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Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Anayel
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Dim 15 Aoû - 19:52

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

632. Apparitions ici et là à diverses personnes (partie 1)

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 18
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 632

Vision du mercredi 16 et jeudi 17 avril 1947.


Mardi 16 avril 30
Jérusalem


Episode audio:

 
    I. A la mère d’Annalia.

    632.1 Elise, la mère d’Annalia, sanglote désespérément dans sa maison, enfermée dans une chambre où se trouve un petit lit sans couverture, peut-être celui d’Annalia. Elle a la tête abandonnée sur ses bras, qui s’abandonnent à leur tour, tendus vers le lit comme pour l’étreindre tout entier. Son corps repose sur ses genoux en une attitude de langueur. De vigoureux, il n’y a que ses pleurs.

    Un peu de lumière pénètre par la fenêtre ouverte. Le jour revient depuis peu. Mais il se produit une vive lumière lorsque Jésus entre.

    J’emploie le verbe “ entrer ”, pour dire qu’il se trouve soudain dans la pièce. Je l’emploierai toujours, désormais, pour signifier son apparition dans un endroit clos, sans répéter comment il se découvre de derrière une grande clarté qui rappelle celle de la Transfiguration, de derrière un feu blanc, si on me permet la comparaison, qui semble liquéfier les murs et les portes pour permettre à Jésus d’entrer avec son corps véritable, respirant, solide, glorifié, un feu, une clarté qui se referme sur lui et le dissimule à son départ. Mais aussitôt, il prend le bel aspect du Ressuscité, mais homme, vraiment homme, mais cent fois plus beau qu’avant la Passion. C’est lui, mais c’est lui glorieux, Roi.

    632.2 « Pourquoi pleures-tu, Elise ? »

    Je ne sais comment la femme ne reconnaît pas cette voix qu’on ne peut confondre. Peut-être la douleur l’étourdit-elle. Elle répond comme si elle parlait à un parent qui l’aurait rejointe après la mort d’Annalia.

    « Tu as entendu hier soir ces hommes ? Il n’était rien. Il avait un pouvoir magique, mais pas divin. Et moi qui me résignais à la mort de ma fille en pensant qu’elle était aimée de Dieu, en paix… Il me l’avait assuré ! »

    Elle redouble de larmes.

    « Mais beaucoup l’ont vu ressuscité. Dieu seul peut se ressusciter lui-même.

    – C’est ce que j’ai dit, moi aussi, à ceux d’hier. Tu l’as entendu. J’ai combattu leurs paroles, parce qu’elles représentaient la mort de mon espérance, de ma paix. Mais eux, tu as entendu ? ont affirmé : “ Tout cela, c’est de la comédie de ses partisans pour ne pas reconnaître qu’ils sont fous. Il est mort et bien mort, putréfié, ils l’ont enlevé et détruit, en prétendant qu’il est ressuscité. ” C’est ce qu’ils disaient… Et que c’est pour cela que le Très-Haut a envoyé le second tremblement de terre, pour leur faire sentir sa colère devant leur mensonge sacrilège. Oh ! je n’ai plus aucun réconfort !

    – Mais si tu voyais de tes yeux le Seigneur ressuscité, et si tu le touchais de tes mains, croirais-tu ?…

    – Je n’en suis pas digne… Bien évidemment, je croirais ! Il me suffirait de le voir. Je n’oserais pas toucher sa chair, car s’il en était ainsi, ce serait une chair divine, or une femme ne peut s’approcher du Saint des Saints.

    632.3 – Lève la tête, Elise, et regarde qui se tient devant toi ! »

    La femme lève sa tête chenue, son visage défiguré par les larmes, et elle voit… Elle tombe encore plus bas sur ses talons, se frotte les yeux, ouvre la bouche en un cri qui veut sortir, mais que la stupeur étrangle dans la gorge.

    « C’est moi, le Seigneur. Touche ma main, baise-la. Tu m’as sacrifié ta fille, tu le mérites. Et retrouve, sur cette main, le baiser spirituel de ton enfant. Elle est au Ciel, et elle est bienheureuse. Tu parleras de cela aux disciples, et de ce jour-ci. »

    La femme est tellement fascinée qu’elle n’ose pas faire le geste, de sorte que c’est Jésus lui-même qui presse sur ses lèvres la pointe de ses doigts.

    « Oh ! Tu es vraiment ressuscité ! Que je suis heureuse ! Heureuse ! Bénis sois-tu de m’avoir consolée ! »

    Elle se penche pour lui baiser les pieds, et reste ainsi. La lumière surnaturelle enveloppe le Christ de sa splendeur et soudain la pièce est vide. Mais Elise a dans le cœur une certitude inébranlable.

    II. A Marie, mère de Judas, à Kérioth, avec Anne, mère de Joanne, et le vieil Ananie.

    632.4 Je vois la maison d’Anne, mère de Joanne. C’est la maison de campagne où Jésus, accompagné de la mère de Judas, a accompli le miracle de la guérison d’Anne [2]. Là aussi, je vois une pièce, et une femme étendue sur un lit. Une femme qui est méconnaissable tant elle est défigurée par une angoisse mortelle. Son visage est ravagé. Une fièvre dévorante lui empourpre les pommettes, qui sont tellement saillantes que les joues en sont creusées. Les yeux, dans un cercle noir, eux aussi rougis par la fièvre et les pleurs, sont mi-clos sous des paupières gonflées. Là où il n’y a pas de rougeur de fièvre, le teint est d’un jaune intense, verdâtre comme si la bile était répandue dans le sang. Les bras décharnés, les mains effilées, sont abandonnés sur les couvertures que l’essoufflement soulève.

    Près de la malade, qui n’est autre que la mère de Judas, se trouve Anne, la mère de Joanne. Elle essuie les larmes et la sueur, agite un éventail de palmier, change les linges trempés dans du vinaigre aromatisé et posés sur le front et la gorge de la malade, caresse ses mains, ses cheveux en désordre. Devenus en peu de temps plus blancs que noirs, ils sont épars sur l’oreiller et collés par la sueur sur les oreilles devenues transparentes. Anne pleure également, en disant des paroles de réconfort :

    « Ce n’est pas cela, Marie ! Apaise-toi ! Assez ! C’est lui… lui, qui a péché. Mais toi, toi tu sais comme le Seigneur Jésus…

    – Tais-toi ! Ce nom… quand on me le dit, on le profane… Je suis la mère… du Caïn de Dieu ! Ah ! »

    Les larmes tranquilles se changent en de longs sanglots déchirants. Elle a l’impression de se noyer, s’attache au cou de son amie qui la secourt pendant qu’elle vomit de la bile.

    « Paix ! Paix, Marie ! Ce n’est pas cela ! Ah, quels mots trouver pour te convaincre que le Seigneur t’aime ? Je te le répète ! Je te le jure sur ce qui est le plus sacré pour moi : mon Sauveur et mon enfant. C’est lui qui me l’a dit quand tu me l’as amené. Il a eu pour toi des paroles et des prévenances d’un amour infini. Tu es innocente. Il t’aime. Je suis certaine, je suis certaine qu’il se donnerait lui-même une autre fois pour te rendre la paix, pauvre mère martyre.

    – Mère du Caïn de Dieu ! Tu entends ? Ce vent, là, dehors… Il le dit… Elle va à travers le monde, la voix… la voix du vent, et elle répète : “ Marie, femme de Simon, mère de Judas, celui qui a trahi le Maître et l’a livré à ceux qui l’ont crucifié. ” Tu entends ? Tout le dit… Le ruisseau, là dehors… Les tourterelles.., les brebis… Toute la terre crie que je suis… Non, je ne veux pas guérir. Je veux mourir !… Dieu est juste et ne me frappera pas dans l’autre vie. Mais ici, non. Le monde ne pardonne pas… ne distingue pas… Je deviens folle car le monde hurle… : “ Tu es la mère de Judas ! ” »

    Elle retombe épuisée sur ses oreillers. Anne la redresse et sort pour porter dehors les linges tachés…

    Marie, les yeux clos, exsangue après l’effort qu’elle a fait, gémit :

    « La mère de Judas ! de Judas ! de Judas ! » Elle halète, puis reprend : « Mais qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je enfanté ? Qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je… »

    632.5 Jésus est dans la pièce qu’éclaire une lumière tremblante, car la lumière du jour est encore trop faible pour éclairer la vaste pièce dans laquelle le lit est au fond, très loin de l’unique fenêtre. Il appelle doucement :

    « Marie ! Marie, femme de Simon ! »

    La femme délire presque et ne remarque pas la voix. Elle est absente, prise dans le vertige de sa douleur, et répète sans fin les pensées qui l’obsèdent, d’une manière monotone, comme le tic-tac d’une pendule :

    « La mère de Judas ! Qu’ai-je enfanté ? Le monde hurle : “ La mère de Judas… ” »

    Jésus en a presque les larmes aux yeux. Cela m’étonne beaucoup. Je ne pensais pas que Jésus pourrait pleurer encore après sa Résurrection…

    Il se penche. Le lit est tellement bas pour lui, qui est si grand ! Il pose la main sur le front enfiévré, en repoussant les linges trempés dans le vinaigre, et dit :

    « C’est un malheureux, rien d’autre. Si le monde crie, Dieu couvre les hurlements du monde en te disant : “ Aie la paix parce que, moi, je t’aime. ” Regarde-moi, pauvre mère ! Reprends tes esprits égarés et remets ton âme entre mes mains. Je suis Jésus !… »

    Marie, femme de Simon, ouvre les yeux comme si elle sortait d’un cauchemar ; elle voit le Seigneur, sent sa main sur son front, porte ses mains tremblantes à son visage et gémit :

    « Ne me maudis pas ! Si j’avais su ce que j’engendrais, je me serais arraché les entrailles pour qu’il ne naisse pas.

    – Et tu aurais péché. Marie ! Oh, Marie ! Ne perds pas ta justice à cause de la faute d’un autre. Les mères qui ont fait leur devoir ne doivent pas se considérer comme responsables des péchés de leurs enfants. Tu as fait ton devoir, Marie. Donne-moi tes pauvres mains. Sois tranquille, pauvre mère.

    – Je suis la mère de Judas. Je suis impure comme tout ce que ce démon a touché. Mère d’un démon ! Ne me touche pas. »

    Elle se débat pour échapper aux mains divines qui veulent la tenir. Les larmes de Jésus tombent sur son visage rougi par un accès de fièvre.

    « Je t’ai purifiée, Marie. Mes larmes de pitié sont sur toi. Je n’ai pleuré sur personne depuis que j’ai enduré ma souffrance. Mais je pleure sur toi avec toute mon affectueuse pitié. »

    Il a réussi à lui saisir les mains et s’assied, oui, il s’assied vraiment sur le bord du lit, en tenant ces mains tremblantes dans les siennes.

    La pitié affectueuse de ses yeux étincelants caresse, enveloppe, soigne la malheureuse qui se calme en pleurant silencieusement et en murmurant :

    « N’as-tu pas de rancœur à mon égard ?

    – J’ai de l’amour. C’est pour cela que je suis venu. Aie la paix.

    – Toi, tu pardonnes ! Mais le monde ! Et ta Mère ! Elle va me haïr.

    – Elle pense à toi comme à une sœur. Le monde est cruel, c’est vrai. Ma Mère est la Mère de l’Amour, et elle est bonne. Tu ne peux aller de par le monde, mais elle viendra à toi quand tout sera en paix. Le temps pacifie…

    – Fais-moi mourir, si tu m’aimes…

    – Encore un peu de temps. Ton fils n’a rien su me donner. Toi, donne-moi un temps de ta souffrance. Il sera court.

    – Mon fils t’a trop donné… C’est l’horreur infinie qu’il t’a donnée.

    – Et toi tu m’as donné la douleur infinie. L’horreur est passée, elle ne sert plus à rien. Mais ta douleur est utile : elle s’unit à mes plaies, de sorte que tes larmes et mon sang lavent le monde. Toute la souffrance s’unit pour laver le monde. Tes larmes se mêlent à mon sang et aux pleurs de ma Mère, entourés de toute la douleur des saints qui souffriront pour le Christ et pour les hommes, pour mon amour et celui des hommes. Pauvre Marie ! »

    Il la couche doucement, lui croise les mains, la regarde se calmer…

    632.6 Anne revient et reste, stupéfaite, sur le seuil.

    Jésus, qui s’est relevé, la regarde en disant :

    « Tu as obéi à mon désir. Les obéissants obtiennent la paix. Ton âme m’a compris. Vis dans ma paix. »

    Il baisse de nouveau les yeux sur Marie, qui le regarde en versant des larmes plus calmes, et il lui sourit une nouvelle fois. Il ajoute :

    « Place ton espérance dans le Seigneur. Il t’apportera ses consolations. »

    Après l’avoir bénie, il s’apprête à partir.

    Mais Marie pousse un cri passionné :

    « On dit que mon fils t’a trahi par un baiser ! Est-ce vrai, Seigneur ? Si oui, laisse-moi le laver en te baisant les mains. Je ne puis faire autre chose ! Je ne puis faire autre chose pour effacer… pour effacer… »

    La douleur la reprend avec force.

    Jésus ne lui donne pas ses mains à baiser, ces mains sur lesquelles la large manche de son vêtement blanc retombe jusqu’au milieu du métacarpe en cachant les blessures, mais il lui prend la tête entre ses mains et se penche pour effleurer de ses lèvres divines le front brûlant de la plus malheureuse des femmes. Et il lui dit en se redressant :

    « Mes larmes et un baiser ! Personne n’a autant obtenu de moi. Reste donc dans la paix puisque, entre toi et moi, il n’y a que de l’amour. »

    Il la bénit et, après avoir traversé rapidement la pièce, il sort derrière Anne, qui n’a pas osé s’avancer ni parler, mais qui pleure d’émotion.

    632.7 Pourtant, dès qu’ils se trouvent dans le corridor qui mène à la porte de la maison, Anne ose poser la question qui lui tient tant à cœur :

    « Ma Joanne ?

    – Depuis quinze jours, elle est bienheureuse au Ciel. Je n’en ai pas parlé parce qu’il y a trop de contraste entre ta fille et le fils de Marie.

    – C’est vrai ! Quel déchirement ! Je crois qu’elle en meurt.

    – Non. Pas tout de suite.

    – Maintenant, elle sera plus en paix. Tu l’as consolée. Toi ! Toi qui, plus que tous…

    – Moi qui la plains plus que tous. Je suis la divine Compassion. Je suis l’Amour. Je te le dis, femme : si seulement Judas m’avait jeté un regard de repentir, je lui aurais obtenu le pardon de Dieu… »

    Quelle tristesse se peint sur le visage de Jésus ! La femme en est frappée. Paroles et silence combattent sur ses lèvres, mais elle est femme, et la curiosité l’emporte. Elle demande :

    « Mais est-ce que cela a été une… un… Je veux dire : ce malheureux a-t-il péché soudainement ou bien…

    – Depuis des mois il péchait, et aucune parole, aucun geste de ma part n’a pu l’arrêter tant était forte sa volonté de pécher. Mais ne lui en parle pas à elle…

    – Je n’en dirai rien !… Seigneur ! Quand Ananie, qui s’était enfui de Jérusalem sans même terminer la Pâque, la nuit même de la parascève, est entré ici en hurlant : “ Ton fils a trahi le Maître et l’a livré à ses ennemis ! Il l’a trahi par un baiser. J’ai vu le Maître frappé et couvert de crachats, flagellé, couronné d’épines, chargé de la croix, crucifié et mort à cause de ton fils. Et les ennemis du Maître crient notre nom avec un air de triomphe obscène. On raconte l’acte de ton fils qui, pour moins que le prix d’un agneau, a vendu le Messie et l’a trahi par un baiser pour le désigner aux gardes ! ” Marie est tombée à terre, elle devenue noire sur le coup. Le médecin dit que son fiel s’est répandu, que son foie a éclaté et que tout le sang en est corrompu. Et… le monde est mauvais. Elle a raison… J’ai dû la transporter ici, car ils venaient crier près de sa maison de Kérioth : “ Ton fils est déicide et s’est suicidé ! Il s’est pendu ! Belzébuth a pris son âme et même Satan est venu prendre son corps. ” Cet horrible prodige est-il vrai ?

    – Non, femme. On l’a trouvé mort, pendu à un olivier…

    – Ah ! Ils criaient encore : “ Le Christ est ressuscité, et il est Dieu. Ton fils a trahi Dieu. Tu es la mère de celui qui a trahi Dieu. Tu es la mère de Judas. ” Pendant la nuit, avec Ananie et un serviteur fidèle, le seul qui me soit resté, car personne ne voulait rester auprès d’elle… je l’ai portée ici. Mais Marie entend ces cris dans le vent, dans les bruits de la terre, en tout.

    – Pauvre mère ! C’est horrible, oui.

    – Mais ce démon n’a pas pensé à cela, Seigneur ?

    – C’était une des raisons que j’invoquais pour le retenir. Mais cela n’a servi à rien. Comme Judas n’a jamais aimé d’un amour véritable son père et sa mère, ni personne d’autre qui soit son prochain, il en est venu à haïr Dieu.

    – C’est vrai !

    – Adieu, femme. Que ma bénédiction te donne la force de supporter le mépris du monde pour ta pitié envers Marie. Baise ma main. A toi, je peux la montrer. A elle, cela lui aurait fait trop de mal de le voir. »

    Il retrousse sa manche pour découvrir son poignet transpercé.

    Anne pousse un gémissement en effleurant à peine de ses lèvres le bout des doigts.

    632.8 On entend le bruit d’une porte qui s’ouvre et un cri étouffé : “ Le Seigneur ! ” Un homme âgé se prosterne et reste ainsi.

    « Ananie, le Seigneur est bon. Il est venu consoler ta parente, et nous consoler nous aussi » dit Anne pour réconforter le petit vieillard, trop ému.

    Mais l’homme n’ose faire le moindre mouvement. Il gémit en pleurant :

    « Nous sommes d’un sang honni. Je ne peux pas regarder le Seigneur. »

    Jésus s’avance vers lui. Il lui touche la tête en lui parlant dans les mêmes termes qu’à Marie :

    « Les parents qui ont fait leur devoir ne doivent pas se tenir pour responsables du péché de leur proche. Prends courage, homme ! Dieu est juste. Paix à toi et à cette maison. Moi, je suis venu, et toi, tu te rendras là où je t’envoie. Pour la Pâque supplémentaire les disciples seront à Béthanie. Tu iras les trouver, et tu leur raconteras que, le douzième jour après sa mort, tu as vu le Seigneur à Kérioth, vivant, avec sa véritable chair, son âme et sa Divinité. Ils te croiront, car j’ai été déjà beaucoup avec eux. Mais apprendre que je me trouvais à plusieurs endroits le même jour les confirmera dans leur foi en ma nature divine. Avant cela encore, tu iras aujourd’hui même à Kérioth pour demander au chef de la synagogue de rassembler le peuple, et tu diras en présence de tout le monde que je suis venu ici, et qu’ils doivent se rappeller mes paroles d’adieu [2]. Ils te demanderont certainement : “ Pourquoi n’est-il pas venu chez nous ? ” Tu répondras ceci : “ Le Seigneur m’a recommandé de vous dire que, si vous vous étiez conduits comme il vous avait enjoint de le faire envers une mère qui n’était pas coupable, il se serait montré. Mais vous avez manqué à l’amour, c’est pourquoi le Seigneur ne s’est pas montré. ” Le feras-tu ?

    – C’est difficile, Seigneur ! C’est difficile à faire ! Ils nous tiennent tous pour des cœurs lépreux… Le chef de la synagogue ne m’écoutera pas. Le peuple ne me laissera pas parler. Peut-être même me frapperont-ils… Je le ferai néanmoins, puisque tu le désires. »

    Le vieillard ne lève pas la tête. Il parle courbé dans un profond prosternement.

    « Regarde-moi, Ananie ! »

    L’homme montre un visage que la vénération rend tout tremblant.

    Jésus est resplendissant et beau comme sur le Thabor… La lumière le couvre, en cachant son aspect et son sourire… Et le couloir reste sans lui, sans qu’aucune porte n’ait bougé pour lui livrer passage.

    Anne et Ananie adorent longuement, ils sont devenus tout adoration par la manifestation divine.




[1] Cf. EMV 395.
[2] En EMV 394.3.
[3] En EMV 76.9/10.



SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-018.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/apparitions-ici-et-la-a-diverses-personnes.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Lun 16 Aoû - 21:15

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

632. Apparitions ici et là à diverses personnes (partie 2)

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 18
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 632

Vision du mercredi 16 et jeudi 17 avril 1947.


Mardi 16 avril 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    III. Aux enfants de Yutta et à leur mère Sarah.

    632.9 Le verger de la maison de Sarah. Les enfants jouent sous les arbres feuillus. Le plus petit se roule dans l’herbe près d’une rangée serrée de pampres, les plus grands jouent à cache-cache derrière les haies et les vignes et se poursuivent avec des cris d’hirondelles joyeuses.

    Voilà que Jésus apparaît près du petit auquel il a donné son nom [3]. Oh ! sainte simplicité des innocents ! Yésaï ne s’étonne pas de le voir là à l’improviste, mais il lui tend ses petits bras pour que Jésus le prenne dans les siens, et Jésus le prend : cela se passe avec le plus grand naturel.

    Les autres surviennent en courant encore une fois – bienheureuse simplicité des enfants ! – et sans stupeur, heureux, s’approchent de lui. On dirait qu’il n’y a rien de changé pour eux. Peut-être ne savent-ils pas. Mais une fois que chacun a obtenu sa caresse, Marie, la plus grande et la plus sensée, dit :

    « Alors tu ne souffres plus, Seigneur, maintenant que tu es ressuscité ? J’ai eu tant de peine !

    – Je ne souffre plus. Je suis venu pour vous bénir avant de monter vers mon Père et le vôtre, au Ciel. Mais de là aussi je vous bénirai toujours, si vous êtes toujours bons. Vous direz à ceux qui m’aiment que je vous ai laissé ma bénédiction, aujourd’hui. Rappelez-vous ce jour.

    632.10 – Tu ne viens pas à la maison ? Maman est là. Ils ne nous croiront pas » dit Marie.

    Mais son frère ne pose pas la question. Il s’écrie : “ Maman, Maman ! Le Seigneur est ici !… ” et, en courant à la maison, il répète ce cri.

    Sarah accourt, apparaît… juste à temps pour voir Jésus, très beau, disparaître à la limite du verger, dans la lumière qui l’absorbe…

    « Le Seigneur ! Pourquoi ne pas m’avoir appelée plus tôt ?… » demande Sarah dès qu’elle retrouve l’usage de la parole. « Mais quand et d’où est-il venu ? Etait-il seul ? Sots que vous êtes !

    – Nous l’avons trouvé ici. Une minute plus tôt il n’y était pas… Il n’est pas venu de la route, ni du jardin. Il tenait Yésaï dans les bras… Il nous a dit qu’il était venu nous bénir et nous apporter sa bénédiction pour ceux qui l’aiment à Yutta, et il nous a demandé de nous rappeler ce jour. Maintenant, il monte au Ciel, mais il nous aimera si nous sommes bons. Comme il était beau ! Il avait les mains blessées, mais elles ne lui font plus mal. Ses pieds aussi étaient blessés. Je les ai vus dans l’herbe. Cette fleur-là touchait exactement la blessure d’un de ses pieds. Je la cueille…»

    Ils parlent tous ensemble, échauffés par l’émotion. Leur surexcitation les fait même transpirer.

    Sarah les caresse en murmurant :

    « Dieu est grand ! Allons, venez. Allons le dire à tout le monde. Parlez, vous qui êtes innocents. Vous pouvez parler de Dieu. »

    IV. Au jeune Jaias, à Pella.

    632.11 Le jeune homme travaille avec ardeur autour d’une charrette. Il est en train de la charger de légumes cueillis dans un jardin voisin. L’âne frappe de son sabot le sol dur du chemin de campagne.

    En se tournant pour prendre un panier de laitues, il voit Jésus qui lui sourit. Il laisse tomber à terre le panier et s’agenouille en se frottant les yeux, ne croyant pas à ce qu’il voit, et il murmure :

    « Très-Haut, ne m’induis pas en illusion ! Ne permets pas, Seigneur, que je sois trompé par Satan par de faux aspects séduisants. Il est bien mort, mon Seigneur ! Il a été enseveli, et on dit maintenant que son cadavre a été enlevé. Pitié, Seigneur très-haut ! Montre-moi la vérité.

    – Je suis la Vérité, Jaias. Je suis la Lumière du monde. Regarde-moi. Vois-moi. C’est pour cela que je t’ai rendu la vue [4] : pour que tu puisses témoigner de ma puissance et de ma Résurrection.

    – Oh ! C’est vraiment le Seigneur ! C’est toi ! Oui, c’est toi, Jésus ! »

    Il se traîne sur les genoux pour lui baiser les pieds.

    « Tu diras que tu m’as vu, que tu m’as parlé, et que je suis bien vivant. Tu diras que tu m’as vu aujourd’hui. A toi la paix et ma bénédiction. »

    Jaias reste seul, heureux. Il oublie la charrette et les légumes. C’est en vain que l’âne, énervé, frappe le chemin et brait pour protester contre la longueur de l’attente… Jaias est en extase.

    632.12 Une femme sort de la maison près du jardin, et elle le voit là, pâle d’émotion, le visage absent. Elle s’écrie :

    « Jaias ! Qu’est-ce que tu as ? Que t’est-il arrivé ? »

    Elle accourt, le secoue, le ramène sur la terre…

    « Le Seigneur ! J’ai vu le Seigneur ressuscité. Je lui ai baisé les pieds et j’ai vu ses plaies. Ils ont menti. Il était vraiment Dieu et il est ressuscité. J’avais peur d’être trompé. Mais c’est lui ! C’est vraiment lui ! »

    Tremblante, frissonnante d’émotion, la femme murmure :

    « En es-tu vraiment sûr ?

    – Tu es bonne, femme. Par amour pour lui, tu nous as pris comme serviteurs, ma mère et moi. Ne te refuse pas à croire !…

    – Si tu en es sûr, je crois. Mais avait-il une vraie chair ? Il était chaud ? Il respirait ? Il parlait ? Avait-il vraiment une voix ou était-ce une impression ?

    – J’en suis sûr. C’était la chair tiède d’un vivant, c’était une voix véritable, c’était une respiration. Il avait la beauté d’un Dieu, mais il était homme comme toi et moi. Allons, allons raconter cela à ceux qui souffrent ou qui doutent. »

    V. A Jean de Nobé.

    632.13 Le vieillard est seul chez lui, mais il est serein. Il répare une sorte de siège qui s’est décloué d’un côté, et sourit à je ne sais quel rêve.

    Un coup à la porte. Le vieillard, sans quitter son travail, dit :

    « Entrez ! Que voulez-vous, vous qui venez ? Etes-vous encore de ceux-là ? Je suis trop vieux pour changer ! Même si tout le monde me criait : “ Il est mort ”, moi je continuerais à soutenir qu’il est vivant. Même si cela devait me coûter la vie. Entrez donc ! »

    Il se redresse pour aller voir à la porte qui frappe sans entrer. Mais quand il en est tout proche, elle s’ouvre et Jésus entre.

    « Oh ! Oh ! Oh ! Mon Seigneur ! Vivant ! J’ai cru ! Et il vient récompenser ma foi ! Béni ! Moi, je n’ai jamais douté. Dans ma douleur, je me suis dit : “ S’il m’a envoyé l’agneau pour le banquet de joie [5], c’est signe qu’en ce jour il ressuscitera. ” Alors j’ai tout compris.

    Quand tu es mort et que la terre a tremblé, j’ai compris ce que je n’avais pas encore compris. Et j’ai passé pour un fou, à Nobé, parce que, une fois couché le soleil du lendemain du sabbat, j’ai préparé le banquet et je suis allé inviter des mendiants en annonçant : “ Notre Ami est ressuscité ! ” On prétendait déjà que ce n’était pas vrai. On disait qu’ils t’avaient enlevé la nuit. Mais moi, je ne les ai pas crus, car, dès le moment de ta mort, j’ai compris que tu mourais pour ressusciter, et que c’était cela, le signe de Jonas. »

    632.14 Jésus le laisse parler en souriant. Puis il demande :

    « Et maintenant veux-tu encore mourir [6], ou rester pour témoigner de ma gloire ?

    – Ce que tu veux, Seigneur !

    – Non. Ce que toi, tu veux. »

    Le vieillard réfléchit, puis il décide :

    « Ce serait beau de sortir du monde où tu n’es plus comme avant. Mais je renonce à la paix du Ciel pour annoncer aux incrédules : “ Moi, je l’ai vu ! ” »

    Jésus lui pose la main sur la tête pour le bénir, et ajoute :

    « Mais bientôt tu connaîtras aussi la paix, et tu viendras à moi avec le titre de confesseur du Christ. »

    Et il s’en va. Ici, peut-être par pitié pour le vieillard âgé, il n’a pas donné à son apparition et à sa disparition une forme merveilleuse, mais il a agi en tout comme s’il était le Jésus d’autrefois, qui entrait et sortait, humainement, d’une maison.

    VI. Chez Matthias, le solitaire de Jabès Galaad.

    632.15 Le vieil homme travaille autour de ses légumes et il monologue :

    « Toutes ces richesses que j’ai pour lui, il n’y goûtera jamais plus. J’ai travaillé en vain. Je crois qu’il était le Fils de Dieu, mort et ressuscité. Mais ce n’est plus le Maître qui s’assied à la table du pauvre ou du riche et partage avec un égal amour la nourriture du pauvre et du riche — et même avec plus d’amour, c’est certain. Maintenant, il est le Seigneur ressuscité. Il est ressuscité pour nous confirmer dans la foi, nous, ses fidèles. Certains prétendent que ce n’est pas vrai, que personne n’est jamais ressuscité par lui-même. Personne. Non, aucun homme. Mais lui, si, parce qu’il est Dieu. »

    Il bat des mains pour chasser ses colombes qui descendent ramasser des graines dans la terre fraîchement bêchée et ensemencée, et reprend :

    « Inutile désormais que vous ayez des petits ! Il n’y goûtera plus ! Et vous, abeilles inutiles, pour qui produisez-vous votre miel ?

    J’avais espéré l’avoir au moins une fois avec moi, maintenant que je suis moins misérable. Tout a prospéré ici, depuis sa venue… Ah ! Mais avec ces deniers auxquels je n’ai jamais touché, je veux aller à Nazareth, chez sa Mère, pour lui dire : “ Prends-moi comme serviteur, mais laisse-moi vivre auprès de toi, car tu es encore lui. »

    Il essuie une larme du revers de la main…

    632.16 « Matthias, as-tu du pain pour un pèlerin ? »

    Matthias lève la tête, mais agenouillé comme il l’est, il ne voit pas qui lui parle de derrière la haute haie qui entoure sa petite propriété perdue dans cette solitude verte qu’est cet endroit de l’autre côté du Jourdain. Mais il répond :

    « Qui que tu sois, viens, au nom du Seigneur Jésus. »

    Et il se redresse pour ouvrir la grille.

    Il se trouve en face de Jésus, et reste la main sur le verrou, sans pouvoir faire un geste.

    « Tu ne veux pas de moi comme hôte, Matthias ? Tu l’as fait une fois [7]. Tu te plaignais de ne plus pouvoir le faire. Je suis ici et tu ne m’ouvres pas ? dit Jésus en souriant.

    – Oh ! Seigneur… moi.., je… je ne suis pas digne que mon Seigneur entre ici… Moi… »

    Jésus passe la main par-dessus la grille et pousse le verrou en disant :

    « Le Seigneur entre là où il veut, Matthias. »

    Il pénètre dans l’humble jardin, se dirige vers la maison, et dit, sur le seuil :

    « Sacrifie donc les petits de tes colombes. Sors de la terre tes légumes, et apporte du miel de tes abeilles. Nous partagerons le pain ensemble et ton travail n’aura pas été inutile, ni ton désir vain. Et cet endroit te sera cher sans que tu ailles là où il y aura bientôt silence et abandon. Je suis partout, Matthias. Celui qui m’aime est avec moi, toujours. Mes disciples seront à Jérusalem. C’est là que naîtra mon Eglise. Fais en sorte d’y être pour la Pâque supplémentaire.

    – Pardonne-moi, Seigneur. Mais je n’ai pas su rester là-bas, et je me suis enfui. J’y étais arrivé la veille de la parascève à none, et le jour suivant… j’ai fui pour ne pas te voir mourir. Pour cette seule raison, Seigneur !

    – Je le sais. Et je sais que tu es revenu, l’un des premiers, pleurer sur mon tombeau. Mais je n’y étais déjà plus. Je sais tout. Voilà, je m’assieds ici et je me repose. Je me suis toujours reposé ici… Les anges le savent. »

    632.17 L’homme se met à l’œuvre, mais semble se mouvoir dans une église tant ses gestes sont respectueux. De temps en temps, il essuie une larme qui veut se mêler à son sourire, pendant qu’il va et vient pour prendre les petites colombes, les tuer, les préparer, attiser le feu, cueillir et laver les légumes, disposer sur un plat les figues précoces, et dresser la pauvre table avec sa meilleure vaisselle.

    Mais quand tout est prêt, comment pourrait-il s’asseoir et manger ? Il veut servir et cela lui paraît déjà beaucoup. Il ne désire rien de plus. Mais Jésus, qui a offert et béni la nourriture, lui offre une moitié du pigeon qu’il a découpé en mettant la viande sur un morceau de fouace qu’il a trempée dans la sauce.

    « Oh ! Tu me traites comme un préféré ! » s’exclame l’homme.

    Il mange en pleurant de joie et d’émotion, sans quitter des yeux Jésus qui mange… qui boit, qui goûte les légumes, les fruits, le miel, qui lui offre sa coupe après avoir absorbé une gorgée de vin — avant, il avait toujours bu de l’eau.

    Le repas est fini.

    « Je suis bien vivant. Tu le vois, et tu es bienheureux. Rappelle-toi qu’il y a douze jours de cela, je suis mort par la volonté des hommes, mais que celle-ci est nulle quand elle n’est pas en accord avec la volonté de Dieu. Et même : la volonté contraire des hommes devient l’instrument servile de la Volonté éternelle. Adieu, Matthias. Puisque j’ai dit que ceux qui m’auront donné à boire quand j’étais le Pèlerin sur lequel il était encore permis d’avoir des doutes seraient avec moi, je te l’affirme : tu auras part à mon Royaume céleste.

    – Mais maintenant, je te perds, Seigneur !

    – Reconnais-moi en tout pèlerin ; je suis en tout mendiant, en tout malade, en tous ceux qui ont besoin de pain, d’eau et de vêtements. Je suis en tout homme qui souffre, et ce qui est fait à celui qui souffre, c’est à moi que cela est fait. »

    Il ouvre les bras pour bénir et disparaît.

    VII. Chez Abraham d’Engaddi, qui meurt dans ses bras.

    632.18 La place d’Engaddi est un temple hypostyle de palmiers bruissants. La fontaine est le miroir du ciel d’avril. Les colombes forment le bas murmure d’un orgue.

    Le vieil Abraham la traverse avec ses outils de travail sur les épaules. Il paraît encore plus âgé, mais serein comme un homme qui a trouvé le calme après une grande tempête. Il parcourt le reste de la ville, et se dirige vers les vignes près des sources. Ce sont de belles vignes fécondes, déjà pleines des promesses d’une récolte abondante. Il y entre, se met à sarcler, à tailler, à lier. De temps à autre, il se relève, s’appuie sur sa pioche, réfléchit. Il lisse sa barbe patriarcale, soupire, hoche la tête, tout à un discours intérieur.

    Un homme bien enveloppé dans son manteau monte la route vers les sources et les vignes. Je dis : un homme, mais c’est Jésus, car ce sont sa démarche et son vêtement. Mais pour le vieillard, c’est un homme. Et l’homme interpelle Abraham :

    « Puis-je m’arrêter ici ?

    – L’hospitalité est sacrée. Je ne l’ai jamais refusée à personne. Viens. Entre. Que le repos à l’ombre de mes vignes te soit doux. Veux-tu du lait ? Du pain ? Je te donnerai ce que je possède ici.

    – Et moi, que puis-je te donner ? Je n’ai rien.

    – Celui qui est le Messie m’a tout donné, pour tous les hommes. Et quoi que je t’offre, ce ne sera rien par rapport à ce que lui m’a donné.

    – Sais-tu qu’ils l’ont crucifié ?

    – Je sais qu’il est ressuscité. Es-tu de ceux qui l’ont crucifié ? Je ne peux pas te haïr parce que lui ne veut pas de haine. Mais si je le pouvais, je te haïrais si tu l’étais.

    – Je ne suis pas de ceux qui l’ont crucifié. Sois en paix. Tu sais donc tout de lui.

    – Tout. Et Elisée… C’est mon fils, tu sais ? Elisée n’est plus revenu de Jérusalem. Il m’avait dit : “ Permets-moi de partir, père, car je quitte tous mes biens pour prêcher le Seigneur. J’irai à Capharnaüm à la recherche de Jean, et je m’unirai aux disciples fidèles. ”

    – Ton fils t’a donc abandonné ? Alors que tu es si vieux et seul ?

    – Ce que tu appelles abandon était mon rêve et fait ma joie. La lèpre ne m’avait-elle pas privé de lui ? Et qui me l’a rendu ? Le Messie. Alors est-ce que je le perds parce qu’il part annoncer le Seigneur ? Mais non ! Je le retrouverai dans la vie éternelle. 632.19 Mais tu parles d’une façon qui me donne des soupçons. Serais-tu un émissaire du Temple ? Viens-tu persécuter ceux qui croient au Ressuscité ? Frappe ! Je ne fuis pas. Je n’imite pas les trois sages d’autrefois [8]. Je reste. Car si je tombe pour lui, je le rejoins au Ciel et ma prière de l’an dernier est exaucée [9].

    – C’est vrai. Tu disais alors : “ J’ai attendu le Seigneur avec impatience, et il s’est tourné vers moi. ”

    – Comment sais-tu cela ? Es-tu l'un de ses disciples ? Etais-tu avec lui quand je l’en ai prié ? Ah ! Si c’est le cas, aide-moi à lui faire entendre mon cri, pour qu’il s’en souvienne. »

    Il se prosterne, croyant parler à un apôtre.

    « C’est moi, Abraham d’Engaddi, et je te dis : “ Viens. ” »

    Jésus lui ouvre les bras en se manifestant ainsi et l’invite à s’y précipiter et à s’abandonner sur son cœur.

    A ce moment, entre dans la vigne un enfant, suivi d’un jeune homme, en criant :

    « Père ! Père ! Nous voici pour t’aider. »

    Mais son cri d’enfant est couvert par le cri puissant du vieillard, un vrai cri de délivrance :

    « Voilà ! Je viens ! »

    Et Abraham se jette dans les bras de Jésus, en criant encore :

    « Jésus, Messie saint ! Entre tes mains je remets mon esprit ! »

    Mort bienheureuse ! Mort que j’envie ! Sur le cœur du Christ, dans la paix sereine de la campagne fleurie d’avril…

    632.20 Jésus dépose avec calme le vieillard sur l’herbe fleurie qui ondule à la brise, au pied d’une rangée de vignes, et il dit aux enfants, étonnés et effrayés, tout près de pleurer :

    « Ne pleurez pas. Il est mort dans le Seigneur. Bienheureux ceux qui meurent en lui ! Allez, mes enfants, prévenir les habitants d’Engaddi que le chef de la synagogue a vu le Ressuscité et que sa prière a été exaucée. Ne pleurez pas ! Ne pleurez pas ! »

    Il les caresse en les conduisant à la sortie. Puis il revient près du défunt, lui remet en ordre la barbe et les cheveux, lui baisse les paupières restées mi-closes, met en place ses membres et étend sur lui le manteau qu’Abraham avait enlevé pour travailler.

    Il reste jusqu’au moment où il entend des voix sur la route. Alors il se redresse. Splendide… Ceux qui accourent le voient. Ils crient. Ils hâtent le pas pour rejoindre Jésus. Mais lui se dérobe à leurs regards dans l’éclat d’un rayon plus vif du soleil.




[3] En EMV 76.9/10.
[4] En EMV 358.10.
[5] En EMV 576.2.
[6] Comme en EMV 529.8.
[7] En EMV 359.
[8] Rappelés par lui-même en EMV 390.6.
[9] En EMV 390.4.



SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-018.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/apparitions-ici-et-la-a-diverses-personnes.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mer 18 Aoû - 22:18

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

632. Apparitions ici et là à diverses personnes (partie 3)

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 18
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 632

Vision du mercredi 16 et jeudi 17 avril 1947.


Mardi 16 avril 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    VIII. Elie, l’essénien du Kérith.

    632.21 L’âpre solitude de l’âpre montagne au fond de laquelle coule le Kérith. Elie est en prière, encore plus décharné et plus barbu. Il porte un vêtement de laine rêche, ni gris ni marron, qui le rend semblable aux rochers qui l’entourent.

    Il perçoit un son, comme si c’était le vent ou le tonnerre. Il lève la tête : Jésus est apparu sur un rocher en équilibre au-dessus d’un précipice au fond duquel court le torrent.

    « Le Maître ! »

    Il se jette à terre, le visage contre le sol.

    « C’est moi, Elie. Tu n’as pas senti le tremblement de terre de la Parascève [10] ?

    – Si, je l’ai senti et je suis descendu à Jéricho et chez Nikê. Je n’ai trouvé personne de ceux qui t’aiment. J’ai demandé de tes nouvelles. Ils m’ont frappé. Puis j’ai senti une seconde fois la terre trembler, mais plus légèrement, et je suis revenu ici faire pénitence, en pensant que les digues de la colère céleste se sont ouvertes.

    – C’étaient celles de la miséricorde divine. Je suis mort et ressuscité. Regarde mes plaies. Rejoins sur le Thabor les serviteurs du Seigneur et dis-leur que c’est moi qui t’ai envoyé. »

    Il le bénit et disparaît.

    IX. A Dorca et à son enfant, au château de Césarée de Philippe.

    632.22 L’enfant de Dorca, soutenu par sa mère, fait ses premiers pas sur le bastion de la forteresse. Et Dorca, penchée comme elle l’est, ne voit pas apparaître le Seigneur. Mais quand elle lui laisse quelque liberté, elle le voit qui se met à marcher avec assurance et rapidité vers le coin du bastion. Elle se redresse donc pour courir afin de l’empêcher de tomber, et peut-être de mourir s’il passe à travers les mâchicoulis ou passages destinés aux armes offensives. Ce faisant, elle voit Jésus prendre l’enfant sur son cœur et l’embrasser. La femme n’ose faire un geste, mais elle pousse un cri. Un cri qui fait lever la tête aux personnes qui se tiennent dans les cours et attire les visages aux fenêtres :

    « Le Seigneur ! Le Seigneur ! Le Messie est ici ! Il est vraiment ressuscité ! »

    Mais avant que les gens ne puissent accourir, Jésus a déjà disparu.

    « Tu es folle ! Tu as rêvé ! Un jeu de lumière t’aura fait voir un fantôme.

    – Oh ! Il était bien vivant ! Voyez comme mon fils regarde dans cette direction, et comme il a dans ses mains une pomme belle comme son petit visage. Il la ronge avec ses quenottes en riant. Moi, je n’ai pas de pommes…

    – Personne n’a des pommes mûres ces jours-ci, et si fraîches… constatent-ils avec émotion.

    632.23 – Interrogeons Tobie, suggèrent quelques femmes.

    – Et que voulez-vous qu’il réponde ? Il sait à peine dire maman ! »

    Les hommes se moquent d’elles. Mais elles se penchent sur le petit garçon et demandent :

    « Qui t’a donné cette pomme ? »

    Et l’enfant, qui sait à peine prononcer les mots les plus élémentaires, dit avec assurance, en riant de toutes ses petites dents et de ses gencives encore vides :

    « Jésus.

    – Oh !

    – Hé ! vous l’appelez Yésaï ! Il sait dire son nom.

    – Jésus-toi, ou Jésus le Seigneur ? Quel Seigneur ? Où l’as-tu vu ? »

    Les femmes le harcèlent de questions.

    « Là, le Seigneur. Jésus le Seigneur.

    – Où est-il ? Où est-il allé ?

    – Là. »

    Il indique le ciel plein de soleil en riant de bonheur, et il mord sa pomme.

    Pendant que les hommes s’éloignent en hochant la tête, Dorca dit aux femmes :

    « Il était beau. Il semblait vêtu de lumière. Et il avait sur les mains la marque des clous, rouge comme un bijou dans tant de blancheur. Je l’ai bien vu, car il tenait l’enfant ainsi. »

    Elle mime le geste de Jésus.

    632.24 L’intendant accourt, se fait répéter le récit, réfléchit et conclut :

    « Le psaume le dit bien : “ Ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits. ” [11] Alors pourquoi pas la vérité ? Eux sont innocents. Quant à nous… souvenons-nous de ce jour… Mais non ! Je vais dans le village des disciples. Je vais voir si le Rabbi s’y trouve… Il était pourtant mort… Mais… »

    Et sur ce “ mais… ” qu’il finit de conclure intérieurement, l’intendant s’en va, tandis que les femmes, exaltées, continuent de poser d’interroger le petit garçon, qui rit et répète :

    « Jésus, là. Et puis là. Jésus Seigneur. »

    Et il indique le lieu où était Jésus, puis le soleil où il l’a vu disparaître, heureux, heureux.

    X. Aux personnes rassemblées dans la synagogue de Cédès.

    632.25 Les habitants de Cédès sont rassemblés dans la synagogue et discutent des derniers événements avec le vieux Matthias, le chef de la synagogue. La synagogue est plutôt obscure, car les portes sont fermées et les rideaux baissés sur les fenêtres, de lourds rideaux que le vent d’avril a du mal à faire bouger.

    Un éclair illumine la pièce. Cela semble être un éclair, mais c’est la lumière qui précède Jésus. Sa manifestation frappe de stupeur une grande partie de l’assistance. Il ouvre les bras. Ses blessures aux mains et aux pieds sont bien visibles, car il apparaît sur la plus haute des trois marches qui conduisent à une porte fermée. Il dit :

    « Je suis ressuscité. Je vous rappelle la discussion que j’ai eue avec les scribes. [12] A cette génération mauvaise, j’ai donné le signe que j’avais promis : celui de Jonas. A qui m’aime et est fidèle je donne ma bénédiction. »

    Rien de plus. Il a disparu.

    « Mais c’était lui ! D’où vient-il ? Il était bien vivant ! Il l’avait dit ! Voilà ! Maintenant, je comprends. Le signe de Jonas, ce sont les trois jours qu’il a passés dans les entrailles de la terre, puis la résurrection… »

    Les commentaires forment un vrai brouhaha…

    XI. A un groupe de rabbins, à Giscala.

    632.26 Je vois un groupe venimeux de rabbins tenter de convaincre quelques hommes hésitants. Ils voudraient obtenir que ces derniers se rendent chez Gamaliel, qui s’est enfermé chez lui et refuse de voir qui que ce soit.

    Ces hommes leur répliquent :

    « Nous vous le certifions, il n’est pas ici. Nous ne savons pas où il est. Il est venu, il a consulté des rouleaux, et il est reparti sans dire un mot. Il faisait peur tant il paraissait bouleversé et vieilli. »

    De mauvaise grâce, les rabbins leur tournent le dos et s’éloignent en maugréant :

    « Gamaliel est aussi fou que Simon ! Ce n’est pas vrai que le Galiléen est ressuscité ! Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai qu’il est Dieu. Ce n’est pas vrai. Rien n’est vrai. Nous seuls sommes dans le vrai. »

    L’angoisse même avec laquelle ils répètent que ce n’est pas vrai montre leur peur que ce ne le soit, leur besoin de se rassurer.

    Après avoir longé les murs de la maison, ils parviennent à côté de la tombe de Hillel. Aboyant toujours leurs négations, ils lèvent la tête… et s’enfuient en poussant les hauts cris. Jésus, qui est très bon avec les bons, est ici terrible de puissance. Il a les bras ouverts comme sur la croix. Les plaies des mains rougissent comme si elles suintaient du sang. Il ne dit pas un mot, mais il les foudroie du regard.

    Les rabbins fuient, tombent, se relèvent, se blessent contre des arbres ou des pierres… Ils sont fous de peur. Ils ressemblent à des meurtriers qui se retrouvent en présence de leur victime.

    XII. A Joachim et Marie, à Bozra.

    632.27 « Marie ! Marie ! Joachim et Marie ! Venez, sortez ! »

    Ceux-ci se trouvent dans une pièce paisible, éclairée par une lampe, l’une occupée à coudre, l’autre à faire des comptes. Ils lèvent la tête, se regardent… Joachim, blanc de peur, murmure :

    « C’est la voix du Rabbi ! Il vient de l’autre vie… »

    Craintive, la femme apeurée se serre contre l’homme.

    Mais l’appel se répète et tous deux, en se tenant étroitement pour se donner du courage, osent sortir, aller dans la direction de la voix.

    Dans le jardin, qu’éclaire la faucille de la nouvelle lune, Jésus resplendit. La lumière qui l’entoure, plus forte que plusieurs lunes, fait de lui un Dieu. Son sourire très doux et son regard plein d’amour en font un homme :

    « Allez dire aux habitants de Bozra que vous m’avez vu vivant et réel. Racontez-le au Thabor, toi, Joachim, à ceux qui vont s’y rassembler. »

    Après les avoir bénis, il disparaît.

    « Mais c’était lui ! Ce n’était pas un rêve ! Demain, je pars en Galilée. Il a bien parlé du Thabor, n’est-ce pas ? »

    XIII. A Ephraïm, chez Marie, femme de Jacob.

    632.28 La femme est en train de pétrir de la farine pour faire du pain. Elle se retourne en s’entendant appeler, et voit Jésus. Elle se prosterne aussitôt, le visage contre le sol, les mains par terre, muette d’adoration, un peu effrayée.

    Jésus prend la parole :

    « Tu diras à tous que tu m’as vu et que je t’ai parlé. Le Seigneur n’est pas soumis au tombeau. Je suis ressuscité le troisième jour, comme je l’avais promis. Persévérez, vous qui êtes dans ma voie, et ne vous laissez pas séduire par les paroles de ceux qui m’ont crucifié. Que ma paix soit avec toi. »

    XIV. Chez Syntica à Antioche.

    632.29 Syntica est occupée à plier des vêtements pour préparer un sac de voyage. C’est le soir, car une petite lampe, posée sur une table, diffuse une très relative lueur tremblante. La pièce s’illumine vivement. Etonnée, Syntica lève la tête pour voir ce qui arrive, d’où vient cette lumière si claire dans cette pièce toute close. Mais avant qu’elle ne voie, Jésus la devance :

    « C’est moi. N’aie pas peur. Je me suis montré à plusieurs personnes pour les confirmer dans la foi. Je me montre à toi aussi, qui es obéissante et fidèle. Je suis ressuscité. Tu vois ? Je ne souffre plus. Pourquoi pleures-tu ? »

    Devant la beauté du Glorifié, la femme ne trouve pas ses mots… Jésus lui sourit pour l’encourager et ajoute :

    « Je suis ce même Jésus qui t’a accueillie sur la route, près de Césarée [13]. Tu savais parler à cette époque, alors que tu étais toute craintive et que j’étais pour toi l’Inconnu. Et maintenant, tu ne sais pas me dire un mot ?

    – Seigneur ! Je m’apprêtais à partir… pour m’ôter du cœur tant d’inquiétude et de douleur…

    – Pourquoi de la douleur ? Ne t’a-t-on pas annoncé que j’étais ressuscité ?

    – On l’a annoncé et démenti. Mais je ne me suis pas laissée troubler par ces contradictions. Je savais que tu ne pouvais pas te décomposer dans un tombeau. J’ai pleuré sur ton martyre. J’ai cru, avant même qu’on ne m’en parle, à ta résurrection. Et j’ai continué de croire quand d’autres sont venus prétendre le contraire. Mais je voulais aller en Galilée. Je pensais : à lui, on ne peut plus faire de mal. Il est davantage Dieu qu’homme. Je ne sais si je m’exprime bien…

    – Je comprends ta pensée.

    – Et je me disais : je l’adorerai et je verrai Marie. Je supposais que tu ne resterais pas beaucoup parmi nous, de sorte que je hâtais mon départ. Je pensais : quand il sera retourné au Père, comme il disait, sa Mère sera un peu triste malgré sa joie, car c’est une âme, mais aussi une mère… Et j’essaierai de la consoler, maintenant qu’elle est seule… J’étais orgueilleuse !

    – Non. C’était de la pitié. Je ferai part de ton désir à ma Mère. Mais n’y va pas. Reste là où tu es et continue à œuvrer pour moi, plus encore maintenant qu’avant. Tes frères, les disciples, ont besoin du travail de tous pour pouvoir propager ma doctrine. Tu m’as vu. Marie est confiée à Jean. N’aie plus aucune peine. La certitude de m’avoir vu et la puissance de ma bénédiction te permettront de fortifier ton âme. »

    632.30 Syntica a un grand désir de l’embrasser, mais elle n’ose pas. Jésus lui dit :

    « Viens. »

    Elle s’enhardit alors et se traîne à genoux près de Jésus. Mais au moment de lui baiser les pieds, elle voit les deux plaies et retient son geste. En larmes, elle prend un coin du vêtement et le baise en murmurant :

    « Que t’ont-ils fait ! » Puis une question : « Et Jean-Félix ? »

    – Il est heureux. Il ne se souvient plus que de l’amour, et il vit en lui. Paix à toi, Syntica. »

    Il disparaît.

    La femme reste dans l’adoration, à genoux, le visage levé, les mains un peu tendues, des larmes sur le visage, un sourire sur les lèvres…





[10] Le tremblement de terre que Jésus lui avait prédit en EMV 381.10.
[11] Cf. Psaume 8,3 (Hébreu 9).
[12] En EMV 342.6/7.
[13] En EMV 254.4/7.





SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-018.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/apparitions-ici-et-la-a-diverses-personnes.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Jeu 19 Aoû - 22:01

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

632. Apparitions ici et là à diverses personnes (partie 4)

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 18
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 632

Vision du mercredi 16 et jeudi 17 avril 1947.


Mardi 16 avril 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    XV. Chez Zacharie le lévite.

    632.31 Il est assis dans une petite pièce, l’air pensif, la tête penchée sur une main. C’est Zacharie, le lévite[83].

    « Ne sois pas dubitatif. N’écoute pas les voix qui te troublent. Je suis la Vérité et la Vie. Regarde-moi. Touche-moi. »

    Le jeune homme a levé la tête aux premières paroles, il a vu Jésus et a glissé à genoux. Il s’écrie :

    « Pardonne-moi, Seigneur. J’ai péché. J’ai laissé le doute sur ta vérité s’installer en moi.

    – Les coupables sont, plus que toi, ceux qui cherchent à séduire ton esprit. Ne cède pas à leurs tentations. Je suis un corps vivant et réel. Sens le poids et la chaleur, la consistance et la force de ma main. »

    Il lui prend l’avant-bras et le lève avec force :

    « Lève-toi et marche dans les voies du Seigneur, loin du doute et de la peur. Heureux seras-tu si tu sais persévérer jusqu’à la fin. »

    Il le bénit et disparaît.

    Le jeune homme, après un instant d’étourdissement émerveillé, se précipite hors de la pièce en criant :

    « Mère ! Père ! J’ai vu le Maître. Ce que prétendent les autres n’est pas vrai ! Je n’étais pas fou. Ne continuez pas à croire au mensonge, mais bénissez avec moi le Très-Haut qui a eu pitié de son serviteur. Je pars. Je vais en Galilée. Je vais trouver quelques-uns des disciples. Je vais leur dire de croire qu’il est vraiment ressuscité. »

    Il ne prend ni sac, ni nourriture ni vêtements. Il saisit son manteau et part en courant sans même laisser à ses parents le temps de revenir de leur stupeur et de pouvoir intervenir pour le retenir.

