, n'est pas stérile mais féconde. Par ta souffrance sera sauvée l'âme que tu aimes. Tu expies pour lui, et tu expies avec une intention si droite que tu vaux l'indulgence à ton fils. Il reviendra à Dieu. Ne pleure pas."

"Mais quand? Quand donc?"

"Quand tes larmes se seront mêlées à mon Sang."

"Ton Sang ? Mais alors c'est vrai ce qu'il dit ? Que tu seras tué parce que tu mérites la mort ? ...Blasphème horrible !"

"C'est vrai pour la première partie. Je serai tué pour vous rendre dignes de la Vie. Je suis le Sauveur, femme. Et le salut se donne par la parole, par la miséricorde et par l'holocauste. Pour ton fils, il faut cela et je le donnerai. Mais aide-moi. Donne-moi ta douleur. Va avec ma bénédiction. Conserve-la en toi pour pouvoir être miséricordieuse et patiente auprès de ton fils, et ainsi lui rappeler qu'Un autre a été miséricordieux avec lui. Va, va en paix."

"Mais Toi, ne parle pas à Pella ! Ne parle pas en Pérée ! Il les a tournées contre Toi. Et il n'est pas le seul. Mais moi, je ne vois et je ne parle que de lui..."

"Je parlerai par une action. Et elle suffira pour anéantir le travail des autres. Va en paix chez toi."

"Seigneur, maintenant que tu m'as absoute de l'avoir engendré, regarde mon visage pour savoir ce qu'est le visage d'une mère quand elle est déchirée" et elle découvre son visage en disant : "Voici le visage de la mère de Marc de Josias qui a renié le Messie et torturé celle qui lui a donné la vie" et elle baisse ensuite son voile fin sur son visage ravagé par les larmes en gémissant : "Aucune mère d'Israël ne me sera égale pour la douleur !"

Ils descendent de l'endroit hospitalier et reprennent la route. Ils entrent à Pella et se réunissent, la femme avec ses serviteurs, et Jésus avec ses apôtres. Mais la femme le suit comme fascinée alors que Jésus suit le garçon qui se dirige vers sa cabane, située dans un sous-sol d'une construction adossée au flanc de la montagne, caractéristique de cette ville qui s'élève par terrasses, de sorte que le premier étage du côté ouest est le second étage du côté est, mais en réalité c'est un terrain là aussi parce qu'on peut y accéder par la rue située au-dessus, qui est au niveau du second étage. Je ne sais pas si je réussis à bien m'expliquer.

Le garçon appelle fort : "Mère ! Mère !" De l'antre misérable et sombre arrive une femme encore jeune, aveugle, aux manières aisées parce qu'elle connaît son entourage. "Déjà de retour, mon fils ? Les oboles ont été assez nombreuses pour te faire revenir alors qu'il fait encore grand jour ?"

"Maman, j'ai trouvé quelqu'un qui connaît Jésus de Nazareth et qui dit qu'il va me conduire à Lui pour être guéri. Il est très bon. Me laisses-tu aller, maman ?"

"Mais oui, Jaia ! Même si je dois rester seule, va, va, béni, et regarde-le aussi pour moi, le Sauveur !"

L'adhésion, la foi de la femme est absolue. Jésus sourit. Il dit : "Tu ne doutes pas de Moi, femme, ni du Sauveur ?"

"Non. Si tu le connais et si tu es son ami, tu ne peux être que bon. Lui enfin ! Va, va, fils ! Ne tarde pas un moment. Donnons-nous un baiser et va avec Dieu."

Ils s'embrassent se trouvant à tâtons. Jésus met sur la table grossière un pain et des pièces de monnaie.

"Adieu, femme. Il y a ici de quoi te procurer de la nourriture. La paix soit avec toi."
Ils sortent. La troupe reprend sa marche. La pluie commence à tomber.

"Mais nous ne nous arrêtons pas ? Il pleut..." disent les apôtres.

"Nous nous arrêterons à Jabès Galaad. Marchez."

Ils mettent leurs manteaux sur la tête et Jésus étend le sien sur la tête du garçon. La mère de Marc de Josias les suit sur sa monture, avec ses serviteurs. Il semble qu'elle ne puisse se séparer de Lui.

Ils sortent de Pella. Ils pénètrent dans une campagne verte et triste en cette journée pluvieuse.

Ils font au moins un kilomètre, puis Jésus s'arrête. Il prend la tête du petit aveugle dans ses mains et il dépose un baiser sur ses yeux éteints en disant : "Et maintenant, retourne sur tes pas. Va dire à ta mère que le Seigneur récompense celui qui a foi, et va dire à ceux de Pella que celui-ci est le Seigneur." Il le laisse aller et s'éloigne rapidement.

Mais il ne se passe pas trois minutes que le garçon crie : "Mais moi, j'y vois ! Oh ! ne t'enfuis pas ! Tu es Jésus ! Fais que je voie Toi en premier !" et il tombe à genoux sur la route trempée par la pluie.

La femme de Gerasa et ses serviteurs d'un côté, les apôtres de l'autre, accourent pour voir le miracle. Jésus aussi revient lentement en souriant. Il se penche pour caresser le garçon. "Va, va, trouver ta maman, et sache croire en Moi, toujours."
"Oui, mon Seigneur... Mais pour maman rien ?! Elle restera dans le noir, elle qui croit comme moi ?"

Jésus sourit d'un sourire encore plus lumineux. Il regarde autour de Lui. Il voit sur le bord de la route une touffe de marguerites trempées par la pluie. Il se penche, les cueille et les donne à l'enfant. "Passe-les sur les yeux de ta mère et elle verra. Moi, je n'y retourne pas, je vais de l'avant. Que celui qui est bon me suive avec son esprit et qu'il parle de Moi à ceux qui doutent. Toi, parle de Moi à Pella dont la foi vacille. Va ! Dieu est avec toi."

Et puis il se tourne vers la femme de Gerasa : "Et toi, suis-le. Ceci est la réponse de Dieu à tous ceux qui tentent de diminuer la foi des hommes dans le Christ. Et que cela raffermisse ta foi et celle de Josias. Va en paix."

Ils se séparent. Jésus reprend sa marche vers le sud. L'enfant, la gérasénienne et ses serviteurs, vers le nord. Un voile de pluie les sépare comme un voile de fumée...

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-048.htm
Tome : 5/48

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Pella


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 22 Juil - 7:44

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"Au-delà de Jabès-Galaad dans la maison de Mathias"

La vallée profonde et boisée où s'élève Jabès Galaad résonne du fracas d'un petit torrent très gonflé qui va en écumant vers le Jourdain très proche. Un sombre crépuscule, qui termine une sombre journée, assombrit encore plus l'obscurité des bois, et le village apparaît dès l'abord triste et inhospitalier.

Thomas, toujours de bonne humeur, bien que ses vêtements soient dans l'état d'un linge que l'on sort d'un baquet, de la tête à la ceinture, et de la ceinture aux pieds, une fange qui chemine dit : "Hum ! je ne voudrais pas qu'après des siècles ce pays se venge sur nous de la vilaine surprise que lui est venue d'Israël ! Assez ! Allons souffrir pour le Seigneur."

Les gens ne les assomment pas, cela non. Mais ils les chassent en les traitant de voleurs et pis encore, et Philippe avec Mathieu doivent se sauver à toutes jambes pour échapper à un gros chien qu'un berger a lancé contre eux, qui étaient allés frapper à la porte du bercail afin de demander un refuge pour la nuit "au moins sous le toit des animaux"

"Et maintenant qu'allons-nous faire ?"

"Nous n'avons pas de pain."

"Et pas d'argent. Sans argent on ne trouve ni pain ni logement !"

"Et nous sommes trempés, gelés, affamés."

"Et la nuit vient. Nous serons bien demain matin après une nuit passée dans le bois !"
Sur douze qu'ils sont, sept ronchonnent ouvertement, trois ont le mécontentement gravé sur leur visage et, bien qu'ils soient silencieux, c'est comme s'ils parlaient, Simon le Zélote marche la tête basse, indéchiffrable. Jean paraît être sur de la braise allumée et sa tête va rapidement des rouspéteurs à Jésus, de celui- ci à ceux-là. Sa peine se voit sur son visage. Jésus va personnelle- ment, puisque les apôtres se refusent ou le font avec crainte, frapper de maison en maison en parcourant patiemment les ruelles transformées en marécages glissants et fétides. Mais partout on les repousse.

Ils sont au bout du village, là où la vallée s'élargit déjà pour faire place aux pâturages de la plaine transjordanienne. Quelques rares maisons restent encore... Mais partout c'est la déception...

"Cherchons dans les champs. Jean, pourrais-tu monter sur cet orme ? Du haut, tu pourrais voir."

"Oui, mon Seigneur."

"La pluie rend l'orme glissant. Le garçon ne réussira pas et il se fera du mal. Ainsi, en plus, nous aurons un blessé" bougonne Pierre.

Et Jésus avec douceur : "Moi, je vais monter."

"Cela non !" crient-ils en chœur. Et les pêcheurs crient plus fort que tous, en ajoutant : "Si c'est dangereux pour nous qui sommes pêcheurs, qu'est-ce que tu peux faire, Toi, qui n'as jamais grimpé aux mâts ni aux cordages ?"

"C'était pour vous que je le faisais. Pour vous chercher un abri. Pour Moi, cela m'est indifférent. Ce n'est pas l'eau qui m'est pénible..."

Quelle tristesse ! Quel rappel à la pitié pour Lui, il y a dans sa voix ! Quelques-uns s'en rendent compte et se taisent. D'autres, et il s'agit de Barthélemy et de Mathieu, disent : "Maintenant il est trop tard pour y parer. Il fallait y penser avant."

"Oui, et ne pas faire de caprice en voulant partir de Pella malgré la pluie. Tu as été entêté et imprudent et maintenant nous en payons les conséquences. Qu'est-ce que tu veux arranger, maintenant Si nous avions une bourse bien garnie, tu verrais que toutes les maisons se seraient ouvertes ! Mais Toi !... Pourquoi ne fais-tu pas un miracle, au moins un miracle pour tes apôtres? Tu en fais même pour les indignes !" dit Judas de Kériot en gesticulant comme un fou, agressif au point que les autres, bien qu'en partie du même avis, éprouvent le besoin de le rappeler au respect.

Jésus paraît déjà le Condamné qui regarde avec douceur ses bourreaux. Et il se tait. Ce silence, qui depuis quelque temps devient plus fréquent chez Jésus, prélude au "grand silence" devant le Sanhédrin, devant Pilate et Hérode. et il me fait tant de peine. On dirait les pauses de silence dans le gémissement d'un mourant, qui ne sont pas du calme dans les douleurs mais prélude à la mort. Il me semble qu'ils crient, ces silences de Jésus, plus fort que toute parole, et qu'ils disent toute la souffrance de Jésus devant l'incompréhension des hommes et leur manque d'amour. Et sa douceur sans réactions, cette attitude avec sa tête un peu basse, me le font apparaître déjà comme enchaîné, livré à la haine des hommes.

"Pourquoi ne parles-tu pas ?" Lui demandent-ils.

"Parce que je dirais des paroles que votre cœur ne comprendrait pas à cette heure... Allons. Nous marcherons pour ne pas nous geler... Et pardonnez..."

Il se tourne rapidement pour se mettre à la tête de la troupe qui éprouve un peu de pitié, tout en l'accusant un peu et en donnant raison aux compagnons.

Jean ralentit et reste en arrière, mais de manière que personne ne s'en aperçoive. Puis il s'en va vers un arbre élevé qui me semble être un peuplier ou un frêne. Il quitte son manteau et son vêtement et à moitié nu se met à grimper non sans peine, jusqu'à ce que les premières branches lui facilitent la montée. Il monte, il monte comme un chat. Parfois aussi il glisse, mais il se reprend et le voilà presque au sommet. Il scrute l'horizon éclairé par les dernières clartés du jour. En effet, comme les nuages se sont un peu éclaircis, dans la plaine il fait moins sombre que dans la vallée. Il scrute dans toutes les directions et finalement il a un geste de joie. Il se laisse glisser rapidement à terre, reprend ses vêtements et se met à courir atteignant ainsi et dépassant ses compagnons. Le voilà à côté du Maître. Tout essoufflé par sa course, il Lui dit : "Une cabane, Seigneur... une cabane du côté de l'orient... Mais il faut revenir en arrière... Je suis monté sur un arbre... Viens, viens..."

"Moi, je vais avec Jean de ce côté. Si vous voulez venir, venez. Autrement continuez jusqu'au prochain village le long du fleuve. Nous nous retrouverons là" dit Jésus sérieux et décidé.

Tous le suivent à travers les prés détrempés.

"Mais on retourne vers Jabès !"

"Moi, je ne vois pas de maisons..."

"Qui sait ce qu'a vu le garçon !"

"Une meule de paille peut-être."

"Ou la cabane d'un lépreux."

"Ainsi nous allons achever de nous tremper. Ces prés semblent des éponges" disent en maugréant les apôtres.

Mais ce n'est pas une cabane de lépreux ni une meule de paille ce que l'on aperçoit derrière un rideau d'arbres. C'est une cabane, cela oui. Elle est large, basse, semblable à un pauvre bercail, à moitié couverte de paille avec des murs de terre que maintiennent péniblement aux coins des soutènements de pierre brute. Une enceinte de pilotis entoure la maisonnette et à l'intérieur il y a des légumes trempés d'eau.
Jean appelle. Un vieil homme s'amène. "Qui est-ce ?"

"Des pèlerins en route pour Jérusalem. Un abri, au nom de Dieu !" dit Jésus.

"Toujours. C'est un devoir. Mais vous tombez mal. J'ai peu de place et pas de lits."

"N'importe. Tu auras du feu, au moins."

L'homme manœuvre la serrure et l'ouvre. "Entrez et que la paix soit avec vous."
Ils entrent dans le minuscule potager et ils passent dans la pièce unique qui sert de cuisine et de chambre à coucher. Un feu brille dans la cheminée. C'est pauvre mais bien en ordre. Comme outils, juste l'indispensable.

"Voyez ! Je n'ai que le cœur qui soit grand et bien disposé, moi ! Mais si vous n'êtes pas exigeants... Avez-vous du pain ?"

"Non. Une poignée d'olives..."

"Moi, je n'ai pas du pain pour tout le monde. Mais je vais vous faire un plat avec du lait. J'ai deux brebis. Elles me suffisent. Je vais les traire. Voulez-vous me donner vos manteaux ? Je vais les étendre dans le bercail, ici derrière. Ils vont sécher un peu, et demain près du feu on fera le reste."

L'homme sort, chargé d'étoffés humides. Tout le monde entoure le feu et se réjouit de sa chaleur.

L'homme revient avec une natte rustique. Il l'étend. "Enlevez vos sandales. Je les débarrasserai de la boue et je les pendrai pour qu'elles sèchent. Et je vais vous donner de l'eau chaude pour vous laver les pieds. La natte est rustique, mais propre et épaisse. Ce sera plus agréable pour vous que le sol humide et froid."

Il détache un chaudron rempli d'eau verdâtre car il y bouillent des légumes et il en verse la moitié dans une bassine et la moitié dans une cuvette. Il y ajoute de l'eau froide et il dit : "Voici pour vous remettre en forme. Lavez-vous. Voici un linge propre."
Et tout en parlant, il s'occupe du feu et le ravive. Il verse le lait dans un chaudron, le met sur le feu. Dès qu'il bout, il y jette des graines qui me semblent être de l'orge écrasé ou du mil broyé. Puis il remue sa bouillie.

Jésus, qui s'est lavé dans les premiers, s'approche de lui : "Que Dieu te donne sa grâce pour ta charité."

"Je ne fais que rendre ce que j'ai eu de Lui. J'ai été lépreux. De trente-sept à cinquante et un ans, lépreux. Puis je me suis guéri. Mais, au village, j'ai trouvé mes parents morts, ainsi que ma femme, et ma maison dévastée. Et puis, j'étais le "lépreux"... Je suis venu ici, et je me suis fait un nid. Par mes propres moyens et avec l'aide de Dieu. D'abord une cabane de jonc, puis une de bois, puis des murs... Tous les ans quelque chose de nouveau. L'an dernier j'ai fait le local des brebis. Je les ai achetées en fabriquant des nattes que je vends et de la vaisselle de bois. J'ai un pommier, un poirier, un figuier, une vigne. Par derrière j'ai un petit champ d'orge, par devant les légumes. Quatre couples de colombes, deux brebis. Sous peu, je vais avoir des agneaux. Espérons que ce sera des agnelles cette fois. Je bénis le Seigneur et je ne demande pas davantage. Et Toi, qui es-tu ?"

"Un galiléen. Tu as des préventions ?"

"Aucune, bien que je sois de race juive. Si j'avais eu des fils, j'aurais pu en avoir un comme Toi... Je sers de père aux pigeons... Je me suis habitué à rester seul."
"Et pour les Fêtes ?"

"J'emplis les mangeoires et je m'en vais. Je loue un âne. Je cours, je fais ce que j'ai à faire, et je reviens. Il ne m'a jamais manqué une feuille. Dieu est bon."

"Oui, avec ceux qui sont bons et ceux qui le sont moins. Mais les bons sont sous son aile."

"Oui, c'est ce que dit Isaïe... Moi, II m'a protégé."

"Tu as été lépreux, cependant" observe Thomas.

"Et je suis devenu pauvre et esseulé. Mais voilà, c'est une grâce de Dieu d'être de nouveau un homme et d'avoir un toit et du pain. Mon modèle dans le malheur, ce fut Job. J'espère mériter comme lui la bénédiction de Dieu, non pour les richesses mais pour la grâce."

"Tu l'auras, tu es un juste. Comment t'appelles-tu?"

"Mathias." Et il dépend son chaudron, le porte sur la table, y ajoute du beurre et du miel, remue et remet le tout au feu et il dit : "Je n'ai que six récipients entre les assiettes et les écuelles. Vous les prendrez à tour de rôle."

"Et toi ?"

"Celui qui donne l'hospitalité se sert le dernier. Les premiers, ce sont les frères que Dieu envoie. Voici, c'est prêt. Et cela fait du bien." Et il verse des cuillerées de bouillie fumante dans les quatre assiettes et les deux écuelles. Il y a des cuillères de bois.
Jésus invite les plus jeunes à manger.

"Non. Toi, Maître" dit Jean.

"Non, non. Il est bien que Judas se rassasie et qu'il voie qu'il y a toujours de la nourriture pour les fils."

L'Iscariote change de couleur, mais il mange.

"Tu es un rabbi ?"

"Oui, et eux sont mes disciples."

"Moi, j'allais trouver le Baptiste quand il était à Bétabara.  Sais-tu quelque chose du Messie ? On dit qu'il est venu et que Jean l'a montré. Quand je vais à Jérusalem, j'ai toujours l'espoir de le voir mais je n'ai pas réussi. J'accomplis le rite et je m'en vais. C'est à cause de cela que je ne le vois pas. Ici, je suis isolé et puis... Les gens ne sont pas bons en Pérée. J'ai parlé à des bergers. Ils viennent ici pour les pâturages. Eux savaient. Ils m'ont parlé. Quelles paroles ! Et puis dites par Lui !..."

Jésus ne se fait pas connaître. C'est son tour de manger, et il le fait avec sérénité près du bon vieux.

"Et maintenant ? Comment allons-nous faire pour dormir ? Je vous cède mon lit, mais je n'en ai qu'un... Moi, j'irai avec les brebis."

"Non, c'est nous qui y irons. Le foin est bon quand on est fatigué."

Le souper est fini et ils pensent à se coucher pour partir à l'aurore. Mais le vieil homme insiste et c'est Mathieu, très enrhumé, qui prend son lit.

Mais à l'aurore c'est un déluge. Comment partir sous ces cataractes ? Ils écoutent le vieillard et ils restent. Pendant ce temps, les vêtements sont brossés, sèches, on graisse les sandales, on se repose. Le vieil homme cuit à nouveau de l'orge dans le lait pour tout le monde, et puis il met des pommes dans la cendre. Voilà leur repas. Et ils sont en train de le consommer quand du dehors arrive une voix.

"Un autre pèlerin ? Comment allons-nous faire ?" dit le vieillard. Mais il sort, enveloppé dans une couverture de laine grège, imperméable. Dans la cuisine, on se chauffe au feu, mais on n'est pas de bonne humeur. Jésus se tait.

Le vieil homme revient, les yeux écarquillés. Il regarde Jésus, il regarde les autres. Il semble avoir peur... il paraît incertain et inquisiteur. Enfin il dit : "Parmi vous il y a le Messie ? Dites-le. Ceux de Pella le cherchent pour l'adorer, à cause d'un grand miracle qu'il a fait. Ils ont frappé depuis hier soir à toutes les maisons jusqu'au fleuve, jusqu'au premier village... Maintenant, en revenant, ils ont pensé à moi. Quelqu'un leur a indiqué ma maison. Ils sont dehors avec des chars. Une foule de personnes !"

Jésus se lève. Les douze disent : "N'y va pas. Puisque tu as dit qu'il était prudent de ne pas s'arrêter à Pella, il est inutile de te montrer maintenant."

"Mais alors!... Oh! Béni! Béni Toi et Celui qui t'a envoyé! Et moi qui t'ai accueilli! Tu es le Rabbi Jésus, Lui... Oh!" L'homme est à genoux, le front à terre.

"Oui. Mais laisse-moi aller vers ceux qui me cherchent. Puis je viendrai à toi, brave homme." Il dégage ses chevilles serrées par les mains de son hôte et il sort dans le potager inondé.

"Le voilà ! Le voilà ! Hosanna !"

Ils sautent en bas des chars. Il y a des hommes et des femmes et il y a le petit aveugle d'hier et sa mère et il y a la gérasénienne. Sans se soucier de la boue, ils s'agenouillent et ils le supplient : "Reviens, reviens en arrière ! Chez nous. A Pella."

"Non, à Jabès" crient d'autres certainement de Jabès. "Nous te voulons ! Nous regrettons de t'avoir chassé !" crient ceux de Jabès.

"Non, chez nous. A Pella, où ton miracle est vivant. Pour eux les yeux, pour nous la lumière de l'âme."

"Je ne peux pas. Je vais à Jérusalem. Vous me trouverez là."

"Tu es fâché parce que nous t'avons chassé."

"Tu es dégoûté parce que tu sais que nous avons cru aux calomnies d'un pécheur."
La mère de Marc se couvre le visage en pleurant.

"Dis-le toi, Jaia, de revenir, à Celui qui t'a aimé."

"Vous me trouverez à Jérusalem. Allez et persévérez. Ne ressemblez pas aux vents qui soufflent dans toutes les directions. Adieu."

"Non. Viens. Nous te prendrons de force, si tu ne viens pas."

"Vous ne lèverez pas la main sur Moi. C'est de l'idolâtrie, pas de la vraie foi. La foi croit même si elle ne voit pas. Elle persévère même si on la combat. Elle grandit même sans miracles. Je reste chez Mathias qui a su croire sans rien voir, et qui est un juste."
"Accepte au moins nos dons : de l'argent, du pain. On nous a dit que vous avez donné tout ce que vous aviez à Jaia et à sa mère. Prends un char. Tu t'en serviras pour aller. Tu le laisseras à Jéricho chez l'hôtelier Timon. Prends-le. Il pleut et il va pleuvoir. Tu seras à l'abri. Tu feras plus vite. Montre-nous que tu ne nous hais pas."

Eux au-delà de la palissade, Jésus de l'autre côté, ils se regardent et les premiers sont en effervescence. Derrière Jésus, à genoux, le vieux Mathias, la bouche ouverte, et puis debout les apôtres.

Jésus tend la main et il dit : "J'accepte pour les pauvres, mais je ne veux pas du char. Je suis le Pauvre entre les pauvres. N'insistez pas. Jaia, sa mère, et toi de Gerasa, venez que je vous bénisse en particulier."

Et quand ils sont près de Lui, car Mathias leur a ouvert la clôture, il les caresse, les bénit et les congédie. Puis il bénit les autres qui se sont groupés sur le seuil, en donnant aux apôtres de l'argent et des vivres, et il les congédie. Il revient dans la maison...

"Pourquoi ne leur as-tu pas parlé ?"

"Parle le miracle des deux aveugles."

"Pourquoi n'as-tu pas pris le char ?"

"Parce qu'il est bien d'aller à pied."

Et il se tourne vers Mathias : "Je t'aurais récompensé par ma bénédiction. Maintenant je peux ajouter un peu d'argent pour les dépenses que tu as faites..."

"Non, Seigneur Jésus... Je ne veux pas. Je l'ai fait de bon cœur. Et maintenant, maintenant, je le fais pour servir le Seigneur. Le Seigneur ne paie pas. Il n'y est pas tenu. C'est moi qui ai reçu, pas Toi ! Oh ! ce jour ! Son souvenir durera pour moi jusqu'à l'autre vie !"

"Tu as bien parlé. Ta miséricorde envers les pèlerins, tu la trouveras inscrite dans le Ciel, et de même ta promptitude à croire... Dès que le temps va s'éclaircir un peu, je vais te quitter. Eux pourraient revenir. Insistants tant que le miracle les secoue, et puis... engourdis comme auparavant, ou ennemis. Je m'en vais. Jusqu'à présent je suis resté pour essayer de les convertir. Maintenant je viens et je passe, sans m'arrêter. Je vais vers mon destin qui me presse. Dieu et l'homme m'éperonnent, et je ne puis m'arrêter. L'amour m'aiguillonne et la haine m'aiguillonne. Celui qui m'aime peut me suivre. Mais le Maître ne court plus après les brebis récalcitrantes."

"Ils ne t'aiment pas, Maître divin ?" demande Mathias.

"Ils ne me comprennent pas."

"Ils sont méchants."

"Ils sont appesantis par les concupiscences."

L'homme n'ose plus être en confiance comme avant. Il semble être devant un autel. Jésus, au contraire, maintenant qu'il n'est plus l'Inconnu, est moins réservé, et il parle au vieil homme comme à un parent.

Et les heures passent ainsi jusqu'au début de l'après-midi. Le nuage qui s'est rompu annonce l'arrêt de la pluie. Jésus commande le départ. Et, pendant que le vieillard va prendre les manteaux qui ont séché, il dépose de la monnaie dans un tiroir et fait mettre des pains et des fromages dans une maie.

Le vieillard revient et Jésus le bénit. Puis il reprend la route, se retournant encore pour regarder la tête blanche qui dépasse de l'enceinte sombre.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-049.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Jabes_10
Jabès en Galaad - Montagnes


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 23 Juil - 7:26

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

La lépreuse guérie (Rose de Jéricho)

La plaine du côté oriental du Jourdain, à cause des pluies continuelles, semble devenue une lagune, particulièrement à l'endroit où se trouve Jésus avec les apôtres. Ils ont depuis peu franchi un torrent qui descend par une gorge étroite des collines voisines, qui semblent faire une digue cyclopéenne du nord au sud le long du Jourdain, rompue ça et là par des vallées étroites par lesquelles dégorgent les inévitables torrents. Il semble qu'un long feston de collines ait été mis par Dieu pour encadrer la grande vallée du Jourdain de ce côté-là. Je dirais même que c'est un feston monotone tant les arcs en sont égaux et montent à la même altitude. Le groupe apostolique se trouve entre les deux derniers torrents, qui en plus sont débordés près des rives du fleuve, et donc ont un lit plus grand, surtout celui du sud qui est imposant par la masse d'eau qu'il charrie des montagnes et dont les eaux troubles se précipitent avec fracas vers le Jourdain. Le fleuve, à son tour, fait entendre un bruit fantastique là où ses courbures naturelles, je pourrais dire ses étranglements continuels, ou l'arrivée d'un affluent, produisent un engorgement des eaux. Or Jésus est dans ce trapèze formé par les trois cours d'eau en crue et il n'est pas facile d'arracher ses jambes de ce bourbier.

L'humeur des apôtres est plus trouble que la journée. Et c'est tout dire. Chacun veut dire son avis. Et toute parole cache un reproche sous l'apparence d'un conseil. C'est l'heure des : "Je l'avais bien dit", "Si on avait suivi mon conseil", etc. etc., si blessants pour qui a commis une erreur, et qui est déjà si ennuyé de l'avoir faite.

Il se trouve quelqu'un pour dire : "Il valait mieux passer le fleuve à la hauteur de Pella et aller de l'autre côté qui est moins difficile", ou bien : "C'était bien de le prendre ce char ! Nous avons fait les braves, mais ensuite...", et encore : "Si on était resté sur les montagnes, on n'aurait pas eu cette boue !"

Jean dit : "Vous êtes les prophètes du passé. Qui pouvait prévoir cette persistance de la pluie ?"

"C'est la saison. On pouvait le prévoir" dit sentencieusement Barthélemy.

"Les autres années ce n'était pas ainsi avant Pâque. Je suis venu vers vous alors que le Cédron n'était certainement pas plein, et l'an dernier nous avons même eu de la sécheresse. Vous, qui vous lamentez, ne vous rappeliez-vous pas la soif dont nous avons souffert dans la plaine philistine ?" dit le Zélote.

"Hé ! C'est naturel Les deux sages le disent et le font entendre !" dit ironiquement Judas de Kériot.

"Tais-toi, je t'en prie. Tu ne sais que critiquer. Mais. au bon moment, quand il s'agit de parler à quelque pharisien ou quelqu’un de semblable, tu restes muet comme si tu avais la langue liée" dit le Thaddée fâché.

"Oui il a raison. Pourquoi n'as-tu pas répliqué un seul mot, dans le dernier village, à ces trois serpents ? Tu le savais que nous avons été aussi à Giscala et à Meiéron, respectueux et obéissants, et que là c’est Lui, justement Lui, qui a voulu y aller, car il honore le grands rabbins défunts. Mais tu n'as pas parlé ! Tu sais comment Lui exige de nous le respect pour la Loi et les prêtres. Mais tu n’as pas parlé ! C'est maintenant que tu parles. Maintenant, parce qu il s'agit de faire de l'ironie sur les meilleurs de nous et de critiquer ce que fait le Maître" poursuit André qui, habituellement patient, est aujourd’hui vraiment nerveux.

"Tais-toi. Judas a tort, lui qui est l'ami de nombreux, de trop nombreux samaritains..."
"Moi ? Qui sont-ils ? Dis leurs noms si tu peux."

"Oui ami. Tous les pharisiens, sadducéens, les puissants dont tu te vantes d'avoir l'amitié et qui te connaissent, cela se voit ! Moi. ils ne me saluent jamais. Mais toi, si."
"Tu en es jaloux ! Mais moi, je suis un du Temple et toi non."

"Grâce à Dieu, je suis un pêcheur. Oui. Et je m'en vante."

"Un pêcheur si sot qu'il n'a même pas su prévoir ce temps."

"Non ! Je l'ai dit : "Lune de Nisan, c'est de la pluie qui descend a pleins boisseaux" dit Pierre sentencieusement.

"Ah ! c'est là que je t'attendais ! Et toi, qu'en dis-tu, Jude d’Alphée Et toi André ? Même Pierre, le chef, critique le Maître !"

"Moi, je ne critique personne en vérité. Je cite un proverbe."

"Qui à bien l'entendre, est une critique et un reproche."

"Oui:,. Mais tout cela ne sert pas à assécher la terre, me semble-t-il. Maintenant nous y sommes et nous devons y rester. Gardons notre souffle pour sortir nos pieds de ce marécage" dit Thomas.

Et Jésus ? Jésus se tait. Il avance un peu en pataugeant dans la boue ou en cherchant des passages où l'herbe émerge. Mais même là, il suffit d'y marcher pour que l'eau gicle à mi-jambes, comme si le pied avait écrasé une vessie au lieu d'une touffe d’herbe. Il se tait, il les laisse parler, mécontents, tout à lait hommes, rien de plus que des hommes que le moindre dérangement rend irascibles et injustes.

Maintenant ils sont près du torrent qui est le plus au sud. Jésus voit passer le long de la rive inondée un homme sur un mulet. Il demande : "Où est le pont ?"

"Plus haut. J'y passe moi aussi. L'autre, en aval, le pont romain, est maintenant sous l'eau."

Un autre chœur de murmures... Mais ils se hâtent de suivre l'homme qui parle avec Jésus.

"Il te convient pourtant d'aller vers la montagne" dit-il, et il ajoute : "Reviens à la plaine quand tu vas trouver le troisième cours d'eau après le Yaloc. Alors tu seras près du gué. Mais fais vite, ne t'arrête pas car le fleuve monte d'heure en heure. Quelle mauvaise saison ! La gelée d'abord, et puis l'eau. Et ainsi abondante. C'est un châtiment de Dieu. Mais c'est juste ! Quand on ne lapide pas ceux qui blasphèment la Loi, Dieu punit. Et nous en avons de ces gens-là ! Tu es galiléen, n'est-ce pas ? Alors tu dois connaître celui de Nazareth que les bons abandonnent car il est la cause de tout le mal. Il attire la foudre par sa parole ! Les châtiments ! Il faut entendre ce que racontent de Lui ceux qui étaient avec Lui. Ils ont raison, les pharisiens de le poursuivre. Qui sait quel voleur c'est ! Il doit faire peur comme un Belzébuth. J'avais eu envie d'aller l'entendre car on m'avait dit d'abord beaucoup de bien de Lui. Mais... c'étaient des discours de ceux de sa bande. Tous des gens sans scrupules comme Lui. Les bons l'abandonnent et ils font bien. Moi, pour mon compte, je ne vais plus le voir. Et si le hasard l'amène près de moi, je Lui jette des pierres comme on en a le devoir pour les blasphémateurs."

"Lapide-moi, alors. Je suis Jésus de Nazareth. Je ne m'enfuis pas et je ne te maudis pas. Je suis venu racheter le monde en versant mon Sang. Me voici. Sacrifie-moi, mais deviens juste."

Jésus dit cela en ouvrant un peu les bras qu'il tend vers la terre. Il le dit lentement, doucement, et avec tristesse. Mais s'il l'avait maudit, il n'aurait pas tant impressionné l'homme, qui tire si brusquement les rênes que le mulet fait un écart et il s'en faut de peu qu'il ne tombe de la rive dans le fleuve en crue. Jésus saisit le mors et retient la bête à temps pour sauver l'homme et le mulet. L'homme ne cesse de répéter : "Toi ! Toi !..." et voyant le geste qui le sauve, il crie : "Mais je t'ai dit que je t'aurais lapidé... Tu ne comprends pas ?"

"Et Moi, je te dis que je te pardonne et même que je souffrirai pour toi, pour te racheter. C'est cela le Sauveur."

L'homme le regarde encore, talonne son mulet et part en vitesse. Il s'enfuit... Jésus baisse la tête...

Les apôtres éprouvent le besoin d'oublier la boue et la pluie et toutes les autres misères pour le consoler. Ils l'entourent et Lui disent : "Ne t'afflige pas ! Nous n'avons pas besoin de brigands, et celui-là en est un. Car seul un vaurien peut croire à des calomnies sur ton compte et avoir peur de Toi."

"Pourtant" disent-ils aussi "quelle imprudence, Maître ! Et s'il t'avait fait du mal ? Pourquoi dire que tu es Jésus de Nazareth ?"

"Parce que c'est la vérité... Allons vers les montagnes comme il l'a conseillé. Nous perdrons un jour, mais vous sortirez du marécage."

"Toi aussi" objectent-ils.

"Oh ! pour Moi cela ne compte pas. C'est le marécage des âmes mortes qui me peine" et deux larmes coulent de ses yeux.

"Ne pleure pas, Maître. Nous bougonnons, mais nous t'aimons bien. Si nous pouvions rencontrer ceux qui te dénigrent ! Nous te vengerions."

"Vous pardonneriez, comme Moi je pardonne. Mais laissez-moi pleurer. Je suis l'Homme, enfin ! Et d'être trahi, renié, abandonné, cela me donne de la douleur !"
"Regarde-nous, regarde-nous. Nous sommes peu nombreux et bons. Aucun de nous ne te trahira, ne t'abandonnera. Crois-le, Maître."

"Il ne faut pas même les dire certaines choses! C'est offensant pour notre âme de penser que nous puissions te trahir !" s'exclame l'Iscariote.

Mais Jésus est affligé. Il se tait et lentement des larmes coulent sur les joues pâles de son visage fatigué et amaigri.

Ils approchent des montagnes. "Nous monterons là-haut ou bien allons-nous côtoyer le pied ? Il y a des villages à mi-côte. Regarde. Des deux côtés du fleuve" Lui font-ils remarquer.

"La nuit descend. Cherchons à atteindre un village. Celui-ci ou celui-là, c'est indifférent."
Jude Thaddée qui a de très bons yeux, scrute les pentes. Il approche de Jésus et dit : "Au besoin, il y a des fentes dans la montagne. Tu les vois là-bas ? Nous nous y réfugions. Ce sera toujours mieux que dans la boue."

"Nous ferons du feu" dit André pour les remonter.

"Avec du bois humide ?" demande ironiquement Judas de Kériot.

Personne ne lui répond. Pierre murmure : "Je bénis l'Eternel qu'il n'y a avec nous ni les femmes, ni Margziam."

Ils passent le pont, vraiment préhistorique, qui est au fond de la vallée et en prennent le côté méridional en suivant un chemin muletier qui s'en va vers un village. La nuit descend rapidement, si bien qu'ils décident de se réfugier dans une vaste grotte pour échapper à une averse violente. C'est peut-être une grotte qui sert de refuge aux bergers, car il y a du fourrage et des ordures et un foyer grossier.

"Cela ne peut pas servir de lit. Mais pour faire du feu..." dit Thomas en montrant les ramilles souillées qui sont éparses sur le sol avec des fougères sèches et des branches de genévrier ou de plantes du même genre. Il les pousse avec un bâton vers le foyer, les amoncèle et y met le feu.

Il se dégage du feu une fumée puante mêlée à des odeurs de résine et de genévrier. Et pourtant elle est agréable cette chaleur, et tous font demi-cercle et, à la lumière mobile de la flamme, ils mangent du pain et du fromage.

"On pouvait pourtant essayer d'arriver au village" dit Mathieu qui est enroué et gelé.
"Oh ! écoutes ! pour recommencer l'histoire d'il y a trois soirs ? Ici, personne ne va nous chasser. Nous resterons assis sur ce bois et nous ferons du feu tant que nous pourrons. Maintenant que l'on y voit, il y en a du bois ! Regarde, regarde ! Et aussi de la paille !... C'est vraiment un bercail, certainement pour l'été ou pour la trans-migration. Et d'ici, où va-t-on ? Prends une branche allumée, André, je veux voir" commande Pierre qui tourne, en veine de découvertes. André obéit. Ils s'enfilent dans un étroit passage qui se trouve dans la paroi de la grotte.

"Faites attention qu'il n'y ait pas de vilaines bêtes !" crient les autres. "Ou des lépreux" dit le Thaddée.

Après un moment, la voix de Pierre arrive. "Venez ! Venez ! Ici, on est mieux. C'est propre et sec, et il y a des bancs de bois et du bois pour brûler. Mais c'est un palais de roi, pour nous ! Apportez des branches allumées pour que nous fassions du feu tout de suite."

Ce doit être réellement un abri pour les bergers. Cette partie est celle où les bergers se reposent et dorment, alors que dans l'autre veillent à tour de rôle ceux qui gardent le troupeau. C'est une excavation dans la montagne, beaucoup plus petite et peut-être faite de main d'homme, ou au moins agrandie et consolidée par des poteaux destinés à soutenir la voûte. Une chape de cheminée primitive communique avec la première grotte et permet l'évacuation de la fumée dans cette direction. Il y a des planches et de la paille le long des murs où sont enfoncés des pitons pour accrocher des lanternes, des vêtements ou des besaces.

"Mais cela va très bien ! Allons, faisons beaucoup de feu ! Nous serons au chaud et nous sécherons les manteaux. Enlevons les ceintures, faisons-en des cordes pour y pendre les manteaux" commande Pierre, et ensuite il ajuste les planches et la paille et il dit : "Et maintenant, à tour de rôle, on pourra dormir alors que quelqu’un entretiendra le feu pour que l'on puisse y voir et rester au chaud. Quelle grâce de Dieu !"
Judas murmure entre ses dents. Pierre se retourne fâché. "En comparaison de la grotte de Bethléem, où le Seigneur est né, celle-là est un palais de roi. Si Lui est né dans ces conditions, nous pourrons bien passer une nuit ici."

"Elle est même plus belle que les grottes d'Arbela. Là, de beau, il n'y avait que notre cœur, meilleur que maintenant" dit Jean qui se perd dans un souvenir mystique.
"Et encore bien meilleure que celle qui abrita le Maître quand il se préparait à la prédication" dit sévèrement le Zélote en regardant l'Iscariote comme pour lui dire de se taire.

Pour finir, Jésus dit : "Et elle est sans comparaison plus chaude et plus confortable que celle où j'ai fait pénitence pour toi, Judas de Simon, dans ce mois de Thébet"

"Pénitence pour moi ? Pourquoi ? Il n'en était pas besoin !"

"En vérité nous devrions, toi et Moi, passer la vie en pénitence pour te délivrer de tout ce qui t'alourdit. Et encore cela ne suffirait pas."

La sentence, exprimée avec calme mais avec tant de décision, tombe comme un coup de foudre sur le groupe effrayé... Judas baisse la tête et se retire dans un coin. Il n'a pas l'audace de réagir.

Après un moment, Jésus donne un ordre : "Moi, je vais veiller. Je m'occuperai du feu. Vous, dormez."

Et peu après, au pétillement du bois, s'unit la lourde respiration des douze apôtres fatigués, allongés sur les planches dans la paille. Jésus, lorsque la paille tombe et les laisse découverts, se lève et l'étend de nouveau sur les dormeurs, affectueux comme une mère. Et pourtant il pleure en contemplant dans leur sommeil les visages hermétiques de certains, ou paisibles, ou courroucés. Il regarde l'Iscariote qui semble ricaner même dans son sommeil, menaçant, les poings serrés... Il regarde Jean qui dort une main sous sa joue, le visage couvert par ses cheveux blonds, les joues rosées, tranquille comme un enfant au berceau. Il regarde le visage honnête de Pierre et celui sévère de Nathanaël, celui grêlé du Zélote, celui aristocratique de son cousin Jude, et il s'arrête longuement à regarder Jacques d'Alphée qui est un Joseph de Nazareth très jeune. Il sourit en entendant les monologues de Thomas et d'André, qui semblent parler au Maître. Il couvre copieusement Mathieu qui respire péniblement, en prenant encore de la paille pour le tenir au chaud et l'étend sur les pieds de Mathieu après l'avoir chauffée à la flamme. Il sourit en entendant Jacques qui proclame : "Croyez dans le Maître et vous aurez la Vie"... et il continue de prêcher à des personnages de rêve. Il se penche pour ramasser une bourse, où Philippe garde des souvenirs chers, en la replaçant doucement sous sa tête. Dans les intervalles, il médite et il prie...