    XVI. A une femme de la plaine de Saron, qui obtient la guérison de son fils malade.

    632.32 Je vois une route du littoral. Il est possible que ce soit celle qui relie Césarée à Joppé, ou une autre, je l’ignore. Je sais que je vois de la campagne à l’intérieur et la mer à l’extérieur, bleu vif, après la ligne jaunâtre de la rive. La route est certainement une artère romaine, comme en témoigne son pavement.

    Une femme en pleurs marche sur cette voie aux premières heures d’un matin serein. L’aurore est encore toute proche. La femme doit être très lasse, car elle s’arrête de temps à autre pour s’asseoir sur une borne milliaire ou sur la route. Puis elle se relève et poursuit son chemin, comme si quelque chose la poussait à se hâter, en dépit de sa fatigue.

    Jésus, un voyageur couvert d’un manteau, vient à côté d’elle. La femme ne le regarde pas. Elle avance, absorbée dans sa douleur. Jésus lui demande :

    « Pourquoi pleures-tu, femme ? D’où viens-tu ? Et où vas-tu ainsi toute seule ?

    – Je viens de Jérusalem et je retourne chez moi.

    – C’est loin ?

    – A mi-chemin entre Joppé et Césarée.

    – A pied ?

    – Dans la vallée qui précède Modin, des voleurs ont pris mon âne et ce qu’il portait.

    – Tu as été imprudente de voyager seule. Ce n’est pas l’habitude de faire route seul pour la Pâque.

    – Je n’étais pas venue pour la Pâque. J’étais restée à la maison, car j’ai un enfant malade ; j’espère l’avoir encore… Mon mari était parti avec les autres. Je l’ai laissé prendre de l’avance et, quatre jours après, je me suis mise en chemin. Car j’ai pensé : “ Certainement, Jésus est à Jérusalem pour la Pâque. Je vais l’y chercher. ” J’avais un peu peur, mais je me suis dit : “ Je ne fais rien de mal. Dieu me voit. Je crois et je sais qu’il est bon. Il ne me repoussera pas, parce que… »

    Elle s’arrête, comme apeurée, et jette un coup d’œil rapide sur l’homme qui marche près d’elle, si bien couvert qu’on voit à peine ses yeux, les yeux uniques de Jésus. Celui-ci prend la parole :

    632.33 « Pourquoi te tais-tu ? Tu as peur de moi. Crois-tu que je sois un ennemi de celui que tu cherchais ? Car tu cherchais le Maître de Nazareth pour lui demander de venir chez toi guérir l’enfant, en l’absence de ton mari…

    – Je vois que tu es un prophète. C’est bien cela. Mais quand je suis arrivée en ville, le Maître était mort. »

    Les sanglots l’étouffent…

    « Il est ressuscité. Ne le crois-tu pas ?

    – Je le sais. Je le crois. Mais moi… je… Pendant quelques jours, j’ai espéré le voir, moi aussi… On dit qu’il s’est montré à certains. J’ai retardé mon départ… Chaque jour m’était une douleur car… mon enfant est si malade… Mon cœur était partagé… Partir pour le consoler au moment de la mort… Rester pour chercher le Maître… Je n’avais pas la prétention de lui demander de venir chez moi, mais de me promettre la guérison.

    – Et tu aurais cru ? Tu penses que, de loin… ?

    – Je crois. Ah ! s’il m’avait dit : “ Va en paix. Ton fils guérira ”, je n’aurais pas douté. Mais je ne le mérite pas, car… »

    Elle sanglote, et presse son voile sur sa bouche comme pour s’empêcher de parler.

    « Parce que ton mari est l’un des accusateurs et des bourreaux de Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ est le Messie. Il est Dieu. Or Dieu est juste, femme. Il ne punit pas un innocent à cause d’un coupable. Il ne torture pas une mère parce que le père est pécheur. Jésus-Christ est la Miséricorde vivante…

    – Oh ! Tu es peut-être l’un de ses apôtres ? Tu sais où il est ? Toi… Peut-être t’a-t-il envoyé me dire cela. Il a senti, il a vu ma douleur, ma foi, et il t’envoie à moi comme le Très-Haut a envoyé l’archange Raphaël à Tobie. Dis-le-moi s’il en est ainsi et, bien que je sois épuisée jusqu’à en être fiévreuse, je retournerai sur mes pas chercher le Seigneur.

    – Je ne suis pas un apôtre. Mais les apôtres sont restés plusieurs jours encore à Jérusalem après sa Résurrection…

    – C’est vrai. Je pouvais le leur demander.

    – Certainement. Ils sont le prolongement du Maître.

    – Je ne pensais pas qu’ils pourraient faire des miracles.

    – Ils en ont fait encore…

    – Mais maintenant… On m’a dit qu’un seul est resté fidèle, et je ne croyais pas…

    – Si. C’est ton mari qui t’a tenu ces propos, pour se moquer de toi dans son délire de faux triomphateur. Mais moi, je te dis que tout homme peut pécher, car Dieu seul est parfait. Et il peut se repentir. Or s’il se repent, sa force grandit et Dieu augmente ses grâces en raison de sa contrition. Le Très-Haut n’a-t-il pas pardonné à David ?

    632.34 – Mais qui es-tu ? Qui es-tu pour me parler avec tant de douceur et de sagesse, si tu n’es pas un apôtre ? Un ange, peut-être ? L’ange gardien de mon enfant ? Il a peut-être expiré et tu es venu me préparer… »

    Jésus laisse tomber le manteau qui lui couvrait la tête et le visage et, passant de l’humble aspect d’un pèlerin ordinaire à sa majesté de Dieu-Homme, revenu de la mort, il dit avec une douce solennité :

    « C’est moi. Je suis le Messie qu’on a crucifié en vain. Je suis la Résurrection et la Vie. Va, femme. Ton fils vit, car j’ai récompensé ta foi. Ton fils est guéri. Car si le Rabbi de Nazareth a achevé sa mission, l’Emmanuel continue la sienne jusqu’à la fin des siècles pour tous ceux qui ont foi, espérance et charité dans le Dieu un et trine, dont le Verbe incarné est une Personne qui, en raison du divin amour, a quitté le Ciel pour venir enseigner, souffrir et mourir pour donner la Vie aux hommes. Va en paix, femme. Et sois forte dans la foi, car le temps est venu où, dans une même famille, l’époux s’opposera à son épouse, le père à ses enfants et ces derniers à celui-là, par haine ou par amour pour moi. Mais bienheureux ceux que la persécution n’arrachera pas à ma Voie. »

    Il la bénit et disparaît.

    XVII. A des bergers sur le grand Hermon.

    632.35 Un groupe de bergers séjournent avec leurs troupeaux sur les pentes de magnifiques pâturages. Ils discutent des événements de Jérusalem. Ils se disent avec peine : “ Nous n’aurons plus sur la terre l’ami des bergers ” et ils rappellent leurs nombreuses rencontres avec lui, ici ou là…

    « Rencontres, soupire un vieux berger, que nous ne ferons jamais plus. »

    Jésus apparaît comme s’il arrivait de derrière un bosquet enchevêtré où les grands troncs sont entourés de buissons bas qui cachent la vue du sentier. Ils ne le reconnaissent pas en cet homme solitaire et murmurent, en le voyant ainsi enveloppé dans un vêtement blanc :

    « Qui cela peut-il être ? Un essénien ? Ici ? Un riche pharisien ? »

    Ils sont perplexes.

    Jésus leur demande :

    « Pourquoi dites-vous que vous ne rencontrerez plus le Seigneur ? Car celui dont vous parlez, c’est le Seigneur.

    – Nous le savons. Mais ignores-tu ce qu’on lui a fait ? Certains racontent qu’il est ressuscité, d’autres non. Mais même s’il est ressuscité, comme nous préférons le croire, maintenant il est parti. Comment peut-il désormais aimer et rester au milieu d’un peuple qui l’a crucifié ? Et nous qui l’aimions, même si nous ne l’avions pas tous connu, nous sommes tristes de l’avoir perdu.

    – Il y a une manière de l’avoir encore auprès de vous. Il enseignait ce moyen.

    – Oui, en agissant selon son enseignement. Alors on obtient le Royaume des Cieux et l’on est avec lui. Mais auparavant, il faut vivre et mourir. Or il n’est plus parmi nous pour nous réconforter. »

    Ils hochent la tête.

    « Mes petits-enfants, ceux qui mettent son enseignement en pratique et gardent sa doctrine dans leur cœur, c’est comme s’ils avaient Jésus dans le cœur. En effet Parole et Doctrine sont une seule et même science. Il n’était pas un Maître à enseigner des choses qui ne lui ressemblent pas. Par conséquent, Jésus vit en chaque homme fidèle à sa parole. Celui-ci n’en est donc pas séparé.

    – Tu parles bien, mais nous sommes de pauvres hommes et… nous voudrions aussi le voir de nos yeux pour bien ressentir la joie… Moi, je ne l’ai jamais vu [14], et mon fils non plus, ni Jacob — celui-ci —, ni Melchias — celui-là —, pas plus que Jacques — cet autre —, ou Saül. Tu vois combien, parmi nous, ne l’ont pas vu ? Nous étions sans cesse à sa recherche, et quand nous arrivions, il était parti !

    – Vous n’étiez pas à Jérusalem ce jour-là ?

    – Oh si ! Mais quand nous avons appris ce qu’on voulait lui faire, nous nous sommes enfuis comme des fous sur les montagnes, pour revenir en ville après le sabbat. Nous ne sommes pas coupables de son sang, car nous n’étions pas dans la ville. Mais nous avons mal agi en étant lâches. Nous l’aurions vu, au moins, et salué. Il nous aurait sûrement bénis pour notre salut… Mais, vraiment, nous n’avons pas eu le courage de le voir endurer de tels tourments !

    – C’est lui qui vous bénit maintenant. Regardez celui dont vous désirez connaître le visage. »

    Il se manifeste, splendidement divin sur la verdure du pré. Devant leur stupeur qui les jette à terre, mais qui aussi cloue leurs pupilles sur le visage divin, il disparaît dans une lumière éblouissante.

    XVIII. A Sidon, dans la maison de l’enfant aveugle-né.

    632.36 L’enfant joue tout seul sous une tonnelle touffue. Il s’entend appeler, et se trouve face à Jésus. Bien peu craintif, il lui demande :

    « Tu es le Rabbi qui m’a donné mes yeux ? » [15]

    De ses yeux limpides d’enfant, d’un bleu pareil à ceux de Jésus, son regard plonge dans les yeux divins étincelants.

    « C’est bien moi, mon enfant. Tu n’as pas peur de moi ? »

    Il lui caresse la tête.

    « Peur, non. Mais maman et moi, nous avons beaucoup pleuré quand mon père est revenu plus tôt que prévu, et nous a raconté qu’il s’était enfui parce qu’on avait attrapé le rabbi pour le tuer. Il n’a pas fait la Pâque et doit partir de nouveau pour la faire. Mais tu n’es pas mort, alors ?

    – Je suis mort. Regarde mes blessures. Mort sur la croix. Mais je suis ressuscité. Tu diras à ton père de demeurer quelque temps à Jérusalem après la seconde Pâque, et de rester aux alentours de l’Oliveraie, à Bethphagé. Il trouvera là quelqu’un qui lui indiquera ce qu’il doit faire.

    – Mon père pensait te chercher. A la fête des Tentes, il n’a pas pu te parler. Il voulait te dire qu’il t’aimait en raison des yeux que tu m’as donnés. Mais il n’a pas pu le faire, ni alors, ni maintenant…

    – Il le fera en ayant foi en moi. Adieu, mon enfant. Paix à toi et à ta famille. »

    XIX. Chez les paysans de Yokhanan.

    632.37 Les champs de Yokhanan s’étendent sous le baiser de la lune. Silence absolu. Cette nuit étouffante oblige les paysans à garder ouverte au moins une porte de leur pauvre demeure pour ne pas mourir de chaleur dans les pièces basses où sont entassés trop de corps pour ce qu’elles peuvent contenir.

    Jésus entre dans une pièce. Il semble que c’est la lune elle-même qui allonge son rayonnement pour lui étendre un tapis royal sur le sol de terre battue. Il se penche sur un dormeur, qui se tient à plat ventre dans un sommeil lourd de fatigue. Il l’appelle. Il passe à un autre, et à un suivant. Il les appelle tous, ses fidèles et pauvres amis. Il a la légèreté et la rapidité d’un ange qui vole. Il entre dans d’autres masures… Puis il va les attendre dehors, près d’un bouquet d’arbres.

    Les paysans, encore à moitié endormis, sortent de leurs taudis. Deux, trois, un seul, cinq ensemble, quelques femmes. Ils sont stupéfaits d’avoir tous été appelés par une voix connue qui a dit à chacun les mêmes mots :

    « Venez à la pommeraie. »

    Ils s’y rendent, les hommes en finissant d’enfiler leurs pauvres vêtements, et les femmes d’arranger leurs tresses, et ils parlent doucement.

    « Il m’a semblé que c’était la voix de Jésus de Nazareth.

    – Peut-être son âme. Ils l’ont tué. L’avez-vous entendu dire ?

    – Moi, je ne peux pas le croire. Il était Dieu.

    – Pourtant Joël l’a vu sous la croix…

    – On m’a raconté hier, pendant que j’attendais que le régisseur traite ses affaires, que ses disciples sont passés par Jezraël et qu’ils ont annoncé qu’il était vraiment ressuscité.

    – Tais-toi ! Tu sais ce qu’a dit le maître : la flagellation attend celui qui tient ce genre de propos.

    – La mort, peut-être. Mais ne serait-ce pas mieux plutôt que de souffrir ainsi ?

    – Et il n’est plus là, désormais !

    – Ils sont encore plus mauvais, maintenant qu’ils ont réussi à le tuer.

    – Ils sont méchants parce qu’il est ressuscité. »

    Ils parlent tout bas en se dirigeant vers le lieu qui leur a été indiqué.

    632.38 « Le Seigneur ! s’exclame une femme en tombant la première à genoux.

    – Son fantôme ! » s’écrient d’autres.

    Certains prennent peur.

    « C’est moi. Ne craignez rien. Ne criez pas. Avancez. C’est vraiment moi. Je suis venu confirmer votre foi, que je sais attaquée par d’autres. Vous voyez ? Mon corps fait de l’ombre parce que c’est un vrai corps. Vous ne rêvez pas, non. C’est bien ma vraie voix. Je suis ce même Jésus qui rompait le pain avec vous et vous montrait son amour. Maintenant aussi, je vous donne mon amour. Je vous enverrai mes disciples. Et ce sera encore moi, car ils vous donneront ce que je vous donnais et ce que je leur ai donné pour pouvoir me communiquer à ceux qui croient en moi.

    Portez votre croix comme j’ai porté la mienne. Soyez patients. Pardonnez. Ils vous raconteront comment je suis mort. Imitez-moi. Le chemin de la douleur est le chemin du Ciel. Suivez-le avec paix et vous obtiendrez mon Royaume. Il n’y a pas d’autre voie que celle de la résignation à la volonté de Dieu, de la générosité, de la charité envers tous. S’il en avait existé une autre, je vous l’aurais indiquée. Moi, je suis passé par elle, car c’est la voie juste. Soyez fidèles à la Loi du Sinaï dont les dix commandements sont immuables, et à ma doctrine. Il en viendra qui vous instruiront pour que vous ne soyez pas abandonnés aux menées des mauvais. Je vous bénis. Rappelez-vous toujours que je vous ai aimés et que je suis venu parmi vous avant et après ma glorification. En vérité, je vous dis que beaucoup auraient désiré me voir maintenant, et ne me verront pas. Beaucoup de grands. Je me montre à ceux que j’aime et qui m’aiment. »

    Un homme ose dire :

    « Alors… le Royaume des Cieux existe vraiment ? Tu étais vraiment le Messie ? Eux nous influencent…

    – N’écoutez pas leurs paroles. Rappelez-vous les miennes, et faites bon accueil à celles de mes disciples, que vous connaissez. Ce sont des paroles de vérité. Et ceux qui les accueillent et les mettent en pratique, même s’ils sont serviteurs ou esclaves, seront habitants et cohéritiers de mon Royaume. »

    Il les bénit en ouvrant les bras et disparaît.

    632.39 « Oh ! Je n’ai plus peur de rien, moi !

    – Moi non plus. Tu as entendu ? Même pour nous, il y a une place !

    – Il nous faut être bons !

    – Pardonner !

    – Patienter !

    – Savoir résister.

    – Chercher les disciples.

    – Il est venu chez nous, pauvres serviteurs…

    – Nous le dirons à ses apôtres.

    – Si Yokhanan le savait !

    – Et Doras !

    – Ils nous tueraient pour nous empêcher de parler !

    – Mais nous nous tairons. Nous n’en parlerons qu’aux serviteurs du Seigneur.

    – Michée, ne dois-tu pas te rendre avec cette charge à Séphoris ? Pourquoi n’irais-tu pas à Nazareth en parler…

    – A qui ?

    – A la Mère de Jésus. Aux apôtres. Ils seront peut-être avec elle… »

    Ils s’éloignent en parlant de leurs projets.





[14] Thomas le berger. Cf. EMV 215.
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 20 Aoû - 21:32

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

632. Apparitions ici et là à diverses personnes (partie 5)

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 18
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 632

Vision du mercredi 16 et jeudi 17 avril 1947.


Mardi 16 avril 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    XX. Sur les terres de Daniel, parent d’Elchias, avec Simon, le membre du Sanhédrin.

    632.40 Elchias, le pharisien, est en train de discuter avec ses pareils pour savoir ce qu’il faut faire de Simon, le membre du Sanhédrin qui, devenu fou le vendredi saint, parle et dit trop de choses. Les avis divergent. Certains suggèrent de l’isoler dans quelque endroit désert où ses cris ne pourraient être entendus que par un serviteur très fidèle et partageant leurs idées ; d’autres, plus bienveillants et plus confiants, pensent qu’il s’agit d’un malaise passager et qu’il suffirait de le laisser là où il est.

    Elchias répond :

    « Ne sachant où le conduire, je l’ai amené ici. Mais vous savez que je doute beaucoup de mon parent Daniel… »

    D’autres, plus mauvais encore qu’Elchias, s’exclament :

    « Il veut fuir, aller en mer. Pourquoi ne pas le satisfaire ?

    – Parce qu’il n’est pas capable de faire des actes ordonnés. Seul en mer, il périrait et aucun de nous n’est capable de mener une barque.

    – Et même si c’était le cas ! Qu’arriverait-il au lieu du débarquement, avec ce qu’il dit ? Laissez-le choisir sa route… En présence de tous, et même de ton parent, fais en sorte qu’il lui indique sa volonté, et qu’il soit fait selon son désir. »

    Cette proposition est approuvée. Elchias hèle un serviteur, et lui ordonne de faire venir Simon et d’appeler Daniel. Ils arrivent l’un et l’autre et, si Daniel a l’air d’un homme qui se sent mal à l’aise auprès de certaines gens, l’autre a vraiment l’air d’un fou.

    « Ecoute-nous, Simon. Tu dis que nous te gardons prisonnier parce que nous voulons te tuer…

    – Vous le devez, car tel est le commandement.

    – Tu délires, Simon. Tais-toi et écoute. Où te semble-t-il que tu guérirais ?

    – En mer. En mer. Au milieu de la mer. Là où il n’y a ni voix ni tombeau. Car les tombeaux s’ouvrent, et les morts en sortent. Ma mère dit…

    – Tais-toi ! Ecoute : nous t’aimons comme notre chair. Veux-tu vraiment y aller ?

    – Bien sûr que je le veux. Car ici les tombeaux s’ouvrent. Ma mère…

    – Tu iras… Nous allons te conduire au bord de la mer, nous te donnerons une barque et tu…

    – Mais c’est un homicide ! Il est fou ! Il ne peut s’y rendre seul ! s’écrie l’honnête Daniel.

    – Dieu ne fait pas violence à la volonté de l’homme. Pourrions-nous faire ce que Dieu ne fait pas ?

    – Mais il est fou ! Il n’a plus de volonté propre. Il est plus simplet qu’un nouveau-né ! Vous ne pouvez pas !…

    – Tais-toi. Tu es un paysan, rien de plus. C’est nous qui savons… Demain, nous partirons pour la mer. Sois content, Simon. Pour la mer, comprends-tu ?

    632.41 – Ah ! je n’entendrai plus les voix de la terre ! Plus les voix…Ah ! »

    Un long cri, un spasme d’agitation, ses yeux et ses oreilles se ferment. Et un autre cri, celui de Daniel qui s’enfuit, terrorisé.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’arrive-t-il ? Arrêtez ce fou et cet imbécile ! Serions-nous tous en train de perdre la tête ? » s’exclame Elchias.

    Mais après avoir couru quelques mètres, celui qu’Elchias appelle l’imbécile, c’est-à-dire son parent Daniel, se prosterne sur le sol, pendant que l’autre écume en une convulsion effrayante, et hurle :

    « Faites-le taire ! Il n’est pas mort et il crie, il crie, il crie ! Plus que ma mère, plus que mon père, plus qu’il ne le faisait sur le Golgotha ! Là, là, vous ne le voyez pas ? »

    Il indique l’endroit où se trouve Daniel, paisible, souriant, la tête levée.

    Furieux, Elchias le rejoint et le secoue rudement sans s’occuper de Simon, qui se roule par terre en écumant et pousse des cris de bête au milieu du cercle terrifié des autres.

    Elchias apostrophe Daniel :

    « Visionnaire fainéant, veux-tu me dire ce que tu fais ?

    – Laisse-moi. Maintenant, je te connais. Et je m’éloigne de toi. J’ai vu celui que vous voulez me faire croire mort. Il s’est montré bienveillant pour moi, terrible pour vous. Je pars. Plus que l’argent et n’importe quelle richesse, je protège mon âme. Adieu, maudit ! Et, si tu peux, fais en sorte de mériter le pardon de Dieu.

    – Mais où vas-tu ? Moi, je ne veux pas !

    – As-tu le droit de me garder prisonnier ? Qui te l’a donné ? Je t’abandonne ce que tu aimes et je m’apprête à suivre ce que j’aime. Adieu. »

    Il lui tourne le dos et s’éloigne d’un bon pas, comme tiré par une force surhumaine, avant de descendre la pente verte des oliviers et des vergers.

    Elchias est livide et pas lui seul. La colère les étrangle tous. Elchias menace de se venger sur son parent, sur tous ceux qui “ avec leurs frénésies ” prétendent que le Galiléen est vivant. Il veut parler, il veut agir…

    Quelqu’un, je ne sais qui, intervient :

    « Nous agirons, nous agirons, mais nous ne pourrons pas fermer toutes les bouches et tous les yeux de ceux qui parlent parce qu’ils voient. Nous sommes vaincus ! Notre crime nous accable. Maintenant arrive l’expiation… »

    Pris d’une angoisse qui le rend semblable à un condamné qui gravit les marches d’un échafaud, il se frappe la poitrine.

    « C’est la vengeance de Jéovêh » ajoute-t-il.

    La terreur millénaire d’Israël lui déforme la voix.

    Pendant ce temps, blessé, écumant, effrayant, Simon fait entendre des cris de damné :

    « Parricide [16], m’a-t-il dit ! Faites-le taire ! Parricide ! C’est ce que disait ma mère ! Les morts emploient-ils donc tous les mêmes mots ? »

    XXI. A une femme de Galilée, qui obtient la résurrection de son mari.

    632.42 La nouvelle lune, près de se coucher, est sur le point de faire disparaître son croissant encore mince derrière la bosse d’une montagne. Sa clarté est donc très relative, et elle ne dominera bientôt plus la vaste campagne.

    Un voyageur marche cependant sur le chemin solitaire, un petit chemin, un sentier au milieu des champs plus qu’autre chose. Il tient, suspendue par un anneau, l’une de ces lanternes rudimentaires vieilles comme le monde qui servent généralement aux charretiers pour s’éclairer la nuit. Comme le verre n’est pas courant — je le crois même tout à fait inconnu, car il ne m’est jamais arrivé d’en voir dans aucune maison, que ce soit comme verre à boire, vase, ou protection aux fenêtres —, la flamme de cette lanterne est abritée par quelque chose qui peut être aussi bien du mica que du parchemin. Sa lueur est si faible qu’elle peut tout juste servir à créer un halo. Mais comme la lune se cache entièrement, la lumière de ce pauvre fanal paraît plus vigoureuse et apporte une clarté vacillante dans l’obscurité de la campagne.

    Le voyageur marche sans s’arrêter…

    L’aube commence à poindre à l’extrémité de l’horizon, mais si faiblement, pour l’instant, qu’elle n’éclaire rien, et le lumignon est encore nécessaire.

    Près d’un petit pont attend ou se repose une autre personne bien emmitouflée dans son manteau. Hésitant, le voyageur au fanal, qui se dirige vers ce pont, fait halte. Il se demande s’il doit passer par là ou revenir en arrière, à l’endroit où le lit d’un petit torrent est garni de larges pierres qui peuvent servir à passer à pied sec.

    La personne assise sur la rive rustique faite d’un tronc d’arbre qui a encore son écorce blanc-vert, lève la tête pour observer celui qui s’est arrêté. Elle se met debout et dit :

    « N’aie pas peur de moi. Approche. Je suis un bon compagnon, pas un voleur. »

    C’est Jésus. Je le reconnais à sa voix plus qu’à son aspect, encore voilé par le crépuscule profond que la lumière n’arrive pas à rompre jusqu’à l’endroit où se tient Jésus. Mais le voyageur hésite.

    « Viens, femme. Ne crains rien. Nous allons faire un bout de chemin ensemble, et ce sera bon pour toi. »

    La femme — je sais maintenant que c’est une femme — avance, vaincue par la douceur de la voix ou par une force secrète, mais elle hoche la tête en murmurant :

    « Rien ne sera jamais plus bon pour moi. »

    632.43 Ils marchent maintenant côte à côte sur le chemin, assez large pour permettre le passage de deux piétons. L’aube qui progresse découvre, d’un côté, une rigide forêt miniature de blés mûrs qui attendent d’être fauchés. De l’autre côté, ils sont déjà coupés et gisent en gerbes sur le champ dépouillé de sa gloire de moissons mûres.

    « Maudites ! » lance à voix basse la femme en jetant un regard sur les gerbes étendues par terre.

    Jésus se tait.

    Le jour avance. La femme éteint sa pauvre lanterne et, ce faisant, découvre son visage dévasté par les larmes. Elle lève la tête pour regarder vers l’orient, où une ligne jaune-rose annonce le lever du soleil. Elle tend le poing dans cette direction, et reprend :

    « Maudit sois-tu !

    – Le jour ? C’est Dieu qui l’a fait, comme il a fait les blés. Ce sont des bienfaits de Dieu. Il ne faut pas les maudire… dit doucement Jésus.

    – Mais moi je les maudis. Je maudis le soleil et les moissons. Et j’ai raison de le faire.

    – N’ont-ils pas été bons pour toi pendant tant d’années ? Le premier n’a-t-il pas fait mûrir pour toi le pain quotidien, le raisin qui se change en vin, les légumes et les fruits du jardin, et n’a-t-il pas fait pousser l’herbe dans les pâturages pour nourrir les brebis et les agneaux dont le lait et la viande t’ont nourrie et avec la toison desquels tu as tissé tes vêtements ? Et le blé ne t’a-t-il pas donné le pain, à toi, mais également à tes enfants, à ton père et à ta mère, à ton époux ? »

    Elle éclate en sanglots et pousse un cri :

    « Je n’ai plus d’époux ! Ils l’ont tué ! Il était allé travailler, car nous avons sept enfants et le peu que nous possédions ne suffisait pas à nourrir dix personnes. Hier soir, il est arrivé en disant : “ Je suis fatigué, je ne me sens pas bien ”, et il s’est jeté sur le lit, brûlant de fièvre. Sa mère et moi l’avons secouru comme nous le pouvions. Nous avions l’intention d’appeler aujourd’hui le médecin de la ville… Mais il est mort après le chant du coq. Le soleil l’a tué. Je vais en ville chercher ce qu’il faut. A mon retour, je penserai à prévenir ses frères. J’ai laissé sa mère pour veiller son fils et mes enfants… et je suis partie pour faire ce qu’il convient… Et je ne devrais pas maudire le soleil brûlant et les blés ? »

    Si elle était maîtresse d’elle-même au début, à tel point que je ne me doutais pas que c’était une femme et surtout une femme affligée, elle a maintenant laissé sa douleur rompre ses digues et déborder avec force. Elle confie tout ce qu’elle n’a pas dit chez elle “ pour ne pas réveiller ses enfants qui dorment dans la pièce voisine ”, tout ce qui lui pesait tellement sur le cœur que cela lui donnait l’impression qu’il allait éclater. Souvenirs d’amour, peur de l’avenir, douleur de veuve passent confusément comme des débris arrachés à la rive, sur l’eau gonflée d’un fleuve en crue…

    632.44 Jésus la laisse parler. Car Jésus sait compatir à la douleur, il la laisse s’épancher, pour que la personne soit soulagée et que la fatigue qui succède au débordement de la douleur la rende capable d’écouter celui qui la console. Alors, il lui dit d’une voix douce :

    « A Naïm, à Nazareth, et dans les villages situés entre les deux, il y a des disciples du Rabbi de Nazareth. Va les trouver…

    – Et que veux-tu qu’ils fassent ? Si le Rabbi était encore là !… Mais eux ? Ce ne sont pas des saints ! Mon mari était à Jérusalem ce fameux jour… Et il sait… Oh non ! Il savait ! Il ne sait plus rien ! Il est mort !

    – Que faisait ton mari ce jour-là ?

    – Quand la clameur de la rue l’a réveillé, il a couru sur la terrasse de la maison où il se trouvait avec ses frères, et il a vu passer le Rabbi que l’on conduisait au Prétoire. Avec les autres Galiléens, il l’a suivi jusqu’à ce qu’il soit mort. On leur a jeté des pierres, à lui et aux autres, quand on a découvert qu’il était galiléen, là-haut sur la colline, et on les a repoussés plus bas. Mais ils sont restés là jusqu’à ce que tout soit accompli. Puis… ils s’éloignèrent… Et maintenant mon mari est mort. Ah ! Si au moins je savais que, grâce à sa pitié pour le Rabbi, il est en paix ! »

    Jésus ne répond pas à ce désir, mais il dit :

    « Dans ce cas, il aura vu qu’il y avait des disciples sur le Golgotha. Peut-être que tous les Galiléens se sont conduits comme ton mari ?

    – Oh non ! Beaucoup, même de Nazareth, l’ont injurié. On le sait. Quelle honte !

    – Alors, si beaucoup, même à Nazareth, n’ont pas éprouvé d’amour pour leur Jésus, si pourtant il leur a pardonné — et beaucoup se sanctifieront à l’avenir —, pourquoi veux-tu juger de la même manière les disciples du Christ ? Veux-tu être plus sévère que Dieu ? Dieu accorde beaucoup à ceux qui pardonnent…

    – Il n’est plus là, le bon Rabbi ! Il n’est plus là ! Et mon mari est mort lui aussi…

    – Le Rabbi a donné à ses disciples le pouvoir de faire ce que lui faisait.

    – Je veux le croire. Mais lui seul était capable de vaincre la mort. Lui seul !

    – Ne lit-on pas qu’Elie rendit l’esprit au fils de la veuve de Sarepta ? [17] En vérité, je te dis qu’Elie était un grand prophète, mais que les serviteurs du Sauveur, qui est mort et ressuscité parce qu’il était le Fils du vrai Dieu incarné pour racheter les hommes, ont un pouvoir encore plus grand. La raison en est que, sur la croix, Jésus leur a pardonné leurs péchés à eux d’abord : il connaissait, par sa divine sagesse, la véritable douleur de leurs esprits contrits. Il les a sanctifiés après sa résurrection par un nouveau pardon et leur a infusé l’Esprit Saint pour qu’ils puissent me représenter dignement à la fois par la parole et par les actes, afin que le monde ne reste pas dans la désolation après mon départ. »

    632.45 La femme recule vivement, stupéfaite. Elle rejette son voile en arrière pour bien voir son compagnon. Mais elle ne le reconnaît pas et croit avoir mal compris. Pourtant, elle n’ose plus parler…

    « As-tu peur de moi ? Tu m’as d’abord pris pour un voleur prêt à te dépouiller de l’argent que tu caches dans ton sein, et qui est destiné à acheter le nécessaire pour la sépulture. Et tu as eu peur. Maintenant, redoutes-tu de savoir que je suis Jésus ? Et Jésus n’est-il pas celui qui donne et ne prend pas ? Celui qui sauve et ne détruit pas ? Reviens sur tes pas, femme. Je suis la Résurrection et la Vie. Linceul et aromates ne seront pas nécessaires pour celui qui n’est pas mort, qui n’est plus mort, car je suis celui qui vainc la mort et récompense celui qui a foi. Va ! Rentre chez toi ! Ton mari est vivant. Aucune foi en moi ne reste sans récompense. »

    Il fait le geste de la bénir et de s’en aller.

    La femme sort de sa stupéfaction. Elle ne demande rien, elle ne doute pas… Non. Elle tombe à genoux pour adorer. Puis, finalement, elle ouvre la bouche et, fouillant dans son sein, elle en tire une bourse, petite, une pauvre bourse de pauvres gens auxquels la misère interdit des honneurs solennels pour leurs morts, et elle dit :

    « Je n’ai rien d’autre pour te montrer ma reconnaissance, pour t’honorer, pour…

    – Je n’ai pas besoin d’argent, femme. Tu le porteras à mes apôtres.

    – Oh oui ! J’irai avec mon mari… Mais que te donner alors, mon Seigneur ? Quoi ? Toi, qui m’es apparu… ce miracle… et moi, qui ne t’ai pas reconnu… qui étais si fâchée… qui me suis montrée si injuste, jusqu’avec les merveilles qui m’entourent…

    – Oui. Et tu ne pensais pas qu’elles sont parce que, moi, je suis, et que tout est bon de ce que Dieu a fait. Si le soleil n’avait pas existé, s’il n’y avait pas eu les blés, tu n’aurais pas eu cette grâce que tu viens d’obtenir.

    – Mais quelle douleur, pourtant !… »

    La femme pleure en y pensant.

    Jésus sourit et lui montre ses mains :

    « Voici une minime partie de ma souffrance. Et je l’ai consumée tout entière sans me plaindre, pour votre bien. »

    La femme s’incline jusqu’au sol pour reconnaître :

    « C’est vrai. Pardonne ma plainte. »

    632.46 Jésus disparaît dans sa lumière habituelle et, quand elle se redresse, elle se découvre seule. Elle se lève, regarde autour d’elle. Rien ne peut gêner sa vue, car il fait maintenant pleinement jour, et il n’y a que des champs de moissons tout autour. La femme se dit à elle-même :

    « Pourtant, je n’ai pas rêvé ! »

    Le démon, peut-être, la tente pour la faire douter, et elle a un instant d’incertitude tandis qu’elle soupèse la bourse dans ses mains.

    Mais sa foi a le dessus. Elle tourne le dos à la direction vers laquelle elle faisait route, pour revenir sur ses pas, rapide comme si le vent la portait, sans qu’elle se fatigue, le visage éclairé d’un bonheur plus grand que toute joie humaine, tant il est paisible. Elle répète à chaque instant :

    « Comme le Seigneur est bon ! Il est vraiment Dieu ! Il est Dieu. Que soit béni le Très-Haut et celui qu’il a envoyé. »

    Elle ne sait pas dire autre chose. Et sa litanie se mêle maintenant au chant des oiseaux.

    La femme est tellement absorbée qu’elle n’entend pas les salutations de certains moissonneurs qui la voient passer et lui demandent d’où elle vient à cette heure…

    L’un d’eux la rejoint et lui demande :

    « Marc va-t-il mieux ? Tu es allée chercher le médecin ?

    – Marc est mort au chant du coq, puis il est ressuscité, car le Messie du Seigneur a fait cela, répond-elle sans ralentir.

    – La douleur l’aura rendue folle ! » murmure l’homme,

    En hochant la tête, il rejoint ses compagnons qui ont commencé à faucher le blé.

    Les champs se peuplent progressivement. Mais la curiosité triomphe chez beaucoup, et ils se décident à suivre la femme, qui ne cesse de hâter le pas.

    632.47 Elle court, elle vole. Voici une très pauvre maison, basse, solitaire, perdue dans la campagne. Elle s’y dirige en serrant ses mains sur son cœur.

    A peine y a-t-elle posé le pied qu’une vieille femme se jette dans ses bras en criant :

    « Ma fille, quelle grâce du Seigneur ! Prends courage, ma fille, car ce que je dois te dire est chose si grande, si heureuse, que…

    – Je le sais, mère. Marc n’est plus mort. Où est-il ?

    – Tu le sais… mais comment ?

    – J’ai rencontré le Seigneur. Je ne l’ai pas reconnu, mais lui m’a parlé et quand cela lui a plu, il m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Mais ici… quand ?

    – J’avais ouvert la fenêtre, et je regardais le premier rayon de soleil qui tombait sur le figuier. Oui, c’est vraiment ainsi. Le premier rayon a touché alors le figuier contre la pièce… quand j’ai entendu un profond soupir, comme quelqu’un qui se réveille. Tout effrayée, je me suis retournée et j’ai vu Marc s’asseoir, repousser le drap que je lui avais posé sur le visage, et regarder vers le haut avec un visage… un visage… Puis il a tourné les yeux vers moi, et s’est exclamé : “ Mère, je suis guéri ! ” Moi… Il s’en est fallu de peu que je meure à mon tour ! Il m’a secourue et a compris qu’il avait été mort. Il ne se rappelle rien. Il assure qu’il se souvient du moment où on l’a mis au lit, mais ensuite de plus rien jusqu’à ce qu’il voie un ange, une espèce d’ange qui avait le visage du Rabbi de Nazareth et qui lui a dit : “ Lève-toi ! ” Et il s’est levé. Exactement à l’heure où le soleil surgissait tout entier.

    – C’est l’heure à laquelle Jésus m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Oh ! mère, quelle grâce ! Comme Dieu nous a aimés ! »

    632.48 Les arrivants les trouvent embrassées et en larmes. Ils croient que Marc est mort et que sa femme, dans un instant de lucidité, a compris son malheur. Mais Marc, qui entend les voix, apparaît, serein, avec un enfant dans les bras et les autres attachés à sa tunique, et il dit à haute voix :

    « Me voici. Bénissons le Seigneur ! »

    On l’assaille de questions et, comme toujours dans les réalités humaines, la contradiction s’élève. Les uns croient à une véritable résurrection, les autres — les plus nombreux — qu’il était tombé en catalepsie, mais qu’il n’était pas réellement mort. Certains admettent que le Christ est apparu à Rachel, d’autres prétendent que ce sont là des fables car “ Jésus est mort ”, et d’autres encore :

    « Il est ressuscité, mais il est tellement indigné, il doit l’être, qu’il ne fait plus de miracles pour son peuple assassin.

    – Dites ce que bon vous semble, lance l’homme, qui perd patience, et dites-le où vous voulez. Il suffit que ce ne soit pas ici, dans cette maison où le Seigneur m’a ressuscité. Et allez-vous-en, malheureux ! Veuille le Ciel vous ouvrir l’intelligence pour que vous croyiez. Mais pour l’instant, partez et laissez-nous en paix ! »

    Il les pousse dehors et ferme la porte.

    632.49 Il serre sur son cœur sa femme et sa mère avant de reprendre :

    « Nazareth n’est pas loin. Je vais y proclamer le miracle.

    – C’est ce que veut le Seigneur, Marc. Nous porterons cet argent à ses disciples. Allons bénir le Seigneur. Comme nous sommes. Nous sommes pauvres, mais lui aussi l’était, et ses apôtres ne nous mépriseront pas. »

    Elle entreprend de lacer les sandalettes des enfants pendant que sa belle-mère jette quelques provisions dans un sac et ferme portes et fenêtres. Marc va faire je ne sais quoi.

    Ils sortent dès qu’ils sont prêts et marchent rapidement, les plus petits portés dans les bras, les autres joyeux et un peu stupéfaits autour de leurs parents. Ils prennent la direction de l’est de Nazareth, on le devine aisément. Cet endroit se trouve peut-être encore dans la plaine d’Esdrelon, mais dans une région différente de celles des domaines de Yokhanan.



Observation


De l’usage du verre et du mica

Alors qu’elle observe un voyageur, Maria Valtorta fait une remarque intéressante : « Il marche en tenant suspendu par un anneau une lanterne rudimentaire, qui, vieille comme le monde, je crois, sert généralement aux charretiers pour s'éclairer la nuit. Celle-ci, car le verre n'est pas une chose commune - je crois même que c'était une chose tout à fait inconnue car il ne m'est jamais arrivé d'en voir dans aucune maison ni comme verre à boire, ni comme vase, ni comme abri aux fenêtres - celle-ci donc a pour abriter la flamme quelque chose qui peut être aussi bien du mica que du parchemin. La lumière en filtre si faible qu'elle peut tout juste servir à éclairer un petit espace autour de la lanterne ». (EMV 632.42). Si Maria Valtorta « n’observe » effectivement pas de verre en Palestine, il n’en est pas de même du mica, qu’elle mentionne à plusieurs reprises.

Ainsi, chez Jeanne à Tibériade, elle observe Pierre : « Il s'approche du Maître qui lit debout sous un lustre de plaques de mica délicatement violacée. La lumière est faible, juste suffisante pour éclairer l'endroit sans lui enlever l'enchantement du clair de lune dans les nuits sereines ». (EMV 461.10). Une autre fois, à Nobé, elle voit une femme qui « rentre avec deux lampes car la lumière ne traverse plus la plaque épaisse de mica qui sert de lucarne dans la pièce». (EMV 509.9). Et à Béthanie, chez le riche Lazare, elle remarque « les plaques de mica ou d'albâtre qui remplacent les vitres aux fenêtres et laissent passer la lumière » (EMV 583.1)


Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Apparitions-ici-et-la-a-diverses-personnes-a
Carreau de mica découvert à Pompéi

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Fragment de vitre de Pompéi


Lorsqu’il est question de vitrages les écrits de l’époque du Christ ne sont pas toujours très clairs : parle-t-on de verre ou de pierre fine et translucide, comme le mica ? Les deux sont attestés par les fouilles archéologiques. Pline (Histoires Naturelles XXXVI, 45) évoque les pierres spéculaires (lapis specularis), ces roches délitables en lamelles translucides plus ou moins fines (mica), et il vante celles de Cappadoce et d’Espagne. Et de fait des vitres de mica, trouvées à Rome, proviennent de carrières espagnoles. Le verre ne semble devenir prépondérant qu’après de la première moitié du 1er siècle. Sénèque, contemporain de Jésus, en témoigne : « Il y a des choses que nous savons avoir été découvertes de notre temps : tel est l’usage des vitres qui transmettent la lumière par un corps transparent » (1).

Cette fois encore Maria Valtorta évite le piège de l’anachronisme, et nous fournit un nouvel indice de la véracité de ses visions.

(1) Sénèque, Lettres à Lucilius, livre XIV, 90, 25.

Voir aussi http://www.verre-histoire.org/colloques/verrefenetre/pages/p202_01_vipard.html





[16] Comme en EMV 548.15, en référence à EMV 520.6/11 et EMV 535.11.
[17] Cf. 1 Rois 17,8 et suivants.
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Dim 22 Aoû - 21:47

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

633. Apparition sur les rives du lac,
et confirmation du mandat de Pierre.


Ancienne édition : Tome 10, chapitre 19
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 633

Vision du samedi 19 avril 1947


Mercredi 17 avril 30
Tarichée


Episode audio:

 

633.1 Une nuit calme, une chaleur étouffante, pas un souffle de vent. Des milliers d’étoiles scintillantes constellent le ciel serein. Le lac, calme et immobile au point de sembler être un vaste bassin à l’abri des vents, reflète la gloire de ce ciel. Sur les rives, les arbres forment un bloc sans frémissement. Le lac est si paisible que l’on n’entend qu’un très léger bruissement sur le rivage. Quelques barques naviguent au large, à peine plus visibles qu’une forme vague. Leur lanterne attachée au mât de la voile pour éclairer l’intérieur de la petite embarcation fait parfois naître une petite étoile à peu de distance de l’eau.

Je ne sais de quelle partie du lac il s’agit. Je suppose cependant que c’est la rive la plus méridionale, là où le lac s’apprête à redevenir fleuve. Aux alentours de Tarichée, dirais-je. J’ai beau ne pas distinguer la ville — qui m’est cachée par un groupe d’arbres qui s’avance dans le lac pour former un petit promontoire montueux —, je me fie aux petites étoiles des lanternes des barques qui se détachent des rives du lac pour s’éloigner vers le nord. Et je précise “ aux alentours ” de Tarichée, parce qu’il y a là un groupe de cabanes, si peu nombreuses qu’elles ne forment même pas un village, au pied du petit promontoire. Ce sont de pauvres maisons, de pêcheurs certainement, contruites presque sur le rivage.

Des barques sont tirées au sec sur la petite plage, d’autres, déjà prêtes pour naviguer, sont à l’eau près de la rive et si immobiles qu’elles paraissent fixées au sol, au lieu de se balancer.

633.2 Pierre sort la tête de l’une de ces masures. La lumière tremblante d’un feu allumé dans la cuisine enfumée éclaire par derrière le rude visage de l’apôtre, en le faisant ressortir comme un dessin. Il regarde le ciel, il regarde le lac… Il s’avance jusqu’au bord de l’eau puis, en tunique courte et les pieds nus, il y entre jusqu’à mi-cuisses, tend son bras musclé et caresse le bord d’une barque. Les fils de Zébédée le rejoignent.

« Belle nuit !

– La lune sera bientôt là.

– Soir de pêche.

– Mais avec les rames.

– Il n’y a pas de vent.

– Que faisons-nous ? »

Ils parlent lentement, par phrases détachées, comme des hommes habitués à la pêche et aux manœuvres des voiles et des filets qui demandent de l’attention, et donc peu de paroles.

« Ce serait bien d’y aller. Nous pourrions vendre une partie de la pêche. »

André, Thomas et Barthélemy viennent les rejoindre.

« Quelle chaude nuit ! s’exclame Barthélemy.

– Y aura-t-il de la tempête ? Vous vous souvenez de cette fameuse nuit ? demande Thomas.

– Oh non ! Le calme plat, du brouillard peut-être, mais pas de tempête. Moi… moi, je vais pêcher. Qui vient avec moi ?

– Nous venons tous. Nous serons peut-être mieux au large » déclare Thomas, qui transpire et ajoute : « La femme avait besoin de ce feu, mais c’est comme si nous avions été aux thermes…

– Je vais l’annoncer à Simon. Il est tout seul, là-bas » propose Jean.

633.3 Pierre prépare déjà la barque avec André et Jacques.

« Allons-nous jusqu’à la maison ? Ce serait une bonne surprise pour ma mère… demande Jacques.

– Non. Je ne sais pas si je peux faire venir Marziam. Avant de… de la… bref, avant d’aller à Jérusalem — on était encore à Ephraïm —, le Seigneur m’a dit qu’il voulait faire la seconde Pâque avec Marziam. Mais il ne m’en a plus parlé par la suite…

– Il me semble, à moi, qu’il a dit oui, intervient André.

– Oui. La seconde Pâque, oui. Mais le faire venir avant, je ne sais s’il le veut. J’ai fait tant d’erreurs que… Oh ! viens-tu toi aussi ?

– Oui, Simon-Pierre. Cette pêche me rappellera bien des souvenirs…

– Hé ! à tous elle rappellera beaucoup de choses… Et des jours qui ne reviendront plus… Nous naviguions avec le Maître dans cette barque, sur le lac… Je l’aimais comme si elle avait été un palais de roi et il me semblait que je ne pourrais vivre sans elle. Mais maintenant que Jésus n’est plus dans la barque… voilà… je suis dedans et je n’en tire plus aucune joie, dit Pierre.

– Personne n’a plus la joie des moments passés. Ce n’est plus la même vie. Et même en regardant en arrière… entre ces heures passées et les heures présentes, il y a au milieu ce temps horrible… soupire Barthélemy.

– Prêts. Venez. Toi au gouvernail, et nous aux rames. Allons vers la baie d’Hippos. C’est un bon endroit. Oh hisse ! Oh hisse ! »

Pierre donne le départ, et la barque glisse sur l’eau paisible. Barthélemy est au gouvernail, Thomas et Simon le Zélote servent de mousses, prêts à jeter les filets qu’ils ont déjà étendus. La lune se lève — plus exactement, elle passe au-dessus des monts de Gadara (si je ne fais pas erreur) ou de Gamla, en somme ceux qui se trouvent sur la côte orientale, mais vers le sud du lac —, et le lac en reçoit le rayonnement qui forme une route de diamant sur les eaux tranquilles.

« Elle nous accompagnera jusqu’au matin.

– S’il ne vient pas de brume.

– Les poissons quittent le fond, attirés par la lune.

– Si nous faisons bonne pêche, cela tombera bien, car nous sommes à court d’argent. Nous achèterons du pain et nous apporterons des poissons et du pain à ceux qui sont sur la montagne. »

Cela est dit avec des mots lents… et de longues pauses après chaque mot.

« Tu navigues bien, Simon. Tu n’as pas perdu la main !… admire Simon le Zélote.

– Oui… 633.4 Malédiction !

– Mais qu’as-tu ? demandent les autres.

– J’ai… J’ai que le souvenir de cet homme — Judas — me poursuit partout. Je me souviens de ce jour où nous luttions avec deux barques à qui naviguerait le mieux, et lui…

– De mon côté, je pensais que l’une des premières fois que j’ai eu la vision de son abîme de perfidie, ce fut cette fois où nous avons rencontré, ou plutôt abordé, les barques des Romains. Vous vous en souvenez ? reprend Simon.

– Eh ! si on se rappelle ! Mais… Jésus le défendait… et nous… entre les défenses du Maître et les duplicités de… de notre compagnon, on n’a jamais bien compris… remarque Thomas.

– Hum ! Moi, plus d’une fois… Mais il disait : “ Ne juge pas, Simon ! ”

– Jude l’a toujours soupçonné.

– Ce que je n’arrive pas à croire, c’est que celui-ci n’en ait jamais rien su » lance Jacques en donnant un coup de coude à son frère.

Mais Jean baisse silencieusement la tête.

« Désormais tu peux en parler, dit Thomas.

– Je m’efforce d’oublier. C’est l’ordre que j’ai reçu. Pourquoi voulez-vous me faire désobéir ?

– Tu as raison. Laissons-le tranquille, intervient Simon le Zélote pour le défendre.

633.5 – Descendez les filets. Doucement… Ramez, vous ! Ramez lentement. Tourne à gauche, Barthélemy. Accoste. Vire. Accoste. Vire. Le filet est tendu ? Oui ? Levez les rames et attendons » ordonne Pierre.

Comme le lac est beau dans la paix de la nuit, sous le baiser de la lune ! Il est d’une pureté paradisiaque. La lune s’y reflète et lui donne l’aspect du diamant, sa phosphorescence tremble sur les collines, les découvre et semble couvrir de neige les villes de la rive…

De temps en temps, ils sortent le filet. Une cascade de diamants tombe en produisant des arpèges sur l’argent du lac. Vide. Ils le plongent de nouveau, ils se déplacent… Ils n’ont vraiment pas de chance…

Les heures passent. La lune se couche, tandis que la lueur de l’aube se fraie un chemin, incertain, vert-azur… Une brume de chaleur fume du côté des rives, particulièrement vers l’extrémité sud du lac. Elle voile Tibériade et Tarichée. C’est une brume basse, peu épaisse, que le premier rayon de soleil fera disparaître. Pour l’éviter, ils préfèrent longer la rive orientale du lac, où elle est moins épaisse. A l’ouest, en revanche, elle arrive du marécage qui s’étend au-delà de Tarichée sur la rive droite du Jourdain, et s’épaissit comme si le marécage fumait. Les apôtres, qui connaissent bien le lac, naviguent en veillant à éviter les dangers de ses hauts fonds.

633.6 « Vous, sur la barque ! N’avez-vous rien à manger ? »

De la rive leur provient une voix d’homme, une voix qui les fait sursauter.

Ils haussent les épaules en répondant à haute voix : “ Non ”, mais poursuivent entre eux :

« Nous avons toujours l’impression de l’entendre !…

– Jetez le filet à droite de la barque, et vous allez trouver. »

La droite, c’est vers le large. Ils jettent le filet, un peu perplexes. Aussitôt, ils sentent des secousses et un poids qui fait pencher la barque du côté du filet.

« Mais c’est le Seigneur ! s’écrie Jean.

– Le Seigneur, tu crois ? demande Pierre.

– Tu en doutes ? Il nous a semblé que c’était sa voix, mais ceci en est la preuve. Regarde le filet ! C’est comme la dernière fois ! C’est lui, te dis-je. Mon Jésus ! Où es-tu ? »

Tous essaient d’apercevoir une silhouette derrière les voiles de la brume, après avoir bien assuré le filet pour le traîner dans le sillage de la barque, car c’est une manœuvre dangereuse de vouloir le lever. Ils rament pour atteindre le rivage. Mais Thomas doit prendre la rame de Pierre, qui a enfilé en toute hâte sa courte tunique sur ses braies très courtes. C’était d’ailleurs son unique vêtement, comme c’est celui des autres, sauf Barthélemy. Il s’est jeté dans le lac et fend à grandes brasses l’eau paisible, précédant la barque. Le premier, il pose le pied sur la petite plage déserte où, sur deux pierres, à l’abri d’un buisson épineux, luit un feu de brindilles. Et là, tout près du feu, se trouve Jésus, souriant et bienveillant.

« Seigneur ! Seigneur ! »

Pierre est essoufflé par l’émotion et ne peut rien dire d’autre. Ruisselant d’eau comme il l’est, il n’ose pas même toucher le vêtement de son Jésus et reste prosterné sur le sable, en adoration, avec la tunique qui lui colle au corps.

La barque frotte sur le sable et s’arrête. Tous sont debout, excités de joie…

633.7 « Apportez ici quelques-uns de ces poissons. Le feu est prêt. Venez et mangez » leur enjoint Jésus.

Pierre court à la barque et aide à hisser le filet. Il saisit dans le tas frétillant trois gros poissons. Il les frappe sur le bord de la barque pour les tuer et les éventre avec son couteau, les rince et les porte auprès du feu, les installe dessus et surveille leur cuisson. Mais ses mains tremblent, oh ! pas de froid ! Les autres restent à adorer le Seigneur, un peu loin de lui, craintifs comme toujours devant lui, le Ressuscité, si divinement puissant.

« Voilà du pain. Vous avez travaillé toute la nuit et vous êtes fatigués. Vous allez reprendre des forces. Est-ce prêt, Pierre ?

– Oui, mon Seigneur » répond Pierre d’une voix encore plus rauque que d’habitude.

Penché sur le feu, il essuie ses yeux qui dégouttent comme si la fumée les faisait pleurer en les irritant en même temps que la gorge. Mais cette voix et ces larmes ne sont pas dues à la fumée…

Il apporte les poissons, qu’il a étendus sur une feuille râpeuse, probablement une feuille de courge qu’André lui a remise après l’avoir rincée dans le lac.

Jésus offre et bénit. Il rompt le pain, coupe les poissons et les distribue en faisant huit parts, et il y goûte lui aussi. Ils mangent avec le respect avec lequel ils accompliraient un rite. Jésus les regarde et sourit. Mais il se tait lui aussi, jusqu’au moment où il demande :

« Où sont les autres ?

– Sur la montagne, là où tu l’as dit. De notre côté, nous sommes venus pêcher, car nous n’avons plus d’argent et nous ne voulons pas abuser de la générosité des disciples.

– Vous avez bien fait. Mais dorénavant, vous, les apôtres, vous resterez sur la montagne en prière pour édifier les disciples par votre exemple. Envoyez ceux-ci à la pêche. Quant à vous, il vaudra mieux que vous restiez là en prière et pour écouter ceux qui ont besoin de conseils ou peuvent venir pour vous donner des nouvelles. Gardez les disciples dans l’unité. Je viendrai bientôt.

– Nous agirons ainsi, Seigneur.

– Marziam n’est pas avec toi ?

– Tu ne m’avais pas dit de le faire venir si vite.

– Fais-le venir. Son obéissance est finie.

– Je le ferai venir, Seigneur. »

633.8 Après un temps de silence, Jésus, qui était resté la tête penchée pour réfléchir, se redresse et fixe les yeux sur Pierre. Il l’observe avec son regard des heures de plus grand miracle et de plus grand commandement. Pierre en tressaille presque de peur et se rejette un peu en arrière… Mais Jésus pose la main sur l’épaule de Pierre pour le retenir de force, et il lui demande, en le tenant ainsi :

« Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Bien sûr, Seigneur ! Tu sais que je t’aime, répond Pierre avec assurance.

– Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Oui, mon Seigneur. Tu sais bien que je t’aime. »

Sa voix est moins ferme, elle est même un peu étonnée par la répétition de cette question.

« Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Seigneur… Tu sais tout … Tu sais si je t’aime… »

La voix de Pierre tremble car, s’il est sûr de son amour, il a l’impression que Jésus, lui, ne l’est pas.

« Pais mes brebis. Ta triple profession d’amour a effacé ta triple négation. Tu es entièrement pur, Simon, fils de Jonas et moi, je te le dis : prends le vêtement de grand-prêtre et porte la sainteté du Seigneur au milieu de mon troupeau. Mets ta ceinture sur tes vêtements et reste ainsi jusqu’à ce que, de pasteur, tu deviennes-toi aussi agneau. En vérité, je te dis que lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu allais où tu voulais, mais quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas. Mais maintenant, c’est moi qui te dis : “ Mets ta ceinture et suis-moi. ” Lève-toi et viens. »

Jésus se lève et Pierre en fait autant pour aller au bord de l’eau. Les autres éteignent le feu en l’étouffant sous le sable.

633.9 Mais Jean, après avoir ramassé les restes de pain, suit Jésus. Pierre entend le bruit de ses pas et tourne la tête. Il voit Jean et demande en le montrant à Jésus :

« Et qu’arrivera-t-il de lui ?

– Si je veux [1] qu’il reste jusqu’à mon retour, que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Les voilà sur la rive. Pierre voudrait encore parler, mais la majesté de Jésus, les paroles qu’il a entendues le retiennent. Il s’agenouille et adore, imité par les autres. Jésus les bénit et les congédie. Ils montent dans la barque et s’éloignent en ramant. Jésus les regarde partir.





[1] Si je veux… Le sens de cette réplique, que Jean rapporte en Jean 21,21‑23, pourrait être donné en EMV 508.2.
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Lun 23 Aoû - 21:49

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

634. Enseignements aux apôtres et aux nombreux disciples sur le Mont Thabor. Marziam est consolé

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 20
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 634

Vision du dimanche 20 avril 1947.


Samedi 27 avril 30
Mont Thabor


Episode audio:

 

    634.1 Tous les apôtres sont présents, tous les disciples bergers et aussi Jonathas, que Kouza a renvoyé de son service. Il y a là Marziam, Manahen, ainsi que de nombreux membres des soixante-douze disciples, et beaucoup d’autres encore. Ils se tiennent à l’ombre des arbres, dont l’épais feuillage tempère la lumière et la chaleur. Ils ne sont pas tout en haut, vers le sommet où a eu lieu la Transfiguration, mais à mi-pente, là où un bois de chênes semble vouloir voiler le sommet et soutenir les flancs de la montagne de leurs puissantes racines.

    Presque tous sommeillent à cause de l’heure et du manque d’occupation, sans compter la longueur de l’attente. Mais il suffit du cri d’un enfant — je ne sais pas de qui il s’agit, car je ne le vois pas de l’endroit où je me trouve — pour que tous se lèvent dans un premier mouvement impulsif, qui se change aussitôt en prosternation, visage dans l’herbe.

    « Paix à vous tous. Me voici parmi vous. Paix à vous. Paix à vous. »

    Jésus passe parmi eux en les saluant, en les bénissant. Beaucoup pleurent, d’autres sourient de bonheur, mais tous montrent une grande paix.

    Jésus va s’arrêter là où les apôtres et les bergers forment un groupe nombreux, avec Marziam, Manahen, Etienne, Nicolaï, Jean d’Ephèse, Hermas et quelques autres parmi les disciples les plus fidèles dont je ne me rappelle pas les noms. Je vois l’homme de Chorazeïn qui a délaissé l’ensevelissement de son père pour suivre Jésus, un autre que j’ai vu une autre fois. Jésus prend dans ses mains la tête de Marziam qui pleure en le regardant, il lui donne un baiser sur le front puis le serre sur son cœur.

    Puis il se tourne vers les autres, et dit :

    « Vous êtes beaucoup et peu à la fois. Où sont les autres ? Je sais que nombreux sont mes disciples fidèles. Pourquoi donc n’y a-t-il ici que cinq cents personnes à peine [1], si je ne compte pas les enfants de tel ou tel d’entre vous ? »

    634.2 Pierre, qui était resté à genoux dans l’herbe, se lève et prend la parole au nom de tous.

    « Seigneur, entre le treizième et le vingtième jour après ta mort, un grand nombre de personnes sont venues ici de bien des villes de Palestine, pour raconter que tu étais chez eux. Ainsi beaucoup d’entre nous, pour te voir plus tôt, sont partis avec tel ou tel. Quelques-uns viennent de s’en aller. Ceux qui sont venus assuraient t’avoir vu et parlé à différents endroits et, ce qui était merveilleux, tous disaient t’avoir vu le douzième jour après ta mort.

    Nous avons pensé que c’était un mensonge d’un de ces faux prophètes dont tu nous as annoncé la venue pour tromper les élus. Tu en as parlé sur le mont des Oliviers, la veille de… de… »

    A ce souvenir, la douleur reprend Pierre ; il baisse la tête et se tait. Deux larmes, suivies d’autres, tombent de sa barbe sur le sol…

    Jésus lui pose sa main droite sur l’épaule, et Pierre frémit à ce contact mais, n’osant pas toucher cette main avec les siennes, il baisse la tête pour caresser de sa joue, pour effleurer de ses lèvres, cette main adorable.

    C’est Jacques, fils d’Alphée, qui reprend le récit :

    « Nous avons déconseillé de croire à ces apparitions à ceux d’entre nous qui avaient l’intention de courir vers la grande mer, vers Bozra, Césarée de Philippe, Pella ou encore Cédès, sur la montagne près de Jéricho ou dans la plaine comme dans la plaine d’Esdrelon, sur le grand Hermon comme à Beteron et à Beth-Shemesh, ou dans d’autres lieux sans nom parce que ce sont des maisons isolées dans la plaine près de Japhia ou près de Galaad. Ces apparitions nous semblaient trop incertaines. Certains disaient : “ Nous l’avons vu et entendu. ” D’autres envoyaient dire qu’ils t’avaient rencontré et même qu’ils avaient mangé avec toi. Oui, nous voulions les retenir : nous pensions que c’étaient des pièges de celui qui nous combat, ou même des fantômes aperçus par des justes qui, à force de penser à toi, finissent par te voir là où tu n’es pas. Mais eux ont voulu aller, les uns ici, les autres là. C’est ainsi que nous voilà réduits à moins d’un tiers de la foule que nous formions.

    – Vous avez eu raison d’insister pour les retenir. Non que je n’aie pas été réellement là où le disaient ceux qui sont venus vous l’annoncer. Mais parce que j’avais ordonné de rester ici, unis dans la prière en m’attendant. Et parce que je veux que mes serviteurs obéissent à mes paroles. Si les serviteurs commencent à désobéir, que feront les fidèles ?

    634.3 Ecoutez, vous tous qui êtes autour de moi. Rappelez-vous que pour qu’un organisme soit vraiment actif et sain, il lui faut une hiérarchie, c’est-à-dire quelqu’un qui commande, quelqu’un qui transmet les ordres, et ceux qui obéissent. Ainsi en est-il dans les cours des rois comme dans les religions, de notre religion juive aux autres, même impures. Il y a toujours un chef, ses ministres, les serviteurs des ministres, enfin des fidèles. Un pontife ne peut agir tout seul. Un roi ne peut agir tout seul. Encore leurs ordres se rapportent-ils uniquement à des contingences humaines ou à des formalités rituelles…

    Malheureusement, même dans la religion mosaïque, il ne reste plus désormais que le formalisme des rites, une suite de mouvements d’un mécanisme qui continue à accomplir les mêmes gestes, même maintenant que l’esprit des gestes est mort. Mort pour toujours. Leur divin Animateur, celui qui donnait aux rites leur valeur, s’est retiré. Et les rites sont devenus des gestes, rien de plus. Des gestes que n’importe quel histrion pourrait mimer sur la scène d’un amphithéâtre.

    634.4 Malheur, quand une religion meurt et, de puissance réelle, vivante, devient une pantomime bruyante, extérieure, une coque vide derrière le décor peint, derrière les vêtements pompeux, un mécanisme qui accomplit des mouvements donnés, comme une clé fait agir un ressort, sans que ni l’un ni l’autre n’ait conscience de ce qu’ils font. Malheur ! Réfléchissez !

    Souvenez-vous-en toujours, et dites-le à vos successeurs, pour que cette vérité soit connue au cours des siècles. La chute d’une planète est moins effrayante que la chute de la religion. Si le ciel se dépeuplait d’astres et de planètes, ce ne serait pas pour les peuples un malheur pareil à celui de rester sans réelle religion. Dieu suppléerait par sa puissance prévoyante aux nécessités humaines : en effet, il peut tout pour toutes les personnes engagées sur une voie sage, ou sur la voie que leur ignorance connaît, et qui cherchent et aiment la Divinité avec une âme droite. Mais si, un beau jour, les hommes n’aimaient plus Dieu, parce que les prêtres de toutes les religions auraient fait d’elles uniquement une comédie vide, en étant les premiers à ne pas y croire, malheur à la terre !

    634.5 Je ne pense pas seulement à ces religions impures, certaines issues de révélations partielles à un sage, d’autres du besoin instinctif de l’homme de se créer une foi pour donner à son âme la pâture d’aimer un dieu, car ce besoin est le stimulant le plus fort de l’homme, l’état permanent de recherche de Celui qui est, voulu par l’esprit même si l’intelligence orgueilleuse refuse d’obéir à n’importe quel dieu, et cela même si l’homme, dans son ignorance de ce qu’est l’âme, ne sait pas nommer ce besoin qui s’agite en lui. Mais que devrais-je dire de celle que je vous ai donnée, de celle qui porte mon nom, de celle dont je vous ai créés pontifes et prêtres, de celle que je vous ordonne de propager par toute la terre ? De cette religion unique, vraie, parfaite, à la doctrine immuable puisque c’est moi, le Maître, qui vous ai instruits et qu’elle sera complétée par l’enseignement continu de Celui qui viendra : l’Esprit Saint, le Guide très saint de mes pontifes et de ceux qui les assisteront, chefs en second dans les diverses Eglises créées dans les multiples régions où s’affirmera ma Parole.

    Ces Eglises, bien que différentes en nombre, n’auront pas de différence de pensée : elles ne feront qu’un avec l’Eglise, et formeront toutes ensemble le grand édifice, toujours plus grand, le grand, le nouveau Temple qui par ses pavillons atteindra les limites du monde. Elles ne seront ni différentes de pensée, ni opposées entre elles, mais unies, fraternelles les unes envers les autres, toutes soumises au Chef de l’Eglise, à Pierre et à ses successeurs, jusqu’à la fin des siècles.

    Celles qui se sépareraient pour quelque raison de l’Eglise Mère, seraient des membres coupés qui ne seraient plus nourris par le sang mystique qu’est la grâce qui vient de moi, le Chef divin de l’Eglise. Semblables à des fils prodigues séparés volontairement de la maison paternelle, elles seraient, dans leur éphémère richesse et dans leur misère constante et toujours plus grave, réduites à émousser leur intelligence spirituelle par des nourritures et des vins trop lourds, puis à s’affaiblir en mangeant les glands amers des animaux impurs, jusqu’au moment où, le cœur contrit, elles reviendraient à la maison de leur père en avouant : “ Nous avons péché. Père, pardonne-nous et ouvre-nous les portes de ta demeure. ” Alors, que ce soit le membre d’une Eglise séparée, ou une Eglise entière — puisse-t-il en être ainsi, mais où et quand se lèveront suffisamment de saints capables de racheter ces Eglises entières séparées, au prix de leur vie, pour créer, pour recréer un unique Bercail sous un même pasteur, comme je le désire ardemment ? — alors, que ce soit un seul membre ou une assemblée qui revienne, ouvrez-leur les portes.

    634.6 Soyez paternels. Pensez que tous, pendant une heure ou plusieurs, peut-être pendant des années, vous avez été, chacun de vous, des fils prodigues pris par la concupiscence. Ne soyez pas durs envers ceux qui se repentent. Souvenez-vous ! Souvenez-vous ! Plusieurs d’entre vous ont fui, il y a de cela vingt-deux jours. Or la fuite n’était-elle pas une abjuration de votre amour pour moi ? Donc accueillez-les comme je vous ai accueillis, à peine repentis et revenus à moi. Tout ce que j’ai fait, faites-le. C’est là mon commandement. Vous avez vécu avec moi pendant trois ans. Mes œuvres, ma pensée, vous les connaissez. Quand, à l’avenir, vous vous trouverez en face d’un cas à trancher, tournez votre regard vers le temps où vous avez vécu avec moi et comportez-vous comme je me suis comporté. Vous ne vous tromperez jamais. Je suis l’exemple vivant et parfait de ce que vous devez faire.

    Rappelez-vous encore que je ne me suis pas refusé à Judas lui-même… Le prêtre doit chercher à sauver par tous les moyens. Et parmi les moyens employés pour sauver, que l’amour prédomine toujours. Pensez que je n’ai pas ignoré l’horreur de Judas… Mais, surmontant toute répugnance, j’ai traité ce malheureux comme j’ai traité Jean. A vous… il vous sera souvent épargné l’amertume de savoir que tout est inutile pour sauver un disciple aimé… Cela vous permettra d’agir en évitant la lassitude qui vous saisit quand vous savez que tout est vain… On doit travailler même dans ce cas… toujours… jusqu’à ce que tout soit accompli…

    634.7 – Mais tu souffres, Seigneur ? Oh ! je ne croyais pas que tu pourrais encore souffrir ! Tu souffres encore pour Judas ! Oublie-le, Seigneur ! » s’écrie Jean, qui n’a pas détourné les yeux de son Seigneur.

    Jésus ouvre les bras dans son geste habituel de confirmation résignée d’un fait pénible.

    « C’est ainsi… Judas a été et est la douleur la plus grande dans la mer de mes douleurs. C’est la douleur qui demeure… [2] Les autres souffrances ont pris fin avec la fin du Sacrifice. Mais celle-là reste. Je l’ai aimé. Je me suis consumé moi-même dans mon effort pour le sauver… J’ai pu ouvrir les portes des limbes et en tirer les justes, j’ai pu ouvrir les portes du Purgatoire et en tirer ceux qui se purifiaient. Mais le lieu d’horreur était fermé sur lui. Pour lui, ma mort a été vaine.

    – Je ne veux pas que tu souffres ! Tu es glorieux, mon Seigneur ! A toi la gloire et la joie. Tu es déjà allé au bout de ta douleur ! supplie Jean.

    – Vraiment, personne n’aurait imaginé qu’il pourrait souffrir encore ! se disent-ils tous les uns aux autres. »

    Ils sont à la fois émus et surpris.

    « Ne pensez-vous donc pas à la douleur que devra encore subir mon cœur au cours des siècles, pour tout pécheur impénitent, pour toute hérésie qui me nie, pour tout croyant qui m’abjure, et — déchirement des déchirements — pour tout prêtre coupable, cause de scandale et de ruine ? Vous ne le savez pas ! Vous ne le savez pas encore. Vous ne le saurez jamais complètement tant que vous ne serez pas avec moi dans la lumière des Cieux. C’est alors que vous comprendrez… En observant Judas, j’ai observé les élus pour lesquels l’élection se change en malheur à cause de leur volonté perverse…

    Oh ! vous qui êtes fidèles, vous qui formerez les futurs prêtres, rappelez-vous ma souffrance, formez-vous toujours plus à la sainteté pour consoler ma douleur, formez-les à la sainteté pour que, autant que possible, elle ne se réitère pas, exhortez, veillez, enseignez, combattez, soyez attentifs comme des mères, infatigables comme des maîtres, vigilants comme des bergers, virils comme des guerriers pour soutenir les prêtres qui seront formés par vous. Faites en sorte que la faute du douzième apôtre ne se répète pas trop à l’avenir…

    634.8 Soyez comme j’ai été avec vous, comme je suis avec vous. Je vous ai dit : “ Soyez parfaits comme votre Père des Cieux. ” Et votre humanité tremble devant un tel commandement. Plus encore aujourd’hui que lorsque je vous l’ai dit, parce que désormais vous connaissez votre faiblesse.

    Eh bien ! Pour vous rendre courage, je vais vous dire : “ Soyez comme votre Maître. [3] ” Je suis l’Homme. Ce que j’ai fait, vous pouvez le faire. Même les miracles. Oui, même eux, pour que le monde sache que c’est moi qui vous envoie, et pour que ceux qui souffrent ne pleurent pas de découragement à l’idée que je ne suis plus parmi eux pour soigner leurs malades et les consoler de leurs douleurs.

    Ces derniers jours, j’ai accompli des miracles pour consoler les cœurs et les convaincre que le Christ n’est pas détruit parce qu’on l’a mis à mort, mais qu’au contraire, il est plus fort, éternellement fort et puissant. Mais quand je ne serai plus parmi vous, vous ferez ce que j’ai fait jusqu’ici et que je ferai encore. Toutefois, c’est moins par la puissance du miracle que par votre sainteté que grandira l’amour pour la nouvelle Religion. C’est sur votre sainteté, et non sur le don que je vous transmets, que vous devez veiller jalousement. Plus vous serez saints et plus vous serez chers à mon cœur. Et l’Esprit de Dieu vous illuminera pendant que la bonté de Dieu et sa puissance rempliront vos mains des dons du Ciel.

    Le miracle n’est pas un acte commun et indispensable pour vivre dans la foi. Mieux : bienheureux ceux qui sauront rester dans la foi sans moyens extraordinaires pour les aider à croire ! Cependant, le miracle n’est pas non plus un acte si exclusivement réservé à des temps particuliers qu’il doive cesser quand ces temps-là ne seront plus. Le miracle existera toujours dans le monde. Ils seront d’autant plus nombreux qu’il y aura plus de justes dans le monde. Quand on verra se faire très rares les vrais miracles, qu’on dise alors que la foi et la justice se sont affaiblies. En effet, j’ai dit : “ Si vous avez la foi, vous pourrez déplacer les montagnes. ” Et aussi : “ Les signes qui accompagneront ceux qui ont vraiment foi en moi seront la victoire sur les démons et sur les maladies, sur les éléments et les embûches. ”

    Dieu est avec celui qui l’aime. Le nombre et la force des prodiges que mes fidèles accompliront en mon nom et pour glorifier Dieu sera le signe de leur intimité avec moi. A un monde privé de vrais miracles, on pourra dire sans le calomnier : “ Tu as perdu la foi et la justice, tu es un monde sans saints. ”

    634.9 Donc — pour revenir à ce que je vous disais au début —, vous avez bien fait de chercher à retenir ceux qui, pareils à des enfants séduits par un air de musique ou quelque étrange miroitement, courent se perdre loin des valeurs sûres. Vous voyez ? Ils en sont punis parce qu’ils perdent ma parole. Cependant, vous avez vous aussi votre part de tort. Vous vous êtes souvenus que j’ai recommandé de ne pas courir çà et là pour suivre toute voix qui affirmait que j’étais à tel endroit. Mais vous ne vous êtes pas rappelés que j’ai également dit que, à sa seconde venue, le Christ sera semblable à un éclair qui sort du levant pour aller au couchant en un temps moins long que le battement d’une paupière.

    Or cette seconde venue a commencé au moment de ma Résurrection. Elle aura sa fin par l’apparition du Christ Juge à tous les ressuscités. Mais auparavant, que de fois j’apparaîtrai pour convertir, pour guérir, pour consoler, enseigner, donner des ordres !

    En vérité, je vous le dis : je vais retourner chez mon Père. Mais la terre ne sera pas privée de ma présence. Je serai vigilant et ami, maître et médecin, là où les corps ou les âmes, pécheurs ou saints, auront besoin de moi ou seront choisis par moi pour transmettre mes paroles aux autres. Car cela aussi est vrai, l’humanité aura besoin d’un acte continuel d’amour de ma part : elle a bien du mal à se plier, son ardeur se refroidit facilement, elle oublie vite, elle préfère descendre plutôt que monter, de sorte que, si je ne la retenais pas par des moyens surnaturels, rien ne l’aiderait : ni la Loi, ni l’Evangile, ni les secours divins que mon Eglise dispensera pour garder l’humanité dans la connaissance de la vérité et dans la volonté d’atteindre le Ciel. Et je parle de l’humanité qui croit en moi… toujours peu nombreuse en comparaison de la grande foule des habitants de la terre.

    634.10 Je viendrai. Que celui qui aura ma présence reste humble. Que celui qui ne l’aura pas ne la souhaite pas dans le but d’en tirer quelque éloge. Que personne ne désire ce qui est extraordinaire. Dieu sait quand et où le donner. L’extraordinaire n’est pas nécessaire pour entrer dans le Royaume des Cieux. C’est même une arme qui, mal employée, peut ouvrir l’enfer au lieu du Ciel. Je vais vous expliquer comment : l’orgueil peut surgir. Il est possible d’en arriver à un état d’esprit méprisable aux yeux de Dieu, similaire à une torpeur où l’on se complaît pour caresser le trésor obtenu, avec l’illusion d’être déjà au Ciel parce que l’on a reçu ce don.

    Non. Dans ce cas, au lieu de devenir flamme et aile, il devient gel et lourde pierre, de sorte que l’âme tombe et meurt. Et aussi : un don mal employé peut susciter un vif désir d’en obtenir davantage pour en tirer de plus grands éloges. C’est alors qu’au Seigneur pourrait se substituer l’esprit du Mal pour séduire les imprudents par des prodiges impurs.

    Tenez-vous toujours loin des séductions de toute espèce. Fuyez-les. Soyez satisfaits de ce que Dieu vous accorde. Lui sait ce qui vous est utile, et de quelle manière. Pensez toujours que tout don est une épreuve en plus d’être un don, une mise à l’épreuve de votre justice et de votre volonté. Je vous ai donné à tous les mêmes bienfaits. Mais ce qui vous a rendus meilleurs a conduit Judas à sa perte. Etait-ce donc un mal que le don ? Non. Mais la volonté de cette âme était mauvaise…

    634.11 Ainsi en est-il maintenant. Je suis apparu à un grand nombre, non seulement pour consoler et combler de bienfaits, mais pour vous satisfaire. Vous m’aviez prié de persuader le peuple que je suis ressuscité, ce peuple que les membres du Sanhédrin essaient d’amener à leurs vues. Je suis apparu à des enfants comme à des adultes, le même jour, en des lieux si éloignés les uns des autres qu’il faudrait plusieurs jours de marche pour s’y rendre. Mais l’esclavage des distances n’existe plus pour moi. Ces apparitions simultanées vous ont désorientés, vous aussi. Vous avez pensé : “ Ces gens-là ont vu des fantômes. ” Vous avez donc oublié une partie de mes paroles, c’est-à-dire que je serai dorénavant à l’orient comme à l’occident, au septentrion comme au midi, là où je trouverai juste d’être, sans que rien m’en empêche, en me déplaçant aussi rapidement que l’éclair qui sillonne le ciel.

    Je suis un homme véritable. Voici mes membres et mon corps, solide, chaud, capable de se mouvoir, de respirer, de parler, comme le vôtre. Mais je suis vrai Dieu. Et si, pendant trente-trois années, ma divinité a été, dans un but supérieur, dissimulée sous mon humanité, maintenant la divinité, bien qu’unie à l’humanité, a pris le dessus et l’humanité jouit de la liberté parfaite des corps glorifiés. Reine avec la divinité, elle n’est plus sujette aux limites de l’humanité. Me voici. Je suis avec vous et je pourrais, si je le voulais, me trouver en un instant aux confins du monde pour attirer à moi une âme qui me cherche.

    634.12 Et quelle fécondité aura ma présence près de Césarée Maritime et à Césarée de Philippe, à Kérith comme à Engaddi, près de Pella et de Yutta comme dans d’autres lieux de Judée, à Bozra comme sur le grand Hermon, à Sidon et aux confins de la Galilée ? Quelle fécondité auront la guérison d’un enfant, la résurrection d’un homme qui avait expiré depuis peu, le réconfort d’une personne angoissée, l’appel à mon service de quelqu’un qui se mortifiait par une dure pénitence, le retour à Dieu d’un juste qui m’en avait prié, le don de mon message à des innocents et de mes ordres à un cœur fidèle ?

    Est-ce que cela convaincra le monde ? Non. Ceux qui ont déjà la foi continueront à croire, avec plus de paix, mais pas avec plus de force parce qu’ils savaient déjà vraiment croire. Ceux qui n’ont pas su croire avec une vraie foi resteront dubitatifs. Quant aux mauvais, ils prétendront que ces apparitions ne sont que délires ou mensonges, et que le mort n’était pas mort, mais endormi…

    Vous souvenez-vous quand je vous ai raconté la parabole du mauvais riche ? J’ai dit qu’Abraham répondit au damné : “ S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne croiront pas davantage à un ressuscité d’entre les morts qui viendrait leur dire ce qu’ils doivent faire. ” Ont-ils peut-être cru à moi, le Maître, et à mes miracles ? Qu’a obtenu le miracle de Lazare ? Il a hâté ma condamnation. Qu’a obtenu ma résurrection ? L’exacerbation de leur haine. Même ces récents miracles parmi vous ne persuaderont pas le monde, mais uniquement ceux qui ne sont plus du monde, et ont déjà choisi le Royaume de Dieu, avec ses fatigues et ses peines actuelles, mais aussi sa gloire future.

    Mais il me plaît que vous ayez été confirmés dans la foi et que vous vous soyez montrés fidèles à mon ordre, en restant à m’attendre sur cette montagne, sans avoir la hâte trop humaine de jouir de choses bonnes, mais différentes de ce que je vous avais indiqué. La désobéissance donne un dixième et en enlève neuf. Eux sont partis, et ils entendront des paroles d’hommes, toujours celles-là. Vous, vous êtes restés, et vous avez pu écouter ma Parole qui, même si elle reprend des discours anciens, est toujours bonne et utile. La leçon vous servira d’exemple à tous, et aussi à eux, pour l’avenir. »

    634.13 Jésus regarde tout autour de lui ces visages rassemblés, et il appelle :

    « Viens, Elisée d’Engaddi [4]. J’ai quelque chose à te dire. »

    Je n’avais pas reconnu le fils du vieil Abraham, l’ancien lépreux. C’était alors un spectre squelettique, c’est maintenant un homme robuste dans la fleur de l’âge.

    Il s’approche et se prosterne aux pieds de Jésus, qui lui dit :

    « Une question te brûle les lèvres depuis que tu as appris que je suis allé à Engaddi, et c’est celle-ci : “ As-tu consolé mon père ? ” et moi, je te réponds : “ Je l’ai plus que consolé ! Je l’ai pris avec moi. ”

    – Avec toi, mon Seigneur. Mais où est-il, je ne le vois pas ?

    – Elisée, je suis ici encore pour peu de temps. Ensuite, j’irai chez mon Père…

    – Seigneur !… Tu veux dire… Mon père est mort !

    – Il s’est endormi sur mon cœur. Lui aussi ne souffre plus. Il a enduré toute souffrance en restant toujours fidèle au Seigneur. Ne pleure pas. Ne l’avais-tu pas quitté pour me suivre ?

    – Oui, mon Seigneur…

    – Voilà. Ton père est avec moi. Donc, en me suivant, tu viens encore près de ton père.

    – Mais quand ? Comment ?

    – Dans sa vigne, là où il a entendu parler de moi la première fois. Il m’a rappelé sa prière de l’an passé. Je lui ai dit : “ Viens. ” Il est mort heureux parce que tu as tout quitté pour me suivre.

    – Pardonne-moi si je pleure… C’était mon père…

    – Je sais comprendre la douleur. »

    Il lui pose la main sur la tête pour le consoler, et dit aux disciples :

    « Voici un nouveau compagnon. Qu’il vous soit cher, parce que je l’ai tiré de son tombeau pour qu’il me serve. »

    634.14 Puis il appelle :

    « Elie, viens à moi. Ne sois pas honteux comme un étranger parmi des frères. Tout le passé est détruit. Et toi aussi, Zacharie, qui as quitté père et mère pour moi, prend place avec les soixante-douze disciples, en compagnie de Joseph de Cintium. Vous le méritez, puisque vous avez défié pour moi les voies des puissants. Toi aussi, Philippe, et encore toi, son compagnon qui ne veux plus être appelé par ton nom tant il te paraît horrible [5] ; prends celui de ton père qui est un juste, même s’il ne fait pas encore partie de ceux qui me suivent ouvertement.

    Voyez-vous tous ? Je n’exclus personne de bonne volonté. Ni ceux qui me suivaient déjà comme disciples, ni ceux qui faisaient des œuvres bonnes en mon nom même s’ils n’appartenaient pas aux groupes de mes disciples, pas plus que les anciens membres de sectes que tous n’aiment pas, car ils peuvent toujours rentrer dans le droit chemin et ne doivent pas être repoussés. Agissez comme je le fais. J’unis ceux-ci aux anciens disciples, car le Royaume des Cieux est ouvert à toutes les personnes de bonne volonté. Et, bien qu’aucun ne soit présent, je vous demande de ne pas même repousser les païens. Moi, je ne les ai pas repoussés quand je les ai sus désireux de la vérité. Imitez-moi.

    Et toi, Daniel, qui es vraiment sorti de la fosse [6], non aux lions mais aux chacals, viens, unis-toi à ceux-ci. Viens également, Benjamin. Je vous unis à ceux-ci (il montre les soixante-douze presque au complet), car la moisson du Seigneur donnera beaucoup de fruits et de nombreux ouvriers sont nécessaires.

    Maintenant, restons un peu ici pendant que la journée s’écoule. Ce soir, vous quitterez la montagne et à l’aurore vous viendrez avec moi : vous les apôtres, vous deux que j’ai nommés — il désigne Zacharie et ce Joseph de Cintium qui ne m’est pas inconnu [7] —, et tous les disciples présents du groupe des soixante-douze.

    Les autres resteront ici pour attendre ceux qui ont couru ici et là comme des guêpes oisives ; ils leur diront en mon nom que ce n’est pas en imitant les enfants paresseux et désobéissants que l’on trouve le Seigneur. Vous recommanderez à tous de se trouver à Béthanie vingt jours avant la Pentecôte [8], car ensuite ils me chercheraient en vain. Asseyez-vous tous, reposez-vous. 634.15 Quant à vous, venez à l’écart avec moi. »

    Il se met en route en tenant toujours par la main Marziam, suivi des onze apôtres. Il s’assied au plus profond du bois de chênes et il attire à lui Marziam qui est très triste, tellement triste que Pierre dit :

    « Console-le, Seigneur. Il l’était déjà, mais maintenant il l’est davantage.

    – Pourquoi, mon enfant ? Est-ce que tu n’es pas avec moi ? Ne devrais-tu pas être heureux que j’aie dépassé la douleur ?

    Pour toute réponse, Marziam se met à pleurer à chaudes larmes.

    « Je ne sais pas ce qu’il a. Je l’ai questionné en vain. Et puis, aujourd’hui, je ne m’attendais pas à ces larmes ! bougonne Pierre, un peu fâché.

    – Moi, je le sais, intervient Jean.

    – Tant mieux pour toi ! Pourquoi pleure-t-il, alors ?

    – Ce n’est pas d’aujourd’hui ! Cela fait plusieurs jours…

    – Eh ! Je m’en suis bien aperçu ! Mais pourquoi ?

    – Le Seigneur le sait. J’en suis certain. Et je sais que lui seul trouvera les mots qui consolent, répond Jean en souriant.

    – C’est vrai. Je le sais. Je sais également que Marziam, qui est bon disciple, fait vraiment l’enfant en ce moment, un enfant qui ne voit pas la vérité des choses. Mais, mon bien-aimé entre tous les disciples, tu ne réfléchis pas que je suis allé affermir la foi vacillante de beaucoup, absoudre, recueillir des existences terminées, éradiquer des doutes empoisonnés inoculés à des personnes faibles, répondre avec pitié ou rigueur à ceux qui veulent encore me combattre, témoigner par ma présence que je suis ressuscité là où on travaillait le plus à me dire mort ? Quel besoin y avait-il de venir te trouver, toi qui es un enfant dont je connais la foi, l’espérance, la charité, la volonté et l’obéissance ? J’aurais passé un instant seulement avec toi, alors que je t’aurai avec moi, comme maintenant, plusieurs fois encore ? Qui assistera au banquet de la Pâque avec moi, sinon toi seul, de tous les disciples ? Vois-tu tous ceux-ci ? Eux l’ont faite, leur Pâque, et la saveur de l’agneau, du harosset [9], des azymes et du vin s’est changée en cendre, fiel et vinaigre pour leur palais dans les heures qui ont suivi.

    Mais toi et moi, mon enfant, nous consommerons notre Pâque dans la joie, et ce sera du miel pour nous, un miel durable. Celui qui a pleuré le jour de la Pâque se réjouira maintenant. Celui qui s’est réjoui alors ne peut prétendre se réjouir de nouveau.

    634.16 Effectivement… nous n’étions pas très gais à ce moment-là… murmure Thomas.

    – Oui. Notre cœur tremblait… dit Matthieu.

    – Nous avions en nous tout un bouillonnement de soupçons et de colère, moi du moins, ajoute Jude.

    – C’est pourquoi vous souhaiteriez tous faire la Pâque supplémentaire…

    – C’est bien cela, Seigneur, approuve Pierre.

    – Un jour, tu t’es plains de ce que les femmes disciples et ton fils n’allaient pas prendre part au banquet pascal. Aujourd’hui, tu te plains de ce que ceux qui ne se sont pas réjouis à cette époque doivent avoir leur joie.

    – C’est vrai. Je suis un pécheur.

    – Or moi, je suis celui qui compatit. Je veux que vous soyez tous autour de moi, et pas vous seulement, mais aussi les femmes disciples. Lazare nous accordera encore une fois l’hospitalité. Je n’ai pas voulu de tes filles, Philippe, ni de vos épouses, ni de Mirta, de Noémie et de la jeune fille qui est avec elles, ni de celui-ci. Jérusalem n’était pas un lieu pour tous, ces jours-là !

    – C’est vrai ! Il valait mieux qu’elles n’y soient pas, soupire Philippe.

    – Oui. Elles auraient vu notre lâcheté.

    – Tais-toi, Pierre, elle est pardonnée.

    – Oui. Mais je l’ai avouée à mon fils, et je croyais que c’était pour cette raison qu’il était triste. Je la lui ai révélée parce que chaque fois que je le fais, c’est un soulagement. C’est comme si on m’enlevait une grosse pierre du cœur. Je me sens plus absous chaque fois que je m’humilie. Mais si Marziam est triste parce que tu t’es montré à d’autres…

    – C’est pour cette unique raison, mon père.

    – Alors sois heureux ! Lui t’a aimé et t’aime. Tu le vois. Je t’avais pourtant parlé de la seconde Pâque…

    – Je pensais avoir obéi avec trop peu de bonne volonté à l’ordre que Porphyrée m’avait donné en ton nom, Seigneur, et que c’était pour cela que tu me punissais. Je m’imaginais aussi que tu ne te montrais pas à moi parce que je haïssais Judas et ceux qui t’ont crucifié, avoue Marziam.

    – Ne hais personne. Moi, j’ai pardonné.

    – Oui, Seigneur. Je ne haïrai plus.

    – Et ne sois plus triste.

    – Je ne le serai plus, Seigneur. »

    Comme tous les jeunes, Marziam est moins timide devant Jésus que les autres. Il s’abandonne aux bras de Jésus, maintenant qu’il est certain que celui-ci n’est pas en colère contre lui. Il y va en toute confiance. Il se réfugie même tout entier, tel un poussin sous l’aile maternelle, dans le cercle des bras qui l’attirent à lui. Et puisque l’angoisse qui le rendait triste et inquiet depuis des jours a disparu, il s’endort heureux.

    « C’est encore un enfant, observe Simon le Zélote.

    – Oui. Mais quelle peine il a eue ! Porphyrée me l’a dit quand, prévenue par Joseph de Tibériade, elle me l’a amené » lui répond Pierre.

    Puis, au Maître :

    « Porphyrée est, elle aussi, à Jérusalem ? »

    Quel désir dans la voix de Pierre !

    « Elles y sont toutes. Je veux les bénir avant de monter vers mon Père. Elles aussi m’ont servi, et souvent mieux que les hommes.

    634.17 Et tu ne vas pas chez ta Mère? demande Jude.

    – Nous sommes ensemble.

    – Ensemble ? Quand ?

    – Jude, Jude, crois-tu que, moi qui ai toujours trouvé ma joie près d’elle, je ne sois pas en ce moment avec elle ?

    – Mais Marie est seule chez elle. Ma mère me l’a dit hier. »

    Jésus sourit et répond :

    « Seul le grand-prêtre entre derrière le voile du Saint des Saints.

    – Que veux-tu dire ?

    – Qu’il est des béatitudes que l’on ne peut décrire et qui ne peuvent être connues. Voilà ce que je veux dire. »

    Il détache doucement Marziam de lui et le confie aux bras de Jean, qui est le plus proche. Il se lève, les bénit, et pendant qu’ils reçoivent la bénédiction, tous à genoux et tête inclinée, excepté Jean qui a sur ses genoux la tête de Marziam, il disparaît.

    – « Il est vraiment comme l’éclair dont il parlait » dit Barthélemy…

    Ils restent pensifs en attendant le coucher du soleil.

634.18 - Le Seigneur veut que je prenne un autre cahier pour les dernières instructions et visions qui ne trouveraient pas place ici, car il reste trop peu de pages.

J’aurais dû commencer sur le nouveau cahier. Mais comme Marthe [10] est malade, j’ai écrit ici puis recopié sur le nouveau


Observation


Le charoset et le repas pascal

Sur le Thabor, après la Résurrection, le Seigneur console Margziam qu’il avait tenu éloigné de Jérusalem lors de la Pâque. « Qui assistera au banquet de la Pâque (1) avec moi, sinon toi seul de tous les disciples ? Vois-tu tous ceux-ci ?  Eux l'ont faite leur Pâque, et la saveur de l'agneau et du caroset et des azymes et du vin s’est changé en cendre, fiel et vinaigre pour leur palais, dans les heures qui ont suivi » (EMV 634.15). C’est la seule fois dans l’œuvre de Maria Valtorta où apparaît le mot caroset.



Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Apparition-aux-500-disciples



Maïmonide enseignait que le charoset (ou charosset, ou harosset) dont il est question ici est une sauce épaisse à base de raisin, de figues, de dattes, arrosée de vin ou de vinaigre. On le consomme avec l'agneau de la Pâque. Il a la couleur des briques et symbolise le mortier fabriqué par les Hébreux pour faire des briques, lors de l’esclavage en Égypte (2).


Manifestement Maria Valtorta ignorait ce mot, car dans ses descriptions du repas pascal, elle écrit simplement : « il offre le pain, en fait des morceaux, le distribue, ensuite les légumes trempés dans la sauce rougeâtre qui est dans quatre saucières » (EMV 600.7). Et encore lors de la Pâque supplémentaire : « On apporte aux différentes tables de ceux qui n'ont pas fait la Pâque les agneaux rôtis, les laitues, les azymes et la sauce rougeâtre, et on a déposé sur les tables les calices rituels » (EMV 636.7).


On peut voir dans ces descriptions un fort indice d’authenticité des visions de Maria Valtorta.




[1] 1 Corinthiens 15,6.

[2] La douleur qui demeure n’est pas — comme on le comprendra plus bas — pour Judas, désormais mort et damné, mais pour les vivants qui sont d’autres Judas.        
On peut comprendre de la même façon l’expression de Jésus en 567.28, toujours à propos de Judas : “Ce sera éternellement ma plus grande douleur !” Nous avons lu aussi que Jésus n’oublie pas la souffrance causée à sa Mère (106.10/11) ; que “au-delà de sa gloire, il souffrira, dans son esprit d’amour, en voyant l’humanité mépriser son amour” (486.9) ; et que, “dans la gloire”, il pleure à cause des nouveaux “Judas” (629.11/12).        
De la même manière, les bienheureux “ne souffrent plus pour ceux qui sont séparés de Dieu” (376.5), mais par “anxiété d’amour”(253.4) en “te voyant coupable” (582.11), “pour aider encore ceux qui peuvent être sauvés” (376.5).    
Et Marie “a souffert et souffre encore” (605.19) “de voir les pécheurs rester pécheurs”.  
La nature de cette douleur est mystérieuse (“Au Ciel, il n’y a plus de larmes” lit-on en 651.16) ; elle pourra seulement se comprendre, comme on le verra plus bas, “dans la lumière des Cieux”).

[3] Cf. Matthieu 28,16-20.


[4] Élisée d’Engaddi, et son père Abraham, ont été rencontrés dans les chapitres 390 et 391, ainsi qu’en 632.18/20.

[5] Les auteurs du Dictionnaire des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta supposent qu'il s'agit de Philippe le synhédriste parvenu au terme de son chemin de foi, accompagné de son collègue Judas l'assidéen ne voulant pas porter le même nom que le traitre. Il aurait pris alors le nom de son père : Baba.

[6] Sorti de la fosse, comme le prophète du même nom, en Daniel 14,31 42. Cette comparaison s’explique par l’épisode de 632.40/41.

[7] Ne m’est pas inconnu : le Romain possédé guéri par Jésus en 129.3 était de Cinthium. Joseph de Cinthium pourrait être le frère qui l’accompagnait et qui a mérité une promesse de la part de Jésus (129.6).

[8] Pour la Pâque supplémentaire. Dans le Judaïsme, cette fête de rattrapage était destinée à ceux empêchés de célébrer la Pâque à la date habituelle.

[9] harosset : il s’agit d’un gâteau dont l’aspect rappelle le mortier que les Hébreux devaient pétrir pour le Pharaon du temps de leur esclavage.

[10] Marta Diciotti, la garde-malade et confidente de Maria Valtorta.


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mer 25 Aoû - 21:23

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

635. Leçons sur les sacrements, et prédictions sur l’Eglise

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 21
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 635

Vision du mardi 22 avril 1947


Dimanche 28 avril 30
Vers Nazareth


Episode audio:

 

    635.1 Ils se trouvent sur une autre montagne, encore plus boisée, non loin de Nazareth, à laquelle mène une route qui suit la base de la montagne.

    Jésus les fait asseoir en cercle. Les plus proches sont les apôtres, et derrière eux les disciples (ceux des soixante-douze qui ne sont pas partis ici ou là), ainsi que Zacharie et Joseph. Marziam est à ses pieds en une position de faveur.

    Jésus parle dès qu’ils sont assis et tranquilles, tous attentifs à ses paroles.

    Il dit :

    « J’ai besoin de toute votre attention, car ce que je vais vous dire est de la plus grande importance. Vous ne comprendrez pas encore tout, ni très bien, mais Celui qui viendra après moi vous en donnera l’intelligence. Ecoutez-moi donc.

    635.2 Personne n’est, plus que vous, convaincu que, sans l’aide de Dieu, l’homme pèche facilement à cause de sa constitution très faible, émoussée par le péché. Je serais donc un Rédempteur imprudent si, après avoir tant fait pour vous racheter, je ne vous donnais pas aussi les moyens de garder les fruits de mon sacrifice.

    Vous savez que la facilité à pécher vient de la faute originelle qui, en privant les hommes de la grâce, les dépouille de leur force : l’union avec la grâce.

    Vous avez dit : “ Mais tu nous as rendu la grâce. ” Non. Elle a été rendue aux justes jusqu’à ma mort [1]. Pour la rendre à ceux qui viendront, un moyen est nécessaire. Un moyen qui ne sera pas seulement une figure rituelle, mais qui imprimera vraiment en celui qui le reçoit le caractère réel d’enfant de Dieu, tels qu’étaient Adam et Eve, dont l’âme vivifiée par la grâce possédait des dons élevés accordés par Dieu à sa créature bien-aimée.

    Vous savez ce que l’homme possédait et ce qu’il a perdu. Désormais, grâce à mon sacrifice, les portes de la grâce sont de nouveau ouvertes, et elle peut descendre chez tous ceux qui la demandent par amour pour moi. C’est pourquoi les hommes auront le caractère d’enfants de Dieu par les mérites du Premier-né entre les hommes, de celui qui vous parle, votre Rédempteur, votre Grand-Prêtre éternel, votre Frère dans le Père, votre Maître. Ce sera par Jésus-Christ et grâce à Jésus-Christ que les hommes présents et à venir pourront posséder le Ciel et jouir de Dieu, la fin dernière de l’homme.

    Jusqu’alors, les hommes les plus justes, bien que circoncis comme fils du peuple élu, ne pouvaient atteindre ce but. Leurs vertus étaient prises en considération par Dieu, leurs places préparées au Ciel. Mais le Ciel leur était fermé et la jouissance de Dieu refusée, parce que sur leur âme, ce parterre béni fleuri de toutes les vertus, pesait aussi l’arbre maudit de la faute originelle, et aucune action, si sainte qu’elle fût, ne pouvait le détruire. Or on ne peut entrer au Ciel avec les racines et le feuillage d’un arbre aussi maléfique.

    Le jour de la parascève, l’attente des patriarches, des prophètes et de tous les justes d’Israël fut comblée par la joie de l’accomplissement de la Rédemption. Les âmes, plus blanches que la neige de montagne grâce à leurs vertus, perdirent aussi l’unique tache qui les excluait du Ciel.

    Mais le monde continue. Des générations se lèvent et se lèveront. Des peuples en multitude viendront au Christ. Le Christ peut-il mourir à chaque nouvelle génération pour la sauver, ou pour tout peuple qui vient à lui ? Non. Le Christ est mort une seule fois et il ne mourra jamais plus, éternellement. Alors ces générations, ces peuples, doivent-ils devenir sages grâce à ma Parole mais ne pas posséder le Ciel ni jouir de Dieu parce qu’ils seraient lésés par la faute originelle ? Non. Ce ne serait pas juste, ni pour eux, car leur amour pour moi serait vain, ni pour moi, qui serais mort pour un trop petit nombre.

    Alors comment concilier tout cela ? Quel nouveau miracle fera le Christ, qui en a déjà tant fait, avant de quitter le monde pour le Ciel, après avoir aimé les hommes jusqu’à vouloir mourir pour eux ?

    635.3 Il en a déjà fait un en vous laissant son corps et son sang comme nourriture fortifiante et sanctifiante, et pour vous rappeler son amour, en vous donnant l’ordre de renouveler ce que j’ai fait, à la fois en souvenir de moi et comme moyen de sanctification pour les disciples et leurs propres disciples jusqu’à la fin des siècles.

    Mais ce soir-là, alors que vous étiez déjà purifiés extérieurement, vous rappelez-vous ce que j’ai fait ? J’ai passé une serviette à ma ceinture, et je vous ai lavé les pieds ; et à l’un de vous qui se scandalisait de ce geste trop humiliant, j’ai répondu : “ Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. ” Vous n’avez pas compris le sens de cette parole, ni de quelle part je parlais, ni ce que symbolisait mon geste. Le moment est venu de vous l’expliquer.

    Je vous ai enseigné l’humilité et la nécessité d’être purs pour arriver à faire partie de mon Royaume ; je vous ai fait observer que Dieu, dans sa bienveillance, exige uniquement d’un homme juste — donc à l’esprit et à l’intelligence purs — un dernier bain pour la partie qui, forcément, se salit le plus facilement même chez les justes, à cause de la poussière que la nécessité de vivre parmi les hommes dépose sur les membres propres, sur le corps. Mais je vous ai enseigné autre chose : je vous ai lavé les pieds — la partie la plus basse du corps —, qui marche dans la boue et la poussière, parfois dans les immondices pour signifier la chair, la partie matérielle de l’homme qui a toujours — sauf chez ceux qui n’ont pas la faute originelle [2], soit par l’œuvre de Dieu, soit par nature divine — des imperfections parfois minimes au point que Dieu seul les voit ; il convient néanmoins de les surveiller pour éviter qu’elles ne se renforcent et deviennent des habitudes naturelles, et il faut lutter pour les extirper.

    635.4 Je vous ai donc lavé les pieds. Quand ? Avant de rompre le pain et le vin et de les transsubstantier en mon corps et en mon sang. Car je suis l’Agneau de Dieu, et je ne puis descendre là où Satan a marqué son empreinte. Je vous ai donc lavés d’abord, puis je me suis donné à vous. Vous aussi, vous laverez par le baptême [3] ceux qui viendront à moi, afin qu’ils ne reçoivent pas indignement mon corps et qu’il ne se change pas pour eux en une redoutable condamnation à mort.

    Vous êtes effrayés. Vous vous regardez. Par vos regards, vous demandez : “ Et Judas, alors ? ” Je vous réponds : “ Judas a mangé sa mort. ” Le suprême acte d’amour n’a pas touché son cœur. La dernière tentative de son Maître s’est heurtée à la pierre de son cœur, et cette pierre, au lieu du Tau, portait gravé l’horrible sigle de Satan, le signe de la Bête.

    Je vous ai donc lavés avant de vous admettre au banquet eucharistique, avant d’entendre la confession de vos péchés, avant de vous infuser l’Esprit Saint, et par conséquent le caractère de vrais chrétiens confirmés dans la grâce, et de prêtres.

    Agissez de cette manière avec les autres que vous devez préparer à la vie chrétienne.

    635.5 Baptisez avec de l’eau au nom du Dieu un et trine et en mon nom  [4], ainsi qu’en raison de mes mérites infinis, pour que la faute originelle soit effacée dans les cœurs, les péchés remis, la grâce et les saintes vertus infusées, et que l’Esprit Saint puisse descendre faire sa demeure dans les temples consacrés que seront les corps des hommes vivant dans la grâce du Seigneur.

    L’eau était-elle nécessaire pour effacer le péché ? L’eau ne touche pas l’âme, certes. Mais un signe immatériel ne touche pas la vue de l’homme, si matérielle dans toutes ses actions. Je pouvais bien infuser la Vie, même sans moyen visible. Mais qui l’aurait cru ? Combien d’hommes arrivent à croire fermement sans voir ? Prenez donc à l’antique Loi mosaïque l’eau lustrale [5], qui servait à purifier les personnes impures ou contaminées par un cadavre. Cela fait, elles pouvaient revenir dans les campements. En vérité, tout homme est contaminé dès sa naissance, car il est en contact avec une âme morte à la grâce. Qu’elle soit donc purifiée de ce contact impur par l’eau lustrale, et rendue digne d’entrer dans le Temple éternel.

    Que l’eau vous soit chère… Après avoir expié et racheté par trente-trois années de vie fatigante couronnée par la Passion, après avoir donné tout mon sang pour les péchés des hommes, c’est du corps saigné et consumé du Martyr que furent tirées les eaux salutaires pour laver la faute originelle. C’est par la consommation de ce sacrifice que je vous ai rachetés de cette tache. Si, au seuil de la vie, un miracle divin de ma part m’avait fait descendre de la croix, je vous dis en vérité que grâce à mon sang répandu j’aurais purifié les fautes, mais non pas la Faute. Pour elle, il était nécessaire que mon sacrifice soit totalement consumé. En vérité, les eaux salutaires dont parle Ezéchiel ont jailli de mon côté [6]. Plongez-y les âmes afin qu’elles en sortent immaculées pour recevoir l’Esprit Saint qui, en mémoire du souffle du Créateur sur Adam pour lui donner l’esprit et par conséquent son image et ressemblance, reviendra souffler et habiter dans le cœur des hommes rachetés.

    Baptisez de mon baptême, mais au nom du Dieu trine, car en vérité si le Père n’avait pas voulu et l’Esprit Saint opéré, le Verbe ne se serait pas incarné et vous n’auriez pas eu la Rédemption. Il s’ensuit qu’il est juste — c’est même un devoir — que tout homme reçoive la Vie au nom de Ceux qui se sont unis dans une même volonté de la donner, en y nommant le Père, le Fils et l’Esprit Saint dans l’acte du baptême. Celui-ci prendra de moi le nom de chrétien pour le distinguer des autres passés ou futurs qui seront des rites, mais non pas des signes indélébiles sur la partie immortelle.

    635.6 Prenez le pain et le vin comme je l’ai fait, bénissez-les en mon nom, partagez-les et distribuez-les, et que les chrétiens se nourrissent de moi. Faites aussi également du pain et du vin une offrande au Père des Cieux, puis consommez-la en souvenir du sacrifice que j’ai offert et consommé sur la croix pour votre salut. Moi qui suis Prêtre et Victime, je me suis offert et consumé moi-même, personne ne pouvant le faire au cas où je ne l’aurais pas voulu. Vous, mes prêtres, faites ceci en mémoire de moi, pour que les trésors infinis de mon sacrifice s’élèvent en supplication vers Dieu et descendent, exaucés, sur tous ceux qui y font appel avec une foi ferme.

    J’ai parlé d’une foi ferme. Il n’est pas nécessaire d’être bien savant pour profiter de la nourriture eucharistique et du sacrifice eucharistique, mais d’avoir la foi. Il s’agit de croire que, dans ce pain et dans ce vin consacrés en mon nom par quelqu’un d’autorisé par moi et par ceux qui viendront après moi — vous, c’est-à-dire Pierre, le nouveau grand-prêtre de l’Eglise nouvelle, Jacques, fils d’Alphée, Jean, André, Simon, Philippe, Barthélemy, Thomas, Jude, Matthieu, et Jacques, fils de Zébédée —, c’est mon vrai corps, mon vrai sang, et que celui qui s’en nourrit me reçoit en chair, sang, âme et divinité, et que l’officiant offre réellement Jésus-Christ comme lui s’est offert pour les péchés du monde. Un enfant ou un ignorant peut me recevoir, aussi bien qu’un homme cultivé et un adulte. L’enfant comme l’ignorant retireront les mêmes bienfaits du sacrifice offert que n’importe lequel d’entre vous. Il suffit qu’il y ait en eux la foi et la grâce du Seigneur.

    635.7 Mais vous allez recevoir un nouveau baptême : celui de l’Esprit Saint. Je vous l’ai promis, et il vous sera donné. L’Esprit Saint lui-même descendra sur vous. Je vous dirai quand, et vous serez remplis de lui, avec la plénitude des dons sacerdotaux. Vous pourrez par conséquent, comme je l’ai fait avec vous, infuser l’Esprit dont vous serez remplis pour confirmer les chrétiens dans la grâce et leur infuser les dons du Paraclet. Que ce sacrement royal, de peu inférieur au sacerdoce, ait la solennité des consécrations mosaïques  [7] par l’imposition des mains et l’onction avec l’huile parfumée, employée autrefois pour consacrer les prêtres.