Le premier qui se réveille c'est le Zélote. Il voit Jésus qui est encore près du feu allumé dans la grotte bien chaude. En voyant le tas de bois réduit à presque rien, il comprend qu'il s'est écoulé de longues heures. Il descend de son lit et, sur la pointe des pieds, il va vers Jésus : "Maître, ne viens-tu pas dormir? Moi, je vais veiller."

"C'est l'aube, Simon. Je suis sorti il y a un instant. J'ai vu le ciel qui déjà commence à blanchir."

"Mais pourquoi ne nous as-tu pas appelés ? Tu es las, Toi aussi !"

"Oh ! Simon ! J'avais tant besoin de penser... et de prier" et il appuie sa tête sur la poitrine de Simon.

Le Zélote, debout près de Lui qui est assis, le caresse et soupire. Il Lui demande : "Penser à quoi, Maître? Tu n'as pas besoin de penser. Tu sais tout."

"Penser non pas à ce que je dois dire, mais à ce que je dois faire. Je suis désarmé contre le monde astucieux car Moi, je n'ai pas la malice du monde et l'astuce de Satan. Le monde triomphe... et je suis si las..."

"Et affligé. Et nous y sommes pour quelque chose, bon Maître que nous ne méritons pas d'avoir. Pardonne-moi et pardonne à mes compagnons. Je te le dis pour tous."
"Je vous aime tant... Je souffre tant... Pourquoi si souvent vous ne me comprenez-pas ?"

Leur conversation éveille Jean qui est le plus près. Il ouvre ses yeux bleu clair et regarde étonné autour de lui, puis il se souvient et se lève aussitôt et il arrive derrière les deux qui parlent. Il entend ainsi les paroles de Jésus : "Pour que toute la haine et toutes les incompréhensions deviennent pour Moi un rien qui serait supportable, il me suffirait votre amour, votre compréhension... Au contraire vous ne me comprenez pas... Et c'est ma première torture. Elle est lourde ! Lourde ! Mais ce n'est pas votre faute. Vous êtes des hommes... Ce sera votre douleur de ne m'avoir pas compris quand vous ne pourrez plus réparer... A cause de cela, parce qu'alors vous expierez ce que vous avez de superficiel maintenant, de mesquin, d'étroit, je vous pardonne et je dis d'avance: "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font, ni la douleur qu'ils me donnent"

Jean se glisse par devant; il est à genoux et il embrasse les genoux de son Jésus affligé, et les larmes lui viennent aux yeux quand .il murmure : "Oh ! mon Maître !"

Le Zélote, qui a toujours sur sa poitrine la tête de Jésus, se penche pour baiser ses cheveux en disant : "Et pourtant nous t'aimons tant ! Mais nous voudrions avoir la possibilité de te défendre, de nous défendre, de triompher. Nous sommes humiliés de te voir homme, soumis aux hommes, aux intempéries, à la misère, à la méchanceté, aux besoins de la vie... Nous sommes sots. Mais c'est ainsi. Pour nous tu es le Roi, le Triomphateur, le Dieu. Nous n'arrivons pas à comprendre la sublimité de ton abnégation, de ta soumission à tant de choses pour notre amour. C'est que Toi seul, tu sais aimer. Nous, nous ne le savons pas..."

"Oui, Maître. Simon parle bien. Nous ne savons pas aimer comme aime Dieu : Toi. Et ce qui est infinie bonté, amour infini, nous le prenons pour de la faiblesse et nous en abusons... Augmente notre amour, augmente ton amour, Toi qui en es la source, fais-le déborder comme en ce moment débordent les fleuves, pénètre-nous, sature-nous de lui comme le sont les prés le long de la vallée. Il n'est pas nécessaire d'avoir la sagesse, la valeur, l'austérité, pour être parfaits comme tu nous veux. Il suffit d'avoir l'amour... Seigneur, moi, je m'en accuse au nom de tous : nous ne savons pas aimer."

"Vous deux, qui me comprenez davantage, vous vous accusez. Vous êtes l'humilité. Mais l'humilité est amour. Mais les autres aussi ne sont séparés de vous sur ce point que par une mince cloison. Et Moi, je l'abattrai. Car en effet, je suis Roi, Triomphateur et Dieu. Pour toujours. Mais maintenant je suis l'Homme. Mon front s'incline déjà sous le supplice de ma couronne. Cela a toujours été une couronne torturante que d'être l'Homme... Merci, mes amis. Vous m'avez consolé. Car cela a de bon d'être homme : avoir une mère aimante et des amis sincères. Maintenant réveillons les compagnons. Il ne pleut plus, les manteaux sont secs, les corps reposés. Mangez et partons."

Il élève la voix lentement mais le "partons" est un ordre précis. Tous se lèvent et regrettent d'avoir toujours dormi, pendant que Jésus veillait. Ils s'apprêtent, mangent, prennent les manteaux, éteignent le feu et sortent sur le sentier humide pour commencer la descente jusqu'à un chemin muletier qui suit la côte, suffisamment en pente pour ne pas être une mer de boue. La lumière est encore faible, pas de soleil et temps couvert. Mais elle suffit pour se diriger.

André et les deux fils d'Alphée sont tout à fait en avant. A un certain moment ils se penchent, regardent et reviennent en courant. "Il y a une femme ! Elle semble morte ! Elle barre le sentier."

"Oh ! quel ennui ! On commence mal. Comment va-t-on faire ? Maintenant il va aussi falloir se purifier !" Les premiers murmures de la journée.

"Allons voir nous si elle est morte" dit Thomas à Judas Iscariote.

"Moi je n'y vais absolument pas" répond l'Iscariote.

"Je viens avec toi, Thomas" dit le Zélote et il va en avant. Ils l'approchent, se penchent et Thomas revient en arrière courant et criant.

"Elle est assassinée, peut-être" dit Jacques de Zébédée.

"Ou bien elle est morte de froid" répond Philippe.

Mais Thomas les rejoint et il crie : "Elle a le vêtement décousu des lépreux..." et il semble avoir vu le diable tant il est effaré.

"Mais elle est morte ?" demandent-ils.

"Qui peut savoir ! Moi, je me suis échappé."

Le Zélote se relève et s'empresse d'aller vers Jésus. Il dit : "Maître, une sœur lépreuse. Je ne sais pas si elle est morte. On ne dirait pas. Il me semble que le cœur bat encore."
"Tu l'as touchée ?!" crient plusieurs en s'éloignant.

"Oui. Je n'ai pas peur de la lèpre, depuis que j'appartiens à Jésus. Et j'ai pitié, car je sais ce que c'est que d'être lépreux. Peut-être la malheureuse a-t-elle été frappée, car elle saigne de la tête. Peut-être elle était descendue chercher de la nourriture. C'est terrible, savez-vous, de mourir de faim et d'être obligé de défier les hommes pour avoir un pain."

"Elle est très abîmée?"

"Non. Je ne sais pas comment elle est parmi les lépreux. Elle n'a pas de squames, ni de plaies, ni de gangrène. Elle l'est peut-être depuis peu. Viens, Maître, je t'en prie. Comme pour moi, aie pitié de la sœur lépreuse !"

"Allons. Donnez-moi du pain, du fromage et le peu de vin qui nous reste."

"Tu ne vas pas la faire boire là où nous buvons !" crie l'Iscariote terrorisé.
"Ne crains pas, elle boira dans ma main. Viens, Simon."

Ils s'approchent... mais la curiosité attire aussi les autres. Sans plus se soucier des feuilles mouillées et qui font pleuvoir de l'eau des branches qu'ils remuent, ni de la mousse trempée, ils montent sur la côte pour voir sans s'approcher de la femme. Ils voient Jésus qui se penche, la prend par-dessous les bras, la transporte et la fait asseoir contre un rocher. Elle laisse aller sa tête comme si elle était morte.

"Simon, relève-lui la tête que je puisse faire descendre dans sa gorge un peu de vin."
Le Zélote obéit sans crainte et Jésus, tenant élevée la courgette, fait tomber des gouttes de vin entre les lèvres blêmes et entrouvertes. Il dit : "Elle est gelée, la malheureuse ! Et elle est toute trempée."

"Si elle n'était pas lépreuse, nous pourrions l'amener ou nous étions" dit André compatissant.

"Il ne manquerait plus que cela !" dit Judas furieux.

"Mais si elle n'est pas lépreuse ! Elle n'a pas de trace de lèpre."

"Elle a le vêtement. Cela suffit."

Pendant ce temps le vin agit. La femme pousse un soupir fatigué. Jésus, voyant qu'elle avale, lui en fait couler une gorgée dans la bouche. La femme ouvre deux yeux embués et épouvantés. Elle voit des hommes. Elle essaye de se lever et de fuir en criant : "Je suis infectée ! Je suis infectée !" Mais les forces lui manquent. Elle se couvre le visage avec les mains. Elle gémit : "Ne me lapidez pas ! Je suis descendue parce que j'ai faim... Cela fait trois jours que personne ne m'a rien jeté..."

"Voici du pain et du fromage. Mange. N'aie pas peur. Bois un peu de vin dans ma main" dit Jésus en se versant dans le creux des mains un peu de vin et en le lui donnant.

"Mais tu n'as pas peur ?" demande la malheureuse stupéfaite.

"Je n'ai pas peur" répond Jésus. Et il sourit en se levant, mais il reste près de la femme qui mange avidement le pain et le fromage.

Elle semble un fauve affamé. Elle halète dans l'anxiété de se nourrir.

Puis, une fois apaisé le désir animal de ses viscères vides, elle regarde tout autour...

Elle compte à haute voix : "Un... deux... trois... treize... Mais alors ?... Oh ! qui est le Nazaréen ? Toi, n'est-ce pas ? Toi seul peut avoir pitié d'une lépreuse, comme tu l'as eue !..." La femme se met à genoux difficilement à cause de sa faiblesse.
"C'est Moi, oui. Que veux-tu ? Guérir ?"

"Oui... Mais auparavant je dois te dire une chose... J'avais entendu parler de Toi. Quelques passants m'en avaient parlé il y a tellement longtemps... Tellement ? Non. C'était l'automne. Mais pour un lépreux... chaque jour vaut une année... J'aurais voulu te voir, mais comment aurais-je pu venir en Judée, en Galilée ? On m'appelle "lépreuse". Mais j'ai seulement une plaie à la poitrine, et elle m'a été donnée par mon mari qui m'a prise vierge et saine, mais lui n'était pas sain. Mais c'est un grand... et il a tout pouvoir. Même celui de dire que je l'avais trahi en venant à lui malade et de me répudier ainsi pour prendre une autre femme dont il était amoureux. Il m'a dénoncée comme lépreuse et comme je voulais me disculper, on m'a jeté des pierres. Était-ce juste, Seigneur ? Hier soir un homme est passé par Betjaboc, annonçant que tu venais et qu'il allait à ta rencontre pour te chasser. Moi, j'étais là... étant descendue jusqu'aux maisons parce que j'avais faim. J'aurais fouillé dans le fumier pour me rassasier... Moi qui avais été une "dame" j'aurais cherché à prendre aux poules un peu de pâtée aigrie..."

Elle pleure... Puis elle reprend : "L'angoisse de te trouver, pour Toi, pour te dire : "Fuis !"; pour moi, pour te dire: "Pitié !" m'a fait oublier que, contrairement à notre loi, les chiens, les porcs, les poulets vivent près des maisons d'Israël, mais que le lépreux ne peut descendre demander un pain, pas même une femme qui n'a de lépreux que le nom. Et je me suis avancée pour demander où tu étais. Ils ne m'ont pas vue tout de suite dans l'ombre, et ils m'ont dit : "II monte par la berge du fleuve". Mais ensuite ils m'ont vue et ils m'ont jeté des pierres au lieu de pain. Je suis accourue pendant la nuit pour venir à ta rencontre, pour fuir les chiens. J'avais faim, j'avais froid, j'avais peur. Je suis tombée là où tu m'as trouvée. Ici. J'ai cru mourir. Au contraire je t'ai rencontré, Toi. Seigneur, je ne suis pas lépreuse, mais c'est cette plaie à la mamelle qui m'empêche de revenir parmi les vivants. Je ne demande pas de redevenir Rose de Jéricho comme du temps de mon père, mais au moins de vivre parmi les hommes et de te suivre. Ceux qui m'ont parlé en octobre m'ont dit que tu avais des femmes disciples et que tu étais avec elles... Mais, d'abord, sauve-toi. Ne meurs pas, Toi qui es bon !"

"Moi, je ne mourrais pas tant que ce ne sera pas l'heure. Va là-bas à ce rocher. Il y a une grotte sûre. Repose-toi et ensuite va trouver le prêtre."

"Pourquoi, Seigneur ?" la femme tremble d'anxiété.

Jésus sourit : "Redeviens la Rose de Jéricho qui fleurit dans le désert et qui vit toujours même si elle paraît morte. Ta foi t'a guérie."

La femme entrouvre son vêtement sur la poitrine, elle regarde et elle crie : "Plus rien ! Oh ! Seigneur, mon Dieu !" et elle tombe le front contre terre.

"Donnez-lui du pain et de la nourriture. Et Toi, Mathieu, donne-lui une paire de tes sandales. Moi, je vais lui donner un manteau pour qu'elle puisse aller trouver le prêtre quand elle se sera restaurée. Donne-lui aussi l'obole, Judas, pour les dépenses de la purification. Nous l'attendrons au Gethsémani pour la donner à Élise. Elle m'a demandé une fille."

"Non, Seigneur, je ne me repose pas. Je vais tout de suite, tout de suite."

"Descends au fleuve, alors, lave-toi, mets le manteau..."

"Seigneur" dit le Zélote "je vais le donner à la lépreuse. Permets-le-moi et je la conduirai à Élise. Je guéris une seconde fois, en me revoyant en elle, heureux."

"Qu'il en soit comme tu veux. Donne-lui ce qu'il lui faut. Femme, écoute bien: tu iras te purifier et puis tu iras à Béthanie, tu chercheras Lazare et tu lui diras qu'il te prenne chez lui jusqu'à mon arrivée. Va en paix."

"Seigneur ! Quand pourrai-je te baiser les pieds ?"

"Bientôt. Va. Mais sache que seul le péché me donne de la répulsion. Et pardonne à ton époux, parce que c'est par son intermédiaire que tu m'as trouvé."

"C'est vrai. Je lui pardonne. Je pars... Oh ! Seigneur ! Ne t'arrête pas ici où l'on te hait. Pense que j'ai marché épuisée pendant une nuit pour venir te le dire et, si au lieu de te trouver j'en avais trouvé d'autres, je pouvais être lapidée comme un serpent."

"Je m'en souviendrai. Va, femme. Brûle le vêtement. Accompagne-la, Simon. Nous vous suivrons. Au pont, nous vous rejoindrons."

Ils se séparent.

"Maintenant, pourtant, il faut nous purifier. Nous sommes tous impurs."
"Elle n'était pas lépreuse, Judas de Simon. C'est moi qui te le dis."

"Eh bien, moi, je me purifierai. Je ne veux pas d'impureté sur moi."

"Lys candide !" s'écrie Pierre. "Si le Seigneur ne s'estime pas impur, veux-tu l'être toi ?"
"Et pour une femme dont le Seigneur affirme qu'elle n'était pas lépreuse ? Mais qu'avait-elle, Maître ? Tu as vu la plaie ?"

"Oui. Le fruit de la luxure d'un homme. Mais elle n'était pas lépreuse, et si l'homme avait été honnête, il ne l'aurait pas chassée, car il était plus malade qu'elle. Mais tout sert aux luxurieux pour rassasier leur faim. Toi, Judas, si tu veux, tu peux aller. Nous nous retrouverons au Gethsémani. Et purifie-toi ! Purifie-toi ! Pourtant la première des purifications c'est la sincérité. Tu es hypocrite. Souviens-t-en. Mais tu peux aller."

"Non, je reste ! Puisque tu le dis, je le crois. Je ne suis donc pas impur et je reste avec Toi. Tu veux dire que je suis luxurieux et que je profitais de l'occasion pour... Je te prouve que c'est Toi mon amour."

Ils descendent rapidement.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-050.htm
Tome / 5/50

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Jzosu192



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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 24 Juil - 7:18

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le miracle du Jourdain en crue"

Finalement je puis écrire ce qui occupe ma vision mentale et mon audition mentale depuis le début de l'aube de ce matin. Cela me fait souffrir à cause de l'effort que je fais pour entendre les choses extérieures et les affaires de la maison, alors que je dois voir et entendre les choses de Dieu, et que je ne puis supporter autre chose que ce que voit mon esprit.
Quelle patience il me faut pour... ne pas perdre la patience quand j'attends le moment de dire à Jésus : "Me voilà! Maintenant tu peux aller de l'avant" !

Car, je l'ai dit plusieurs fois et je le répète, quand je ne puis continuer ou commencer le récit de ce que je vois, alors la scène s'arrête dès le début ou bien au point où je suis interrompue, pour se dérouler ensuite de nouveau quand je suis libre de la suivre. Je crois que c'est Dieu qui veut cela pour éviter des omissions ou des erreurs de détail, chose qui pourrait m'arriver si j'écrivais quelque temps après avoir vu.
J'affirme en conscience que ce que j'écris, parce que je le vois ou je l'entends, je l'écris pendant que je le vois ou l'entends.
Voici donc ce que je vois depuis ce matin, et celui qui m'avertit intérieurement me dit que c'est le début d'une longue et belle vision.


**********
Jésus, par un temps de chien, va par un chemin de terre extrêmement boueux. La route est un petit ruisseau de boue qui gicle à chaque pas, une boue jaunâtre, collante, glissante comme du savon mou, qui s'attache aux sandales, les aspire comme une ventouse, et en même temps fuit sous elles, en rendant la marche pénible par suite des glissades continuelles.

Il doit avoir plu et replu les jours précédents et le ciel annonce encore de la pluie. Il est bas, couleur de plomb, parcouru par des nuages épais que pousse le sirocco ou le vent grec, si épais que dans la bouche l'air semble un corps douceâtre comme enduit de miel. Il ne soulage pas ce souffle de vent syncopé qui courbe les herbes et les branches et, après qu'il soit passé, tout revient à la lourde immobilité de la chaleur orageuse. De temps à autre un nuage crève, et de grosses gouttes chaudes comme si elles venaient d'une douche tiède, descendent pour faire des bulles dans la boue qui gicle encore plus sur les vêtements et les jambes.

Le bas des tuniques, bien que Jésus et les siens les aient relevées en les faisant remonter jusqu'à la taille à l'aide du cordon qui les retient à la ceinture, est tout éclaboussé par la boue, très humide en bas, presque sèche dans les taches plus hautes. Vêtements et manteaux, même ceux que l'on porte le plus haut possible en les tenant pliés au milieu pour les garder propres et pour se mettre doublement à l'abri des averses courtes mais violentes, en sont tout salis. Les pieds et les jambes jusqu'à mi-jambe semblent avoir une épaisse chaussette de laine imprégnée de boue et qui s'y est incrustée.

Les disciples se plaignent un peu du temps et du chemin et, soit dit en passant, également de la volonté peu... hygiénique du Maître, d'aller par un temps pareil.

Jésus semble ne pas entendre, mais il entend. Deux ou trois fois il se retourne un peu — ils marchent presque en file indienne pour tenir le côté gauche du chemin un peu plus élevé que le côté droit et pour cette raison moins boueux — il se retourne pour les regarder, mais ne parle pas.

La dernière fois, c'est le plus âgé des disciples qui dit : "Oh ! pauvre de moi ! Avec cette humidité qui sèche sur moi, je vais en sentir des douleurs ! Je suis vieux moi ! Je n'ai plus trente ans !"

Et Matthieu lui aussi bougonne : "Et moi, alors ? Moi, je n'étais pas habitué... Quand il pleuvait à Capharnaüm, tu le sais bien Pierre, je ne sortais pas de ma maison. Je mettais des commis au comptoir de la gabelle et eux m'amenaient ceux qui devaient payer. J'avais organisé un vrai service dans ce but. Oui... et puis qui se déplaçait par mauvais temps ? Hum ! Quelque mélancolique. Marchés et voyages, on les fait par beau temps..."
"Taisez-vous ! Il entend !" dit Jean.

"Mais non, il n'entend pas. Il pense, et quand il pense... c'est comme si on n'existait pas" dit Thomas.

"Et quand il décide une chose, même les plus juste remarques ne le font pas changer d'avis. Il veut faire ce qu'il veut. Il ne se fie qu'à Lui-même. Ce sera sa ruine. S'il m'écoutait un peu... Moi, je sais tant de choses !" dit Judas avec sa suffisance de débrouillard et sa prétention d'être "plus que les autres".

"Que sais-tu ?" demande Pierre qui tout à coup devient rouge comme un coq. "Tu sais tout ! Quels amis as-tu ? Tu es peut-être un grand d'Israël ? Mais, allons donc ! Toi aussi tu es un pauvre homme comme les autres et moi. Un peu plus beau... Mais la beauté de la jeunesse est une fleur qui ne dure qu'un jour ! Moi aussi, j'étais beau !"
Un frais éclat de rire de Jean traverse l'air. Les autres aussi rient et se moquent un peu de Pierre à cause de ses rides, de ses jambes un peu écartées comme celles de tous les marins, ses yeux un peu bovins et rougis par les vents du lac.

"Riez donc, mais c'est ainsi. Et puis, ne m'interrompez pas. Dis toi, Judas. Quels amis as-tu ? Que sais-tu ? Pour savoir ce que tu fais comprendre, tu dois avoir des amis parmi les ennemis de Jésus. Et celui qui a des amis parmi les ennemis, c'est un traître. Hé ! mon garçon ! Fais attention si tu tiens à ta beauté ! Car s'il est vrai que je ne suis plus beau, il est vrai aussi que je suis encore fort, et je n'aurais pas de mal à te casser les dents ou à te crever un œil" dit Pierre.

"Quelles façons de parler ! C'est vraiment d'un grossier pêcheur !" dit Judas avec le mépris d'un prince offensé.

"Parfaitement, et je m'en vante. Pêcheur, mais franc comme mon lac qui, s'il veut faire une tempête, ne dit pas : "Je vais faire une bonace", mais il a un certain frisson et il met comme témoins à la voûte des deux certains amas de nuages. Il suffit de ne pas être idiot ou ivre pour comprendre l'avertissement et agir en conséquence. Toi... tu ressembles à cette boue qui paraît solide et, regarde" (et d'un coup de pied énergique, il fait gicler la boue jusqu'au menton du bel Iscariote).

"Mais, Pierre ! Ces façons d'agir sont indignes ! C'est là tout le fruit des paroles du Maître sur la charité !"

"Et aussi pour toi sur l'humilité et la sincérité. Allons ! Crache ce que tu sais. Que sais-tu ? Est-ce vrai que tu sais ou bien tu te donnes des airs pour faire croire que tu as des amis puissants ? Pauvre ver que tu es !"

"Ce que je sais, je le sais, et je ne viendrai pas te le dire, pour amener des rixes qui te plairaient, galiléen que tu es. Je répète que si le Maître était moins têtu, ce serait un grand bien. Et aussi moins violent. Les gens se lassent de s'entendre offenser."

"Violent ? Mais s'il l'était, il devrait te faire voler dans le fleuve, tout de suite. Un beau vol par-dessus ces arbres. Ainsi tu te laverais la boue qui te salit la figure. Si cela pouvait servir à te laver le cœur qui, si je ne me trompe, doit être plus encroûté que mes jambes boueuses." En effet Pierre, très poilu et de petite taille, a les jambes plutôt boueuses. Lui et Matthieu ne sont que glaise presque jusqu'aux genoux.

"Mais, enfin, finissez-en !" dit justement Matthieu.

Jean qui a remarqué que Jésus ralentissait, soupçonne qu'il a entendu et, hâtant le pas, il dépasse deux ou trois compagnons, le rejoint, se met à son côté et il l'appelle : "Maître !" doucement comme toujours et avec son regard d'amour, en relevant la tête parce qu'il est plus petit et qu'il se tient sur le milieu du chemin alors que les autres cheminent sur la berge plus élevée.

"Oh ! Jean! Tu m'as rejoint ?" Jésus lui sourit.

Jean, en étudiant affectueusement et aussi avec crainte le visage du Maître pour se rendre compte s'il a entendu, répond : "Oui, mon Maître. Veux-tu de moi ?"

"Toujours je te veux. Je vous voudrais tous, et avec ton cœur ! Mais si tu marches là où tu es, tu vas finir de te tremper."

"Peu m'importe, Maître ! Rien ne m'importe que de rester près de Toi !"

"Tu veux rester toujours avec Moi ? Tu ne penses pas que je suis imprudent et que je puis vous mettre dans l'embarras, vous aussi. Tu ne te sens pas offensé parce que je ne suis pas tes conseils ?"

"Oh ! Maître ! Alors tu as entendu ?" Jean est consterné.

"J'ai tout entendu, dès les premières paroles. Mais ne t'en afflige pas. Vous n'êtes pas parfaits. Je le savais quand je vous ai pris. Et je ne prétends pas que vous le deveniez rapidement. Vous devez d'abord passer de l'état sauvage à l'état domestique au moyen de deux greffes..."

"Lesquelles, Maître ?"

"L'une de sang et l'autre de feu. Après, vous serez des héros du Ciel et vous convertirez le monde, en commençant par vous."

"De sang ? De feu ?"

"Oui, Jean. Le Sang : le mien..."

"Non, Jésus !" Jean l'interrompt en gémissant.

"Du calme, ami. Ne m'interromps pas. Écoute, toi le premier, ces vérités. Tu le mérites. Le Sang : le mien. Tu le sais. C'est pour cela que je suis venu. Je suis le Rédempteur... Pense aux prophètes. Ils n'ont pas omis un iota quand ils ont décrit ma mission. Je serai l'Homme décrit par Isaïe. Et quand j'aurai perdu mon Sang, c'est Lui qui vous fécondera. Mais je ne me bornerai pas à cela. Vous êtes tellement imparfaits et faibles, fermés et craintifs, que Moi, glorieux à côté de mon Père, je vous enverrai le Feu, la Force qui procède du fait que je suis engendré par le Père et qui lie le Père et le Fils par un anneau indissoluble, en faisant d'Un, Trois : la Pensée, le Sang, l’Amour. Quand l'Esprit de Dieu, mieux l'Esprit de l'Esprit de Dieu, la Perfection des Perfections divines, viendra sur vous, vous ne serez plus ce que vous êtes. Mais nouveaux, puissants, saints... Mais pour l'un de vous, le Sang ne sera rien et le Feu ne sera rien, car le Sang aura eu pour lui le pouvoir de le damner et il connaîtra éternellement un autre feu dans lequel il brûlera vomissant du sang et avalant du sang, parce qu'il verra du sang partout où il posera son regard mortel ou son regard spirituel du moment qu'il aura trahi le Sang d'un Dieu."

"Oh ! Maître ! Qui est-ce ?"

"Tu le sauras un jour. Maintenant ignore-le. Et par charité, ne cherche même pas à savoir. Essayer de savoir suppose que l'on soupçonne. Tu ne dois pas soupçonner tes frères, car le soupçon est déjà un manque de charité."

"Il me suffit que tu m'assures que ce ne sera pas moi le traître, ni Jacques."

"Oh ! pas toi ! Ni non plus Jacques. Tu es mon réconfort, brave Jean !" et Jésus lui passe un bras autour de l'épaule et il l'attire à Lui, et ils marchent ainsi embrassés.
Ils se taisent pendant un moment. Les autres aussi se taisent maintenant. On n'entend que le bruit des pas sur la terre.

Puis un autre bruit se fait entendre. Le bruit d'un bouillonnement, je dirais le lourd ronflement d'un catarrheux. Un bouillonnement monotone, interrompu de temps en temps par de légers éclatements.

"Tu entends ? dit Jésus. Le fleuve est proche."

"Mais nous n'arriverons au gué qu'à la nuit. La nuit va bientôt tomber."

"Nous dormirons dans une cabane. Et demain nous passerons. J'aurais voulu arriver plus tôt car le niveau monte d'heure en heure. Tu entends ? Les roseaux des rives se brisent sous le poids des eaux de la crue."

"Ils t'ont tant retenu dans ces villages de la Décapole ! Nous le disions à ces malades : "Une autre fois !" mais..."

"Mais celui qui est malade veut guérir, Jean. Et Celui qui a pitié guérit tout de suite, Jean. N'importe. Nous passerons quand même. Je veux faire l'autre rive avant de revenir à Jérusalem pour la Pentecôte."

Ils se taisent de nouveau. La nuit descend avec la rapidité des jours de pluie. La marche, dans le crépuscule de plus en plus obscur, devient encore plus difficile. Les arbres aussi, qui sont le long du chemin, augmentent l'obscurité avec leur frondaison.
"Passons de l'autre côté du chemin. Nous sommes maintenant tout près du gué. Nous chercherons une cabane."

Ils traversent, suivis des autres. Ils franchissent un fossé boueux, plutôt de la boue que de l'eau, qui va en bruissant se jeter dans le fleuve. Presque à tâtons, ils passent d'un arbre à l'autre en se dirigeant vers le fleuve dont la rumeur devient plus proche et plus forte.

Un premier rayon de lune perce les nuages, passe entre deux nuages et descend en faisant briller l'eau boueuse du Jourdain, très gonflé et très large en ce point. Ce n'est plus le beau fleuve tranquille et couleur d'azur, dont les eaux calmes et basses laissent à découvert le sable fin de la grève sur les bords, là où commencent les roseaux dont on entend toujours le frémissement. Maintenant l'eau a tout envahi et les premiers roseaux, courbés, brisés et submergés, ne se voient plus. Tout au plus un ruban de feuilles ondule à fleur d'eau et semble faire un signe d'adieu ou un appel de détresse. L'eau est déjà aux pieds des premiers arbres. Je ne connais pas ces arbres. Ils sont grands et feuillus, formant une sorte de muraille épaisse, sombre dans l'obscurité de la nuit. Quelques saules plongent dans l'eau jaunâtre les extrémités de leurs chevelures défaites.

"Ici, il n'est plus guéable" dit Pierre.

"Ici, non. Mais vois là bas, on passe encore" dit André.

En effet, deux quadrupèdes passent le fleuve avec précaution. L'eau arrive au ventre des animaux.

"S'ils passent, les barques passeront aussi."

"Et cependant il vaut mieux passer tout de suite, même de nuit. Les nuages se sont dissipés et il y a de la lune. Ne laissons pas passer le moment. Cherchons s'il y a une barque..." Et Pierre jette par trois fois un cri prolongé et plaintif : "Oh... hé !"
Pas de réponse.

"Allons plus bas jusqu'au gué. Melchias doit y être avec ses fils. C'est la bonne saison pour lui. Il nous passera."

Ils marchent le plus rapidement qu'ils peuvent sur le sentier étroit qui côtoie le fleuve, qui le frôle presque.

"Mais n'est-ce pas une femme ?" dit Jésus en regardant les deux personnes qui maintenant ont passé le fleuve avec leurs chevaux et sont arrêtés sur le sentier.
"Une femme ?" Pierre et les autres voient mal et ne distinguent pas si c'est un homme ou une femme, cette forme sombre qui est descendue de cheval et attend.

"Oui, c'est une femme. C'est... c'est Marie. Regardez maintenant qu'elle est dans le rayon de lune."

"C'est bon pour Toi qui y vois clair. Tu as de bons yeux !"

"C'est Marie. Que peut-elle vouloir ?" et Jésus crie : "Marie !»

"Rabbouni ! C'est Toi ? Dieu soit loué que je t'ai trouvé !" et Marie court comme une gazelle vers Jésus. Je ne sais pas comment elle ne bute pas dans le sentier accidenté. Elle a laissé tomber un premier manteau très lourd et maintenant elle avance avec son voile et un manteau plus léger enroulé autour du corps sur son vêtement sombre.
Quand elle rejoint Jésus, elle tombe à ses pieds sans s'occuper de la boue. Elle est haletante mais heureuse. Elle répète : "Gloire à Dieu qui m'a fait te trouver !"

"Pourquoi, Marie ? Qu'arrive-t-il ? Tu n'étais pas à Béthanie ?"

"J'étais à Béthanie avec ta Mère et les femmes, comme tu l'avais dit... Mais je suis venue à ta rencontre... Lazare ne le pouvait pas car il souffre beaucoup... Alors je suis venue avec le serviteur..."

"Toi, en voyage seule avec un garçon et en cette saison !"

"Oh ! Rabbouni ! tu ne voudras pas me dire que tu penses que j'ai peur. Je n'ai pas eu peur de faire tant de mal... Je n'ai pas peur maintenant de faire le bien."

"Et alors, pourquoi es-tu venue ?"

"Pour te dire de ne pas passer.... De l'autre côté, ils t'attendent pour te faire du mal... Je l'ai su... Je l'ai su par un hérodien qui autrefois... qui autrefois m'aimait... Qu'il l'ait dit par amour, encore, ou par haine, je ne sais... Je sais qu'avant avant hier, il m'a vue à travers la grille et il m'a dit : "Sotte Marie, tu es en train d'attendre ton Maître ? Tu fais bien car ce sera la dernière fois. À son passage en Judée, on va le prendre. Regarde-le bien, et puis échappe-toi, car il n'est pas prudent d'être près de Lui, maintenant..." Alors... tu peux penser avec quel cœur... je me suis informée... Tu sais... j'en ai connu beaucoup... et tout en me traitant de folle ou de... possédée, ils me parlent encore... J'ai su que c'était vrai. Alors j'ai pris deux chevaux et je suis venue, sans rien dire à ta Mère... pour ne pas l'affliger. Éloigne-toi... éloigne-toi tout de suite, Maître. S'il savent que tu es ici, au-delà du Jourdain, ils vont y venir. Et Hérode aussi te cherche... Tu es trop près de Machéronte, désormais. Éloigne-toi, éloigne-toi par pitié, par pitié, Maître !..."

"Ne pleure pas, Marie..."

"J'ai peur, Maître !"

"Non ! Peur, toi assez courageuse pour passer le fleuve en pleine nuit !..."
"Mais cela c'est un fleuve et ces gens sont tes ennemis et ils te haïssent... C'est de leur haine pour Toi que j'ai peur... Car je t'aime, Maître."

"Ne crains pas. Ils ne me prendront pas encore. Ce n'est pas mon heure. Même s'ils mettaient des troupes et des troupes de soldats le long de tous les chemins, ils ne me prendraient pas. Ce n'est pas mon heure. Mais je ferai comme tu veux. Je reviendrai en arrière..."

Judas marmotte confusément quelque chose et Jésus répond : "Oui, Judas, exactement comme tu dis. Mais exactement pour la première partie de ta phrase. Je lui donne raison, oui, je lui donne raison, mais non pas parce que c'est une femme, comme tu l'insinues, mais parce que c'est celle qui a le plus avancé sur le chemin de l'amour. Marie, retourne à la maison tant que tu le peux. Moi, je reviendrai en arrière et je passerai... où je pourrai, et j'irai en Galilée. Viens, avec ma Mère et les autres, à Cana dans la maison de Suzanne. Là, je vous dirai ce qu'il faudra faire. Va en paix, bénie. Dieu est avec toi."

Jésus lui met la main sur la tête, la bénissant ainsi. Marie prend les mains du Christ et elle les baise et puis elle se relève et s'en retourne. Jésus la regarde aller, il la regarde ramasser son gros manteau et se le remettre et puis rejoindre le cheval et y monter pour reprendre le gué et passer.

"Et maintenant partons, dit-il. Je voulais vous faire reposer, mais je ne puis. J'ai soin de votre sauvegarde, quoiqu'on pense Judas .Et croyez bien que si vous tombiez aux mains de mes ennemis, ce serait pire pour votre santé que l'eau et la boue..."

Tous baissent la tête en comprenant le reproche caché et qui leur est donné pour répondre à leurs précédentes conversations.

Ils marchent, marchent, marchent pendant toute la nuit, entre les éclaircies et les courtes averses. Une aube livide les surprend près d'un tout petit village qui s'étend près du fleuve avec ses masures boueuses. Le fleuve est un peu moins large qu'au gué. Des barques sont tirées au sec jusque derrière les habitations pour les garder de la crue.

Pierre lance son cri : "Oh!... hé !"

Il sort d'une masure un homme robuste mais âgé. "Que veux-tu ?"

"Des barques pour passer."

"Impossible ! Le fleuve est trop plein... Le courant..."

"Hé, ami ! À qui le dis-tu ? Je suis pêcheur de Galilée."

"La mer c'est une chose... mais ici, c'est le fleuve... je ne veux pas perdre la barque. Et puis... je n'en ai qu'une, et toi, avec les tiens, vous êtes nombreux."

"Menteur ! Tu veux me dire que tu n'as qu'une barque ?"

"Que mes yeux se dessèchent si je mens, moi...."

"Prends garde qu'ils ne se dessèchent pas réellement. Lui est le Rabbi de Galilée qui donne des yeux aux aveugles et qui... peut te satisfaire en desséchant les tiens..."
"Miséricorde ! Le Rabbi ! Pardonne-moi, Rabbouni!"

"Oui. Mais ne mens jamais. Dieu aime ceux qui sont sincères. Pourquoi dire que tu n'as qu'une barque quand tout le pays peut te démentir ? C'est trop humiliant pour un homme de mentir et d'être démasqué ! Me donnes-tu tes barques?"

"Toutes, Maître."

"Combien en faut-il, Pierre ?"

"En temps normal, deux suffiraient. Mais avec la crue la manœuvre est plus difficile, et il en faudrait trois."

"Prends-les, pêcheur. Mais comment ferai-je pour les récupérer ?"

"Viens dans une. N'as-tu pas des fils ?"

"J'ai un fils et deux gendres et des petits-fils."

"Deux par barque suffiront pour le retour."

"Allons."

L'homme appelle les autres et avec l'aide de Pierre, André, Jacques, Jean, ils mettent les barques à l'eau. Le courant est fort et tend à les entraîner tout de suite. Les cordes qui les retiennent aux arbres les plus proches sont tendues comme celles d'un arc et grincent par l'effort. Pierre regarde. Il regarde les barques, regarde le fleuve, il regarde et il hoche la tête et passe la main dans ses cheveux grisonnants, puis il donne à Jésus un coup d’œil curieux.

"Tu crains, Pierre ?"

"Hé !... presque, presque..."

"Ne crains pas. Aie foi. Et toi aussi, homme. Celui qui porte Dieu et ses envoyés ne doit pas craindre. Embarquons. Moi dans la première barque."

Le propriétaire des barques fait un geste résigné. Il doit penser qu'est venue sa dernière heure et celle de ses parents. Il doit au moins penser qu'il va perdre les barques ou s'en aller à la dérive.

Jésus est déjà dans la barque, debout à la proue. Les autres embarquent avec Lui et dans les autres barques. Reste seul à terre un petit vieux, le garçon peut-être, qui surveille les amarres.

"Nous y sommes ?"

"Nous y sommes."

"Les rames sont prêtes ?"

"Prêtes."

"Largue, toi, de la rive."

Le petit vieux détache les amarres de la cheville qui les tenait près du tronc. Les barques, au fur et à mesure qu'on les détache, font une embardée vers le sud, dans le sens du courant. Mais Jésus a son visage de miracle.

Ce qu'il dit au fleuve, je ne le sais pas. Je sais que le courant s'arrête presque. Il n'a que le mouvement lent du Jourdain quand il n'est pas en crue. Les barques coupent le courant sans effort, et même avec une rapidité qui doit étonner le propriétaire des barques.

Les voilà de l'autre côté. Ils débarquent facilement et le courant n'essaie pas d'entraîner les barques quand les rames sont immobiles.

"Maître, je vois que tu es réellement puissant, dit le patron des barques. Bénis ton serviteur et souviens-toi de moi, qui suis un pécheur."

"Pourquoi puissant ?"

"Hé ! Cela te semble peu de chose ?! Tu as suspendu le courant du Jourdain en crue !..."

"Josué l'a déjà fait ce miracle et plus grand, puisque les eaux du fleuve disparurent pour laisser passer l'Arche..."

"Et toi, homme, tu as passé la véritable Arche de Dieu" dit Judas avec sa suffisance.
"Dieu Très Haut ! Oui, je le crois ! Tu es le vrai Messie ! Le Fils du Dieu Très Haut. Oh ! je le dirai dans les villes et les villages riverains. Je le dirai, ce que tu as fait, ce que je t'ai vu faire ! Reviens, Maître ! Mon pauvre pays a des malades en grand nombre. Viens les guérir !"

"Je viendrai. Toi, en attendant, prêche en mon Nom la foi et la sainteté pour qu'ils soient agréables à Dieu. Adieu, homme. Va en paix et ne crains pas pour le retour."

"Je ne crains pas. Si je craignais, je te demanderais d'avoir pitié pour ma vie. Mais je crois en Toi et en ta bonté et je m'en vais sans rien demander. Adieu !"

Il rembarque en mettant en premier la proue dans le fleuve et il s'en va, tranquille, rapidement. Il touche la rive.

Jésus, qui est resté arrêté jusqu'à ce qu'il l'ait vu à terre, fait un geste de bénédiction. Puis il gagne la route.

Le fleuve reprend sa marche rapide... Et tout finit ainsi.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-051.htm
TOME : 5/51
Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Le_guz11
Le gué du Jourdain


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 25 Juil - 7:22

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Sur l’autre rive. La rencontre avec la Mère"

Ils sont maintenant de l'autre côté du Jourdain et ils marchent rapidement en direction sud-ouest en allant vers une seconde chaîne de collines, plus élevée que la première, des collines basses, au-delà desquelles se trouve la plaine du Jourdain. Par leurs conversations je comprends qu'ils ont évité la plaine pour ne pas retomber dans la boue qu'ils ont laissée de l'autre côté, et ils pensent aller où ils doivent en suivant les routes de l'intérieur qui sont mieux entretenues et plus praticables surtout par temps de pluie.

"A quel endroit pouvons-nous être ? demande Matthieu qui s'oriente mal.

"Entre Silo et Béthel certainement" dit Thomas. "Je reconnais les montagnes. J'y suis passé il y a peu de temps, avec Judas, qui à Béthel fut reçu par des pharisiens."
"Tu pouvais l'être toi aussi. Tu n'as pas voulu venir. Mais ni eux ni moi ne t'avons dit : "Ne viens pas"."

"Et je ne dis pas non plus que vous me l'ayez dit. Je dis seulement que j'ai préféré rester avec les disciples qui évangélisaient là."

L'incident est terminé. Et même André se réjouit en disant : "Si à Béthel nous avons des pharisiens comme amis, on ne nous attaquera pas."

"Mais nous revenons en arrière au lieu d'aller à Jérusalem" lui objectent-ils.

"Nous devrons pourtant y aller pour la Pâque et je ne sais pas comment nous ferons..."

"Mais oui ! Pourquoi a-t-il dit que nous retournons à Cana ? Les femmes pouvaient revenir, et nous accomplir le pèlerinage..."

"C'est écrit que ma femme ne fera pas la Pâque à Jérusalem !" s'exclame Pierre.
Jean interpelle Jésus qui est en grande conversation avec le Zélote : "Maître, comment ferons-nous pour aller et revenir à temps?"

"Je ne sais pas. Je m'en remets à Dieu. Si nous sommes en retard, ce ne sera pas ma faute."

"Tu as bien fait d'être prudent" dit le Zélote.

"Oh ! Moi, j'aurais continué car ce n'est pas encore mon heure. Je le sens. Mais vous, comment auriez-vous supporté l'aventure, vous qui depuis quelque temps êtes si... fatigués ?"

"Maître... tu as raison. Il semble qu'un démon ait soufflé parmi nous. Nous sommes tellement changés !"

"L'homme se fatigue. Il veut que les choses aillent vite; et il a des rêves déraisonnables. Quand il s'aperçoit que le rêve est différent de la réalité, il se trouble et, s'il n'est pas de bonne volonté, il fléchit. Il ne se souvient pas que le Tout Puissant, qui en un instant pouvait sortir du Chaos l'Univers, l'a fait en des phases régulières et séparées en espaces de temps appelés jours. Je dois du Chaos spirituel de tout un monde sortir le Royaume de Dieu. Et je le ferai. J'en construirai les bases, je suis en train de les construire, et je dois briser la roche très dure pour y tailler des fondements qui ne s'écrouleront pas. Vous élèverez lentement les murs. Vos successeurs continueront le travail en hauteur et en largeur. Comme Moi je mourrai au travail, ainsi vous mourrez, et il y en aura d'autres qui mourront en versant leur sang ou sans le verser, mais consumés par ce travail qui demande l'esprit d'immolation, de générosité, et des larmes, et du sang, et une patience sans mesure..."

Pierre passe sa tête grisonnante entre Jésus et Jean. "Peut-on savoir ce que vous dites ?"

"Oh ! Simon ! Viens ici. On parlait de la future Église. J'expliquais qu'au lieu de vos hâtes, de vos lassitudes, de vos découragements, et autres choses du même genre, elle réclamait le calme, la constance, l'effort, la confiance. J'expliquais qu'elle demande le sacrifice de tous ses membres. Depuis Moi, qui en suis le Fondateur et qui en suis la Tête mystique, jusqu'à vous, jusqu'à tous les disciples, jusqu'à tous ceux qui auront le nom de chrétiens et qui appartiendront à l'Église universelle. Et en vérité, dans la grande échelle des hiérarchies, ce seront souvent les plus humbles, ceux qui sembleront simplement des "numéros", qui rendront l'Église vraiment vivante. En vérité je devrai souvent me réfugier en eux pour continuer à maintenir vivante la foi et la force des collèges apostoliques toujours renouvelés, et ces apôtres je devrai les laisser tourmenter par Satan et par des hommes envieux, orgueilleux et incrédules. Et leur martyre moral ne sera pas moins pénible que le martyre matériel, pris comme ils le seront entre la volonté de Dieu qui les pousse à agir et la volonté mauvaise de l'homme, instrument de Satan, qui appliquera tout son soin et toute sa violence à les faire passer pour des menteurs, des fous, des obsédés, pour paralyser mon œuvre en eux et ses fruits qui sont autant de coups victorieux contre la Bête."

"Et ils résisteront ?"

"Et ils résisteront sans même m'avoir matériellement avec eux. Ils devront croire non seulement à ce qu'il faut croire obligatoirement, mais aussi à leur mission secrète, la croire sainte, la croire utile, croire qu'elle vient de Moi. alors qu'autour d'eux Satan sifflera pour les terroriser, et que criera le monde pour les tourner en ridicule, et des ministres de Dieu, pas toujours parfaitement éclairés, pour les condamner. C'est le destin de mes futures voix. Et pourtant je n'aurai pas d'autres ressources pour secouer les hommes, les ramener à l'Évangile et au Christ ! Mais pour tout ce que je leur aurai demandé, ce que je leur aurai imposé et reçu d'eux, oh ! je leur donnerai une joie éternelle, une gloire spéciale ! Il y a au Ciel un livre fermé. Dieu seul peut le lire. Il renferme toutes les vérités. Mais parfois Dieu enlève les sceaux et réveille les vérités déjà dites aux hommes en contraignant un homme, choisi pour ce destin, à connaître le passé, le présent et l'avenir tels que le livre mystérieux les contient. Avez-vous jamais vu un fils, le meilleur de la famille, ou un écolier, le meilleur de l'école, appelé par son père ou par son maître pour lire un livre de grandes personnes et en recevoir l'explication ? Il se tient à côté du père ou du maître qui l'entoure d'un bras, alors que de la main opposée il marque avec l'index les lignes dont il veut qu'elles soient lues et connues par son préféré. C'est ainsi que Dieu fait pour ceux qu'il appelle à une telle destinée. Il les attire et les retient par son bras et Il les force à lire ce qu'il veut, et à en savoir le sens, et à le dire ensuite, et à en avoir mépris et douleur. Moi, l'Homme, je suis le Chef de file de ceux qui disent les Vérités du Livre céleste, et j'en reçois le mépris, la douleur et la mort. Mais déjà le Père prépare ma Gloire. Et Moi, une fois que j'y serai monté, je préparerai la gloire de ceux que j'aurai forcé à lire dans le livre fermé les points que j'ai voulu, et en présence de l'Humanité toute entière ressuscitée et des chœurs angéliques je les montrerai pour ce qu'ils ont été, en les appelant auprès de Moi alors que j'ouvrirai les sceaux du Livre que désormais il sera inutile de tenir fermé, et eux souriront en revoyant écrites, en relisant les paroles que déjà j'avais éclairées pour eux quand ils souffraient sur la terre.

"Et les autres ?" demande Jean très attentif à l'instruction.

"Quels autres ?"

"Les autres, qui comme moi n'ont pas lu ce livre sur la terre, ils ne sauront jamais ce qu'il dit ?"

"Au Ciel, tout sera connu aux bienheureux. Ils connaîtront, absorbés dans la Sagesse Infinie."

"Tout de suite ? A peine morts ?"

"Tout de suite dès l'entrée dans la Vie."

"Mais alors pourquoi au Dernier Jour feras-tu voir que tu les appelles à connaître le Livre ?"

"Parce qu'il n'y aura pas seulement les bienheureux à le voir, mais toute l'Humanité. Et dans les damnés, il y en aura beaucoup de ceux qui ont tourné en dérision les voix de Dieu comme celles de fous et de possédés, et qui les auront tourmentés pour ce don que je leur ai fait. C'est une longue mais obligatoire revanche accordée à ces martyrs de la méchanceté obtuse du monde."

"Comme ce sera beau de voir cela !" s'écrie Jean ravi.

"Oui, et de voir tous les pharisiens grincer des dents avec rage" dit Pierre en se frottant les mains.

"Oh ! moi je pense que je regarderai seulement Jésus et les bénis qui liront avec Lui le Livre..." répond Jean qui rêve à cette heure, les yeux perdus dans je ne sais quelle vision de lumière, devenus plus clairs par une larme produite par l'émotion qui reste dans l’œil et en fait briller l'iris bleu clair, avec un sourire enfantin sur ses lèvres rouges.
Le Zélote le regarde, Jésus aussi le regarde. Mais Jésus ne dit rien. Le Zélote, au contraire, dit : "Tu te regarderas toi-même alors ! Car si parmi nous il y en a un qui doit être "voix de Dieu" sur la terre, et qui sera appelé à lire les passages du Livre scellé, ce sera bien toi, Jean, préféré de Jésus et ami de Dieu."

"Oh ! ne dis pas cela ! Moi, je suis le plus ignorant de tous. Et si Jésus n'avait pas dit que c'est aux enfants qu'appartient le Royaume des Cieux je ne penserais pas pouvoir le posséder, tellement je ne suis qu'un bon à rien. N'est-ce pas, Maître, que ma seule valeur c'est de ressembler à un enfant ?"

"Oui, tu appartiens à la bienheureuse enfance, et sois-en béni !"

Ils marchent encore quelque temps, puis Pierre, qui regarde en arrière de la route caravanière sur laquelle ils sont maintenant, s'écrie : "Miséricordieuse Providence ! Mais c'est le char des femmes !"

Tout le monde se retourne. C'est réellement le lourd char de Jeanne qui avance au trot de deux robustes chevaux. Ils s'arrêtent pour l'attendre. La capote de cuir entièrement descendue ne permet pas de voir qui se trouve à l'intérieur. Mais Jésus fait signe d'arrêter et le conducteur pousse une exclamation de joie quand il voit Jésus debout, les bras levés, sur le bord de la route.

Alors que l'homme arrête les deux chevaux qui soufflent, apparaît à l'entrée le visage maigre d'Isaac : "Le Maître !" crie-t-il. "Mère, sois heureuse ! Il est ici !"

Des voix de femmes, des bruits de pas, se produisent dans le char, mais avant qu'une seule d'entre elles descende, ont déjà sauté à terre Manaën, Margziam et Isaac, qui accourent pour vénérer le Maître.

"Encore ici, Manaën ?"

"Fidèle à la consigne, et maintenant plus que jamais parce que les femmes avaient peur... Mais... Nous t'avons obéi parce qu'il faut obéir, mais crois bien qu'il n'y a rien de préoccupant. Je sais de source certaine que Pilate a rappelé à l'ordre ceux qui mettent le trouble, en disant que quiconque créerait des troubles pendant ces jours de fête serait durement puni. Je crois que la femme de Pilate n'est pas étrangère à cette protection et encore moins ses amies. A la cour on sait tout et rien. Mais on est assez informé..." et Manaën s'écarte pour céder la place à Marie qui est descendue du char et a fait quelques mètres de route, toute tremblante et émue.

Ils s'embrassent pendant que toutes les femmes disciples vénèrent le Maître.
Cependant Marie et Marthe de Lazare ne sont pas là.

Marie murmure : "Quelle angoisse depuis ce soir-là ! Fils, comme ils te haïssent tous !"

et des larmes descendent le long des marques rouges, traces de beaucoup d'autres qu'elle a versées ces derniers jours.

"Mais tu vois que le Père pourvoit à tout. Ne pleure donc pas ! Je défie avec courage toute la haine du monde, mais une seule de tes larmes m'accable. Allons, Mère sainte !!" et la tenant enlacée, il se tourne vers les femmes disciples pour les saluer, et il a un mot particulier pour Jeanne qui a voulu revenir en arrière pour accompagner Marie.

"Oh ! Maître ! On n'a pas de peine à rester avec ta Mère. Marie est retenue à Béthanie par les souffrances de son frère. Moi, je suis venue. J'ai laissé les enfants à la femme du gardien du palais, qui est bonne et maternelle. Mais il y a aussi Chouza qui y veille et pense qu'il ne manquera rien au cher Mathias que mon mari aime particulièrement ! Pourtant Chouza m'a dit aussi qu'il était inutile de partir. L'avertissement du Proconsul a brisé les ongles même à Hérodiade. Et lui, le Tétrarque, tremble de peur, et il n'a qu'une pensée : veiller à ce que Hérodiade ne le ruine pas aux yeux de Rome. La mort de Jean a fait beaucoup de tort à Hérodiade. Et Hérode se rend compte aussi, et très bien, que le peuple est révolté contre lui à cause du meurtre de Jean. Le renard comprend que le pire châtiment serait de perdre la protection haineuse et illusoire de Rome. Le peuple l'attaquerait tout de suite. Par conséquent, oh ! ne doute pas ! Il ne prendra aucune initiative !"

"Alors retournons à Jérusalem ! Vous pouvez aller en toute sécurité. Allons ! Que les femmes remontent sur le char et avec elles Mathieu et ceux qui sont fatigués. Nous nous reposerons à Béthel. Allons."

Les femmes obéissent. Montent avec elles Mathieu et Barthélemy. Les autres préfèrent suivre le char à pied avec Manaën, Isaac et Margziam. Et Manaën raconte comment il s'est informé pour savoir ce qu'il y avait de vrai dans les racontars de l'hérodien qui avait semé l'inquiétude dans la tranquille retraite de Béthanie près de Lazare "très souffrant" dit Manaën.

"Est-il venu une femme à Béthanie ?"

"Non, Seigneur. Mais nous en sommes absents depuis trois jours. Qui est-ce ?"

"Une disciple. Je la donnerai à Élise, car elle est jeune, seule et sans moyens."

"Elise est au palais de Jeanne. Elle voulait venir, mais elle est très enrhumée. Elle brûlait de te voir. Elle disait : "Mais vous ne comprenez pas que sa vue me donne la paix ?""

"Je lui donnerai aussi une joie avec cette jeune fille. Et toi, Margziam, tu ne parles pas ?"

"J'écoute, Maître."

"Le garçon écoute et écrit. Par l'un, par l'autre, il se fait répéter tes paroles et il écrit, il écrit. Mais les aurons nous bien dites, nous ?" dit Isaac.

"Je les regarderai, Moi, et j'ajouterai ce qui manque dans le travail de mon disciple" dit Jésus en caressant la joue légèrement brune de Margziam. Et il demande : "Et le grand-père ? Tu l'as vu ?"

"Oh ! oui ! Il ne me reconnaissait pas. Il a pleuré de joie. Mais nous le reverrons au Temple car Ismaël les envoie. Et même cette année il leur a donné plus de jours. Il a peur de Toi."

"Naturellement ! Après le petit ennui arrivé à Chanania au mois de Scebat !" dit Pierre en riant.

"La peur de Dieu cependant ne construit pas, et même elle démolit. Ce n'est pas de l'amitié, c'est de l'attente qui souvent se change en haine. Mais chacun donne ce qu'il peut..."

Ils continuent leur route et je les perds de vue.


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-052.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Jzosu193
Jésus et Sa Mère


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 27 Juil - 7:43

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"À Rama. Le nombre des élus"

Thomas, qui était en arrière de la troupe des apôtres et qui parlait avec Manaën et Barthélemy, quitte ses compagnons et rejoint le Maître qui est devant avec Margziam et Isaac. "Maître, nous sommes bientôt près de Rama. Tu ne voudrais pas bénir l'enfant de ma sœur ? Elle désire tant te voir ! Nous pourrions y séjourner, il y a de la place pour tous. Fais-moi ce plaisir, Seigneur !"

"Oui, et avec joie ! Demain, nous entrerons à Jérusalem reposés."

"Oh ! alors je vais en avant pour prévenir ! Tu me laisses aller ?"

"Va. Mais rappelle-toi que je ne suis pas un ami mondain. Ne pousse pas les tiens à beaucoup de dépenses. Traite-moi en "Maître". Tu m'as compris ?"

"Oui, mon Seigneur. Je le dirai aux parents. Tu viens avec moi. Margziam ?"

"Si Jésus le veut..."

"Va, va, fils."

Les autres, qui ont vu Thomas et Margziam aller en direction de Rama, située un peu à gauche de la route qui va, je crois, de la Samarie à Jérusalem, hâtent le pas pour demander ce qui arrive.

"Nous allons chez la sœur de Thomas. J'ai séjourné dans toutes les maisons de vos parents. Il est juste que j'aille aussi chez lui, et c'est pour cela que je l'ai envoyé en avant."

"Alors, si tu permets, aujourd'hui moi aussi j'irai en avant pour voir un peu s'il n'y a rien de nouveau. A ton entrée à la Porte de Damas j'y serai s'il y a des ennuis. Autrement je te verrai... Où, Seigneur ?" dit Manaën.

"À Béthanie, Manaën. Je vais tout de suite chez Lazare. Mais les femmes, je les laisserai à Jérusalem. Je vais seul et même, je t'en prie, après la halte d'aujourd'hui, accompagne les femmes à leurs maisons."

"Comme tu veux, Seigneur."

"Prévenez le conducteur de nous suivre à Rama."

En effet le char vient lentement par derrière, pour suivre le groupe des apôtres. Isaac et le Zélote restent arrêtés pour l'attendre alors que les autres prennent la route secondaire en pente douce, qui les amène à la petite colline très basse sur laquelle se trouve Rama.

Thomas ne se tient pas de joie et il paraît encore plus rouge à cause du contentement qui éclate sur son visage. Il les attend à l'entrée du village. Il court à la rencontre de Jésus : "Quel bonheur, Maître ! Toute ma famille est là ! Mon père qui voulait tant te voir, ma mère, mes frères ! Comme je suis content !" Et il se met à côté de Jésus, plastronnant comme un conquérant à l'heure de son triomphe.

La maison de la sœur de Thomas se trouve à un carrefour à l'est de la ville. C'est la maison typique des Israélites aisés, avec la façade quasi sans fenêtres, le portail de fer avec son judas, la terrasse qui sert de toit et les murailles du jardin, hautes et sombres, qui se prolongent en arrière de la maison et que dépassent les feuillages des arbres à fruits.

Mais aujourd'hui la servante n'a pas besoin de regarder par le judas. Le portail est tout grand ouvert et tous les habitants de la maison sont rassemblés dans l'atrium. Les grandes personnes sont toutes occupées après les enfants, garçons et filles dont la foule serrée, turbulente, exaltée par la nouvelle, rompt continuellement l'ordre hiérarchique et joue devant les adultes aux places d'honneur où se trouvent au premier rang les parents de Thomas et sa sœur avec son mari.

Mais quand Jésus est sur le seuil, qui pourrait retenir cette marmaille ? Elle ressemble à une couvée qui sort du nid après une nuit de repos. Et Jésus reçoit le choc de cette troupe turbulente et gentille qui s'abat contre ses genoux et l'enserre, levant les petits visages en quête de baisers, et qui ne peut rester tranquille malgré les avertissements paternels ou maternels ou même quelques gifles que Thomas distribue pour rétablir l'ordre.

"Laisse-les faire ! Laisse-les faire ! Si tout le monde pouvait être comme eux !" s'écrie Jésus qui se penche pour contenter toute cette troupe émoustillée.

Il peut enfin entrer parmi les salutations plus respectueuses des adultes. Mais ce qui me plaît particulièrement, c'est le salut du père de Thomas, un vieillard typiquement juif, que Jésus relève car il veut l'embrasser "par reconnaissance pour sa générosité qui lui donne un apôtre."

"Oh ! Dieu m'a aimé plus que tout autre en Israël. Alors que tout hébreux a son premier-né consacré au Seigneur, moi j'en ai deux qui sont consacrés: le premier et le dernier; et le dernier est encore plus sacré car, sans être lévite ni prêtre, il fait ce que le Grand Prêtre lui-même ne peut pas faire : il voit constamment Dieu et il accueille ses commandements !" dit-il avec sa voix un peu tremblante de vieillard, que l'émotion fait encore trembler davantage. Et il dit pour finir : "Dis-moi seulement une chose pour contenter mon âme. Toi, qui ne mens pas, dis-moi : mon fils, par la façon dont il te suit, est-il digne de te servir et de mériter la Vie éternelle ?"

"Reste en paix, père. Ton Thomas a une grande place dans le cœur de Dieu par la façon dont il se conduit; et il aura une grande place au Ciel pour la manière dont il aura servi Dieu jusqu'à son dernier soupir."

Thomas halète comme un poisson hors de l'eau par l'émotion que lui donne ce qu'il entend dire. Le vieillard lève ses mains tremblantes alors que deux larmes descendent par les rides profondes pour se perdre dans sa barbe patriarcale, et il dit : "Sur toi la bénédiction de Jacob; la bénédiction du patriarche au juste parmi les fils : que le Tout-Puissant te bénisse par les bénédictions du ciel au-dessus de nous, par les bénédictions de l'abîme au-dessous, par les bénédictions des mamelles et du sein. Que les bénédictions de ton père surpassent celles que lui-même a reçues de son père, et qu'elles se posent sur la. tête de Thomas jusqu'à ce que vienne le désir des collines éternelles, sur la tête de celui qui est le nazaréen parmi ses frères !"

Et tous répondent : "Qu'il en soit. ainsi."

"Et maintenant, Toi, ô Seigneur, bénis cette maison et surtout ceux qui sont le sang de mon sang" dit le vieillard en montrant les enfants.

Jésus, en ouvrant les bras, entonne la bénédiction mosaïque et il y ajoute : "Que Dieu, en présence duquel marchèrent vos pères, que Dieu qui m'a nourri depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour, que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces petits, qu'ils portent mon Nom et aussi les noms de mes pères et qu'ils se multiplient largement sur la terre" et il termine en prenant le dernier-né des bras de sa mère pour le baiser sur le front en disant : "Et qu'en toi descendent comme du miel et du beurre les vertus d'élite qui ont habité dans le Juste dont le nom t'a été donné, en le rendant plein de vie pour les Cieux et orné comme le palmier l'est de ses blondes dattes et le cèdre de sa royale frondaison."

Tous les assistants sont émus et extasiés, mais ensuite c'est une explosion de joie qui sort de toutes les bouches et accompagne Jésus qui entre dans la maison et ne s'arrête que lorsqu'il est dans la cour où il présente à ses hôtes sa Mère, les femmes disciples, les apôtres et les disciples.

Ce n'est plus le matin, et ce n'est plus le midi. Les rayons maladifs du soleil percent difficilement les nuages ébouriffés de ce temps qui a du mal à se remettre. Le soleil ne va pas tarder de se coucher. C'est le crépuscule.

Les femmes ne sont plus là, ni Isaac ni Manaën, alors que Margziam est resté et il est tout heureux aux côtés de Jésus. Il sort de la maison avec Lui, les apôtres et toute la parenté masculine de Thomas, pour voir des vignes qui ont des qualités particulières. Aussi bien le père que le beau-frère de Thomas, vantent l'orientation du vignoble et la rareté des vignes qui pour le moment n'ont que des feuilles nouvelles et très tendres.

Et Jésus avec bienveillance écoute ces explications intéressantes de taille et de sarclage comme si c'était les choses les plus importantes du monde. A la fin il dit en souriant à Thomas : "Est-ce que je dois bénir cette dot de ta sœur jumelle ?"

"Oh ! mon Seigneur ! Je ne suis pas Doras ni Ismaël. Je sais que ta respiration, ta présence dans un lieu sont déjà une bénédiction. Mais si tu veux lever ta main droite sur ces vignes, fais-le, et certainement leur fruit sera saint."

"Et abondant, non ? Qu'en dis-tu, père ?"

"Il suffit qu'il soit saint. Cela suffit ! Et moi, je le presserai et je te l'enverrai pour la Pâque prochaine et tu t'en serviras dans le calice rituel."

"C'est dit. J'y compte. Je veux, à la Pâque qui va venir, consommer le vin d'un véritable Israélite."

Ils sortent du vignoble pour retourner au village.

La nouvelle de la présence dans le pays de Jésus de Nazareth s'est répandue, et les gens de Rama sont tous sur les routes avec un grand désir de l'approcher.

Jésus les voit et il dit à Thomas : "Pourquoi ne viennent-ils pas ? Ils ont peut-être peur de Moi ? Dis-leur que je les aime."

Oh ! Thomas ne se le fait pas dire deux fois ! Il va d'un groupe à l'autre, si rapide qu'il semble un papillon volant de fleur en fleur. Et ils ne se le font pas dire deux fois non plus les gens qui ont entendu l'invitation. Ils accourent tous, en se donnant le mot, autour de Jésus aussi, lorsqu'ils arrivent au carrefour où se trouve la maison de Thomas, il y a toute une foule discrète qui parle avec respect aux apôtres et aux parents de Thomas, s'informant de choses et autres.

Je me rends compte que Thomas a beaucoup travaillé pendant les mois d'hiver et qu'une partie notable de la doctrine évangélique est connue dans le pays, mais ils désirent avoir de Jésus des explications particulières. Quelqu'un, qui a été très impressionné par la bénédiction que Jésus a donnée aux enfants de la maison hospitalière et par ce qu'il a dit de Thomas, demande : "Seront-ils donc tous des justes à cause de ta bénédiction ?"

"Non à cause d'elle, mais à cause de leurs actions. Moi, je leur ai donné la force de ma bénédiction pour les fortifier dans leurs actions. Mais ce sont eux qui doivent faire les actions et faire seulement de justes actions pour avoir le Ciel. Moi, je bénis tout le monde... mais tous ne se sauveront pas en Israël."

"Et même il s'en sauvera très peu, s'ils vont de l'avant comme ils le font maintenant" murmure Thomas.

"Que dis-tu ?"

"La vérité. Celui qui persécute le Christ et le calomnie, celui qui ne pratique pas ce qu'il enseigne, ne prendra pas part à son Royaume" dit Thomas de sa grosse voix.

Quelqu'un le tire par la manche : "Il est très sévère ?" demande-t-il en montrant Jésus.

"Non. Au contraire il est trop bon."

"Moi, qu'en dis-tu, est-ce que je me sauverai ? Je ne suis pas parmi les disciples. Mais tu sais comme je suis et comme j'ai toujours cru à ce que tu me disais. Mais je ne sais pas faire davantage. Que dois-je faire au juste pour me sauver en plus de ce que je fais déjà ?"

"Demande-le-lui. Il aura la main et le jugement plus doux et plus juste que le mien."

L'homme s'avance et dit : "Maître, je suis fidèle à la Loi et depuis que Thomas m'a répété tes paroles, j'essaie de l'être davantage. Mais je suis peu généreux. Je fais ce que je dois faire absolument. Je m'abstiens de faire ce qu'il n'est pas bien de faire car j'ai peur de l'Enfer. Mais pourtant j'aime mes aises et... je l'avoue, je m'efforce de faire les choses de façon à ne pas pécher mais sans trop me gêner pourtant. Est-ce que je me sauverai en agissant ainsi ?"

"Tu te sauveras. Mais pourquoi être avare avec le bon Dieu qui est si généreux avec toi ? Pourquoi ne prétendre pour soi que le salut, obtenu difficilement, et non pas la grande sainteté qui donne tout de suite une paix éternelle ? Allons, homme ! Sois généreux avec ton âme !"

L'homme dit humblement : "J'y réfléchirai, Seigneur. J'y réfléchirai. Je sais que tu as raison et que je fais tort à mon âme en l'obligeant à une longue purification avant d'avoir la paix."

"Bravo ! Cette pensée est déjà un commencement de perfectionnement."

Un autre de Rama demande : "Seigneur, sont-ils peu nombreux ceux qui se sauvent ?"

"Si l'homme savait se conduire avec respect envers lui-même et avec un amour respectueux pour Dieu, tous les hommes se sauveraient comme Dieu le désire. Mais l'homme n'agit pas ainsi. Et comme un sot il s'amuse avec le clinquant au lieu de prendre l'or véritable. Soyez généreux dans votre recherche du Bien. Cela vous coûte ? C'est en cela que réside le mérite. Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. L'autre, large et attirante, c'est une séduction de Satan pour vous dévoyer. Celle du Ciel est étroite, basse, nue et sévère. Pour y passer il faut être agile, léger, sans faste et sans matérialité. Il faut être spirituel pour pouvoir le faire. Autrement, quand sera venue l'heure de la mort, vous n'arriverez pas à la franchir. Et en vérité on en verra beaucoup qui chercheront à entrer sans pouvoir y réussir tant la matérialité les rend obèses, tant les pompes mondaines les rendent compliqués, tant les raidit la croûte du péché, tant l'orgueil qui est leur squelette les rend incapables de se plier. Et alors le Maître du Royaume viendra fermer la porte, et alors ceux qui sont dehors, ceux qui n'auront pas pu entrer au moment voulu, en restant dehors frapperont à la porte en criant: "Seigneur, ouvre-nous ! Nous sommes là aussi". Mais Lui dira: "En vérité, Je ne vous connais pas, et Je ne sais pas d'où vous venez"

Et eux : "Mais comment? Tu ne te souviens pas de nous ? Nous avons mangé et bu avec Toi et nous t'avons écouté quand Tu enseignais sur nos places". Mais Lui répondra : "En vérité Je ne vous reconnais pas. Plus Je vous regarde et plus vous m'apparaissez comme rassasiés de ce que J'ai déclaré nourriture impure. En vérité plus Je vous scrute et plus Je vois que vous n'êtes pas de ma famille. En vérité, voici, maintenant Je vois de qui vous êtes les fils et les sujets : de l'Autre. Vous avez pour père Satan, pour mère la Chair, pour nourrice l'Orgueil, pour serviteur la Haine pour trésor vous avez le péché, les vices sont vos pierres précieuses Sur votre cœur est écrit 'Égoïsme'. Vos mains sont souillées des vols faits aux frères. Hors d'ici ! Loin de Moi. vous tous, artisans d'iniquité". Et alors, alors que des profondeurs des deux viendront étincelants de gloire, Abraham, Isaac, Jacob, et tous les prophètes et les justes du Royaume de Dieu, eux, ceux qui n'auront pas eu amour mais égoïsme, pas le sacrifice mais la mollesse, seront chassés au loin, relégués là où les pleurs sont éternels et où il n'y a que terreur. Et ceux qui seront ressuscités glorieux, venus de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, se rassembleront à la table nuptiale de l'Agneau, le Roi du Royaume de Dieu. Et on verra alors que beaucoup qui paraissaient les "plus petits" dans l'armée de la terre seront les premiers dans la population du Royaume. Et de même aussi on verra que tous les puissants d'Israël ne seront pas tous puissants au Ciel, et que tous ceux que le Christ a choisis pour être ses serviteurs n'ont pas su mériter d'être choisis pour la table nuptiale. Mais aussi on verra que beaucoup que l'on croyait "les premiers" seront non seulement derniers, mais ne seront même pas derniers. Car nombreux sont ceux qui sont appelés, mais peu nombreux sont ceux qui de leur élection ont su se faire une vraie gloire."

Pendant que Jésus parle, avec un pèlerinage qui va à Jérusalem ou qui en vient en quête de logement, surviennent des pharisiens Ils voient le rassemblement et s'approchent pour voir. Ils ont vite fait de reconnaître la tête blonde de Jésus qui se détache sur le mur sombre de la maison de Thomas.

"Laissez-nous passer car nous voulons dire un mot au Nazaréen" crient-ils, autoritaires.

Sans enthousiasme la foule s'ouvre et les apôtres voient arriver vers eux le groupe des pharisiens.

"Maître, paix à Toi !"

"Paix à vous. Que voulez-vous?"

"Tu vas à Jérusalem ?"

"Comme tout fidèle Israélite."

"N'y va pas ! Un danger t'y attend. Nous le savons car nous en venons pour aller à la rencontre de nos familles et nous sommes venus t'avertir ayant appris que tu étais à Rama."

"De qui, s'il est permis de le demander ?" demande Pierre soupçonneux et tout prêt à amorcer une dispute.

"Cela ne te regarde pas, homme. Sache seulement, toi qui nous appelles serpents, que près du Maître les serpents sont nombreux et que tu ferais bien de te méfier des trop nombreux et trop puissants disciples."

"Hé ! Tu ne voudras pas insinuer que Manaën ou..."

"Silence, Pierre. Et toi, pharisien, sache qu'aucun danger ne peut détourner un fidèle de son devoir. Si on perd la vie, ce n'est rien. Ce qui est grave, c'est de perdre son âme en contrevenant à la Loi. Mais tu le sais, et tu sais que je le sais. Pourquoi alors me tentes-tu ? Tu ne sais peut-être pas que Moi je sais pourquoi tu le fais ?"

"Je ne te tente pas. C'est la vérité. Beaucoup d'entre nous peuvent être tes ennemis, mais pas tous. Nous, nous ne te haïssons pas. Nous savons qu'Hérode te cherche, et nous te disons : pars. Va-t-en d'ici, car si Hérode s'empare de Toi, il va te tuer. C'est ce qu'il veut."

"C'est ce qu'il veut, mais il ne le fera pas. Cela. je le sais, Moi. Du reste allez dire à ce vieux renard que Celui qu'il recherche est à Jérusalem. En effet j'y vais en chassant les démons, en opérant des guérisons, sans me cacher. Et je le fais et le ferai aujourd'hui, demain et après-demain, jusqu'à ce que mon temps soit achevé. Mais il faut que je marche tant que je ne serai pas arrivé au terme. Et il faut qu'aujourd'hui et puis une autre fois, et une autre fois, et une autre fois encore, j'entre à Jérusalem, car il n'est pas possible que mon chemin s'arrête auparavant. Et il doit s'achever comme il est juste, c'est-à-dire à Jérusalem."

"Le Baptiste est mort ailleurs."

"Il est mort en sainteté, et sainteté veut dire : "Jérusalem". Si maintenant Jérusalem veut dire "Péché" c'est seulement pour ce qui n'est que terrestre et qui bientôt ne sera plus. Mais je parle de ce qui est éternel et spirituel, c'est-à-dire de la Jérusalem des Cieux. C'est en elle, en sa sainteté, que meurent tous les justes et les prophètes. C'est en elle que je mourrai, et c'est inutilement que vous voulez m'amener au péché.

Et je mourrai aussi dans les collines de Jérusalem, non pas de la main d'Hérode, mais par la volonté de ceux qui me haïssent plus subtilement que lui, parce qu'ils voient en Moi l'usurpateur du Sacerdoce qu'ils convoitent et Celui qui purifie Israël de toutes les maladies qui le corrompent. Ne mettez donc pas sur le dos d'Hérode tout le désir de tuer, mais prenez chacun votre part car, en vérité, l'Agneau est sur une montagne que gravissent de tous côtés des loups et des chacals pour l'égorger et..."

Les pharisiens s'enfuient sous la grêle des brûlantes vérités...

Jésus les regarde fuir. Il se tourne ensuite du côté du midi vers une clarté plus lumineuse qui peut-être indique la région de Jérusalem et il dit avec tristesse : "Jérusalem, Jérusalem, qui tues tes prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois n'ai-je pas voulu rassembler tes fils, comme fait l'oiseau sur son nid où il rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu ! Voilà ! On te laissera vide la Maison de ton vrai Maître. Lui viendra, fera, comme le veut le rite, comme doit le faire le premier et le dernier d'Israël, et puis Il s'en ira. Il ne séjournera plus entre tes murs pour les purifier par sa présence. Et je t'assure que toi et tes habitants vous ne me verrez plus, dans ma vraie figure, jusqu'au jour où vous direz : "Béni Celui qui vient au nom du Seigneur"... Et vous de Rama, rappelez-vous ces paroles et toutes les autres pour ne pas être pris, englobés dans le châtiment de Dieu. Soyez fidèles... Allez. La paix soit avec vous."

Jésus se retire dans la maison de Thomas avec tous les membres de la famille et ses apôtres.

SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-053.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 La_por14
La Porte étroite


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 28 Juil - 7:25

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Jésus au Temple. Le Pater Noster et la parabole sur les fils"

Jésus dit :

"Lève-toi, Maria. Sanctifions le jour par une page d'Évangile. Car ma Parole est sanctification. Regarde, Maria. Parce que regarder les jours du Christ sur la terre, c'est sanctification. Écris, Maria. Parce qu'écrire sur le Christ, c'est sanctification. Parce que répéter ce que dit Jésus, c'est sanctification. Parce que prêcher Jésus, c'est sanctification. Parce qu'instruire les frères, c'est sanctification. Il te sera donné une grande récompense pour cette charité."

****

Jésus a quitté Rama et il est déjà en vue de Jérusalem. Il avance, comme l'année précédente, en chantant les psaumes prescrits.

Beaucoup de gens, sur la route très fréquentée, se retournent pour regarder le groupe apostolique qui passe. Certains saluent respectueusement; d'autres se bornent à jeter un coup d’œil en souriant avec vénération, ce sont surtout des femmes; il y en a qui se contentent de regarder; d'autres qui ont un sourire ironique et méprisant; d'autres enfin passent hautains et manifestement malveillants.

Jésus avance tranquillement, habillé proprement et convenablement. Comme tous les autres, Lui aussi a changé de vêtement en vue d'une entrée convenable et, je dirais, correcte, dans la cité sainte.

Margziam aussi est cette année à la hauteur des circonstances avec ses habits neufs et il marche à côté de Jésus chantant de bon cœur d'une voix plutôt désagréable car elle est en mue. Mais sa tonalité imparfaite se perd dans le chœur fourni des voix de ses compagnons. Elle s'élève seule et argentine dans les notes élevées qu'il décroche encore avec netteté et sûreté. Il est heureux, Margziam...

Ils vont entrer par la Porte de Damas qui est déjà en vue mais il leur faut s'arrêter et interrompre les chants à cause d'une pompeuse caravane qui occupe toute la route et interrompt la circulation en obligeant de rester sur le bord du chemin. Mais cet itinéraire est le plus court. Margziam demande alors : "Mon Seigneur, ne vas-tu pas dire une autre belle parabole pour ton fils absent ? Je voudrais la joindre aux autres écrits que je possède, parce que sûrement nous trouverons à Béthanie ses envoyés et ses nouvelles. Et je désire lui donner une joie comme je l'ai promis et comme son cœur et le mien le désirent..."

"Oui, mon fils. Bien sûr que je vais te la donner."

"Une qui vraiment le console et qui lui dise qu'il est toujours aimé de Toi..."

"J'en parlerai ainsi et j'en aurai de la joie parce que ce sera une vérité qui sera dite."
"Quand la diras-tu, Seigneur ?"

"Tout de suite. Nous allons tout de suite au Temple comme on le doit, et là je parlerai avant qu'on ne m'empêche de le faire."

"Et tu parleras pour lui ?"

"Oui, mon fils."

"Merci, Seigneur ! Ce doit être tellement douloureux d'être ainsi séparés..." dit Margziam qui a dans ses yeux noirs une larme qui brille. Jésus lui met la main sur les cheveux et il se retourne pour faire signe aux douze de s'approcher pour reprendre la marche.

Les douze, en effet, s'étaient arrêtés pour écouter des gens dont je ne sais s'ils croyaient au Maître ou s'ils désiraient le connaître, et qui s'étaient arrêtés eux aussi pour la même raison que Jésus et les siens.

"Nous arrivons, Maître. Nous écoutions ces gens parmi lesquels il y a des prosélytes venus de loin, qui nous demandaient où ils auraient pu t'approcher" dit Pierre en accourant.

"Pour quel motif le désiraient-ils ?"

Et Pierre, maintenant aux côtés de Jésus qui reprend la marche, dit : "Par le désir d'entendre ta parole et aussi pour être guéris de certaines infirmités. Tu vois ce char couvert, tout en arrière ? Ce sont des prosélytes de la Diaspora, venus par mer ou par un long voyage, poussés par la foi en Toi en plus que par le respect pour la Loi, à faire ce voyage. Il y en a d'Ephèse, de Pergé et d'Iconium, et il y en a un, pauvre, de Philadelphie,] qu'eux, riches marchands pour la plupart, ont accueilli par pitié sur leur char, en pensant se rendre propice le Seigneur."

"Margziam, va leur dire de me suivre au Temple. Et ils auront l'une et l'autre chose : la santé pour l'âme par la parole, et la santé pour leurs corps s'ils savent avoir foi."
Le jeune homme s'en va rapidement, mais des douze s'élève un chœur de désapprobation pour "l'imprudence" de Jésus qui veut se mettre en évidence au Temple...

"Nous y allons justement pour leur faire voir que je n'ai pas peur. Pour montrer qu'aucune menace ne peut me faire désobéir au précepte. Mais vous n'avez pas encore compris leur jeu ? Toutes ces menaces, tous ces conseils qui ne sont amicaux qu'en apparence, ont pour but de me faire pécher, pour avoir un véritable élément d'accusation. Ne soyez pas lâches. Ayez foi. Ce n'est pas mon heure."

"Mais pourquoi ne vas-tu pas d'abord rassurer ta Mère ? Elle t'attend..." dit Judas Iscariote.

"Non. Je vais d'abord au Temple qui, jusqu'au moment marqué par l'Éternel, est la Maison de Dieu. Ma Mère souffrira moins, en m'attendant, qu'elle ne souffrirait en sachant que je suis à prêcher au Temple. Et de cette façon j'honore mon Père et ma Mère en donnant au Premier les prémices de mes heures pascales, et à la seconde la tranquillité. Allons, ne craignez pas. Du reste si quelqu’un a peur, qu'il aille au Gethsémani pour couver sa peur parmi les femmes."

Les apôtres, fouettés par cette dernière observation, ne parlent plus. Ils se remettent en rangs, trois par trois, et ils sont quatre seulement au premier rang où se trouve Jésus, jusqu'à ce que Margziam vienne la compléter à cinq, si bien que le Thaddée et le Zélote passent derrière Jésus, resté au milieu entre Pierre et Margziam.

A la Porte de Damas, ils voient Manaën. "Seigneur, j'ai pensé qu'il valait mieux me faire voir pour enlever tout doute sur la situation. Je t'assure qu'il n'y a rien, en dehors de l'animosité des pharisiens et des scribes, de dangereux pour Toi. Tu peux aller en toute sûreté."

"Je le savais, Manaën. Mais je te suis reconnaissant. Viens avec Moi au Temple, si cela ne te pèse pas..."

"Me peser ? Mais, pour Toi je défierais le monde entier ! Rien ne me fatiguerait !"
L'Iscariote marmonne quelque chose.

Manaën se retourne fâché. Il dit d'une voix assurée : "Non, homme, ce ne sont pas des "paroles". Je prie le Maître d'éprouver ma sincérité."

"Il n'en est pas besoin, Manaën. Allons."

Ils avancent à travers une foule serrée et, arrivés à une maison amie, ils se débarrassent des sacs que Jacques, Jean et André déposent pour tous dans un atrium long et sombre. Puis ils rejoignent leurs compagnons.