    Non. Ne vous regardez pas avec cet air d’effroi ! Je ne dis rien de sacrilège ! Je ne vous enseigne pas un acte sacrilège ! La dignité du chrétien est telle, je le répète, qu’elle est de peu inférieure à un sacerdoce. Où vivent les prêtres ? Au Temple. Or un chrétien sera un temple vivant. Que font les prêtres ? Ils servent Dieu par leurs prières, leurs sacrifices et le soin des fidèles. C’est du moins ce qu’ils auraient dû faire… Et le chrétien servira Dieu par la prière, le sacrifice et la charité fraternelle.

    635.8 Vous entendrez la confession des péchés comme j’ai écouté les vôtres et celles d’un grand nombre, et j’ai pardonné là où j’ai vu un vrai repentir.

    Vous vous agitez ? Pourquoi ? Vous avez peur de ne pas savoir discerner ? J’ai parlé à d’autres reprises du péché et du jugement sur le péché. Mais rappelez-vous, quand vous jugez, de méditer sur les sept conditions pour lesquelles une action peut être un péché ou non, et de gravité différente. Je vous les rappelle : quand on a péché, et combien de fois ; qui a péché ; avec qui ; avec quoi ; quelle est la matière du péché ; quelle en est la cause ; quelle en est la raison.

    Mais ne craignez rien. L’Esprit-Saint vous aidera. Ce à quoi je vous appelle de tout mon cœur, c’est à une vie sainte. Elle augmentera tellement en vous les lumières surnaturelles que vous arriverez à lire sans erreur dans le cœur des hommes. Vous pourrez alors, avec amour ou autorité, dire aux pécheurs qui ont peur de révéler leur faute ou qui se refusent à la confesser, l’état de leur cœur en aidant les timides et en faisant honte aux impénitents. Rappelez-vous que la terre perd Celui qui absolvait et que vous devez être ce que j’ai été : juste, patient, miséricordieux, mais pas faible. Je vous l’ai dit : ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le Ciel, et ce que vous lierez ici sera lié au Ciel. Jugez par conséquent tout homme avec discernement et mesure sans vous laisser corrompre par la sympathie ou l’antipathie, par des cadeaux ou des menaces. Soyez impartiaux en tout et pour tous comme l’est Dieu, en tenant compte de la faiblesse de l’homme et des pièges de ses ennemis.

    Je vous rappelle que Dieu permet parfois les chutes de ceux qu’il a choisis, non parce qu’il lui plaît de les voir tomber, mais parce qu’une chute peut permettre un plus grand bien ultérieurement. Tendez donc la main à celui qui tombe, car vous ne savez pas si cette chute n’est pas la crise décisive d’un mal qui disparaît pour toujours, en laissant dans le sang une purification qui produit le salut. Dans notre cas : qui produit la sainteté.

    Montrez-vous en revanche sévères envers ceux qui n’auront pas respecté mon sang et qui, l’âme purifiée par le bain divin, retourneront cent fois dans la boue. Ne les maudissez pas, mais soyez sévères, exhortez-les, avertissez-les soixante-dix fois sept fois. Mais ne recourez au châtiment extrême de les séparer du peuple élu que lorsque leur obstination dans une faute qui scandalise les frères vous oblige à agir pour ne pas vous rendre complices de leurs actions. Rappelez-vous ce que j’ai dit : “ Si ton frère a péché, reprends-le, seul à seul avec lui. S’il ne t’écoute pas, corrige-le en présence de deux ou trois témoins. Si cela ne suffit pas, fais-le savoir à l’Eglise. S’il ne l’écoute pas non plus, considère-le comme un païen et un publicain. ”

    635.9 Dans la religion mosaïque, le mariage est un contrat [8]. Dans la nouvelle religion chrétienne, qu’il soit un acte sacré et indissoluble sur lequel descend la grâce du Seigneur pour faire des conjoints deux de ses ministres dans la propagation de l’espèce humaine.

    Cherchez, dès les premiers moments, à conseiller au conjoint membre de la nouvelle religion de convertir son conjoint qui n’en fait pas encore partie, afin qu’il l’adopte. Cela permettra d’éviter ces douloureuses divergences de pensées, et par conséquent ces obstacles à la paix que nous avons observés parmi nous aussi. Mais quand il s’agit de conjoints fidèles au Seigneur, qu’on ne sépare pour aucune raison ce que Dieu a uni. Dans le cas d’une personne unie à un conjoint païen, je lui conseille de porter sa croix avec patience et douceur, et aussi avec force, jusqu’à savoir mourir pour défendre sa foi, mais sans quitter le conjoint auquel elle s’est unie avec un plein consentement. C’est mon conseil pour une vie plus parfaite dans l’état de mariage, jusqu’à ce qu’il soit possible, grâce à la diffusion du christianisme, de se marier entre fidèles. Alors que le lien soit sacré et indissoluble, et l’amour saint.

    Ce serait mal si la dureté des cœurs devait amener dans la nouvelle foi ce qui est arrivé dans l’ancienne : l’autorisation de la répudiation et de la dissolution pour éviter les scandales créés par la luxure de l’homme. Je vous dis en vérité que chacun doit porter sa croix dans tout état de vie, donc aussi dans le mariage. J’ajoute qu’aucune pression ne devra faire fléchir votre autorité quand vous déclarerez : “ Cela n’est pas permis ” à celui qui voudra passer à de nouvelles noces avant la mort de son conjoint. Je vous le dis : il vaut mieux qu’une partie en décomposition se détache, seule ou suivie par d’autres, plutôt qu’accorder, pour la retenir dans le corps de l’Eglise, des permissions contraires à la sainteté du mariage, en scandalisant les humbles et en leur faisant faire des réflexions défavorables à l’intégrité sacerdotale et sur la valeur de la richesse ou de la puissance.

    Le mariage est un acte grave et saint. Pour vous le montrer, j’ai pris part à des noces et j’y ai accompli mon premier miracle. Mais malheur s’il dégénère en luxure et en caprice. Le mariage, contrat naturel entre l’homme et la femme, doit dorénavant s’élever à un contrat spirituel par lequel les âmes de deux personnes qui s’aiment jurent de servir le Seigneur dans leur amour réciproque, offert à Dieu pour obéir à son commandement de procréer pour donner des enfants au Seigneur.

    635.10 Poursuivons… Jacques, te souviens-tu de notre conversation sur le mont Carmel ? Dès ce moment je t’ai parlé de cela, mais les autres ne savent pas… Vous avez vu Marie-Madeleine oindre mes membres, lors du repas du sabbat à Béthanie. Je vous ai dit alors : “ Elle m’a préparé pour la sépulture. ” C’est la vérité. Non pour la sépulture, car elle croyait cette douleur encore éloignée, mais pour purifier et embaumer mes membres de toutes les impuretés de la route, afin que je monte sur le trône parfumé d’huile balsamique.

    La vie de l’homme est un chemin. Son entrée dans l’autre vie devrait être une entrée dans le Royaume. Tout roi est oint et parfumé avant de monter sur son trône et d’apparaître devant tout son peuple. Le chrétien est, lui aussi, un fils de roi qui fait route vers le royaume où le Père l’appelle. La mort du chrétien n’est que l’entrée dans le Royaume pour monter sur le trône que le Père lui a préparé. Elle n’a rien d’effrayant pour l’homme qui se sait dans la grâce de Dieu. Mais au moment de monter sur le trône, il faut que son vêtement soit purifié de toute tache pour qu’il se garde beau pour la résurrection, et il faut que son esprit soit purifié afin qu’il puisse resplendir sur le trône que le Père lui a préparé, avec la dignité qui convient au fils d’un si grand roi.

    Faire grandir en grâce, effacer les péchés dont la personne se repent vraiment, susciter un élan ardent vers le bien, donner la force pour le combat suprême, voilà le rôle de l’onction donnée aux chrétiens qui meurent ou plutôt aux chrétiens qui naissent, car je vous dis en vérité que celui qui meurt dans le Seigneur naît à la vie éternelle.

    Réitérez le geste de Marie sur les membres des élus, et que personne ne le considère comme indigne de lui. J’ai accepté cette huile balsamique de la part d’une femme. Que tout chrétien s’en tienne honoré comme d’une grâce suprême de la part de l’Eglise dont il est l’enfant, et l’accepte d’un prêtre pour laver ses dernières taches. Et que tout prêtre soit heureux de reproduire l’acte d’amour de Marie envers le Christ souffrant sur le corps d’un frère qui meurt. Vous avez laissé une femme agir mieux que vous, et vous y pensez maintenant avec douleur. Mais ce que vous ne m’avez pas fait alors, vous le pourrez à l’avenir chaque fois que vous vous pencherez avec amour sur un mourant pour le préparer à rencontrer Dieu. Je suis en tout mendiant, en tout mourant, pèlerin ou orphelin, je suis dans les veuves, dans les prisonniers, en ceux qui ont faim, soif ou froid, en ceux qui sont affligés ou fatigués. Je suis dans tous les membres de mon Corps mystique, qui est l’union de tous mes fidèles. Aimez-moi en eux et vous réparerez vos si nombreux manques d’amour, en me donnant beaucoup de joie et en acquérant une grande gloire.

    635.11 Considérez enfin que le monde, l’âge, les maladies, le temps, les persécutions conspirent contre vous. Ne soyez donc pas avares de ce que vous avez reçu ni imprudents. Transmettez en mon nom le sacerdoce aux meilleurs disciples afin que la terre ne reste pas sans prêtres. Et que ce caractère sacré soit accordé après un examen approfondi, non pas verbal, mais des actes de l’homme qui demande à être prêtre, ou de celui que vous jugez capable de l’être.

    Réfléchissez sérieusement à ce qu’est un prêtre, au bien qu’il peut accomplir, au mal qu’il peut provoquer. Vous avez vu l’exemple de ce que peut faire un sacerdoce déchu de son caractère sacré. En vérité, je vous dis qu’à cause des fautes du Temple, cette nation sera dispersée. Mais je vous dis aussi en vérité que la terre sera pareillement détruite quand l’abomination de la désolation [9] entrera dans le nouveau sacerdoce en conduisant les hommes à l’apostasie pour embrasser les doctrines de l’enfer. Alors surgira le fils de Satan. Les peuples gémiront dans une terrible épouvante, un petit nombre restant fidèle au Seigneur. Alors pareillement, dans des convulsions horribles, viendra la fin, avec la victoire de Dieu et du petit nombre de ses élus, et la colère de Dieu s’abattra sur tous les maudits. Malheur, trois fois malheur si, pour ce petit nombre, il ne se trouvera pas de saints, les derniers pavillons du Temple du Christ ! Malheur, trois fois malheur si, pour réconforter les derniers chrétiens, il n’y a plus de vrais prêtres comme il y en aura pour les premiers.

    En vérité, la dernière persécution sera horrible, car ce ne sera pas une persécution d’hommes, mais du fils de Satan et de ses partisans. Des prêtres ? Ceux de la dernière heure devront être plus que des prêtres, tant la persécution des hordes de l’Antéchrist sera féroce. Semblables à l’homme vêtu de lin de la vision d’Ezéchiel [10], assez saints pour rester au côté du Seigneur, ils devront inlassablement marquer par leur perfection un Tau sur les âmes des rares fidèles pour que les flammes de l’enfer n’effacent pas ce signe [11]. Des prêtres ? Des anges ! Des anges agitant l’encensoir chargé du parfum de leurs vertus pour purifier l’air des miasmes de Satan. Des anges ? Plus que des anges : d’autres Christ, d’autres moi-même, pour que les fidèles des derniers temps puissent persévérer jusqu’à la fin. Voilà ce qu’ils devront être.

    635.12 Mais le bien et le mal à venir s’enracinent dans le présent. Les avalanches commencent par un flocon de neige. Un prêtre indigne, impur, hérétique, infidèle, incrédule, tiède ou froid, éteint, fade, luxurieux, fait dix fois plus de mal qu’un fidèle coupable des mêmes péchés, et il entraîne un grand nombre de personnes au péché. Le relâchement dans le sacerdoce, l’accueil de doctrines impures, l’égoïsme, l’avidité, la concupiscence dans le sacerdoce, vous en connaissez l’issue : le déicide. Dans les siècles futurs, le Fils de Dieu ne pourra plus être tué, mais la foi en Dieu, l’idée de Dieu, oui. Ainsi s’accomplira un déicide encore plus irréparable parce que sans résurrection. Oui, il pourra s’accomplir. Je vois… Il pourra s’accomplir à cause des trop nombreux Judas des siècles à venir. Horreur !…

    Mon Eglise sortie de ses gonds par ses propres ministres ! Moi, je la soutiendrai à l’aide des victimes. Et eux, les prêtres qui en auront uniquement l’habit et non l’âme, aideront au bouillonnement des eaux agitées par le serpent infernal contre ta barque, Pierre. Debout ! Lève-toi ! Transmets cet ordre à tes successeurs : “ La main au timon, le fouet sur les naufragés qui ont voulu le désastre, et tentent de faire couler la barque de Dieu. ” Frappe, mais sauve et avance. Sois sévère, car il est juste de frapper les brigands. Défends le trésor de la foi. Tiens haut la lumière comme un phare au-dessus des eaux démontées, pour que ceux qui suivent ta barque voient et ne périssent pas. Pasteur et timonier pour les temps redoutables, recueille, guide, soulève mon Evangile parce que le salut se trouve en lui, et non dans quelque autre science.

    635.13 Il viendra des temps où, comme pour nous, hommes d’Israël, mais encore plus profondément, le sacerdoce se prendra pour une classe élue sous prétexte qu’il connaît le superflu, alors qu’il ne connaîtra plus l’indispensable, ou seulement sous la forme morte sous laquelle les prêtres actuels connaissent la Loi : dans son vêtement, exagérément alourdi de franges, mais pas dans son esprit. Il viendra des temps où tous les livres se substitueront au Livre. L’usage qu’on en fera se réduira à la façon mécanique dont on emploie un objet habituel qu’on est forcé d’utiliser, comme un paysan laboure, ensemence, récolte sans méditer sur la merveilleuse providence qu’est cette multiplication de semences qui chaque année se renouvelle : une semence, jetée dans la terre que l’on a labourée, devient tige, épi, puis farine et pain grâce au paternel amour de Dieu. Qui, en mettant dans sa bouche une bouchée de pain, élève son esprit vers celui qui a créé la première semence et depuis des siècles la fait renaître et croître, en dosant les pluies et la chaleur pour qu’elle s’ouvre, se dresse et mûrisse sans pourrir ou sans brûler ?

    De même, il viendra un temps où l’on enseignera l’Evangile scientifiquement bien, spirituellement mal. Or qu’est la science si la sagesse fait défaut ? C’est de la paille, de la paille qui gonfle et ne nourrit pas. En vérité, je vous dis qu’un temps viendra où trop de prêtres seront semblables à des greniers à paille bien remplis, qui plastronneront d’orgueil comme s’ils s’étaient donné par leurs propres mérites tous ces épis qui ont couronné la paille, ou comme si les épis se trouvaient encore à l’extrémité des brins de paille. Ils s’imagineront être tout parce que, au lieu de la poignée de grains, cette vraie nourriture qu’est l’esprit de l’Evangile, ils auront ce monceau de paille ! Mais la paille peut-elle suffire ? Elle ne suffit pas même pour le ventre des bêtes de somme, et si leur maître ne fortifie pas les animaux avec de l’avoine et des herbes fraîches, ils dépérissent et finissent par mourir.

    Je vous dis pourtant qu’un temps viendra où les prêtres oublieront que peu d’épis m’ont suffi pour apprendre aux âmes la vérité, ils oublieront ce qu’a coûté à leur Seigneur ce vrai pain de l’esprit, tiré tout entier et seulement de la sagesse divine, dit par la divine Parole. D’une forme doctrinale digne, il se répète inlassablement, pour que ne se perdent pas les vérités une fois proclamées. Il est humble, sans oripeaux de science humaine, sans explications supplémentaires historiques et géographiques. Mais il viendra un temps où ces prêtres ne se soucieront pas de son âme, mais du vêtement pour le couvrir, afin de montrer aux foules l’étendue de leurs connaissances, de sorte que l’esprit de l’Evangile se perdra sous ces avalanches de science humaine. Et s’ils ne le possèdent pas, comment pourront-ils le transmettre ? Que donneront aux fidèles ces greniers à paille bedonnants ? De la paille. Quelle nourriture en tireront les âmes des fidèles ? Autant qu’il en faut pour traîner une vie languissante. Quels fruits mûriront de cet enseignement et de la connaissance imparfaite de l’Evangile ? Un refroidissement des cœurs, une substitution de doctrines hérétiques, d’enseignements et d’idées encore plus qu’hérétiques, à l’unique véritable doctrine, qui prépareront le terrain à la Bête pour son règne éphémère de gel, de ténèbres et d’horreurs.

    En vérité, je vous dis que, comme le Père et Créateur multiplie les étoiles pour que le ciel ne se dépeuple pas à cause de celles qui périssent, une fois leur vie terminée, je devrai évangéliser mille fois des disciples que je disséminerai parmi les hommes au cours des siècles. J’ajoute que leur sort sera semblable au mien : la synagogue et ses orgueilleux les persécuteront comme ils m’ont persécuté. Mais, aussi bien eux que moi, nous tenons notre récompense : faire la volonté de Dieu et le servir jusqu’à la mort de la croix, pour que sa gloire resplendisse et que sa connaissance ne périsse pas.

    635.14 Mais toi, qui es pontife, et vous autres les pasteurs, veillez sur vous et sur vos successeurs afin que ne se perde pas l’esprit de l’Evangile. Priez inlassablement l’Esprit Saint, pour qu’en vous se renouvelle une continuelle Pentecôte : vous ne savez pas encore ce que je veux dire par là, mais vous le saurez bientôt afin que vous puissiez comprendre toutes les langues, afin que vous puissiez choisir mes voix et les distinguer de celles du Singe de Dieu : Satan. Et ne laissez pas tomber dans le vide mes voix futures. Chacune d’elles est une miséricorde de ma part pour vous venir en aide, et elles seront d’autant plus nombreuses que, pour des raisons divines, je verrai que le christianisme a besoin d’elles pour surmonter les bourrasques des temps.

    Tu es berger et timonier, Pierre ! Berger et timonier. Il ne te suffira pas un jour d’être berger si tu n’es pas marin, et d’être marin si tu n’es pas berger. Tu devras être l’un et l’autre pour garder dans l’unité les agneaux que des tentacules infernaux et des griffes féroces chercheront à arracher ou séduiront par des musiques mensongères de promesses impossibles. Il te faudra aussi faire avancer la barque soumise à tous les vents du septentrion, du midi, de l’orient et de l’occident, fouettée et battue par les forces des profondeurs, atteinte par les flèches des archers de la Bête, brûlée par l’haleine du Dragon, et balayée sur ses bords par sa queue, de sorte que les imprudents seront brûlés et périront en tombant dans l’eau bouleversée.

    Berger et timonier en des temps redoutables… Ta boussole, c’est l’Evangile. En lui se trouvent la vie et le salut. Tout y est dit. Il s’y trouve tous les articles du Code saint, et la réponse pour les cas multiples des âmes. Fais en sorte que les prêtres et les fidèles ne s’en écartent pas. Fais en sorte qu’il ne naisse pas de doutes sur lui, qu’on ne l’altère pas, qu’on ne le change pas, qu’on ne le falsifie pas.

    L’Evangile, c’est moi-même, de ma naissance à ma mort. Dans l’Evangile se trouve Dieu. Car en lui se manifestent les œuvres du Père, du Fils, de l’Esprit Saint. L’Evangile est amour. J’ai dit : “ Ma Parole est vie. ” J’ai dit : “ Dieu est charité ”. Que les peuples connaissent donc ma Parole et qu’ils aient en eux l’amour, c’est-à-dire Dieu, pour obtenir le Royaume de Dieu. Car celui qui n’est pas en Dieu n’a pas en lui la vie.

    Car ceux qui n’accueilleront pas la Parole du Père ne pourront pas ne faire qu’un avec le Père, avec moi et avec l’Esprit Saint au Ciel, et ils ne pourront appartenir au seul Bercail, qui est saint comme je le veux. Ce ne seront pas des sarments unis à la Vigne, car celui qui repousse en tout ou en partie ma Parole, est un membre dans lequel ne circule plus la sève de la vie. Ma Parole est un suc qui nourrit, qui fait grandir et porter des fruits.

    635.15 Vous ferez tout cela en mémoire de moi, qui vous l’ai enseigné. J’aurais encore beaucoup à vous dire. J’ai seulement jeté la semence. L’Esprit Saint la fera germer en vous. Mais j’ai tenu à semer moi-même, car je connais vos cœurs, et je sais comment la peur vous ferait hésiter devant des commandements spirituels, immatériels. La crainte d’être dupés paralyserait en vous toute volonté. C’est pour cela que je vous ai parlé le premier de toutes ces vérités. Plus tard, le Paraclet vous rappellera mes paroles et il les développera en détail [12]. Vous ne craindrez pas, car vous vous souviendrez que la première semence, c’est moi qui vous l’ai donnée.

    Laissez-vous conduire par l’Esprit Saint. Si ma main était douce pour vous conduire, sa lumière l’est plus encore. Il est l’Amour de Dieu. Ainsi, je pars heureux, car je sais qu’il va prendre ma place et vous conduire à la connaissance de Dieu. Vous ne le connaissez pas encore, bien que je vous aie souvent parlé de lui. Mais ce n’est pas votre faute : vous avez tout fait pour me comprendre — même si pendant trois années vous y êtes peu parvenus —, donc vous êtes justifiés. Le défaut de grâce vous émoussait l’esprit. C’est encore difficile maintenant, bien que la grâce de Dieu soit descendue sur vous de ma croix. Vous avez besoin du Feu. Un jour, j’ai parlé de cela à l’un de vous en suivant les chemins du Jourdain [13]. L’heure est venue. Moi, je retourne vers mon Père, mais je ne vous laisse pas seuls, car je vous laisse l’Eucharistie, c’est-à-dire votre Sauveur qui s’est fait nourriture pour les hommes. Et je vous laisse l’Ami : le Paraclet. Lui vous conduira. Je passe vos âmes de ma lumière à sa lumière, et il achèvera votre formation.

    635.16 – Tu nous quittes ici ? Maintenant ? Sur cette montagne ? »

    Ils sont tous désolés.

    « Non, pas encore. Mais le temps passe rapidement, et ce moment viendra bientôt.

    – Oh ! Ne me laisse pas sur la terre sans toi, Seigneur. Je t’ai aimé de ta naissance à ta mort, de ta mort à ta résurrection, toujours. Ce serait trop triste de ne plus te savoir parmi nous ! Tu as écouté la prière du père d’Elisée. Tu as exaucé tant de monde ! Ecoute la mienne, Seigneur ! supplie Isaac, à genoux, les mains tendues.

    – La vie que tu pourrais encore avoir serait de me prêcher, peut-être d’obtenir la gloire du martyre. Tu as su être martyr par amour pour moi quand j’étais enfant, et tu redoutes de l’être maintenant que je suis glorieux ?

    – Ma gloire serait de te suivre, Seigneur. Je suis pauvre et sot. Tout ce que je pouvais donner, je l’ai donné avec plaisir. Maintenant, voici ce que je souhaite : te suivre. Qu’il en soit cependant comme tu veux, maintenant et toujours. »

    Jésus pose la main sur la tête d’Isaac et l’y laisse en une longue caresse, pendant qu’il se tourne vers tous les autres pour dire :

    « Vous n’avez aucune question ? Ce sont mes dernières instructions. Parlez à votre Maître… Voyez-vous comme les petits sont en confiance avec moi ? »

    En effet, aujourd’hui aussi, Marziam appuie la tête contre le corps de Jésus, il se serre contre lui, et Isaac n’a pas montré la moindre timidité pour exposer son désir.

    « Effectivement… Oui… Nous avons beaucoup à te demander… répond Pierre.

    – Dans ce cas, interrogez-moi.

    635.17 – Voilà… Hier soir, quand tu nous as quittés, nous avons discuté entre nous de ce que tu nous avais dit. Aujourd’hui encore, d’autres pensées se bousculent en nous. Si on réfléchit bien, tu as annoncé la proche apparition d’hérésies et des séparations. Cela nous donne à réfléchir : nous devrons être très prudents envers ceux qui voudront venir dans nos rangs. Car c’est sûrement en eux que se trouvera la semence de l’hérésie et de la séparation.

    – Tu crois cela ? Israël n’a-t-il pas déjà divergé de son chemin vers moi ? Tu veux me dire ceci : que l’Israël qui m’a aimé ne sera jamais hérétique et divisé. N’est-ce pas ? Mais est-ce qu’il a jamais été uni, depuis des siècles, même dans l’ancienne formation ? Et a-t-il peut-être été uni pour me suivre ? En vérité, je vous dis qu’il porte en lui la racine de l’hérésie.

    – Mais…

    – Cela fait des siècles qu’il est idolâtre et hérétique sous une apparence de fidélité. Ses idoles, vous les connaissez, ses hérésies aussi. Les païens seront meilleurs que lui. C’est pour cela que je ne les ai pas exclus et je vous demande d’en faire autant.

    Cela vous sera extrêmement difficile, je le sais. Mais rappelez-vous les prophètes. Ils annoncent la vocation des païens [14] et la dureté des juifs [15]. Pourquoi voudriez-vous fermer les portes du Royaume à ceux qui m’aiment et viennent à la lumière que leur âme cherchait ? Les croyez-vous plus pécheurs que vous, sous prétexte que jusqu’à présent ils n’ont pas connu Dieu, qu’ils ont suivi leur religion et qu’ils la suivront tant qu’ils ne seront pas attirés par la nôtre ? Il ne le faut pas. Je vous assure qu’ils sont meilleurs que vous, car, malgré leur religion qui n’est pas sainte, ils savent être justes.

    Il y a des justes dans toutes les nations et toutes les religions. Dieu regarde les œuvres des hommes, et non leurs paroles. Et s’il voit un païen au cœur juste accomplir naturellement ce que la Loi du Sinaï commande, pourquoi devrait-il le considérer comme méprisable ? N’est-il pas méritoire, pour un homme qui ignore que Dieu interdit ceci ou cela parce que c’est mal, qu’il s’impose de lui-même de suivre fidèlement ce commandement parce que sa raison lui révèle que ce n’est pas bien ? N’a-t-il pas un plus grand mérite que celui, très relatif, de l’homme qui connaît Dieu, les fins dernières et la Loi qui permet d’y parvenir, mais s’autorise de continuels compromis ou petits calculs pour adapter le commandement parfait à sa volonté corrompue ? Que vous en semble ? Est-ce que Dieu apprécie les échappatoires qu’Israël a mises à l’obéissance pour ne pas avoir à trop sacrifier sa concupiscence ? Que vous en semble ? Est-ce que, lorsqu’un païen quittera ce bas monde en étant juste aux yeux de Dieu pour avoir suivi la juste loi que sa conscience s’est imposée, Dieu le jugera comme un démon ? Je vous le dis : Dieu jugera les actions des hommes, et le Christ, le Juge de tous, récompensera [16] ceux chez qui le désir de l’âme a entendu la voix d’une loi intérieure pour arriver à la fin dernière de l’homme : se réunir à son Créateur, au Dieu inconnu pour les païens, mais au Dieu qu’ils sentent être vrai et saint au-delà du décor peint des faux Olympes.

    635.18 Veillez même attentivement à ne pas être, vous, une occasion de scandale pour les païens. Trop souvent, le nom de Dieu a été ridiculisé chez les païens à cause des œuvres des enfants du peuple de Dieu. Ne vous prenez pas pour les trésoriers exclusifs de mes dons et de mes mérites. Je suis mort pour les juifs comme pour les païens. Mon Royaume appartiendra à toutes les nations. N’abusez pas de la patience avec laquelle Dieu vous a traités jusqu’ici pour vous dire : “ A nous, tout est permis. ” Non, je vous l’affirme : il n’y a plus tel ou tel peuple, il y a mon Peuple.

    Dans mon Peuple, les vases qui sont utilisés au service du Temple ont la même valeur que ceux qui se trouvent déposés maintenant sur les tables de Dieu. J’ajoute même que de nombreux vases qui sont utilisés au service du Temple, mais non pas de Dieu, seront jetés au rebut, et l’on mettra à leur place sur l’autel des vases qui ne connaissent pas encore l’encens, l’huile, le vin ou le baume, mais qui désirent s’en remplir et servir à la gloire du Seigneur.

    N’exigez pas trop des païens. Il suffit qu’ils aient la foi et obéissent à ma Parole. Une nouvelle circoncision se substitue à l’ancienne. L’homme est dorénavant circoncis dans son cœur, mieux encore, dans son esprit ; car mon sang très pur s’est substitué au sang des circoncis pour signifier la purification de la concupiscence qui a exclu Adam de la filiation divine. Son efficacité est la même, que le corps de l’homme soit circoncis ou non, pourvu qu’il ait mon baptême et renonce à Satan, au monde, à la chair par amour pour moi. Ne méprisez pas les incirconcis. Dieu n’a pas méprisé Abraham. En raison de sa justice, il l’a élu chef de son Peuple [17] avant même que la circoncision ait mordu sa chair. Si Dieu s’est approché d’Abraham incirconcis pour lui révéler ses commandements, vous pourrez vous approcher des incirconcis pour les instruire dans la Loi du Seigneur. Considérez à combien de péchés et à quel péché sont arrivés ceux qui étaient circoncis. Ne vous montrez donc pas inexorables envers les païens.

    – Mais devrons-nous leur transmettre ce que tu nous as enseigné ? Ils n’y comprendront rien, car ils ne connaissent pas la Loi.

    – C’est ce que vous dites. Mais Israël a-t-il compris, lui qui connaissait la Loi et les prophètes ?

    – C’est vrai.

    – Soyez néanmoins vigilants. Vous direz ce que l’Esprit vous suggérera verbalement, sans peur, sans vouloir agir par vous-même.

    635.19 Quand ensuite s’élèveront parmi les fidèles des faux prophètes qui présenteront leurs idées comme étant idées inspirées — mais elle seront hérétiques —, alors vous combattrez par des moyens plus fermes que la parole. Mais ne vous inquiétez pas. L’Esprit Saint vous guidera. Je ne dis jamais rien qui ne s’accomplisse.

    – Et que ferons-nous des hérétiques ?

    – Combattez de toutes vos forces l’hérésie elle-même, mais cherchez par tous les moyens à convertir au Seigneur les personnes. Ne vous lassez pas de chercher les brebis égarées pour les ramener au Bercail. Priez, souffrez, faites prier, faites souffrir, demandez l’aumône de sacrifices et de souffrances aux personnes pures, bonnes, généreuses, pour obtenir la conversion des frères. La Passion du Christ se prolonge chez les chrétiens. Je ne vous ai pas exclus de cette grande œuvre qu’est la Rédemption du monde. Vous êtes tous membres d’un unique corps. Aidez-vous mutuellement. Que l’homme fort et en bonne santé travaille pour les plus faibles. Que celui qui est dans l’unité tende la main à ses frères éloignés et les appelle.

    – Mais y seront-ils, après avoir été frères dans une unique maison ?

    – Oui.

    – Et pourquoi ?

    – Pour bien des raisons. Ils porteront encore mon nom. Ils s’en glorifieront même. Ils travailleront à le faire connaître. Ils contribueront à ce que je sois connu jusqu’aux extrémités de la terre. Laissez-les faire car, je vous le rappelle, celui qui n’est pas contre moi est pour moi. Mais le travail de ces pauvres enfants sera toujours partiel, leurs mérites toujours imparfaits. Ils ne pourront être en moi s’ils sont séparés de la Vigne. Leurs œuvres seront toujours incomplètes. Que vous-mêmes et ceux qui prendront votre suite aillent toujours les rejoindre là où ils se trouvent. Ne dites pas comme des pharisiens : “ Je n’y vais pas pour ne pas me contaminer. ” Ou comme des paresseux : “ Je n’y vais pas, puisqu’il y a déjà quelqu’un qui prêche le Seigneur. ” Ou par poltronnerie : “ Je n’y vais pas pour éviter qu’ils me chassent. ” Allez. Je vous le dis, allez dans toutes les nations, jusqu’aux confins du monde, pour que soient connues ma Doctrine tout entière et mon unique Eglise, et pour que les âmes aient la possibilité d’en faire partie [18].

    – Devrons-nous raconter ou écrire toutes tes actions ?

    – Je vous l’ai dit. L’Esprit Saint vous conseillera sur ce qu’il est bien de dire ou de taire selon les circonstances. Vous le voyez : on croit ou on nie ce que j’ai accompli, parfois même des gens qui me haïssent s’en font une arme contre moi. On m’a appelé Belzébuth quand, comme Maître et devant tout le monde, j’ai fait des miracles. Que diront-ils maintenant, quand ils sauront que j’ai agi si surnaturellement ? Ils me blasphémeront davantage encore. Et vous serez persécutés dès le début. Taisez-vous donc jusqu’à ce que vienne l’heure de parler.

    635.20– Mais si cette heure arrivait quand nous, les témoins, nous serons morts ?

    – Dans mon Eglise, il y aura toujours des prêtres, des docteurs, des prophètes, des exorcistes, des confesseurs, des gens qui feront des miracles, qui seront inspirés, autant qu’il lui en faudra pour que les gens reçoivent d’elle ce qui est nécessaire. Le Ciel, l’Eglise triomphante, ne laissera pas seule l’Eglise enseignante, et celle-ci viendra au secours de l’Eglise militante. Il n’y a pas trois corps, mais un seul. Il n’y a pas de séparation entre elles, mais communion d’amour et de fin : aimer la Charité, jouir d’elle au Ciel, qui est son Royaume. C’est pour cela que l’Eglise militante devra avec amour intercéder pour l’Eglise destinée à être triomphante, mais qui en est encore exclue à cause de l’expiation satisfactoire [19] des manquements absous, mais pas encore entièrement payés devant la parfaite Justice divine. Tout, dans le Corps mystique, doit se faire dans l’amour et par l’amour. Car l’amour est le sang qui circule en lui. Venez donc au secours des frères qui purgent leur peine. Je vous ai dit que les œuvres de miséricorde corporelles vous acquièrent une récompense dans le Ciel. Il en va de même des œuvres spirituelles.

    En vérité, je vous dis que les prières d’intercession pour que les morts puissent entrer dans la paix est une grande œuvre de miséricorde dont Dieu vous bénira et dont ceux qui en profitent vous seront reconnaissants. Lorsque, à la résurrection de la chair, tous les hommes seront rassemblés devant le Christ leur Juge, il y aura aussi, parmi ceux que je bénirai, les personnes qui ont fait preuve d’amour pour leurs frères en voie de purification, en offrant et en priant pour leur paix. Je vous le dis, pas une seule bonne action ne restera sans fruit, et beaucoup brilleront d’un vif éclat dans le Ciel sans avoir prêché, administré, accompli des voyages apostoliques ou embrassé un état de vie particulier, mais seulement pour avoir prié et souffert dans le but de procurer la paix à ceux qui se purifient, et d’amener les mortels à la conversion. Eux aussi, ces prêtres ignorés du monde, ces apôtres inconnus, ces victimes que Dieu seul voit, recevront le salaire des ouvriers du Seigneur pour avoir fait de leur vie un perpétuel sacrifice d’amour pour leurs frères et pour la gloire de Dieu. Je vous dis qu’en vérité il y a bien des chemins qui mènent à la vie éternelle. Celui-ci est particulièrement cher à mon cœur.

    635.21 Avez-vous d’autres questions à me poser ? Parlez.

    – Seigneur, hier, et pas seulement hier, nous réfléchissions à ta parole : “ Vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. ” Mais désormais, nous sommes onze…

    – Choisissez le douzième. Cela te revient, Pierre.

    – A moi ? Non, pas à moi, Seigneur ! Désigne-le toi-même.

    – J’ai choisi mes douze apôtres une fois et je les ai formés. Puis j’ai choisi leur chef. Plus tard, je leur ai donné la grâce et leur ai infusé l’Esprit Saint. Il leur appartient maintenant de marcher tout seuls, car ce ne sont plus des nourrissons incapables de le faire.

    – Mais dis-nous, au moins, où nous devons porter nos regards…

    – Voilà la partie élue du troupeau, répond Jésus en faisant un vaste geste circulaire au-dessus des diciples — la partie des soixante-douze disciples restée sur place.

    – Non, Seigneur, pas nous! La place du traître nous fait peur, supplient-ils.

    – Alors prenons Lazare. Est-ce ta volonté, Seigneur ? »

    Jésus se tait.

    « Joseph d’Arimathie ? Nicodème ? »

    Jésus se tait.

    « Mais oui ! Prenons Lazare.

    – C’est à l’ami parfait que vous pensez donner cette place dont vous ne voulez pas ? demande Jésus.

    – Seigneur, je voudrais te dire un mot, intervient Simon le Zélote.

    – Parle.

    – Je suis sûr que, par amour pour toi, Lazare accepterait cette place ; il la tiendrait d’une façon si parfaite qu’il ferait oublier à qui elle était. Mais il ne me semble pas convenable de le faire pour d’autres raisons. Les vertus spirituelles de Lazare existent chez beaucoup d’hommes humbles de ton troupeau. Et je pense qu’il vaudrait mieux leur donner la préférence, pour que les fidèles ne disent pas que l’on a cherché le pouvoir et la richesse, comme le font les pharisiens, et non la seule vertu.

    – Tu as bien parlé, Simon, et avec justice, sans te laisser influencer par ton amitié pour Lazare.

    – Alors faisons de Marziam ton douzième apôtre. C’est un enfant.

    – Moi, pour effacer ce vide horrible, j’accepterais, mais je n’en suis pas digne. Comment pourrais-je parler à des adultes, moi qui suis un enfant ? Seigneur, tu dois dire si j’ai raison.

    – Tu as raison. Mais ne vous hâtez pas. L’heure viendra, et vous serez étonnés alors d’avoir tous la même pensée. Priez en attendant. Moi, je m’en vais. Retirez-vous pour prier. Pour le moment, je vous congédie. Arrangez-vous pour être tous à Béthanie le quatorzième jour de Ziv. »

    Il se lève tandis que tous s’agenouillent, prosternés, le visage dans l’herbe. Il les bénit et la lumière, sa servante qui annonce et précède son arrivée comme elle l’accueille à son départ, l’étreint et le cache en l’absorbant une fois encore.


Observation


L'eau lustrale


A diverses occasions dans l’œuvre de Maria Valtorta, Jésus fait allusion à l’eau lustrale : « Prenez donc à l'antique Loi mosaïque l'eau lustrale, qui servait pour purifier ceux qui étaient impurs » (EMV 635.5). Ou comme dans ce dialogue avec un synhédriste : « “Tu oses dire que tu peux remettre les péchés. Comment le fais-tu ?” “Si avec un peu d'eau lustrale et le sacrifice d'un bélier il est permis et croyable qu'on annule une faute, qu'on l'expie et qu'on en soit purifié, comment ne le pourront pas mes pleurs, mon Sang et ma volonté ?” » (EMV 604.5). Plus loin encore, Jésus utilise cette même notion d’eau lustrale, mais dans un sens symbolique : « La lèpre du paganisme sera purifiée avec l’eau lustrale faite avec le sang des martyrs » (EMV 103.2). Et commentant la mort subite du pharisien Doras, Il déclare : « C’étaient les larmes d’un repentir sincère qui auraient dû être son eau lustrale » (EMV 127.7)


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Purification avec l’eau lustrale

L’eau lustrale, destinée à la purification, était en usage dans le monde païen depuis la plus haute Antiquité. Dans la Bible, c’est cette eau de source dans laquelle le grand prêtre déposait des cendres de la vache rousse et éteignait un tison ardent tiré du feu du sacrifice (Nb 19, 1-21). Elle servait aux purifications de ceux qui avaient contracté quelque impureté, par l'attouchement d'un cadavre, d'un sépulcre ; on en purifiait aussi les maisons ou les tentes dans lesquelles s'était trouvé un corps mort. « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures » (Ez 36,25).


[1] Aux justes jusqu’à ma mort, c’est-à-dire aux justes qui ont vécu jusqu’à ma mort, distincts de ceux à venir, pour lesquels un moyen est nécessaire.

[2] Ceux qui n’ont pas la faute originelle : il s’agit de Marie par l’oeuvre de Dieu et de Jésus par nature divine, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée. En ce qui concerne Marie, l’affirmation de son immaculée conception est constante dans toute l’Œuvre, à commencer par 1.3 et 4.5. En ce qui concerne Jésus, sa nature divine est affirmée, par exemple, en 126.3 et en 642.3. Il faut ajouter que Jean‑Baptiste était lui aussi préservé du péché originel, puisqu’il avait été sanctifié dès le sein de sa mère, comme cela est dit en 9.5, raconté en 127.5 et rappelé à plusieurs reprises (notamment en 45.6, 166.8 et 567.16). Néanmoins, comme cela est clairement expliqué en 414.8, il faut ajouter que Jésus (en tant qu’homme) et Marie furent conçus sans le péché originel (le premier de par sa nature divine, la seconde par l’œuvre de Dieu), tandis que Jean‑Baptiste en fut racheté par l’œuvre de Dieu, après sa conception et avant sa naissance.

[3] Baptême : son institution semble donc être liée au lavement des pieds (en 600.11). La différence de nature entre le baptême de Jean — donné aussi, à certaines occasions, par Jésus ou par ses disciples (119.7/9) — est expliquée en 96.4 ; 259.3/4 ; 600.11 ; 630.19 ; 638.11.

[4] Cf. Matthieu 28,19.

[5] Ce rituel est prescrit en Nombres 19,17-22.

[6] Cf. Ézéchiel 47,1 et suivants.

[7] Consécrations mosaïques comme celles prescrites en Exode 29,1-35 et Lévitique 8.

[8] Comme on le voit dans Tobie 7,14.

[9] L’abomination de la désolation, comme mentionnée en Daniel 9,27 ; 11,31 ; 12,11.

[10] Ezéchiel 9,2.3.11 ; 10,2.6.7.

[11] Le Tav (ou taw), dernière lettre de l’alphabet hébreu, symbolise Yahvé. Ézéchiel y fait référence dans sa prophétie (Ézéchiel 9:4-6. Saint Cyprien de Carthage (IIIe siècle) interprète la prophétie d’Ézéchiel comme l’annonce de la croix du Christ (Adversus Marcionem, III, 22).) :        
« Passe par le milieu de la ville, et marque d’un Thau le front des hommes ».      
Sa forme primitive était une croix ou un x qui la faisait marquer sur le front des premiers chrétiens. Elle est à l’origine de la lettre T que l’on retrouve dans notre alphabet ou dans le grec. Les franciscains l’ont adopté comme croix.        
La leçon n° 3 des Leçons sur l’épître de saint Paul aux romains, y fait référence en annonçant l’avènement de la Vierge des Derniers Temps..

[12] Jean 14,26. Jésus reprend une partie du discours qu'Il a tenu lors de la dernière Cène. Cf. EMV 600.

[13] En EMV 361.5.

[14] Ils annoncent la vocation des païens, par exemple en Isaïe 45,14-17 ; 49,5-6 ; 55,5 ; 60,19-21 ; Michée 4,1-2 : Sophonie 3,9-10 ; Zacharie 8,20-23.

[15] La dureté des Juifs, par exemple en Exode 32,7-10 ; 33,5 ; 34,8 ; Deutéronome 9,1-14 ; 31,24-27 ; 2 Chroniques 30,7-8 ; 36,14-16 ; Jérémie 3,6-25 ; 4,1-4 ; 7,21-28 ; Ezéchiel 2,3-8 ; 3,4-9 ; 6,11-14 ; 7,15-27 ; 8 ; 11,2-12 ; 20 ; 22. Déjà en EMV 177.4.

[16] Récompensera : parce qu’ils appartiennent à l’âme de l’Église, note Maria Valtorta sur une copie dactylographiée.

[17] Il l’a élu, par exemple en Genèse 12,1-3.7.

[18] Cf. Matthieu 28,19.

[19] Relatif au pouvoir de racheter les fautes commises.







SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-021.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/lecons-sur-les-sacrements-et-predictions-sur-l-eglise.html


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 27 Aoû - 21:44

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

636. La Pâque supplémentaire.

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 21
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 635

Vision du mercredi 23 avril 1947


Dimanche 5 mai 30
Béthanie


Episode audio:

 

636.1 Cette fois, l’ordre de Jésus a été exécuté à la lettre et Béthanie regorge de disciples. Les prés en sont pleins, ainsi que les sentiers, les vergers, les oliveraies de Lazare. Comme ces lieux ne suffisaient pas à contenir tant de personnes qui veillent à ne pas endommager les biens de l’ami de Jésus, beaucoup se sont dispersées dans les oliveraies qui mènent de Béthanie à Jérusalem par les chemins de l’Oliveraie.

Les plus proches de la maison sont les disciples de longue date. Un peu plus loin, c’est une vraie foule de visages peu connus, ou tout à fait inconnus. Mais qui peut désormais reconnaître tant de personnes et retrouver leur nom ? Je crois qu’il y en a des centaines. De temps en temps, en faisant un effort de mémoire, un visage ou un nom me rappelle des gens que j’ai vus parmi ceux qui ont profité des bienfaits de Jésus ou ont été convertis par lui, peut-être à la dernière heure. Mais les reconnaître tous dépasse mes possibilités. Ce serait comme si je prétendais identifier qui se trouvait dans la foule qui se pressait le long des rues de Jérusalem le dimanche des Rameaux ou le douloureux vendredi, ou celle qui couvrait le Calvaire d’un tapis de visages, la plupart déformés par la haine.

Les apôtres vont et viennent autour de la maison de Simon : ils y entrent, en sortent, circulent parmi les gens pour les calmer ou pour répondre à leurs questions, avec l’aide de Lazare et de Maximin. Aux portes-fenêtres de l’étage supérieur de la maison de Simon, on voit apparaître et disparaître tous les visages des femmes disciples : chevelures grises, chevelures brunes, parmi lesquelles resplendissent les têtes blondes de Marie-Madeleine et d’Aurea. De temps en temps, l’une d’elles sort pour regarder, puis se retire. Elles sont toutes là, vraiment toutes : jeunes et vieilles, et même celles qui ne sont jamais venues, comme Sarah d’Aféqa. Sur la terrasse jouent les enfants rassemblés par Sarah, les petits-fils d’Anne de Mérom, Marie et Matthias, et aussi Shalem, le petit-fils de Nahum autrefois difforme, mais qui maintenant est heureux et en parfaite santé, et puis d’autres encore. C’est une joyeuse bande d’oiseaux surveillés par Marziam et d’autres jeunes disciples comme le pâtre d’Hennon et Jaias de Pella. Je vois aussi, parmi les enfants, le petit garçon de Sidon qui était aveugle. On comprend que son père l’ait amené avec lui.

636.2 Le soleil est sur le point de se coucher, dans une splendeur pleine de sérénité.

Pierre délibère avec Lazare et avec ses compagnons.

« Je pense qu’il serait bon de congédier les gens » suggère-t-il. « Qu’en dites-vous ? Il ne viendra pas aujourd’hui. Et beaucoup de ces gens doivent ce soir consommer la petite Pâque.

– Oui. Il vaut mieux les renvoyer. Peut-être le Seigneur aura-t-il jugé bon de ne pas venir aujourd’hui. A Jérusalem, tous ceux du Temple se sont réunis. Je ne sais comment ils ont appris la nouvelle de sa venue, et… dit Lazare.

– Et alors ? Que peuvent-ils lui faire, désormais ? l’interrompt Jude avec véhémence.

– Tu oublies qui ils sont, reprend Lazare. En disant cela, j’ai tout dit. S’ils ne peuvent rien contre lui, ils peuvent faire beaucoup de mal à ceux qui sont venus l’adorer. Or le Seigneur ne veut pas nuire à ses fidèles. Du reste, crois-tu que, aveuglés comme ils le sont par leur péché et par leur pensée — toujours la même, immuable —, ils n’ont pas, parmi toutes les idées qui s’entrechoquent dans leurs têtes, l’opinion que le Seigneur est ressuscité, ou plutôt qu’il n’est jamais mort et qu’il est sorti de là comme quelqu’un qui s’éveille de lui-même ou avec la complicité d’un grand nombre ? Vous ne savez pas quel maquis sauvage de pensées, quel enchevêtrement, quel tourbillon de suppositions ils ont en eux. Ils se les sont créées pour ne pas reconnaître la vérité. On peut vraiment dire que les complices d’hier sont divisés aujourd’hui pour la même raison qui les tenait unis auparavant. Et certains sont séduits par leurs idées. Vous voyez ? Certains ne sont plus au nombre des disciples…

– Eh bien ! laisse-les partir. Il en est venu de meilleurs. C’est sûrement parmi ceux qui sont partis qu’il faut chercher les informateurs du Sanhédrin qui lui ont appris que le Seigneur serait ici le quatorzième jour du second mois. Et après leur délation, ils n’ont plus le courage de réapparaître. Loin d’ici ! Loin d’ici ! Il y a assez de traîtres ! tonne Barthélemy.

– Nous en aurons toujours, mon ami ! » dit Simon le Zélote. « Les hommes se laissent trop influencer par leurs impressions et les intimidations. Mais nous ne devons pas craindre, le Seigneur nous l’a bien recommandé.

– Et nous ne craignons rien, renchérit Pierre. Il y a quelques jours à peine, nous avions encore peur. Vous en souvenez-vous ? Pour ma part, je redoutais notre retour ici. Maintenant, il me semble ne plus avoir cette crainte. Mais je ne me fie pas trop à moi. Vous aussi, ne vous fiez pas trop à votre Céphas [1], car j’ai déjà montré une fois que je suis de l’argile qui s’effrite, et non du granit compact. 636.3 Eh bien ! congédions ces gens. Vas-y, Lazare.

– Non, Simon-Pierre, c’est ton rôle. Tu es le chef… » lui rétorque Lazare avec bienveillance en lui passant un bras autour du cou.

Il le pousse vers l’escalier et le fait monter jusqu’à la terrasse qui entoure la maison de Simon.

Pierre fait signe qu’il s’apprête à prendre la parole, et les plus proches se taisent. Ceux qui sont au loin accourent. Pierre attend que la plupart soient venus l’entourer, puis il dit :

« Hommes de toutes les régions d’Israël, écoutez. Je vous exhorte à retourner en ville. Le soleil a commencé à descendre. Partez donc. Si Jésus vient, nous vous le ferons savoir à tout prix. Que Dieu soit avec vous. »

Il se retire pour entrer dans une pièce largement aérée où la Vierge est entourée des femmes disciples les plus fidèles. Je remarque la présence d’autres femmes qui aimaient le Seigneur comme Maître sans pourtant l’avoir suivi dans ses pèlerinages. Pierre va s’asseoir dans un coin en regardant Marie, qui lui sourit.

Dehors, la foule se divise lentement : les uns restent, les autres prennent la route de la ville. Voix d’adultes qui appellent les enfants, petites voix d’enfants qui répondent. Puis le bourdonnement se fait plus sourd.

« Maintenant, dit Pierre, nous allons partir nous aussi…

– Père, le Seigneur avait annoncé sa venue !…

– Eh ! je le sais ! Mais comme tu vois, il n’est pas venu. Or c’est le jour prescrit…

636.4 – Oui » intervient Marie de Magdala. « Et mon frère a déjà préparé pour vous tout ce qu’il faut. Voici Marc, fils de Jonas, qui va vous conduire et vous ouvrir la grille. Mais je vous accompagne, moi aussi. Nous venons tous. Lazare a prévu large, il y aura assez pour tous.

– Et où allons-nous consommer la cène avec un tel monde ?

– Le Cénacle sera Gethsémani même. A l’intérieur de la maison se trouve la pièce pour ceux dont Jésus a parlé. Pour les autres, des tables sont préparées dehors, près de la maison.. C’est ce qu’il a voulu.

– Qui ? Lazare ?

– Le Seigneur.

– Le Seigneur ? Mais quand est-il venu ?

– Il est venu… Que t’importe le jour ? Il est venu, et il a parlé avec Lazare.

636.5 – Je crois qu’il vient, dit Barthélemy, et aussi qu’il est allé trouver chacun de nous, même si aucun de nous ne le dit pour garder cette joie comme sa perle la plus chère, qu’il craint de montrer de peur qu’elle ne perde sa plus belle lumière. Ce sont les secrets du Roi ! »

Il observe le groupe des vierges, dont le visage s’empourpre comme s’il était frappé par un rayon du soleil couchant. Mais c’est une flamme spirituelle de joie intense qui les illumine.

Marie, la Vierge des vierges, dans son blanc vêtement de lin, tel un lys revêtu de pureté, incline la tête en souriant sans mot dire. Comme elle ressemble en ce moment à la jeune Vierge de l’Annonciation !

« Certes… Il ne nous laisse pas seuls, même s’il ne nous apparaît pas visiblement. J’affirme que c’est lui qui met certaines pensées dans mon pauvre cœur et dans mon âme encore plus pauvre… » avoue Matthieu.

Les autres restent en silence… tout en mettant leurs manteaux, ils s’examinent mutuellement. Mais le soin même avec lequel certains se couvrent le plus possible le visage, pour tenir caché le flot de joie spirituelle qui affleure à la pensée de leurs secrètes rencontres divines, montre qu’ils sont les plus favorisés.

« Avouez-le donc ! » disent les autres. « Nous n’en sommes pas jaloux ! Ce n’est pas l’indiscrétion qui motive notre désir de savoir. Mais nous serons réconfortés par l’espoir que nous ne serons pas pour toujours privés de sa vue ! Souvenez-vous des paroles de Raphaël à Tobie : “ S’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent. [2] ” L’ange de Dieu a raison ! Gardez pour vous le secret des paroles que Dieu vous a dites, mais révélez son continuel amour pour vous. »

Jacques, fils d’Alphée, regarde Marie, comme pour recevoir d’elle une lumière et, l’ayant vu donner son accord par un sourire, il déclare :

« C’est vrai. J’ai vu le Seigneur. »

Rien de plus. Et il est le seul à parler. Les deux autres qui se sont bien couverts, c’est-à-dire Jean et Pierre, ne disent pas un mot.

636.6 Ils sortent tous en groupes : d’abord les Onze, puis Lazare avec ses sœurs et les femmes disciples autour de Marie, en dernier lieu les bergers et beaucoup des soixante-douze disciples. Ils se dirigent vers Jérusalem par la route haute qui mène à l’Oliveraie. Les enfants qui sont restés courent devant et derrière, tout heureux.

Marc indique un sentier qui évite le champ des Galiléens et les endroits les plus fréquentés et conduit directement à la nouvelle enceinte du jardin des Oliviers. Il ouvre, les fait passer, referme. Beaucoup de disciples bavardent, et l’un d’eux va interroger les apôtres, Jean en particulier. Mais eux font signe d’attendre : ce n’est pas l’heure de faire ce qu’ils demandent, et tous se tiennent tranquilles.

Quelle paix dans la vaste oliveraie ! Un dernier rayon de soleil éclaire encore la partie la plus élevée, alors que l’ombre a déjà atteint les régions les plus basses. Un léger bruissement du vent dans les feuillages vert-argenté et de joyeux chants d’oiseaux saluent le jour qui meurt.

636.7 Voici la maisonnette du gardien. Sur la terrasse qui lui sert de toit, Lazare a fait dresser un pavillon de tentes, de sorte que la terrasse s’est changée en un cénacle aérien pour ceux des disciples qui n’ont pas pu consommer la Pâque le mois précédent. En bas, sur la petite aire bien nettoyée, d’autres tables ont été dressées. A l’intérieur de la maison, dans la meilleure pièce, se trouve la table des femmes disciples.

On apporte aux différentes tables des premiers les agneaux rôtis, les laitues, les azymes et la sauce rougeâtre, et on dispose les calices rituels. Sur celle des femmes, il n’y a pas ce calice, mais autant de coupes que de convives. On comprend que les femmes étaient dispensées de cet aspect de la cérémonie. Sur les tables de ceux qui ont déjà consommé la Pâque au temps normal, il y a l’agneau, mais sans les azymes et les laitues avec la sauce rougeâtre.