Ils entrent dans l'enceinte du Temple en passant près de l'Antonia. Les soldats romains regardent mais ne bougent pas. Ils parlent entre eux. Jésus les observe pour voir s'il y a quelqu'un de sa connaissance, mais il ne voit ni Quintilien ni le soldat Alexandre.
Les voilà dans le Temple, dans le grouillement peu sacré des premières cours où sont les marchands et les changeurs. Jésus regarde et frémit. Il pâlit et paraît grandir encore tant est solennelle sa démarche sévère.

L'Iscariote le tente ; "Pourquoi ne répètes-tu pas le geste saint ? Tu le vois ? Ils ont oublié... et la profanation est de nouveau dans la Maison de Dieu. Tu ne t'en émeus pas ? Tu ne te dresses pas pour la défendre ?" Le visage brun et beau, mais ironique et faux malgré les efforts que fait Judas pour qu'il ne paraisse pas tel, est presque celui d'un renard quand, une peu penché comme par un respect plein de vénération, il dit ces paroles à Jésus en le scrutant par en-dessous.

"Ce n'est pas l'heure. Mais tout cela sera purifié. Et pour toujours !..." dit Jésus avec décision.

Judas sourit et commente : "Le "pour toujours" des hommes !! Beaucoup trop précaire, Maître ! Tu le vois !..."

Jésus ne lui répond pas, absorbé comme il l'est à saluer de loin Joseph d'Arimathie qui passe enveloppé dans son riche manteau, suivi par d'autres.

Ils font les prières rituelles et puis reviennent à la Cour des Gentils, sous les portiques de laquelle se pressent les gens.

Les prosélytes rencontrés en route ont suivi Jésus. Ils ont traîné leurs malades avec eux, et maintenant ils les étendent à l'ombre sous les portiques, près du Maître. Leurs femmes, qui les attendent ici, s'approchent tout doucement. Toutes voilées. Mais une, peut-être malade, est déjà assise et ses compagnes la conduisent près des autres malades. D'autres gens se serrent autour de Jésus. Je vois que les groupes de rabbins sont stupéfaits et désorientés par la venue publique et la prédication de Jésus.
"La paix soit avec vous, ô vous tous qui m'écoutez ! La Pâque sainte ramène les fils fidèles dans la Maison du Père. Elle semble, notre Pâque bénie, une mère soucieuse du bien de ses fils. Elle les appelle à haute voix pour qu'ils viennent, qu'ils viennent de par-tout, laissant en suspens tout souci pour un souci plus grand, l'unique vraiment grand et utile : celui d'honorer le Seigneur et Père. Cela fait comprendre comment nous sommes frères ; et de cela, par un suave témoignage, surgit l'ordre et l'engagement d'aimer le prochain comme soi-même. Nous ne nous sommes jamais vus ? Nous nous ignorions ? Oui. Mais si nous sommes ici, car fils d'un Unique Père qui nous veut dans sa Maison pour le banquet pascal, voilà que, si ce n'est par nos sens matériels, certainement par la partie supérieure, nous nous sentons des êtres égaux, des frères, venus d'Un Seul, et nous nous aimons comme si nous avions grandi ensemble. C'est une anticipation, cette union d'amour qui est la nôtre, de l'autre plus parfaite dont nous jouirons dans le Royaume des Cieux, sous le regard de Dieu, tous embrassés par son Amour : Moi, Fils de Dieu et de l'Homme, avec vous, hommes fils de Dieu. Moi, le Premier-né, avec vous, frères, aimés au-delà de toute mesure humaine, jusqu'à me faire Agneau pour les péchés des hommes.

Mais nous qui jouissons au moment présent de notre fraternelle union dans la Maison du Père, souvenons-nous aussi de ceux qui sont loin et qui pourtant sont nos frères: dans le Seigneur ou par l'origine. Ayons-les dans notre cœur. Portons-les dans notre cœur, eux, les absents, devant l'autel saint. Prions pour eux en recueillant avec l'esprit leurs voix lointaines, leur nostalgie d'être ici, leurs soupirs. Et comme nous recueillons ces soupirs conscients des Israélites absents, recueillons aussi ceux des âmes qui appartiennent à des hommes qui ne savent même pas qu'ils ont une âme et qu'ils sont les fils d'Un Seul. Toutes les âmes du monde crient dans la prison de leurs corps vers le Très-Haut. Dans leurs sombres prisons elles gémissent vers la Lumière. Nous, qui sommes dans la lumière de la vraie Foi, ayons pitié d'eux.

Prions : notre Père qui es dans les Cieux, que ton Nom soit sanctifié par toute l'Humanité ! Le connaître, c'est aller vers la sainteté. Fais que les gentils et les païens connaissent ton existence, ô Père saint, et, comme les trois sages d'un temps désormais lointain mais pas inerte, car rien n'est inerte de ce qui se rapporte à l'avènement de la Rédemption dans le monde, qu'ils viennent vers Dieu, vers Toi, Père, guidés par l'Etoile de Jacob, par l'Etoile du Matin, par le Roi et le Rédempteur de la race de David, par Celui que Tu as oint, déjà offert et consacré afin d'être Victime pour les péchés du monde.

Que vienne ton Règne en tout lieu de la terre où on te connaît et on t'aime, où encore on ne te connaît pas. Et qu'il vienne surtout pour ceux qui sont trois fois pécheurs, qui tout en te connaissant ne t'aiment pas dans tes œuvres et manifestations de Lumière, et qui cherchent à repousser et à étouffer la Lumière venue dans le monde parce que ce sont des âmes de ténèbres, qui préfèrent les œuvres de ténèbres et ne savent que vouloir étouffer la Lumière du monde et t'offenser Toi-même, car Tu es la Lumière très Sainte et le Père de toutes les lumières, en commençant par celle qui s'est faite Chair et Parole pour apporter ta Lumière à toutes les âmes de bonne volonté.

Que soit faite, Père très Saint, ta Volonté en tout cœur qui existe dans le monde, c'est-à-dire que tout cœur se sauve et que pour aucun ne soit sans fruit le Sacrifice de la Grande Victime, parce que telle est ta Volonté : que l'homme se sauve et jouisse de Toi, Père Saint, après le pardon qui va être donné.

Donne-nous tes secours, ô Seigneur, tous tes secours. Et donne-les à tous ceux qui attendent, à ceux qui ne savent pas qu'ils attendent, donne-les aux pécheurs avec le repentir qui sauve, donne-les aux païens avec la blessure de ton appel qui secoue, donne-les aux malheureux, donne-les aux reclus, aux exilés, à ceux qui sont malades du corps ou de l'esprit, donne-les à tous, Toi qui es le Tout, parce que le temps de la Miséricorde est venu.

Pardonne, ô Père Bon, les péchés de tes fils. De ceux de ton peuple qui sont les plus graves, de ceux qui sont coupables de vouloir rester dans l'erreur, alors que ton amour de prédilection a justement donné à ce peuple la Lumière. Et donne le pardon à ceux qu'abrutit un paganisme corrompu qui enseigne le vice, et qui se noient dans ce paganisme lourd et méphitique, alors qu'il y a parmi eux des âmes de valeur elles aussi, et que Tu aimes puisque Tu les as créées. Nous pardonnons, Moi le premier je pardonne, pour que Tu puisses pardonner, et sur la faiblesse des créatures nous invoquons ta protection pour que Tu délivres du Principe du Mal, duquel viennent tous les crimes, toutes les idolâtries, toutes les fautes, toutes les tentations et erreurs, ceux que Tu as créés. Ô Seigneur, délivre-les du Prince horrible pour qu'ils puissent venir à la Lumière éternelle."

Les gens ont suivi avec attention cette solennelle prière. Des rabbins célèbres se sont approchés, parmi lesquels, tenant pensivement dans la main son menton barbu, il y a aussi Gamaliel... Un groupe de femmes se sont approchées, toutes enveloppées dans des manteaux avec une sorte de capuchon qui leur cache le visage. Et les rabbins se sont écartés dédaigneusement... Sont accourus aussi, attirés par la nouvelle de l'arrivée du Maître, de nombreux disciples fidèles parmi lesquels Hermas, Etienne, le prêtre Jean. Et puis Nicodème et Joseph, deux inséparables, et d'autres de leurs amis qu'il me semble avoir déjà vus.

Pendant la pause qui succède à la prière du Seigneur, qui se recueille en Lui-même avec une austérité solennelle, on entend Joseph d'Arimathie qui dit : "Eh bien, Gamaliel ? Cela ne te paraît, ne te paraît pas encore, une parole du Seigneur ?"

"Joseph, il m'a été dit : "Ces pierres frémiront au son de mes paroles" répond Gamaliel.

Etienne crie avec impétuosité : "Accomplis le prodige, Seigneur ! Commande, et elles s'ébranleront ! Que croule l'édifice, mais que s'élèvent dans les cœurs les murs de la Foi en Toi, ce serait un grand don ! Fais-le à mon maître !"

"Blasphémateur !" crie un groupe furieux de rabbins et de leurs élèves.

"Non" crie à son tour Gamaliel. "Mon disciple parle en disant une parole inspirée. Mais nous nous ne pouvons l'accepter parce que l'Ange de Dieu ne nous a pas encore purifiés du passé avec le charbon pris à l'Autel de Dieu... Et peut-être, même si son cri - et il montre Jésus - arrachait les gonds de ces portes, nous ne saurions pas encore croire..." Il relève un pan de son ample manteau très blanc, et s'en couvre la tête en cachant presque son visage, et il s'en va.

Jésus le regarde partir... Puis il reprend la parole pour répondre à certains qui murmurent entre eux et qui paraissent scandalisés et qui, pour rendre plus explicite leur scandale, s'en déchargent sur Judas de Kériot avec toute une suite de plaintes que l'apôtre subit sans réagir en haussant les épaules et en montrant un visage pas du tout satisfait.

Jésus dit : "En vérité, en vérité je vous dis que ceux qui paraissent bâtards sont de vrais fils et ceux qui sont de vrais fils deviennent bâtards.

Écoutez, vous tous, une parabole.

Il y avait une fois un homme qui pour ses affaires dut s'absenter longtemps de sa maison en laissant des fils encore enfants. De l'endroit où il se trouvait, il écrivait des lettres à ses fils aînés pour les garder toujours dans le respect du père absent et pour leur rappeler ses instructions. Le dernier, qui était né après son départ, était encore en nourrice chez une femme éloignée de l'endroit et qui était du pays de son épouse, femme d'une autre race. L'épouse mourut alors que ce fils était encore petit et loin de la maison. Les frères dirent : "Laissons-le là où il est, chez les parents de notre mère. Peut-être le père l'oubliera et ce sera à notre avantage, ayant à partager l'héritage avec un de moins, quand notre père viendra à mourir". Et ils agirent ainsi. De cette façon, l'enfant qui était au loin, vécut, élevé par ses parents maternels, ignorant les instructions du père, ignorant qu'il avait un père et des frères ou, ce qui est pire, connaissant l'amertume de cette réflexion : "Tous m'ont repoussé comme si j'étais un bâtard", et il en arriva à croire qu'il l'était, tant il se sentait rejeté par son père.

Devenu homme il prit un emploi. En effet, aigri comme il l'était par ces pensées, il avait pris en haine même la famille de sa mère qu'il pensait coupable d'adultère. Le hasard voulut que ce jeune homme s'en allât dans la ville où était son père. Et sans savoir qui il était, il le fréquenta et il eut l'occasion de l'entendre parler. L'homme était un sage. Et comme il n'avait pas de satisfactions avec ses fils éloignés de lui — désormais ils agissaient à leur guise, ne maintenant que des rapports conventionnels avec leur père qui vivait au loin, tout juste pour qu'il se rappelât qu'ils étaient "ses" fils et pour qu'il s'en souvienne dans son testament — il donnait des conseils raisonnables à des jeunes qu'il avait l'occasion d'approcher dans la ville où il était. Le jeune homme fut attiré par cette droiture toute paternelle à l'égard de tant de jeunes et non seulement il le fréquenta mais il se fit un trésor de toutes ses paroles et en rendit meilleur son esprit aigri.

L'homme tomba malade, et il dut se décider à retourner dans sa patrie. Le jeune homme lui dit : "Seigneur, toi seul m'as parlé avec justice en élevant mon âme. Permets-moi de te suivre comme serviteur. Je ne veux pas retomber dans le mal où j'étais". "Viens avec moi. Tu prendras la place du fils dont je n'ai pu avoir de nouvelles". Et ils retournèrent ensemble à la maison paternelle.

Ni le père, ni les frères, ni le jeune homme lui-même, ne se rendirent compte que le Seigneur avait réuni de nouveau ceux d'un même sang sous un même toit. Mais le père dut beaucoup pleurer pour les fils qu'il connaissait, car il les trouva oublieux de ses enseignements, avides, le cœur dur, sans plus de foi en Dieu, mais au contraire avec beaucoup d'idolâtries dans le cœur : orgueil, avarice et luxure étaient leurs dieux, et ils ne voulaient pas entendre parler d'autre chose que d'intérêts humains. L'étranger, au contraire, s'approchait toujours plus du Seigneur, devenait juste, bon, affectueux, obéissant. Les frères le haïssaient parce que le père aimait cet étranger. Lui pardonnait et aimait car il avait compris que c'est dans l'amour que réside la paix.

Un jour le père, dégoûté de la conduite de ses fils, leur dit : "Vous vous êtes désintéressés des parents de votre mère et jusque de votre frère. Vous me rappelez la conduite des fils de Jacob envers leur frère Joseph. Je veux aller dans ce pays pour avoir de ses nouvelles; il peut se faire que je le retrouve et que j'en sois réconforté". Et il prit congé tant de ses fils que du jeune inconnu, en donnant à ce dernier un petit capital pour qu'il pût retourner à l'endroit d'où il était venu et y monter un petit commerce.

Lorsque il fut arrivé à la ville de l'épouse qu'il avait perdue, les parents de celle-ci lui racontèrent que le fils abandonné, qui portait d'abord le nom de Moïse, avait pris le nom de Manassé parce que lui en naissant avait fait oublier à son père d'être juste puisqu'il l'avait abandonné.

"Ne me faites pas tort ! On m'avait dit que l'on avait perdu les traces de l'enfant, et je n'espérais même plus trouver quelqu'un d'entre vous. Mais parlez-moi de lui. Comment est-il ? Est-il devenu fort ? Ressemble-t-il à mon épouse aimée, qui mourut en me le donnant ? Est-il bon ? M'aime-t-il ?"

"Pour être fort, il l'est, et il est beau comme sa mère, à part qu'il a les yeux franchement noirs. Mais de sa mère il a pris jusqu'à son envie de caroube au côté. De toi, au contraire, il a le léger zézaiement. Devenu adulte il est parti d'ici, aigri par sa situation, ayant des doutes sur l'honnêteté de sa mère et de la rancœur à ton égard. Il aurait été bon s'il n'avait pas eu cette rancœur dans l'âme. Il est parti au-delà des monts et du fleuve à Trapezius pour..."

"A Trapezius, vous dites ? Dans le Sinop ? Oh ! dites-moi ! Là-bas j'y étais et j'ai connu un jeune homme qui zézayait un peu, seul et triste, et si bon sous son apparente dureté. C'est lui ? Dites ?"

"C'est peut-être lui. Recherche-le. Au côté droit il a une caroube en relief et sombre comme l'avait ta femme".

L'homme partit précipitamment dans l'espoir de retrouver encore l'étranger chez lui. Il était parti pour retourner à la colonie de Sinope. Et l'homme y revint... Il le trouva. Il le fit venir pour découvrir son côté. Il le reconnut. Il tomba à genoux en louant Dieu de lui avoir rendu son fils qui était meilleur que les autres qui s'abêtissaient de plus en plus alors que lui, pendant les mois qui s'étaient écoulés, était devenu de plus en plus saint. Et il dit à son bon fils : "Tu auras la part de tes frères, puisque toi, sans amour de la part de personne, tu t'es rendu plus juste que tout autre".

Et n'était-ce pas justice ? Bien sûr que si. En vérité je vous dis que sont de vrais fils du Bien ceux qui, rejetés par le monde, méprisés, haïs, critiqués, abandonnés comme bâtards, considérés comme une honte et une mort, savent surpasser les fils qui ont grandi dans la maison mais qui sont rebelles à ses lois. Ce n'est pas d'appartenir à Israël qui donne droit au Ciel, ni d'être pharisien, scribe ou docteur qui assure ce sort. C'est d'avoir une volonté bonne et de venir généreusement à la Doctrine de l'amour, de se renouveler en elle, pour devenir par elle fils de Dieu en esprit et en vérité.

Vous tous qui écoutez, sachez que beaucoup qui se croient sûrs en Israël seront supplantés par ceux qui sont pour eux des publicains, des prostituées, des gentils, des païens et des galériens. Le Royaume des Cieux appartient à ceux qui savent se renouveler en accueillant la Vérité et l'Amour."

Jésus se retourne et il va vers le groupe des malades prosélytes. "Savez-vous croire en ce que j'ai dit ?" demande-t-il à haute voix.

"Oui, ô Seigneur !" répondent-ils en chœur.

"Voulez-vous accueillir la Vérité et l'Amour ?"

"Oui, ô Seigneur."

"Si je ne vous donnais que cela, seriez-vous contents ?"

"Seigneur, tu sais ce dont nous avons le plus besoin. Donne-nous surtout ta paix et la Vie éternelle."

"Levez-vous et allez louer le Seigneur ! Vous êtes guéris au Nom saint de Dieu."
Et rapidement il se dirige vers la première porte qu'il trouve, en se mêlant à la foule qui remplit Jérusalem, avant même que la foule exaltée et stupéfaite qui se trouve dans la Cour des Païens puisse le rechercher en criant des hosannas...

Les apôtres, désorientés, le perdent de vue. Seul Margziam qui n'a jamais cessé de tenir un pan de son manteau, court heureux à son côté en disant : "Merci, merci, merci, Maître ! Merci pour Jean ! J'ai tout écrit pendant que tu parlais. Je n'ai qu'à ajouter le miracle. Oh ! c'est beau ! Vraiment pour lui ! Il en sera si heureux !..."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-054.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Jzosu194
Jésus au Temple


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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 29 Juil - 7:28

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Jésus à Gethsémani et à Béthanie"

Jésus entre dans la verdure tranquille du Jardin des Oliviers. Margziam est toujours à côté de Lui, et il rit en pensant à la course haletante que certainement Pierre fera pour les rejoindre. Il dit : "Oh ! Maître ! Qui sait ce qu'il va dire ! Et si tu avais continué pour Béthanie sans t'arrêter ici, il serait vraiment dans un triste état."

Jésus sourit Lui aussi en regardant le garçon et il lui répond : "Oui, il va m'ensevelir sous ses lamentations. Mais cela lui servira la prochaine fois à être plus attentif. Je parlais. Lui se distrayait en jasant avec l'un ou l'autre..."

"Ils l'interrogeaient, Seigneur" dit pour l'excuser Margziam qui ne rit plus.

"On fait signe avec bonne grâce que l'on répondra après, quand la Parole du Seigneur se tait. Souviens-toi de cela pour ton avenir. Pour quand tu seras prêtre. Exige le plus grand respect aux heures et dans les lieux où l'on donne l'instruction."

"Mais alors, Seigneur, ce sera le pauvre Margziam qui parlera..."

"N'importe. C'est toujours Dieu qui parle par les lèvres de ses serviteurs, aux heures de leur ministère. Et en tant que tels on doit les écouter en silence et avec respect."
Margziam fait une grimace significative pour commenter son raisonnement intérieur.
Jésus qui l'observe lui dit : "Tu n'en es pas persuadé ? Pourquoi ce visage ? Parle, fils, sans crainte."

"Mon Seigneur, je me demandais si Dieu est aussi sur les lèvres des prêtres de maintenant... et... avec terreur je me demandais s'ils seront pareils ceux de l'avenir...

Et j'en concluais que... beaucoup de prêtres font faire au Seigneur une piètre figure...

J'ai sûrement péché... Mais ils ont le cœur tellement mauvais, et avare, et sec... que..."

"Ne juge pas. Mais rappelle-toi cependant ce sentiment de dégoût. Qu'il te soit présent dans l'avenir, et tends de toutes tes forces à ne pas être tel que ceux qui te dégoûtent. Et que ne le soient pas ceux qui dépendront de toi. Fais servir au bien jusqu'au mal que tu vois. Toute action et toute connaissance doit se changer en bien en passant par un jugement et une volonté droits."

"Oh ! Seigneur ! Avant d'entrer dans la maison que l'on voit déjà, réponds encore à une question ! Tu ne nies pas que le sacerdoce actuel soit défectueux. Tu me dis à moi de ne pas juger. Mais Toi, tu juges et tu peux le faire. Et tu juges avec justice. Maintenant, Seigneur, écoute ce que je pense. Quand les prêtres actuels parlent de Dieu et de la religion, étant tels qu'ils sont en plus grande partie, et je parle maintenant des plus mauvais d'entre eux, faut-il encore les écouter comme s'ils disaient la vérité ?"

"Toujours, mon fils, par respect pour leur mission. Quand ils font des actes de leur ministère, ce n'est plus l'homme Anna ou l'homme Sadoc, et cetera, mais c'est "le prêtre". Sépare toujours du ministère la pauvre humanité."

"Mais s'ils s'en acquittent mal..."

"Dieu suppléera. Et puis!... Écoute Margziam ! Il n'y a pas d'homme complètement bon, ni d'homme complètement mauvais. Et personne n'est si complètement bon qu'il soit en droit de juger ses frères complètement mauvais. Il faut tenir compte de nos défauts, leur opposer les bonnes qualités de celui que nous voulons juger, et alors nous aurons une juste mesure de charitable jugement. Je n'ai pas encore trouvé un homme complètement mauvais."

"Pas même Doras, Seigneur ?"

"Pas même lui, car c'est un mari honnête et un père affectueux."

"Ni même le père de Doras ?"

"Lui aussi était un mari honnête et un père affectueux."

"Mais il n'était pas que cela, pourtant !"

"Il n'était pas que cela, mais en cela il n'était pas mauvais. Il n'était donc pas complètement mauvais."

"Et même Judas n'est pas mauvais ?"

"Non."

"Mais il n'est pas bon, cependant !"

"Il n'est pas totalement bon comme il n'est pas totalement mauvais. N'es-tu pas convaincu de ce que je dis ?"

"Je suis convaincu que Toi, tu es totalement bon et que tu es absolument exempt de méchanceté. Cela, oui. Tu l'es tellement que tu ne trouves jamais d'accusation pour personne..."

"Oh ! mon fils ! Si je disais la première syllabe d'un mot d'accusation, vous vous jetteriez tous comme des fauves sur l'accusé !... Moi, j'évite que vous vous souilliez du péché de jugement en agissant ainsi. Comprends-moi, Margziam. Ce n'est pas que je ne vois pas le mal là où il est. Ce n'est pas que je ne vois pas le mélange de mal et de bien qu'il y a dans certains. Ce n'est pas que je ne comprends pas quand une âme monte ou descend du niveau où je l'ai amenée. Ce n'est pour rien de tout cela, mon fils. Mais c'est de la prudence pour éviter les manques de charité en vous. Et j'agirai toujours ainsi. Même dans les siècles à venir quand je devrai me prononcer sur une créature. Tu ne sais pas, fils, que parfois une parole de louange, d'encouragement vaut mieux que mille reproches ? Tu ne sais pas que sur cent cas très mauvais, signalés comme relativement bons, au moins la moitié deviennent réellement bons parce qu'alors, après ma parole bienveillante, ne fait pas défaut l'aide des bons qui autrement fuiraient l'individu signalé comme pervers ? Il faut soutenir les âmes, ne pas les accabler. Mais si Moi, je ne suis pas le premier à les soutenir, à voiler ce qu'il y a de mauvais, à susciter en vous bienveillance et secours pour elles, jamais vous ne vous donneriez à elles avec une miséricorde active. Rappelle-toi, Margziam..."

"Oui, Seigneur... (un profond soupir). Je m'en souviendrai... (nouveau soupir)... Mais c'est bien difficile devant certaines évidences..."

Jésus le regarde fixement, mais du garçon il ne voit que le haut du front, car il baisse beaucoup le visage.

"Margziam, lève ton visage. Regarde-moi. Et réponds-moi. Quelle est l'évidence qu'il est difficile de négliger ?"

Margziam s'embrouille... Il rougit sous sa peau un peu brune... Il répond : "Mais... il y en a tant, Seigneur..."

Jésus le presse : "Pourquoi as-tu nommé Judas ? Parce que c'est une "évidence". Peut-être celle qu'il t'est le plus difficile de surmonter... Que t'a fait Judas ? En quoi t'a-t-il scandalisé ?" et Jésus met sa main sur les épaules du garçon qui maintenant est tout empourpré tant il est rouge.

Margziam le regarde, les yeux brillants, puis il se dégage et s'échappe en criant : "C'est un profanateur, Judas !... Mais je ne puis dire... Respecte-moi, Seigneur !..." et il va se cacher tout en larmes, appelé en vain par Jésus qui a un geste de douleur découragée.
Son cri a pourtant attiré l'attention des gens de la maison du Gethsémani, et sur le seuil de la cuisine apparaît Jonas et la Mère de Jésus, et en arrière les femmes disciples : Marie de Cléophas, Marie Salomé et Porphyrée. Elles voient Jésus et se mettent à marcher vers Lui.

"La paix à vous toutes ! Me voici, Maman !"

"Seul ? Pourquoi ?"

"Je suis accouru en avant. Les autres, je les ai quittés au Temple... Mais j'étais avec Margziam..."

"Et où est maintenant mon fils que je ne vois pas ?" demande Porphyrée un peu inquiète.
"Il est monté là-haut... Mais il va venir. Avez-vous de la nourriture pour tout le monde ? Les autres vont arriver sous peu."

"Non, Seigneur. Tu avais dit que tu allais à Béthanie..."

"Oui... Mais j'ai pensé qu'il était bien de faire ainsi. Allez vite prendre ce qu'il faut. Moi, je reste avec ma Mère."

Les femmes disciples obéissent sans discuter.

Jésus reste seul avec Marie, et ils marchent lentement sous l'entrelacement des branches à travers lesquelles filtrent des rayons de soleil qui dessinent des cercles d'or sur l'herbe verte et fleurie.

"J'irai après le repas à Béthanie. Avec Simon."

"Simon de Jonas ?"

"Non, avec Simon le Zélote. Et j'emmènerai avec Moi Margziam..." Jésus se tait pensif.
Marie l'observe, puis elle demande : "Margziam te cause du chagrin ?"

"Non, Maman. Au contraire ! Pourquoi penses-tu cela ?"

"Pourquoi es-tu pensif ?... Pourquoi l'as-tu appelé sur un ton de commandement ? Et pourquoi lui t'a-t-il quitté ? Pourquoi s'est-il détaché de Toi comme s'il avait honte ? Il n'est même pas venu saluer sa mère et moi !"

"L'enfant s'est enfui à cause d'une question que je lui posais."

"Oh!..." Marie est dans une profonde stupeur. Elle se tait un instant, et puis elle murmure comme si elle se parlait à elle-même : "Les deux dans le Paradis Terrestre s'enfuirent, après le péché, en entendant la voix de Dieu... Mais, ô mon Fils, il faut avoir pitié de l'enfant. Il commence à devenir homme... et peut-être... Mon Fils, Satan mord tous les hommes..." Marie est toute pitié et supplication...

Jésus la regarde et lui dit : "Comme tu es mère ! Comme tu es "la Mère" ! Mais ne crois pas que l'enfant ait péché. Au contraire tu dois croire qu'il souffre à cause du choc d'une révélation. Il est très pur. Il est très bon... Je vais l'emmener avec Moi aujourd'hui pour lui faire comprendre, sans paroles, que je le comprends. Toute parole serait de trop... et je n'en trouverais pas une pour excuser celui qui a violé une innocence." Jésus est sévère dans ces dernières paroles.

"Oh ! mon Fils ! Nous en sommes là ! Je ne te demande pas de nom. Mais si parmi nous quelqu'un a été capable de troubler l'enfant, il n'y en a qu'un qui a pu l'être... Quel démon !"

"Allons chercher Margziam, Maman. Il ne s'enfuira pas devant toi."

Ils vont et le découvrent derrière un buisson d'aubépine.

"Cueillais-tu des fleurs pour moi, mon fils ?" demande Marie en s'approchant de lui et en l'embrassant...

"Non, mais je te désirais" dit Margziam avec encore des larmes sur le visage.
"Et moi, je suis venue. Allons, vite ! C'est qu'aujourd'hui tu dois aller avec mon Jésus à Béthanie ! Et tu dois être en tenue comme il convient."

Le visage de Margziam s'illumine, déjà oublieux du trouble qu'il éprouvait, et il dit : "Moi seul avec Lui ?"

"Et avec Simon le Zélote."

Margziam, encore très enfant, bondit de joie et court hors de sa cachette pour aller tomber sur la poitrine de Jésus... Il se trouve confus. Mais Jésus rit et l'excite en lui disant : "Cours voir si ton père est venu."

Et pendant que Margziam part en courant, Jésus observe : "C'est un véritable enfant bien que sa pensée soit déjà mûre. Lui troubler le cœur est un grand crime, mais j'y veillerai" et tout en parlant il va vers la maison avec Marie. Mais ils ne sont pas arrivés qu'ils voient Margziam qui revient en arrière en galopant.

"Maître... Mère... Il y a des personnes... de celles qui étaient dans le Temple... Les prosélytes... Il y a une femme... Une femme qui veut te voir, ô Mère... Elle dit qu'elle t'a connue à Bethléem... Elle s'appelle Noémi."

"J'en ai tant connues, alors ! Mais allons..."

Ils arrivent à la petite place où se trouve la maison. Un groupe de personnes attendent et dès qu'elles voient Jésus, elles se prosternent. Mais tout de suite une femme se lève et va se jeter aux pieds de Marie, en la nommant par son nom.

"Qui es-tu ? Moi, je ne me souviens pas de toi. Lève-toi."

La femme se lève et va parler quand arrivent, hors d'haleine, les apôtres.
"Mais Seigneur ! Mais pourquoi ? Nous avons couru comme des fous à travers Jérusalem. Nous croyions que tu étais allé chez Jeanne ou chez Annalia... Pourquoi ne t'es-tu pas arrêté ?" questions et informations se croisent confusément.

"Maintenant nous sommes ensemble. Inutile d'expliquer le pourquoi. Laissez cette femme parler en paix."

Tous se groupent pour écouter.

"Tu ne te souviens pas de moi, ô Marie de Bethléem. Mais moi, depuis trente et un ans, je me rappelle ton nom et ton visage comme celui de la pitié. J'étais venue, moi aussi de loin, de Pergé, pour l'Édit. Et j'étais enceinte. Mais j'espérais revenir à temps. Mon mari tomba malade en route, et à Bethléem il languit jusqu'à mourir. J'avais enfanté depuis vingt jours au moment de sa mort. Mes cris percèrent le ciel et tarirent mon lait ou le rendirent mauvais. Je me couvris de pustules et mon fils s'en couvrit aussi... Et on nous jeta dans une caverne pour y mourir... Eh bien... Toi, toi seule tu es venue avec précaution, pendant presque toute une lune, pour m'apporter de la nourriture et soigner mes plaies, pleurant avec moi, donnant du lait à mon enfant qui est vivant grâce à toi, à toi seule... Tu as risqué d'être tuée à coups de pierres parce qu'ils m'appelaient "la lépreuse"... Oh ! ma douce étoile ! Je n'ai pas oublié cela. Je suis partie après ma guérison. J'ai appris le massacre à Éphèse. Je t'ai tant cherchée ! Tant ! Tant ! Je ne pouvais croire que tu avais été tuée avec ton Fils dans cette nuit affreuse. Mais je ne t'ai jamais trouvée. L'été dernier, quelqu'un d'Éphèse a entendu ton Fils, il a su qui il était, il l'a suivi quelque temps, il a été avec d'autres à sa suite aux Tabernacles... Et à son retour, il a parlé. Moi, je suis venue pour te voir, ô Sainte, avant de mourir. Pour te bénir autant de fois que tu as donné de gouttes de lait à mon Jean, en l'enlevant à ton Fils béni..." La femme pleure en une attitude respectueuse, un peu penchée, serrant de ses mains les bras de Marie...

"Le lait, on ne le refuse jamais, ma sœur. Et..."

"Oh ! non. Je ne suis pas ta sœur ! Toi, Mère du Sauveur; moi, pauvre femme, perdue, loin de sa maison, veuve avec un fils sur mon sein, sur mon sein desséché comme un torrent en été... Sans toi, je serais morte. Tu m'as tout donné, et j'ai pu retourner chez mes frères, marchands à Éphèse, grâce à toi."

"Nous étions deux mères, deux pauvres mères, avec deux bébés, dans le monde. Toi, tu avais la douleur du veuvage, moi celle de devoir être transpercée en mon Fils, comme disait au Temple le vieux Siméon. Je n'ai fait que mon devoir de sœur en te donnant ce que tu n'avais plus. Et ton fils, il est vivant?"

"Il est là. Et ton Fils saint me l'a guéri ce matin. Qu'il en soit béni !" et la femme se prosterne devant le Sauveur en criant : "Viens, Jean, remercier le Seigneur."

Quittant ses compagnons, un homme de l'âge de Jésus, s'avance robuste, au visage loyal à défaut de beauté. De beau, il a l'expression de ses yeux profonds.

"La paix à toi, frère de Bethléem. De quoi t'ai-je guéri ?"

"De la cécité, Seigneur. Un œil perdu, et l'autre presque. J'étais chef de la synagogue, mais je ne pouvais plus lire les rouleaux sacrés."

"Maintenant tu les liras avec une plus grande foi."

"Non, Seigneur. Maintenant c'est Toi que je lirai. Je veux rester comme disciple, et sans faire valoir les droits pour les gouttes de lait que j'ai sucées au sein qui t'a nourri. Ce ne sont rien les jours d'une lune pour créer un lien, mais c'est tout que la pitié de ta Mère alors, et que la tienne ce matin."

Jésus se tourne vers la femme : "Et toi, qu'en penses-tu?"

"Que mon fils t'appartienne deux fois. Accepte-le, Seigneur, et le rêve de la pauvre Noémi sera réalisé."

"C'est bien. Tu seras du Christ. Vous, recevez ce compagnon au nom du Seigneur" dit-il en s'adressant aux apôtres.

Les prosélytes s'exaltent par l'émotion. Les hommes voudraient rester tout de suite. Tous. Mais Jésus dit avec fermeté : "Non. Vous, restez ce que vous êtes. Retournez à vos maisons en conservant la foi et en attendant l'heure de l'appel. Et que le Seigneur soit toujours avec vous. Allez."

"Pourrons-nous encore te trouver ici ?" demandent-ils.

"Non. Comme un oiseau qui vole de branche en branche, j'irai sans m'arrêter. Vous ne me trouverez pas ici. Je n'ai pas d'itinéraire ni de demeure fixe. Mais, s'il est juste, nous nous verrons et vous m'entendrez. Allez. Que la femme reste avec le nouveau disciple."
Et il entre dans la maison suivi des femmes et des apôtres qui commentent avec émotion l'épisode jusqu'alors ignoré et la charité profonde de Marie.

Jésus, d'un pas rapide, se rend à Béthanie. Il a à ses côtés Simon le Zélote et Margziam, heureux d'avoir été tous les deux choisis pour cette visite. Margziam, complètement rasséréné, pose mille questions sur la femme venue d'Ephèse. Il demande si Jésus connaissait ce fait, et cetera.

"Je ne le connaissais pas. Les bontés de ma Mère sont infinies et accomplies avec un si doux silence que la plupart restent ignorées."

"Il est très beau, pourtant, l'épisode" dit le Zélote.

"Oui. Tellement que je veux le faire connaître à Jean d'Endor. Que dis-tu, Maître ? Trouverons-nous ses lettres à Béthanie ?"

"J'en suis presque certain."

"Nous devrions trouver aussi la femme guérie de la lèpre" [1] observe le Zélote.
"Oui, elle a fidèlement observé les préceptes, mais maintenant le temps de la purification doit être accompli."

Béthanie apparaît sur son plateau.

Ils passent devant la maison où autrefois il y avait des paons et des flamants.

Maintenant elle est abandonnée et fermée [2]. Simon le remarque, mais son observation est interrompue par le joyeux salut de Maximin qui débouche hors du portail.

"Oh ! Maître saint ! Quel bonheur dans une si grande douleur !"

"Paix à toi. Pourquoi douleur?"

"Parce que Lazare souffre à cause de ses jambes ulcérées, et nous ne savons que faire pour soulager cette souffrance. Mais en te voyant, il ira mieux, au moins pour l'esprit."
Ils entrent dans le jardin, et alors que Maximin court en avant, eux avancent lentement vers la maison.

Marie de Magdala accourt dehors avec son cri d'adoration : "Rabbouni" et elle est suivie par Marthe qui est plus calme. Toutes les deux sont pâles comme des personnes qui ont souffert et veillé.

"Levez-vous. Allons tout de suite voir Lazare."

"Oh! Maître! Maître qui peux tout, guéris mon frère!" dit Marthe suppliante.
"Oui, bon Maître! Il souffre plus qu'il ne peut supporter ! Il s'épuise, il gémit. Il va certainement mourir si cela continue. Aie pitié de lui, Seigneur !" insiste Marie.

"Je suis toute pitié. Mais ce n'est pas pour lui l'heure du miracle. Qu'il soit courageux, et vous avec lui. Aidez-le à faire la volonté du Seigneur."

"Ah ! Tu veux dire qu'il doit mourir ?!" gémit et demande Marthe toute en larmes.
Marie a les yeux noyés de larmes et qui brillent de passion, d'une double passion pour Jésus et pour son frère : "Oh ! Maître, mais en agissant ainsi, tu m'empêches de te suivre et de te servir, et tu empêches mon frère de jouir de ma résurrection. Ne veux-tu donc pas que dans la maison de Lazare on jouisse pour une résurrection ?"

Jésus la regarde avec un fin et bon sourire et il dit : "Pour une ? Une seule ? Allons ! Vous me croyez bien peu de chose, si vous croyez que je ne puisse qu'une seule chose ! Soyez bonnes et courageuses. Allons. Et ne pleurez pas ainsi. Vous l'accableriez de soupçons pénibles." Et il s'éloigne le premier.

Lazare, certainement pour faciliter les soins, a été transporté dans une salle près de la bibliothèque, en face de la grande salle réservée aux banquets. Maximin Lui indique la porte, mais il laisse Jésus entrer seul.

"Paix à toi, Lazare, mon ami !"

"Oh ! Maître saint ! Paix à Toi. Pour moi, dans mes membres, il n'y a plus de paix. Mon esprit est accablé. Je souffre tant, Seigneur ! Donne-moi ton cher commandement : "Lazare, viens dehors" et je me lèverai guéri pour te servir..."

"Je te le donnerai. Mais pas maintenant" répond Jésus en l'embrassant.

Lazare est très maigre, jaune, les yeux enfoncés. Il est visiblement très malade et très affaibli. Il pleure comme un enfant en montrant ses jambes enflées, bleuâtres, avec des plaies que j'appellerais variqueuses, ouvertes en plusieurs endroits. Il espère peut-être qu'en montrant à Jésus cette ruine Jésus sera ému et fera un miracle. Mais Jésus se borne à replacer délicatement sur les plaies les linges enduits de baume.
"Tu es venu pour rester ?" demande Lazare déçu.

"Non, mais je viendrai souvent."

"Comment ? Tu ne fais pas la Pâque avec moi, même cette année ? Je me suis fait porter ici exprès. Tu m'avais promis aux Tabernacles que tu serais resté si longtemps avec moi après les Encénies..."

"Et j'y resterai, mais pas maintenant. Je te gêne à rester ici assis sur le bord de ton lit ?"
"Oh ! non. La fraîcheur de ta main semble adoucir l'ardeur de ma fièvre. Pourquoi ne restes-tu pas, Seigneur ?"

"Parce que comme tu es tourmenté par tes plaies, Moi je le suis par mes ennemis. Bien que Béthanie soit compris dans les limites pour la Cène, et pour tous, pour Moi, on considérerait comme un péché de consommer la Pâque ici. Pour le Sanhédrin et les pharisiens, tout ce que je fais est chameau et poutre..."

"Ah ! les pharisiens ! C'est vrai ! Mais dans une de mes maisons, alors... Cela au moins !"

"Cela, oui. Mais, par prudence, je le dirai au dernier moment."

"Oh! oui. Ne te fies pas. Tout s'est bien passé avec Jean. Tu sais? Hier Ptolmaï est venu avec d'autres, et il m'a apporté des lettres pour Toi. Ce sont mes sœurs qui les ont. Mais où sont restées Marthe et Marie ? Elles ne se préoccupent pas de te faire honneur ?" Lazare est irrité comme beaucoup de malades.

"Sois tranquille ! Elles sont dehors avec Simon et Margziam. Je suis venu avec eux et je n'ai besoin de rien. Je vais les appeler." Et en effet il appelle ceux qui, prudents, étaient restés dehors.

Marthe sort et revient avec deux rouleaux qu'elle donne à Jésus. Marie rapporte que le serviteur de Nicodème a dit qu'il précédait son maître qui vient avec Joseph d'Arimathie. Et, en même temps, Lazare se souvient d'une femme "qui s'est présentée hier en ton nom" dit-il.

"Ah ! oui ! Tu sais qui c'est ?"

"Elle nous l'a dit. C'est la fille d'un riche de Jéricho, qui est parti en Syrie tout jeune,depuis des années. Il l'a appelée Anastasica, en souvenir de la fleur du désert.

Cependant elle n'a pas voulu faire connaître le nom de son mari" explique Marthe.

"Il n'en est pas besoin. Il l'a répudiée, et elle est donc uniquement "la disciple". Où est-elle?"

"Elle est bien fatiguée et elle dort. Ces derniers jours et nuits elle a vécu bien mal. Si tu veux, je vais l'appeler."

"Non, laisse-la dormir. Je m'en occuperai demain."

Lazare regarde Margziam avec admiration. Et Margziam est sur les épines. Il voudrait bien savoir ce qu'il y a sur les rouleaux.

Jésus le comprend et les ouvre. Lazare dit : "Comment ? Il est au courant ?"

"Oui. Lui et les autres, excepté Nathanaël, Philippe, Thomas et Judas..."

"Tu as bien fait de le lui tenir caché à lui !" interrompt Lazare. "Moi, j'ai beaucoup de soupçons..."

"Je ne suis pas imprudent, mon ami" interrompt Jésus, et il lit les rouleaux en rapportant ensuite les principales nouvelles, à savoir que les deux se sont bien acclimatés, que l'école est prospère et que, sans l'affaiblissement de Jean, tout irait bien. Mais il ne peut en dire davantage parce qu'on annonce l'arrivée de Nicodème et de Joseph.

"Dieu te garde, ô Maître ! Toujours, comme ce matin !"

"Merci, Joseph. Et toi, Nicodème, tu n'étais pas là ?"

"Non. Mais ayant su que tu étais arrivé, j'ai pensé à venir chez Lazare, presque certain de te trouver. Et Joseph est venu avec moi."

Ils parlent des événements de la matinée autour du lit de Lazare qui s'y intéresse tellement qu'il semble oublier sa souffrance.

"Mais ce Gamaliel, Seigneur ! Tu as entendu ?" dit Joseph d'Arimathie.

"J'ai entendu."

Nicodème dit : "Moi, par contre, je dis : ce Judas de Kériot, Seigneur ! Après ton départ, je l'ai trouvé, vociférant comme un démon, au milieu d'un groupe d'élèves des rabbis. Il t'accusait et te défendait à la fois. Et je suis certain qu'il était vraiment convaincu de bien faire. Eux voulaient te trouver en défaut, poussés à cela par leurs maîtres. Lui combattait leurs accusations avec une fougue attristée en disant : "II n'a qu'un tort, mon Maître ! C'est de faire trop peu éclater sa puissance. Il laisse passer l'occasion. Il fatigue les bons par son excessive douceur. Il est Roi : Et il doit agir en Roi. Vous le traitez en serviteur parce qu'il est doux. Et Lui se ruine à n'être que doux. Pour vous, lâches et cruels, il n'y a que le fouet d'un pouvoir absolu et violent. Oh ! pourquoi ne puis-je faire de Lui un violent Saül!"

Jésus hoche la tête sans parler.

"Et pourtant il t'aime" observe Nicodème.

"Quel homme déconcertant !" dit Lazare.

"Oui, tu as bien dit. Moi, je ne le comprends pas encore, depuis deux ans que je suis avec lui" confirme le Zélote.

Marie de Magdala se lève avec la majesté d'une reine, et de sa voix splendide elle proclame : "Moi, je l'ai compris mieux que tous: c'est l'opprobre à côté de la Perfection. Et il n'y a rien d'autre à dire" et elle sort pour quelque occupation, en emmenant avec elle Margziam.

"Peut-être Marie a-t-elle raison" dit Lazare.

"Moi aussi, je le pense" dit Joseph.

"Et Toi, Maître, qu'en dis-tu ?"

"Je dis que Judas c'est "l'homme". Comme Gamaliel. L'homme borné près du Dieu infini. L'homme est si étroit dans sa pensée, tant qu'on ne lui fait pas respirer le surnaturel qu'il ne peut accueillir qu'une seule idée, l'incruster en lui, s'incruster en elle et s'en tenir à elle. Même en dépit de l'évidence. Têtu. Obstiné. Pour la foi, peut-être, à la chose qui l'a le plus frappé. Au fond Gamaliel a une foi, comme peu de gens en Israël, dans le Messie qu'il a entrevu et reconnu dans un enfant. Et il est fidèle à la parole de cet Enfant... Et de même Judas. Saturé de l'idée messianique telle que la plus grande partie d'Israël la cultive, confirmé en elle par la première manifestation qu'il a vue de Moi [3], il voit, il veut voir dans le Christ le roi. Le roi temporel et puissant... et il est fidèle à l'idée qu'il s'est faite.

Oh ! combien, même dans l'avenir, se ruineront à cause d'une idée erronée de la foi, rebelle à toute raison ! Mais vous, que croyez-vous ? Qu'il soit facile de suivre la vérité et la justice en toutes choses ? Que croyez-vous ? Qu'il soit facile de se sauver parce qu'on est un Gamaliel ou un Judas apôtre ? Non. En vérité, en vérité je vous dis qu'il est plus facile de se sauver pour un enfant, un fidèle du commun, que pour quelqu'un qui est élevé à une charge spéciale, à une mission spéciale. Généralement ceux qui sont appelés à un destin extraordinaire laissent entrer en eux l'orgueil de leur vocation, et cet orgueil ouvre les portes à Satan, en chassant Dieu. Les chutes des étoiles arrivent plus facilement que celles des cailloux. Le Maudit cherche à éteindre les astres et il s'insinue, il s'insinue sournoisement pour servir de levier à ceux qui sont choisis afin de les faire tomber. Si mille et dix mille hommes tombent dans les erreurs communes, leur chute n'entraîne qu'eux mêmes. Mais si celui qui tombe est quelqu'un qui a été choisi pour un destin extraordinaire, et devient un instrument de Satan au lieu de l'être pour Dieu, sa voix au lieu d'être "ma" voix, son disciple au lieu d'être "mon" disciple, alors la ruine est bien plus grande et peut même donner naissance à des hérésies profondes qui blessent d'innombrables esprits.

Le bien que je donne à quelqu'un produira beaucoup de bien s'il tombe sur un terrain humble et qui sait rester tel. Mais s'il tombe sur un terrain orgueilleux ou qui devient tel à cause du don reçu, alors de bien il devient mal. À Gamaliel fut accordée une des premières manifestations du Christ. Ce devait être pour lui un précoce appel vers le Christ. C'est la raison de sa surdité à l'appel de ma Voix qui l'appelle. À Judas il a été accordé d'être apôtre : un des douze apôtres parmi les milliers d'hommes d'Israël. Cela devait être sa sanctification. Mais qu'en sera-t-il ?... Mes amis, l'homme est l'éternel Adam... Adam avait tout, tout sauf une chose. Il voulut l'avoir. Et pourvu que l'homme reste Adam ! Mais bien souvent il devient Lucifer. Il a tout moins la divinité. Il veut celle-là. Il veut le surnaturel pour étonner, pour être acclamé, craint, connu, célébré... Et pour avoir quelque chose de ce que seul Dieu peut donner gratuitement, il s'agrippe à Satan, qui est le singe de Dieu, et donne de prétendus dons surnaturels. Oh ! quel horrible sort que celui de ses insatanisés !

Je vous quitte, mes amis. Je me retire pour quelque temps. J'ai besoin de me recueillir en Dieu..." Jésus sort très troublé...

Ceux qui sont restés : Lazare, Joseph, Nicodème et le Zélote, se regardent.

"Tu as vu comme il était troublé ?" demande à mi-voix Joseph à Lazare.

"Je l'ai vu. Il semblait voir un spectacle horrible."

"Que peut-il avoir dans le cœur ?" demande Nicodème.

"Il n'y a que Lui et l'Éternel qui le sachent" répond Joseph.

"Tu ne sais rien, Simon ?"

"Non. Il est certain que depuis des mois, il est très angoissé."

"Que Dieu le sauve ! Mais il est certain que la haine grandit."

"Oui, Joseph, la haine grandit... Je crois que bientôt la Haine va vaincre l'Amour."

"Ne dis pas cela, Simon ! S'il devait en être ainsi, je ne demanderai plus de guérir ! Il vaut mieux mourir que d'assister à la plus horrible des erreurs."

"Des sacrilèges, devrais-tu dire, Lazare..."

"Et pourtant... Israël est capable de cela. Il est mûr pour répéter le geste de Lucifer, en faisant la guerre au Seigneur béni" soupire Nicodème.

Il se fait un silence pénible, comme une morsure qui leur serre la gorge... La nuit descend dans la pièce où quatre honnêtes hommes pensent aux futurs criminels.

SOURCE: http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-055.htm
TOME: 5/55

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Le_jar10
Le jardin de Gethsémani et ses oliviers


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 30 Juil - 7:16

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Lettres d’Antioche"

Jésus a quitté Béthanie avec ceux qui étaient avec Lui, c'est-à-dire Simon le Zélote et Margziam. Mais à eux s'est jointe Anastasica qui toute voilée chemine à côté de Margziam, alors que Jésus est un peu en arrière avec Simon. Les deux groupes marchent tout en parlant, chacun pour son compte, et de ce qui lui tient le plus à cœur.
Anastasica dit à Margziam, en continuant une conversation déjà commencée : "J'ai hâte de la rencontrer." Peut-être la femme parle d'Élise de Béthsur. "Crois bien que je n'étais pas si émue quand je me suis mariée, ou quand on me déclara lépreuse. Comment vais-je la saluer ?"

Et Margziam, avec un sourire doux et sérieux : "Oh ! par son vrai nom ! Mère !"
"Mais moi, je ne la connais pas ! N'est-ce pas trop de familiarité ? Qui suis-je, enfin, pour elle ?"

"Ce que j'étais l'an dernier. Et même toi, tu es bien plus que moi ! Moi, j'étais un pauvre orphelin sale, apeuré, grossier. Et pourtant elle m'a toujours appelé fils, dès le premier instant, et elle a toujours été pour moi une vraie mère. L'an dernier c'était moi qui éprouvais une agitation craintive en attendant de la voir. Mais ensuite rien que de la voir, je n'ai plus eu de crainte. Elle est disparue toute cette épouvante qui m'était restée dans le sang depuis que j'avais vu avec mes yeux d'enfant, d'abord la fureur de la nature qui avait tout détruit de ma maison et de ma famille, et puis... et puis, de mes yeux d'enfant j'avais pu, j'avais dû voir comment l'homme est un fauve plus cruel que le chacal et le vampire... Toujours trembler... toujours pleurer... sentir ici un nœud qui vous serre durement, un nœud douloureux de peur, de peine, de haine, de tout... En quelques mois, j'ai connu tout le mal et toute la souffrance et la férocité qui existe dans le monde... Et je ne pouvais croire qu'il y avait encore de la bonté, encore de l'amour, encore de la protection..."

"Mais comment ! Quand le Maître t'a pris ?!... Et quand tu as été parmi ses disciples, si bons !?"

"J'ai encore tremblé, ma sœur... et j'ai encore haï. Oh ! il a fallu du temps pour me persuader de ne pas avoir peur... Et il m'en a fallu encore davantage pour arriver à ne pas haïr ceux qui ont fait souffrir mon âme en lui faisant connaître ce que peut être un homme : un démon qui se présente comme un fauve. On ne souffre pas sans en subir longtemps les conséquences surtout quand on est enfant... La trace en demeure parce que notre cœur est encore tendre et encore tiède des baisers de la mère, affamé de baisers plus encore que de pain. Et au lieu de baisers il se voit donner des coups..."
"Pauvre enfant !"

"Oui. Pauvre. Tellement pauvre ! Je n'avais même plus l'espoir en Dieu ni le respect de l'homme... J'avais peur de l'homme. Même près de Jésus, même dans, les bras de Pierre, j'avais peur... Je me disais : "Est-ce possible ? Oh ! cela ne durera pas. Eux aussi se lasseront d'être bons..." Et je soupirais après Marie. Une mère est toujours une mère, n'est-ce pas ? Et en effet, quand je l'ai vue, quand j'ai été dans ses bras, je n'ai plus craint. J'ai compris que vraiment tout le passé était fini et que de l'enfer j'étais passé au paradis... La dernière souffrance fut de voir qu'on me laissait de côté... Je soupçonnais toujours du mal. J'ai beaucoup pleuré. Oh ! alors... Avec quel amour elle m'a pris ! Non. Je n'ai plus pleuré ma mère à partir de ce moment-là, je n'ai plus tremblé.... Marie est la douceur et la paix des malheureux..."

"Et de douceur et de paix, j'ai besoin moi aussi..." soupire la femme.

"Et bientôt tu l'auras. Tu vois cette verdure là-bas ? Elle est cachée là, dans la maison du Gethsémani."

"Et y aura-t-il aussi Elise ? Mais que vais-je leur dire ? Que me diront-elles ?"
"Je ne sais pas si Elise sera là. Elle était malade."

"Oh ! Ne mourra-t-elle pas ?! Qui alors me prendrait pour fille ?"

"Ne crains pas. Lui a dit : "Tu auras une mère et une maison". Et il en sera ainsi. Avançons un peu vite. Moi, je ne sais pas ralentir quand je suis proche de Marie."

Ils se hâtent, et je n'entends plus leur conversation.

Le Zélote les voit qui courent presque sur la route très fréquentée, et il fait observer à Jésus : "On dirait des frères. Regarde comme ils sont bons amis."

"Margziam sait se faire à tous. C'est une vertu difficile et si nécessaire pour sa future mission. Je prends soin de faire grandir en lui cette heureuse disposition parce qu'elle lui servira beaucoup."

"Lui, tu le façonnes à ton goût, n'est-ce pas, Maître ?"

"Oui. Son âge me le permet."

"Et pourtant même le vieux Jean Félix, tu as pu le façonner..."

"Oui. Parce qu'il s'est laissé détruire et recréer complètement par Moi."

"C'est vrai. J'ai remarqué que les plus grands pécheurs quand ils se convertissent nous dépassent en justice, nous hommes d'une culpabilité relative. Pourquoi cela ?"
"Parce que, en eux, la contrition est en proportion de leur péché. Immense. Pour cela elle les brise sous le poids de la souffrance et de l'humilité. "Mon péché est toujours contre moi" dit le psalmiste. Cela garde l'esprit dans l'humilité. C'est un bon souvenir, quand il est joint à l'espérance et à la confiance dans la Miséricorde. Les perfections moyennes, ou celles qui sont encore moins que moyennes, bien souvent s'arrêtent parce qu'elles n'ont pas l'aiguillon du remords d'avoir péché gravement et de devoir réparer pour avancer vers la vraie perfection. Elles s'arrêtent comme des eaux stagnantes. Elles se regardent comme satisfaites d'être limpides. Mais même l'eau la plus limpide, si par le mouvement elle ne se purifie pas des poussières, des débris que le vent lui apporte, finit par devenir fangeuse et corrompue."

"Et les imperfections que nous laissons exister et persister en nous, sont-elles des poussières et des détritus ?"

"Oui, Simon. Vous êtes trop stagnants encore. Votre mouvement vers la perfection est presque imperceptible. Ne savez-vous pas que le temps passe vite ? Ne pensez-vous pas que dans le court espace de temps qui vous reste, vous devriez vous efforcer de devenir parfaits ? Si vous ne possédez pas la force de la perfection, conquise par une volonté résolue dans ce temps qui avance, comment pourrez-vous résister à la tempête que Satan et ses fils vont déchaîner contre le Maître et sa Doctrine ? Un jour va venir où vous vous demanderez : "Mais comment avons-nous pu être bouleversés, nous qui avons été avec Lui pendant trois années ?" Oh ! la réponse est en vous, dans votre manière d'agir ! Plus quelqu'un s'efforcera de devenir parfait dans ce temps qui reste, plus il sera capable d'être fidèle."

"Trois ans... Mais alors... Oh ! mon Seigneur !... C'est donc au printemps prochain que nous allons te perdre ?"

"Ces arbres ont leurs petits fruits et moi, je les goûterai quand ils seront mûrs. Mais jamais plus je ne goûterai, après les fruits de cette année, les nouvelles récoltes... Ne te désole pas, Simon. La désolation est stérile. Sache te fortifier dans la justice et en avoir la préoccupation pour pouvoir être fidèle au moment redoutable."

"Oui, je le ferai. Avec toutes mes forces. Puis-je dire cela aux autres pour qu'ils se préparent eux aussi ?"

"Tu peux le dire. Mais tiendra celui qui aura une forte volonté."
"Et les autres ? Perdus ?"

"Non, mais ils seront durement éprouvés par leur conduite. Ils seront comme quelqu'un qui se croyait fort et qui se trouve terrassé et vaincu. Étonnés. Humiliés. Humbles finalement ! Parce que, crois-le Simon, s'il n'y a pas d'humilité, on n'avance pas.
L'orgueil est la pierre qui sert de piédestal à Satan. Pourquoi la garder dans le cœur ? Est-ce un maître agréable cet être horrible ?"

"Non, Maître."

"Et pourtant vous gardez dans votre cœur son point d'appui, la chaire pour ses instructions. Vous êtes pétris d'orgueil. Vous en avez pour tout et pour tous les motifs. Même d'être "miens" c'est pour vous de l'orgueil. Mais, sots que vous êtes, n'êtes-vous pas guéris en comparant ce que vous êtes avec Celui qui vous a choisis ? Ce n'est pas parce que je vous ai appelés que vous serez saints. C'est parce que vous le serez devenus après mon appel. La sainteté est une construction que chacun élève par lui-même. La Sagesse peut en indiquer la méthode et le plan. Mais le travail matériel, c'est vous que cela concerne."

"C'est vrai. Alors, pourtant, nous ne nous perdrons pas ? Après l'épreuve, nous serons plus saints parce que humbles ?..."

"Oui." Le oui est sec et sévère.

"C'est ainsi que tu le dis, Maître ?"

"C'est ainsi."

"Tu voudrais pour nous la sainteté avant l'épreuve..."

"Oui, c'est ce que je voudrais. Et pour tous."

"Pour tous ! Nous ne serons pas pareils dans l'épreuve ?"

"Pas pareils, ni avant, ni pendant, ni après. Et pourtant à tous j'ai donné la même parole..."

"Et le même amour, Maître. Nous sommes grandement coupables envers Toi..."
Jésus soupire...

Le Zélote, après un silence plutôt long, va parler. Mais presque en courant arrivent à leur rencontre les apôtres et les disciples qui ont rencontré Margziam sur les premières pentes du Gethsémani. Simon se tait alors que Jésus répond à toutes les salutations et se dirige ensuite à côté de Pierre vers l'oliveraie et la maison.

Pierre annonce que dès l'aube ils étaient sur le qui-vive, qu'Élise est encore souffrante dans la maison de Jeanne, que le soir précédent des pharisiens étaient venus, que... que... que... tout un tas de nouvelles embrouillées d'où sort finalement la question : "Et Lazare ?" à laquelle Jésus répond en détail.

Pierre, très curieux, ne peut s'empêcher de demander : "Et... rien, Seigneur ? Aucune... nouvelle..."

"Si. Tu les sauras au moment voulu. Où est Margziam avec la femme ? Déjà à la maison."

"Oh ! non ! La femme n'a pas osé avancer. Elle s'est assise sur un talus et elle t'attend. Margziam... Margziam... il est disparu. Il a dû courir à la maison."

"Hâtons le pas."

Mais malgré leur hâte, ils n'arrivent pas à la maison avant que Marie et sa belle-sœur, Salomé, Porphyrée, les femmes de Barthélemy et de Philippe, n'en soient sorties pour le vénérer. Jésus les salue de loin et se dirige vers l'endroit où Anastasica se tient humblement, il la prend par la main pour la conduire vers sa Mère et les femmes.
"Voici: c'est la fleur de cette Pâque, Mère. Une seule cette année. Mais qu'elle te soit douce parce que c'est Moi qui te l'amène."

La femme s'est agenouillée.

Marie se penche et la relève en disant : "Les filles restent sur le cœur, pas aux pieds des mères. Viens, ma fille. Connaissons nos visages comme déjà nos esprits se connaissent. Voici les sœurs qui sont présentes, d'autres viendront. Et que ce soit une douce famille toute amour entre ses membres et toute sainteté pour la gloire de Dieu."
Des baisers affectueux s'échangent entre les femmes disciples et elles se dévisagent entre elles. Elles entrent dans la maison et montent sur la terrasse entourée de la couleur glauque de centaines d'oliviers. Les groupes se séparent : Jésus avec les hommes, les femmes à part, autour de la nouvelle venue. Revient Suzanne qui était allée avec son mari en ville. Jeanne arrive avec les enfants. Avec son visage angélique, apparaît Annalia. Jaïre, qui s'était mêlé aux disciples pendant qu'ils couraient vers Jésus, revient avec sa fille qui va dans le groupe des femmes, auprès de Marie qui la caresse.

C'est la paix et l'amour dans l'accueil des personnes. Puis le soleil descend. Avant de congédier ceux qui retournent dans leurs propres maisons, ou celles qui les logent, Jésus les réunit tous pour la prière et il les bénit. Puis il congédie tout le monde. Il reste avec ceux qui préfèrent s'entasser dans la maison du Gethsémani ou passer la nuit sous les oliviers plutôt que de s'éloigner de là. Il reste ainsi Marie, Marie d'Alphée, Salomé, Anastasica, Porphyrée, pour les femmes; et pour les hommes, Jésus, Pierre, André, Jacques et Jude d'Alphée, Jacques et Jean de Zébédée, Simon le Zélote, Mathieu, Margziam.

Le souper est vite consommé. Et ensuite Jésus invite sa Mère et Marie d'Alphée à venir avec Lui et les disciples dans l'oliveraie silencieuse. Peut-être les autres femmes iraient-elles aussi volontiers, mais Jésus ne les appelle pas et il dit même à Salomé et à Porphyrée : "Conversez saintement avec la nouvelle sœur et puis couchez-vous sans nous attendre. La paix soit avec vous." Et les trois se résignent à leur sort. Pierre est un peu maussade alors que tout le monde parle, alors qu'en groupe ils vont justement vers le futur rocher de l'agonie. Ils s'assoient sur le talus, tournés vers Jérusalem qui s'apaise lentement après les bruits confus de la journée.

"Allume des branches, Pierre" commande Jésus.

"Pourquoi ?"

"Parce que je veux vous lire ce qu'ont écrit Jean et Sintica. C'est pour cela, sache-le, toi qui es mécontent, c'est pour cela que je n'ai pas fait venir les trois femmes."

"Mais il y avait ma femme ce soir-là !..."

"Mais exclure seulement Salomé, des anciennes disciples, aurait été peu convenable... Du reste, cela te donnera l'occasion de t'épancher avec ta prudente épouse en lui racontant ce que tu vas entendre maintenant."

Pierre, tout fier de l'éloge qui est fait de Porphyrée et de la permission de pouvoir la mettre au courant du secret, perd du coup son humeur maussade et se met à allumer un joyeux flambeau duquel s'élèvent des flammes toutes droites, immobiles dans l'air tranquille.

Jésus tire de sa ceinture les deux lettres, les déroule et les lit au milieu du cercle attentif des onze visages.

"A Jésus de Nazareth, honneur et bénédiction. A Marie de Nazareth, bénédiction et paix.

Aux frères saints, paix et salut. Au bien-aimé Margziam, paix et caresses.

Ce sont des larmes et des sourires qui sont dans mon cœur, alors que je m'assois afin d'écrire cette lettre pour vous tous. Souvenirs nostalgiques, espérance et paix du devoir accompli, tout cela me remplit. Tout le passé qui pour moi a de la valeur, c'est-à-dire celui qui a commencé il y a douze mois, est devant moi, et un psaume de reconnaissance pour Dieu, qui a eu trop de pitié pour le coupable, jaillit de mon cœur. Que Tu sois béni et avec Toi la Sainte qui t'a donné au monde, et l'autre mère dont je me souviens comme de la compassion incarnée, et avec Toi les bénis Pierre, Jean, Simon, Jacques et Jude et l'autre Jacques, et André et Mathieu, et enfin, en le prenant sur mon cœur pour le bénir, mon très cher Margziam, pour tout ce que vous m'avez donné depuis le moment où je vous ai connus jusqu'à celui où je vous ai quittés ! Oh ! ce n'était pas par ma volonté ! Que Dieu pardonne à ceux qui m'ont arraché à vous ! Que Dieu leur pardonne, et qu'il augmente en moi la capacité de le faire, de moi-même. Pour le moment, avec son secours, je puis le faire avec Lui. Mais par moi seul, non, je ne pourrais encore le faire, parce qu'elle est trop vive la blessure qu'ils m'ont faite en m'arrachant à ma vraie Vie, à Toi, Très Saint. Trop vive encore bien que tes réconforts soient une pluie continuelle et balsamique sur moi ..."

Jésus parcourt plusieurs lignes sans les lire, et il reprend : "Ma vie..." mais Pierre, pour permettre au Maître d'y voir clair, a pris un rameau embrasé et le tient élevé, en restant près du Maître et en allongeant le cou pour voir ce qui est écrit, dit : "Non, ce n'est pas cela ! Pourquoi ne lis-tu pas, Maître ? Il y a autre chose au milieu ! Je suis bête, mais pas au point de ne pas savoir lire du tout. Moi, je lis : "Tes promesses ont dépassé les espérances..."

"Mais tu es terrible ! Pire qu'un enfant !" dit Jésus en souriant.

"Bien sûr ! Je suis presque un vieillard ! C'est pourquoi j'ai plus de malice qu'un enfant."
"Tu devrais aussi avoir davantage de prudence."

"C'est bon avec les ennemis. Ici, nous sommes entre amis. Ici Jean dit de belles choses de Toi. Je voudrais les savoir, pour me guider moi aussi quand tu m'expédies ailleurs comme une marchandise. Allons, lis tout ! Mère, dis-lui qu'il n'est pas juste de nous donner les nouvelles en les triant comme autant de petits poissons. Dehors ! Dehors ! Les algues, la boue, le menu fretin, les poissons de choix. Tout ! Aidez-moi, vous autres ! Vous semblez autant de statues. Vous me dépitez ! Et ils rient !"

Il est difficile de ne pas rire devant l'agitation de Pierre qui saute ça et là comme un poulain emballé, en secouant son rameau flamboyant sans se préoccuper des étincelles qui lui pleuvent dessus.

Jésus doit céder pour le calmer et avancer dans la lecture.

"Tes promesses ont dépassé les espérances que j'avais dans tes promesses. Oh ! Maître saint ! Quand dans cette triste matinée d'hiver tu m'as promis que tu serais venu consoler ton triste disciple, je n'ai pas compris la véritable portée de ta promesse. La souffrance et les limites de l'homme accablaient les facultés de l'esprit et il était fermé à la compréhension de la portée de ta promesse.

Sois béni, spirituel Visiteur de mes nuits qui ainsi ne sont pas désolation et souffrance comme je le prévoyais, mais attente de Toi, ou joyeuse rencontre avec Toi. La nuit, horreur des malades, des exilés, des esseulés, des coupables, pour moi Félix, vraiment heureux de faire ta volonté et de te servir, est devenue l'attente des vierges sages pour l'arrivée de l'époux. Ma pauvre âme a même davantage encore. Elle a la béatitude d'être l'épouse attendant son Amour, qui vient dans la chambre nuptiale pour lui donner chaque fois la joie de la première rencontre et l'extase fortifiante de la fusion.

Oh ! mon Maître et Seigneur, tout en te bénissant du si grand don que tu me fais, je te prie de te rappeler les deux autres promesses que tu m'as faites. La plus importante, pour l'homme trop faible que je suis, est de ne pas me laisser en vie pour l'heure de ta souffrance. Tu connais ma faiblesse ! Ne fais pas que celui qui pour ton amour s'est dépouillé de la haine doive, à cause de la haine envers les hommes tes bourreaux, vêtir de nouveau les épineux et brûlants uniformes de la haine. La seconde promesse, c'est pour ton pauvre disciple, encore trop faible et inachevé dans la perfection : sois près de moi, comme tu me l'as dit, à l'heure de ma mort. Maintenant que je sais comment pour Toi n'existent pas les distances, les mers, les montagnes, les fleuves et que les desseins des hommes ne t'empêchent pas de donner à ceux qui t'aiment le réconfort de ta présence sensible, je ne doute plus de pouvoir te posséder à mon dernier soupir. Viens, Seigneur Jésus ! Et viens vite pour m'introduire dans la paix.

Et maintenant que je t'ai parlé de mon esprit, je vais te donner des nouvelles de mon travail.

J'ai beaucoup d'élèves, de toutes races et de tous pays. Pour ne pas blesser les uns ou les autres, je leur ai réparti les jours, en alternant un jour pour les païens, un pour les fidèles, avec grand profit, étant donné l'absence ici de pédagogues. Le gain je le donne aux pauvres, et ainsi je les attire au Seigneur. J'ai repris mon ancien nom. non parce que je l'aime, mais par prudence. Aux heures où j'appartiens au monde, je suis 'Félix'. Aux heures où j'appartiens à Jésus, je suis seulement 'Jean' : la grâce de Dieu.J'ai expliqué à Philippe que mon vrai nom était Félix et que l'on ne m'appelait Jean que pour me distinguer parmi les frères. Et la chose n'a produit aucune surprise étant donné la facilité avec laquelle nous changeons de nom ou nous nous appelons par des surnoms. J'espère faire ici beaucoup de travail pour préparer la voie aux frères saints. Si j'avais plus de force, je voudrais me répandre dans ces campagnes pour faire connaître ton Nom. Mais peut-être le pourrai-je au début de l'été ou aux fraîches journées de l'automne. Et il me suffira de le pouvoir pour le faire. L'air pur d'Antigonea, ces jardins si tranquilles et si beaux, les fleurs, les enfants, les poulettes, l'affection des jardiniers, et surtout cette grande, sage filiale Sintica me donnent beaucoup de joie. Je dirais que je vais mieux. Ce n'est pas l'avis de Sintica, bien que sa pensée ne se manifeste que par les soins empressés et continuels dont elle m'entoure, pour ma nourriture, pour mon repos, pour m'empêcher de prendre froid... Mais je me sens mieux. Ce n'est peut-être qu'une impression qui me vient du devoir héroïquement accompli ? C'est ce que dit Sintica. Et je voudrais savoir si elle a raison. Car le devoir c'est une chose morale alors que la maladie c'est chose charnelle.

Et je voudrais aussi savoir si c'est bien Toi qui viens réellement ou si tu n'apparais qu'aux sens spirituels, mais si parfaitement que cela ne me permet pas de savoir où finit la réalité matérielle de ta Présence.

Maître chéri et béni, ton Jean s'agenouille pour te demander ta bénédiction.

A la Mère, à Marie, aux frères saints, paix et bénédiction. A Margziam un baiser pour qu'il se souvienne de m'envoyer les saintes paroles, pain des exilés qui travaillent dans la vigne du Seigneur".

C'est la lettre de Jean... Qu'en dites-vous ?"

Les impressions s'entrecroisent... Mais domine celle de la Présence de Jésus. Ils l'accablent de questions... sur la manière dont cela peut se produire, sur sa possibilité, sur une participation de Sintica, et cetera.

Jésus fait signe que l'on se taise et il ouvre le rouleau de Sintica. Il lit : "Sintica au Seigneur Jésus, avec tout l'amour dont elle est capable. A la Mère bénie, vénération et louange. Aux frères dans le Seigneur, reconnaissance et bénédiction. A Margziam, l'embrassement de sa sœur lointaine.

Jean t'a dit, ô Maître, notre vie. Il t'a dit très en abrégé ce qu'il fait et ce que moi je fais, en qualité de femme. J'ai ma petite école pleine de fillettes, et je gagne beaucoup spirituellement, parce que je te les gagne, ô mon Seigneur, en parlant du vrai Dieu, à l'occasion du travail lui-même. Ici, dans cette région où tant de races se sont mélangées, il y a un écheveau embrouillé de religions. Tellement embrouillé que... ce ne sont plus que des religions impraticables, des effilochures de religions qui ne servent plus à rien. Au milieu, rigide et intransigeante, la religion juive qui, par son poids, brise les fils déjà usés des autres sans rien obtenir.

Jean, qui a des élèves, doit se comporter avec prudence. Moi, avec les fillettes, j'y vais plus librement. Etre femme est toujours une infériorité si bien que pour des familles de religions différentes il est sans importance que les fillettes soient mélangées dans une école unique. Il suffit qu'elles apprennent l'art fructueux de la broderie. Et que soit bénie l'idée méprisante que le monde a de nous les femmes, car il me permet d'élargir toujours plus mon cercle d'influence. Les broderies se vendent comme des petits pains, leur réputation s'étend, il vient de loin des acheteuses. A toutes j'ai la possibilité de parler de Dieu... Oh ! comme les fils eux-mêmes qui, sur le métier ou sur la toile deviennent des fleurs, des animaux, des étoiles, servent, dès qu'on le veut, à diriger les âmes vers la Vérité. Connaissant plusieurs langues, je peux me servir du grec avec les grecs, du latin avec les romains, de l'hébreu avec les hébreux. Même pour celui-ci je me perfectionne de plus en plus grâce à l'aide de Jean.

Un autre moyen de pénétration c'est l'onguent de Marie. J'en ai fait une quantité de nouveau avec les essences qui existent ici et j'y ai mêlé une parcelle de l'onguent primitif pour le sanctifier. Ulcères et douleurs, blessures et mal de poitrine, disparaissent. Il est vrai qu'en faisant les pansements avec le baume, je répète sans arrêt les deux noms saints : Jésus-Marie. Et même, en jouant sur le nom grec du Christ, j'ai appelé ce baume 'Oint Myrrhe'. N'est-ce pas ainsi ? N'y a-t-il pas en lui l'essence salutaire de la Myrrhe de Dieu qui t'a engendré, ô Huile précieuse qui nous fais des rois ? Je dois rester bien souvent levée pour pouvoir en préparer du nouveau, et je prierais la Sainte de m'en préparer encore et de m'en envoyer pour les Tabernacles pour pouvoir le mélanger à l'autre fabriqué par l'infime servante de Dieu. Pourtant, si je fais mal d'agir ainsi, dis-le moi, Seigneur, et je ne le ferai jamais plus.
Le cher Jean me loue beaucoup, et moi que devrais-je dire de lui, alors ? Il endure des souffrances aiguës. Mais il a un courage merveilleux. Si je ne connaissais pas son secret, j'en serais étonnée. Mais depuis cette nuit où revenant d'auprès d'un malade je l'ai trouvé extatique et transfiguré, et que j'ai entendu ses paroles et que prosternée, je me suis rendu compte que Tu étais présent à ton serviteur, je ne peux plus m'étonner. Peut-être, au contraire, que quelque frère s'étonnera d'apprendre que je ne regrette pas de ne t'avoir pas vu moi aussi. Pourquoi devrais-je le regretter ? Tout est bien, tout est suffisant de ce que Tu donnes. Chacun reçoit la part qu'il mérite et qui lui est nécessaire. Il est donc bien que Jean te possède visiblement et que moi je ne te possède qu'en esprit.

Suis-je heureuse ? Comme femme, j'ai regretté le temps où j'étais avec Toi et Marie. Mais, comme âme, je suis très heureuse car je pense que c'est maintenant seulement que je te sers, mon Seigneur. Je pense que le temps n'est rien. Je pense que l'obéissance est la monnaie qui paie l'entrée dans ton Royaume. Je pense que de t'aider c'est une grâce que la pauvre esclave ne pouvait rêver même dans une heure de délire, et que Tu m'as accordé de t'aider. Je pense que, séparée maintenant, je te posséderai à la fin pendant toute l'éternité. Et je chante la chanson de Jean, comme fait l'alouette au printemps sur les champs dorés de l'Hellade. Mes fillettes la chantent parce qu'elles disent qu'elle est belle, et je les laisse chanter au rythme du métier qui ressemble tant à celui de la rame en ce jour lointain, car je pense que dire ton nom, ô Mère, c'est se disposer à la Grâce.

Jean me prie d'ajouter la nouvelle qu'il t'a envoyé un citoyen distingué d'Antioche, du nom de Nicolaï. C'est sa première conquête pour ton troupeau. Nous espérons beaucoup que Nicolaï ne déçoive pas l'estime que nous avons de lui dans notre cœur.
Bénis ta servante, Seigneur. Bénis-la, ô Mère, bénissez-moi tous, vous les saints et toi, enfant béni, qui grandis en sagesse près du Seigneur".

C'est ce qu'écrit Sintica et elle a ajouté une note à l'insu de Jean. Elle y dit : "Jean n'en gagne que pour son esprit. Pour le reste, il décline malgré tous les soins. Il compte beaucoup sur le début de l'été. Je pense qu'il ne pourra pas faire ce qu'il dit. Je pense que l'hiver étouffera ce qu'il lui reste de vie... Mais il est en paix. Il se sanctifie par le travail et la souffrance. Garde-lui la force par ta présence, ô mon Seigneur ! Je te demande de me soumettre à toutes sortes de peines en échange de ce don pour ton disciple. J'envoie ces lettres à Lazare par Ptolmaï, et je te supplie de vouloir dire à lui et à ses sœurs que nous nous rappelons leurs bontés pour nous et que nous prions constamment et ardemment à leur intention"

Tout le monde échange de nouvelles impressions.

André se penche pour demander quelque chose à Marie, et il reste étonné de voir des larmes sur son visage. "Tu pleures ?" demande-t-il.

"Pourquoi pleures-tu ? Mais comment ? Mère !" disent plusieurs.

"Moi, je sais pourquoi elle pleure" dit Margziam.

"Pourquoi, alors?"

"Parce que Jean a rappelé la mort du Seigneur."

"Ah ! C'est vrai ? Et comment la connaît-il puisqu'il n'était plus ici quand tu l'as prédite ?"

"Parce qu'il l'a apprise de Moi pour son réconfort."

"Hum ! Réconfort !..."

"Oui, son réconfort. La promesse qu'il n'attendra pas longtemps pour avoir le Royaume. Lui le mérite car il vous a tous surpassés par la volonté et l'obéissance. Retournons à la maison. Préparons les réponses pour les donner à Ptolmaï, et toi, Margziam, tu joindras tes livres."

"Ah ! je comprends ! je comprends ! C'est pour eux qu'il écrivait!..."

"Oui. Allons. Demain nous irons au Temple..."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-056.htm
TOME : 5/56

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Antioche sur la carte


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Ven 31 Juil - 7:46

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le jeudi avant Pâque. Première partie"

C'est à peine un début d'aurore. Mais déjà les hommes rivalisent avec les oiseaux qui s'agitent dans les premiers vols, les premiers travaux et les premiers chants du jour. La maison du Gethsémani s'éveille tout doucement et se trouve devancée par le Maître qui déjà revient de la prière qu'il a faite aux premières lueurs de l'aube, si toutefois il ne rentre pas après une nuit entière de prière.

C'est le lent réveil du Champ des Galiléens tout proche, sur le plateau du Mont des Oliviers. Les cris et les appels traversent l'air serein, atténués par la distance, mais assez nets pour faire comprendre que les pieux pèlerins qui sont réunis là vont reprendre les cérémonies pascales interrompues le soir précédent
.
La ville se réveille là-bas; c'est le commencement de la clameur qui va la remplir en ces jours de presse, avec le braiment des ânes, les cris des maraîchers et des marchands d'agneaux qui se pressent aux portes pour entrer, et avec la plainte si émouvante des centaines d'agneaux qui sur des chars, sur des bâts, sur des bâtons ou sur les épaules, vont à leur tragique destin et appellent leurs mères, pleurant son éloignement, et ne sachant pas qu'ils devraient pleurer pour leur vie arrivée à une fin si précoce. Puis la rumeur croît de plus en plus dans Jérusalem, avec le piétinement dans les rues, les appels d'une terrasse à l'autre et de celles-ci à la rue, ou en sens inverse. Et la rumeur arrive comme celle de la marée atténuée par la distance jusqu'à la cuve tranquille du Gethsémani.

Un premier rayon de soleil frappe directement une des riches coupoles du Temple et l'allume toute entière comme si le soleil était descendu sur la Terre, un petit soleil posé sur un blanc piédestal, mais si beau dans sa petitesse.

Les disciples, hommes et femmes, regardent avec admiration ce point d'or. C'est la Maison du Seigneur ! C'est le Temple ! Pour comprendre ce qu'était cet endroit pour les Israélites, il suffit de voir leurs regards qui le fixent. Il semble qu'ils voient, à travers l'éclat de l'or embrasé par le soleil, s'illuminer la Face Très Sainte de Dieu. Adoration et amour de la patrie, sainte fierté d'être hébreux se manifestent dans ces regards plus que si les lèvres parlaient.

Porphyrée, qui n'a pas été à Jérusalem depuis tant d'années, en a par l'émotion les larmes aux yeux alors qu'inconsciemment elle serre le bras de son mari qui lui indique je ne sais quoi de la main. Elle s'abandonne un peu à lui, ressemblant à une nouvelle épouse, énamourée de son époux, pleine d'admiration pour lui, heureuse d'être instruite par ses soins.

Pendant ce temps, les autres femmes parlent doucement, par monosyllabes, pour s'informer de l'emploi du temps de la journée. Anastasica, pas encore au courant et un peu dépaysée, se tient légèrement de côté, absorbée dans ses pensées. Marie, qui parlait avec Margziam, la voit et l'aborde en lui passant un bras autour de la taille.

"Tu te sens un peu seule, ma fille ? Mais aujourd'hui cela ira mieux. Tu vois ? Mon Fils est en train de commander aux apôtres d'aller chez des femmes disciples pour les avertir de se rassembler et de l'attendre dans l'après-midi chez Jeanne. Il veut certainement nous parler, spécialement à nous les femmes, et certainement auparavant il t'aura déjà donné une mère. Bonne, sais-tu ? Je la connais depuis le temps où j'étais au Temple. C'était dès ce temps-là une mère pour les plus petites d'entre les jeunes filles. Et elle comprendra ton cœur parce qu'elle aussi a beaucoup souffert. Mon Fils l'a guérie, l'an dernier, d'une mélancolie mortelle qui s'était emparée d'elle après la mort de ses deux fils. Je t'en parle pour que tu saches quelle est celle qui dorénavant t'aimera et que tu aimeras. Cependant, de même que l'an passé j'ai dit à Simon Pierre qui recevait Margziam pour fils, je te le dis à toi : "Que cette affection n'alanguisse pas ton cœur dans sa volonté de servir Jésus". S'il en était ainsi, le don de Dieu te serait dommageable plus que la lèpre, puisqu'il éteindrait en toi la volonté sincère qui doit te donner un jour la possession du Royaume."

"Ne crains pas, ô Mère. Pour autant que cela dépend de moi, je ferai de cette affection une flamme pour m'enflammer toujours plus au service du Seigneur. Je ne m'alanguirai pas en elle et je n'appesantirai pas Élise, mais ensemble, plutôt, nous nous soutiendrons et en nous encourageant par une sainte émulation, nous volerons sur le chemin du Seigneur avec son aide."

Pendant qu'elles parlent, du Champ des Galiléens, de la ville, des maisons éparses sur les pentes ou du faubourg attenant à la ville, sur une des deux routes qui vont de Jérusalem à Béthanie, et précisément sur la plus longue que Jésus suit rarement, surviennent des disciples anciens et nouveaux, et les derniers qui arrivent ce sont Philippe avec sa famille, Thomas seul, Barthélemy avec sa femme.