Lazare et Maximin dirigent tout le service. Lazare se penche sur Pierre pour lui dire quelques mots qui provoquent chez l’apôtre une vive manifestation de refus obstiné.

« Et pourtant… cela te revient » lui souffle Philippe, qui est à côté de lui.

Mais Pierre désigne Jacques, fils d’Alphée :

« C’est à lui que cela revient. »

636.8 Pendant qu’ils en débattent, le Seigneur apparaît au début de la petite aire et salue :

« Paix à vous. »

Tous se lèvent, et le bruit avertit les femmes de ce qui arrive. Elles sont sur le point de sortir, mais Jésus entre dans la maison en les saluant elles aussi.

Marie s’exclame :

« Mon Fils ! »

Et elle le vénère plus profondément que tous, indiquant par ce geste que, bien que Jésus puisse être ami, ami et parent au point même d’être fils, il est toujours Dieu et doit être vénéré comme tel. Vénéré toujours, avec un esprit qui adore même si son amour pour nous est prévenant au point de le pousser à se donner en toute confiance comme notre Frère et notre Epoux.

« Paix à toi, Mère. Asseyez-vous, mangez. Je monte sur la terrasse, où Marziam attend sa récompense. »

Il sort afin de monter l’escalier, et il hèle :

« Simon-Pierre et Jacques, fils d’Alphée, venez ! »

Les deux hommes montent à sa suite. Jésus s’assied à la table du milieu où se trouve Marziam en disant aux deux apôtres : « Vous ferez ce que je vous dirai » et au chef de table, qui est Matthias : « Commence le banquet pascal. »

Ce soir, Jésus a Marziam à son côté, à la place où était Jean l’autre fois. Pierre et Jacques sont derrière le Seigneur, attendant ses ordres.

636.9 Cette cène suit le même rituel que la cène pascale normale : les hymnes, les demandes, les libations. J’ignore s’il en est de même aux autres tables. Là où Jésus se trouve, c’est lui que je fixe des yeux, à moins que sa volonté ne m’oblige à regarder autre chose, et j’oublie tout pour contempler mon Seigneur. Il offre maintenant les meilleures bouchées de son agneau à Marziam, qui déborde manifestement de bonheur. Il a pris ces bouchées dans le plat, mais il ne mange ni agneau, ni laitue ni sauce et il ne boit pas au calice.

Au début, Jésus a fait signe à Pierre de se pencher vers lui et de l’écouter, après quoi Pierre a dit à haute voix :

« A ce moment, le Seigneur offrit pour nous tous le calice en qualité de Père et de Chef de sa Famille. »

Jésus fait un nouveau signe à Pierre, qui de nouveau l’écoute et se relève pour dire :

« A ce moment, le Seigneur se ceignit pour nous purifier et nous enseigner comment faire nous-mêmes pour consommer dignement le Sacrifice eucharistique. »

La cène continue jusque, sur un autre signe, Pierre ajoute :

« A ce moment, le Seigneur prit le pain et le vin, les offrit, et les bénit en priant, et après en avoir fait des parts, il nous les distribua en disant : “ Ceci est mon Corps et ceci est mon Sang de la nouvelle et éternelle Alliance, qui sera répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés. »

636.10 Jésus se lève. Il est très majestueux. Il ordonne à Pierre et à Jacques de prendre un pain, d’en faire de petites bouchées et de remplir de vin un calice, le plus grand qu’il y ait sur les tables. Ils obéissent et tiennent devant lui le pain et le vin. Jésus étend sur eux les mains en priant, sans autre action que le ravissement de son regard…

« Distribuez les morceaux de pain et présentez le calice fraternel. Toutes les fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi. »

Les deux apôtres obéissent, pleins de vénération…

Pendant que l’on distribue les espèces, Jésus descend chez les femmes. Je pense — mais je ne vois pas, car je n’entre pas — que Jésus donne la communion à sa Mère de ses propres mains. C’est mon avis. Je ne sais s’il correspond à la vérité, mais je ne comprendrais pas pourquoi il est allé là, si ce n’est dans ce but.

636.11 Puis il revient sur la terrasse. Il ne s’assied plus. La cène touche à sa fin.

Il demande :

« Est-ce que tout est consommé ?

– Tout est consommé, Seigneur.

– C’est ce que j’ai fait sur la croix. Levez-vous. Prions. »

Il étend les bras comme s’il était sur la croix et entonne la prière du Notre Père.

Je ne sais pas pourquoi je pleure. Je pense que c’est peut-être la dernière fois que je l’entends la dire… Comme aucun peintre ou sculpteur ne pourra jamais nous donner le véritable portrait de Jésus, ainsi personne, aussi saint qu’il soit, ne pourra réciter à la fois si virilement et si doucement le Notre Père. J’éprouverai toujours une grande nostalgie de ces Notre Père de Jésus, véritables colloques de son âme avec son Père des Cieux tant aimé et adoré, cri d’honneur, d’obéissance, de foi, de soumission, d’humilité, de miséricorde, de désir, de confiance… tout !

« Allez ! Que la grâce du Seigneur soit en vous tous et que sa paix vous accompagne » dit Jésus en prenant congé.

Et il s’en va dans un éclat de lumière qui dépasse de beaucoup la clarté de la lune, maintenant pleine et haute au-dessus du jardin silencieux, et celle des lampes disposées sur les tables.

Pas un mot. Des larmes sur les visages, l’adoration dans les cœurs… rien d’autre…

La nuit veille et connaît, avec les anges, les battements de cœur de ces disciples bénis.



[1] Céphas, le surnom donné par Jésus à "Pierre". Céphas veut en effet dire "roc" ou "pierre" (Kefa en araméen et Kephas en grec).

[2] Tobie 12,7.





SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-021.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/lecons-sur-les-sacrements-et-predictions-sur-l-eglise.html


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Sam 28 Aoû - 21:37

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

637. Adieu de Jésus à sa Mère avant de monter au Père. Nous avons tout par Marie.

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 21
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 635

Vision du mardi 22 février 1944.


Dimanche 5 mai 30
Gethsémani


Episode audio:

 

    637.1 Je vois la pièce qu’habite Marie. Les signes de la Passion en ont disparu.

    La Vierge, assise, lit. Il doit s’agir de livres sacrés, car il n’y a sûrement rien d’autre dans le rouleau qu’elle tient dans ses mains. Elle ne paraît plus torturée. Son visage est plus grave qu’avant la Passion, mais il a perdu toute expression tragique. Il est aujourd’hui majestueux, mais serein.

    Ce doit être le matin, car la fenêtre ouverte permet à un beau soleil de pénétrer dans la pièce. Je vois cependant que le jardin sur lequel la fenêtre donne, et qui est clos par de hauts murs, est encore couvert de rosée.

    637.2 Jésus entre. Il porte le même vêtement splendide qu’au matin de la Résurrection. Son visage rayonne d’éclat, et ses blessures sont de petits soleils.

    Marie s’agenouille en souriant, puis elle se relève et lui baise la main droite. Jésus la serre sur son cœur et dépose un baiser sur son front, avec un sourire, puis il lui demande un baiser que Marie, à son tour, lui donne sur le front.

    « Maman, mon temps sur la terre est terminé. Je monte vers le Père. Je suis venu te faire mes adieux en particulier et me montrer encore une fois à toi tel que je serai au Ciel. Je n’ai pu me manifester aux hommes dans ce vêtement de splendeur. Ils n’auraient pas pu supporter la beauté de mon corps glorifié. Cela dépasse leurs possibilités. Mais à toi, Maman, je le peux, et je viens te réjouir une fois encore de cette façon.

    Embrasse mes blessures, pour que je sente au Ciel le parfum de tes lèvres et que la douceur de mon sang demeure sur celles-ci.

    637.3 Mais sois sûre, Maman, que je ne te quitterai jamais. Je sortirai de ton cœur pendant les rares instants nécessaires à la consécration du pain et du vin et, après m’être détaché de toi avec peine, je reviendrai avec une impatience d’amour égale à la tienne, ô mon Ciel vivant dont je suis le Ciel !

    Nous ne serons jamais aussi unis que dorénavant. J’ai été tenu loin de toi et empêché de te dire combien je t’aime, d’abord lorsque j’étais un embryon, puis pendant ma petite enfance. Ensuite, j’ai été entravé par les combats de la vie et du travail, puis la mission, enfin la croix et le tombeau. Mais maintenant, je ne serai plus en toi un être en formation, et les obstacles du monde ne pourront plus interdire l’union de deux personnes qui s’aiment. Désormais, c’est en tant que Dieu que je serai en toi et rien, absolument rien sur la terre et au Ciel, ne sera en mesure de me séparer de toi et toi de moi, Mère sainte. Je te dirai des paroles d’un amour ineffable, je te prodiguerai des caresses d’une douceur inexprimable. Et tu m’aimeras pour ceux qui ne m’aiment pas.

    Par ton parfait amour, Maman, tu combles la mesure de l’amour que le monde ne donnera pas au Christ. C’est pourquoi ma venue est moins un adieu que la salutation de celui qui sort un instant, comme si j’allais cueillir des roses ou des lys dans ce jardin fleuri. Mais je t’apporterai du Ciel des roses et des lys bien plus beaux que ceux qui poussent ici. Je t’en emplirai le cœur, Maman, pour te faire oublier la saleté de la terre, qui refuse d’être sainte, et pour anticiper pour toi l’aube du bienheureux Paradis, où tu es attendue avec infiniment d’amour.

    Et l’Amour, qui ne sait pas attendre, viendra sur toi dans dix jours. Pare-toi de ta plus belle joie, ô Mère Vierge, car ton Epoux vient. L’hiver est passé… Les vignes en fleur exhalent leur parfum, et l’Epoux chante : “ Lève-toi, ma toute-belle. Viens, mon Epouse, tu seras couronnée. [1] ” Il te couronnera de son Feu, toi qui es sainte, il te réjouira de son Esprit qu’il infusera en toi avec toutes ses splendeurs, ô Reine de la Sagesse, sa Reine qui a su le comprendre dès le matin de ta vie et l’aimer comme aucune créature n’a jamais aimé.

    637.4 Mère, je monte vers notre Père. Mère bénie, sur toi repose la bénédiction de ton Fils. »

    En extase, Marie rayonne, dans cette pièce encore illuminée de la lumière du Christ.


Enseignement de Jésus à Maria Valtorta


    637.5 Jésus dit :

    « Ne vous demandez pas s’il m’était possible ou non de changer de vêtement. Je n’étais plus l’homme dépendant des nécessités humaines. J’avais l’univers comme escabeau sous mes pieds [2], et toutes les puissances me servaient. Alors si, quand j’étais l’Evangélisateur, j’ai pu me transfigurer sur le mont Thabor [3], n’aurais-je pas pu, une fois devenu le Christ glorieux, me transfigurer pour ma Mère ? Ou plutôt me changer pour les hommes et lui apparaître, à elle, tel que j’étais désormais : divin, glorieux, transfiguré, non plus l’homme que je montrais à tous, mais celui que j’étais en réalité. Ma pauvre Mère m’avait vu défiguré par les souffrances, il était juste qu’elle me voie transfiguré par la gloire.

    637.6 Ne vous demandez pas si je pouvais être réellement en Marie. Si vous dites que Dieu est au Ciel, sur la terre, partout, comment pouvez-vous douter que je puisse être en même temps au Ciel et dans le cœur de Marie, qui était un Ciel vivant ? Si vous croyez que je suis dans le sacrement de l’Eucharistie, enfermé dans vos ciboires, pourquoi douter que je sois dans ce ciboire très pur et très ardent qu’était le cœur de ma Mère ?

    Qu’est-ce que l’Eucharistie ? C’est mon corps et mon sang unis à mon âme et à ma divinité. Eh bien ! quand elle me portait, qu’avait-elle d’autre dans son sein ? N’avait-elle pas le Fils de Dieu, le Verbe du Père, avec son corps, son sang, son âme et sa divinité ? Si vous m’avez, n’est-ce pas parce que Marie m’a eu et m’a donné à vous après m’avoir porté neuf mois ? Eh bien ! De même que j’ai quitté le Ciel pour demeurer dans le sein de Marie, j’ai choisi, au moment de quitter la terre, le sein de Marie pour ciboire. Et quel ciboire, quelle cathédrale pourrait être plus beau et plus saint que celui-là ?

    La communion est un miracle d’amour que j’ai fait pour vous. Mais au sommet de mon dessein d’amour rayonnait la pensée d’amour infini que j’allais pouvoir vivre avec ma Mère et la faire vivre avec moi jusqu’à ce que nous soyons réunis au Ciel.

    637.7 C’est pour la joie de Marie que j’ai accompli mon premier miracle, à Cana de Galilée [4]. Le dernier, ou plutôt les derniers, ont été faits pour son réconfort, à Jérusalem : l’Eucharistie [5] et le voile de Véronique [6]. L’un pour apporter une goutte de miel à l’amertume de la Femme des Douleurs. L’autre pour ne pas lui faire sentir que Jésus n’était plus sur terre.

    Comprenez-le une bonne fois, c’est par Marie que vous avez tout, absolument tout ! Vous devriez l’aimer et la bénir à chaque souffle.

    Le voile de Véronique est aussi un point d’achoppement pour votre esprit sceptique. Hommes rationnels, tièdes, à la foi vacillante, vous qui procédez par d’arides analyses, comparez le visage du Voile à celui du Saint-Suaire. L’un est la face d’un vivant, l’autre celle d’un mort. Mais la longueur, la largeur, les caractères somatiques, la forme, les caractéristiques sont identiques. Superposez les images [7], vous verrez qu’elles correspondent. C’est bien moi. J’ai voulu rappeler comment j’étais et ce que je suis devenu par amour pour vous. Si vous n’étiez pas des hommes perdus, aveugles, ces deux visages devraient suffire à vous porter à l’amour, au repentir, à Dieu.

    Le Fils de Dieu vous quitte en vous bénissant avec le Père et avec le Saint-Esprit. »




[1] Cantique des cantiques 2,11-13.
[2] La Bible parle de la terre comme escabeau (scabillum, marchepied) de Dieu (cf. Matthieu 5,35). Jésus glorieux l’étend à l’Univers.
[3] Cf. La Transfiguration en EMV 349.
[4] Cf. Les noces de Cana en EMV 51.
[5] Cf. EMV 600.15 : La communion de Marie.
[6] Cf. EMV 612 : Nikê apporte le voile à Marie.
[7] Voir l’étonnante reconstitution du visage du Rédempteur.





SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-023.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/adieu-de-jesus-a-sa-mere.html


Anayel
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Lun 30 Aoû - 21:00

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

638. Derniers enseignements à Gethsémani et adieu.
Ascension de Jésus vers son Père.


Ancienne édition : Tome 10, chapitre 23
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 638

Vision du jeudi 24 avril 1947[1].


Jeudi 16 mai 30
Gethsémani


Episode audio:

 

        638.1 A l’orient, l’aurore commence à peine à rougir. Jésus se promène avec sa Mère dans les vallons de Gethsémani. Ils n’échangent pas le moindre mot, seulement des regards d’indicible amour. Peut-être les paroles ont-elles déjà toutes été dites. Peut-être n’ont-elles jamais été dites. Ce sont leurs deux âmes qui se sont parlé : celle du Christ, celle de la Mère du Christ. Maintenant, c’est une contemplation d’amour, une réciproque contemplation. La nature humide de rosée, la pure lumière du matin en ont connaissance, de même que ces gracieuses créatures de Dieu que sont les herbes, les fleurs, les oiseaux, les papillons. Les hommes sont absents.

    638.2 Personnellement, je me sens mal à l’aise d’être présente à ce moment d’adieu. “ Seigneur, je n’en suis pas digne ! ”, voilà mon cri tandis que mes larmes coulent en contemplant la dernière heure de l’union terrestre entre la Mère et le Fils et en pensant que nous voilà parvenus au terme de l’amoureuse fatigue, celle de Jésus, celle de Marie et du pauvre, petit, indigne enfant que Jésus a voulu comme témoin de tout le temps messianique, et qui a pour nom Maria [2], mais que Jésus aime appeler “ le petit Jean ” et aussi “ la violette de la croix ”.

    Oui. Petit Jean. Petit parce que je ne suis rien. Jean parce que je suis vraiment celle à qui Dieu a accordé de grandes grâces [3], mais aussi parce que, dans une mesure infinitésimale — mais c’est tout ce que je possède, et en donnant tout ce que je possède, je sais que je donne dans une mesure parfaite qui satisfait Jésus, car c’est le “ tout ” de mon rien — donc parce que, dans une mesure infinitésimale, j’ai imité le bien-aimé, le grand Jean : j’ai donné tout mon amour à Jésus et à Marie, en partageant avec eux larmes et sourires, et en les suivant, angoissée de les voir affligés et de ne pouvoir les défendre de la haine du monde au prix de ma propre vie ; et maintenant, je suis frémissante du frémissement de leur cœur pour ce qui prend fin pour toujours.

    Violette, oui. Une violette qui a cherché à se tenir cachée dans l’herbe pour que Jésus ne l’évite pas, lui qui aimait toute la création en tant qu’œuvre de son Père, mais me presse sous son pied divin. Si je pouvais mourir en exhalant mon délicat parfum dans l’effort de lui adoucir le contact avec la terre, si dure et raboteuse ! Violette de la croix, oui. Et son sang a rempli mon calice jusqu’à le faire pencher vers le sol…

    Oh ! mon Bien-aimé qui, plus tôt, m’as comblée de ton sang en me faisant contempler tes pieds blessés, cloués au bois… “ au pied de la croix, il y avait quelques violettes en fleur, et ton sang coulait goutte à goutte sur ces violettes en fleur… ”

    Souvenir lointain [4], mais à la fois si proche et si présent ! Préparation de ce que je suis devenue : ton porte-parole, qui est maintenant tout trempé de ton sang, de ta sueur et de tes larmes, des larmes de Marie ta Mère, mais qui connaît aussi tes paroles, tes sourires, tout, tout de toi, et qui exhale le parfum, non plus des violettes, mais le tien seul, mon unique Amour, ce parfum divin qui a bercé hier soir ma douleur et qui vient sur moi, doux comme un baiser, consolant comme le Ciel lui-même, et me fait tout oublier pour vivre de toi seul…

    638.3 J’ai en moi ta promesse. Je sais que je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis et ta promesse est sincère : elle vient de Dieu. Je te posséderai encore, toujours. C’est seulement si je péchais par orgueil, mensonge ou désobéissance, que je te perdrais. C’est toi qui l’as dit, mais tu sais qu’avec ta grâce pour soutenir ma volonté, je ne veux pas pécher, et j’espère ne pas le faire parce que tu me soutiendras. .Je ne suis pas un chêne, je le sais. Je suis une violette, une fleur frêle qui peut ployer sous le pied d’un oiseau ou même sous le poids d’un scarabée. Mais tu es ma force, Seigneur, et mon amour pour toi est mon aile.

    Je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis. Tu viendras, tout entier pour moi, pour faire la joie de ta violette mourante. Mais je ne suis pas égoïste, Seigneur. Tu le sais. Tu sais que je voudrais ne plus te voir et que d’autres te voient en grand nombre, afin qu’ils croient en toi. A moi, tu as déjà beaucoup donné malgré mon indignité. Vraiment, tu m’as aimée comme toi seul sais aimer tes enfants chéris.

    638.4 Je repense à la douceur de te voir “ vivre ”, homme parmi les hommes. Et je sais que je ne te verrai plus ainsi. Tout a été vu et dit. Je sais aussi que tu n’effaceras pas de ma pensée tes actions d’homme parmi les hommes, et que je n’aurai pas besoin de livres pour me souvenir de toi, tel que tu étais réellement. Il suffira que je regarde à l’intérieur de moi, où toute ta vie est inscrite en caractères indélébiles. Mais c’était doux, doux…

    Maintenant tu t’élèves… La terre te perd. Maria de la Croix [5] te perd, Maître Sauveur. Tu resteras pour elle un Dieu très doux. Ce n’est plus du sang, mais un miel céleste que tu verseras dans le calice violacé de ta violette… Je pleure… J’ai été ta disciple, en même temps que les autres, sur les chemins de montagne, dans les sentiers des forêts, ou sur les voies arides, poussiéreuses de la plaine, sur le lac comme près du beau fleuve de ta patrie. Désormais tu t’en vas, et je ne verrai plus qu’en souvenir Bethléem et Nazareth sur leurs vertes collines d’oliviers, Jéricho brûlée par le soleil au bruissement de ses palmiers, et Béthanie l’amie, ou encore Engaddi, cette perle perdue dans les déserts, pas plus que la belle Samarie, les plaines fertiles de Saron et d’Esdrelon, le haut-plateau bizarre d’au-delà du Jourdain, le cauchemar de la Mer Morte, les villes ensoleillées des bords de la Méditerranée, et surtout Jérusalem, la ville de ta souffrance, ses montées et ses descentes, les arcades, les places, les faubourgs, les puits et les citernes, les collines, et jusqu’à la triste vallée des lépreux où ta miséricorde s’est largement répandue… Et la maison du Cénacle… la fontaine qui pleure tout près… le petit pont sur le Cédron, l’endroit où tu as sué du sang… la cour du Prétoire…

    Ah, non ! tout ce qui concerne ta soufffrance se trouve ici et y restera toujours… Je devrai chercher tous les autres souvenirs pour les retrouver, mais ta prière à Gethsémani, ta flagellation, ta montée au Golgotha, ton agonie et ta mort, la douleur de ta Mère, non, je n’aurai pas à les chercher : elles me sont toujours présentes. Peut-être les oublierai-je au paradis.. mais il me paraît impossible de pouvoir les oublier, même là-bas… Je me rappelle jusqu’au moindre détail de ces heures atroces, jusqu’à la forme de la pierre sur laquelle tu es tombé, et même le bouton de rose rouge qui battait comme une goutte de sang sur le granit, contre la fermeture de ton tombeau…

    Mon Amour tout divin, ta Passion vit dans ma mémoire… et m’en brise le cœur…

    638.5 L’aurore s’est complètement levée. Le soleil est déjà haut sur l’horizon, et l’on entend la voix des apôtres. C’est un signal pour Jésus et Marie. Ils s’arrêtent, se regardent, l’un en face de l’autre, puis Jésus ouvre les bras et accueille sa Mère sur sa poitrine… Oh ! c’était bien un homme, un fils de femme ! Pour le croire, il suffit de regarder cet adieu ! L’amour déborde en une pluie de baisers sur la Mère tant aimée. L’amour couvre de baisers le Fils tant aimé. C’est à croire qu’ils ne pourront se séparer. Quand ils semblent le faire, une autre étreinte les unit encore et, parmi les baisers des paroles de réciproque bénédiction… Oh ! c’est vraiment le Fils de l’homme qui quitte celle qui l’a engendré ! C’est vraiment la Mère qui congédie son Fils pour le rendre au Père, c’est le gage de l’Amour à la Toute-Pure…

    Dieu qui embrasse la Mère de Dieu !…

    Finalement, la Femme, en tant que créature, s’agenouille aux pieds de son Dieu qui est pourtant son Fils, et le Fils, qui est Dieu, impose les mains sur la tête de sa Mère vierge, de l’éternelle Aimée, et il la bénit au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Puis il s’incline et la relève en déposant un dernier baiser sur son front blanc comme un pétale de lys sous l’or de ses cheveux si jeunes encore [6]…

    Ils repartent vers la maison et personne, en voyant la paix avec laquelle ils avancent l’un à côté de l’autre, ne penserait au flot d’amour qui les a dominés un peu plus tôt. Mais comme cet adieu est loin de la tristesse des autres adieux, désormais dépassés, et du déchirement de l’adieu de la Mère à son Fils mort qu’elle devait laisser seul au tombeau ! [7]

    Cette fois, même si les yeux brillent des larmes naturelles d’une personne sur le point de se séparer de l’être aimé, les lèvres sourient à la joie de savoir que cet Aimé va dans la demeure qui convient à sa gloire…

    638.6 « Seigneur ! Tous ceux que tu avais dit à ta Mère vouloir bénir aujourd’hui sont là dehors, entre le mont et Béthanie, signale Pierre.

    – C’est bien. Nous irons les trouver. Mais venez d’abord. Je veux partager encore une fois le pain avec vous. »

    Ils entrent dans la pièce où, dix jours plus tôt, se trouvaient les femmes pour la cène du quatorzième jour du second mois. Marie accompagne Jésus jusque là, puis elle se retire. Il reste Jésus et les Onze.

    Sur la table sont disposés de la viande rôtie, des fromages et des olives noires, une petite amphore de vin et une d’eau, plus grande, ainsi que de larges pains. C’est une table simple, sans l’apparat de quelque cérémonie de luxe, mais uniquement parce qu’il faut bien que l’on mange.

    Jésus offre et fait les parts. Il se tient au milieu, entre Pierre et Jacques, fils d’Alphée. C’est lui qui les a appelés à ces places. Jean, Jude et Jacques se trouvent en face de lui, Thomas, Philippe, Matthieu sont d’un côté, André, Barthélemy, Simon le Zélote de l’autre. Ainsi tous peuvent voir leur Jésus… Le repas est bref, silencieux. Les apôtres, arrivés au dernier jour de proximité avec Jésus, et malgré les apparitions successives, collectives ou individuelles, à partir de la Résurrection, toutes pleines d’amour, n’ont jamais perdu cette retenue et cette vénération qui ont caractérisé leurs rencontres avec Jésus ressuscité.

    638.7 Une fois le repas fini, Jésus ouvre les mains au-dessus de la table en faisant son geste habituel devant un fait inéluctable, et il dit :

    « Voici venue l’heure où je dois vous quitter pour retourner vers mon Père. Ecoutez les dernières paroles de votre Maître.

    Ne vous éloignez pas de Jérusalem ces jours-ci. Lazare, à qui j’ai parlé, a veillé une fois encore à réaliser les désirs de son Maître : il vous cède la maison de la dernière Cène pour que vous ayez une demeure où réunir l’assemblée et vous recueillir en prière. Restez à l’intérieur pendant ces jours, et priez avec assiduité pour vous préparer à la venue de l’Esprit Saint qui vous perfectionnera pour votre mission. Rappelez-vous que moi, qui suis pourtant Dieu, je m’étais préparé par une sévère pénitence à mon ministère d’évangélisateur. Ce sera toujours plus facile et plus court pour vous. Je n’exige rien d’autre de vous. Il me suffit que vous priiez assidûment, en union avec les soixante-douze disciples et sous la conduite de ma Mère, que je vous recommande avec l’empressement d’un fils. Elle sera pour vous une mère et une maîtresse d’amour et de sagesse parfaite.

    J’aurais pu vous envoyer ailleurs pour vous préparer à recevoir l’Esprit Saint, mais je tiens à ce que vous restiez ici, car c’est Jérusalem négatrice qui doit s’étonner de voir se continuer les prodiges divins, accomplis pour répondre à ses réfutations.

    Plus tard, l’Esprit Saint vous fera comprendre la nécessité que l’Eglise surgisse précisément dans cette ville qui, d’un point de vue humain, est la plus indigne de la posséder. Mais Jérusalem, c’est toujours Jérusalem, même si le péché y est à son comble et si c’est ici qu’a eu lieu le déicide. Cela ne lui servira à rien. Elle est condamnée. Mais si elle est condamnée, tous ses habitants ne le sont pas. Restez ici pour les rares justes qui s’y trouvent. Restez-y parce que c’est la cité royale et la cité du Temple. Comme les prophètes l’ont prédit ici, où le Roi Messie a été oint et acclamé et où il s’est levé, c’est à Jérusalem que doit commencer son règne sur le monde, et c’est ici encore, où la synagogue a reçu de Dieu le libelle de répudiation à cause de ses crimes trop horribles, que doit surgir le Temple nouveau vers lequel accourront toutes les nations.

    Relisez les prophètes : ils ont tout prédit. Ma Mère d’abord, puis l’Esprit Paraclet, vous feront comprendre les paroles des Prophètes pour cette époque.

    638.8 Restez ici jusqu’au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m’a répudié, et haïra mon Eglise comme elle m’a haï, en fomentant de noirs desseins pour l’exterminer. Alors portez ailleurs le siège de cette Eglise que j’aime, car elle ne doit pas périr.

    Je vous le répète : l’enfer même ne prévaudra pas sur elle. Mais si Dieu vous assure de sa protection, ne tentez pas le Ciel en exigeant tout du Ciel.

    Allez en Ephraïm comme votre Maître y est allé, parce que ce n’était pas l’heure pour lui d’être pris par ses ennemis. Sous ce nom d’Ephraïm, j’entends une terre d’idoles et de païens. Mais ce ne sera pas Ephraïm de Palestine que vous devez choisir comme siège de mon Eglise. Rappelez-vous combien de fois je vous ai parlé de cela, à vous tous ou à l’un de vous en particulier, et je vous ai prédit qu’il vous faudrait fouler les routes de la terre pour arriver à son cœur et fixer là mon Eglise. C’est du cœur de l’homme que le sang se diffuse dans tous les membres. C’est du cœur du monde que le christianisme doit se propager sur toute la terre.

    Pour l’heure, mon Eglise est semblable à une créature déjà conçue, mais qui se forme encore dans la matrice. Jérusalem est cette matrice. Son cœur encore menu répand ses petites ondes de sang aux membres peu nombreux de l’Eglise naissante. Mais une fois arrivée l’heure marquée par Dieu, la matrice marâtre expulsera la créature qui s’est formée en son sein. Celle-ci partira vers une terre nouvelle, où elle grandira pour devenir un grand Corps qui s’étendra sur toute la terre, et les battements du cœur de l’Eglise devenu fort se propageront dans tout son grand Corps. Le cœur de l’Eglise, affranchie de tout lien avec le Temple, éternelle et victorieuse sur les ruines du Temple détruit, battra au cœur du monde pour dire aux juifs comme aux païens que Dieu seul triomphe et veut ce qu’il veut, et que ni la haine des hommes ni les troupes d’idoles n’arrêtent sa volonté.

    Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là vous saurez quoi faire. L’Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas.

    Pour le moment, réunissez à Jérusalem la première assemblée de fidèles. Puis d’autres assemblées se formeront à mesure que leur nombre grandira. En vérité, je vous dis que les habitants de mon Royaume se multiplieront comme des semences jetées dans une excellente terre. Mon peuple se propagera par toute la terre.

    Le Seigneur dit au Seigneur [8] : “ Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. ” Bénédiction est mon nom, mon signe et ma loi, là où ils sont reconnus souverains.

    638.9 L’Esprit Saint, le Sanctificateur, va venir et vous en serez remplis. Faites en sorte d’être purs comme tout ce qui doit approcher le Seigneur. J’étais Seigneur, moi aussi, comme lui. Mais sur ma Divinité, j’avais endossé un vêtement pour pouvoir être parmi vous, et non seulement pour vous instruire et vous racheter par les organes et le sang de ce vêtement, mais aussi pour porter le Saint des Saints parmi les hommes, sans qu’il soit inconvenant que tout homme, même impur, puisse poser les yeux sur celui que les séraphins craignent de contempler.

    Mais l’Esprit Saint viendra sans être voilé par la chair, il se posera sur vous, il descendra en vous avec ses sept dons et il vous conseillera.

    Maintenant, le conseil de Dieu est une grâce si sublime qu’il convient de vous préparer par une volonté héroïque à une perfection qui vous rende semblables à votre Père et à votre Jésus, et à votre Jésus dans ses rapports avec le Père et l’Esprit Saint. Ayez donc une charité parfaite et une pureté parfaite, pour pouvoir comprendre l’Amour et le recevoir sur le trône de votre cœur.

    638.10 Perdez-vous dans le gouffre de la contemplation. Efforcez-vous d’oublier que vous êtes des hommes, essayez de vous changer en séraphins. Lancez-vous dans la fournaise, dans les flammes de la contemplation. La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière. Le feu est purification, il consume la matière opaque et toujours souillée et la transforme en une flamme lumineuse et pure.

    Vous n’aurez pas le Royaume de Dieu en vous si vous n’avez pas l’amour. En effet, le Royaume de Dieu, c’est l’Amour ; il apparaît avec l’amour, et par l’amour il s’établit en vos cœurs au milieu de l’éclat d’une lumière immense qui pénètre et féconde, enlève l’ignorance, donne la sagesse, dévore l’homme et crée le dieu, le fils de Dieu, mon frère, le roi du trône que Dieu a préparé pour ceux qui se donnent à lui pour avoir Dieu, Dieu seul. Soyez donc purs et saints grâce à l’oraison ardente qui sanctifie l’homme, parce qu’elle le plonge dans le feu de Dieu qu’est la charité.

    Vous devez être saints. Non pas dans le sens relatif que ce mot avait jusqu’alors, mais dans le sens absolu que je lui ai donné en vous proposant la sainteté du Seigneur comme exemple et comme limite, c’est-à-dire la sainteté parfaite. Chez nous, on qualifie de saints le Temple et l’endroit de l’autel, et de Saint des Saints le lieu voilé où se trouvent l’arche et le propitiatoire. Mais je vous dis en vérité que ceux qui possèdent la grâce et vivent saintement par amour pour le Seigneur sont plus saints que le Saint des Saints, parce que Dieu ne se pose pas seulement sur eux, comme sur le propitiatoire qui est dans le Temple pour transmettre ses ordres, mais il habite en eux pour leur donner son amour.

    638.11 Vous rappelez-vous mes paroles de la dernière Cène ? Je vous avais alors promis l’Esprit Saint. Il est sur le point de venir vous baptiser, non plus avec l’eau comme Jean l’a fait avec vous pour vous préparer à moi, mais avec le feu pour vous préparer à servir le Seigneur comme il le veut. Dans quelques jours, il sera ici. Après sa venue, vos capacités vont croître sans mesure et vous serez capables de comprendre les paroles de votre Roi et de faire les œuvres qu’il vous a demandé d’accomplir pour étendre son Royaume sur la terre.

    – Après la venue de l’Esprit Saint, vas-tu donc reconstruire le Royaume d’Israël ? demandent-ils en l’interrompant.

    – Il n’y aura plus de Royaume d’Israël, mais mon Royaume. Et il s’accomplira quand mon Père l’a décidé. Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père s’est réservés en son pouvoir. Mais vous, en attendant, vous recevrez la force de l’Esprit Saint qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux confins de la terre, en fondant des assemblées là où des hommes sont réunis en mon nom ; en baptisant les gens au nom très saint du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit, pour qu’ils aient la grâce et vivent dans le Seigneur ; en prêchant l’Evangile à toutes les créatures, en enseignant ce que je vous ai enseigné, en faisant ce que je vous ai commandé. Et moi, je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

    638.12 Et je veux encore ceci : ce sera Jacques, mon frère, qui présidera l’assemblée de Jérusalem.

    Pierre, comme chef de toute l’Eglise, devra souvent entreprendre des voyages apostoliques, parce que tous les néophytes désireront connaître le Pontife, chef suprême de l’Eglise. Mais l’ascendant de mon frère sur les fidèles de cette première Eglise sera grand. Les hommes sont toujours des hommes, et ils voient en hommes. Il leur semblera que Jacques prend ma suite, uniquement parce qu’il est mon frère. En vérité, je vous dis qu’il est plus grand et semblable au Christ par sa sagesse que par sa parenté. Mais c’est ainsi. Les hommes, qui ne me cherchaient pas pendant que j’étais parmi eux, me chercheront maintenant en mon parent. D’ailleurs, Simon-Pierre, tu es destiné à d’autres honneurs…

    – Que je ne mérite pas, Seigneur. Je te l’ai dit quand tu m’es apparu et je te le répète en présence de tous. Tu es non seulement sage, mais aussi bon, divinement bon, et c’est avec justice que tu as jugé que moi, qui t’ai renié dans cette ville, je n’étais pas fait pour en être le chef spirituel. Tu veux m’épargner des mépris bien fondés… »

    Mais, de sa place, Jacques s’incline pour rendre hommage à Pierre :

    « Nous avons tous été pareils, Simon, sauf deux. Moi aussi, j’ai fui. Ce n’est pas à cause de cela, mais à cause des raisons qu’il a données, que le Seigneur m’a destiné à cette place ; mais tu es mon chef, Simon, fils de Jonas. Je te reconnais comme tel, et en présence du Seigneur et de tous les compagnons, je te promets obéissance. Je ferai de mon mieux pour t’aider dans ton ministère, mais, je t’en prie, donne-moi tes ordres, car tu es le Chef et moi ton subordonné. Quand le Seigneur m’a rappelé une lointaine conversation [9], j’ai incliné la tête pour signifier : “ Qu’il soit fait selon ta volonté. ” C’est ce que je te dirai à partir du moment où, le Seigneur nous ayant quittés, tu seras son représentant sur la terre. Et nous nous aimerons en nous aidant dans le ministère sacerdotal.

    – Oui, aimez-vous et aidez-vous mutuellement, parce que c’est mon commandement nouveau et le signe que vous appartenez vraiment au Christ.

    638.13 Que rien ne vous trouble. Dieu est avec vous. Vous pouvez faire ce que je veux de vous. Je ne vous imposerais rien que vous ne puissiez accomplir, car je ne veux pas votre perte, mais votre gloire.

    Je vais préparer votre place à côté de mon trône. Soyez unis à moi et au Père dans l’amour. Pardonnez au monde qui vous hait. Appelez fils et frères ceux qui viennent à vous, ou sont déjà avec vous par amour pour moi.

    Soyez dans la paix, avec la certitude que je suis toujours prêt à vous aider à porter votre croix. Je serai avec vous dans les fatigues de votre ministère et à l’heure des persécutions ; vous ne périrez pas, vous ne succomberez pas, même si ceux qui voient avec les yeux du monde en auront l’impression. Vous serez accablés, affligés, lassés, torturés, mais ma joie sera en vous, car je vous aiderai en tout. En vérité, je vous dis que, lorsque vous aurez pour Ami l’Amour, vous comprendrez que tout ce que l’on subit et vit par amour pour moi devient léger, même la lourde torture du monde. Car pour celui qui revêt d’amour chaque acte volontaire ou imposé, le joug de la vie et du monde se change en un joug proposé par Dieu, par moi. Et, je vous le répète, la charge que je vous impose est toujours proportionnée à vos forces, et mon joug est léger, car je vous aide à le porter.

    638.14 Vous le savez, le monde ne sait pas aimer. Mais vous, dorénavant, aimez le monde d’un amour surnaturel pour le lui apprendre. Et s’ils vous disent en vous voyant persécutés : “ Est-ce ainsi que Dieu vous aime ? En vous faisant souffrir, en étant la cause de votre douleur ? Ce n’est pas la peine d’appartenir à Dieu ! ”, répondez : “ La douleur ne vient pas de Dieu, mais Dieu la permet. Nous en savons la raison et nous nous glorifions d’avoir la part qu’a eue le Sauveur Jésus, Fils de Dieu. ” Répondez : “ Nous nous glorifions d’être crucifiés et de continuer la Passion de notre Jésus. ” Répondez par ces paroles tirées du livre de la Sagesse [10] : “ C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ” et “ Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la souffrance des vivants. Tout ce qu’il a créé est vie et salut. ” Répondez : “ A présent nous semblons persécutés et vaincus, mais au jour de Dieu, les sorts sont inversés : nous les justes, qui étions persécutés sur la terre, nous serons glorieux devant ceux qui nous ont tourmentés et méprisés. ”

    Mais ajoutez à cela : “ Venez à nous ! Venez à la vie et à la paix [11]. Notre Seigneur ne veut pas votre perte, mais votre salut. Il a donné son Fils bien-aimé afin que vous soyez tous sauvés. ”

    638.15 Réjouissez-vous donc de participer à mes souffrances pour pouvoir être ensuite avec moi dans la gloire. “ Je serai […] ta très grande récompense ”, a promis le Seigneur à Abraham [12], et en lui à tous ses fidèles serviteurs. Vous savez comment conquérir le Royaume des Cieux : par la force, et en passant par de nombreuses tribulations. Mais celui qui persévère, comme moi j’ai persévéré, sera là où je suis.

    Je vous ai dit quels sont le chemin et la porte qui conduisent au Royaume des Cieux. Je suis le premier à avoir emprunté ce chemin et je suis retourné au Père par cette porte. S’il y avait une autre voie, je vous l’aurais indiquée, car j’ai pitié de votre faiblesse d’hommes. Mais il n’y en a pas d’autre… En vous l’indiquant comme unique chemin et unique porte, je vous répète quel est le remède qui donne la force nécessaire pour y passer : c’est l’amour, toujours l’amour. Tout devient possible quand nous avons l’amour en nous. Et tout l’amour vous sera donné par l’Amour qui vous aime, si vous demandez en mon nom assez d’amour pour devenir des athlètes de sainteté.

    638.16 Maintenant, donnons-nous le baiser d’adieu, mes amis bien-aimés. »

    Il se lève pour les embrasser. Tous l’imitent. Mais alors que Jésus a un sourire paisible, d’une beauté vraiment divine, eux pleurent. Ils sont tous troublés. Jean, secoué par des sanglots qui lui rompent la poitrine tant ils sont déchirants, s’abandonne sur la poitrine de Jésus. Voyant le désir de tous, il demande en leur nom :

    « Donne-nous au moins ton Pain pour qu’il nous fortifie à cette heure !

    – Qu’il en soit ainsi ! » lui répond Jésus.

    Prenant un pain, il le partage en morceaux après l’avoir offert et bénit, en disant les paroles rituelles. Il fait la même chose avec le vin, en répétant ensuite : “ Faites ceci en mémoire de moi ”, mais il ajoute : “ qui vous ai laissé ce gage de mon amour pour être encore et toujours avec vous, jusqu’à ce que vous soyez avec moi au Ciel. ”

    Il les bénit et dit :

    « Maintenant, partons. »

    638.17 Ils sortent de la pièce, de la maison…

    Jonas, Marie, son épouse, et Marc, leur fils, sont là dehors, et ils s’agenouillent pour adorer Jésus.

    « Que la paix reste avec vous, et que le Seigneur vous récompense pour tout ce que vous m’avez donné » dit Jésus en guise de bénédiction.

    Marc se lève pour l’avertir :

    « Seigneur, les oliviers, le long du chemin de Béthanie, sont remplis de disciples qui t’attendent.

    – Va leur demander de se diriger vers le champ des Galiléens. »

    Marc s’éloigne de toute la vitesse de ses jeunes jambes.

    « C’est donc que tous sont venus » se disent les apôtres.

    638.18 Plus loin, assise entre Marziam et Marie, femme de Clopas, se trouve la Mère du Seigneur. Elle se lève en le voyant venir, pour l’adorer de tous les battements de son cœur de Mère et de fidèle.

    « Viens, Mère, et toi aussi, Marie… » les invite Jésus en les voyant arrêtées, clouées sur place par sa majesté qui resplendit comme au matin de la Résurrection.

    Comme il ne veut pas qu’elles en soient accablées, il demande affablement à Marie, femme d’Alphée :

    « Tu es seule ?

    – Les autres… les autres ont pris de l’avance… Elles sont avec les bergers, avec Lazare et toute sa famille… Mais elles nous ont laissées ici, nous, parce que… Oh ! Jésus ! Jésus ! Jésus !… Comment tiendrai-je sans te voir, Jésus béni, mon Dieu, moi qui t’ai aimé avant même ta naissance, moi qui ai tant pleuré à cause de toi quand je ne savais pas où tu étais après le massacre… moi qui ai trouvé mon soleil dans ton sourire quand tu es revenu, et ai reçu tout bien de toi ?… Que de bienfaits tu m’as accordés ! Maintenant, je deviens vraiment pauvre, veuve, seule… Tant que tu étais là, j’avais tout… Je croyais avoir tout connu de la souffrance, ce soir-là… Mais la douleur elle-même, toute la douleur de ce jour, m’avait hébétée et… oui, elle était moins forte que maintenant… Du reste, tu devais ressusciter. Il me semblait ne pas le croire, mais je m’aperçois aujourd’hui que je le croyais, car je n’éprouvais pas ce que j’éprouve actuellement… »

    Elle pleure et suffoque sous les sanglots.

    « Ma bonne Marie, tu t’affliges vraiment comme un enfant qui croit que sa mère ne l’aime pas et l’a abandonné parce qu’elle est allée en ville lui acheter des cadeaux qui feront sa joie, un enfant qui ignore qu’elle sera bientôt de retour pour le couvrir de caresses et de présents. N’est-ce pas ce que je fais avec toi ? Est-ce que je ne vais pas te préparer ta joie ? Est-ce que je ne pars pas pour revenir te dire : “ Viens, ma bien-aimée parente et disciple, toi la mère de mes disciples bien-aimés ” ? Est-ce que je ne te laisse pas mon amour ? Je te fais le don de mon amour, Marie ! Tu sais bien que je t’aime ! Ne pleure pas ainsi, mais réjouis-toi, car tu ne me verras plus méprisé, épuisé, poursuivi, et riche seulement de l’amour d’un petit nombre. Et avec mon amour, je te laisse ma Mère. Jean sera son fils, mais toi, sois pour elle une bonne sœur comme toujours. Tu vois ? Elle ne pleure pas, ma Mère. Elle sait que, si la nostalgie de moi sera la lime qui lui rongera le cœur, l’attente sera brève par rapport à la grande joie d’une éternité d’union, et elle sait aussi que notre séparation ne sera pas absolue au point de lui faire s’écrier : “ Je n’ai plus de Fils. ” C’était le cri de douleur du jour de la douleur. Maintenant, dans son cœur, chante l’espérance : “ Je sais que mon Fils monte vers le Père, mais il ne me privera pas de son amour spirituel. ” C’est ce que tu crois toi, et tous… 638.19 Voici les uns et les autres. Voici mes bergers. »

    Apparaissent le visage de Lazare et de ses sœurs au milieu de tous les serviteurs de Béthanie [13], le visage de Jeanne semblable à une rose sous un voile de pluie, ceux d’Elise et de Nikê, déjà marqués par l’âge — c’est maintenant la peine qui creuse leurs rides, car c’est toujours une peine pour la créature, même si l’âme jubile à la vue du triomphe du Seigneur — et celui d’Anastasica, et encore les visages de lys des premières vierges [14], l’ascétique visage d’Isaac et celui, inspiré, de Matthias, le visage viril de Manahen et ceux, austères, de Joseph et de Nicodème… Visages, visages, visages…

    Jésus appelle auprès de lui les bergers, Lazare, Joseph, Nicodème, Manahen, Maximin, tous ceux qui font partie des soixante-douze disciples. Mais il garde surtout près de lui les bergers pour leur signifier :

    « Venez ici, vous qui vous êtes approchés du Seigneur descendu du Ciel, qui vous êtes penchés sur son anéantissement, venez tout près du Seigneur qui retourne au Ciel, avec vos âmes heureuses de sa glorification. Vous avez mérité cette place car vous avez su croire malgré les circonstances défavorables et vous avez su souffrir pour votre foi. Je vous remercie tous de votre amour fidèle.

    Je vous remercie tous. Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, qui avez tant fait preuve de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger. Toi, Manahen, qui as su mépriser les faveurs sordides d’un être immonde pour marcher sur mon chemin. Toi, Etienne, fleur couronnée de justice qui as quitté l’imparfait pour le parfait et qui seras couronné d’un diadème que tu ne connais pas encore, mais que les anges t’annonceront. Toi, Jean, qui es pour un bref moment mon frère au sein très pur [15] et qui es venu à la Lumière plus qu’à la vue. Toi, Nicolaï le prosélyte, qui as su me consoler de la douleur des fils de cette nation. Et vous, mes disciples bonnes et plus courageuses, dans votre douceur, que Judith.

    638.20 Quant à toi, Marziam, mon enfant, tu porteras désormais le nom de Martial [16], en souvenir du petit Romain tué sur le chemin et déposé à la grille de Lazare avec un écriteau de défi : “ Demande maintenant au Galiléen de te ressusciter, s’il est le Christ et s’il est vraiment ressuscité. ” Ce petit garçon était le dernier des innocents de Palestine qui ont perdu la vie pour me servir — bien qu’inconsciemment —, les prémices des innocents de toute nation qui, venus au Christ, seront pour cela haïs et tués prématurément, comme des boutons de fleurs arrachés à leur tige avant d’éclore. Et ce nom, Martial, t’indique ton destin futur : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur comme mon amour a conquis le jeune Romain pour le Ciel.

    638.21 Je vous bénis tous au moment de cet adieu, et je demande au Père de vous accorder la récompense de ceux qui ont consolé le douloureux chemin du Fils de l’homme.

    Bénie soit la partie choisie de l’humanité qui existe chez les juifs comme chez les païens, et qui s’est montrée dans l’amour qu’elle a eu pour moi.

    Bénie soit la terre avec ses plantes et ses fleurs, ses fruits qui tant de fois m’ont fait plaisir et m’ont restauré. Bénie soit-elle avec ses eaux et ses tiédeurs, ses oiseaux et ses animaux qui bien des fois ont surpassé les êtres humains pour réconforter le Fils de l’homme. Béni sois-tu, soleil et toi, mer, et vous, montagnes, collines et plaines. Bénies soyez-vous, étoiles qui avez été pour moi des compagnes dans la prière nocturne et dans la douleur. Et toi aussi, lune qui m’as éclairé pour me diriger dans mon pèlerinage d’évangélisateur.

    Soyez bénies, toutes les créatures, qui êtes l’œuvre de mon Père, mes compagnes en cette heure mortelle, les amies de celui qui avait quitté le Ciel pour enlever à l’humanité affligée les tribulations dues à la Faute qui coupe de Dieu.

    Et bénis soyez-vous, instruments innocents de ma torture : épines, métaux, bois, cordages tordus, parce que vous m’avez aidé à accomplir la volonté de mon Père [17] ! »

    Quelle voix de tonnerre a Jésus ! Elle se répand dans l’air chaud et paisible comme le son d’un bronze qu’on a frappé, elle se propage en ondes sur la mer des visages qui le regardent de tous côtés.

    638.22 Ils sont des centaines à entourer Jésus qui monte, avec les plus aimés, vers le sommet de l’Oliveraie. Arrivé près du champ des Galiléens — où il n’y a plus de tentes à cette époque entre les deux fêtes [18] —, Jésus ordonne aux disciples :

    « Faites arrêter les gens là où ils se trouvent, puis suivez-moi. »

    Il gravit encore le sommet le plus haut de la montagne, celle qui est déjà plus proche de Béthanie — qu’elle domine — que de Jérusalem. Sa Mère, les apôtres, Lazare, les bergers et Martial se pressent autour de lui. Plus loin, les autres disciples forment un demi-cercle pour tenir en arrière la foule des fidèles.

    638.23 Jésus est debout sur une large pierre qui dépasse un peu, toute blanche au milieu de l’herbe verte d’une clairière. Il est inondé de soleil, ce qui rend son vêtement blanc comme neige et fait briller comme de l’or ses cheveux. Ses yeux brillent d’une lumière divine.

    Il ouvre les bras en un geste d’étreinte. Il paraît vouloir serrer sur son sein toutes les multitudes de la terre que son esprit voit représentées dans cette foule.

    Son inoubliable, son inimitable voix donne son dernier ordre :

    « Allez en mon nom évangéliser jusqu’aux extrémités de la terre. Que Dieu soit avec vous, que son amour vous réconforte, que sa lumière vous guide, que sa paix demeure en vous jusqu’à la vie éternelle. »

    Il se transfigure en beauté. Qu’il est beau ! Beau comme sur le Thabor, davantage encore. Tous tombent à genoux pour l’adorer. Tandis que déjà il se soulève de la pierre sur laquelle il est posé, il cherche encore une fois le visage de sa Mère, et son sourire atteint une puissance que personne ne pourra jamais rendre… C’est son dernier adieu à sa Mère.

    Il s’élève, s’élève… Le soleil, encore plus libre de l’embrasser, maintenant que nul feuillage, même léger, ne vient intercepter ses rayons, frappe de son éclat le Dieu-Homme qui monte avec son corps très saint au Ciel, et dévoile ses plaies glorieuses qui resplendissent comme de vifs rubis.

    Le reste est un sourire de lumière nacrée. C’est vraiment la Lumière qui se manifeste pour ce qu’elle est, en ce dernier instant comme dans la nuit de la Nativité. La création étincelle de la lumière du Christ qui s’élève. Lumière qui dépasse celle du soleil… Lumière surnaturelle et bienheureuse… Lumière qui descend du Ciel à la rencontre de la Lumière qui monte…

    Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît de la vue des hommes dans un océan de splendeurs…

    Sur terre, deux bruits seulement rompent le silence profond de la foule en extase : le cri de Marie quand il disparaît : “ Jésus ! ” et la plainte d’Isaac.

    Un étonnement religieux a rendu les autres muets, et ils restent là, jusqu’à ce que deux lumières angéliques d’une extraordinaire pureté apparaissent sous une forme humaine, pour dire les paroles rapportées [19] dans le premier chapitre des Actes des Apôtres.




[1] Les adieux à l’œuvre sont datés du lundi 28 avril 1947, quatre jours plus tard. Cf. EMV 652.

[2] C’est-à-dire Maria Valtorta. Mais elle est appelée “petit Jean” (note en 35.12), “violette de la croix” et, comme elle le dira plus loin, “Maria de la Croix” ou (comme en 105.6) “Maria de la Croix de Jésus”.

[3] Jean, Yohanân (ןיוחנ), veut dire "l’Éternel a fait grâce, a été favorable".

[4] Souvenir lointain de la vision du 22 avril 1943— racontée dans Les cahiers de 1943 —, qui révélait à Maria Valtorta sa mission et l’y introduisait. Le lendemain, vendredi saint, suivait la première “dictée”. La promesse dont elle parle un peu plus loin date du 14 mars 1947 et est rapportée à la date du 19 mars, dans le volume Les cahiers de 1945 à 1950.

[5] Maria Valtorta.

[6] Elle va avoir cinquante ans.

[7] EMV 610.

[8] Comme pour Abraham en Genèse 22,15-18.

[9] une lointaine conversation, au chapitre 258.

[10] Elles se trouvent en Sagesse 2,23‑24 et en Sagesse 1,13‑14.

[11] Voir Matthieu 11,28.

[12] a promis, en Genèse 15,1.

[13] Aser, Tobie et Jonas

[14] Myriam, la fille de Jaïre, Marianne la fille de Philippe et sa sœur et Sara la parente d'Annalia

[15] frère au sein très pur, comme cela est raconté en 365.8.

[16] le nom de Martial, comme annoncé en 198.8 ; en souvenir du petit Romain rencontré en 508.4/7 ; 509.3.7/9 ; 538.1 ; 550.8 ; 623.3.

[17] À rapprocher du Cantique du Soleil ou le Cantique des créatures de saint François d’Assise.

[18] La fête de Pessah (Pâque) et celle de Shavouot (Pentecôte).

[19] les paroles, transcrites par Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, sont : Hommes de Galilée, pourquoi restez‑vous ainsi à regarder le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé et est monté au Ciel à sa demeure éternelle, en reviendra au moment fixé, de la même manière que vous l’avez vu s’en aller. (Actes 1,11).





SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-023.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/ascension-du-seigneur.html



Dernière édition par Anayel le Jeu 2 Sep - 22:52, édité 3 fois
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mer 1 Sep - 21:57

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

639. L'élection de Matthias

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 24
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 639

Vision du samedi 26 avril 1947.


Mercredi 22 mai 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    639.1 C’est une soirée paisible. Le jour décroît doucement, et le ciel se défait de sa couleur pourpre pour devenir un voile délicat d’améthyste. Ce sera bientôt l’obscurité, mais pour l’instant, il y a encore de la lumière, une douce lumière du soir qui paraît bien faible après l’ardeur de soleil qui l’a précédée.

    La vaste cour de la maison du Cénacle, entre les murs blancs de la maison, est bondée comme lors des soirées qui ont suivi la Résurrection. Et de ce rassemblement monte un bruit concordant de prières, interrompues de temps en temps par des pauses de méditation.