"Où sont les fils d'Alphée, et Simon et Mathieu ?" demande Thomas qui ne les voit pas.

"Ils sont allés en avant. Les deux derniers à Béthanie pour prévenir les sœurs de se trouver dans l'après-midi chez Jeanne; les deux premiers chez Jeanne et Annalia pour leur dire que dans l'après-midi elles seront chez Jeanne. Nous nous trouverons à l'heure de tierce à la Porte Dorée.[i][i] Allons, en attendant, donner l'obole aux mendiants et aux lépreux. Que Barthélemy aille avec André en avant acheter des vivres pour ces derniers. Nous les suivrons lentement, en nous arrêtant au faubourg d'Ophel, près de la Porte, pour aller ensuite vers les pauvres lépreux."

"Tous ?" disent quelques-uns peu enthousiastes.

"Tous et toutes. La Pâque, cette année, nous réunit comme cela n'a jamais été possible. Faisons ensemble ce qui sera le futur devoir des hommes et des femmes qui agiront en mon Nom. Voici Judas de Simon qui vient en hâte. Je m'en réjouis car je veux que lui aussi soit avec nous."

En effet Judas arrive tout essoufflé. "En retard, Maître ? C'est la faute de ma mère. Elle est venue, contrairement à son habitude, et à ce que je lui avais dit. Je l'ai trouvée hier soir auprès d'un ami de notre maison. Ce matin, elle m'a retenu pour me parler... Elle voulait venir avec moi, mais je n'ai pas voulu."

"Pourquoi ? Est-ce que par hasard Marie de Simon ne mérite pas d'être où tu es ? Au contraire, elle le mérite bien plus que toi. Va donc vite la prendre et rejoins-nous au Temple, à la Porte Dorée."

Judas s'en va sans répliquer. Jésus se met en chemin, en avant, avec les apôtres et les disciples. Les femmes, avec Marie au milieu, suivent les hommes.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-057.htm
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Le Saint des Saints face à Gethsémani


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Sam 1 Aoû - 7:55


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" Le jeudi avant la Pâque. Deuxième partie : au Temple"

Je ne vois pas la distribution de la nourriture aux lépreux de Hinnon, et j'en entends seulement parler. Mais il ne me semble pas qu'il y ait eu des miracles parmi eux, car Simon Pierre dit : "La solitude atroce ne leur a pas donné la grâce de croire et de savoir où est le Salut."

Ensuite la ville les accueille par la Porte qui donne accès au bruyant ou populeux faubourg d'Ophel.

Après quelques mètres, par une porte entrouverte bondit, joyeuse, Annalia, qui vénère le Maître en disant : "J'ai la permission de ma mère. Seigneur, de rester avec Toi jusqu'au soir."

"Cela ne déplaira-t-il pas à Samuel ?"

"Il n'y a plus de Samuel dans ma vie. Seigneur. Que le Très-Haut en soit remercié. Qu'il m'accorde seulement que, comme il m'a quitté, il ne te quitte pas, ô mon Dieu." La bouche juvénile sourit héroïquement alors qu'une larme brillante resplendit dans son chaste regard.

Jésus la regarde fixement et lui dit, pour toute réponse : "Rejoins tes sœurs, les disciples" et il reprend sa route.

Mais la vieille mère d'Annalia, vieillie par la souffrance plus que par l'âge, s'approche à son tour, et elle salue toute courbée par le respect et l'accablement. Elle dit : "La paix à Toi, Maître. Quand pourrais-je te parler ? J'ai tant d'ennuis !..."

"Tout de suite, femme." Et s'adressant à ceux qui sont avec Lui, il commande : "Restez ici. dehors. J'entre un moment dans cette maison" et il va s'éloigner derrière la femme.
Mais Annalia, du groupe des femmes disciples, le rappelle d'un seul mot : "Maître !" mais que n'y a-t-il pas dans ce mot ! Et en le disant, elle joint les mains comme pour supplier...

"Ne crains pas. Reste en paix. Ta cause est entre mes mains et aussi ton secret" dit Jésus pour la rassurer. Et puis, vivement, il entre par la porte entrouverte.
Dehors on commente le fait, et la curiosité des hommes rivalise avec celle des femmes pour savoir... savoir... savoir...

A l'intérieur, on écoute et on pleure. Jésus écoute. Les épaules appuyées contre la porte qu'il a pris sur Lui de fermer dès son entrée, les bras croisés sur la poitrine, il écoute la mère de la jeune fille qui, en pleurant, Lui parle de l'inconstance du fiancé qui a choisi un prétexte pour se libérer de tout lien.... "De cette façon, Annalia est comme une femme répudiée, et elle ne pourra plus se marier. En effet elle a déclaré que tu n'approuves pas que l'on se marie après la répudiation. Mais ce n'est pas son cas. Elle est encore jeune fille ! Elle ne se vend pas à un autre homme puisqu'elle n'a appartenu à aucun homme. Et lui est coupable de cruauté et plus que cela. Il désire en effet un autre mariage, mais ce sera ma fille qui paraîtra coupable et le monde se moquera d'elle. Occupe-t-en, ô Seigneur, car c'est à cause de Toi que cela arrive."
"A cause de Moi, femme ? En quoi ai-je péché ?"

"Oh ! Tu n'as pas péché, mais il dit qu'Annalia t'aime. Et il simule la jalousie. Hier soir il est venu, et elle était chez Toi. Il est entré en furie et il a juré qu'il n'en voulait plus pour épouse. Annalia qui est survenue alors lui a répondu : "Tu fais bien. Je ne regrette qu'une chose : que tu cherches à revêtir la vérité de mensonge et de calomnie. Tu sais que l'on n'aime Jésus qu'avec son âme. Mais c'est ton âme qui maintenant est corrompue et elle quitte la Lumière pour la chair, alors que je quitte la chair pour la Lumière. Nous ne pourrions plus être une seule pensée comme deux époux doivent l'être. Va donc, et que Dieu veille sur toi". Pas une larme, tu comprends ? Rien qui ait touché le cœur de l'homme ! Mes espérances sont déçues ! Elle... oh ! certainement par légèreté, cause sa propre ruine. Appelle-la, Seigneur. Parle-lui. Ramène-la à la raison. Cherche Samuel. Il est chez Abraham son parent, la troisième maison après la fontaine du figuier. Aide-moi ! Mais d'abord parie à elle, tout de suite..."

"Pour ce qui est de parler, je parlerai. Mais tu devrais remercier Dieu qui délie un lien humain, dont il est clair qu'il ne méritait pas la confiance. L'homme est inconstant et injuste envers Dieu et envers sa femme..."

"Oui, mais il est atroce que le monde pense qu'elle soit coupable, que tu sois coupable, seulement parce qu'elle est pour Toi une disciple."

"Le monde accuse et puis oublie. Le Ciel, au contraire, est éternel. Ta fille sera une fleur du Ciel."

"Alors pourquoi l'as-tu faite vivre ? Elle aurait été une fleur sans devoir subir la lapidation des calomnies. Oh ! Toi qui es Dieu, appelle-la, ramène-la à la raison, et puis fais réfléchir Samuel..."

"Rappelle-toi, femme, que Dieu Lui-même ne peut violenter la liberté de l'homme et sa volonté. Eux, Samuel et ta fille, ont le droit de suivre ce qu'ils pensent être bien pour eux. Annalia en a spécialement le droit..."

"Mais pourquoi ?"

"Parce que plus que Samuel, elle est aimée de Dieu. Parce que plus que Samuel, elle donne de l'amour à Dieu. Ta fille appartient à Dieu !"

"Non, en Israël, cela n'existe pas. La femme doit être épouse... Elle est à moi, ma fille... Son mariage m'apportait la paix pour l'avenir..."

"Ta fille, depuis un an, était au tombeau sans mon intervention. Qui suis-je pour toi ?"
"Le Maître et Dieu."

"Et comme Dieu et comme Maître je dis que le Très-Haut a des droits plus que tout autre sur ses fils, et qu'il va y avoir beaucoup de changements dans la Religion, et que dorénavant il sera possible aux vierges de rester éternellement telles pour l'amour de Dieu. Ne pleure pas, ô mère ! Quitte ta maison et viens avec nous, aujourd'hui. Viens !

Là dehors il y a ma Mère et les autres mères héroïques qui ont donné leurs fils au Seigneur. Joins-toi à elles..."

"Parle à Annalia... Essaie, Seigneur !" gémit la femme en sanglotant.

"Bon. Je vais faire comme tu veux" dit Jésus et, ouvrant la porte, il appelle sa Mère avec Annalia.

Elles viennent rapidement et elles entrent.

"Mon enfant, ta mère veut que je te dise de réfléchir encore. Elle veut que je parle à Samuel. Que dois-je faire ? Quelle réponse me donnes-tu ?"

"Parle donc à Samuel, et même je te supplie de le faire. Mais seulement parce que je voudrais qu'en t'entendant il devienne juste. Quant à moi, tu sais. Je te prie de donner à ma mère la réponse la plus vraie."

"Tu entends, femme ?"

"Quelle est donc la réponse ?" demande de sa voix brisée la femme qui aux premières paroles de sa fille croyait à son regret, et qui ensuite a compris qu'il n'en était pas ainsi.

"La réponse est que depuis un an ta fille appartient à Dieu, et que son vœu est perpétuel, pour la durée de la vie."

"Oh ! misérable que je suis ! Quelle mère est plus malheureuse que moi ?!"

Marie laisse la main de la jeune fille pour embrasser la femme et lui dire doucement: "Ne pèche pas par ta pensée et tes paroles. Ce n'est pas un malheur que de donner à Dieu un fils, mais c'est une gloire bien grande. Tu m'as dit un jour que tu souffrais de n'avoir eu qu'une fille car tu aurais aimé avoir un garçon consacré au Seigneur. Ce n'est pas un garçon, mais un ange que tu as, un ange qui précédera le Sauveur dans son triomphe. Et tu veux te dire malheureuse ? Ma mère me consacra spontanément au Seigneur dès la première palpitation qu'elle perçut dans son sein, de moi, qu'elle avait conçue tardivement. Et elle ne me garda que pendant trois ans. Et moi, je ne l'ai possédée que dans mon cœur. Cependant ce fut sa paix à sa mort de m'avoir donnée à Dieu... Allons, viens au Temple pour chanter les louanges de Celui qui t'a aimée au point de choisir ta fille pour son épouse. Aie dans ton cœur une véritable sagesse. La vraie sagesse c'est de ne pas mettre de limites à sa propre générosité envers le Seigneur."

La femme ne pleure plus, elle écoute... Puis elle se décide. Elle prend son manteau et s'en enveloppe. Mais en passant devant sa fille, elle soupire: "Ah ! d'abord la maladie, puis le Seigneur... Ah ! je ne devais pas te posséder !...
"
"Non, maman. Ne parle pas ainsi ! Jamais tu ne m'as possédée comme maintenant. Toi et Dieu. Dieu et toi. Vous seuls, jusqu'à la mort..." et elle l'embrasse doucement en lui demandant: "Une bénédiction, mère ! Une bénédiction... parce que j'ai tant souffert de devoir te faire souffrir. Mais Dieu me voulait ainsi..."

Elles s'embrassent en pleurant. Puis elles sortent, précédées de Jésus et de Marie et elles ferment la maison pour se joindre aux femmes disciples...

..."Pourquoi entrons-nous par ici, Seigneur ? Ne valait-il pas mieux entrer de l'autre côté ?" demande Jacques de Zébédée.

"Parce que, en passant par ici, nous passons devant l'Antonia."

"Et tu espères... Fais attention, Maître !... Le Sanhédrin t'espionne" dit Thomas.
"Comment le sais-tu ?" demande Barthélemy.

"Il suffit de réfléchir à l'intérêt des pharisiens pour comprendre. Vous me dites qu'avec mille excuses ils viennent continuellement observer ce que nous faisons !... Dans quel but, sinon pour trouver le Maître en faute ?"

"Tu as raison. Alors, Maître, ne passons pas par l'Antonia. Si les romains ne te voient pas, tant mieux."

"Et dans cette raison, il n'y a pas tant de préoccupation pour Moi que de mépris pour eux, n'est-ce pas Barthélemy ? Comme tu serais plus sage si tu ôtais de ton cœur ces misères !" répond Jésus qui poursuit son chemin sans écouter personne.

Pour aller à l'Antonia, ils doivent passer par le Siste où se trouve le palais de Jeanne et celui d'Hérode, peu éloignés l'un de l'autre. Et Jonathas est sur la porte du palais de Chouza et dès qu'il voit Jésus, il le signale à ceux de la maison. Chouza sort tout de suite et s'incline. Jeanne le suit déjà toute prête pour rejoindre le groupe des femmes disciples.

Chouza parle : "J'ai appris qu'aujourd'hui tu es chez Jeanne. Accorde à ton serviteur de t'avoir comme hôte dans un banquet."

"Oui, mais à condition que tu me permettes d'en faire un banquet de charité pour les pauvres et les malheureux."

"Comme tu veux, Seigneur. Commande et je ferai ce que tu veux."

"Merci. La paix soit avec toi Chouza."

Jeanne demande : "As-tu des ordres pour Jonathas ? Il est à ta disposition."

"Je les donnerai quand je serai passé au Temple. Allons parce que nous sommes attendus."

Ils passent peu après près du beau et cruel palais d'Hérode. Mais il est fermé comme s'il était inhabité. Ils passent près de l'Antonia. Les soldats observent le petit cortège du Nazaréen.

Ils entrent dans le Temple; et alors que les femmes s'arrêtent à la partie inférieure, les hommes continuent vers le lieu qui leur est réservé.

Ils arrivent à l'endroit où sont présentés les enfants et purifiées les femmes. Un petit groupe de gens accompagnent une jeune mère et s'arrête pour observer les cérémonies rituelles.

"Un petit consacré au Seigneur, Maître !" dit André qui observe la scène.

"Si je ne me trompe, c'est la femme de Césarée de Philippe, celle du château. Elle est passée devant moi pendant que nous t'attendions à la Porte Dorée" dit Jacques d'Alphée.

"Oui. Il y a aussi sa belle-mère et l'intendant de Philippe. Ils ne nous ont pas vus, mais nous nous les avons vus" ajoute le Thaddée. Et Mathieu ajoute : "Nous deux, d'autre part, nous avons vu Marie de Simon avec un vieil homme. Mais Judas n'y était pas. La femme paraissait très triste. Elle regardait autour avec anxiété."

"Nous la chercherons ensuite. Maintenant prions. Et toi, Simon, fais l'offrande au trésor pour tout le monde."

Ils prient longuement, très remarqués par les gens qui se montrent le Maître.

Une brève altercation, où domine la note aiguë d'une voix féminine, fait tourner la tête à ceux qui prient avec moins de recueillement.

"Si je suis venue ici pour offrir un garçon à Dieu, je puis rester un peu pour l'offrir à Celui qui l'a sauvé au Seigneur" dit la voix aiguë.

Et des voix nasales d'hommes insistent : "Il n'est pas permis à une femme de rester ici après la cérémonie rituelle. Va-t-en."

"Je vais partir, mais derrière Lui."

"Appelle-le alors et va-t-en avec Lui."

"Doucement ! Doucement ! Laissez la femme parler et qu'elle dise comment elle peut dire que le Nazaréen a sauvé l'enfant pour Dieu" dit une voix traînante d'homme.
"Et en quoi cela t'intéresse-t-il, Jonathas d'Uriel ?"

"Si cela m'intéresse ?! Il y a certainement là un nouveau péché. Une nouvelle preuve. Écoute-moi, femme. Comment cet homme a-t-il sauvé ton fils ? Veux-tu le dire à ceux qui cherchent avec ténacité la vérité ?" demande d'un ton mielleux ce pharisien que j'ai déjà vu.

"Oh ! oui. C'est avec reconnaissance que j'en parle. J'étais désespérée parce que l'enfant était mort-né. Je suis veuve, et cette enfant est tout pour moi. Lui est venu et lui a donné la vie."

"Quand ? Où ?"

"A Césarée de Philippe. Je suis au château de Césarée."

"La vie ! Sans doute une défaillance de l'enfant..."

"Non. Il était mort. Ma mère peut le dire. Et peut le dire l'intendant du château. Lui est venu et lui a soufflé dans la bouche, et le bébé a remué et il a vagi."

"Et toi, où étais-tu?"

"Au lit. Seigneur. J'avais à peine enfanté."

"Oh ! horreur !"

"Ah ! anathème."

"Impur !"

"Sacrilège !"

"Vous voyez si j'avais raison de l'interroger ?"

"Tu es sage, Jonathas d'Uriel ! Comment as-tu deviné ?"

"Je connais l'homme. Je l'ai vu violer le sabbat sur mes terres de la plaine pour rassasier sa faim."

"Chassons-le d'ici !"

"Rapportons la chose aux Princes des prêtres."

"Non. Demandons-lui s'il s'est purifié. Nous ne pouvons l'accuser sans savoir..."
"Tais-toi, Eléazar. Ne te souille pas par une sotte défense."

Au milieu de cette scène, la jeune Dorca, cause de cette bagarre, éclate en sanglots et crie : "Oh ! Ne Lui faites pas de mal à cause de moi !"

Mais quelques forcenés ont rejoint le Seigneur et Lui disent d'un ton autoritaire : "Viens ici et réponds."

Les apôtres et les disciples s'agitent par colère et par crainte. Jésus, calme et solennel, suit celui qui l'appelle.

"Reconnais-tu cette femme ?" crient-ils en le poussant au milieu du cercle qui s'est formé autour de Dorca qu'ils montrent du doigt comme si elle était lépreuse.

"Oui, c'est une jeune mère qui est veuve, de Césarée de Philippe. Cette femme est sa belle-mère, et cet homme est l'intendant du château. Eh bien ?"

"Elle t'accuse d'être entré chez elle pendant qu'elle enfantait."

"Ce n'est pas vrai, Seigneur ! Je ne l'ai pas dit. J'ai dit que tu as ranimé mon fils. Rien d'autre ! Je voulais te faire honneur et je te fais du mal. Oh ! Pardon, pardon !"

L'intendant de Philippe vient à son secours et il dit : "Ce n'est pas vrai. Vous mentez. La femme n'a pas dit cela et j'en suis témoin. Je suis prêt à le jurer et aussi que le Rabbi n'est pas entré dans la pièce mais que c'est du seuil qu'il a opéré le miracle."

"Tais-toi, serviteur."

"Non. Je ne me tairai pas. Et je le dirai à Philippe qui vénère le Rabbi plus que vous, faux dévots du Dieu Très-Haut."

L'altercation glisse de la femme au terrain religieux et politique. Jésus se tait. Dorca pleure.

Eléazar, l'hôte juste du banquet chez Ismaël, dit : "Je crois que le doute est éclairci et l'accusation tombe, et le Rabbi, justifié, peut être libre d'aller."

"Non; Je veux savoir s'il s'est purifié d'avoir touché le mort. Qu'il le jure sur Jéhovah !" crie Jonathas d'Uriel.

"Je ne me suis pas purifié car, l'enfant n'était pas mort, mais il avait du mal à respirer."

"Ah ! cela t'arrange maintenant de dire qu'il n'est pas ressuscité, hein !" crie un pharisien.

"Pourquoi ne t'en vantes-tu pas comme tu l'as fait à Cédés ?" demande un autre.
"Mais ne perdons pas notre temps à parler ! Chassons-le et apportons la nouvelle accusation au Sanhédrin. Un paquet d'accusations !"

"Quelle autre ?" demande Jésus.

"Quelle autre ? Et d'avoir touché une lépreuse sans te purifier ? Peux-tu le nier ? Et d'avoir blasphémé à Capharnaüm au point que les plus justes t'ont abandonné ? Peux-tu le nier ?"

"Je ne nie rien. Mais je suis sans péché. En effet, Sadoc, toi qui m'accuses, tu sais par le mari d'Anastasica qu'elle n'était pas lépreuse, tu le sais, toi, entremetteur de l'adultère de Samuel, toi qui as menti au monde avec lui, pour favoriser la passion d'un homme dégoûtant en donnant le nom de lépreuse à celle qui n'était pas lépreuse, et en condamnant une femme à cette torture qu'est le fait d'être appelé "lépreux" en Israël, seulement parce que tu es complice du mari coupable."

Le scribe Sadoc, un de ceux qui étaient à Giscala et puis à Cédés, frappé de plein fouet, s'esquive sans rien dire. Les gens le poursuivent de leurs railleries.

"Silence ! Le lieu est sacré" dit Jésus. Il commande à la femme et à ceux qui l'accompagnent : "Allons, venez avec Moi où je suis attendu." Et il s'éloigne sévère et majestueux, suivi des siens.

La femme, pendant ce temps, interrogée par plusieurs ne cesse de raconter, en répétant à chaque fois : "Mon fils Lui appartient et je le Lui consacre."

L'intendant, de son côté, s'approche de Jésus et dit : "Maître, j'ai dit le miracle à Philippe. Il m'a envoyé te dire qu'il t'aime. Aie recours à lui, dans les embûches d'Hérode... et des autres. Mais il voudrait voir lui aussi et t'entendre. Ne viendrais-tu pas aujourd'hui chez lui ? Il te garderait volontiers, même dans la Tétrarchie."

"Je ne suis pas un histrion ni un mage. Je suis le Maître de la Vérité. Qu'il vienne à la Vérité, et je ne le repousserai pas."

Ils sont dans la cour des femmes.

"Le voici ! Le voici !" disent les femmes disciples à Marie qui s'inquiète du retard.
Ils se réunissent et Jésus voudrait congédier les gens de Césarée pour aller à la recherche de Marie, mère de Judas, mais Dorca s'agenouille et Lui dit : "Je t'ai cherché avant elle, avant celle que tu cherches et qui est la mère d'un disciple. Je t'ai cherché pour te dire : "Ce fils t'appartient. Fils unique, je te le consacre. Tu es le Dieu Vivant. Qu'il soit ton serviteur"."

"Sais-tu ce que cela veut dire ? Cela veut dire consacrer ton fils à la souffrance, le perdre comme mère et l'avoir comme martyr au Ciel. Es-tu capable d'être martyre en ton enfant ?"

"Oui, mon Seigneur. Sa mort m'aurait faite martyre, et d'un martyre de pauvre mère. Je le serai pour Toi, d'une manière parfaite, agréable au Seigneur."

"Et qu'il en soit ainsi !... Oh ! Marie de Simon, quand es-tu venue ?"

"Maintenant. Avec Ananias, mon parent... Moi aussi, je te cherchais, Seigneur..."

"Je le sais. J'ai envoyé Judas pour te dire de venir. N'est-il pas venu ?"

La mère de Judas baisse la tête et murmure : "Je suis sortie tout de suite après lui pour venir au Gethsémani. Mais tu étais parti de là !... Je suis accourue au Temple...

Maintenant je te trouve... A temps pour entendre cette enfant, déjà mère, et si heureuse !... Oh ! comme je voudrais pouvoir parler ainsi, Seigneur, et d'un Judas nouveau-né... doux, doux... comme un de ces agneaux..." et en pleurant, elle montre les agneaux bêlants qui vont vers le sacrificateur. Elle s'enveloppe dans son manteau pour cacher ses pleurs.

"Viens avec Moi, mère. Nous parlerons dans la maison de Jeanne. Ici, ce n'est pas l'endroit."

Les femmes prennent avec elles Marie, mère de Judas, alors que son parent Ananias se mêle aux disciples. Dorca aussi et sa belle-mère rejoignent les femmes, et Marie d'Alphée et Salomé extasiées cajolent le bébé.

Ils se dirigent vers la sortie. Mais avant d'y arriver, un esclave romain apporte à Jeanne une tablette enduite de cire. Elle la lit et répond : "Tu diras que oui. Dans l'après-midi, chez moi, au palais."

Et puis c'est le cri de Jaia et de sa mère en voyant le Sauveur : "Le voilà, le voilà, Celui qui donne la lumière ! Bénis sois-tu, Lumière de Dieu !" et ils sont le front contre terre, heureux.

Les gens se pressent, interrogent, comprennent, crient des hosannas.

Et puis c'est le vieux Mathias, l'homme qui dans une nuit de tempête logea Jésus et les siens près de Jabès Galaad, qui vénère et bénit Jésus.

Et puis c'est le grand-père de Margziam et les autres paysans auxquels Jésus, après avoir parlé à Jeanne, dit : "Venez avec Moi", comme il l'a déjà dit à Dorca, à Jaia, à Mathias.

Mais près de la Porte Dorée, voici Marc de Josias, le disciple traître, qui parle avec animation à Judas Iscariote. Judas voit venir le Maître et le dit à son interlocuteur. Celui-ci se retourne quand déjà Jésus est derrière lui. Les regards se croisent. Quel regard, celui du Christ ! Mais l'autre désormais est sourd à tout pouvoir saint. Pour fuir plus vite, il jette presque Jésus contre une colonne et Jésus, pour toute réaction, dit : "Marc, arrête-toi. Par pitié, pour ton âme et pour ta mère !"

"Satan !" crie l'autre, et il s'en va.

"Horreur !" crient les disciples. "Mais, maudis-le, Seigneur !" Et le premier à le dire, c'est l'Iscariote.

"Non. Je ne serais plus Jésus... Allons."

"Mais comment, comment a-t-il pu devenir ainsi ? Il était si bon !" dit Isaac qui paraît transpercé par une flèche, tellement il est affligé du changement de Marc.

"C'est un mystère. Une chose inexplicable !" disent plusieurs.

Et Judas de Kériot : "Oui. Je le faisais parler. Toute une hérésie. Mais comment expliquée ! Il vous persuade presque. Il n'était pas si sage quand il était juste."

"Tu devrais dire qu'il n'était pas si fou quand il était possédé près de Gamala !" dit Jacques de Zébédée.

Et Jean demande : "Pourquoi, Seigneur, quand il était possédé te nuisait-il moins que maintenant ? Ne pourrais-tu pas le guérir pour qu'il ne te nuise pas ?"

"Parce que maintenant il a accueilli en lui un démon intelligent. C'était d'abord une auberge prise de force par une légion de démons, mais il ne consentait pas à les loger. Maintenant son intelligence a voulu Satan et Satan a mis en lui une force démoniaque intelligente. Contre cette seconde possession, je ne puis rien. Je devrais violenter la volonté libre de l'homme."

"Tu souffres, Maître ?!"

"Oui. Ce sont mes angoisses... mes défaites... Et je m'en afflige, car ce sont des âmes qui se perdent. Pour cela seulement, non pour le mal qu'ils me font à Moi."

Ils se sont arrêtés en attendant que le chemin soit dégagé d'un engorgement de gens et de montures et ils se trouvent tous groupés. Le regard de la mère de Judas est si perçant que son fils lui demande : "Mais, enfin, qu'as-tu ? Est-ce la première fois que tu vois mon visage ? En vérité tu es malade et je dois te faire soigner..."

"Je ne suis pas malade, fils ! Et ce n'est pas la première fois que je te vois !"

"Et alors ?"

"Et alors... rien. Je voudrais seulement que tu ne mérites jamais ces paroles du Maître."

"Moi, je ne l'abandonne pas et je ne l'accuse pas. Je suis son apôtre, moi !"

Ils reprennent la route jusqu'à ce que Jésus s'arrête pour saluer Jeanne et : les femmes disciples qui vont avec Jeanne chez cette dernière. Les hommes, de leur côté, vont tous au Gethsémani.

"Nous pouvions aller tous là. J'aurais voulu voir ce que disait Élise."

"Tu le verras. Car c'est seulement aujourd'hui qu'elle saura, et par Moi, que je lui confie Anastasica."

"Et le repas, ce soir ?"

"Oui. J'ai dit à Jeanne ce qu'elle doit faire."

"Que doit-elle faire ? Quand le lui as-tu dit ?"

"Vous le verrez. Avant de la quitter, pendant que je la saluais. Allons vite pour être de bonne heure au jardin de Jeanne."

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-058.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Le_tem13
Le Temple


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Lun 3 Aoû - 8:08

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le jeudi avant la Pâque. Troisième partie : instructions diverses"

Sur la route du retour vers la maison de Jeanne, étant un peu isolés parmi les gens qui se pressent sur les routes et qui séparent l'un de l'autre les nombreux hommes de la compagnie qui suit Jésus, Pierre qui est avec le Maître et les deux fils d'Alphée, demande : « Voici, Seigneur. Maintenant que nous pouvons parler entre nous, dis-moi une chose à laquelle je pense depuis hier. »

« Oui, Simon. Dis-moi ce que c'est et je te répondrai. »

« C'est depuis hier que je pense à la grande grâce que tu as accordée à Jean à Antigonea. Mais sais-tu qu'elle est bien grande ?! Une chose unique. Faite seulement à lui ! Et pourtant Sintica aussi mérite tant... Et enfin, il y a tant de braves gens qui... mériteraient de te voir... et qui te voient seulement quand tu es à côté d'eux. Nous, par exemple, comme nous aurions été consolés quand tu nous as envoyés par le monde ! Et parfois on s'est trouvé dans des moments où une seule parole nous aurait tiré de l'incertitude... Mais Toi, à nous, tu ne viens jamais... Pourquoi cette différence? »

« Pour conclure, toi, mon Simon, tu es un peu jaloux ?... »

« Oh ! non ! Mais... enfin je voudrais savoir trois choses : pourquoi à Jean d'Endor; si c'est pour lui seul; et s'il ne peut pas arriver qu'un jour cela se produise aussi pour nous, pour moi, par exemple, de te voir miraculeusement et de savoir de Toi comment me conduire. »

« Et Moi, je te réponds. A Jean, parce que c'est un esprit qui a beaucoup de volonté mais qui, à cause de ses aventures passées, a des faiblesses plutôt physiques qu'autre chose, qui pourraient ruiner l'édifice qu'il a construit par sa montée vers Dieu. Tu vois, mon ami ? Le passé, quand il a été si longtemps sur nous comme une croûte qui a pénétré jusque dans les profondeurs, a gravé des marques indélébiles, et non seulement cela, mais il laisse en tout homme des tendances indélébiles. Regarde par exemple cette maisonnette construite sur la montagne. Les eaux du sol, celles qui descendent de la montagne pendant les pluies, l'ont lentement pénétrée. Maintenant il y a un chaud soleil, cela va durer des mois. Mais les moisissures qui ont pénétré la chaux resteront toujours comme des taches de lèpre. La maison a été abandonnée parce qu'on l'a déclarée lépreuse. En d'autres temps plus sévères, la maison aurait été totalement démolie, selon la Loi. Pourquoi est arrivé ce désastre à cette pauvre maison ? Parce que ses propriétaires n'ont pas prévu de creuser des petits fossés tout autour pour empêcher les eaux de stagner à la base, pour dévier loin du côté adossé à la montagne les eaux qui en descendent. Maintenant la maison non seulement est en mauvais état, mais elle est minée par l'humidité. Si quelqu'un de bien décidé pensait à ces travaux et la remettait ensuite en état, en décapant les murs et en remplaçant les briques pourries par des neuves, elle pourrait encore servir. Cependant elle présenterait toujours des faiblesses telles que, dans un tremblement de terre, elle serait la première à s'écrouler. Jean a été pénétré pendant des années, par les poisons du mal du monde. Il a pourvu par sa volonté à en dégager son âme redevenue vivante, mais dans la base cachée dans la partie inférieure, il est resté des faiblesses... L'esprit est fort, mais sa chair est faible, et la chair déchaîne aussi des tempêtes quand ses excitations se joignent aux éléments du monde, capables de secouer le moi. Jean !... Quel tourbillonnement des souvenirs du passé a causé ce qui est arrivé ! Moi, je viens en aide à sa résistance, à sa purification, à sa victoire sur cette résurgence du passé.

J'apporte, comme je puis, du réconfort à sa trop grande souffrance. Parce que lui le mérite, parce qu'il est juste d'aider une volonté sainte contre laquelle se lance à l'assaut toute la perversité du monde. Es-tu convaincu ? »

« Oui, Maître. C'est... à lui seulement que tu te manifestes ? »

Jésus sourit en regardant Pierre qui le regarde par en-dessous et qui semble un enfant qui observe le visage se son père. Il répond : « Pas à lui seul. A d'autres aussi qui sont au loin pour construire leur sainteté au milieu des difficultés et dans la solitude. »
« Qui est-ce ? »

« Il n'est pas nécessaire de le savoir. »

Jacques d'Alphée demande : « Et à nous, par exemple, quand nous serons seuls et qui sait à quel point tourmentés par le monde ?... Tu ne nous aideras pas par ta présence ? »

« Vous aurez le Paraclet avec ses lumières. »

« C'est bien... Mais moi... je ne le connais pas... et... je pense que je n'arriverai jamais à le comprendre. Toi, au contraire... Je dirai : "Oh ! voici le Maître" et je te demanderai ce que faire avec la certitude que c'est Toi...» dit Pierre. Et il termine : «Le Paraclet ! Trop élevé pour le pauvre pêcheur ! Qui sait comme sa parole est difficile à saisir et comme il est... léger : un souffle qui passe... Qui le remarque ? Moi, j'ai besoin que l'on me secoue, que l'on crie, pour que ma caboche s'éveille et puisse comprendre. Mais Toi, si tu m'apparais, je te vois, et alors !... Promets-moi, et même promets-nous que tu nous apparaîtras même à nous. Mais ainsi, hein ?! En chair et en sang, pour que l'on te voie bien et que l'on t'entende bien. »

« Et si je viens pour vous faire des reproches ? »

« N'importe ! Mais, au moins — est-ce vrai, vous deux ? — nous saurons ce qu'il faut faire ! »

Les deux fils d'Alphée sont du même avis.

« Eh bien, je vous le promets. Bien que, croyez-le, le Paraclet saura se faire comprendre de vos âmes. Mais je viendrai vous dire : "Jacques, fais ceci ou cela. Simon Pierre, ce n'est pas bien que tu fasses cette autre chose. Jude, fortifie-toi pour être prêt à ceci ou à cette autre chose. »

« Oh ! très bien. Maintenant je suis plus tranquille. Et viens souvent, sais-tu ? Car je serai comme un pauvre enfant perdu et qui ne fait que pleurer et... faire des choses qui ne sont pas bonnes... » Et Pierre pleurerait presque dès maintenant...

Jude Thaddée demande : « Ne pourrais-tu pas le faire pour tous dès maintenant ? Je veux dire : pour ceux qui doutent, pour les coupables, pour les renégats. Peut-être un miracle... »

« Non, frère. Le miracle fait beaucoup de bien, le miracle de cette espèce spécialement, quand il est donné au temps et au lieu voulus à des personnes qui ne sont pas malicieusement coupables. Donné à des personnes malicieusement coupables, il augmente leur culpabilité car il augmente leur orgueil. Le don de Dieu, ils le prennent pour une faiblesse de Dieu qui les supplie, eux les orgueilleux, de Lui permettre de les aimer. Le don de Dieu, ils le prennent pour le fruit de leurs grands mérites. Ils se disent : "Dieu s'humilie avec moi, parce que je suis saint". C'est la ruine complète, alors. La ruine d'un Marc de Josias, par exemple, et d'autres avec lui... Malheur, malheur à qui prend ce chemin satanique. Le don de Dieu se change en lui en poison de Satan. C'est l'épreuve la plus grande et la plus assurée du degré d'élévation et de volonté sainte dans un homme, que d'être gratifié de dons extraordinaires. Très souvent l'homme en est enivré humainement, et de spirituel il devient toute humanité, et puis il descend et devient satanicité. »

« Et alors pourquoi Dieu les accorde-t-Il ? Il vaudrait mieux qu'il ne les accorde pas ! »
« Simon de Jonas, pour t'apprendre à marcher, ta mère t'a-t-elle toujours tenu dans les langes et sur ses bras ? »

« Non. Elle me mettait par terre et me laissait les jambes libres. »

« Mais tu es tombé ? »

« Oh ! un nombre infini de fois ! D'autant plus que j'étais très... Enfin, tout petit, j'avais la prétention d'agir par moi-même et de tout bien faire. »

« Mais maintenant tu ne tombes plus ? »

« Il ne manquerait plus que cela ! Maintenant je sais qu'il est dangereux de grimper sur le dossier d'un siège, que prétendre se servir des gouttières pour descendre du toit par le plus court chemin c'est une erreur, que vouloir voler depuis le figuier jusqu'à l'intérieur de la maison, comme si on était un oiseau, c'est de la folie. Mais quand j'étais petit, je ne le savais pas. Et si je ne me suis pas tué, c'est vraiment un mystère.

Cependant tout doucement j'ai appris à me bien servir de mes jambes et aussi de ma tête. »

« Alors Dieu a bien fait de te donner des jambes et une tête, et ta mère de te laisser apprendre à tes dépens ? »

« Certainement ! »

« C'est ce que Dieu fait avec les âmes. Il leur fait les dons et comme une mère Il avertit et enseigne. Mais ensuite chacun doit déterminer par lui-même comment il s'en servira. »

« Et si quelqu'un est idiot ? »

« Dieu ne fait pas de dons aux idiots. Eux, II les aime parce qu'ils sont malheureux, mais il ne leur donne pas ce dont ils ne comprendraient pas l'usage. »

« Mais s'il les leur donnait et si eux en usaient mal ? »

« Dieu les traiterait d'après ce qu'ils sont : des incapables et donc des irresponsables. Il ne les jugerait pas. »

« Et si quelqu'un, qui était intelligent quand il les a reçus, devient ensuite sot ou fou ? »

« Si c'est par maladie, il n'est pas coupable de ne pas employer le don qu'il a eu. »

« Mais... un de nous, par exemple ? Marc de Josias... ou... ou un autre, voilà ?! »

« Oh ! alors ! Il vaudrait mieux pour lui de n'être pas né ! Mais c'est ainsi que se fait la séparation des bons et des mauvais... Opération pénible, mais juste. »

« Mais que dites-vous de bon ? Rien pour nous ? » demandent les autres apôtres qui, étant donné la largeur de la route, ont pu rejoindre Jésus.

« Nous parlions de tant de choses. Jésus m'a dit une parabole sur la lèpre des maisons. Je vous la dirai ensuite » répond Pierre.

« Quelle superstition, cependant ! » déclare doctoralement l'Iscariote. « Vraiment digne de ce temps-là. Les murs ne prennent pas la lèpre. Les anciens, imbéciles, prêtaient aux vêtements et aux murs des propriétés qui appartiennent aux animaux. Choses ridicules et qui nous rendent ridicules. »

« Ce n'est pas comme tu dis, Judas. Sous une figure imagée qui s'imposait pour les esprits de ce temps-là, on poursuivait un grand but qui répondait à de saintes prévoyances. Comme tant d'autres préceptes de l'ancien Israël. Des préceptes qui assuraient la santé du peuple. Conserver un peuple sain c'est le devoir des législateurs, c'est honorer Dieu et le servir, car le peuple est fait de créatures de Dieu. Il ne faut donc pas le négliger alors qu'on ne néglige pas les animaux et les plantes. Les maisons dites lépreuses n'ont pas, il est vrai, la maladie chamelle de la lèpre. Mais elles ont des défauts de construction et de situation qui les rendent malsaines et qui se manifestent par les taches qu'on appelle "lèpre des murs". A la longue, elles deviennent malsaines pour l'homme et, en plus, dangereuses à cause du danger d'écroulement. C'est donc avec raison que la Loi a imposé des prescriptions et ordonne l'abandon et la réfection et même la démolition si, après leur reconstruction, elles reprennent leur mauvaise apparence. »

« Oh ! mais un peu d'humidité ! Qu'est-ce que cela fait ? On l'assèche avec des brasiers. »

« Et l'humidité ne se voit pas à l'extérieur, la décrépitude augmente. L'humidité se développe dans les profondeurs et érode les murs et, un beau jour, la maison s'écroule et ensevelit ceux qui s'y trouvent. Judas, Judas ! Il est mieux d'avoir une surveillance exagérée qu'être imprudents ! »

« Moi, je ne suis pas une maison ! »

« Tu es la maison de ton âme. Ne permets pas que dans ta maison s'infiltre le mal et qu'elle s'effrite... Veille à la sauvegarde de ton âme. Veillez tous. »

« Je veillerai, Maître. Mais dis-moi franchement si tu es impressionné par les paroles de ma mère. Cette femme est malade, elle voit des ombres. Je dois la faire soigner. Guéris-la, Maître. »

« Moi, je la réconforterai. Mais toi seul peux la guérir en calmant son anxiété. »

« Anxiété sans fondement. Crois-le, Seigneur. »

« Cela vaut mieux ainsi, Judas. Cela vaut mieux. Mais toi, par une conduite toujours plus juste, cherche à la supprimer. Et si cette anxiété est née, il y a sûrement une raison. Effaces-en même le souvenir et ta mère et Moi, nous te bénirons. »

« Maître, tu crains que je sois d'accord avec Marc de Josias ? »

« Je ne crains rien. »

« Ah ! bien ! Car je cherchais justement à le convaincre. Et je crois que c'était mon devoir. Personne ne le fait. J'ai du zèle pour les âmes, moi ! »

« Fais attention qu'il ne t'en vienne pas du mal ! » dit bonnement Pierre.

« Que veux-tu dire ? » dit Judas agressif.

« Rien de plus que ceci : que pour toucher ce qui brûle, il faut prendre un isolant. »
« Et quoi, dans notre cas ? »

« Quoi ? Une grande sainteté. »

« Et moi, je ne l'ai pas, n'est-ce pas ? »

« Ni toi, ni moi, ni personne d'entre nous. Donc... nous pourrions nous brûler et en rester marqués. »
« Et alors, qui s'occupera des âmes ? »

« Le Maître, pour l'instant. Après, nous, quand, selon sa promesse, nous aurons les moyens pour pouvoir le faire. »

« Mais moi, je veux le faire avant. Il n'est jamais trop tôt de travailler pour le Seigneur. »

« Voilà, je crois que tu parles bien. Mais je pense que le premier travail pour le Seigneur, c'est sur nous qu'il faut le faire. Aller prêcher la sainteté aux autres, avant de nous la prêcher à nous-mêmes... »

« Tu es égoïste ! »

« Pas du tout. »

« Si. »

« Non. »

La dispute commence. Jésus intervient : « Pierre a raison en grande partie. Toi aussi, tu as un peu raison. Car la prédication doit s'appuyer sur des faits. Il faut donc se sanctifier pour pouvoir dire : "Faites ce que je dis, parce que c'est juste". Et cela confirme ce que dit Pierre. Cependant aussi le travail sur les autres esprits sert à former notre propre esprit, car il nous oblige à nous rendre meilleurs pour ne pas nous entendre faire des observations par ceux que nous voulons convertir. Mais nous voici à la maison de Jeanne...

Entrons pour jouir de l'amour d'être parmi les ouvrières du Seigneur et pour donner, par les faits, la prédication de l'avenir. »

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-059.htm
Tome : 5/59

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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mar 4 Aoû - 7:56


Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le jeudi avant Pâque. Quatrième partie : dans la maison de Jeanne"

"La paix soit à cette maison et à tous ceux qui sont présents" ainsi salue Jésus en entrant dans le vaste vestibule très fastueux, tout illuminé bien qu'il fasse encore jour. Et les lampes ne sont pas inutiles car s'il est vrai qu'il fait jour, et il est vrai aussi que dehors le soleil est éblouissant dans les rues et sur les façades des maisons blanchies à la chaux, mais ici, dans le vaste et surtout très long corridor qui sert de vestibule, qui traverse toute la maison, depuis le portail massif jusqu'au jardin dont on aperçoit au fond la verdure ensoleillée que la perspective fait paraître lointaine, il doit y avoir habituellement de la pénombre qui est de l'ombre pour ceux qui viennent du dehors, les yeux éblouis par le grand soleil.

Aussi Chouza a pourvu à ce que les larges poêles de cuivre repoussé, fixées en grand nombre et à des intervalles réguliers sur les deux murs, soient toutes éclairées et de même aussi le lampadaire central, un large bassin d'albâtre rosé, avec encastrées dans la transparence carnée de l'albâtre, des jaspes et autres écailles précieuses et multicolores qui, à cause de la lumière allumée à l'intérieur, resplendissent comme autant d'étoiles qui projettent des arcs-en-ciel sur les murs peints en bleu foncé, sur les visages, sur le dallage de marbre cipolin. Il semble que de petites étoiles se posent sur les murs, sur les visages, sur le sol, étoiles multicolores, menues et mouvantes, car le lampadaire se balance légèrement a cause du courant d'air qui traverse le vestibule et qui déplace continuellement les facettes des écailles précieuses.

"La paix à cette maison" répète Jésus en entrant, alors que sans arrêt il bénit les serviteurs courbés jusqu'à terre, les hôtes étonnés d'être rassemblés là, tout près du Rabbi, dans un palais princier...

Les hôtes ! La pensée de Jésus se dessine clairement. Le festin d'amour qu'il a voulu dans la maison de la bonne disciple est la mise en action d'une page de l'Évangile. Il y a des mendiants, des estropiés, des aveugles, des orphelins, des vieillards, des jeunes veuves avec leurs petits attachés à leurs vêtements ou suçant le lait peu abondant de la mère mal nourrie. La richesse de Jeanne a déjà pourvu à remplacer les vêtements déchirés par des vêtements modestes, mais propres et neufs. Les chevelures peignées dans un souci prévoyant de propreté, les vêtements propres des malheureux que les serviteurs alignent et aident à gagner leurs places, leur donnent certainement un aspect moins misérable que celui qu'ils avaient quand Jeanne les envoya chercher dans les ruelles, aux carrefours, sur les chemins qui conduisent à Jérusalem, là ou leur misère honteuse se cachait ou bien s'exposait pour avoir l'aumône. Mais à côté de cela, restent bien visibles les privations sur les visages, les infirmités des membres, et les malheurs, les solitudes dans les regards...

Jésus passe et bénit. Chaque malheureux reçoit sa bénédiction, et si la main droite se lève pour bénir, la gauche s'abaisse pour caresser les têtes tremblantes et chenues des vieillards ou les têtes innocentes des petits. Il parcourt ainsi le vestibule, en allant et venant pour bénir tout le monde, même ceux qui entrent alors que Lui bénit déjà et, encore en lambeaux, se cachent craintifs et timides dans un coin jusqu'à ce que les serviteurs les amènent gentiment ailleurs pour être, comme ceux qui les ont précédés, lavés et habillés de vêtements propres.

Une jeune veuve passe avec sa nichée d'enfants... Quelle misère ! Le plus jeune est tout à fait nu, serré dans le voile déchiré de sa mère... les plus grands avec juste ce qu'il faut pour sauvegarder la décence. Seul l'aîné, un garçon efflanqué, a ce que l'on peut appeler un habit mais en revanche il n'a pas de chaussures.

Jésus observe et appelle la femme pour lui dire : "D'où viens-tu ?"

"De la plaine de Saron, Seigneur. Lévi est devenu majeur... J'ai dû l'accompagner au Temple... moi... puisqu'il n'a plus de père" et la femme pleure sans bruit, du pleur muet de qui a trop pleuré.

"Quand ton homme est-il mort ?"

"Il y a eu un an au mois de Scebat. J'étais enceinte depuis deux lunes..." et elle réprime ses sanglots pour ne pas troubler, en se penchant sur son petit.

"Le bébé a donc huit mois ?"

"Oui, Seigneur."

"Que faisait ton mari ?"

La femme murmure si doucement que Jésus ne comprend pas. Il se penche pour entendre en disant: "Répète sans crainte."

"Il était forgeron dans une maréchalerie... Mais il a été très malade... car il avait des blessures qui s'étaient envenimées." Et elle termine en disant tout bas: "C'était un soldat de Rome."

"Mais toi, tu es d'Israël ?"

"Oui, Seigneur. Ne me chasse pas pour impureté, comme l'ont fait mes frères quand je suis allée implorer leur pitié après la mort de Cornélius..."

"N'aie pas pareille peur ! Que fais-tu maintenant comme travail ?"

"La servante, quand on veut de moi, la glaneuse, la laveuse de draps, la broyeuse de chanvre... de tout... pour leur donner à manger. Lévi maintenant va faire le paysan... si on veut de lui car... c'est un bâtard de race."

"Confie-toi dans le Seigneur !"

"Si je n'avais pas eu confiance, je me serais tuée avec eux, Seigneur."

"Va, femme, nous nous reverrons" et il la congédie.

Jeanne, pendant ce temps, est accourue et elle est restée à genoux en attendant que le Maître la voie. Lui se retourne, en fait, et il la voit.

"Paix à toi, Jeanne ! Tu m'as parfaitement obéi."

"T'obéir, c'est ma joie. Mais je n'ai pas été la seule à te procurer "la cour" comme tu le voulais. Chouza m'a aidée de toute manière et aussi Marthe et Marie. Et Elise avec elles. Les uns en envoyant leurs serviteurs prendre ce qu'il fallait et pour aider les miens à rassembler les hôtes, d'autres en aidant les serviteurs et les servantes des bains, à laver les "bien-aimés" comme tu les appelles. Maintenant, avec ta permission, je vais donner à tout le monde un peu de nourriture pour qu'ils n'aient pas trop faim en attendant le repas."

"Fais-le, oui. Où sont les femmes disciples ?"

"Sur la terrasse supérieure où je fais préparer les tables. Ai-je pensé juste ?"

"Oui, Jeanne. Là-haut, on sera tranquille, aussi bien eux que nous."

"Oui, c'est ce que j'ai pensé. D'ailleurs, dans aucune autre salle je n'aurais pu faire les préparatifs pour tant de monde... Et je ne voulais pas faire de séparation pour ne pas occasionner des jalousies et des souffrances. Les malheureux ont une sensibilité si vive, ils souffrent si facilement, je dirais même !... Ils ne sont qu'une plaie et il suffit d'un regard pour les faire souffrir."

"Oui, Jeanne. Ton âme est sensible à la pitié, et tu comprends. Que Dieu te récompense pour ta pitié. Y a-t-il beaucoup de femmes disciples ?"

"Oh ! toutes celles qui étaient à Jérusalem!... Mais... Seigneur... j'ai peut-être commis une faute... Je voudrais te dire quelque chose en secret."

"Mène-moi dans un endroit solitaire."

Ils vont eux deux seuls dans une pièce où, à cause des jouets étalés partout, je comprends que c'est la salle de jeux de Marie et de Mathias.

"Eh bien, Jeanne ?"

"Oh ! mon Seigneur, certainement j'ai été imprudente... Mais l'idée m'en est venue, si spontanément, et avec tant d'impétuosité ! Chouza me l'a reproché. Mais maintenant... Au Temple il est venu un esclave de Plautina avec une tablette. Elle et ses compagnes demandaient s'il était possible de te voir. J'ai répondu : "Oui, dans l'après-midi, chez moi". Et elles vont venir... Ai-je mal fait ? Oh ! pas à cause de Toi !... Mais à cause des autres, pour ceux qui sont tous Israël... et ne sont pas amour comme Toi. Si j'ai fauté, j'essaierai de réparer... Mais je désire tant que le monde, le monde entier, t'aime, que... que je n'ai pas réfléchi que dans le monde Toi seul es Perfection et qu'il y en a trop peu qui cherchent à te ressembler."

"Tu as bien fait. Aujourd'hui je prêche à vous tous par les œuvres. Et la présence des gentils parmi ceux qui croient en Jésus Sauveur sera une des choses que dans l'avenir devront faire ceux qui croient en Moi. Les enfants, où sont-ils ?"

"Un peu partout, Seigneur" dit en souriant Jeanne rassurée, et elle dit pour finir : "La fête les exalte, et ils courent ça et là comme des oiseaux heureux."

Jésus la quitte, revient dans le vestibule, fait un signe aux hommes qui étaient avec Lui et se dirige vers le jardin pour monter sur la vaste terrasse.

Une joyeuse activité remplit la maison de la cave au toit. C'est un va et vient incessant, avec des vivres et du mobilier, avec des paquets de vêtements, des sièges. On accompagne les hôtes, en répondant aux questions toujours joyeusement et affectueusement.

Jonathas, solennel dans sa fonction d'intendant, dirige, surveille, conseille inlassablement.

La vieille Esther, heureuse de voir l'entrain et le bonheur de Jeanne, rit au milieu d'un cercle de pauvres enfants auxquels elle distribue des fouaces tout en racontant des histoires merveilleuses. Jésus s'arrête un moment pour écouter la conclusion magnifique de l'une d'elles, où on dit que "à la bonne Aube de mai, qui jamais ne se révoltait contre le Seigneur pour les souffrances qui étaient survenues dans sa maison, Dieu accorda beaucoup de faveurs qui permirent à Aube de mai d'apporter sauvegarde et biens même à ses frères. Les anges emplissaient la petite huche, finissaient le travail sur le métier pour aider la bonne fillette en disant : "C'est notre sœur parce qu'elle aime le Seigneur et son prochain. Il faut que nous l'aidions"."

"Dieu te bénisse, Esther ! Je m'arrêterais presque Moi aussi pour écouter tes paraboles ! Me veux-tu ?" dit Jésus en souriant.

"Oh ! mon Seigneur ! C'est moi qui dois t'écouter, mais pour les tout petits, je fais encore l'affaire, moi pauvre vieille sotte !"

"Ton âme juste est utile aux adultes aussi. Continue, continue, Esther..." et il lui sourit en s'éloignant.

Dans le vaste jardin, les hôtes sont maintenant dispersés et consomment un casse-croûte, en regardant autour d'eux et en se regardant l'un l'autre stupéfaits. Ils parlent et échangent des commentaires sur ce bonheur inespéré. Mais, en voyant Jésus passer, ils se lèvent quand ils peuvent le faire et se courbent pour adorer.

"Mangez, mangez, en toute liberté et bénissez le Seigneur" dit Jésus en passant pour aller vers les pièces des jardiniers où commence l'escalier extérieur qui mène à la vaste terrasse.

"Oh ! mon Rabbouni !" crie Marie-Magdeleine qui sort en courant d'une pièce, les bras chargés de langes et de chemisettes pour les petits. Et sa voix veloutée d'orgue d'or remplit le chemin, ombragé par des festons de rosés.

"Marie, Dieu soit avec toi. Où vas-tu avec tant d'empressement ?"

"Oh ! j'ai dix enfants à vêtir ! Je les ai lavés et maintenant je les habille. Après cela, je te les amènerai, frais comme des fleurs. Je m'enfuis, Maître, car... tu les entends ? On dirait dix agneaux qui bêlent..." et elle s'en va en courant et en riant splendide et sereine dans son vêtement simple et seigneurial de lin blanc, serré à la taille par une fine ceinture d'argent, les cheveux serrés d'un simple nœud sur la nuque, retenus par un ruban blanc noué au front.

"Comme elle est différente de celle qui était sur le Mont des Béatitudes !" s'exclame Simon le Zélote.

Au premier palier de l'escalier, ils rencontrent la fille de Jaïre et Annalia qui descendent si vite qu'elles semblent voler.

"Maître !"

"Seigneur !" s'écrient-elles.

"Dieu soit avec vous. Où allez-vous ?"

"Prendre des nappes. C'est la servante de Jeanne qui nous envoie. Tu parles, Maître ?"
"Certainement !"

"Oh ! alors cours, Miryam ! Faisons vite !" dit Annalia.

"Vous avez tout le temps de faire votre travail. J'attends d'autres personnes. Mais depuis quand, ma fille, t'appelles-tu Miryam ?" dit-il en regardant la fille de Jaïre.
"Depuis aujourd'hui. Depuis maintenant. C'est ta Mère qui m'a donné ce nom. Parce que... n'est-ce pas Annalia ? Aujourd'hui c'est un grand jour pour quatre vierges..."
"Oh ! oui. Allons-nous le dire au Seigneur ou en laissons-nous le soin à Marie ?"
"À Marie, à Marie. Va, va, Seigneur. La Mère te parlera" et elles s'en vont en courant, dans la prime fleur de la jeunesse, humaines dans leurs belles formes, angéliques dans leur regard radieux...

Ils sont au troisième palier quand ils rencontrent Élise de Béthsur, qui descend gravement avec la femme de Philippe.

"Ah ! Seigneur ! Aux uns tu prends, aux autres tu donnes !... Mais que tu en sois également béni !" crie cette dernière.

"De quoi parles-tu, femme ?"

"Tu vas le savoir... Quelle peine et quelle gloire, Seigneur ! Tu me mutiles et tu me couronnes."

Philippe, qui est près de Jésus, dit : "Que dis-tu ? De quoi parles-tu ? Tu es mon épouse et ce qui t'arrive me touche..."

"Oh ! tu vas le savoir, Philippe. Va, va avec le Maître."

Entre temps, Jésus demande à Élise si elle est bien guérie. La femme, à laquelle la grande douleur d'autrefois a donné une majesté de reine souffrante, dit : "Oui, mon Seigneur. Mais ce n'est pas une douleur que de souffrir avec la paix dans le cœur. Et maintenant j'ai la paix dans le cœur."

"Et tu vas avoir bientôt davantage."

"Quoi, Seigneur ?"

"Va et reviens, et tu le sauras."

"Voilà Jésus ! Voilà Jésus !" crient les deux enfants qui ont le visage appuyé contre la balustrade ornée d'arabesques qui borde la terrasse des deux côtés qui donnent sur le jardin, et de laquelle descendent des branches de rosiers et de jasmins en fleurs, car la terrasse est un vaste jardin suspendu sur lequel, en cette heure ensoleillée, s'étend un voile multicolore. Toutes les personnes occupées aux préparatifs sur la terrasse se retournent au cri de Marie et de Mathias et, laissant ce qu'elles faisaient, elles vont à la rencontre de Jésus aux genoux duquel sont déjà accrochés les deux enfants.
Jésus salue les nombreuses femmes qui se pressent. Parmi les disciples proprement dites ou les femmes, les filles, les sœurs des apôtres et des disciples, sont mêlées d'autres moins connues, moins intimes, telles que l'épouse du cousin Simon; les mères des âniers de Nazareth; la mère d'Abel de Bethléem de Galilée; Anne de Jude (la maison près du lac de Méron); Marie de Simon, mère de Judas de Kériot; Noémi d'Ephèse; Sara et Marcelle de Béthanie (Sara est la femme que Jésus guérit sur le Mont des Béatitudes et envoya à Lazare avec le vieil Ismaël. Elle semble être maintenant servante de Marie de Lazare); puis la mère de Jaia; la mère de Philippe d'Arbela; Dorca, la jeune mère de Césarée de Philippe, et sa belle-mère; la mère d'Annalia; Marie de Bozra, la lépreuse miraculée venue avec son mari à Jérusalem; et d'autres, d'autres que je connais de vue mais dont je ne puis dire exactement les noms.

Jésus pénètre sur la vaste terrasse rectangulaire qui donne d'un côté sur le Siste, et il va se mettre près de la pièce sur laquelle débouche l'escalier intérieur, et qui ressemble à un cube de faible hauteur situé à l'angle nord de la terrasse. Jérusalem se montre toute entière, et avec elle ses alentours immédiats. Une vue étonnante. Toutes les disciples, toutes les femmes même, quittent le travail des tables pour se serrer autour de Lui. Les serviteurs continuent leur travail.

Marie est près de son Fils. Dans la grande lumière dorée qui filtre à travers le grand voile étendu sur la terrasse et qui devient couleur émeraude là où pour arriver à la vue elle doit pour passer filtrer à travers un massif de jasmins et de rosiers disposés pour faire une tonnelle, Marie paraît encore plus jeune et plus agile; une sœur des plus jeunes disciples, à peine plus âgée, et belle, belle comme la plus splendide des rosés épanouies dans le jardin suspendu, dans les vasques disposées tout autour qui contiennent des rosiers, des jasmins, des muguets, des lys et autres plantes charmantes.

"Mère, mon épouse a parlé d'une certaine façon !... Qu'est-ce qui est arrivé pour qu'elle puisse se dire à la fois mutilée et couronnée ?" demande Philippe qui brûle de le savoir.
Marie sourit doucement pendant qu'elle le regarde et elle, si rétive à la confidence, lui prend la main en disant : "Serais-tu capable, toi, de donner à mon Jésus la chose qui t'est la plus chère ? Vraiment tu le devrais... parce que Lui te donne le Ciel et le Chemin pour y aller."

"Mais certainement, Mère, que je le saurais... surtout si je savais que ce que je Lui donnerais pouvait le rendre heureux."

"Il l'a, Philippe : ta seconde fille se consacre aussi au Seigneur. Elle l'a dit tout à l'heure, à sa mère et à moi, en présence de nombreuses disciples..."

"Toi !? Toi !?" demande Philippe stupéfait, en montrant de l'index une gentille enfant qui se serre contre Marie comme pour qu'elle la protège. L'apôtre a du mal à avaler ce second coup qui le prive pour toujours de l'espoir d'une descendance. Il essuie la sueur soudaine que la nouvelle lui a causée... il tourne son regard sur ceux qui l'entourent. Il lutte... Il souffre.

La fille gémit : "Père... ton pardon... et ta bénédiction..." et elle glisse à ses pieds.
Philippe caresse machinalement ses cheveux châtains et s'éclaircit la gorge qui se serre. Enfin il parle : "On pardonne aux enfants qui pèchent... Toi, tu ne pèches pas en te consacrant au Maître... et... et... ton pauvre père ne peut que te dire... que te dire : "Que tu sois bénie"... Ah ! fille ! ma fille !... Comme elle est douée et terrible la volonté de Dieu !" et il se penche, la relève, l'embrasse, lui dépose un baiser sur le font, sur les cheveux, en pleurant... et puis, la tenant encore dans ses bras, il va vers Jésus et Lui dit : "Moi, je l'ai engendrée, mais Toi, tu es son Dieu... Ton droit est plus grand que le mien... Merci... merci, Seigneur, de la... de la joie que..." il ne peut poursuivre. Il tombe à genoux aux pieds de Jésus et se baisse pour baiser ses pieds en gémissant : "Jamais plus, jamais plus de petits-enfants... Mon rêve !... Le sourire de ma vieillesse !... Pardonne-moi ces pleurs, mon Seigneur... Je suis un pauvre homme..."
"Lève-toi, mon ami, et sois heureux de donner les prémices aux parterres angéliques. Viens. Viens ici entre ma Mère et Moi. Apprenons d'elle comment la chose est arrivée parce que, je te l'assure, je n'y suis pour rien."

Marie explique : "Moi aussi, je sais peu de chose. Nous parlions entre nous, femmes, et comme il arrive souvent on m'interrogeait sur mon vœu de virginité. On me demandait encore comment seraient les futures vierges, quelles fonctions, quelles gloires je prévoyais pour elles. Je répondais comme je sais... Et pour l'avenir, je prévoyais une vie de prière, de consolation pour les souffrances que le monde donnera à mon Jésus. Je disais : "Ce seront les vierges qui soutiendront les apôtres, qui laveront le monde souillé en le revêtant et en le parfumant de leur pureté. Elle seront les anges qui chanteront les louanges pour couvrir les blasphèmes. Et Jésus en sera heureux, et il donnera des grâces au monde, et il donnera ses miséricordes grâce à ces agnelles disséminées parmi les loups..." et je disais autre chose encore. Ce fut alors que la fille de Jaïre me dit : "Donne-moi un nom, ô Mère, pour mon avenir de vierge, car je ne puis permettre qu'un homme jouisse de ce corps qui a été ranimé par Jésus. C'est à Lui seul qu'appartient mon corps jusqu'à ce qu'il soit la chair du tombeau et mon âme au Ciel", et Annalia dit : "Moi aussi, j'ai pensé le faire. Et aujourd'hui je suis plus légère que l'hirondelle, car j'ai rompu tout lien". Et ce fut alors que ta fille, ô Philippe, dit : "Moi aussi, je serai comme vous. Vierge pour l'éternité !" La mère, voici qu'elle vient, la fit réfléchir qu'on ne peut prendre ainsi une telle décision. Mais elle ne changea pas d'avis. Et à ceux qui lui demandaient s'il y avait longtemps qu'elle y pensait, elle disait "non", et à ceux qui lui demandaient comment cela lui était venu, elle disait : "Je ne sais. C'est comme une flèche de lumière qui m'a traversé le cœur, et j'ai compris de quel amour j'aime Jésus"."

L'épouse de Philippe demande à son mari : "Tu as entendu ?"
"Oui, femme, la chair gémit... et elle devrait chanter parce que cela c'est notre glorification. Elle, notre lourde chair, a engendré deux anges. Ne pleure pas, femme. Tu l'as dit précédemment : Il t'a couronnée... La reine ne pleure pas quand elle reçoit le diadème..."

Mais Philippe pleure encore et plusieurs pleurent, tant hommes que femmes, maintenant que tous sont rassemblés là-haut. Marie de Simon fond en larmes dans un coin... Marie de Magdala pleure dans un autre, en tiraillant machinalement le lin de son vêtement arrachant machinalement des fils à la bordure qui l'orne. Anastasica pleure en essayant de cacher de la main son visage en larmes

"Pourquoi pleurez-vous ?" demande Jésus.

Personne ne répond. Le Seigneur appelle Anastasica et il l'interroge de nouveau. Et elle répond : "Parce que, Seigneur, pour une joie nauséabonde éprouvée une seule nuit, j'ai perdu d'être une de tes vierges."

"Tout état est bon. lorsqu'on y sert le Seigneur. Dans la future Église, il faudra des vierges et des femmes mariées, toutes utiles au triomphe du Royaume de Dieu dans le monde et au travail des frères prêtres. Élise de Béthsur, viens là. Console cette femme qui n’est guère qu'une enfant..."

Et de sa main, il met Anastasica dans les bras d'Élise. Il les observe pendant qu'Élise la caresse et que l'autre s'abandonne dans ces bras maternels, et puis il demande : "Élise, connais-tu son Histoire"

"Oui Seigneur. Et elle me fait tant de peine, pauvre colombe sans nid."
"Élise, aimes-tu cette sœur ?"

"L'aimer ? Tellement, mais pas comme une sœur. Elle pourrait être ma fille. Et maintenant que je la tiens dans mes bras, il me semble redevenir la mère heureuse du temps passé. À qui vas-tu confier cette douce gazelle ?"

"À toi. Élise."

"À moi ?" La femme desserre le cercle de ses bras pour regarder le Seigneur, incrédule…

"À toi. Tu ne la veux pas ?"

"Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Seigneur !"... Élise, à genoux, rampe vers Jésus, et elle ne sait pas, elle ne sait pas comment, ce que dire ce que faire pour exprimer sa joie.
"Lève-toi et sois pour elle saintement mère, et qu'elle soit pour toi saintement fille, et avancez toutes les deux sur le chemin du Seigneur. Marie de Lazare, pourquoi pleures-tu, toi si gaie il y a un instant ? Où sont les dix fleurs que tu voulais m'amener" ?"
"Ils dorment, rassasiés, dans la propreté, Maître... Et moi je Pleure, parce que jamais plus je n'aurai la pureté des vierges et mon âme toujours pleurera, jamais satisfaite parce que parce que j'ai péché…"

"Mon pardon et tes larmes te rendent plus pure qu'elles. Viens ici, ne pleure plus. Laisse les pleurs à ceux qui doivent avoir honte de quelque chose. Allons, va prendre tes fleurs. Allez, vous aussi, épouses et vierges. Allez dire aux hôtes de Dieu de monter. Il faut les congédier avant la fermeture des Portes, car beaucoup d'entre eux sont disséminés à travers la campagne."

Ils s'en vont obéissants. Il ne reste sur la terrasse que Jésus à sa place, qui caresse Marie et Mathias; Élise et Anastasica qui, un peu plus loin, se tiennent par la main en se regardant dans les yeux avec un sourire qui éclaire une larme de joie; Marie de Simon sur laquelle se penche avec pitié Marie très Sainte; et Jeanne qui, sur le seuil de la porte, regarde incertaine un peu dedans, un peu dehors, vers Jésus. Les apôtres et les disciples sont descendus en même temps que les femmes pour aider les serviteurs à transporter les estropiés, les aveugles, les boiteux, les bossus, les vieillards. par le long escalier.

Jésus relève sa tête qui était penchée sur les deux enfants, et il voit Marie penchée sur la mère de Judas. Il se lève et va vers elles. Il pose sa main sur la tête grisonnante de Marie de Simon : "Pourquoi pleures-tu, femme ?"

"Oh ! Seigneur ! Seigneur ! J'ai enfanté un démon ! Aucune mère en Israël ne m'égalera pour la douleur !"

"Marie, une autre mère, et pour le même motif que toi, m'a dit et dit ces paroles. Pauvres mères !..."

"Oh ! mon Seigneur, il y en a donc un autre qui comme mon Judas est perfide et criminel à ton égard ? Oh ! ce n'est pas possible ! Lui, qui te possède, s'est livré à des pratiques immondes. Lui, qui respire ton haleine, est luxurieux et voleur, peut-être il deviendra homicide. Lui... Oh ! Sa pensée est mensonge ! Sa vie est une fièvre. Fais-le mourir, Seigneur ! Par pitié ! Fais-le mourir !"

"Marie, ton cœur te le montre pire qu'il ne l'est. La peur t'affole. Mais calme-toi et raisonne. Quelles preuves as-tu de son inconduite ?"

"À ton égard, rien. Mais c'est une avalanche qui descend. Je l'ai surpris et il n'a pas pu cacher les preuves qui... Le voilà... Par pitié, tais-toi ! Il me regarde, il soupçonne. C'est ma douleur. Aucune mère n'est plus malheureuse que moi en Israël !..."

Marie murmure : "Moi... Parce qu'à ma douleur je joins celle de toutes les mères malheureuses... Parce que ma douleur m'est donnée par la haine, non d'un seul, mais de tout un monde."

Jésus, appelé par Jeanne, va la trouver. Pendant ce temps, Judas va vers sa mère que Marie réconforte encore, et il l'apostrophe: "As-tu pu dire tous tes délires ? Me calomnier ? Es-tu heureuse maintenant ?"

"Judas ! Est-ce ainsi que tu parles à ta mère ?" demande sévèrement Marie. C'est la première fois que je la vois ainsi...

"Oui, parce que je suis las de sa persécution."

"Oh ! mon fils, ce n'est pas une persécution ! C'est de l'amour. Tu dis que je suis malade, mais c'est toi qui l'es ! Tu dis que je te calomnie et que j'écoute tes ennemis. Mais c'est toi qui te fais tort, mais tu suis et fréquentes des êtres néfastes qui t'entraîneront. C'est que tu es un faible, mon fils, et eux s'en sont aperçus... Crois-en ta mère. Écoute Ananias qui est âgé et sage. Judas ! Judas ! Aie pitié de toi, de moi ! Judas !!! Où vas-tu, Judas ?!"

Judas, qui presque en courant traverse la terrasse, se retourne et crie : "Où je suis utile et vénéré" et il descend précipitamment l'escalier alors que la malheureuse mère, se penchant sur le parapet, lui crie : "N'y va pas ! N'y va pas ! Ils veulent ta ruine ! Fils ! Fils ! Mon fils !..."

Judas est arrivé en bas, et les arbres le cachent à la vue de sa mère. Il réapparaît un instant dans un espace vide avant d'entrer dans le vestibule.

"Il est parti !... L'orgueil le dévore !" gémit sa mère.

"Prions pour lui, Marie. Prions nous deux ensemble..." dit la Vierge en tenant par la main la triste mère du futur déicide.

Pendant ce temps, les hôtes commencent à monter... et Jésus parle avec Jeanne.
"Bon, qu'elles viennent donc. C'est bien qu'elles aient pris des vêtements hébraïques, pour ne pas heurter les préventions de plusieurs. Je les attends ici. Va les appeler" et adossé à l'huisserie, il observe l'afflux des convives que les apôtres, les disciples, hommes et femmes, guident affectueusement selon un ordre fixé d'avance. Au milieu se trouve la table basse des enfants, puis de part et d'autre toutes les autres disposées parallèlement.

Mais alors que les aveugles, les boiteux, les bossus, les estropiés, les vieillards, les veuves, les mendiants, prennent place avec leurs douloureuses histoires imprimées sur leurs visages, voilà que, gentils comme des paniers de fleurs, on apporte des paniers transformés en berceaux et jusqu'à de petits coffres dans lesquels, étendus sur des coussins, dorment repus de jeunes bébés pris à leurs mères mendiantes. Et Marie de Magdala, rassérénée, court vers Jésus en disant : "Elles sont arrivées les fleurs. Viens les bénir, mon Seigneur."

Mais en même temps, Jeanne arrive de l'escalier intérieur en disant : "Maître, voici les disciples païennes." Il y a sept femmes, vêtues d'habits modestes et foncés, semblables à ceux des hébreux. Elles ont toutes le visage couvert d'un voile et un manteau les couvre jusqu'aux pieds.

Deux sont grandes et majestueuses, les autres de taille moyenne. Mais quand après avoir vénéré le Maître, elles enlèvent leurs manteaux, il est facile de reconnaître Plautina, Lidia, Valeria, l'affranchie Flavia, celle qui a écrit les paroles de Jésus dans le jardin de Lazare , et puis il y a trois inconnues. Une d'elles, au regard habitué au commandement, et qui pourtant s'agenouille en disant au Seigneur : "Et avec moi, Rome se prosterne à tes pieds", et puis une forte matrone d'environ cinquante ans, et enfin une toute jeune femme élancée et sereine comme une fleur des champs.
Marie de Magdala reconnaît les romaines, malgré leurs vêtements hébreux, et murmure: "Claudia !!!" et elle reste les yeux écarquillés.

"C'est moi. J'en ai assez d'entendre par la parole d'autrui ! La Vérité et la Sagesse, il faut les atteindre directement à la source."

"Crois-tu qu'ils vont nous reconnaître ?" demande Valeria à Marie de Magdala.

"Si vous ne vous trahissez pas en disant vos noms, je ne crois pas. Du reste, je vais vous mettre dans un endroit sûr."

"Non, Marie. Aux tables, pour servir les mendiants. Personne ne pourra penser que ce sont des patriciennes qui servent les pauvres, les plus petits du monde hébraïque" dit Jésus.

"C'est une bonne idée, ô Maître, car l'orgueil est inné en nous."

"Et l'humilité est le signe le plus net de ma doctrine. Qui veut me suivre doit aimer la Vérité, la Pureté et l'Humilité, avoir de la charité pour tous, et de l'héroïsme pour défier l'opinion des hommes et les pressions des tyrans. Allons."

"Pardon, ô Rabbi. Cette fillette est une esclave, fille d'esclaves. Je l'ai rachetée parce qu'elle est d'origine Israélite et Plautina la garde avec elle. Mais je te l'offre, pensant bien faire. Son nom est Egla. Elle t'appartient."

"Marie, accueille-la. Puis nous penserons... Merci, femme."

Jésus va sur la terrasse pour bénir les enfants. Les dames éveillent une grande curiosité. Mais ainsi habillées et coiffées à l'hébraïque, en vêtements presque pauvres, elles n'éveillent pas de soupçons. Jésus va au milieu de la terrasse, près de la table des enfants, et il prie, offrant pour tous la nourriture au Seigneur, il bénit et donne l'ordre de commencer le repas.

Apôtres, disciples hommes et femmes, dames, sont serviteurs des pauvres. Jésus donne l'exemple en retroussant les larges manches de son vêtement rouge et en s'occupant de ses enfants, aidé par Miryam de Jaïre et par Jean.

Les bouches de tous travaillent remarquablement, mais les yeux sont tous tournés vers le Seigneur. Le soir arrive et on enlève le voile pendant que les serviteurs apportent les lampes encore superflues.

Jésus circule parmi les tables. Il n'en laisse aucune sans encouragement et sans aide. Il frôle ainsi plusieurs fois les royales Claudia et Plautina qui partagent humblement le pain et portent le vin aux lèvres des aveugles, des paralytiques, des manchots; il sourit à ses vierges qui s'occupent des femmes; aux mères disciples toutes pleines de pitié auprès des malheureux; à Marie de Magdala qui se prodigue à une tablée de pauvres vieux, la plus triste de toutes, pleine de tousseurs, de gens qui tremblent, de mâchoires édentées qui mâchonnent et de bouches qui bavent; et il aide Mathieu qui secoue un enfant qui a avalé de travers un morceau de fouace qu'il suçait et mordait avec ses nouvelles dents; il complimente Chouza qui, arrivé au début du repas, découpe les viandes et s'en tire comme un serviteur expérimenté.

Le repas prend fin. Sur les visages empourprés, dans les regards plus joyeux, on voit clairement la satisfaction des pauvres gens.

Jésus se penche sur un vieil homme secoué par un tremblement, et il lui dit : "À quoi penses-tu, père, toi qui souris ?"

"Je pense que vraiment ce n'est pas un rêve. Il y a encore un instant, je croyais dormir et rêver. Mais maintenant je sens que c'est vrai. Mais qui te rend si bon, Toi, qui rend si bons tes disciples ? Vive Jésus !" crie-t-il pour finir.

Et toutes les voix de ces pauvres, et il y en a des centaines, crient: "Vive Jésus ! "

Jésus se rend de nouveau au milieu et il ouvre les bras pour faire signe de se taire et de rester en place. Il commence à parler en restant assis avec un petit enfant sur ses genoux.

"Vive, oui, vive Jésus, non parce que c'est Moi qui suis Jésus. Mais parce que Jésus veut dire l'amour de Dieu fait chair, et descendu parmi les hommes pour être connu et pour faire connaître l'amour qui sera le signe de la nouvelle ère. Vive Jésus, parce que Jésus veut dire "Sauveur". Et c'est Moi qui vous sauve. Je vous sauve tous, riches et pauvres, enfants et vieillards, Israélites et païens, tous, pourvu que vous vouliez me donner la volonté d'être sauvés. Jésus est pour tous. Il n'est pas pour tel ou tel. Jésus appartient à tous. Il appartient à tous les hommes et il est pour tous les hommes. C'est pour tous que je suis l'Amour miséricordieux et le Salut assuré. Qu'est-il nécessaire de faire pour appartenir à Jésus, et donc pour avoir le salut ? Peu de choses, mais de grandes choses. Non pas grandes parce que difficiles comme celles que font les rois, mais grandes parce qu'elles veulent que l'homme se renouvelle pour les faire et pour devenir la possession de Jésus. Par conséquent amour, humilité, foi, résignation, compassion. Voilà. Vous, qui êtes disciples, qu'avez-vous fait aujourd'hui de grand ? Vous direz: "Rien. Nous avons servi un repas". Non, vous avez servi l'amour. Vous vous êtes humiliés. Vous avez traité en frères des inconnus de toutes races, sans demander qui ils sont, s'ils sont sains, s'ils sont bons. Et vous l'avez fait au nom du Seigneur. Peut-être espériez-vous de Moi de grandes paroles pour votre instruction. Je vous ai fait faire de grandes actions. Nous avons commencé le jour par la prière, nous sommes venus à l'aide des lépreux et des mendiants, nous avons adoré le Très-Haut dans sa Maison, nous avons commencé les agapes fraternelles et le soin des pèlerins et des pauvres, nous avons servi parce que servir par amour c'est être semblable à Moi qui suis le Serviteur des serviteurs de Dieu, Serviteur jusqu'à l'anéantissement de la mort pour vous procurer le salut..."

Un cri et un bruit de pas interrompt Jésus. Un groupe d'Israélites forcenés monte l'escalier en courant. Les romaines les plus connues, c'est-à-dire Plautina, Claudia, Valeria et Lidia, se mettent à l'ombre en baissant leurs voiles.

Les perturbateurs font irruption sur la terrasse et ils semblent chercher je ne sais quoi.

Chouza, offensé, va au devant d'eux et leur demande : "Que voulez-vous ?"

"Rien qui te concerne. Nous cherchons Jésus de Nazareth et pas toi."

"Me voici. Ne me voyez-vous pas ?" demande Jésus en mettant l'enfant par terre et en se levant imposant.

"Que fais-tu ici ?"

"Vous le voyez. Je fais ce que j'enseigne et j'enseigne ce qu'il faut faire : l'amour pour les plus pauvres. Qu'est-ce qu'on vous a dit ?"

"On a entendu des cris séditieux et comme là où tu es il y a des troubles, nous sommes venus voir."

"Là où je suis, c'est la paix. On criait : "Vive Jésus"."

"Justement. On a pensé, aussi bien au Temple qu'au palais d'Hérode, qu'ici on conjurait contre..."

"Qui ? Contre qui ? Qui est roi en Israël ? Pas le Temple, pas Hérode. C'est Rome qui est maîtresse et bien fou est celui qui pense à se faire roi là où elle commande."

"Toi, tu dis que tu es roi."

"Je suis Roi, mais pas de ce royaume. Il est trop mesquin pour Moi ! Trop mesquin est aussi l'empire. Je suis le Roi du Royaume saint des Cieux, du Royaume de l'Amour et de l'Esprit. Allez en paix, ou restez si vous voulez et apprenez comment on arrive à mon Royaume. Mes sujets, les voilà : les pauvres, les malheureux, les opprimés, et puis les bons, les humbles, les charitables. Restez. joignez-vous à eux."

"Cependant tu es toujours à banqueter dans des maisons fastueuses, au milieu de belles femmes et..."

"Cela suffit ! On ne fait pas d'insinuations contre le Rabbi et on ne l'offense pas dans ma maison. Sortez !" tonne Chouza.

Mais par l'escalier intérieur bondit sur la terrasse une jolie silhouette de fillette voilée. Elle court, légère comme un papillon, vers Jésus et là elle jette son voile et son manteau pour tomber à ses pieds et essayer de les Lui baiser.

"Salomé !" crie Chouza avec les autres.

Jésus s'est retiré si vivement pour fuir son contact que son siège se renverse et il en profite pour en faire une séparation entre Lui et Salomé. Ses yeux font peur tant ils sont phosphorescents, terribles.

Salomé, agile et effrontée, toute cajoleries, dit : "Oui, moi. L'acclamation est parvenue au Palais. Hérode envoie une ambassade pour dire qu'il veut te voir. Mais moi, je l'ai prévenue. Viens avec moi, Seigneur. Je t'aime tant et je te désire tant ! Je suis moi aussi chair d'Israël."

"Va à ta maison."

"La Cour t'attend pour te faire honneur."

"Ma Cour, la voilà. Je ne connais pas d'autre cour, ni d'autres honneurs" et de la main il montre les pauvres assis aux tables.

"Je t'apporte des cadeaux pour elle. Voici mes bijoux."

"Je n'en veux pas."

"Pourquoi les refuses-tu ?"

"Parce qu'ils sont impurs et donnés dans une intention impure. Va-t-en !"

Salomé se relève interdite. Elle regarde à la dérobée le Terrible, le Très Pur qui la foudroie avec le bras tendu et son regard de feu. Elle regarde furtivement tout le monde, et elle voit moquerie ou nausée sur les visages. Les pharisiens sont pétrifiés et ils observent la scène puissante. Les romaines osent avancer pour mieux voir.

Salomé tente un dernier essai : "Tu approches même les lépreux..." dit-elle humble et suppliante.

"Ce sont des malades. Toi, tu es une impudique. Va-t-en !"

Le dernier "va-t-en !" est tellement puissant que Salomé ramasse voile et manteau et, penchée, rampante, se dirige vers l'escalier.

"Attention, Seigneur !... Elle est puissante... Elle pourrait te nuire" murmure Chouza à voix basse.

Mais Jésus répond d'une voix très forte, pour que tous puissent entendre, celle qu'il chasse pour commencer : "N'importe. Je préfère être tué que de faire alliance avec le vice. Sueur de femme lascive et or de courtisane sont des poisons d'enfer. S'allier par lâcheté avec les puissants c'est une faute. Je suis Vérité, Pureté et Rédemption. Et je ne change pas. Va. Accompagne-la..."

"Je punirai les serviteurs qui l'ont laissée passer."

"Tu ne puniras personne. Une seule le mérite. Elle, et elle l'est. Et qu'elle sache, et sachez que sa pensée m'est connue et que j'en éprouve du dégoût. Que le serpent retourne à son trou. L'Agneau revient à ses jardins."

Il s'assoit. Il sue. Il se tait. Puis il dit : "Jeanne, donne à chacun une obole pour que leur vie soit moins triste pendant quelques jours... Que dois-je faire d'autre, enfants de la douleur ? Que voulez-vous que je puisse vous donner ? Je lis dans les cœurs. Aux malades qui savent croire, paix et santé !"

Une pause d'un instant et puis un cri... et ils sont nombreux, très nombreux, ceux qui se lèvent guéris. Les juifs, venus pour surprendre Jésus, s'en vont abasourdis et négligés dans le délire général, à cause des miracles et de la pureté de Jésus.
Jésus sourit en embrassant les enfants, puis il congédie les hôtes en retenant les veuves et il parle à Jeanne en leur faveur. Jeanne en prend note et les invite pour le lendemain. Puis, elles aussi, s'en vont. Les vieillards partent les derniers...