    La lumière baisse de plus en plus dans la cour enfermée entre les hautes murailles de la maison, et certains apportent des lampes qu’ils posent sur la table près de laquelle sont rassemblés les apôtres : Pierre est au milieu, à ses côtés se trouvent Jacques, fils d’Alphée, et Jean, puis les autres.

    La lumière vacillante des petites flammes éclaire par dessous le visage des apôtres en faisant ressortir vivement leurs traits et en montrant leur expression : celle de Pierre est concentrée, comme tendue sous l’effort d’assumer dignement ces premières fonctions de son ministère ; celle de Jacques, fils d’Alphée, est d’une douceur ascétique, celle de Jean sereine et rêveuse ; à côté de lui vient le visage de penseur de Barthélemy, suivi de celui, plein de vivacité, de Thomas ; André semble voilé par son humilité qui le fait rester les yeux presque clos, un peu penché : il semble dire “ je ne suis pas digne ” ; près de lui se trouve Matthieu, le coude appuyé sur la main de l’autre bras, la joue appuyée sur la main du bras soutenu ; et après Jacques, fils d’Alphée, il y a Jude au visage impérieux et avec un regard dont la couleur des yeux et l’expression rappellent si bien celui de Jésus : un vrai dominateur de foules.

    Maintenant aussi, il tient l’assemblée tranquille sous le feu de son regard plus que ne le font tous les autres réunis. En dépit de son involontaire majesté royale, on voit cependant affleurer le sentiment d’un cœur plein de componction, spécialement quand vient son tour d’entonner une prière. Quand il dit le psaume : “ Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rapporte la gloire pour ton amour et pour ta vérité ! Que les païens ne disent pas : où est leur Dieu ? ”, il prie l’âme agenouillée devant Celui qui l’a choisi, et toute la puissance de sa vie intérieure vibre dans sa voix. Lui aussi laisse entendre par toute sa prière : “ Je ne suis pas digne de te servir, toi qui es si parfait. ”

    Philippe, à côté de lui, a le visage déjà marqué par les ans bien qu’il soit encore dans l’âge viril. Il semble contempler un spectacle connu de lui seul et se tient, les mains pressant ses joues, un peu penché et un peu triste… pendant que Simon le Zélote regarde en haut, au loin, et a un sourire intime qui embellit son visage, qui n’est pas beau, mais que sa distinction austère rend attrayant. Jacques, fils de Zébédée, impulsif et frémissant, récite ses prières comme s’il parlait encore au Maître aimé, et le psaume 12 sort impétueusement de son âme enflammée.

    Ils terminent par le long et très beau psaume 118 qu’ils disent une strophe chacun, reprenant leur tour par deux fois pour arriver à la fin.

    639.2 Puis ils se recueillent tous en silence jusqu’à ce que Pierre, qui s’est assis, se relève comme sous le coup d’une inspiration subite, en priant à haute voix, les bras tendus, comme le faisait Jésus :

    « Envoie-nous ton Esprit, Seigneur, pour que nous puissions voir dans sa lumière.

    – Maran-atà » répondent-ils tous.

    Pierre se recueille en une intense et muette prière, mais peut-être écoute-t-il plus qu’il ne prie, ou du moins attend-il des paroles de lumière… Puis il relève la tête et, de nouveau, desserre les bras — qu’il tenait croisés sur sa poitrine. Et comme il est petit par rapport à la plupart des autres, il monte sur son siège pour dominer la petite foule qui se presse dans la cour et pour être vu de tous. Eux, comprenant qu’il va parler, se taisent en le regardant avec attention.

    639.3 « Mes frères, il était nécessaire que s’accomplisse l’Ecriture où, par la bouche de David, l’Esprit Saint a parlé de Judas. C’est lui qui a servi de guide à ceux qui ont arrêté Jésus, notre béni Seigneur et Maître.

    C’était l’un des nôtres et il avait sa part de notre ministère. Mais son élection devint sa perte, car Satan entra en lui de diverses façons, de sorte que, d’apôtre de Jésus, il en fit un traître à son Seigneur. Il crut triompher et tirer profit, et se venger ainsi du Saint qui avait déçu les immondes espérances de son cœur plein de toutes sortes de concupiscences. Mais alors qu’il croyait savourer sa réussite, il comprit que l’homme qui se rend esclave de Satan, de la chair, du monde, ne triomphe pas, mais au contraire mord la poussière comme tout vaincu. Et il se rendit compte que la saveur des nourritures procurées par l’homme et par Satan est très amère et diffère totalement du pain suave et simple que Dieu donne à ses enfants. Il connut alors le désespoir et se mit à haïr tout le monde après avoir haï Dieu, il maudit tout ce que le monde lui avait donné, puis il se donna la mort en se pendant à un olivier de l’oliveraie qu’il avait acquise par ses iniquités. Le jour où le Christ sortit glorieux de la mort, son corps décomposé et déjà rempli de vers se rompit et ses entrailles se répandirent par terre au pied de l’olivier, en rendant impur cet endroit.

    Sur le Golgotha plut le sang rédempteur et il purifia la terre, car c’était le sang du Fils de Dieu incarné pour nous. Sur la colline proche du lieu de l’infâme Conseil, ce ne fut pas du sang, ni des larmes de véritable remords, mais l’ordure des viscères décomposées qui plut sur la poussière. Car nul autre sang ne pouvait se mélanger à celui, très saint, du Christ en ces jours de purification dans lesquels l’Agneau nous lavait dans son sang, et moins que jamais la terre, qui buvait le sang du Fils de Dieu, ne pouvait boire aussi le sang du fils de Satan.

    L’affaire est bien connue. Nous savons que, dans sa rage de damné, Judas rapporta au Temple l’argent de l’infâme marché, en frappant de cet argent impur le visage du grand-prêtre. Nous savons aussi qu’avec cet argent, pris au Trésor du Temple, mais qui ne pouvait y être reversé — car c’était le prix du sang —, les princes des prêtres et les anciens décidèrent, après débat, d’acheter le champ du potier comme l’avaient annoncé les prophéties, qui spécifiaient jusqu’à son prix. Et l’endroit passera dans les siècles sous le nom d’Hakeldama.

    Tout ce qui se rapporte à Judas est donc clos, et il faut que disparaisse d’entre nous jusqu’au souvenir de son visage. Mais nous devons nous rappeler quels chemins il a pris pour tomber, de la condition d’appelé du Seigneur au Royaume céleste, à celle de prince dans le royaume des ténèbres éternelles. Cela nous permettra de ne pas les fouler imprudemment, nous aussi, en devenant d’autres Judas pour la Parole que Dieu nous a confiée et qui est encore le Christ, Maître parmi nous.

    639.4 Cependant il est écrit dans le livre des Psaumes : “ Que son enclos devienne désert, et qu’il ne se trouve personne pour y habiter. Qu’un autre reçoive sa charge. ” Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur a vécu parmi nous, allant et venant, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il nous fut enlevé pour monter au Ciel, il y en ait un qui soit établi avec nous témoin de sa résurrection. Et il faut le faire promptement pour qu’il soit présent avec nous au baptême de feu dont le Seigneur nous a parlé, afin que lui aussi, qui n’a pas reçu l’Esprit Saint du Maître très saint, le reçoive directement de Dieu, en soit sanctifié et illuminé, ait les vertus que nous aurons, puisse juger et remettre, et faire ce que nous ferons, et que ses actes soient valides et saints.

    Je proposerais de le choisir parmi les plus fidèles des disciples, ceux qui ont souffert pour Jésus et lui sont restés fidèles même quand il était ignoré du monde. Plusieurs, avant de venir à nous, étaient disciples de Jean, le Précurseur du Messie ; ce sont des hommes profondément spirituels, modelés depuis des années pour le service de Dieu. Ils étaient très chers au Seigneur, en particulier Isaac qui avait tant souffert à cause de Jésus enfant. Mais vous savez que son cœur s’est brisé dans la nuit qui suivit l’Ascension. Nous ne le regrettons pas. Il a rejoint son Seigneur. C’était l’unique désir de son cœur… C’est aussi le nôtre… Mais nous devons souffrir notre passion. Isaac l’avait déjà vécue. Proposez donc quelques noms parmi ceux-ci, afin que nous puissions choisir le douzième apôtre selon les usages de notre peuple, en laissant dans les circonstances les plus graves au Très-Haut le pouvoir de l’indiquer, lui qui sait. »

    639.5 Ils se consultent, mais il ne faut pas longtemps aux disciples les plus importants — parmi ceux qui ne sont pas bergers — pour communiquer à Pierre que, d’un commun accord avec les dix apôtres, ils proposent Joseph, fils de Joseph de Saba, pour honorer son père, martyrisé pour le Christ, en son fils disciple fidèle, et Matthias, pour les mêmes raisons que le premier, et en outre pour honorer son premier maître, Jean-Baptiste.

    Pierre ayant accepté leur conseil, ils font avancer les deux hommes vers la table, et prient, les bras tendus en avant dans l’attitude ordinaire des juifs :

    « Seigneur très-haut, Père, Fils, et Esprit Saint, Dieu unique et trine, toi qui connais les cœurs, montre celui que tu as choisi pour prendre dans ce ministère et cet apostolat la place de Judas, qui a manqué aux devoirs de sa charge.

    – Maran-atà » répondent-ils tous en chœur.

    Comme ils n’ont ni dé, ni quoi que ce soit d’autre pour tirer au sort, et comme ils se refusent à utiliser de l’argent, ils ramassent des petits cailloux dans la cour, de pauvres petits cailloux, autant de blancs que de noirs. Ils décident que les blancs seront pour Matthias et les autres pour Joseph. Ils les enferment dans un sac qu’ils vident de son contenu, le secouent et le présentent à Pierre. Celui-ci trace sur lui un geste de bénédiction, y plonge la main et, priant avec les yeux levés au ciel, qui s’est fleuri d’étoiles, il tire un caillou : blanc comme la neige.

    639.6 Le Seigneur a indiqué Matthias pour succéder à Judas.

    Pierre passe devant la table et l’embrasse “ pour le rendre semblable à lui ”, dit-il.

    A leur tour, les dix autres font le même geste au milieu des acclamations de la petite foule.

    Enfin, Pierre revient à sa place, en tenant par la main l’élu qu’il garde à son côté. Il se trouve désormais entre Matthias et Jacques, fils d’Alphée, et il dit :

    « Viens à la place que Dieu t’a réservée et efface par ta justice le souvenir de Judas, en nous aidant, nous tes frères, à accomplir les œuvres que Jésus nous a dit d’accomplir. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit toujours avec toi. »

    Il se tourne vers la foule pour la congédier…

    Pendant que les disciples se séparent lentement par une porte secondaire, les apôtres entrent dans la maison pour conduire Matthias à Marie, qui est recueillie en prière dans sa pièce, afin que le nouvel apôtre reçoive aussi de la Mère de Dieu une parole de salutation et d’élection.



SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-024.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/election-de-matthias.html



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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Emmanuel Jeu 2 Sep - 3:58

La fin de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé est proche.

La lecture du tome 10 de l'Oeuvre fut toujours douce-amère pour moi.

Il y a un deuil à faire, car l'on perd la compagnie du Maître et des apôtres, qui deviennent au cours de ce volume (et particulièrement avec l'épisode de demain, celui de la Pentecôte) de nouvelles personnes, transformées par la Grâce.

Mais il faut surtout être reconnaissants au Seigneur d'avoir pu faire la lecture de cette Oeuvre extraordinaire, donnée par Lui pour notre temps.

Reconnaissants à Maria Valtorta de s'être faite l'humble instrument du Seigneur dans la transmission de ces scènes de Sa Vie, dans des conditions de santé et humaines éprouvantes.

Et aussi, pour notre petit forum, reconnaissants à toi, @Anayel, et à @Maud, pour avoir avec fidélité, au quotidien, partagé ces trésors spirituels avec la communauté de l'Imitation de Jésus-Christ.

Merci.

Puissent les derniers épisodes qui seront partagés dans les jours à venir continuer de nourrir les âmes qui en feront la lecture, et puisse l'Évangile tel qu'il m'a été révélé transformer toujours de plus en plus d'âmes à travers le monde.

Gloire à toi Seigneu
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Madeleine Jeu 2 Sep - 6:29

Juste à lire ton commentaire très touchant, Emmanuel, sur l'Oeuvre de Maria Valtorta, cela me donne vraiment le désir de relire au complet une deuxième fois cette Oeuvre extraordinaire et exceptionnelle. Merci d'avoir partagé ton sentiment sur cette Oeuvre et espérons que beaucoup seront touchés et liront , surtout, pour la première ou la xième fois ce trésor incomparable pour notre temps !




                                                           Prie Prie       Colombe   Colombe


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Thierry Jeu 2 Sep - 15:05

Bonjour à chacun/chacune, qui parcourez ce forum au quotidien.

Peut être avez-vous également ce ressenti d'amertume, cette pointe d'endolorissement qui germe en vos cœurs, à la lecture du post de notre cher @Emmanuel et la réponse de @Madeleine.

Mais je souhaiterai vous apporter une nouvelle étape, plutôt que vous comme moi, de nous morfondre dans un deuil à faire à propos de ce qui dès lors ne sera plus quotidiennement posté.

Chaque jour, depuis que notre chère Maud est passé de l'étape de frêle chenille que nous sommes à celui d'éternel merveilleux papillon, @Jean a pris la suite des posts quotidiens sur le fil " Méditations sur les textes du Jour ". Grand merci à toi cher frère !

Aussi, je vous suggère, à vous qui pourrez effectivement être en manque véritable des posts journaliers d'@Anayel sur le fil de "l'Oeuvre de Maria Valtorta" de pouvoir vous rendre également quotidiennement sur le site https://jesusaujourdhui.mariedenazareth.com/.


Tout comme celui qu'est " Méditations sur les textes du Jour " que Jean nous post dorénavant, Il s'y trouve l'évangile du jour suivi aussi d'une méditation proposée par des carmes. Mais en plus, en dessous, se trouve la correspondances de l'évangile du jour avec celui extrait des écrits de Maria Valtorta. Ce peut être la retranscription elle même, ou bien quelquefois, un enseignement que Jésus donna à Maria à propos de l'évangile en question.


- Et sinon, Il y a toujours sur la droite du portail, le module pour aller directement sur tout ce que nos sœurs ont posté de l'Oeuvre de Maria Valtorta depuis la création du forum.  cheers



Que cela ne soit donc pas un temps de deuil, mais celui ou résonne encore plus fort nos alléluia !


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Emmanuel Jeu 2 Sep - 15:11

Merci de cette belle recommandation, @Thierry. Smile

Oui, je connais ce site, c'est une très belle initiative. Il est possible de recevoir via newsletter les textes du jour, si on le souhaite.

Amicalement,

Emmanuel
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Jeu 2 Sep - 22:41

Bonjour à tous, @Emmanuel, @Thierry, @Madeleine,

Oui, on approche de la fin de l'Oeuvre, je me le dis depuis quelques temps déjà !

Depuis qu'on a passé le chapitre 600, je poste en sachant très bien qu'on va bientôt clôturer ce fil. Et si je suis heureuse de le faire, la Passion et la Résurrection ont un goût doux-amer pour moi. Je suis contente de suivre le Christ... et je suis triste de ne plus entendre mon Maître et Seigneur.

Terminer l'Oeuvre, c'est également terminer un chapitre sur ce forum. Vous le savez certainement, ce projet tenait beaucoup à @Maud. On s'était concertée quand on avait eu le projet de publier tout L'Evangile tel qu'il m'a été révélée et on l'avait lancé d'un commun accord. Je pense qu'elle doit être contente qu'on arrive au bout de la publication de l'Oeuvre, elle qui est désormais avec Dieu.

J'ai pour projet de reprendre chronologiquement tous les Cahiers, et de publier, surtout, Les Carnets de Maria Valtorta, textes inédits qui sont sortis en 2018 si je ne m'abuse. Je crois que les Commentaires de l'Apocalypse n'ont pas été postés, mais je peux me tromper, il faut que je vérifie.

Avec tout ça, on aura encore de la matière à méditer, mais je serai à jamais reconnaissante à Maud (et à vous, aussi, car en m'inscrivant sur le Peuple de la Paix, puis ici, j'ai découvert des membres formidables !) qui m'a fait découvrir Maria Valtorta et qui a vraiment été à l'origine, sans le savoir, de l'éclosion de ma spiritualité et de mon enracinement, déjà profond, dans la foi catholique.

Que de grâces le Seigneur nous a donnés !

Continuons à nous en réjouir et à avancer ensemble sur le chemin de la sainteté Wink

Fraternellement,
Anayel
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Jeu 2 Sep - 22:47

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

640. La Pentecôte. La descente de l’Esprit-Saint. Fin du cycle messianique

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 25
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 640

Vision du dimanche 27 avril 1947.


Dimanche 26 mai 30
Jérusalem


Episode audio:

 

    640.1 Aucune voix ne résonne dans la maison du Cénacle, aucun bruit ne s’entend. Il n’y a pas de disciples présents, du moins rien ne me permet de dire que des personnes sont rassemblées dans les autres pièces. Je relève seulement la présence et les voix des Douze et de Marie la très sainte, rassemblés dans la salle de la Cène.

    La pièce semble plus grande, car le mobilier, disposé différemment, laisse libre tout le milieu de la pièce ainsi que deux des murs. Contre le troisième on a poussé la grande table de la Cène. Entre eux et les murs ainsi qu’aux deux côtés les plus étroits de la table, on a mis les lits-sièges qui ont servi à la Cène et le tabouret utilisé par Jésus pour le lavement des pieds. Pourtant ces lits ne sont pas placés perpendiculairement à la table comme pour la Cène, mais parallèlement, de façon que les apôtres puissent rester assis sans les occuper tous, en laissant pourtant un siège, le seul mis verticalement par rapport à la table, tout entier pour la Vierge bénie, au milieu de la table, à la place qu’occupait Jésus à la Cène.

    Il n’y a pas de nappe ni de vaisselle sur la table, les crédences sont vides, les murs dépouillés de leurs ornements. Si le lampadaire brûle au centre, seule la flamme principale est allumée ; l’autre cercle de petites lampes qui sert de corolle à ce bizarre lampadaire est éteint.

    Les fenêtres sont fermées et bloquées par une lourde barre de fer qui les traverse. Mais un rayon de soleil s’infiltre hardiment par un petit trou et descend comme une aiguille longue et fine jusqu’au pavé où il dessine une tache lumineuse.

    640.2 La Vierge est assise seule sur son siège. A ses côtés, sur des lits, se trouvent Pierre et Jean, Pierre à droite, Jean à gauche. Matthias, le nouvel apôtre, est entre Jacques, fils d’Alphée, et Jude. Il y a un large et bas coffre de bois sombre devant la Vierge. Il est fermé.

    Marie est vêtue de bleu foncé. Elle a sur ses cheveux son voile blanc et par-dessus un pan de son manteau. Les autres sont tous tête nue.

    La Mère lit lentement à haute voix, mais à cause du peu de lumière qui arrive jusque là, je crois plutôt qu’elle répète de mémoire les paroles écrites sur le rouleau qu’elle tient déplié. Les autres la suivent en silence, en méditant. De temps à autre, ils répondent si le cas se présente.

    Marie a le visage transfiguré par un sourire extatique. Qui sait ce qu’elle voit… Qu’est-ce qui peut être capable d’illuminer ses yeux comme deux claires étoiles, et de rougir ses joues d’ivoire comme si une flamme rose se réfléchissait sur elle ? Elle est vraiment la Rose mystique…

    Les apôtres se penchent en avant, en se tenant un peu de biais pour voir son visage pendant qu’elle sourit si doucement et qu’elle lit. Sa voix semble être un cantique angélique. Pierre en est tellement ému que deux grosses larmes coulent de ses yeux et, par un sentier de rides gravées aux côtés de son nez, elles descendent se perdre dans le buisson de sa barbe grisonnante. Mais Jean reflète son sourire virginal et s’enflamme d’amour comme elle, pendant qu’il suit du regard ce que lit la Vierge sur le rouleau ; et quand il lui présente un nouveau rouleau, il la regarde et lui sourit.

    La lecture est finie. La voix de Marie s’éteint, ainsi que le bruissement des parchemins déroulés et enroulés. Marie se recueille en une oraison secrète, en joignant les mains sur sa poitrine et en appuyant sa tête contre le coffre. Les apôtres l’imitent…

    640.3 Un grondement très puissant et harmonieux, qui rappelle le vent et la harpe, le chant d’un homme et le son d’un orgue parfait, résonne à l’improviste dans le silence du matin. Il se rapproche, toujours plus harmonieux et plus puissant, et emplit la terre de ses vibrations, il les propage et les imprime à la maison, aux murs, au mobilier. La flamme du lampadaire, jusqu’alors immobile dans la paix de la pièce close, palpite comme si elle était la proie du vent, et les chaînettes de la lampe tintent en vibrant sous l’onde du son surnaturel qui les frappe.

    Terrifiés, les apôtres lèvent la tête. Ce bruit intense et mélodieux, qui possède toutes les notes les plus belles que Dieu ait données au Ciel et à la terre, se fait de plus en plus proche. Certains se lèvent, prêts à s’enfuir, d’autres se pelotonnent sur le sol en se couvrant la tête de leurs mains et de leurs manteaux, ou se battent la coulpe pour demander pardon au Seigneur. D’autres encore se serrent contre Marie, trop apeurés pour conserver envers la Toute-Pure cette retenue qu’ils ont toujours gardée.

    Seul Jean ne s’effraie pas, car il voit une paix lumineuse de joie s’accentuer sur le visage de Marie, qui lève la tête en souriant à une apparition connue d’elle seule. Elle glisse à genoux en ouvrant les bras, et les deux ailes bleues de son manteau ainsi ouvert s’étendent sur Pierre et Jean, qui l’ont imitée. Mais tout ce que j’ai gardé en détail pour le décrire s’est passé en moins d’une minute.

    640.4 Et voilà la Lumière, le Feu, l’Esprit Saint qui, avec un dernier son envoûtant, entre dans la pièce close sous la forme d’un globe très brillant et ardent, sans remuer les portes ni les fenêtres. Il plane un instant à environ trois palmes au-dessus de la tête de Marie, maintenant découverte, car, à la vue du Feu Paraclet, la Vierge a levé les bras comme pour l’invoquer et a rejeté la tête en arrière en poussant un cri de joie, avec un sourire d’amour sans bornes. Et après cet instant où tout le Feu de l’Esprit Saint, tout l’Amour est rassemblé au-dessus de son Epouse, le Globe très saint se partage en treize flammes mélodieuses et étincelantes, d’une lumière qu’aucune comparaison terrestre ne saurait décrire et descend baiser le front de chaque apôtre.

    Mais la flamme qui descend sur Marie est différente. Au lieu de venir lui baiser le front, elle forme un cercle qui entoure et ceint, comme un diadème, sa tête virginale, en couronnant comme Reine la Fille, la Mère, l’Epouse de Dieu, la Vierge incorruptible, la Toute-Belle, l’éternelle Aimée et l’éternelle Enfant que rien ne saurait avilir, celle que la douleur avait vieillie, mais qui est ressuscitée dans la joie de la Résurrection, partageant avec son Fils un accroissement de beauté et de fraîcheur de la chair, du regard, de la vitalité, comme par anticipation de la beauté de son corps glorieux monté au Ciel pour devenir la fleur du Paradis.

    L’Esprit Saint fait briller ses flammes autour de la tête de l’Aimée. Quelles paroles peut-il lui dire ? Mystère ! Le visage béni de Marie est transfiguré par une joie surnaturelle, et s’illumine du sourire des Séraphins, pendant que des larmes bienheureuses sont autant de diamants qui descendent le long des joues de la Femme bénie, frappées comme elles le sont par la lumière du Saint-Esprit.

    Le Feu reste ainsi quelque temps… Puis il se dissipe… En souvenir de sa descente, il plane un parfum qu’aucune fleur terrestre ne peut dégager… Le parfum du Paradis…

    640.5 Les apôtres reviennent à eux…

    Marie reste en extase. Elle croise seulement les bras sur sa poitrine, ferme les yeux, baisse la tête… Insensible à tout, elle poursuit son dialogue intime avec Dieu…

    Personne n’ose la troubler.

    Jean dit en la désignant :

    « Elle est l’Autel. Et c’est sur sa gloire que s’est posée la Gloire du Seigneur…

    – Oui. Ne troublons pas sa joie. Mais allons prêcher le Seigneur afin que soient connues ses œuvres et ses paroles parmi les peuples, propose Pierre avec une surnaturelle impulsivité.

    – Allons ! Allons ! L’Esprit de Dieu brûle en moi, s’exclame Jacques, fils d’Alphée.

    −Et il nous invite à agir. Tous. Allons évangéliser les gens. »

    Ils sortent comme s’ils étaient poussés ou attirés par un vent ou par une force irrésistible.

    640.6 Jésus dit :

    « Ici prend fin l’Œuvre que mon amour pour vous a dictée, et que vous avez reçue grâce à l’amour qu’une créature a eu pour moi et pour vous.

    Elle se termine en ce jour de la commémoration de sainte Zita de Lucques, cette humble domestique qui servit son Seigneur dans la charité, dans cette Eglise de Lucques où j’ai fait venir, de régions lointaines, mon petit Jean pour qu’il me serve dans la charité et avec le même amour que sainte Zita pour tous les malheureux.

    Zita donnait son pain aux pauvres. en se souvenant que je suis en chacun d’eux et que bienheureux seront à mes côtés ceux qui auront donné du pain à manger et de l’eau à boire à ceux qui ont faim et soif.

    Maria-Jean a donné mes paroles à ceux qui s’affaiblissent dans l’ignorance, la tiédeur ou le doute en matière de foi, en se rappelant les paroles de la Sagesse selon lesquelles ceux qui s’efforcent de faire connaître Dieu brilleront comme des étoiles dans l’éternité, et glorifieront leur amour en le faisant connaître et aimer de beaucoup.

    Elle s’achève aussi en ce jour où l’Eglise élève sur les autels ce pur lys des champs qu’était Maria-Teresa Goretti, dont la tige fut brisée alors que la corolle était encore en bouton. Et brisée par qui, sinon par Satan, envieux de cette pureté qui resplendissait avec plus d’éclat que son ancien aspect angélique ? Elle fut brisée parce que consacrée à son divin Amant. Maria fut vierge et martyre de ce siècle d’infamies où l’on méprise même l’honneur de la Femme, en crachant la bave des reptiles pour nier le pouvoir de Dieu de fournir une demeure inviolée à son Verbe, qui s’est incarné par l’opération de l’Esprit Saint pour sauver ceux qui croient en lui.

    Maria-Jean aussi est victime de la Haine qui refuse que l’on célèbre mes merveilles par l’Œuvre, cette arme puissante capable de lui arracher bien des proies. Mais Maria-Jean sait aussi, comme Maria-Teresa, que le martyre, quelque nom et quelque aspect qu’il ait, est une clé pour ouvrir sans retard le Royaume des Cieux à ceux qui le subissent pour continuer ma Passion.

    640.7 L’Œuvre est terminée.

    Et avec sa fin, avec la descente de l’Esprit Saint, se conclut le cycle messianique que ma Sagesse a éclairé depuis son aube — la conception immaculée de Marie — jusqu’à son couchant : la descente de l’Esprit Saint. Tout le cycle messianique est œuvre de l’Esprit d’amour pour qui sait bien voir. Il est donc juste de le commencer par le mystère de l’immaculée conception de l’Epouse de l’Amour et de le conclure par le sceau du Feu Paraclet sur l’Eglise du Christ.

    Les œuvres manifestes de Dieu, de l’amour de Dieu, prennent fin avec la Pentecôte. Depuis lors continue l’intime et mystérieuse action de Dieu en ses fidèles, unis au nom de Jésus dans l’Eglise une, sainte, catholique, apostolique, romaine. Et l’Eglise, c’est-à-dire ce rassemblement des fidèles — pasteurs, brebis et agneaux —, peut avancer sans errer, grâce à l’action spirituelle continuelle de l’Amour, ce Théologien des théologiens, celui qui forme les vrais théologiens : ceux qui sont perdus en Dieu et ont Dieu en eux — la vie de Dieu en eux, grâce à la direction de l’Esprit de Dieu qui les conduit. Ceux-là sont vraiment “ enfants de Dieu ” selon la pensée de Paul.

    640.8 Et au terme de l’Œuvre, il me faut ajouter encore une fois cette plainte que j’ai répétée à la fin de chaque année évangélique. C’est ainsi que, dans ma douleur de voir mépriser mon don, je vous dis : “ Vous n’aurez pas autre chose puisque vous n’avez pas su accueillir ce que je vous ai donné. ” J’ajoute encore ce que je vous ai fait dire pour vous rappeler sur le droit chemin l’été dernier (le 21 mai 1946) : “ Vous ne me verrez pas jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz : ‘ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. ’ ” »


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-025.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/pentecote.html



Dernière édition par Anayel le Ven 3 Sep - 23:07, édité 1 fois
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Madeleine Ven 3 Sep - 19:33

Chère Anayel, je m'excuse car l'autre jour, quand Emmanuel a parlé de "la fin de l'Oeuvre" avec tristesse, j'ai oublié de te remercier, toi,  pour avoir poursuivi le travail de notre chère Maud qui nous suit sûrement encore du Ciel, merci pour ta persévérance et ta patience car, on le sait tous, cette Oeuvre de Jésus, est une grande Oeuvre d'art et d'amour pour notre temps.
                            En te souhaitant une belle journée dans la Joie et l'Amour du Christ, fraternellement et en Union de prière.




                                                           Prie      Prie         Eucharistie Eucharistie


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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 3 Sep - 23:06

Oh @Madeleine, ne t'en fais, je m'étais réjouie de ton post Wink Je suis plus heureuse quand on me dit qu'on souhaite relire l'Oeuvre que quand on vient me trouver pour me remercier, d'autant que je n'étais pas toute seule à faire ce travail.

Donc ne t'inquiète pas ! J'espère que tu prendras plaisir à découvrir les prochains chapitres ainsi que, peut-être, d'autres extraits de Maria Valtorta.

Fraternellement,
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 3 Sep - 23:11

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

641. Pierre célèbre l’Eucharistie à une réunion des premiers chrétiens.

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 26
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 641

Vision du samedi 3 juin 1944


Samedi 8 juin 30
Jérusalem


Episode audio:

 

641.1 C’est une des toutes premières réunions de chrétiens, dans les jours qui suivent immédiatement la Pentecôte.

Les douze apôtres sont de nouveau au complet, car Matthias, déjà élu à la place du traître, est parmi eux. Et le fait que les Douze soient présents, montre qu’ils ne se sont pas encore séparés pour aller évangéliser selon l’ordre du Maître. La Pentecôte doit donc avoir eu lieu peu auparavant, et le Sanhédrin ne doit pas encore avoir commencé ses persécutions contre les serviteurs de Jésus Christ. S’il en était autrement, ils ne célébreraient pas avec tant de calme et sans prendre aucune précaution, dans une maison qui n’est que trop connue de ceux du Temple, c’est-à-dire le Cénacle, et précisément dans la pièce où fut consommée la dernière Cène, où fut instituée l’Eucharistie, et commencée la trahison vraie et totale, et la Rédemption.

La vaste pièce a pourtant subi une modification rendue nécessaire pour sa nouvelle destination d’église, et imposée par le nombre des fidèles.

La grande table ne se trouve plus près du mur de l’escalier, mais près, ou plutôt contre, celui qui est en face, de façon que ceux qui ne peuvent entrer dans le Cénacle déjà comble — c’est alors la première église du monde chrétien — puissent voir ce qui s’y passe, en s’entassant dans le corridor d’entrée, près de la petite porte, complètement ouverte, qui donne accès à la pièce.

Dans la pièce se trouvent des hommes et des femmes de tout âge. Dans un groupe de femmes, près de la table, mais dans un coin, se trouve Marie, la Mère, entourée de Marthe et de Marie-Madeleine, avec Nikê, Elise, Marie, femme d’Alphée, Marie Salomé, Jeanne, femme de Kouza, en somme beaucoup de femmes disciples, hébraïques et aussi non hébraïques, que Jésus avait guéries, consolées, évangélisées et qui étaient devenues des brebis de son troupeau. Parmi les hommes, il y a Nicodème, Lazare, Joseph d’Arimathie, des disciples au nombre desquels se trouvent Etienne, Hermas, les bergers, Elisée — le fils du chef de la synagogue d’Engaddi —, et d’autres très nombreux. Même Longinus est présent. Il ne porte pas sa tenue militaire, mais un long et simple vêtement gris comme un habitant quelconque. Je vois enfin d’autres personnes, qui sont certainement entrées dans le troupeau du Christ depuis la Pentecôte et à la suite des premières évangélisations des Douze.

641.2 Pierre prend la parole pour évangéliser et instruire l’assistance. Il parle encore une fois de la dernière Cène. Encore, car on comprend à ses mots qu’il en a déjà parlé à d’autres reprises.

Il dit :

« Je vous parle encore une fois — et il appuie fortement sur ces mots — de cette Cène dans laquelle, avant d’être immolé par les hommes, Jésus le Nazaréen, comme on l’appelait, Jésus Christ, Fils de Dieu et notre Sauveur, comme il faut le dire et le croire de tout notre cœur et de tout notre esprit, car en cette croyance réside notre salut, s’immola de sa propre volonté et par excès d’amour, en se donnant en nourriture et en boisson aux hommes et en nous disant, à nous ses serviteurs et ses continuateurs : “ Faites ceci en mémoire de moi. ” Et c’est ce que nous faisons. Nous, ses témoins, nous croyons qu’il y a, dans le pain et le vin offerts et bénits comme il l’a fait, en souvenir de lui et pour obéir à son divin commandement, son corps et son sang très saints, ce corps et ce sang qui appartiennent à un Dieu, Fils du Dieu très-haut, et qui ont été crucifiés et répandus pour l’amour et la vie des hommes. De la même façon, vous aussi, vous tous, qui êtes entrés dans la véritable, nouvelle, immortelle Eglise prédite par les prophètes et fondée par le Christ, vous devez le croire. Croyez et bénissez le Seigneur qui nous laisse ce signe éternel de son pardon, à nous qui l’avons crucifié, sinon matériellement du moins moralement et spirituellement par notre faiblesse de serviteurs, par notre manque d’ouverture pour le comprendre, par notre lâcheté quand nous l’avons abandonné à son heure suprême, par notre… non, par ma trahison personnelle d’homme peureux et lâche au point de le renier, de ne pas le reconnaître et de nier que je suis son disciple, moi qui suis même le premier de ses serviteurs — deux grosses larmes descendent le long du visage de Pierre —, peu avant l’heure de prime, dans la cour du Temple messianique.

Croyez et bénissez le Seigneur, car il permet que ceux qui ne l’ont pas connu quand il était le Nazaréen, le connaissent maintenant qu’il est le Verbe incarné revenu au Père. Venez et prenez. C’est lui qui l’a dit : “ Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang aura la vie éternelle. ” A cette époque, nous n’avons pas compris. » Pierre pleure de nouveau. « Nous n’avons pas compris, car nous étions lents à comprendre. Mais maintenant l’Esprit Saint a enflammé notre intelligence, fortifié notre foi, infusé en nous la charité, et nous comprenons. Et au nom du Dieu très-haut, du Dieu d’Abraham, de Jacob, de Moïse, au nom très-haut du Dieu qui a parlé à Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, et aux autres prophètes, nous vous assurons que c’est la vérité et vous conjurons de croire pour que vous puissiez avoir la vie éternelle. »

Pierre est plein de majesté quand il prêche. Il n’a plus rien du pêcheur un peu rustre d’il y a seulement quelque temps. Il est monté sur un tabouret pour être mieux vu et entendu, car, avec sa petite taille, s’il était resté debout sur le sol de la pièce, il n’aurait pas pu l’être des plus éloignés. Or il tient à dominer la foule. Il parle avec mesure, il a le ton juste et les gestes d’un véritable orateur. Ses yeux, toujours expressifs, sont maintenant plus éloquents que jamais. Amour, foi, autorité, contrition, tout transparaît dans son regard, et cela annonce et renforce ses paroles.

641.3 Quand il a fini, il descend du tabouret, passe entre le mur et la table, et attend.

Jacques et Jude, c’est-à-dire les deux fils d’Alphée et cousins du Christ, étendent maintenant sur la table une nappe très blanche. Pour y arriver, ils soulèvent le coffre large et bas qui se trouve au milieu de la table, et étendent aussi sur son couvercle un linge très fin.

L’apôtre Jean va trouver Marie et l’interroge. Marie enlève de son cou une sorte de petite clé et la remet à Jean. Jean la prend, revient au coffre, l’ouvre, et en rabat la partie antérieure, qui vient se coucher sur la nappe et que l’on recouvre d’un troisième linge.

A l’intérieur, le coffre se compose de deux compartiments séparés horizontalement. Dans le compartiment inférieur, il y a un calice et un plat en métal. Dans le compartiment supérieur se trouvent, au milieu, la coupe qui a servi à Jésus à la dernière Cène et pour la première eucharistie, ainsi que les restes du pain partagé par lui, déposés sur un petit plat précieux comme le calice. Auprès d’eux, je reconnais, d’un côté la couronne d’épines, les clous et l’éponge, et de l’autre un des linceuls enroulé, le voile avec lequel Nikê avait essuyé le visage de Jésus, et celui que Marie avait donné à son Fils pour qu’il s’en entoure les reins. Au fond, j’aperçois d’autres choses, mais comme elles restent plutôt cachées et que personne n’en parle ni ne les montre, j’ignore ce dont il s’agit. En revanche, Jean et Jude exposent les objets que je viens de décrire à l’assistance, qui s’agenouille. Cependant on ne les touche pas. Ils ne montrent pas le calice ni le petit plat qui contient le pain, et ils ne déplient pas le linceul — peut-être pour ne pas réveiller en Marie le souvenir douloureux des sévices atroces subits par son Fils —, mais ils présentent le rouleau en expliquant ce que c’est.

Une fois terminée cette partie de la cérémonie les apôtres, en chœur, entonnent des prières. Je suppose qu’il s’agit de psaumes, car elles sont chantées comme les juifs le faisaient dans leurs synagogues ou lors des pèlerinages à Jérusalem, pour les solennités prescrites par la Loi. La foule s’unit au chœur des apôtres, qui devient de plus en plus imposant.

641.4 Enfin on apporte des pains, qu’on dispose sur le petit plat en métal — celui qui se trouvait dans le compartiment inférieur du coffre — ainsi que de petites amphores, elles aussi en métal.

Jean est agenouillé de l’autre côté de la table, alors que Pierre est toujours entre la table et le mur, donc tourné vers la foule. Il reçoit des mains de Jean le plateau avec des pains, l’élève et l’offre. Puis il le bénit et le pose sur le coffre.

Jude, qui se tient lui aussi à genoux à côté de Jean, présente à son tour à Pierre le calice du compartiment inférieur et les deux amphores qui se trouvaient d’abord près du petit plat des pains, et Pierre verse leur contenu dans le calice, qu’il élève et offre comme il l’a fait pour le pain. Il bénit aussi le calice et le pose sur le coffre à côté des pains.

Ils prient encore. Pierre rompt les pains en nombreuses bouchées tandis que la foule se prosterne encore davantage, et il dit :

« Ceci est mon Corps. Faites ceci en mémoire de moi. »

Il sort de derrière la table, en portant le plateau chargé des bouchées de pain, va d’abord vers Marie et lui en donne une. Il vient ensuite devant la table et distribue le pain consacré à tous ceux qui s’approchent pour le recevoir. Cela fait, il reste quelques bouchées sur leur plateau, que l’on dépose sur le coffre.

Il prend ensuite le calice et le tend aux personnes présentes, en commençant toujours par Marie. Jean et Jude le suivent avec les petites amphores, et ajoutent des liquides quand le calice est vide, pendant que Pierre répète l’élévation, l’offrande et la bénédiction pour consacrer le liquide. Une fois que l’on a satisfait tous ceux qui demandaient de se nourrir de l’Eucharistie, les apôtres consomment le pain et le vin restants. Tous chantent un autre psaume ou un hymne, puis Pierre bénit la foule qui, après sa bénédiction, se sépare peu à peu.

641.5 Marie, qui est restée à genoux pendant toute la cérémonie de la consécration et de la distribution des espèces du pain et du vin, se lève et s’approche du coffre. Elle se penche par dessus la table et touche du front le compartiment où sont déposés le calice et le petit plat utilisés par Jésus à la dernière Cène, puis dépose un baiser sur leur bord. Le baiser s’adresse aussi à toutes les reliques qui y sont rassemblées. Puis Jean ferme le coffre et rend la clé à Marie, qui la remet à son cou.


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-026.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/pierre-celebre-l-eucharistie.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Sam 4 Sep - 22:22

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

642. Marie résidera à Gethsémani avec Jean, qui lui prédit l’Assomption

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 27
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 642

Vision du mardi 21 août 1951.


Mercredi 26 juin 30
Jérusalem


Episode audio:

 

  642.1 Marie est encore dans la maison du Cénacle. Seule, dans sa pièce habituelle, elle coud des linges très fins qui ressemblent à des nappes longues et étroites. De temps en temps, elle lève la tête pour regarder le jardin et relever l’heure du jour d’après la position du soleil sur ses murs. Si elle entend quelque bruit dans la maison ou dans la rue, elle écoute attentivement. Elle semble attendre quelqu’un.

Un certain temps se passe ainsi. Soudain, on entend un coup à la porte de la maison, et un bruit de sandales qui vont rapidement ouvrir. Dans le couloir résonnent des voix d’hommes qui deviennent de plus en plus fortes au fur et à mesure qu’elles se rapprochent. Marie écoute… Puis elle s’écrie :

« Eux, ici ? Que peut-il bien être arrivé ? »

Elle parle encore lorsqu’on frappe à l’entrée de la pièce :

« Avancez, frères en Jésus, mon Seigneur » répond Marie.

Lazare et Joseph d’Arimathie entrent et la saluent avec une profonde vénération :

« Bénie es-tu entre toutes les mères ! Les serviteurs de ton Fils, notre Seigneur, te saluent. »

Et ils se prosternent pour baiser le bord de son vêtement.

« Que le Seigneur soit toujours avec vous. Pour quelle raison venez-vous me trouver, alors que l’agitation des persécuteurs du Christ et de ses disciples ne cesse pas?

– Avant tout pour te voir. Car te voir, c’est encore le voir lui, et se sentir ainsi moins affligés de son départ de la terre. Et aussi pour te proposer, après une réunion chez moi des plus affectueux et des plus fidèles serviteurs de Jésus, ton Fils et notre Seigneur, ce que nous avons décidé de faire, répond Lazare.

– Parlez. C’est votre amour qui me parle, et je vous écouterai avec tout mon amour. »

642.2 C’est au tour de Joseph d’Arimathie de prendre la parole :

« Femme, tu n’ignores pas que, comme tu viens de le dire, l’agitation — et pire encore — dure toujours envers ceux qui ont été proches de ton Fils et de Dieu, que ce soit par la parenté, la foi ou l’amitié. Or nous n’ignorons pas que tu n’as pas l’intention de quitter ces lieux où tu as vu la parfaite manifestation de la nature divine et humaine de ton Fils, sa totale mortification et sa totale glorification, par le moyen de sa passion et de sa mort en vrai homme et par le moyen de sa glorieuse résurrection et de son ascension en vrai Dieu. Et nous n’ignorons pas non plus que tu ne veux pas laisser seuls les apôtres, dont tu veux être la Mère et le guide dans leurs premières épreuves, toi qui es le siège de la Sagesse divine, l’Epouse de l’Esprit qui révèle les vérités éternelles, toi la Fille aimée depuis toujours par le Père qui t’a choisie éternellement pour Mère de son Fils unique, toi la Mère de ce Verbe du Père qui t’a certainement instruite de sa Sagesse comme de sa Doctrine infinies et parfaites avant même qu’il ne soit en ton sein créature en formation, ou avec toi comme Fils qui grandit en âge et en sagesse, jusqu’à devenir le Maître des maîtres.

Jean nous l’a dit le lendemain de la stupéfiante prédication et manifestation apostolique, advenue dix jours après l’ascension de Jésus au Ciel. De ton côté, tu sais pour l’avoir vu à Gethsémani le jour de l’ascension de ton Fils vers le Père, et pour l’avoir appris par Pierre, par Jean et les autres apôtres, que Lazare et moi, aussitôt après la mort et la résurrection de Jésus, nous avons engagé des travaux de maçonnerie autour de mon jardin près du Golgotha ainsi qu’à Gethsémani sur le Mont des Oliviers. Nous voulons éviter que ces lieux, sanctifiés par le sang du divin Martyr, qui coula, hélas ! brûlant de fièvre à Gethsémani, et glacé et grumeleux dans mon jardin, ne soient profanés par des ennemis de Jésus. Ces travaux sont aujourd’hui terminés, et aussi bien Lazare que moi, et avec lui ses sœurs et les apôtres, qui aurions trop de douleur de ne plus t’avoir ici, nous te disons : “ Fais ta demeure dans la maison de Jonas et de Marie, les gardiens de Gethsémani. ”

642.3 – Et Jonas et Marie ? Cette maison est petite, et j’aime la solitude. Je l’ai toujours aimée. Et je l’aime plus encore maintenant, car j’en ai besoin pour me perdre en Dieu, en mon Jésus, pour ne pas mourir d’angoisse de ne plus l’avoir ici. Il n’est pas juste qu’un œil humain se pose sur les mystères de Dieu — car mon Fils est maintenant plus que jamais Dieu. Je suis femme, et Jésus homme. Mais notre humanité était et est différente de toute autre, car préservée de la faute, même originelle, et en raison de nos relations avec le Dieu un et trine. En cela, nous sommes uniques parmi toutes les créatures passées, présentes et futures. Or l’homme, même le meilleur et le plus prudent, est naturellement, inévitablement curieux, surtout s’il est proche d’une manifestation extraordinaire. Et seuls Jésus et moi, tant qu’il fut sur la terre, nous savons quelle souffrance, quelle… oui, même quelle gêne, quel ennui, quel tourment on éprouve quand la curiosité humaine scrute, surveille, épie nos rapports secrets avec Dieu. C’est un peu comme si on nous mettait nus au milieu d’une place.

Pensez à mon passé, à la façon dont j’ai toujours cherché le secret, le silence, au fait que j’ai toujours caché, sous les apparences d’une vie ordinaire de pauvre femme, les mystères de Dieu en moi. Rappelez-vous comment, pour ne rien révéler à mon époux Joseph — même à lui —, il s’en est fallu de peu que je fasse de ce juste un injuste. Seule l’intervention d’un ange a empêché un tel danger. Pensez à la vie si humble, si cachée, si ordinaire que Jésus mena pendant trente ans, à la facilité avec laquelle il s’isolait quand il devint Maître. Il devait faire des miracles et instruire, car c’était sa mission. Mais, je le savais par lui, il souffrait — c’était un des nombreux motifs de sa sévérité et de la tristesse qui brillaient dans ses yeux grands et puissants — il souffrait, disais-je, de l’exaltation des foules, de la curiosité plus ou moins bonne avec laquelle on observait tous ses actes. Que de fois n’a-t-il pas dit à ses disciples et aux miraculés : “ Ne parlez pas de ce que vous avez vu. Ne dites pas ce que je vous ai fait ” ! Je ne voudrais donc pas qu’un œil humain cherche à connaître les mystères de Dieu en moi, mystères qui n’ont pas cessé avec le retour au Ciel de Jésus, mon Fils et mon Dieu, mais au contraire continuent et même grandissent, grâce à sa bonté, pour me garder en vie jusqu’à ce que vienne l’heure, que je désire tant, de le rejoindre pour l’éternité. 642.4 Je voudrais que seul Jean soit avec moi. Car il est prudent, respectueux, affectueux et se conduit avec moi comme un second Jésus. Mais Jonas et Marie sauront… »

Lazare l’interrompt :

« C’est déjà fait, ô Bénie ! Nous y avons déjà pourvu. Marc, fils de Jonas, est maintenant au nombre des disciples. Marie, sa mère, et Jonas, son père, sont déjà à Béthanie.

– Mais l’oliveraie ? Elle a bien besoin qu’on s’en occupe ! lui répond Marie.

– C’est seulement au moment de la taille, du labourage et de la cueillette. Cela fait quelques jours par an, et il en faudra moins encore, car j’enverrai mes serviteurs de Béthanie avec Marc, à ces époques. Toi, Mère, si tu veux nous faire plaisir, à mes sœurs et à moi, viens à Béthanie ces jours-là, dans la maison solitaire de Simon le Zélote. Nous serons voisins, mais notre regard ne sera pas indiscret sur tes rencontres avec Dieu.

– Mais le pressoir ?…

– Il a déjà été transporté à Béthanie. Gethsémani, complètement clôturé, cette propriété encore plus réservée de Lazare, t’attend, Marie. Et je t’assure que les ennemis de Jésus n’oseront pas, par crainte de Rome, violer sa paix et la tienne.

– Ah ! s’il en est ainsi ! » s’exclame Marie.

Elle serre ses mains sur son cœur et les regarde, avec un visage presque extasié tant il est heureux, avec un sourire angélique sur les lèvres et des larmes de joie sur ses cils blonds. Elle reprend :

« Jean et moi ! Seuls ! Nous deux seuls ! J’aurai l’impression de me retrouver à Nazareth avec mon Fils ! Seuls ! Dans la paix ! Dans cette paix ! Là où mon Jésus a répandu tant de paroles et tant d’esprit de paix ! Là où, il est vrai, il a souffert jusqu’à suer du sang et jusqu’à recevoir la suprême douleur morale du baiser infâme et les premiers… »

Un sanglot et un souvenir très pénible lui coupent la parole et bouleversent son visage qui reprend un instant l’expression de souffrance qu’il avait dans les jours de la passion et de la mort de son Fils.

Puis elle se ressaisit :

« Là où il est retourné dans la paix infinie du Paradis ! Je vais envoyer sans tarder à Marie, femme d’Alphée, l’ordre de garder ma maison de Nazareth, qui m’est si chère parce que c’est là que s’est accompli le mystère et qu’est mort mon époux, si pur et si saint, et qu’a grandi Jésus. Elle m’est très chère, mais jamais autant que ces lieux où il a institué le Rite des rite, et s’est fait Pain, Sang, Vie pour les hommes, où il a souffert et racheté, où il a fondé son Eglise et, par sa dernière bénédiction, rendu bonne et sainte toute la création. Oui, je vais rester ici. J’irai à Gethsémani. Et de là je pourrai, en suivant les murs par l’extérieur, me rendre au Golgotha et dans ton jardin, Joseph, où j’ai tant pleuré, et aussi venir chez toi, Lazare, où j’ai toujours reçu, en mon Fils d’abord, et pour moi ensuite, tant d’amour. 642.5Mais je voudrais…

– Quoi, Bénie ? lui demandent les deux hommes.

– Je voudrais pouvoir revenir ici aussi. Car, avec les apôtres, nous aurions décidé, si Lazare le permet…

– Tout ce que tu veux, Mère. Tout ce qui est à moi est à toi. Je le confiais auparavant à Jésus, désormais c’est à toi que je le dis. Et si tu acceptes mon cadeau, c’est moi qui reçois une grâce.

– Mon fils, laisse-moi t’appeler ainsi, je voudrais que tu nous accordes de faire de cette maison, c’est-à-dire du Cénacle, le lieu de la réunion et de l’agape fraternelle.

– C’est juste. C’est ici que ton Fils a institué le nouveau Rite éternel, et établi la nouvelle Eglise, en élevant au nouveau pontificat et au sacerdoce ses apôtres et disciples. Il est juste que cette pièce devienne le premier temple de la nouvelle religion. C’est la semence qui deviendra demain un arbre et ensuite une immense forêt, le germe qui sera demain un organisme vivant, complet et qui ne cessera de grandir en hauteur, profondeur et largeur, pour s’étendre sur toute la terre. Quelle table et quel autel sont plus saints que ceux sur lesquels Jésus a partagé le pain et posé la coupe du nouveau Rite qui durera tant que durera la terre ?

– C’est vrai, Lazare. Et, tu vois ? C’est pour lui que je suis occupée à coudre les nappes pures. Car je crois, comme personne ne croira avec une pareille puissance, que le pain et le vin, c’est lui, avec sa chair et son sang, chair toute sainte et tout innocente, sang rédempteur, donnés aux hommes en nourriture et en boisson de vie éternelle. Que le Père, le Fils et l’Esprit Saint vous bénissent, vous qui êtes toujours bons, sages, pleins de pitié pour le Fils et sa Mère.

642.6 – Alors, c’est décidé. Voici la clé qui ouvre les différentes grilles de l’enceinte de Gethsémani, et voilà la clé de la maison. Sois heureuse autant que Dieu t’accorde de l’être, et autant que notre pauvre amour souhaite que tu le sois. »

A son tour, Joseph d’Arimathie dit :

« Et voici la clé de l’enceinte de mon jardin.

– Mais toi… Tu as bien le droit d’y entrer, toi !

– J’en ai une autre, Marie. Le jardinier est un juste, de même que son fils. Tu ne pourras trouver là-bas qu’eux deux, et moi. Et nous serons tous prudents et respectueux.

– Que Dieu vous bénisse de nouveau, répète Marie.

– C’est nous qui te remercions, Mère. Que notre amour et la paix de Dieu soient avec toi, toujours. »

Ils se prosternent après cette dernière salutation, baisent de nouveau le bord de son vêtement et s’en vont.

642.7 A peine sont-ils sortis de la maison qu’un autre coup discret se fait entendre à la porte de la pièce où se tient Marie.

« Entre donc » dit Marie.

Jean ne se le fait pas dire deux fois. Il entre et ferme la porte, un peu agité :

« Que voulaient Joseph et Lazare ? Y a-t-il quelque danger ?

– Non, mon fils. Il n’y a que l’exaucement d’un de mes désirs. Mon désir et celui des autres. Tu sais combien Pierre et Jacques, fils d’Alphée, — le premier pontife et le chef de l’Eglise de Jérusalem — sont désolés à la pensée de me perdre et craignent de ne pas savoir s’en sortir sans moi. Jacques surtout. Même l’apparition spéciale de mon Fils à lui, son élection voulue par Jésus, ne le consolent pas et ne lui donnent pas courage. Mais aussi les autres… Lazare satisfait maintenant ce désir général et nous rend maîtres de Gethsémani. Toi et moi, seuls, là-bas. Voici les clés. Et voilà celle du jardin de Joseph… Nous pourrons aller au tombeau, à Béthanie, sans passer par la ville… Et aussi au Golgotha… Et venir ici chaque fois qu’il y aura l’agape fraternelle. Tout nous est accordé par Lazare et Joseph.

– Ce sont deux véritables justes. Lazare a reçu beaucoup de Jésus, c’est vrai. Mais aussi, avant de recevoir, il a toujours tout donné à Jésus. Es-tu heureuse, Mère ?

– Oui, Jean, tellement heureuse ! Je vivrai, tant que Dieu le voudra, pour assister Pierre, Jacques et vous tous, et j’aiderai les premiers chrétiens de toutes les façons. Si les juifs, les pharisiens et les prêtres ne sont pas aussi féroces à mon égard qu'ils l’ont été envers mon Fils, je pourrai rendre l’esprit là où lui s’est élevé vers le Père.

642.8 – Tu t’élèveras aussi, Mère.

– Non. Je ne suis pas Jésus, moi. Je suis née humainement.

– Mais sans la tache originelle. Moi, je suis un pauvre pêcheur ignorant. En fait de doctrine et d’Ecritures, je ne sais rien d’autre que ce que le Maître m’a enseigné. Pourtant je suis comme un enfant, car je suis pur. Et grâce à cela, peut-être, j’en sais plus que les rabbis d’Israël parce que, comme il l’a dit, Dieu cache les choses aux sages et il les révèle aux petits, aux purs. C'est pour cela que, je pense — ou plutôt je le sens — que tu auras le sort qu’aurait connu Eve si elle n’avait pas péché. Et plus encore, puisque tu n’as pas été l’épouse d’un Adam-homme, mais de Dieu pour donner à la terre le nouvel Adam fidèle à la grâce.