Il reste les apôtres, les disciples et les romaines. Jésus dit : "Ainsi doit être l'union dans l'avenir. Il n'y a pas de paroles. Ce sont les actes qui parlent aux esprits et aux âmes par leur évidence. La paix soit avec vous."

Il se dirige vers l'escalier intérieur et il disparaît suivi de Jeanne et puis des autres.
Au bas de l'escalier, il rencontre Judas: "Maître, ne va pas au Gethsémani ! Il y a là des ennemis qui te cherchent. Et toi, mère, que dis-tu maintenant ? Toi qui m'accuses ! Si je n'y étais pas allé, je n'aurais pas appris le piège tendu au Maître. Dans une autre maison ! Allons dans une autre maison !"

"Dans la nôtre, alors. Dans la maison de Lazare n'entre que celui qui est ami de Dieu" dit Marie de Magdala.

"Oui. Que ceux qui hier étaient au Gethsémani viennent avec les sœurs au palais de Lazare. Demain nous pourvoirons."


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-060.htm

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Jeanne13
Jeanne de Chouza




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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Mer 5 Aoû - 7:51

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"Le jeudi avant Pâque :  Cinquième partie"

Ils ne brillent sûrement pas par leur héroïsme ceux qui suivent Jésus !

La nouvelle apportée par Judas ressemble à l'apparition d'un épervier au-dessus d'une cour remplie de poussins ou d'un loup à proximité d'un troupeau ! Épouvante, ou pour le moins trouble, se lit sur les neuf dixièmes des visages de ceux qui sont là et spécialement des hommes. Je crois que plusieurs ont déjà l'impression du fil de l'épée ou de la flagellation, et le moins qu'ils imaginent c'est de connaître les secrets des prisons en attendant un procès.

Les femmes sont moins agitées. Plus qu'agitées elles se font du souci pour leurs fils ou leurs maris, et elles conseillent aux uns et aux autres de s'égailler par petits groupes en se dispersant dans les campagnes.

Marie de Magdala s'élève contre ce flot de crainte exagérée : "Oh ! Que de gazelles il y a en Israël ! Vous n'avez pas honte de trembler ainsi ? Je vous ai dit que dans mon palais vous serez plus en sûreté que dans une forteresse. Venez, donc ! Je vous donne ma parole qu'il ne vous arrivera rien de rien. Si, en plus de ceux que Jésus a désignés, il y en a d'autres qui pensent être en sécurité dans ma maison, qu'ils viennent. Il y a des lits et des couchettes pour une centurie. Allons, décidez-vous au lieu de mourir de peur ! Je prie seulement Jeanne de nous faire suivre par des serviteurs avec des vivres, car au palais il n'y en a pas pour tant de monde et maintenant le soir arrive. Un bon repas est le meilleur remède pour redonner du courage aux peureux." Elle n'est pas seulement imposante dans son habit blanc, mais suffisamment d'ironie brille dans ses yeux splendides, alors que du haut de sa taille elle regarde le troupeau apeuré qui se presse dans le vestibule de Jeanne.

"Je m'en occupe tout de suite. Allez donc. Jonathas va vous suivre avec des serviteurs, et moi avec lui, puisqu'on m'accorde la joie de suivre le Maître, et sans peur, je vous l'assure, tellement que j'amène les enfants avec moi" dit Jeanne et elle se retire pour donner des ordres pendant que les premières avant-gardes de l'armée craintive passent précautionneusement la tête hors du portail et, voyant qu'il n'y a rien à craindre, osent sortir dans la rue et s'éloigner suivies des autres.

Le groupe des vierges est au milieu immédiatement après Jésus qui est dans les premiers rangs. En arrière, oh ! en arrière des vierges les femmes; et puis les moins... courageux qui sont protégés par Marie de Lazare qui s'est jointe aux romaines, décidées à ne pas se séparer de sitôt de Jésus. Mais ensuite Marie de Lazare court en avant pour dire quelque chose à sa sœur et les sept romaines restent avec Sara et Marcella, restées elles aussi à l'arrière-garde sur l'ordre de Marie et dans l'intention de faire passer les sept romaines encore plus inaperçues.

Arrive à pas rapides Jeanne avec les enfants qu'elle tient par la main. Derrière elle, Jonathas avec les serviteurs chargés de sacs et de paniers, qui se mettent en queue de la petite troupe. En réalité personne ne les remarque car les rues fourmillent de groupes qui rejoignent leurs maisons ou leurs campements. D'ailleurs la pénombre rend les visages moins faciles à reconnaître. Maintenant Marie de Magdala avec Jeanne, Anastasica et Élise est tout à fait au premier rang et, par des chemins secondaires, elle conduit ses hôtes à son palais.

Jonathas chemine pour ainsi dire au niveau des romaines auxquelles il adresse la parole comme à des servantes des disciples les plus riches. Claudia en profite pour lui dire : "Homme, je te prie d'aller appeler le disciple qui a apporté la nouvelle. Dis-lui de venir ici et dis-le de manière à ne pas attirer l'attention. Va !" Le vêtement est modeste mais c'est le ton involontairement impératif de quelqu'un habitué au commandement. Jonathas écarquille les yeux en essayant de voir à travers le voile baissé qui lui parle ainsi. Mais il ne peut voir que l'éclat des yeux autoritaires. Pourtant il doit se rendre compte que ce n'est pas une servante la femme qui lui parle, et il s'incline avant d'obéir.
Il rejoint Judas de Kériot qui parle avec animation avec Etienne et Timon et il le tire par son vêtement.

"Que veux-tu ?"

"J'ai quelque chose à te dire."

"Dis-la."

"Non. Viens en arrière avec moi. On te demande, pour une aumône, je crois..."
L'excuse est bonne et acceptée paisiblement par les compagnons de Judas et par lui-même avec enthousiasme. Il revient rapidement en arrière avec Jonathas.
Le voilà au dernier rang. "Femme, voilà l'homme que tu voulais" dit Jonathas à Claudia.

"Je te suis reconnaissante de m'avoir rendu service" répond celle-ci en restant toujours voilée. Et puis, s'adressant à Judas : "Te plairait-il de t'arrêter un moment pour m'écouter ?"

Judas entend une façon de parler très raffinée, il voit deux yeux splendides à travers le voile fin, peut-être sent-il proche une grande aventure et il y consent sans difficulté.
Le groupe des romaines se sépare et il reste avec Claudia, Plautina et Valeria; les autres continuent.

Claudia regarde tout autour. Elle voit qu'est solitaire le petit chemin où ils se sont arrêtés et, de sa main très belle, elle rejette en arrière son voile et découvre son visage.
Judas la reconnaît, et après un instant d'étonnement, il s'incline pour la saluer en mêlant des gestes juifs à des paroles romaines : "Domina !"

"Oui, c'est moi. Redresse-toi et écoute. Tu aimes le Nazaréen. Tu te préoccupes de son bien. Tu as raison. C'est un vertueux et qu'il faut défendre. Nous le vénérons comme grand et juste. Les juifs ne le vénèrent pas. Ils le haïssent. Je le sais. Écoute. Écoute bien, rappelle-toi et mets en pratique. Moi, je veux le protéger. Je ne suis pas comme la luxurieuse de tout à l'heure. Avec honnêteté et vertu. Quand ton amour et ta sagacité te permettront de voir qu'il y a un piège pour Lui, viens ou envoie quelqu'un. Claudia peut tout sur Ponce. Claudia obtiendra la protection pour le Juste. Tu comprends ?"

"Parfaitement, domina. Que notre Dieu te protège. Je viendrai, pourvu seulement que je le puisse, je viendrai moi, personnellement. Mais comment arriver jusqu'à toi ?"

"Demande toujours Albula Domitilla. C'est une seconde moi-même. Mais personne ne s'étonne si elle parle avec des juifs car c'est elle qui s'occupe de mes libéralités. On te croira un client. Peut-être cela t'humilie-t-il ?"

"Non, domina. Servir le Maître et obtenir ta protection, c'est un honneur."

"Oui. Je vous protégerai. Je suis une femme, mais j'appartiens à la gens Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi, il y a Rome. Tiens, en attendant, pour les pauvres du Christ. Notre obole. Cependant... je voudrais qu'on me laisse parmi les disciples ce soir. Procure-moi cet honneur et tu seras un protégé de Claudia."

Sur un type comme l'Iscariote, les paroles de la patricienne ont un effet prodigieux. Il est au septième ciel... Il ose demander : "Mais vraiment tu l'aideras ?"

"Oui, son Royaume mérite d'être fondé, car c'est un royaume de vertu. Il sera le bienvenu pour s'opposer aux laideurs qui recouvrent les royaumes actuels, et qui me dégoûtent. Rome est grande, mais le Rabbi est bien plus grand que Rome. Sur nos enseignes, nous avons les aigles et l'orgueilleuse inscription, mais sur les siennes il y aura les Génies et son saint Nom. Grandes, vraiment grandes seront Rome et la Terre, quand elles mettront ce Nom sur leurs enseignes et quand son signe sera sur les étendards et sur les temples, sur les arches et les colonnes."

Judas est stupéfait, songeur, extatique. Il balance la lourde bourse qui lui a été donnée, et il le fait machinalement, et en hochant la tête il dit : "oui, oui, oui" à tout.
"Maintenant donc, allons les rejoindre. Nous sommes alliés, n'est-ce pas ? Alliés pour protéger ton Maître et le Roi des âmes honnêtes."

Elle descend son voile, et rapide, agile, elle s'en va presque en courant rejoindre le groupe qui l'a précédée, suivie des autres et de Judas qui a le souffle court non pas tant par la course que par ce qu'il a entendu. Le palais de Lazare est en train d'avaler les derniers groupes de disciples quand ils le rejoignent. Ils entrent rapidement, et le portail de fer se referme avec le grand bruit de ferraille des verrous poussés par le gardien.

Une seule lampe, portée par la femme du gardien, a du mal à éclairer le vestibule carré entièrement blanc du palais de Lazare. On comprend que la maison n'est pas habitée bien qu'elle soit gardée et tenue en ordre. Marie et Marthe conduisent les hôtes dans un vaste salon, qui certainement sert pour les banquets, aux murs fastueux couverts d'étoffés précieuses, qui montrent leurs arabesques à mesure qu'on allume les lampadaires et qu'on place des lampes sur les crédences, sur les coffres précieux, disposés le long des murs, ou sur les tables qui s'y appuient, toutes prêtes à servir, mais inutilisées depuis un certain temps. Mais Marie ordonne de les apporter au milieu de la salle et de les préparer pour le souper avec les vivres que les serviteurs de Jeanne retirent des sacs et des paniers et posent sur les crédences.

Judas prend Pierre à part et lui dit quelque chose à l'oreille. Je vois Pierre qui écarquille les yeux et qui secoue sa main comme s'il s'était brûlé les doigts, en s'exclamant : "Foudres et cyclones ! Mais que dis-tu ?"

"Oui. Regarde et réfléchis ! Ne plus avoir peur ! N'être plus ainsi angoissé !"

"Mais c'est trop beau ! Trop ! Mais qu'a-t-elle dit ? Que vraiment elle nous protège ?

Que Dieu la bénisse ! Mais qui est-ce ?"

"Celle qui a un vêtement couleur de tourterelle sauvage, grande, mince. Vois, elle nous regarde..."

Pierre regarde cette femme de haute taille, au visage régulier et sérieux, aux yeux doux et pourtant impérieux.

"Et... comment as-tu fait pour lui parler ? Tu n'as pas eu..."

"Non, pas du tout."

"Et pourtant, tu haïssais les contacts avec eux ! Comme moi, comme tous..."
"Oui, mais je les ai surmontés pour l'amour du Maître. Comme j'ai surmonté le désir de rompre avec les anciens compagnons du Temple... Oh ! Tout pour le Maître ! Vous tous, et ma mère avec vous, vous croyez à de la duplicité. Toi, récemment, tu m'as reproché mes amitiés. Mais si je ne les conservais pas et avec beaucoup de difficultés, je ne saurais pas tant de choses. Ce n'est pas bien de se mettre un bandeau sur les yeux et de la cire dans les oreilles de peur que le monde n'entre en nous par les yeux et les oreilles. Quand on est dans une entreprise semblable à la nôtre, il faut veiller à avoir les yeux et les oreilles bien ouverts. Veiller pour Lui, pour son bien, pour sa mission, pour la fondation de ce royaume béni..."

Un grand nombre d'apôtres et quelques disciples se sont approchés et écoutent avec des signes de tête approbatifs. Car, en effet, on ne peut pas dire que Judas parle mal !
Pierre, honnête et humble, le reconnaît et il dit : "Tu as vraiment raison ! Pardonne mes reproches. Tu vaux mieux que moi, tu sais y faire. Oh ! allons le dire au Maître, à sa Mère, à la tienne ! Elle était si angoissée !"

"Parce que des mauvaises langues ont insinué... Mais pour l'instant, tais-toi. Après, plus tard. Tu vois ? Ils s'assoient à table et le Maître nous fait signe d'y aller..."

... Le souper est vite consommé. Même les romaines, assises aux tables des femmes, mêlées à elles, c'est ainsi que Claudia se trouve entre Porphyrée et Dorca, mangent en silence ce qu'on leur sert. Entre elles et Jeanne et Marie de Magdala, circulent de mystérieuses paroles faites de sourires et de clins d’œil. Elles semblent des écolières en vacances.

Jésus, après le repas, commande de former un carré de siège et d'y prendre place pour l'écouter. Il se place au milieu et il commence à parler au centre d'un carré de visages attentifs où il n'y a de fermés que les yeux innocents du bébé de Dorca qui dort sur le sein de sa mère, et où vont tomber de sommeil ceux de Marie, assise sur les genoux de Jeanne, et de Mathias, qui s'est accroupi sur les genoux de Jonathas.

"Disciples hommes et femmes, rassemblés ici au Nom du Seigneur, ou attirés ici par le désir de la Vérité, désir qui vient encore de Dieu qui veut lumière et vérité dans tous les cœurs, écoutez.

Ce soir il nous est permis d'être tous unis, et c'est justement la méchanceté de ceux qui nous veulent dispersés qui nous le procure. Et vous ne savez pas, vous dont les sens sont bornés, comme est profonde et vaste cette union véritable, aurore des unions futures qui existeront quand le Maître ne sera plus parmi vous, charnellement, mais sera en vous par son esprit. Alors vous saurez aimer. Alors vous saurez pratiquer l'amour. Pour l'instant, vous êtes comme des enfants encore au sein. Alors vous serez comme des adultes qui peuvent goûter toute nourriture sans que cela leur nuise. Alors vous saurez dire, comme Moi je le dis : "Venez à moi, vous tous, parce que nous sommes tous frères et que c'est pour tous que Lui s'est immolé".

Trop de préventions en Israël ! Ce sont autant de flèches qui lèsent la charité. Je vous parle à vous, fidèles, ouvertement, car parmi vous il n'y a pas de traîtres, ni de gens remplis de préventions qui séparent, qui se changent en incompréhension, en entêtement, en haine, pour Moi qui vous indique les routes de l'avenir. Je ne puis parler autrement. Et dorénavant je parlerai moins parce que je vois que les paroles sont inutiles ou presque. Vous avez eu de quoi vous sanctifier et vous instruire d'une manière parfaite. Mais vous vous êtes peu élevés, spécialement vous, hommes mes frères, car la parole vous plaît mais vous ne la mettez pas en pratique. Dorénavant et de plus en plus fréquemment, je vous ferai faire ce que vous devrez faire quand le Maître sera retourné au Ciel d'où il est venu. Je vous ferai assister à ce qu'est le Prêtre de l'avenir. Plus que mes paroles observez mes actes, répétez-les, apprenez-les, joignez-les à l'enseignement. Alors vous deviendrez des disciples parfaits.

Qu'a fait le Maître aujourd'hui, et que vous a-t-il fait faire et pratiquer ? La charité sous ses multiples formes. La charité envers Dieu. Non seulement la charité de prières vocales, rituelles, mais la charité active qui renouvelle dans le Seigneur, qui dépouille de l'esprit du monde, des hérésies du paganisme, qui n'existe pas seulement chez les païens, mais aussi en Israël, avec les mille coutumes qui se sont substituées à la Religion vraie, sainte, ouverte, simple comme tout ce qui vient de Dieu. Il ne faut pas des actions bonnes, ou telles en apparence pour être loué par les hommes, mais des actions saintes pour mériter la louange de Dieu. Celui qui est né, meurt. Vous le savez. Mais la vie ne finit pas avec la mort. Elle continue sous une autre forme et pour l'éternité avec une récompense pour celui qui a été juste, avec un châtiment pour celui qui a été mauvais. Que cette pensée d'un certain jugement ne paralyse pas pendant la vie et à l'heure de la mort, mais qu'elle soit un aiguillon et un frein, un aiguillon qui pousse au bien, un frein qui écarte des mauvaises passions.

Soyez donc vraiment amis du Dieu vrai, en agissant toujours au cours de la vie avec l'intention de Le mériter dans la vie future. O vous qui aimez les grandeurs, quelle grandeur plus grande que celle de devenir des fils de Dieu, des dieux par conséquent ? O vous qui craignez la douleur, quelle certitude de ne plus souffrir que celle qui vous attend au Ciel ? Soyez saints. Vous voulez fonder un royaume dès cette Terre ? Vous vous sentez en proie aux embûches et vous craignez de ne pas y réussir ? Si vous agissez en saints, vous réussirez. Car la puissance même qui nous domine ne pourra l'empêcher, malgré ses cohortes, car vous persuaderez les cohortes de suivre la doctrine sainte de même que Moi, sans violence, j'ai persuadé les femmes de Rome qu'ici se trouve la Vérité..."

"Seigneur !..." s'écrient les romaines en se voyant découvertes.

"Oui, femmes. Écoutez et souvenez-vous. Je vais dire à ceux d'Israël qui me suivent, je vais vous dire à vous qui n'êtes pas d'Israël mais qui avez une âme droite, le statut de mon Royaume.

Pas de révoltes, elles ne servent pas. Sanctifier l'autorité en l'imprégnant de notre sainteté. Ce sera un long travail, mais il sera victorieux. Avec douceur et patience, sans folles hâtes, sans déviations humaines, sans révoltes inutiles, en obéissant là où l'obéissance ne nuit pas à l'âme elle-même, vous arriverez à faire de l'autorité, qui maintenant nous domine avec le paganisme, une autorité protectrice et chrétienne. Faites votre devoir de sujets envers l'autorité comme vous faites celui de fidèles envers Dieu. Appliquez-vous à voir en toute autorité non pas quelqu'un qui vous opprime, mais quelqu'un qui vous élève, car il vous donne la possibilité de le sanctifier et de vous sanctifier par l'exemple et l'héroïsme.

De même que vous êtes de bons fidèles et de bons citoyens, efforcez-vous d'être de bonnes épouses, de bons maris, saints, chastes, obéissants, affectueux l'un pour l'autre, unis pour élever vos enfants dans le Seigneur, pour être paternels et maternelles même avec les serviteurs et les esclaves, qui eux aussi ont une âme et une chair, des sentiments et des affections, comme vous les avez. Si la mort vous enlève le compagnon ou la compagne, ne désirez pas, si possible, un nouveau mariage. Aimez les orphelins même pour le compagnon disparu. Et vous, serviteurs, soyez soumis aux maîtres et s'ils sont imparfaits, sanctifiez-les par votre exemple. Vous en aurez un grand mérite aux yeux du Seigneur. Dans l'avenir, en mon Nom, il n'y aura plus de maîtres et de serviteurs, mais des frères. Il n'y aura plus de races, mais des frères. Il n'y aura plus d'opprimés et d'oppresseurs qui se haïssent, parce que les opprimés donneront le nom de frères à leurs oppresseurs.

Aimez-vous en une seule foi, en vous aidant l'un l'autre, comme je vous l'ai fait faire aujourd'hui. Mais ne bornez pas l'aide aux pauvres, aux pèlerins de votre race, ni à vos malades. Ouvrez les bras à tous comme la Miséricorde vous les a ouverts à vous.
Que celui qui a davantage donne à celui qui n'a rien ou peu. Que celui qui sait davantage instruise celui qui ne sait rien ou peu de chose, et qu'il instruise avec patience et humilité, se rappelant qu'en vérité, avant que je ne l'instruise, il ne savait rien. Recherchez la Sagesse non pour qu'elle vous fasse briller, mais pour qu'elle vous aide à avancer dans les voies du Seigneur.

Que les femmes mariées aiment les vierges et réciproquement. Que les unes et les autres entourent les veuves d'affection. Vous êtes toutes utiles dans le Royaume du Seigneur.

Que les pauvres n'aient pas d'envie, que les riches ne créent pas de la haine par l'étalage de leurs richesses et la dureté de leurs cœurs.

Prenez soin des orphelins, des malades, de ceux qui n'ont pas de maison. Ouvrez-leur votre cœur, avant de leur ouvrir votre bourse et votre maison, parce que même si vous donnez, si c'est de mauvaise grâce, ce n'est pas honneur mais offense que vous donnez à Dieu, qui est présent en tout malheureux.

En vérité, en vérité je vous dis qu'il n'est pas difficile de servir le Seigneur. Il suffit d'aimer. Aimer le Dieu vrai, aimer le prochain quoiqu'il soit.

En toute blessure ou fièvre que vous soignerez, j'y serai. En tout malheur que vous soulagerez, j'y serai. Et tout ce que vous ferez pour Moi dans le prochain, si c'est bien, c'est à Moi que vous le ferez; et si c'est mal, c'est à Moi aussi que vous le ferez. Voulez-vous me faire souffrir ? Voulez-vous perdre le Royaume de paix, votre devenir de dieu, seulement pour ne pas être bons avec le prochain ?

Jamais plus nous ne serons unis ainsi. Il viendra d'autres Pâques... et nous ne pourrons être ensemble pour de nombreuses raisons. La première à cause d'une prudence sainte en partie et en partie exagérée, car tout excès est fautif, qui nous obligera à être séparés. Les autres Pâques encore parce que je ne serai plus avec vous... Mais souvenez-vous de cette journée. Faites à l'avenir, et non pas pour la seule Pâque mais en toute occasion, ce que je vous ai fait faire.

Ne vous flattez pas de m'appartenir facilement. M'appartenir, veut dire vivre dans la Lumière et la Vérité, mais manger aussi le pain de la lutte et des persécutions. Alors donc, plus votre amour sera fort et plus vous serez forts dans la lutte et les persécutions.

Croyez en Moi, en ce que je suis réellement : Jésus Christ, le Sauveur, dont le Royaume n'est pas de ce monde, dont la venue signifie la paix pour les bons, dont la possession veut dire connaître et posséder Dieu, car vraiment celui qui m'a en lui-même et qui est lui-même en Moi est en Dieu, et possède Dieu en son esprit pour le posséder ensuite dans le Royaume céleste pour l'éternité.

La nuit est venue. Demain c'est la Parascève. Allez. Purifiez-vous , méditez, faites une Pâque sainte.

Femmes d'une autre race mais dont l'esprit est droit, allez. Que la bonne volonté qui vous anime vous soit un chemin pour venir à la Lumière. Au nom de ceux qui sont pauvres comme je le suis Moi-même, je vous bénis pour l'obole généreuse et je vous bénis pour vos bonnes dispositions envers l'Homme qui est venu apporter la paix et l'amour sur la terre. Allez ! Et toi, Jeanne, et tous ceux qui ne craignent plus des embûches, allez aussi."

Un murmure de stupeur parcourt l'assemblée au départ des romaines. Flavia avait écrit sur des tablettes de cire les paroles de Jésus pendant qu'il parlait. Elles sont rangées dans une bourse et les romaines prennent congé par un salut collectif. Elles ne sont plus que six car Egla reste près de Marie de Magdala. Jeanne, Jonathas et les serviteurs de Jeanne s'en vont emportant les enfants endormis dans leurs bras. Or la stupeur est si grande qu'en dehors d'eux personne ne bouge. Mais quand le bruit du portail qui se ferme indique que les romaines sont sorties, une clameur succède au murmure.
"Mais qui sont-ce ?"

"Comment sont-elles parmi nous ?"

"Qu'ont-elles fait ?"

Et par-dessus tous Judas crie : "Comment connais-tu, Seigneur, la riche obole qu'elles m'ont donnée ?"

D'un geste, Jésus apaise le tumulte et il dit : "C'est Claudia et ses dames. Et alors que les autres dames d'Israël, craignant la colère de leurs maris ou avec la même pensée et les mêmes sentiments que leurs maris, n'osent pas venir à ma suite, les païennes qu'on méprise, avec de saintes ruses savent venir apprendre la Doctrine qui, même reçue pour l'instant avec des sentiments humains, sert toujours à les élever... Et cette fillette, qui était esclave mais de race juive, est la fleur offerte par Claudia aux troupes du Christ, en la rendant à la liberté et en la donnant à la foi du Christ. Pour ce qui concerne ce que je sais de l'obole... oh ! Judas ! Tous, sauf toi, pourraient me poser cette question ! Tu sais que Moi, je vois dans les cœurs."

"Alors tu as vu que j'ai dit la vérité quand j'ai parlé d'un piège que j'ai éventé en allant faire parler... des êtres coupables ?"

"C'est vrai."

"Dis-le alors bien fort, pour que ma mère l'entende... Mère, je suis un garçon, mais pas un scélérat... Mère, faisons la paix. Comprenons-nous, aimons-nous, unis dans le service pour notre Jésus."

Et Judas, humble et affectueux, va embrasser sa mère qui lui dit : "Oui, mon enfant ! Oui, mon Judas ! Bon ! Bon ! Sois toujours bon, ô mon enfant ! Pour toi, pour le Seigneur ! Pour ta pauvre maman !"

Pendant ce temps plusieurs, dans la salle, s'agitent et font des commentaires et beaucoup déclarent que c'est une imprudence d'avoir accueilli les romaines et le reprochent à Jésus.

Judas écoute et il quitte sa mère pour défendre le Maître. Il raconte sa conversation avec Claudia et dit pour finir : "Ce n'est pas une aide méprisable. Et même, ne l'ayant pas reçue auparavant parmi nous, nous n'avons pas évité la persécution. Laissons-la faire. Et rappelez-vous bien qu'il vaut mieux ne pas en parler avec n'importe qui. Pensez que si c'est dangereux pour le Maître, ce ne l'est pas moins pour nous d'être amis des païens. Le Sanhédrin qui, au fond, est retenu par peur de Jésus par un reste de crainte de lever la main sur l'Oint de Dieu, n'aurait pas tant de scrupules de nous tuer comme des chiens, nous qui sommes de pauvres hommes quelconques. Au lieu de faire ces visages scandalisés, rappelez-vous que tout à l'heure, vous étiez comme autant de moineaux effarouchés, et bénissez le Seigneur de nous aider par des moyens imprévus, illégaux si vous voulez, mais si puissants pour fonder le Royaume du Messie. Nous pourrons tout si Rome nous défend ! Oh ! moi, je ne crains plus ! C'est un grand jour qu'aujourd'hui ! Plus que pour toutes les autres choses, pour celle-là... Ah ! quand tu seras le Chef ! Quel pouvoir doux, fort, béni ! Quelle paix ! Quelle justice ! Le Royaume fort et bienveillant du Juste ! Et le monde qui vient lentement à lui !... Les prophéties qui se réalisent ! Les foules, les nations... le monde à tes pieds ! Oh ! Maître ! mon Maître ! Toi Roi, nous tes ministres... Sur la Terre la paix, dans le Ciel la gloire... Jésus Christ de Nazareth, Roi de la race de David, Messie Sauveur, je te salue et je t'adore !" et Judas, qui semble en extase, se prosterne en disant pour finir : "Sur la Terre, au Ciel et jusque dans les Enfers, ton Nom est connu et ton pouvoir sans limites.

Quelle force peut te résister, ô Agneau et Lion, Prêtre et Roi, Saint, Saint, Saint ?" et il reste courbé jusqu'à terre dans la salle muette de stupeur.


SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-061.htm
TOME : 5/61

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Palais Lazare


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* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
 *

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Maud Jeu 6 Aoû - 7:43

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Maria_28

"La parascève : Première partie : le matin "

Dans le palais de Lazare transformé en dortoir pour cette nuit, on voit des hommes qui dorment un peu partout. On ne voit pas de femmes. Peut-être les a-t-on conduites dans les pièces au-dessus. L'aube claire blanchit lentement la ville, pénètre dans les cours du palais, éveille les premiers pépiements timides dans les feuillages des arbres qui les ombragent, et les premiers roucoulements des pigeons qui dorment dans l'encadrement de la corniche. Mais les hommes ne s'éveillent pas. Fatigués et rassasiés de nourriture et d'émotions, ils dorment et rêvent...

Jésus sort sans bruit dans le vestibule et passe de là dans la cour d'honneur. Il se lave à une source claire qui chante en son milieu dans un carré de myrte au pied duquel il y a des petits lys très semblables à ce qu'on appelle des muguets français. Il met de l'ordre dans sa toilette et, toujours sans faire de bruit, il se dirige vers l'escalier qui mène aux étages supérieurs et à la terrasse au-dessus de la maison. Il monte là-haut pour prier, pour méditer...

Il va et vient lentement, et il n'y a pour le voir que les pigeons qui, en allongeant le cou et en s'inclinant, semblent se demander l'un à l'autre : "Qui est Celui-ci ?" Puis il s'appuie au muret et se tient recueilli en Lui-même, immobile. Enfin il lève la tête, peut-être surpris par le premier rayon du soleil qui se lève derrière les collines qui cachent Béthanie et la vallée du Jourdain, et il regarde le panorama qui s'étend à ses pieds.

Le palais de Lazare est certainement sur une des si nombreuses élévations de terrain qui font des rues de Jérusalem une succession de montées et de descentes, spécialement dans les moins belles. Presque au centre de la ville, mais légèrement incliné vers le sud-ouest.

Il est établi sur une belle route qui débouche sur le Siste, formant avec lui un T, et domine la ville basse. En face de lui, Bézéta, le Moriah et Ophel, et derrière ceux-ci la chaîne de l'Oliveraie; en arrière et appartenant déjà à l'endroit où il s'élève, le mont Sion, alors que sur les deux côtés le regard s'étend au sud vers les collines du midi, alors qu'au nord Bézéta cache une grande partie du panorama. Mais au-delà de la vallée du Gihôn, la tête chauve du Golgotha émerge jaunâtre dans la lumière rosé de l'aurore, toujours lugubre même dans cette lumière joyeuse.

Jésus la regarde... Son regard, bien que plus viril et plus pensif, me rappelle celui de la lointaine vision de Jésus à douze ans, dans la vision de la discussion avec les docteurs. Mais maintenant, comme alors, ce n'est pas un regard effrayé. Non. C'est le digne regard d'un héros qui regarde le champ de sa dernière bataille.

Puis il se tourne pour regarder les collines au sud de la ville et il dit : "La maison de Caïphe !" et du regard, il trace tout un itinéraire de cet endroit au Gethsémani, et puis au Temple, et puis il regarde encore au-delà de l'enceinte de la ville vers le Calvaire... Le soleil, pendant ce temps, s'est levé et la ville est toute illuminée...

Voilà qu'au portail du palais on frappe une série ininterrompue de coups vigoureux. Jésus se penche pour voir, mais la corniche fait fortement saillie, alors que le portail est très en retrait dans le mur épais, aussi il ne peut voir qui frappe. En revanche, il entend tout de suite les cris des dormeurs qui se réveillent pendant que le portail ouvert par Lévi se referme avec fracas. Et puis il entend son Nom prononcé par un nombre de voix d'hommes et de femmes... Il se hâte de descendre pour leur dire : "Me voici. Que voulez-vous ?"

Ceux qui l'appelaient, dès qu'ils l'entendent, prennent d'assaut l'escalier qu'ils gravissent en courant et en criant. Ce sont les apôtres et les plus anciens disciples et au milieu d'eux se trouve Jonas, qui habite le Gethsémani. Ils parlent tous à la fois, et on ne comprend rien.

Jésus doit leur imposer fermement de s'arrêter et de se taire pour pouvoir les calmer. Il les rejoint pour leur dire tout de suite : "Qu'arrive-t-il ?"

Un autre vacarme produit par l'émotion, inutile, car incompréhensible. Derrière ceux qui crient, apparaissent des visages tristes ou étonnés de femmes et de disciples...

"Ne parlez qu'un seul à la fois. Toi, Pierre, commence."

"Jonas est venu... Il a dit qu'ils étaient si nombreux et ils t'ont cherché partout. Lui a été mal toute la nuit, et à l'ouverture des portes, il est allé chez Jeanne et il a su que tu étais ici. Mais comment allons-nous faire ? La Pâque nous devons pourtant la faire !"

Jonas de Gethsémani corse la nouvelle en disant : "Oui, ils m'ont maltraité aussi. J'ai dit que je ne savais pas où tu étais, que peut-être tu n'allais pas revenir. Mais ils ont vu vos vêtements et ils ont compris que vous seriez revenus au Gethsémani. Ne me fais pas de mal, Maître ! Je t'ai toujours logé avec amour, et cette nuit j'ai souffert à cause de Toi. Mais... mais..."

"N'aie pas peur ! Je ne te mettrai plus en danger dorénavant. Je ne séjournerai plus dans ta maison. Je me bornerai à venir en passant, pendant la nuit, pour prier... Tu ne peux pas me le défendre..." Jésus est très doux envers Jonas de Gethsémani, tout apeuré.

Mais la voix d'or de Marie de Magdala l'interrompt avec véhémence : "Depuis quand, ô homme, as-tu oublié que tu es serviteur et que c'est notre condescendance qui te permet de te donner des airs de maître ? A qui appartiennent la maison et l'oliveraie ? Il n'y a que nous qui puissions dire au Rabbi : "Ne viens pas faire du tort à nos biens". Mais nous ne le disons pas.

Parce que ce serait un très grand bien si pour le chercher, Lui, les ennemis du Christ détruisaient les arbres, les murs et même faisaient crouler les corniches, car tout serait détruit pour avoir reçu à demeure l'Amour, et l'Amour donnerait son amour à nous ses fidèles amis. Mais qu'ils viennent ! Qu'ils détruisent ! Qu'ils piétinent ! Qu'est-ce que cela fait ? Il suffit qu'il nous aime et qu'il soit indemne !"

Jonas est pris entre la peur des ennemis et celle de sa fougueuse maîtresse, et il murmure : "Et s'ils font du mal à mon fils ?..."

Jésus le réconforte : "Ne crains pas, te dis-je. Je ne séjournerai plus. Tu peux dire à ceux qui le demandent que le Maître n'habite plus au Gethsémani... Non, Marie ! C'est bien ainsi. Et laisse-moi faire ! Je te suis reconnaissant de ta générosité... Mais ce n'est pas mon heure, ce n'est pas encore mon heure ! Je suppose qu'il y avait des pharisiens..."

"Et des synhédristes, et des hérodiens, et des sadducéens... et des soldats d'Hérode... et... tous... tous... Je ne puis m'empêcher de trembler de peur... Pourtant, tu le vois, Seigneur ? Je suis accouru pour te prévenir... chez Jeanne... puis ici..." L'homme tient à faire remarquer que c'est en risquant sa tranquillité qu'il a fait son devoir envers le Maître.

Jésus sourit d'une bonté compatissante et il dit: "Je le vois ! Je le vois ! Que Dieu t'en récompense. Maintenant va en paix à ta maison. Je t'enverrai dire où envoyer les sacs, ou j'enverrai Moi-même quelqu'un pour les prendre."

L'homme s'en va et, sauf Jésus et Marie très Sainte, personne ne lui épargne les reproches et les moqueries. Salés sont ceux de Pierre, très salés ceux de l'Iscariote, ironiques ceux de Barthélemy. Jude Thaddée ne parle pas, mais lui jette un de ces regards ! Les murmures et les regards de reproche l'accompagnent même dans les rangs des femmes, pour se terminer à la fusée finale de Marie de Magdala qui à l'inclination du serviteur paysan répond : "Je ferai savoir à Lazare que pour le banquet... il aille se procurer des poulets bien engraissés sur les terres du Gethsémani."

"Je n'ai pas de poulailler, maîtresse."

"Toi, Marc et Marie : trois magnifiques chapons !"

Tout le monde se met à rire pour cette sortie sans douceur et... expressive de Marie de Lazare qui est furieuse de voir apeurés des gens qui dépendent d'elle, et la privation du Maître, obligé de renoncer au doux nid du Gethsémani.

"Ne te fâche pas, Marie ! Paix ! Paix ! Tout le monde n'a pas ton cœur !"

"Oh ! non, malheureusement ! Si tous avaient mon cœur, Rabbouni ! Les lances elles-mêmes et les flèches décochées contre moi ne me sépareraient pas de Toi !"

Un murmure parmi les hommes... Marie le saisit et elle répond vivement : "Oui. Nous le verrons ! Et espérons que ce sera bientôt, si cela peut servir à vous apprendre le courage. Rien ne me fera peur, si je puis servir mon Rabbi ! Servir ! Oui ! Servir ! Et c'est aux heures du danger que l'on sert, frères ! Aux autres... Oh ! Aux autres, ce n'est pas servir ! C'est jouir !... Et ce n'est pas pour le plaisir que l'on doit suivre le Messie !"

Les hommes baissent la tête, piqués par cette vérité.

Marie traverse les rangs et vient en face de Jésus. "Que décides-tu, Maître ? C'est la Parascève. Où sera ta Pâque ? Commande... et, si j'ai trouvé grâce auprès de Toi, permets-moi de t'offrir un de mes cénacles, de penser à tout..."

"Tu as trouvé grâce auprès du Père des Cieux, grâce donc auprès du Fils du Père, auquel est sacré tout mouvement du Père. Mais si j'accepte le cénacle, laisse-moi aller au Temple pour immoler l'agneau, en bon Israélite..."

"Et s'ils t'arrêtent ?" disent plusieurs.

"Ils ne me prendront pas. La nuit, dans l'obscurité, comme font les scélérats, ils peuvent l'oser. Mais au milieu des foules qui me vénèrent, non. Ne devenez pas lâches !..."

"Oh ! Puis maintenant il y a Claudia !" crie Judas. "Le Roi et le Royaume ne sont plus en péril !..."

"Judas, je t'en prie ! Ne les fais pas crouler en toi ! Ne leur dresse pas d'embûches en toi. Mon Royaume n'est pas de ce monde. Je ne suis pas un roi comme ceux qui sont sur les trônes. Mon Royaume est spirituel. Si tu l'abaisses à la mesquinerie d'un royaume humain, tu lui dresses des embûches et tu le fais crouler en toi."

"Mais Claudia !..."

"Claudia est une païenne. Elle ne peut donc connaître la valeur de l'esprit. C'est beaucoup si elle voit et appuie Celui qui, pour elle, est un Sage... Beaucoup en Israël ne me prennent même pas pour un sage !... Mais tu n'es pas païen, mon ami ! Ta rencontre providentielle avec Claudia fais qu'elle ne devienne pas pour toi un dommage. De même qu'il ne faut pas te comporter de telle sorte qu'un don de Dieu destiné à raffermir ta foi et ta volonté de servir le Seigneur devienne pour toi un malheur spirituel."

"Et comment cela serait-il possible, Seigneur ?"

Facilement. Et pas en toi seulement. Si un don accordé pour secourir la faiblesse de l'homme, au lieu de le fortifier et de lui faire désirer toujours plus le bien surnaturel, ou même simplement le bien moral, sert à l'appesantir du poids des appétits humains et à l'écarter loin de la voie droite, sur des chemins qui le font descendre, alors le don devient dommageable. L'orgueil suffit pour rendre un don dommageable. Il suffit d'être désorienté par une chose qui vous exalte et vous fait perdre de vue la Fin suprême et bonne, pour rendre un don dommageable. En es-tu convaincu ? La venue de Claudia doit te donner seulement la force d'une considération. Celle-ci : si une païenne a senti la grandeur de ma doctrine et la nécessité de son triomphe, toi, et avec toi tous les disciples, c'est avec une plus grande force que vous devez sentir tout cela et, en conséquence, vous y donner tout entiers. Mais toujours spirituellement. Toujours... Et maintenant, décidons. Où dites-vous qu'il serait bien de consommer la Pâque. Je veux que votre esprit soit en paix pour cette Cène rituelle, pour entendre Dieu qu'on n'entend pas dans le trouble. Nous sommes nombreux, mais il me serait doux que nous soyons tous ensemble pour vous faire dire : "Nous avons consommés une Pâque avec Lui". Choisissez donc un endroit où, nous divisant selon les règles rituelles, de façon à former des groupes suffisants pour consommer chacun son propre agneau, on puisse pourtant dire : "Nous étions unis, et chacun pouvait entendre la voix de l'autre frère".

On nomme tel et tel autre endroit. Mais les sœurs de Lazare l'emportent. "Oh ! Seigneur ! Ici ! Nous enverrons prendre notre frère. Ici ! Nombreuses sont les salles et les pièces. Nous serons ensemble, en suivant le rite. Accepte, Seigneur ! Le palais a des salles qui peuvent recevoir deux cent personnes réparties par groupes de vingt. Et nous ne sommes pas si nombreux. Fais-nous ce plaisir, Seigneur ! Pour notre Lazare si triste... si malade..." et les deux sœurs pleurent en terminant : "...Qu'on ne peut penser qu'il fasse une autre Pâque..."

"Qu'en dites-vous ? Pensez-vous qu'il faut l'accorder aux sœurs si bonnes ?" dit Jésus en s'adressant à tout le monde.

"Moi, je dirais oui" dit Pierre.

"Moi aussi" dit l'Iscariote en même temps que beaucoup d'autres. Ceux qui ne disent rien consentent.

"Chargez-vous-en, alors. Et nous, allons au Temple pour montrer que celui qui est sûr d'obéir au Très-Haut n'a pas peur et n'est pas lâche. Allons, et ma paix à ceux qui restent."

Jésus descend le reste de l'escalier, traverse le vestibule et sort avec les disciples dans la rue pleine de monde.

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-062.htm
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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 14 Signat12

* "J'ai compris que " Marie " veillait sur moi  , que j'étais Son enfant  .
Aussi , je ne pouvais que lui donner le nom de " Maman " , car il me semblait  encore plus tendre que celui de "  Mère "
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Ste Thérèse de l' Enfant Jésus et de la Sainte Face
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