Le Créateur, en créant nos premiers parents, ne les avait pas destinés à la mort, c’est-à-dire à la corruption du corps le plus parfait qu’il ait formé et rendu le plus noble de tous les corps créés parce que doué d’une âme spirituelle et des dons gratuits de Dieu, grâce auxquels ils pouvaient se dire “ enfants adoptifs de Dieu ”. Il voulait seulement qu’ils passent du paradis terrestre au Paradis céleste. Or toi, tu n’as jamais eu de tache d’aucun péché sur ton âme. Même le grand péché commun à tous, cet héritage d’Adam pour tous les humains, ne t’a pas frappée : Dieu t’en a préservée par un privilège singulier, unique, puisque depuis toujours tu étais destinée à devenir l’Arche du Verbe. Même l’Arche d’Alliance qui ne contient malheureusement que des choses froides, arides, mortes, puisqu'en vérité le peuple de Dieu ne les met pas en pratique comme il le devrait, est, et devrait être, toujours toute pure. L’Arche l’est, oui. Mais qui, parmi ceux qui s’en approchent, pontife comme prêtres, l’est réellement, comme tu l’es ? Personne. C’est pourquoi je sens que toi, seconde Eve et Eve fidèle à la grâce, tu n’auras pas à subir la mort.

642.9 – Mon Fils, second Adam, qui était la Grâce elle-même, toujours parfaitement obéissant au Père et à moi, est mort. Et de quelle mort!

– Il était venu pour être le Rédempteur, Mère. Il a quitté le Père, le Ciel, pour prendre chair afin de racheter les hommes par son sacrifice, leur rendre la grâce, et donc les élever de nouveau au rang de fils adoptifs de Dieu, héritiers du Ciel. Lui devait mourir, et mourir avec son humanité très sainte. Et toi, tu es morte dans ton cœur, en voyant son supplice atroce et sa mort. Tu as déjà tout souffert pour être rédemptrice avec lui. Je suis un pauvre sot, mais je sens que toi, en tant qu’Arche véritable du Dieu vrai et vivant, tu ne seras pas, tu ne peux pas être soumise à la corruption. Comme la nuée de feu protégea et dirigea l’Arche de Moïse vers la Terre Promise, ainsi le Feu de Dieu t’attirera à son Centre. Comme la verge d’Aaron ne sécha pas, ne mourut pas, mais, bien que détachée de l’arbre, produisit des bourgeons, des feuilles et des fruits, et vécut dans le Tabernacle, ainsi toi, choisie par Dieu entre toutes les femmes qui ont habité et habiteront la terre, tu ne mourras pas comme une plante qui se dessèche, mais tu vivras éternellement dans l’éternel Tabernacle des Cieux, en toute intégrité. Comme les eaux du Jourdain s’ouvrirent pour laisser passer l’Arche, ceux qui la portaient et le peuple tout entier, au temps de Josué, ainsi pour toi s’ouvriront les barrières que le péché d’Adam a mises entre la terre et le Ciel, et tu passeras de ce monde au Ciel éternel. J’en suis certain, car Dieu est juste. Et pour toi s’applique le décret qu’il a émis pour celui qui n’a ni le péché héréditaire, ni un péché volontaire sur son âme.

642.10 – C’est Jésus qui t’a révélé cela ?

– Non, Mère. C’est l’Esprit Paraclet qui me l'a dit, lui dont le Maître nous a avertis qu’il allait nous révéler toute vérité et ce qui devait advenir. Le Consolateur me l’a annoncé spirituellement dès maintenant pour me rendre moins amère la pensée de te perdre, Mère bénie que j’aime et vénère autant et plus que la mienne pour ce que tu as souffert, pour ta bonté et ta sainteté, qui n’est inférieure qu’à celle de ton très saint Fils, parmi tous les saints présents et à venir. Tu es la plus grande sainte. »

Et Jean, tout ému, se prosterne pour la vénérer.


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-027.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/marie-residera-a-gethsemani-avec-jean-qui-lui-predit-l-assomption.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Dim 5 Sep - 22:06

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

643. Marie sur les lieux de la Passion avec Jean

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 28
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 643

Vision du samedi 8 septembre 1951 (Nativité de la Vierge)..


Vendredi 28 juin 30
Jérusalem


Episode audio:

 

   643.1 C’est l’aube, une claire aube d’été. Marie, avec son fidèle Jean, sort de la petite maison de Gethsémani et marche d’un pas rapide dans l’oliveraie silencieuse et déserte. Seul quelque chant d’oiseau et le pépiement des petits dans les nids rompent le grand silence de l’endroit.

    Marie se dirige avec assurance vers le rocher de l’Agonie. Elle s’agenouille contre lui, dépose un baiser là où de fines lézardes du rocher présentent encore des traces rouge rouille du sang de Jésus, qui a pénétré dans les fissures et s’y est coagulé. Elle les caresse comme si elle caressait son Fils ou quelque chose de lui.

    Jean, debout derrière elle, l’observe. Il pleure sans bruit, et s’essuie rapidement les yeux quand elle se relève ; il l’y aide d’un geste plein d’amour, de vénération et de pitié.

    643.2 Marie descend maintenant vers l’endroit où Jésus fut arrêté. Elle s’y agenouille aussi et se penche pour baiser la terre après avoir demandé à Jean :

    « Est-ce bien l’endroit du sordide baiser qui a contaminé ce lieu plus encore que l’infâme dialogue corrupteur du Serpent avec Eve n’a souillé le Paradis terrestre? »

    Puis elle se redresse :

    « Mais moi je ne suis pas Eve. Je suis la Femme de l’Ave. J’ai renversé les rôles. Eve a jeté des réalités célestes dans une boue horrible. Moi, j’ai tout accepté : incompréhensions, critiques, soupçons, douleurs — que de douleurs, et de toutes sortes, avant la suprême souffrance ! — pour extraire de la fange souillée ce qu’Adam et Eve y avaient jeté, et le tourner vers le Ciel. A moi, le démon n’a pas pu parler, même s’il s’y est efforcé, comme il l’a fait avec mon Fils, pour détruire définitivement le dessein rédempteur. Avec moi, il n’a pas pu parler, car j’ai fermé mes oreilles et mes yeux à sa vue et à sa voix, et surtout j’ai fermé mon cœur et mon esprit à tout assaut de ce qui n’est pas saint et pur. Mon moi limpide, aussi impossible à rayer qu’un pur diamant, ne s’est ouvert qu’à l’ange de l’Annonciation. Mes oreilles n’ont écouté que cette voix spirituelle, et c’est ainsi que j’ai réparé, reconstruit, ce qu’Eve avait lézardé et détruit. Je suis la Femme de l’Ave et du Fiat. J’ai rétabli l’ordre bouleversé par Eve. Et maintenant, je peux enlever et laver par mon baiser et mes larmes l’empreinte de ce baiser maudit et de cette contamination, la plus grande qui soit, puisqu’elle n’a pas été faite par une créature à une créature, mais par une créature à son Maître et Ami, à son Créateur et Dieu. »

    643.3 Puis elle se dirige vers la grille, que Jean ouvre. Ils sortent ensemble du jardin de Gethsémani, descendent le Cédron, franchissent le petit pont. Là aussi, Marie s’agenouille pour baiser la balustrade rustique du pont, à l’endroit où était tombé son Fils. Elle dit :

    « Tout endroit où il a subi les suprêmes souffrances et outrages m’est sacré. Je voudrais que tout soit avec moi dans ma petite maison… Mais on ne peut tout avoir ! »

    Elle soupire, puis ajoute :

    « Dépêchons-nous, avant que les gens ne circulent. »

    Et elle reprend sa marche avec Jean.

    643.4 Elle n’entre pas dans la ville. Elle longe la vallée d’Hinnom et les cavernes où vivent les lépreux. Levant les yeux vers ces antres de douleur, elle fait un signe à Jean, qui dépose sur un rocher des vivres qu’il avait dans un sac. A l’appel de Jean, des lépreux se présentent et s’avancent vers le rocher en remerciant. Mais personne ne demande à être guéri. Marie le remarque:

    « Ils savent que Jésus n’est plus et, frappés comme ils l’ont été à la nouvelle de sa mort horrible, ils ne parviennent plus à avoir foi en lui ni en ses disciples. Ils sont deux fois malheureux ! Deux fois lépreux ! Deux fois ? Non, plutôt totalement malheureux, lépreux, morts ! Sur la terre et dans l’autre monde.

    – Mère, veux-tu que j’essaie de leur parler ?

    – C’est inutile ! Pierre, Jude et Simon le Zélote s’y sont essayés… mais ils n’ont obtenu que des railleries. Marie-Madeleine est venue. Elle les secourt toujours en souvenir de Jésus et ils se sont moqués d’elle aussi. Lazare lui-même y est allé, en compagnie de Joseph et de Nicodème, pour les convaincre que Jésus était le Christ en leur racontant sa propre résurrection, opérée par Jésus après quatre jours au tombeau, et celle de l’Homme-Dieu par son propre pouvoir, et son ascension. Tout a été vain. Ils ont répondu : “ Ce sont des mensonges, aux dires de ceux qui connaissent la vérité. ”

    – Il s’agit sûrement des pharisiens et des prêtres. Ce sont eux qui s’efforcent d’abattre la foi en Jésus. Je suis certain que ce sont eux !

    – C’est possible, Jean. Ce qui est certain, c’est que les lépreux qui ne se sont pas convertis auparavant, même pas à la vue des miracles de Jésus, ne se convertiront jamais plus. Ils sont signe et symbole de tous ceux qui, au cours des siècles, ne se convertiront pas au Christ et seront, de par leur libre volonté, atteints par la lèpre du péché, morts à la grâce qui est Vie, symbole de tous ceux pour lesquels mon Fils est mort inutilement… Et de cette manière !… »

    Elle pleure paisiblement, sans sanglots, mais c’est un vrai déluge de larmes…

    643.5 Jean la prend par le bras quand Marie, pour dissimuler ses pleurs à des passants qui l’observent, se couvre le visage de son voile. Jean, en la conduisant affectueusement, lui dit :

    « Est-il possible que tes larmes, tes prières, ton, ou plutôt votre amour pour tous les hommes — je dis le vôtre parce que le tien est actif, comme est actif, parfaitement actif, celui de Jésus glorieux au Ciel —, est-il possible que votre douleur, la tienne devant la surdité des hommes, la sienne devant l’obstination dans le péché d’un trop grand nombre, ne soient pas fécondes ? Espère, ô Mère ! Les hommes t’ont causé beaucoup de souffrances et t’en causeront encore, mais ils te donneront aussi amour et joie. Qui ne t’aimera pas quand il te connaîtra ? Maintenant tu es ici, ignorée, inconnue du monde. Mais quand la terre saura, parce qu'elle sera devenue chrétienne, alors comme tu seras aimée ! J’en suis sûr, Mère sainte. »

    643.6 Le Golgotha est désormais proche, et plus proche encore le jardin de Joseph. Quand ils y arrivent, Marie n’y entre pas. Elle va d’abord au Golgotha et aux endroits marqués par des épisodes particuliers de la Passion, c’est-à-dire aux lieux des chutes de Jésus, de sa rencontre avec Nikê et avec elle-même, et là, elle s’agenouille et baise le sol.

    Arrivée au sommet, elle multiplient ses baisers, presque con­vul­sifs, sur le lieu de la crucifixion. Une pluie drue de larmes s’abat sur la terre et la baigne, accentuant sa couleur jaunâtre. Une petite plante a poussé à l’endroit précis où la terre a été remuée pour y planter la croix, une humble petite plante de pré, aux feuilles en forme de cœur, aux fleurettes rouges comme des rubis. Marie la regarde, réfléchit, puis l’arrache délicatement avec un peu de terreau, et la glisse dans un pli de son manteau en disant à Jean :

    « Je vais la mettre dans un vase. On dirait son sang, et elle a poussé sur la terre rougie par son sang. C’est certainement une semence apportée par le tourbillon de ce jour-là, venue qui sait d’où, tombée là qui sait pourquoi, pour s’implanter dans la poussière fécondée par ce sang. S’il pouvait en être ainsi de toutes les âmes ! Pourquoi le plus grand nombre d’entre elles sont-elles plus rétives que la terre aride et maudite du Golgotha, lieu de supplice pour les larrons et les meurtriers, et du déicide de tout un peuple ? Maudite ? Non. Mon Fils a sanctifié cette poussière. Maudits par Dieu sont ceux qui ont fait de cette colline le lieu du crime le plus horrible, injuste, sacrilège qu’aura jamais vu la terre. »

    Ses pleurs se transforment en sanglots.

    Jean entoure de son bras ses épaules pour lui faire sentir tout son amour et la convaincre de quitter cet endroit, trop douloureux pour elle.

    643.7 Ils redescendent au pied de la colline et entrent dans le jardin de Joseph. La large ouverture du tombeau permet d’en voir l’intérieur, puisqu’il n’est plus fermé par la pierre qui, renversée sur le sol, gît encore dans l’herbe. Il est vide. Toute trace de la Déposition et de la Résurrection a disparu. On dirait un tombeau qui n’a jamais servi.

    Marie baise la pierre de l’Onction, caresse les parois du regard. Puis elle demande à Jean :

    « Raconte-moi une fois encore comment tu as trouvé les choses ici, quand tu es arrivé avec Pierre, à l’aurore de la Résurrection. »

    Et Jean commence à décrire, en se déplaçant ici et là à l’extérieur et à l’intérieur, l’état du tombeau et ce qu’ils ont fait, lui et Pierre, avant d’achever :

    « Nous aurions dû retirer les linges, mais nous étions tellement bouleversés par tous les événements de ce jour que nous n’y avons pas pensé. Quand nous sommes revenus, il n’y avait plus de linges.

    – Ceux du Temple les auront pris pour les profaner » l’interrompt Marie, en larmes. Et elle conclut : « Même Marie-Madeleine n’a pas pensé qu’il était bon de les enlever pour me les remettre. Elle était trop troublée.

    – Le Temple ? Non. Je pense que Joseph les a emportés.

    – Il me l’aurait dit… Oh ! en guise de dernier affront, les ennemis de Jésus les auront pris ! gémit Marie.

    – Ne pleure plus, ne souffre plus. Il est désormais dans la gloire, dans l’amour parfait et infini. La haine et le mépris ne peuvent plus l’atteindre.

    – C’est vrai, mais ces linges…

    – Ils te feraient autant souffrir que le premier linceul, que tu n’as pas la force de déplier car, outre les traces de son sang, il porte celles d’objets immondes jetés sur ce corps très saint.

    – Celui-là, oui. Mais ces linges, non. Ils ont absorbé ce qui suintait de son corps, alors qu’il ne souffrait plus… Tu ne peux pas comprendre…

    – Je comprends, Mère. Mais je croyais que toi, qui certainement n’es pas séparée de lui-Dieu, comme nous le sommes et plus encore comme le sont les simples croyants, tu ne ressentais pas si vivement le désir et même le besoin d’avoir quelque chose de lui- homme torturé. Pardonne ma sottise. Viens… Nous reviendrons encore ici. Maintenant, partons, car le soleil monte de plus en plus, il devient fort, et le chemin est long pour nous qui devons éviter la ville. »

    643.8 Ils sortent du tombeau, puis du jardin et, par le même chemin qu’à l’aller, ils retournent à Gethsémani. Marie marche rapidement et en silence, tout enveloppée dans son manteau. Elle a seulement un mouvement de dégoût et d’horreur quand elle passe près de l’oliveraie où Judas s’est pendu et près de la maison de campagne de Caïphe, et elle murmure :

    « C’est ici le lieu de sa damnation d’impénitent désespéré, et là celui où s’est conclu l’horrible marché. »


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-028.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/marie-sur-les-lieux-de-la-passion-avec-jean.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mar 7 Sep - 21:52

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

644. Institution du Dimanche. Conversion progressive de Gamaliel. Les deux linceuls.

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 29
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 644

Vision du vendredi 5 octobre 1951.


Lundi 1 juillet 30
Jérusalem


Episode audio:

 

        644.1 Il fait nuit. La pleine lune éclaire de sa lumière argentée Gethsémani ainsi que la petite maison de Marie et de Jean. Tout est silencieux, même le Cédron, réduit à un filet d’eau. Tout à coup, un bruit de sandales se fait entendre, de plus en plus proche et distinct et, avec lui, un murmure de voix mâles et profondes. Puis voilà trois personnes qui sortent de l’enchevêtrement des arbres et se dirigent vers la maison. Ils frappent à la porte close.

    Une lampe s’allume et une petite lumière tremblante filtre par une fissure de l’entrée. Une main ouvre, une tête se penche, une voix, celle de Jean, demande :

    « Qui est-ce ?

    – Joseph d’Arimathie, et avec moi Nicodème et Lazare. L’heure est tardive, mais la prudence nous l’impose. Nous apportons quelque chose à Marie, et Lazare nous accompagne.

    – Entrez. Je vais l’appeler. Elle ne dort pas. Elle prie là-haut, dans sa petite chambre, sur la terrasse. Cela lui plaît tellement ! » dit Jean.

    Il grimpe rapidement le petit escalier qui conduit à la terrasse et à la chambre.

    Les trois hommes, restés dans la cuisine, parlent à voix basse, à la faible lumière de la lampe. Ils sont restés groupés près de la table, encore couverts de leurs manteaux, mais tête nue.

    644.2 Jean revient avec Marie, qui salue les trois hommes :

    « Paix à vous tous.

    – A toi aussi, Marie, lui répondent-ils en s’inclinant.

    – Y a-t-il quelque danger ? Est-il arrivé quelque chose aux serviteurs de Jésus ?

    – Rien, Femme. C’est nous qui avons décidé de venir pour te donner quelque chose que — nous le savons maintenant avec certitude, mais nous le pressentions déjà — tu désirais avoir. Si nous ne sommes pas venus plus tôt, c’est qu’il y avait des divergences d’idées entre nous, et aussi entre nous et Marie-Madeleine. Marthe ne s’est pas prononcée à ce sujet. Elle a seulement dit : “ Le Seigneur vous dira que faire, soit directement, soit en inspirant à d’autres de parler. ” Et en vérité, cela nous a été révélé et nous sommes venus pour cette raison, explique Joseph.

    – Le Seigneur vous a-t-il parlé ? Est-il venu à vous ?

    – Non, Mère. Plus depuis sa montée au Ciel. Avant, oui, il nous est apparu, nous te l’avons raconté, d’une manière surnaturelle, après sa Résurrection, dans ma maison. Ce jour-là, il est apparu à un grand nombre, au même moment, pour donner un témoignage de sa divinité et de sa résurrection. Puis nous l’avons encore vu tant qu’il a été parmi les hommes, mais plus d’une manière surnaturelle, tout comme l’ont vu les apôtres et les disciples, lui répond Nicodème.

    – Et alors ? Comment vous a-t-il indiqué la voie à suivre ?

    – Par la bouche de l’un de ses préférés et successeurs.

    – Pierre ? Je ne crois pas. Il est encore effrayé à la fois du passé et de sa nouvelle mission.

    – Non, Marie, pas Pierre. 644.3 Cependant il acquiert toujours plus d’assurance. Maintenant qu’il sait à quel usage Lazare a affecté la maison du Cénacle, il a décidé de commencer les agapes régulières et de célébrer les mystères réguliers le lendemain de chaque sabbat. Il dit que c’est désormais le jour du Seigneur, puisque c’est le jour où il est ressuscité et est apparu à un grand nombre, pour les confirmer dans la foi en sa nature éternelle de Dieu. Il n’y a plus de sabbat pareil à celui des juifs, peut-être depuis Chabahôt. Il n’y a plus de sabbat, car, pour les chrétiens, la synagogue a été remplacée par l’église, comme l’avaient prédit les prophètes. Mais il y a encore, et il y aura toujours, le jour du Seigneur, en souvenir de l’Homme-Dieu, du Maître, Fondateur et Pontife éternel de l’Eglise chrétienne après avoir été Rédempteur. Le lendemain du prochain sabbat, les agapes se tiendront donc entre chrétiens, qui seront nombreux dans la maison du Cénacle. C’était impossible auparavant à cause de la haine des pharisiens, prêtres, sadducéens et scribes, et de la dispersion momentanée de nombreux fidèles de Jésus, ébranlés dans leur foi en lui et effrayés de l’agressivité des juifs. Mais maintenant ceux qui haïssent sont moins attentifs, ils s’en désintéressent comme d’une chose morte, finie. Cela tient à la fois à leur peur de Rome, qui a blâmé le comportement du Proconsul et de la foule, et au fait qu’ils croient terminée “ l’exaltation des fanatiques ”, comme ils définissent la foi des chrétiens dans le Christ, à cause de la dispersion momentanée des fidèles. En réalité, celle-ci a été brève et est maintenant finie, car toutes les brebis sont revenues au Bercail du vrai Pasteur. Cela nous permet de nous réunir pour les agapes. 644.4 Nous voulons que tu puisses, même pour la première d’entre elles, avoir ce souvenir de Jésus à montrer aux fidèles pour les confirmer dans la foi, et sans que cela te fasse trop souffrir. »

    Joseph présente à Marie un rouleau volumineux enveloppé dans un drap rouge foncé qu’il avait jusque-là dissimulé sous son manteau.

    « Qu’est-ce ? » demande Marie en pâlissant. « Ses vêtements, peut-être ? Ceux que je lui ai faits pour… Oh ! »

    Et elle pleure.

    « Nous n’avons pu les trouver à aucun prix. Qui sait, comment et où ils ont fini ! » répond Lazare, avant d’ajouter : « Mais ceci est aussi un de ses vêtements, son dernier vêtement. C’est le linceul propre dans lequel fut enveloppé le Très-Pur après la torture — bien que rapide et relative — et la purification de ses membres souillés par ses ennemis, et l’embaumement sommaire. A sa résurrection, Joseph les a retirés tous les deux du tombeau et nous les a apportés à Béthanie, pour empêcher qu’ils ne soient soumis à des profanations sacrilèges. Les ennemis de Jésus n’osent guère se hasarder chez Lazare, et moins que jamais depuis qu’ils savent comment Rome a blâmé la conduite de Ponce Pilate. Puis, après un premier temps, le plus dangereux, nous t’avons remis le premier linceul, et Nicodème a pris l’autre et l’a porté dans sa maison de campagne.

    – Vraiment, Lazare, ils appartenaient à Joseph, observe Marie.

    – C’est vrai, Femme. Mais la maison de Nicodème est située hors de la ville. Elle attire donc moins l’attention et elle est plus sûre pour plusieurs raisons, lui répond Joseph.

    – Oui, en particulier depuis que Gamaliel et son fils la fréquentent avec assiduité, ajoute Nicodème.

    – Gamaliel ?! » s’exclame Marie avec étonnement.

    644.5 Lazare ne peut s’empêcher de sourire sarcastiquement :

    « Oui. Le signe, le fameux signe qu’il attendait pour croire que Jésus était le Messie, l’a ébranlé. On ne peut nier que le signe ait été capable de briser même les têtes et les cœurs les plus durs à se rendre. Et Gamaliel, par ce signe très puissant, fut ébranlé, secoué, abattu plus que les maisons qui s’écroulèrent le jour de la parascève, alors qu’il semblait que le monde périssait en même temps que la grande Victime. Le remords l’a déchiré plus que ne s’est déchiré le voile du Temple, le remords de n’avoir jamais compris Jésus pour ce qu’il était réellement. Le tombeau fermé de son esprit de vieux juif entêté s’est ouvert comme les tombeaux qui ont laissé apparaître les corps des justes. Il recherche aujourd’hui avec impatience la vérité, la lumière, le pardon, la vie. La nouvelle vie : celle que l’on ne peut avoir que par Jésus et en Jésus. Il devra encore travailler beaucoup pour libérer totalement son vieux moi du maquis de son ancienne manière de penser ! Mais il y parviendra. Il cherche la paix, le pardon, la connaissance. Paix pour ses remords, pardon pour son obstination et connaissance complète de Celui qu’il n’a pas voulu connaître complètement quand il pouvait le faire. Et il se rend chez Nicodème pour atteindre le but qu’il s’est désormais fixé.

    – Es-tu sûr qu’il ne te trahira pas, Nicodème ? demande Marie.

    – Non, il ne me trahira pas. Au fond, c’est un juste. Rappelle-toi qu’il a osé s’imposer au Sanhédrin, durant le procès infâme, et qu’il a montré ouvertement son indignation et son mépris pour les juges injustes en s’en allant et en ordonnant à son fils d’en faire de même pour ne pas être complice de ce crime suprême, même par une présence passive. Voilà pour ce qui est de Gamaliel.

    644.6 Quant aux linceuls, comme je ne suis plus juif et donc plus sujet à l’interdiction du Deutéronome sur les sculptures et représentations, j’ai pensé faire, comme je sais le faire, une statue de Jésus crucifié — j’emploierai l’un de mes cèdres géants du Liban — et cacher à l’intérieur un des linceuls, le premier, si toi, Mère, tu nous le rends. Cela te ferait toujours trop de mal de le voir, parce que sur lui sont visibles les immondices avec lesquelles Israël a frappé de manière sacrilège le Fils de son Dieu. En outre, les secousses subies dans la descente du Golgotha ont déplacé continuellement la tête martyrisée de Jésus de sorte que l’image est si confuse qu’il est difficile de bien la distinguer. Pourtant, bien que l’image soit médiocre et qu’elle soit souillée, cette toile m’est toujours chère et sacrée, parce que sur elle il y a toujours de son sang et de sa sueur. Cachée dans cette sculpture, elle sera sauvegardée, car aucun israélite des hautes classes n’osera jamais toucher une sculpture. Mais le second linceul qui a enveloppé le corps de Jésus depuis le soir de la parascève jusqu’à l’aurore de la Résurrection, doit te revenir. Sache néanmoins — je t’en avertis, pour que tu ne sois pas trop émue en la voyant — qu’au fil des jours sa figure est apparue de plus en plus nettement, comme elle était après qu’on l’a lavée. Quand nous l’avons retirée du tombeau, elle paraissait avoir simplement conservé l’empreinte de ses membres couverts par les huiles, auxquelles s’étaient mêlées des traces de sang et de sérosités venant des nombreuses blessures. Mais, que ce soit dû à un processus naturel ou, bien plus sûrement, à une volonté surnaturelle — un de ses miracles destiné à faire ta joie —, plus le temps avançait, plus l’empreinte devenait précise et claire. Il est là, sur cette toile, beau, majestueux, bien que blessé, serein, paisible, même après tant de tortures. As-tu le courage de le voir ?

    – Oh ! Nicodème ! Mais c’était mon suprême désir ! Tu dis qu’il a l’air paisible… Oh ! pouvoir le voir ainsi et non avec l’expression torturée qu’il a sur le voile de Nikê ! » répond Marie en joignant les mains sur son cœur.

    644.7 Alors les quatre hommes déplacent la table pour avoir plus de place, puis Lazare et Jean d’un côté, Nicodème et Joseph de l’autre, déroulent lentement la longue toile. On voit d’abord la partie dorsale, en commençant par les pieds, puis, après la quasi jonction des têtes, la partie frontale. Les lignes sont bien claires, et claires aussi les marques, toutes les marques de la flagellation, de la couronne d’épines, du frottement de la croix, les contusions des coups qu’il a reçus et des chutes qu’il a faites, ainsi que les blessures des clous et de la lance.

    Marie tombe à genoux, embrasse la toile, caresse les empreintes, baise les blessures. Elle est angoissée, mais en même temps visiblement contente de recevoir cette image surnaturelle, miraculeuse, de Jésus.

    644.8 Après l’avoir vénérée, elle se tourne et dit à Jean, qui ne peut être près d’elle, occupé comme il l’est à tenir un coin de la toile :

    « C’est toi qui leur en a parlé, Jean. Il n’y a que toi qui aies pu le faire, car toi seul connaissais le désir que j’en avais.

    – Oui, Mère, c’est moi. Et je n’avais pas achevé de leur faire part de ton désir qu’ils y avaient adhéré. Ils ont pourtant dû attendre le moment favorable…

    – C’est-à-dire une nuit très claire pour pouvoir venir sans torche ni lanterne, et une période sans solennités réunissant ici, à Jérusalem et dans son voisinage, le peuple et les notables, et cela par prudence… explique Nicodème.

    – Et moi, je les ai accompagnés pour plus de sécurité. En tant que maître de Gethsémani, il m’était permis de venir voir l’endroit sans attirer l’attention de quelque individu… chargé de surveiller toutes choses et toutes gens, achève Lazare.

    – Que Dieu vous bénisse tous. Pourtant les frais des linceuls, c’est vous qui les avez supportés… Et ce n’est pas juste…

    – Si, c’est juste, Mère. Moi, j’ai reçu du Christ, ton Fils, un don que l’on ne se procure pas à prix d’argent : la vie qu’il m’a rendue après quatre jours au tombeau, et auparavant la conversion de ma sœur Marie. Joseph et Nicodème ont reçu de Jésus la lumière, la vérité, la vie qui ne meurt pas. Et toi… toi, avec ta douleur de Mère, et ton amour de Mère très sainte pour tous les hommes, tu as acquis non pas une toile, mais tout le monde chrétien à Dieu, ce monde qui ne cessera de s’accroître. Il n’y a pas d’argent qui puisse compenser ce que tu as donné. Prends cela au moins. C’est à toi. Il est juste qu’il en soit ainsi. Ma sœur Marie partage aussi cet avis. Elle l’a toujours pensé, depuis le moment où il est ressuscité, et plus encore depuis qu’il t’a quittée pour monter vers le Père, lui répond Lazare.

    – Dans ce cas, qu’il en soit ainsi. 644.9 Je vais chercher l’autre. Il m’est en effet bien douloureux de le voir… Celui-ci, c’est différent : il donne la paix ! Car Jésus y apparaît serein, paisible désormais. Il semble déjà sentir, dans son sommeil mortel, la vie qui revient, et la gloire que personne ne pourra jamais plus atteindre et abattre. Maintenant je ne désire plus rien, sauf de me réunir à lui. Mais cela arrivera au moment que Dieu a fixé et de la manière dont il l’a fixée. Je m’en vais. Que Dieu vous donne le centuple de la joie que vous m’avez procurée. »

    Elle prend avec respect le linceul que les quatre hommes ont replié, sort de la cuisine, monte rapidement l’escalier… et redescend bientôt avec le premier linceul. Elle le remet à Nicodème qui lui dit :

    « Que Dieu te remercie, Femme. Maintenant, partons, car l’aube approche et il vaut mieux être à la maison avant que la lumière se lève et que les gens sortent de chez eux. »

    Les trois hommes la vénèrent avant de s’éloigner. Ils se dirigent rapidement vers l’une des grilles de Gethsémani, la plus proche du chemin qui mène à Béthanie, pour prendre la route du retour

    Marie et Jean restent à l’entrée de la maison jusqu’à ce qu’ils les voient disparaître, puis rentrent dans la cuisine et ferment la porte en parlant doucement entre eux.


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-029.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/institution-du-dimanche.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Dim 12 Sep - 10:54

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

645. Le procès et la lapidation d'Etienne. Les voies opposées de Saul et Gamaliel vers la sainteté

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 30
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 645

Vision du lundi 7 août 1944


Lundi 24 décembre 32
Jérusalem


Episode audio:

 

645.1 La disposition de la salle du Sanhédrin est la même qu’au procès de Jésus, dans la nuit du jeudi au vendredi, et les personnes aussi. Le grand-prêtre et les autres sont assis sur leurs sièges. Au centre, devant le grand-prêtre, dans l’espace vide où se tenait Jésus durant le procès, se tient maintenant Etienne. Il doit déjà avoir confessé sa foi et apporté son témoignage sur la vraie nature du Christ et sur l’Eglise, car le tumulte est à son comble ; dans sa violence, il est en tout semblable à celui qui s’agitait contre le Christ dans la nuit fatale de la trahison et du déicide.

Coups de poing, malédictions, blasphèmes horribles sont lancés contre le diacre Etienne qui, sous les coups brutaux, vacille et chancelle tandis que, férocement, ils le tirent d’un côté ou de l’autre. Mais lui garde son calme et sa dignité, et même davantage : il est non seulement calme et digne, mais même bienheureux, presque en extase.

Sans s’occuper des crachats qu’il reçoit en pleine face, ni du sang qui coule de son nez brutalement frappé, il lève à un certain moment son visage inspiré et son regard lumineux et souriant pour regarder fixement une vision connue de lui seul. Il ouvre ses bras en croix et les lève comme pour étreindre ce qu’il voit. Puis il tombe à genoux en s’écriant :

« Je vois les Cieux ouverts et le Fils de l’Homme, Jésus, le Christ de Dieu, que vous avez tué, qui siège à la droite de Dieu. »

Alors le tumulte perd le minimum d’humanité et de légalité qu’il gardait encore, et avec la furie d’une meute de loups, de chacals, de fauves enragés, tous s’élancent sur le diacre, le mordent, le piétinent, le saisissent, le relèvent en le tirant par les cheveux, le traînent, le laissent retomber… La furie s’oppose à la furie, car dans la rixe ceux qui cherchent à entraîner le martyr dehors sont contrariés par ceux qui le tirent dans une autre direction pour le frapper et le piétiner de nouveau.

645.2 Parmi les plus furieux, se trouve un jeune homme laid et de petite taille, qu’on appelle Saul. Il est impossible de décrire la férocité de son visage.

Dans un coin de la salle se tient Gamaliel. A aucun moment il n’a pris part à la bagarre, ni adressé la parole à Etienne, ni à aucun puissant. Son dégoût devant cette scène injuste et cruelle est bien visible. Dans un autre coin, l’air écœuré et étranger au procès et à la mêlée, se trouve Nicodème, qui regarde Gamaliel dont le visage a une expression plus claire que toute parole. Soudain, quand il voit que, pour la troisième fois, on soulève Etienne par les cheveux, Gamaliel s’enveloppe dans son ample manteau et se dirige vers une sortie opposée à celle vers laquelle on traîne le diacre.

Son geste n’échappe pas à Saul qui s’écrie :

« Rabbi, tu t’en vas ? »

Gamaliel ne répond rien. Saul, qui craint que Gamaliel n’ait pas compris que la question s’adressait à lui, répète et précise :

« Rabbi Gamaliel, tu te détournes de ce jugement ? »

Gamaliel fait volte-face et, avec un regard terrible tant il est dégoûté, l’air hautain et glacial, il répond seulement : “ Oui. ” Mais c’est un “ oui ” qui a plus de portée qu’un long discours.

Saul comprend tout ce qu’il y a dans ce “ oui ” et, abandonnant la meute féroce, il court vers Gamaliel, le rejoint, l’arrête et lui dit :

« Tu ne veux pas dire, rabbi, que tu désapprouves notre con­damnation ! »

Gamaliel ne le regarde pas et ne lui répond pas.

Saul poursuit :

« Cet homme est doublement coupable : pour avoir renié la Loi en suivant un Samaritain possédé par Belzébuth, et pour l’avoir fait après avoir été ton disciple. »

Gamaliel continue à ne pas le regarder et à se taire.

Alors Saul demande :

« Serais-tu donc, toi aussi, un partisan de ce malfaiteur appelé Jésus ? »

Cette fois, Gamaliel lui répond :

« Je ne le suis pas encore. Mais s’il était ce qu’il disait — et en vérité beaucoup de choses tendent à le prouver —, je prie Dieu de le devenir.

– Horreur ! s’écrie Saul.

– Il n’y a là aucune horreur. Chacun a une intelligence pour s’en servir et une liberté pour l’appliquer. Que chacun l’utilise donc d’après la liberté que Dieu a donnée à tout homme et la lumière qu’il a mise dans le cœur de chacun. Les justes, tôt ou tard, emploieront ces deux dons de Dieu pour le bien, et les mauvais pour le mal. »

A ces mots, il part vers la cour où se trouve le Trésor et va s’appuyer à la même colonne contre laquelle Jésus avait parlé de la pauvre veuve qui donne au Trésor du Temple tout ce qu’elle a : deux piécettes.

645.3 Après quelque temps, Saul le rejoint et se plante devant lui.

Il y a entre les deux hommes un très grand contraste. Gamaliel est grand, il a une certaine noblesse, il a un beau visage aux traits fortement sémitiques, un front haut, des yeux très noirs, intelligents, pénétrants, longs et très enfoncés sous d’épais sourcils droits, un nez droit lui aussi, long et fin qui rappelle un peu celui de Jésus. La couleur de sa peau, sa bouche aux lèvres fines rappellent également celles du Christ. Mais les moustaches et la barbe de Gamaliel, autrefois très noires, sont maintenant grisonnantes et plus longues.

Saul, au contraire, est petit, trapu, presque rachitique, avec des jambes courtes et grosses, un peu écartées aux genoux — on les voit bien, car il a enlevé son manteau et porte seulement une légère tunique grise. Il a des petits bras musclés comme les jambes, le cou raide et trapu qui soutient une grosse tête brune, avec des cheveux ras et rêches, des oreilles plutôt écartées, un nez camus, de grosses lèvres, des pommettes hautes et épaisses, un front bombé, des yeux sombres un peu bovins, sans douceur, mais très intelligents sous des sourcils arqués, drus et hérissés. Ses joues sont couvertes d’une courte barbe aussi hirsute que les cheveux et très fournie. Peut-être à cause de son cou si court, il paraît légèrement bossu ou avec des épaules très voûtées.

645.4 Il se tait un moment en fixant Gamaliel, puis il dit quelque chose à voix basse. Gamaliel lui répond d’une voix bien nette et forte :

« Je n’approuve pas la violence. Pour aucun motif. Tu n’auras jamais de moi la moindre approbation d’un dessein violent. Je l’ai même dit publiquement, à tout le Sanhédrin, quand on a pris pour la seconde fois Pierre et les autres apôtres et qu’ils ont été amenés devant le Sanhédrin pour y être jugés. Et je le répète : “ Si c’est une œuvre humaine, elle périra d’elle-même ; si elle vient de Dieu, les hommes ne pourront la détruire, en revanche, ils pourront être frappés par Dieu. ” Ne l’oublie pas.

– Es-tu le protecteur de ces blasphémateurs, disciples du Nazaréen, toi qui es le plus grand rabbi d’Israël ?

– Je suis le protecteur de la justice. Or elle enseigne que, dans les jugements, il faut faire preuve de prudence et de justice. Je te le répète : si c’est une œuvre qui vient de Dieu, elle résistera, sinon elle tombera d’elle-même. Mais moi, je ne veux pas me tacher les mains avec un sang dont je ne sais pas s’il mérite la mort.

– C’est toi, un pharisien et un docteur, qui parles ainsi ? Tu ne crains pas le Très-Haut ?

– Plus que toi. Mais je réfléchis. 645.5 Et je me souviens… Tu n’étais qu’un enfant, pas encore un fils de la Loi, alors que j’enseignais déjà dans ce Temple avec le rabbi le plus sage de ce temps… et avec d’autres qui étaient sages, mais pas justes. Notre sagesse reçut, entre ces murs, une leçon qui nous donna à réfléchir pour le reste de notre vie. Les yeux du plus sage et du plus juste de notre temps se fermèrent sur le souvenir de cette heure, et son esprit sur l’étude de ces vérités, entendues des lèvres d’un enfant qui se révélait aux hommes, spécialement aux justes. Mes yeux ont continué à veiller, et mon esprit à réfléchir, en coordonnant les événements et les choses… J’ai eu le privilège d’entendre le Très-Haut parler par la bouche d’un enfant, qui devint un homme juste, sage, puissant, saint, et qui fut mis à mort précisément à cause de ces qualités. Les paroles qu’il a dites alors ont pu être confirmées par des faits arrivés plusieurs années après, à l’époque annoncée par Daniel…

Malheureux que je suis de n’avoir pas compris plus tôt… d’avoir attendu le dernier et terrible signe pour croire, pour comprendre ! Malheureux peuple d’Israël qui n’a pas compris alors et ne comprend toujours pas aujourd’hui ! La prophétie de Daniel et celle d’autres prophètes et de la Parole de Dieu continuent, et elles s’accompliront pour Israël entêté, aveugle, sourd, injuste, qui continue à persécuter le Messie dans ses serviteurs !

– Malédiction ! Tu blasphèmes ! Vraiment, il n’y aura plus de salut pour le peuple de Dieu si les rabbis blasphèment, reniant Jéovêh, le Dieu vrai, pour exalter et croire un faux Messie !

– Ce n’est pas moi qui blasphème, mais tous ceux qui ont insulté le Nazaréen, et continuent à le mépriser, en méprisant ses fidèles. Toi, oui, tu le blasphèmes parce que tu le hais, en lui et dans les siens. Mais tu as raison quand tu dis qu’il n’y a plus de salut pour Israël. Cependant, ce n’est pas parce que des juifs passent dans son troupeau, mais parce qu’Israël l’a frappé à mort, lui.

– Tu me fais horreur ! Tu trahis la Loi, le Temple !

– Alors dénonce-moi au Sanhédrin, pour que j’aie le même sort que celui que l’on se prépare à lapider. Ce sera le commencement et la fin heureuse de ta mission. Et moi, grâce à mon sacrifice, je serai pardonné de n’avoir pas reconnu et compris le Dieu qui passait, Sauveur et Maître, parmi nous, ses fils et son peuple. »

645.6 Avec un geste de colère grossier, Saul s’éloigne, pour retourner dans la cour qui donne sur la salle du Sanhédrin et où la clameur de la foule, exaspérée contre Etienne, est plus forte que jamais. Saul rejoint les bourreaux dans cette cour, s’unit à eux, qui l’attendaient, et sort, avec les autres, du Temple puis des murs de la ville. Insultes, moqueries, coups, continuent à l’adresse du diacre qui avance, déjà épuisé, blessé, chancelant vers le lieu du supplice.

Hors des murs, il y a un espace inculte et pierreux, absolument désert. Arrivés là, les bourreaux forment un cercle autour du condamné, seul au milieu. Ils lui arrachent ses vêtements, déchirés et couverts de sang à plusieurs parties du corps à cause des blessures reçues. Etienne ne garde qu’une tunique très courte. Tous s’écartent alors et enlèvent leurs vêtements longs pour rester en tunique courte comme celle de Saul, à qui ils confient leurs vêtements. Celui-ci ne prend pas part à la lapidation, soit qu’il ait été impressionné par les paroles de Gamaliel, soit qu’il se sache incapable de viser juste.

645.7 Les bourreaux ramassent de grosses pierres et des silex coupants, qui abondent à cet endroit, et commencent la lapidation.

Etienne reçoit les premiers coups en restant debout, et avec un sourire de pardon sur ses lèvres blessées. Un instant avant le début de la lapidation, il a crié à Saul, occupé à rassembler les vêtements des bourreaux :

« Mon ami, je t’attends sur le chemin du Christ. »

Saul lui avait répondu : “ Porc ! Obsédé ! ” en unissant aux injures un vigoureux coup de pied dans les jambes du diacre, qui manque de tomber sous la violence de l’agression et à cause de la douleur.

Après plusieurs jets de pierre qui l’atteignent de tous côtés, Etienne tombe à genoux, appuyé sur ses mains blessées et, se rappelant certainement un lointain épisode, il murmure en touchant ses tempes et son front blessés :

« C’est bien ce qu’il m’avait prédit ! La couronne… les rubis… ô mon Seigneur, mon Maître, Jésus, reçois mon esprit ! »

Une autre grêle de coups sur sa tête déjà blessée le couche complètement sur le sol, qui s’imprègne de son sang. Pendant qu’il s’abandonne au milieu des pierres, toujours sous une grêle d’autres projectiles, il expire en murmurant :

« Seigneur… Père, pardonne-leur… ne leur impute pas ce péché… Ils ne savent pas ce qu’ils…»

La mort coupe la phrase sur ses lèvres. Un dernier sursaut le pelotonne sur lui-même et il reste ainsi. Mort.

Les bourreaux s’avancent, lancent sur lui une autre grêle de pierres sous lesquelles ils l’ensevelissent presque. Puis ils reprennent leurs habits et retournent au Temple, pour raconter, ivres d’un zèle satanique, ce qu’ils ont fait.

645.8 Pendant qu’ils parlent avec le grand-prêtre et d’autres puissants personnages, Saul part à la recherche de Gamaliel. Comme il ne le trouve pas tout de suite, il revient sur ses pas, enflammé de haine contre les chrétiens, va trouver les prêtres, parle avec eux, et se fait remettre un parchemin portant le sceau du Temple qui l’autorise à persécuter les chrétiens. Le sang d’Etienne doit l’avoir rendu furieux comme un taureau qui voit rouge, ou un vin généreux versé à un alcoolique.

Il s’apprête à sortir du Temple quand il aperçoit Gamaliel sous le Portique des Païens. Il se dirige vers lui. Peut-être veut-il continuer sa discussion et se justifier. Mais Gamaliel traverse la cour, entre dans une salle et ferme la porte au nez de Saul qui, offensé et furieux, sort en courant du Temple pour persécuter les chrétiens.

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta
Les voies opposées de Saul et de Gamaliel vers la sainteté


645.9 Jésus dit :

« Je me suis manifesté bien des fois, et à plusieurs, même de façon extraordinaire. Mais ces témoignages n’ont pas agi chez tous de la même façon. Nous pouvons voir comment à chacune de mes apparitions correspond la sanctification de ceux qui possédaient la bonne volonté demandée aux hommes pour avoir paix, vie, justice.

Ainsi, chez les bergers, la grâce a travaillé pendant les trente années de ma vie cachée. Puis elle a fleuri en donnant un saint épi quand vint le temps où les bons se séparèrent des mauvais pour suivre le Fils de Dieu, qui parcourait les chemins du monde en appelant par son cri d’amour les brebis du Troupeau éternel, disséminées et égarées par Satan, à se rassembler. Présents parmi les foules qui me suivaient, ils étaient mes messagers car, par leurs récits simples et convaincus, ils faisaient connaître le Christ en disant :

“ C’est lui, nous le reconnaissons. Sur ses premiers vagissements descendirent les berceuses des anges. Les anges nous ont dit, à nous, que les hommes de bonne volonté auront la paix. La bonne volonté, c’est le désir du bien et de la vérité. Suivons-le ! Suivez-le ! Nous obtiendrons tous la paix promise par le Seigneur. ”

Humbles, ignorants, pauvres, mes premiers messagers parmi les hommes s’échelonnèrent comme des sentinelles le long des routes du Roi d’Israël, du Roi du monde. Yeux fidèles, bouches honnêtes, cœurs affectueux, encensoirs qui exhalaient le parfum de leurs vertus pour rendre moins corrompu l’air de la terre autour de ma divine Personne, qui s’était incarnée pour eux et pour tous les hommes, je les ai trouvés jusqu’au pied de la croix, après les avoir bénis de mon regard le long de la voie sanglante du Golgotha. Ils sont les seuls — avec quelques rares personnes — à ne pas m’avoir maudit au milieu de la foule déchaînée. Eux m’ont aimé, ils ont cru, espéré contre tout, et ils ont porté sur moi un regard de compassion en se remémorant la nuit lointaine du jour de ma naissance, et en pleurant sur l’Innocent qui avait dormi de son premier sommeil sur un bois inconfortable et de son dernier sur un bois encore plus douloureux. Cela parce qu’en me manifestant à eux, qui avaient l’âme droite, je les avais sanctifiés.

Et il en fut ainsi pour les trois sages d’Orient, pour Siméon et Anne dans le Temple, pour André et Jean au Jourdain, pour Pierre, Jacques et Jean au Thabor, pour Marie-Madeleine à l’aube de la Pâque, pour les Onze, pardonnés sur l’Oliveraie, et encore avant à Béthanie, de leur égarement… Non, Jean, le pur, n’eut pas besoin de pardon. Il fut le fidèle, le héros toujours aimant. L’amour très pur qu’il avait en lui et sa pureté d’esprit, de cœur, de chair, l’ont préservé de toute faiblesse.

645.10 Gamaliel et Hillel n’étaient pas simples comme les bergers, saints comme Siméon, sages comme les trois mages. Chez Gamaliel, et chez son maître et parent, s’étaient développées des lianes pharisaïques pour étouffer la lumière et le libre développement de l’arbre de la foi. Mais, dans leur être pharisien, ils gardaient la pureté d’intention. Ils croyaient être dans le juste, et ils désiraient l’être. Ils le désiraient par instinct, parce que c’étaient des justes, et par intelligence, car leur esprit mécontent s’écriait :

“ Ce pain est mêlé à trop de cendre. Donnez-nous le pain de la vérité. ”

Or Gamaliel n’avait pas assez de force pour trouver le courage de briser ces lianes pharisaïques. Son humanité le tenait encore trop esclave, et avec elle, les considérations de l’estime humaine, du danger personnel, du bien-être familial. Pour toutes ces raisons, Gamaliel n’avait pas su comprendre “ le Dieu qui passait parmi son peuple ”, ni employer “ cette intelligence et cette liberté ” que Dieu a données à tout homme pour qu’il en use pour son bien. Seul le signe attendu pendant tant d’années, le signe qui l’avait terrassé et torturé par d’incessants remords, allait susciter en lui la reconnaissance du Christ et le changement de son ancienne manière de penser. Celle-ci était due à ce que les scribes, les pharisiens et les docteurs avaient corrompu l’essence et l’esprit de la Loi, en étouffant la simple et lumineuse vérité venue de Dieu sous un tas de préceptes humains souvent erronés, mais toujours avantageux pour eux. Mais, de rabbi de l’erreur, Gamaliel allait devenir, après une longue lutte entre son ancien moi et son moi actuel, disciple de la vérité divine.

645.11 Du reste, il n’avait pas été le seul à rester dans l’indécision et à manquer de force pour agir. Joseph d’Arimathie, et plus encore Nicodème, ne surent pas écarter sur-le-champ les coutumes et les lianes juives pour embrasser ouvertement la nouvelle Doctrine, si bien qu’ils avaient l’habitude de venir trouver le Christ “ en secret ” par crainte des juifs, ou bien de le rencontrer comme par hasard, et tout au plus dans leurs maisons de campagne ou dans celle de Béthanie, chez Lazare, parce qu’ils la savaient plus sûre et plus redoutée par les ennemis du Christ, qui connaissaient bien la protection de Rome pour le fils de Théophile.

Pourtant ceux-ci furent toujours plus avancés dans le bien et plus courageux que le rabbi Gamaliel, au point d’oser manifester leur pitié par leur attitude le vendredi saint.

645.12 Mais remarquez, vous qui lisez, la puissance de sa droiture d’intention. Grâce à elle sa justice, très humaine, se teinte de spirituel. Celle de Saul, au contraire, se souille de démoniaque à l’heure où le déchaînement du mal les met, lui et son maître Gamaliel, au carrefour du choix entre le bien et le mal, entre le juste et l’injuste.

L’arbre du bien et du mal se dresse devant tout homme pour lui présenter ses fruits mauvais sous un aspect plus attirant et plus alléchant, alors que dans le feuillage, avec une voix trompeuse de rossignol, siffle le Serpent tentateur. Il appartient à l’homme, créature douée de raison et dotée d’une âme que Dieu lui a donnée, de savoir discerner et vouloir le fruit qui est bon parmi ceux, nombreux, qui ne le sont pas, qui blessent et font mourir l’esprit. Il lui faut cueillir le bon fruit, même s’il se pique et si cela lui coûte, même si le goût en est amer et l’aspect médiocre. La métamorphose qui le rend tellement plus lisse et agréable au toucher, doux au palais, beau à voir, arrive seulement lorsque, par justice d’esprit et par raison, il sait choisir le bon fruit, et se nourrir de son suc, qui est amer, mais saint.

Saul tend des mains avides vers le fruit du mal, de la haine, de l’injustice, du crime, et cela jusqu’à ce qu’il soit foudroyé, abattu, rendu aveugle à la vue humaine afin d’acquérir la vue surnaturelle et de devenir, non seulement juste, mais apôtre et confesseur de Celui qu’il haïssait et persécutait dans ses serviteurs.

Gamaliel tend les mains vers les fruits du bien, en rompant les lianes tenaces de son humanité et du judaïsme, pour faire naître et fleurir une lointaine semence de lumière et de justice, non seulement humaine mais surnaturelle, que ma quatrième épiphanie — ou manifestation, pour employer un mot peut-être plus clair et plus compréhensible —, lui avait mise dans le cœur, dans son cœur aux intentions droites. Cette semence, il l’avait gardée et défendue avec une honnête affection et une noble soif de la voir pousser et fleurir. Sa volonté et mon sang rompirent la dure écorce de cette lointaine semence qu’il avait conservée dans son cœur pendant des dizaines d’années, dans ce cœur de pierre qui se fendit en même temps que le voile du Temple et que la terre de Jérusalem, et qui cria son suprême désir vers moi qui ne pouvais plus l’entendre de mes oreilles, mais qui l’entendais bien avec mon divin esprit quand il était, allongé par terre, au pied de la croix. Et sous le soleil de feu des paroles des apôtres et des meilleurs disciples, et à la vue de la pluie de sang d’Etienne, mon premier martyr, cette semence fit des racines, devint un arbre, fleurit et fructifia.

La plante nouvelle de son christianisme a poussé là où la tragédie du vendredi saint avait abattu, déraciné, détruit toutes les plantes et herbes anciennes. La plante de son christianisme nouveau et de sa sainteté nouvelle est née et s’est dressée devant mes yeux.

Pardonné par moi, bien que coupable de ne pas m’avoir compris plus tôt, en raison de sa justice qui ne voulut pas participer à ma condamnation ni à celle d’Etienne, son désir de devenir pour moi un disciple, un fils de la Vérité, de la Lumière, fut béni aussi par le Père et l’Esprit sanctificateur. De désir, il devint réalité, sans avoir besoin d’être puissamment et violemment foudroyé, comme cela fut nécessaire pour Saul sur le chemin de Damas, pour cet arrogant qu’aucun autre moyen n’aurait pu conquérir et amener à la justice, à la charité, à la lumière, à la vérité, à la vie éternelle et glorieuse des Cieux. »


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-030.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/martyre-d-etienne.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Lun 13 Sep - 21:37

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

646. L’ensevelissement Étienne et début de la persécution.

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 32
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 646

Vision du 8 août 1951


Lundi 24 décembre 32
Jérusalem


Episode audio:

 

646.1 Il fait nuit noire, car la lune est déjà couchée, quand Marie sort de sa maison de Gethsémani avec Pierre, Jacques, fils d’Alphée, Jean, Nicodème et Simon le Zélote.

A cause de l’obscurité, Lazare, qui les attend devant la maison, là où commence le sentier qui mène à la grille la plus basse, allume une lampe à huile protégée par une plaque mince d’albâtre ou quelque autre matière transparente. La lumière est faible, mais en la tenant en bas vers la terre, comme on le fait, elle permet de voir les pierres et les obstacles qui peuvent se trouver sur le parcours. Lazare se met à côté de Marie pour qu’elle, surtout, puisse voir clair. Jean est de l’autre côté, et soutient la Mère par un bras. Les autres sont derrière, en groupe.

Arrivés au Cédron, ils le longent, de façon à être à moitié cachés par les buissons sauvages qui s’élèvent près de ses rives. Le bruissement de l’eau couvre le bruit de pas des voyageurs.

Ils suivent toujours la partie extérieure des murs jusqu’à la porte la plus proche du Temple, pénètrent dans la zone inhabitée et déserte, et arrivent à l’endroit où Etienne a été lapidé. Ils se dirigent vers le monceau de pierres sous lequel il est à demi enseveli, et en enlèvent les pierres jusqu’au moment où le pauvre corps apparaît. Il est désormais livide, dur, raidi à la fois par la mort et par les coups et les pierres qu’il a reçues, pelotonné sur lui-même comme la mort l’a saisi.

646.2 Marie que, par pitié, Jean avait tenue éloignée de quelques pas, se dégage et court vers ce pauvre corps déchiré et sanguinolent. Sans se soucier des taches que le sang coagulé imprime sur son vêtement, Marie, aidée par Jacques, fils d’Alphée, et par Jean, dépose le corps sur une toile étendue sur la poussière, à un endroit sans pierres. Avec un linge, qu’elle trempe dans une petite amphore que lui présente Simon, elle nettoie, comme elle le peut, le visage d’Etienne, remet en ordre ses cheveux en cherchant à les ramener sur les tempes et sur les joues blessées pour couvrir les horribles traces laissées par les pierres. Elle nettoie aussi les autres membres et voudrait leur donner une pose moins tragique. Mais le froid de la mort, arrivée depuis plusieurs heures déjà, ne le permet qu’en partie.

Les hommes, plus forts physiquement et moralement que Marie — qui semble de nouveau être la Mère douloureuse du Golgotha et du tombeau — s’y essaient à leur tour. Mais eux aussi doivent se résigner, après bien des efforts, à le laisser tel quel. Ils le revêtent d’un long vêtement propre, car le sien a été dispersé ou volé, par mépris, par ceux qui l’ont lapidé, et la tunique qu’ils lui avaient laissée n’est plus qu’une loque déchirée et couverte de sang.

Cela fait, et toujours à la faible lueur de la lanterne que Lazare tient tout près du pauvre corps, ils le soulèvent et le déposent sur une autre toile bien propre. Nicodème prend la première toile, trempée par l’eau qui a servi à laver le martyr et par son sang coagulé, et la glisse sous son manteau. Jean et Jacques du côté de la tête, Pierre et Simon le Zélote du côté des pieds, soulèvent celle qui contient le corps, et ils repartent, précédés par Lazare et Marie. Mais au lieu de revenir par le même chemin, ils entrent dans la campagne et tournent au pied de l’Oliveraie pour rejoindre la route qui mène à Jéricho et à Béthanie.

646.3 Là, ils s’arrêtent pour se reposer et pour parler. Comme Nicodème a assisté — bien que d’une manière passive — à la condamnation d’Etienne, et comme il est l’un des chefs des juifs, il connaît mieux que les autres les décisions du Sanhédrin. Il avertit donc le groupe que l’on a déchaîné et ordonné la persécution contre les chrétiens, et qu’Etienne n’est que le premier d’une longue liste de noms déjà désignés comme partisans du Christ.

Tous les apôtres commencent par s’écrier :

« Qu’ils fassent ce qu’ils veulent ! Nous ne changerons pas, ni par menace, ni par prudence ! »

Mais les plus avisés, c’est-à-dire Lazare et Nicodème, font observer à Pierre et à Jacques, fils d’Alphée, que l’Eglise a encore bien peu de prêtres du Christ et que, si les plus importants, c’est-à-dire le pontife Pierre et Jacques, l’évêque de Jérusalem, venaient à être tués, l’Eglise aurait du mal à survivre. Ils rappellent aussi à Pierre que leur Fondateur et Maître avait quitté la Judée pour la Samarie pour ne pas être tué avant de les avoir bien formés, et comment il avait conseillé à ses serviteurs d’imiter son exemple jusqu’à ce que les pasteurs soient assez nombreux pour ne pas laisser craindre la dispersion des fidèles par suite de la mort des pasteurs. Et ils achèvent :

« Dispersez-vous, vous aussi, en Judée et en Samarie. Faites-y des prosélytes, d’autres pasteurs nombreux et, de là, répandez-vous sur toute la terre, afin que, comme Jésus l’a demandé, toutes les nations connaissent l’Evangile. »

646.4 Les apôtres sont perplexes. Ils regardent Marie comme pour savoir ce qu’elle en pense.

Et Marie, qui comprend ces regards, dit :

« C’est un bon conseil. Suivez-le. Ce n’est pas de la lâcheté, mais de la prudence. Jésus vous l’a enseigné : “ Soyez simples comme les colombes et prudents comme les serpents. Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Gardez-vous des hommes… ” »

Jacques l’interrompt :

« Oui, Mère. Mais il a dit aussi : “ Lorsque vous tomberez entre leurs mains et que vous serez traduits devant ceux qui gouvernent, ne vous inquiétez pas de ce que vous devrez répondre. Ce ne sera pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père parlera par vous et en vous. ” Pour ma part, je reste ici. Le disciple doit être comme le Maître. Lui est mort pour donner vie à l’Eglise. Chacune de nos morts sera une pierre ajoutée au grand nouveau Temple, un accroissement de vie pour le grand et immortel corps de l’Eglise universelle. Qu’ils me tuent donc, s’ils le veulent ! Vivant au Ciel, je serai plus heureux, car je serai à côté de mon Frère, et plus puissant encore. Je ne crains pas la mort, mais le péché. Abandonner ma place me paraît imiter le geste de Judas, le traître parfait. Ce péché, Jacques, fils d’Alphée, ne le commettra jamais. Si je dois tomber, je tomberai en héros à mon poste de combat, à la place où Lui me veut. »

Marie lui répond :

« Je n’entre pas dans tes secrets avec l’Homme-Dieu. S’il te donne cette inspiration, suis-la. Lui seul, qui est Dieu, peut avoir le pouvoir d’ordonner. Il nous appartient seulement de lui obéir toujours, en tout, pour faire sa volonté. »

646.5 Moins héroïque, Pierre s’entretient avec Simon le Zélote pour connaître son avis. Lazare, qui se tient près d’eux, suggère :

« Venez à Béthanie. C’est proche de Jérusalem et proche du chemin pour la Samarie. C’est de là que le Christ est parti tant de fois pour échapper à ses ennemis… »

Nicodème propose à son tour :

« Venez dans ma maison de campagne. Elle est sûre, et proche aussi bien de Béthanie que de Jérusalem, qui plus est sur la route qui mène, par Jéricho, à Ephraïm.

– Non, mieux vaut la mienne, elle est protégée par Rome, insiste Lazare.

– Tu es déjà trop haï depuis que Jésus t’a ressuscité, affirmant ainsi, puissamment, sa nature divine. Réfléchis que c’est pour ce motif que son sort fut décidé. Il ne faut pas que cela décide du tien, lui répond Nicodème.

– Et ma maison, qu’en faites-vous ? En réalité, elle appartient à Lazare, mais elle porte encore mon nom » dit Simon le Zélote.

Marie intervient :

« Laissez-moi réfléchir, penser, juger ce qui est préférable. Dieu ne me laissera pas sans sa lumière. Quand je le saurai, je vous le dirai. Pour le moment, venez avec moi à Gethsémani.

– Siège de toute Sagesse, Mère de la Parole et de la Lumière, tu es toujours pour nous l’Etoile qui nous guide en sécurité. Nous t’obéissons » disent-ils tous ensemble comme si l’Esprit Saint avait vraiment parlé dans leur cœur et par leur bouche.

646.6 Ils se relèvent de l’herbe dans laquelle ils s’étaient assis au bord de la route. Pendant que Pierre, Jacques, Simon et Jean accompagnent Marie à Gethsémani, Lazare et Nicodème soulèvent la toile qui enveloppe le corps d’Etienne et, aux premières lueurs de l’aube, ils se dirigent vers le chemin qui mène de Béthanie à Jéricho. Où portent-ils le martyr ? Mystère.


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-032.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/ensevelissement-d-etienne-et-debut-des-persecutions.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mar 14 Sep - 21:59

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

647. Gamaliel devient chrétien

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 33
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 647

Vision du jeudi 1er novembre 1951


En septembre 44
Jérusalem


Episode audio:

 

    647.1 Des années ont dû passer, car Jean paraît être maintenant dans toute la force de l’âge, avec des membres plus robustes, un visage plus mûr, et ses cheveux, sa barbe et ses moustaches sont moins clairs [1].

    Marie est en train de filer. Jean range la cuisine de la maison de Gethsémani dont les murs ont été récemment blanchis, et les objets de bois vernis : tabourets, portes, une étagère qui sert aussi de console pour la lampe. Marie n’a pas changé. Son aspect est frais et serein. Toute trace laissée sur son visage par la douleur de la mort de son Fils, de son retour au Ciel, des premières persécutions contre les chrétiens, a disparu. Le temps n’a pas laissé de trace sur ce doux visage, et l’âge n’a pas eu le pouvoir d’en altérer la fraîche et pure beauté.

    La lampe, allumée sur la console, projette une lumière vacillante sur les mains petites et agiles de Marie, sur la filasse blanche enroulée sur la quenouille, sur le fil fin, sur le fuseau qui tournoie, sur les blonds cheveux rassemblés en un nœud pesant sur la nuque.

    Par la porte ouverte, un clair rayon de lune pénètre dans la cuisine, s’étendant comme une raie d’argent de la porte jusqu’aux pieds du tabouret sur lequel Marie est assise. Elle a ainsi les pieds éclairés par le rayon de lune, les mains et la tête baignés de la lumière rougeâtre de la lampe. Dehors, dans les oliviers qui entourent la maison de Gethsémani, des rossignols chantent leur amour.

    Soudain, ils se taisent comme s’ils étaient effrayés et, après quelques instants, un bruit de pas se fait entendre, se rapproche, et s’arrête sur le seuil de la cuisine, faisant disparaître le blanc rayon de lune qui couvrait d’une lueur argentée le pavage grossier et sombre du sol.

    647.2 Levant la tête, Marie tourne les yeux vers l’entrée. Jean, de son côté, regarde vers la porte et un “ oh ! ” d’étonnement jaillit de leur bouche, tandis que, d’un même mouvement, ils accourent tous les deux vers le seuil où est apparu et s’est arrêté Gamaliel. Il est maintenant très âgé, un vrai spectre, tant il est maigre dans ses vêtements blancs que la lune, qui enveloppe ses épaules, rend pour ainsi dire phosphorescents. C’est un Gamaliel brisé, écrasé par les événements, par ses remords, par bien des choses plus encore que par l’âge [2].

    « Toi ici, rabbi ? Entre ! Viens ! Et que la paix soit avec toi, lui dit Jean, qui se tient en face de lui, très près, alors que Marie est à quelques pas en arrière.

    – Peux-tu me conduire ? Je suis aveugle… » chevrote le vieux rabbi sous l’effet de quelque plainte secrète.

    Abasourdi, Jean demande d’une voix qui trahit son émotion et sa pitié :

    « Aveugle ? Depuis quand ?

    – Oh !… Depuis longtemps ! Ma vue a commencé à s’affaiblir tout de suite après… après… Oui, après que je n’ai pas su reconnaître la vraie Lumière venue illuminer les hommes jusqu’au moment où le tremblement de terre a déchiré le voile du Temple et secoué ses puissantes murailles, comme Jésus l’avait annoncé. C’était vraiment un double voile qui recouvrait le Saint des Saints du Temple, et le Saint des Saints encore plus vrai, la Parole du Père, son Fils unique et éternel, caché par le voile d’une chair humaine toute pure, que seules sa Passion et sa glorieuse Résurrection révélèrent même aux plus obtus, et à moi le premier, pour ce qu’il était réellement : le Christ, le Messie, l’Emmanuel. A partir de ce moment, les ténèbres ont commencé à descendre sur mes pupilles et à devenir toujours plus épaisses. Juste châtiment pour moi. Depuis quelque temps, je suis totalement aveugle. 647.3 Et je suis venu… »

    Jean l’interrompt :

    « Peut-être pour demander un miracle ? ”

    – Oui, un grand miracle. Je le demande à la Mère du Dieu vrai.

    – Gamaliel, moi, je n’ai pas le pouvoir qu’avait mon Fils. Lui pouvait rendre la vie et la vue aux pupilles éteintes, la parole aux muets, le mouvement aux paralysés, mais moi, non » lui répond Marie, avant de poursuivre : « Mais viens t’asseoir ici, près de la table. Tu es las et âgé, rabbi. Ne te fatigue pas davantage. »

    Aidée par Jean, elle le conduit avec pitié près de la table et le fait asseoir sur un tabouret.

    Avant de lâcher la main de Marie, Gamaliel la baise avec vénération, puis il lui dit :

    « Marie, je ne te demande pas le miracle d’y voir de nouveau. Non. Je ne demande pas cette grâce matérielle. Ce que je te demande, ô Bénie entre toutes les femmes, c’est une vue d’aigle pour mon esprit, pour que je voie toute la vérité. Je ne te demande pas la lumière pour mes pupilles éteintes, mais la lumière surnaturelle, divine, la vraie lumière qui est sagesse, vérité, vie pour mon âme et mon cœur déchirés et épuisés par les remords qui ne me laissent pas de trêve. Je n’ai aucun désir de voir de mes yeux ce monde hébraïque, si… oui, si obstinément rebelle à Dieu, qui a eu et qui a encore pour lui une immense pitié qu’en vérité nous ne méritons pas d’avoir. Je suis même heureux de ne plus le voir, et je me réjouis de ce que ma cécité m’ait libéré de tout emploi au Temple et auprès du Sanhédrin, tellement injustes envers ton Fils et envers ses fidèles. Ce que je désire voir par l’intelligence, le cœur, l’esprit, c’est lui, Jésus. Le voir, en moi, dans mon esprit, le voir spirituellement, comme certainement vous le voyez, toi, sainte Mère de Dieu, et Jean si pur, et aussi Jacques tant qu’il a vécu [3], et les autres, pour les aider dans leur ministère difficile et tellement entravé. Le voir pour l’aimer de tout mon être et, par cet amour, pouvoir réparer mes fautes et obtenir son pardon, pour avoir la vie éternelle que je ne mérite plus… »

    Il baisse la tête sur ses bras posés sur la table, et pleure.

    647.4 Marie pose une main sur sa tête secouée par les sanglots :

    « Non, tu n’as pas perdu la vie éternelle ! Le Sauveur pardonne tout à celui qui se repent de ses erreurs passées. Il aurait même pardonné à celui qui l’a livré s’il s’était repenti de son horrible péché. Or la faute de Judas est immense, comparée à la tienne. Réfléchis : Judas était l’apôtre accueilli par le Christ, instruit par le Christ, aimé par le Christ plus que tout autre, si l’on pense que le Christ, qui n’ignorait rien de lui, ne l’a pas chassé du groupe de ses apôtres. Au contraire, et jusqu’au dernier moment, il a recouru à toutes sortes d’expédients pour qu’ils ne comprennent pas qui il était et ce qu’il tramait. Mon Fils était la Vérité même, et n’a jamais menti, pour aucun motif. Mais quand il voyait les onze autres soupçonner Judas et quand ils l’interrogeaient sur lui, il réussissait, sans mentir, à détourner leurs soupçons et à ne pas répondre en leur imposant de ne pas poser de questions, à la fois par prudence et par charité envers leur frère. Ta faute est bien moindre. On ne peut même la qualifier de faute. Ce n’était pas de l’incrédulité, mais au contraire un excès de foi.

    Tu as tellement cru à l’Enfant de douze ans qui t’avait parlé au Temple qu’avec obstination, mais avec une intention droite venue de ta foi absolue en cet Enfant, sur les lèvres duquel tu avais entendu des paroles d’une infinie sagesse, tu as attendu un signe pour croire en lui et reconnaître en lui le Messie. Dieu pardonne à celui qui a une foi si forte et si fidèle. Il pardonne encore davantage à celui qui, étant dans le doute sur la vraie nature d’un homme, accusé injustement, ne veut pas prendre part à sa condamnation parce qu’il la sent injuste. Ta vision spirituelle de la vérité s’est toujours approfondie à partir du moment où tu as quitté le Sanhédrin pour ne pas consentir à cet acte sacrilège. Et elle a grandi davantage lorsque, au Temple, tu as vu s’accomplir le signe tant attendu qui a marqué le commencement de l’ère chrétienne. Elle s’est encore accrue quand, avec ces mots puissants, angoissés, tu as prié au pied de la croix de mon Fils, désormais glacé et éteint. Elle est devenue presque parfaite chaque fois que, par la parole ou en te retirant à part, tu as défendu les serviteurs de mon Fils et que tu n’as pas voulu prendre part à la condamnation des premiers martyrs. Sois-en sûr, Gamaliel, chacun de tes actes de douleur, de justice, d’amour, a fait grandir en toi ta vision spirituelle.

    647.5 – Tout cela n’est pas encore assez ! J’ai eu la grâce rare de connaître ton Fils dès sa première manifestation publique, au moment de sa majorité. J’aurais dû voir clair dès ce moment ! Comprendre ! J’ai été aveugle et sot… Je n’ai pas vu et pas compris. Ni à ce moment là, ni à d’autres occasions où j’ai eu la grâce de l’approcher, désormais Homme et Maître, et d’entendre ses paroles toujours plus justes et plus fortes. Entêté, j’attendais le signe humain, les pierres secouées… Je ne me rendais pas compte que tout en lui était un signe certain ! Je ne voyais pas qu’il était la pierre angulaire prédite par les prophètes, la pierre qui déjà secouait le monde entier, juif et païen, la pierre qui secouait les pierres des cœurs par sa Parole et ses prodiges ! Je ne reconnaissais pas sur lui le signe manifeste de son Père en tout ce qu’il faisait ou disait ! Comment peut-il pardonner tant d’obstination ?

    647.6 – Gamaliel, arriveras-tu croire que je peux te donner un bon conseil, moi qui suis le Siège de la Sagesse, la Femme comblée de grâce, remplie de la connaissance des réalités surnaturelles en raison de la Sagesse qui a pris chair en moi, et de la grâce que le Christ m’a donnée ?

    – Oh ! oui, je le crois ! C’est justement parce que je crois que tu es cela que je viens à toi pour avoir la lumière. Toi qui es Fille, Mère, Epouse de Dieu, qui t’a certainement comblée dès ta conception de ses lumières de sagesse, tu ne peux que m’indiquer le chemin que je dois prendre pour avoir la paix, pour trouver la vérité, pour conquérir la vraie vie. Je suis tellement conscient de mes erreurs, tellement écrasé par ma misère spirituelle, que j’ai besoin d’aide pour oser aller à Dieu.

    – Ce que tu considères comme un obstacle est au contraire une aile pour t’élever vers Dieu. Tu t’es démoli toi-même, tu t’es humilié. Tu étais une puissante montagne, tu t’es rendu vallée profonde. Sache que l’humilité est semblable à l’engrais du terrain le plus aride pour le préparer à donner des plantes et des moissons magnifiques. C’est un escalier pour monter, ou plutôt c’est une échelle pour s’élever vers Dieu qui, voyant un homme humble, l’appelle à lui pour l’exalter, l’enflammer de sa charité et l’éclairer de ses lumières, afin qu’il voie. C’est pourquoi je t’affirme que tu es déjà dans la lumière, sur le bon chemin, tourné vers la vie véritable des enfants de Dieu.

    647.7 – Mais pour avoir la grâce, il me faut entrer dans l’Eglise, recevoir le baptême qui purifie de la faute et nous rend de nouveau fils adoptifs de Dieu. Je n’y suis pas opposé, loin de là. J’ai détruit en moi le fils de la Loi, je ne peux plus avoir d’estime et d’amour pour le Temple. Mais je ne veux pas être rien. Je dois donc reconstruire sur les ruines de mon passé l’homme nouveau, et la foi nouvelle. Je pense toutefois que les apôtres et les disciples sont méfiants et prévenus à l’égard du grand rabbi à la nuque raide que je suis… »

    Jean l’interrompt :

    « Tu te trompes, Gamaliel. Je suis le premier à t’aimer et je marquerai comme un jour de très grande grâce celui où tu pourras te dire agneau du troupeau du Christ. Je ne serais pas son disciple si je ne mettais pas en pratique ses enseignements. Or il nous a commandé l’amour et la compréhension pour tous, et spécialement pour les plus faibles, les malades, les égarés. Il nous a ordonné d’imiter ses exemples. Or nous l’avons toujours vu être plein d’amour pour les coupables repentis, les fils prodigues qui revenaient au Père, ou les brebis perdues. De Marie-Madeleine à la Samaritaine, d’Aglaé au larron, combien il en a rachetés par miséricorde ! Il aurait pardonné même à Judas pour son crime suprême, s’il s’était repenti. Il lui avait pardonné tant de fois ! Je suis seul à savoir à quel point il l’a aimé, alors qu’il connaissait tout de sa conduite. 647.8 Viens avec moi, je ferai de toi un fils de Dieu et un frère pour le Christ Sauveur.

    – Tu n’es pas le Pontife. Le Pontife, c’est Pierre. Et Pierre sera-t-il bon comme toi ? Lui, je le sais, est fort différent de toi.

    – Il l’était. Mais depuis qu’il a vu combien il a été faible, jusqu’à être lâche et à renier son Maître, il n’est plus le même, et il est devenu miséricordieux pour tous et avec tous.

    – Dans ce cas, mène-moi immédiatement à lui. Je suis âgé, et je n’ai que trop tardé. Je me sentais trop indigne, et je craignais que tous les serviteurs du Christ ne portent sur moi ce jugement. Maintenant que les paroles de Marie et les tiennes m’ont réconforté, je veux entrer tout de suite dans le Bercail du Maître, avant que mon vieux cœur, brisé par tant de choses, ne s’arrête. Guide-moi, car j’ai congédié le serviteur qui m’a conduit ici, afin qu’il n’entende rien. Il va revenir à l’heure de prime. Mais je serai déjà loin, et de deux manières : de cette maison et du Temple. Pour toujours. J’irai d’abord, moi le fils rebelle, à la maison du Père, moi la brebis perdue, au vrai Bercail du Pasteur éternel. Puis je retournerai dans ma maison lointaine, pour y mourir dans la paix et dans la grâce de Dieu. »

    647.9 Dans un geste spontané, Marie l’étreint et lui dit :

    « Que Dieu te donne la paix. La paix et la gloire éternelle parce que tu l’as mérité, en montrant ta vraie pensée aux puissants chefs d’Israël sans craindre leurs réactions. Que Dieu soit avec toi, toujours. Que Dieu te donne sa bénédiction. »

    Gamaliel cherche de nouveau les mains de Marie. Il les prend dans les siennes, les baise, et s’agenouille en la priant de poser ces mains bénies sur sa vieille tête fatiguée.

    Marie le satisfait. Elle fait même davantage : elle trace un signe de croix sur sa tête inclinée puis, avec Jean, elle l’aide à se relever, l’accompagne à la porte et reste à le regarder s’éloigner, guidé par Jean vers la vraie vie, lui, le patriarche humainement fini, mais surnaturellement recréé.
 




[1] Il doit avoir 35/36 ans environ.

[2] Il doit avoir 70 ans environ.

[3] Jacques de Zébédée, au tempérament si fougueux, vient d'être tué par Hérode Agrippa 1er. C'était le frère de Jean, présent dans cette scène.

[4] Probablement à Giscala, là où est enterré son grand-père, plutôt qu'à Gamala de Judée une résidence peut-être trop proche de Jérusalem





SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-033.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/gamaliel-devient-chretien.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Mer 15 Sep - 21:52

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

648. Pierre prend congé de Marie après une conversation avec Jean

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 34
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 648

Vision du dimanche 4 novembre 1951


En septembre 44
Jérusalem


Episode audio:

 

    648.1 Sur la terrasse de la maison de Simon, éclairée par la pleine lune, se trouvent Pierre et Jean. Ils devisent à voix basse, en montrant la maison de Lazare, fermée et silencieuse [1]. Ils discutent longuement en faisant les cent pas. Puis, qui sait pour quel motif, le débat devient plus animé et leurs voix, d’abord basses, prennent un ton plus haut et bien clair.

    Pierre donne un coup de poing sur le parapet et s’écrie :

    « Mais tu ne comprends pas que c’est ce qu’il convient de faire ? C’est au nom de Dieu que je te parle, écoute-moi, et ne t’obstine pas. Il faut agir comme je le dis. Ce n’est pas par lâcheté ou par peur, mais pour empêcher la totale extermination qui nuirait à l’Eglise du Christ. Désormais, on suit tous nos déplacements. Je m’en suis aperçu, et Nicodème m’a confirmé que j’avais bien vu. Pourquoi n’avons-nous pas pu rester à Béthanie ? Pour cette raison. Pourquoi n’est-il plus prudent de rester dans cette maison, chez Nicodème, Nikê ou chez Anastasica ? Toujours pour cette raison. Pour empêcher l’Eglise de mourir de la mort de ses chefs.

    – Le Maître nous a assuré bien des fois que l’enfer même ne pourra jamais l’exterminer et prévaloir sur elle [2], répond Jean.

    – C’est vrai. L’enfer ne prévaudra pas, comme il n’a pas prévalu sur le Christ. Mais les hommes, oui. Comme ils ont prévalu sur l’Homme-Dieu, qui a vaincu Satan, mais qui n’a pu triompher des hommes.

    – Parce qu’il n’a pas voulu vaincre. Il devait racheter et donc mourir. Et de cette mort. Mais s’il avait voulu les vaincre ! Combien de fois n’a-t-il pas échappé à leurs pièges de toutes sortes !

    – On dressera des pièges à l’Eglise aussi, mais elle ne périra pas totalement, dans la mesure où nous aurons assez de prudence pour empêcher l’extermination des chefs actuels avant que beaucoup d’autres prêtres, de tout rang, ne soient créés et formés à leur ministère par nous, qui avons été les premiers. Ne te fais pas d’illusion, Jean ! Les pharisiens, scribes, prêtres et membres du Sanhédrin feront leur possible pour tuer les pasteurs afin de disperser le troupeau [3]. Ce troupeau est encore faible et craintif, celui de Palestine surtout. Nous ne devons pas le laisser sans pasteurs tant que beaucoup d’agneaux ne seront pas à leur tour devenus pasteurs. Tu as vu combien sont déjà morts. 648.2 Pense au monde qui nous attend ! L’ordre a été clair : “ Allez évangéliser toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer mes commandements. ” Sur la rive du lac, par trois fois il m’a commandé de paître ses brebis et ses agneaux, et il a prophétisé que, lorsque je serai vieux — et alors seulement —, je serai attaché et amené à confesser le Christ par mon sang et ma vie. Et bien loin d’ici ! Si j’ai bien compris l’un de ses entretiens, avant la mort de Lazare, je dois aller à Rome, et y fonder l’Eglise immortelle. D’ailleurs, lui-même n’a-t-il pas jugé préférable de se retirer à Ephraïm parce qu’il n’avait pas encore accompli son évangélisation ? C’est seulement au moment voulu qu’il est revenu en Judée pour y être pris et crucifié. Imitons-le.

    On ne peut certainement pas dire que Lazare, Marie et Marthe aient été des personnes craintives. Tu vois pourtant que, même si cela leur a coûté beaucoup, ils se sont éloignés d’ici pour porter ailleurs la Parole divine qui, ici, aurait été étouffée par les juifs [4]. Moi qui ai été choisi par Jésus pour être pontife, j’ai décidé. Les autres apôtres et disciples ont pris la même décision : nous allons nous disperser [5]. Les uns iront en Samarie [6], d’autres vers la Grande Mer, d’autres encore vers la Phénicie, ou même toujours plus loin, en Syrie, dans les îles, en Grèce, dans l’Empire romain [7]. Si là-bas la zizanie et le poison juif rendent stériles les champs et les vignes du Seigneur, nous partirons ailleurs et nous sèmerons dans d’autres champs et d’autres vignes, pour que la récolte, non seulement mûrisse, mais soit abondante. Si, dans ces lieux, la haine des juifs empoisonne les eaux et les corrompt, de sorte que moi — qui suis pêcheur d’âmes — et mes frères, nous ne puissions pas pêcher des âmes pour le Seigneur, nous irons dans d’autres eaux. Il faut être prudent et rusé en même temps [8]. Sois-en sûr, Jean.

    – Tu as raison. 648.3 Mais j’insisterai pour Marie. Je ne peux pas, je ne dois pas la quitter. Nous en souffririons trop tous deux. Et ce serait mal agir, de ma part… lui répond Jean.

    – Reste donc. Et qu’elle reste, elle aussi, car il serait absurde de l’arracher d’ici…

    – Marie n’y consentirait jamais. Je vous rejoindrai ensuite, quand elle ne sera plus sur la terre [9].

    – Tu viendras, tu es jeune… Tu auras encore beaucoup de temps à vivre.

    – Et Marie très peu.

    – Pourquoi ? Est-elle malade, souffrante, affaiblie peut-être ?

    – Oh non ! Le temps et les souffrances n’ont pas eu de pouvoir sur elle. Elle est toujours jeune d’aspect et d’esprit, sereine. Je dirais même bienheureuse.

    – Alors, pourquoi dis-tu…

    – Parce que je comprends que ce nouvel épanouissement en beauté et en joie est le signe qu’elle sent déjà proche la réunion avec son Fils. Je parle de sa réunion complète, car l’union spirituelle n’a jamais cessé entre eux. Je ne lève pas les voiles sur les mystères de Dieu, mais je suis certain qu’elle voit chaque jour son Fils, dans son vêtement glorieux. Et je pense que sa béatitude vient de là. Je crois qu’en le contemplant, son esprit s’illumine et arrive à connaître tout l’avenir, comme Dieu le connaît. Même le sien. Elle est encore sur la terre, avec son corps ; mais je pourrais dire, sans crainte de me tromper, que son esprit est presque toujours dans les Cieux. Si grande est son union avec Dieu, que je ne crois pas qu’il soit sacrilège de dire qu’elle a Dieu en elle, comme lorsqu’elle le portait en elle. Davantage encore. De même que le Verbe s’est uni à elle pour devenir Jésus Christ, elle est maintenant tellement unie au Christ qu’elle est un second Christ, au point d’avoir revêtu une nouvelle humanité, celle de Jésus lui-même. Si je dis une hérésie, que Dieu me fasse connaître mon erreur et me la pardonne. Elle vit dans l’amour. Ce feu d’amour l’enflamme, la nourrit, l’éclaire, et c’est encore ce feu d’amour qui nous la ravira, au moment fixé, sans douleur pour elle, sans corruption pour son corps… La douleur sera pour nous seuls… Pour moi surtout… Nous n’aurons plus notre Maîtresse, celle qui nous guide et nous réconforte… Et moi, je serai vraiment seul… »

    Jean, dont la voix tremble déjà parce qu’il se retient de pleurer, éclate alors en sanglots déchirants, tels qu’il n’en avait jamais eus même au pied de la croix et dans le tombeau.

    648.4 Pierre lui aussi, bien que plus paisiblement, se met à pleurer et, dans ses larmes, il supplie Jean de l’aviser, s’il le peut, afin qu’il soit présent au départ de Marie, ou du moins à sa sépulture.

    « Je le ferai, si cela m’est permis, mais j’en doute beaucoup. Quelque chose me dit intérieurement que, comme Elie fut ravi par un tourbillon céleste sur un char de feu [10], il en sera de même pour elle. Je n’aurai pas le temps de m’apercevoir de son passage prochain qu’elle sera déjà au Ciel avec son âme.

    – Mais son corps au moins restera. Celui du Maître est resté ! Or il était Dieu !

    – Pour lui, c’était nécessaire. Pour elle, non. Lui devait, par sa résurrection, démentir les calomnies des juifs, et par ses apparitions convaincre le monde, devenu hésitant ou même négateur à cause de sa mort sur la croix. Marie n’a pas besoin de cela. Mais si je puis le faire, je te préviendrai. 648.5 Adieu, Pierre, pontife et mon frère dans le Christ. Je retourne vers elle, qui m’attend sûrement. Que Dieu soit avec toi.

    – Et avec toi aussi. Demande à Marie de prier pour moi, et de me pardonner encore ma lâcheté de la nuit du procès de Jésus. C’est un souvenir que je n’arrive pas à effacer de mon cœur, il ne me laisse pas en paix… »

    Des larmes coulent sur les joues de Pierre, qui achève :

    « Qu’elle soit pour moi une Mère, une Mère aimante pour son fils prodigue et malheureux…

    – Il n’est pas besoin que je le lui dise. Elle t’aime plus qu’une mère selon le sang. Elle t’aime en Mère de Dieu, et avec l’amour d’une Mère de Dieu. Si elle était prête à pardonner à Judas, dont la faute était sans mesure, peux-tu penser qu’elle ne t’ait pas pardonné à toi ? Paix à toi, mon frère. Je m’en vais.

    – Et moi, je te suis, si tu le permets. Je veux la voir une fois encore.

    – Viens. Je connais le chemin à prendre pour entrer à Gethsémani sans être vus. »

    648.6 Ils se mettent en route et marchent, rapides et silencieux, en direction de Jérusalem, mais ils passent par la route haute qui rejoint l’Oliveraie du côté le plus éloigné de la ville.

    Ils y arrivent quand déjà l’aube blanchit. Ils entrent à Gethsémani et descendent vers la petite maison. Marie, qui est sur la terrasse, les voit venir et elle descend à leur rencontre avec un cri de joie.

    Pierre tombe vraiment à ses pieds, le visage contre terre :

    « Mère, pardon !

    – De quoi donc ? Aurais-tu péché en quoi que ce soit ? Celui qui me révèle toute vérité m’a seulement appris que tu es son digne successeur dans la foi. Comme homme, je t’ai toujours trouvé juste, bien que parfois impulsif. Que dois-je donc te pardonner ? »

    Pierre pleure en silence.

    Jean explique :

    « Pierre n’arrive pas à trouver la paix parce qu’il a renié Jésus, dans la cour du Temple.

    – C’est du passé. C’est effacé, Pierre. Jésus t’a-t-il donc fait des reproches ?

    – Oh non !

    – Etait-il moins affectueux avec toi qu’auparavant ?

    – Non. En vérité, non. Au contraire !…

    – Et ne t’a-t-il pas dit comment lui, et moi avec lui, nous t’avons compris et pardonné ?

    – C’est vrai. Je suis toujours aussi stupide.

    – Alors va et reste en paix. Je te l’assure, nous nous retrouverons tous, toi, les autres apôtres et diacres [11], et moi, au Ciel près de l’Homme-Dieu. Pour autant qu’il m’est donné de le faire, je te bénis. »

    Puis, comme elle l’a fait pour Gamaliel [12], Marie pose les mains sur la tête de Pierre et y trace un signe de croix.

    Pierre se penche pour lui baiser les pieds, puis il se lève, l’air bien plus serein qu’avant, et, toujours accompagné de Jean, il se dirige vers la haute grille, la franchit et s’éloigne, pendant que Jean, après avoir fermé l’entrée, revient trouver Marie.  




[1] Et pour cause : La famille de Béthanie s'est exilée. Voir ci-dessous la note n°3 et l'article de Jean Aulagnier sur le sujet.

[2] Cf. EMV 343.

[3] Cf. Parole de Jésus dans Matthieu 26, 31 et Marc 14, 27. Il fait une traduction libre de Zacharie 13,7.

[4] Selon la tradition (et non la légende), la famille de Béthanie s'exile en Gaule. On y retrouve les traces de Lazare (Marseille) Marie de Magdala (Sainte Baume) Marthe, Maximin, Sara, … La famille de Béthanie s'est donc déjà exilée au moment où se déroule la scène que nous voyons ici : elle correspond aux persécutions d'Hérode-Agrippa qui eurent lieu de 41 à 44 environ.

[5] André en Scythie (Grèse et Asie Mineure) ––Jacques de Zébédée est mort – Jacques d'Alphée reste évêque de Jérusalem – Jean reste au Gethsémani jusqu'à la Dormition de la Vierge Marie – Jude, comme Simon le zélote aboutissent en Perse où ils sont tués – Lazare et la famille de Béthanie est déjà en Gaule Narbonnaise – Matthias en Égypte et en Éthiopie - Matthieu en Syrie et Macédoine – Nathanaël, dit Barthélemy aux Indes et en Asie Mineure – Paul dans les contrées décrites par les Actes des apôtres et ses épîtres - Philippe en Scythie et en Phrygie - Thomas au Moyen-Orient, jusqu'aux Indes – ….

[6] C'est le cas du diacre Philippe comme le rapportent les Actes des apôtres.

[7] Pierre s'établit à Antioche de Syrie, 3ème ville de l'empire romain. Cet établissement est commémoré sous le nom de "Chaire de saint Pierre à Antioche". Il y eut une altercation avec Paul (Galates 2, 11). Pierre partit ensuite à Rome où il subit le martyre.

[8] Cf. Matthieu 10, 16-17 : Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues.

[9] Ceci explique que seul Jean, selon Maria Valtorta, a assisté à la Dormition, puis l'Assomption de Marie.

[10] Cf. 2 Rois 2, 9-11.

[11] Les diacres ont donc déjà été institués pour décharger les apôtres des charges matérielles. On y trouve Étienne, le premier martyr, Nicolaï d'Antioche, Timon d'Aëra, ainsi que Philippe d'Arbela, Prochore, Nicanor et Parménas. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, on n'identifie que les quatre premiers.

[12] Voir le chapitre précédent
.




SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-034.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/gamaliel-devient-chretien.html

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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Jeu 16 Sep - 22:35

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

649. La dormition de Marie

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 35
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 649

Le mercredi 21 novembre 1951


Samedi 12 août 51
Jérusalem


Episode audio:

 

    649.1 Marie se tient dans sa petite pièce isolée sur la terrasse, où elle doit être montée pour passer les heures de la matinée. Le vêtement qui la couvre entièrement, son manteau fermé à la base du cou et qui descend derrière ses épaules, comme aussi le voile très fin qui descend de sa tête, tout ce qu’elle porte est de lin blanc. Elle est en train de ranger ses habits et ceux de Jésus, qu’elle a toujours conservés. Elle choisit les meilleurs. Il y en a peu. Parmi les siens, elle prend le vêtement et le manteau qu’elle avait sur le Calvaire ; parmi ceux de son Fils, un vêtement de lin qu’il portait habituellement en été, ainsi que le manteau retrouvé à Gethsémani, encore taché du sang qui avait coulé et de la sueur sanguinolente de cette heure terrible.

    Après avoir plié soigneusement ces vêtements et baisé le manteau de son Jésus, elle se dirige vers le coffre où sont réunies et conservées, depuis des années maintenant, les reliques de la dernière Cène et de la Passion. Elle rassemble ces dernières dans un seul compartiment, celui de dessus, et place les vêtements dans le compartiment inférieur.

    649.2 Elle est occupée à fermer le coffre quand Jean, peut-être étonné de sa longue absence de la cuisine, monte sans bruit sur la terrasse, s’avance pour regarder, et lui demande :

    « Que fais-tu, Mère ? »

    Marie se retourne :

    « J’ai rangé tout ce qu’il convient de conserver. Tous les souvenirs… Tout ce qui témoigne de son amour et de sa douleur infinis.

    – Pourquoi, Mère, rouvrir les blessures de ton cœur en revoyant ces tristes témoins ? Tu es pâle, ta main tremble… Tu souffres donc à leur vue » lui dit Jean en s’approchant d’elle comme s’il craignait que, pâle et tremblante comme elle est, elle se sente mal et tombe par terre.

    « Non, ce n’est pas pour cela que je suis pâle et que je tremble. Ce n’est pas parce que mes blessures se rouvrent… En vérité, elles ne se sont jamais complètement refermées. Mais j’ai aussi en moi la paix et la joie, et jamais elles n’ont été aussi parfaites qu’aujourd’hui.

    – Jamais aussi parfaites qu’aujourd’hui ? Je ne comprends pas… Pour ma part, la vue de ces objets chargés d’atroces souvenirs réveille l’angoisse de ces heures. Mais moi, je ne suis qu’un disciple. Toi, tu es la Mère…

    – Et comme telle, je devrais souffrir davantage, veux-tu dire ? Humainement, tu as raison, mais il n’en est pas ainsi. 649.3 Je suis habituée à supporter la douleur des séparations avec Jésus. C’était toujours une épreuve, car sa présence était mon Paradis sur terre. Mais je les acceptais de bon gré, sereinement, car tout ce qu’il faisait était voulu par son Père, était obéissance à la volonté divine. J’y acquiesçais donc, car moi aussi j’ai toujours obéi aux volontés et aux desseins de Dieu pour moi. Quand Jésus partait, je souffrais, c’est évident. Je me sentais seule. Lorsque, enfant, il m’a secrètement faussé compagnie pour aller débattre avec les docteurs du Temple, Dieu seul a pu mesurer l’intensité de ma souffrance. Pourtant, hormis la juste question que moi, sa Mère, je lui ai posée, je ne lui ai pas fait d’autre remarque. De même, je ne l’ai pas retenu quand il m’a quittée pour devenir le Maître… Or j’avais déjà perdu mon époux, j’étais seule dans une ville qui, à l’exception de quelques personnes, ne m’aimait pas. Et je n’ai pas montré d’étonnement devant sa réponse au banquet de Cana. Il faisait la volonté du Père. Moi, je le laissais libre de la faire.

    Je pouvais aller jusqu’à donner un conseil ou demander une prière : conseil pour les disciples, prière pour quelque malheureux. Mais pas davantage. Je souffrais quand il me quittait pour aller sur les chemins de ce monde qui lui était hostile, un monde pécheur au point qu’y vivre était pour lui une épreuve. Mais quelle joie quand il revenait à moi ! En vérité, elle était si profonde qu’elle compensait pour moi soixante-dix fois sept fois la douleur de la séparation. Déchirante fut la séparation qui suivit sa mort, mais quels mots suffiraient à exprimer la joie que j’ai éprouvée quand il m’est apparu ressuscité ? Immense fut la peine de la séparation à sa montée vers le Père, d’autant plus qu’elle ne devait se terminer qu’à la fin de ma vie terrestre. 649.4 Maintenant, je suis dans la joie, une joie aussi profonde que le fut la peine, car je sens que ma vie est achevée. J’ai fait tout ce que je devais faire. J’ai rempli ma mission terrestre. L’autre, la céleste, n’aura pas de fin. Dieu m’a laissée sur la terre jusqu’à ce que, comme mon Fils, j’aie accompli tout ce que je devais exécuter. Et j’éprouve cette joie secrète de Jésus — le seul baume de ses derniers déchirements pleins d’amertume — quand il a pu dire : “ Tout est accompli. ”

    – Joie en Jésus ? A un tel moment ?

    – Oui, Jean, une joie incompréhensible pour les hommes, mais pas pour les âmes qui vivent déjà dans la lumière de Dieu, et qui voient les réalités profondes cachées sous les voiles que l’Eternel étend sur ses secrets de Roi, grâce à cette lumière. Moi qui étais si angoissée, si bouleversée par ces événements, moi qui m’unissais à mon Fils pour m’abandonner au Père, je n’ai pas compris sur le moment. La lumière s’était éteinte pour tout le monde ces jours-là, pour tout le monde qui n’avait pas voulu l’accueillir. Même pour moi. Non pas à cause de quelque juste punition, mais parce que, devant être corédemptrice, il me fallait souffrir, moi aussi, l’angoisse de l’abandon des réconforts divins, les ténèbres, la désolation, la tentation de Satan visant à me faire douter que tout ce que Jésus avait dit et souffert spirituellement du jeudi au vendredi était possible. Mais ensuite j’ai compris. Quand la Lumière, ressuscitée pour toujours, m’est apparue, j’ai tout compris… Même l’extrême joie du Christ — une joie secrète — quand il a pu dire : “ J’ai accompli tout ce que le Père voulait que j’accomplisse. J’ai atteint le sommet de la charité divine en aimant le Père jusqu’à me sacrifier, en aimant les hommes jusqu’à mourir pour eux. J’ai fait tout ce que je devais faire. Je meurs satisfait spirituellement, bien que déchiré dans ma chair innocente. ” Moi aussi, j’ai accompli tout ce que, de toute éternité, il était écrit que je devais accomplir, depuis l’engendrement du Rédempteur jusqu’à l’aide que je vous apporte à vous, ses prêtres, pour parfaire votre formation.

    649.5 L’Eglise est désormais bien préparée et forte. L’Esprit Saint l’éclaire, le sang des premiers martyrs la cimente et la multiplie, mon aide a contribué à faire d’elle un organisme saint que l’amour pour Dieu et les frères alimente et fortifie de plus en plus, et où les haines, les rancœurs, les envies, les médisances, toutes ces mauvaises plantes de Satan, ne poussent pas. Dieu en est content. Il désire que vous l’appreniez par ma bouche. Il veut aussi que je vous exhorte à continuer à grandir en charité pour pouvoir croître en perfection, et voir ainsi augmenter le nombre des chrétiens et la puissance de la Doctrine. La Doctrine de Jésus est une doctrine d’amour, car la vie de Jésus, tout comme la mienne, a toujours été régie par l’amour. Nous n’avons repoussé personne, nous avons pardonné à tous. A un seul, nous n’avons pu accorder le pardon car, esclave de la haine comme il l’était, il n’a pas voulu de notre amour sans limites. Jésus, dans son dernier adieu avant sa mort, vous a commandé de vous aimer mutuellement. Il vous a également précisé la mesure de l’amour que vous devez avoir entre vous : “ Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est à cela que l’on saura que vous êtes mes disciples. ” Pour vivre et grandir, l’Eglise a besoin de la charité, surtout de la part de ses ministres. Si vous ne vous aimiez pas de toutes vos forces, et si vous n’aimiez pas vos frères dans le Seigneur, l’Eglise deviendrait stérile. La nouvelle création et l’élévation des hommes au rang d’enfants du Très-Haut et de cohéritiers du Royaume des Cieux deviendraient difficiles, car Dieu cesserait de vous aider dans votre mission. Dieu est Amour. Tout ce qu’il a fait l’a été par amour : de la Création à l’Incarnation, de celle-ci à la Rédemption, puis à la fondation de l’Eglise, et enfin à la Jérusalem céleste qui rassemblera tous les justes pour qu’ils jubilent dans le Seigneur. 649.6 C’est à toi que je confie cela, parce que tu es l’apôtre de l’amour et que tu peux le comprendre mieux que les autres… »

    Jean l’interrompt :

    « Les autres aussi aiment et s’aiment.

    – Oui. Mais toi, tu es par excellence celui qui aime. Chacun de vous a toujours eu une caractéristique propre, comme c’est le cas pour toute personne. Toi, parmi les Douze, tu as toujours été l’amour, le pur, le surnaturel amour. C’est peut-être — ou plutôt sûrement — en raison de ta pureté que tu aimes tant.

    Pierre, de son côté, a toujours été l’homme, un homme franc et impétueux. Son frère, André, était silencieux et timide autant que l’autre ne l’était pas. Jacques, ton frère, était tellement impulsif que Jésus l’a qualifié de “ fils du tonnerre ”. L’autre Jacques, le frère de Jésus, était un homme juste et héroïque. Jude, son frère, fut toujours noble et loyal. La descendance de David était manifeste en lui. Philippe et Barthélemy étaient les traditionalistes, Simon le Zélote, prudent. Thomas, pacifique, et Matthieu avait l’humilité de celui qui, se souvenant de son passé, cherchait à rester inaperçu. Quant à Judas… hélas !, le mouton noir du troupeau du Christ, le serpent réchauffé par son amour, il fut toujours menteur et satanique. Mais toi qui es tout amour, tu peux mieux comprendre et devenir porte-parole d’amour auprès de tous les autres, qui sont au loin, pour leur rapporter mon dernier conseil.

    Tu leur diras de s’aimer et d’aimer tout le monde, même leurs persécuteurs, pour être unis à Dieu, comme moi je l’ai été, au point de mériter d’être choisie comme épouse de l’Amour éternel pour concevoir le Christ. 649.7 Je me suis donnée à Dieu sans mesure, bien que j’aie compris, dès le premier instant, l’épreuve que cela allait être pour moi. Les prophètes étaient présents à mon esprit et la lumière divine me rendait très claires leurs paroles. Ainsi, dès mon premier “ fiat ” à l’Ange, j’ai su que je me consacrais à la plus grande douleur qu’une mère pût supporter. Mais rien n’a mis de limite à mon amour car je sais qu’il est, pour quiconque le met en pratique, force, lumière, aimant qui attire vers le haut, feu qui purifie et embellit ce qu’il embrase, feu transformant qui emporte la personne qu’il étreint et la pousse à dépasser ses limites humaines.

    649.8 Oui, l’amour est réellement une flamme. La flamme qui, tout en détruisant ce qui est caduc — qu’il s’agisse d’une épave, de rebut, d’une loque d’homme —, en fait un esprit purifié et digne du Ciel. Combien d’épaves, d’hommes souillés, corrompus, finis, vous trouverez sur votre route d’évangélisateurs ! N’en méprisez aucun, mais au contraire aimez-les pour qu’ils parviennent à l’amour et soient sauvés. Déversez la charité en eux. Bien souvent, l’homme devient mauvais parce que personne ne l’a jamais aimé, ou l’a mal aimé. Vous, aimez-les, pour que l’Esprit Saint revienne habiter, après leur purification, ces temples que beaucoup d’épreuves ont vidés et souillés. Dieu, pour créer l’homme, n’a pas pris un ange, ni de matériau de premier choix. Il s’est servi de boue, la matière la plus vile. Puis, en lui infusant son souffle, c’est-à-dire encore son amour, il a élevé cette matière vile au rang privilégié d’enfant adoptif de Dieu. Mon Fils, sur son chemin, a trouvé beaucoup d’épaves d’hommes tombés dans la boue. Il ne les a pas foulés aux pieds par mépris ; au contraire, il les a recueillis et il en a fait des élus du Ciel. Souvenez-vous-en toujours, et agissez comme lui.

    649.9 Rappelez-vous toutes les actions et les paroles de mon Fils. Rappelez-vous ses douces paraboles. Vivez-les, c’est-à-dire mettez-les en pratique. Et écrivez-les pour qu’elles restent jusqu’à la fin des siècles et soient toujours un guide pour les hommes de bonne volonté désireux d’obtenir la vie et la gloire éternelles. Vous ne pourrez certainement pas répéter toutes les paroles lumineuses de l’éternelle Parole de vie et de vérité. Mais écrivez-en autant que vous le pouvez. L’Esprit de Dieu, descendu sur moi pour que je mette le Sauveur au monde et qui est descendu aussi sur vous à deux reprises, vous aidera à vous souvenir et à parler aux foules de manière à les convertir au Dieu vrai. Vous continuerez ainsi cette maternité spirituelle que j’ai commencée sur le Calvaire pour donner de nombreux enfants au Seigneur. Et le même Esprit, en parlant aux fils recréés du Seigneur, les fortifiera de manière à ce qu’il leur soit doux de mourir dans les tourments, de souffrir l’exil et les persécutions, afin de confesser leur amour pour le Christ et de le rejoindre dans les Cieux, comme déjà l’ont fait Etienne et Jacques, mon Jacques, et d’autres encore… 649.10 Quand tu seras resté seul, sauve ce coffre… »

    Jean pâlit et se trouble plus encore que lorsque Marie lui a annoncé qu’elle pensait sa mission accomplie. Il l’interrompt en s’écriant :

    « Mère, pourquoi dis-tu cela ? Tu te sens mal ?

    – Non.

    – Tu veux me quitter, alors ?

    – Non. Je resterai avec toi tant que je serai sur la terre. Mais prépare-toi, mon Jean, à être seul.

    – Mais alors tu te sens mal, et tu veux me le cacher !

    – Non, sois-en sûr. Je ne me suis jamais sentie aussi pleine de force, paisible et joyeuse qu’aujourd’hui. Mais j’éprouve une telle jubilation, une telle plénitude de vie surnaturelle que… oui, que je pense ne pas pouvoir la supporter en continuant à vivre. Je ne suis pas éternelle, du reste. Tu dois le comprendre. Mon âme est éternelle. La chair, non. Elle est sujette comme toute chair humaine à la mort.

    – Non ! Non ! Ne dis pas cela. Tu ne peux pas, tu ne dois pas mourir ! Ton corps immaculé ne peut mourir comme celui des pécheurs !

    – Tu te trompes, Jean. Mon Fils est mort ! Moi aussi, je mourrai. Je ne connaîtrai pas la maladie, l’agonie, le spasme de la mort. Mais pour ce qui est de mourir, je mourrai. Du reste sache, mon fils, que si j’ai un désir qui est mien, tout entier et seulement mien, et qui dure depuis que Jésus m’a quittée, c’est justement celui-ci. C’est mon premier, puissant désir qui est entièrement mien. Je peux même dire que c’est la première fois que je veux quelque chose. Toute autre chose de ma vie n’a été que consentement à la volonté divine. La volonté de rester vierge, c’est Dieu qui l’a déposée dans mon cœur de petite fille. Mon mariage avec Joseph, c’est sa volonté, de même que ma maternité virginale et divine. Tout, dans ma vie, a été volonté de Dieu, et obéissance de ma part. Mais vouloir me réunir à Jésus, c’est tout-à-fait personnel. Quitter la terre pour le Ciel, pour être avec lui éternellement et sans arrêt ! Mon désir de tant d’années ! Et maintenant je le sens près de devenir une réalité.

    649.11 Ne te trouble pas ainsi, Jean ! Ecoute plutôt mes dernières volontés. Quand mon corps, désormais privé de l’esprit vital, sera étendu en paix, ne me soumets pas aux embaumements en usage chez les juifs. Désormais, je ne suis plus une femme juive, mais chrétienne, la première chrétienne, si on y réfléchit bien, puisque la première j’ai eu le Christ en moi, chair et sang ; j’ai été son premier disciple, j’ai été avec lui corédemptrice et sa continuatrice ici, parmi vous, ses disciples. Aucun vivant, excepté mon père et ma mère et ceux qui ont assisté à ma naissance, n’a vu mon corps. Tu m’appelles souvent : “ Arche qui a contenu la Parole divine. ” Maintenant tu sais que l’Arche ne peut être vue que par le grand-prêtre. Tu es prêtre, et beaucoup plus saint et plus pur que le pontife du Temple. Mais je veux que seul l’éternel Pontife puisse voir, au temps voulu, mon corps. Ne me touche donc pas. Du reste, tu vois ? Je me suis déjà purifiée et j’ai mis le vêtement propre, le vêtement des noces éternelles… 649.12 Mais pourquoi pleures-tu, Jean ?

    – Parce qu’une tempête de douleur se déchaîne en moi. Je comprends que je vais te perdre. Comment ferai-je pour vivre sans toi ? Je sens mon cœur se déchirer à cette pensée ! Je ne résisterai pas à cette peine !

    – Si, tu résisteras. Dieu t’aidera à vivre, et longuement, comme il m’a aidée. Car s’il ne m’avait pas aidée, au Golgotha et sur le mont des Oliviers, quand Jésus est mort et quand il est monté, je serais morte, comme est mort Isaac. Il t’aidera à vivre et à te rappeler ce que je viens de te dire, pour le bien de tous.

    – Oh ! je me rappellerai tout. Et je ferai ce que tu veux, pour ton corps aussi. Je comprends aussi que les rites hébraïques ne servent plus pour toi, qui es chrétienne et la Toute-Pure, car, j’en suis certain, tu ne connaîtras pas la corruption de la chair. Ton corps, déifié comme aucun autre corps de mortel, ne peut pas connaître la décomposition, la putréfaction de toute chair morte : d’une part parce que tu as été exempte de la faute d’origine, mais plus encore parce que, outre la plénitude de la grâce, tu as contenu en toi la Grâce elle-même, le Verbe, et c’est pourquoi tu es la relique la plus véritable de Jésus. Ce sera le dernier miracle de Dieu sur toi, en toi. Tu seras conservée telle que tu es…

    – Alors ne pleure pas! » s’écrie Marie en regardant le visage bouleversé de l’apôtre, baigné de larmes. Et elle ajoute : « Si je demeure telle que je suis, tu ne me perdras pas. Ne sois donc pas angoissé !

    – Je te perdrai pareillement même si la corruption ne t’atteint pas. Je le sens, et je me sens comme pris par un ouragan de douleur. Un ouragan qui me brise et m’abat. Tu étais mon tout, en particulier depuis que mes parents sont morts et que mes autres frères de sang et de mission sont au loin, de même que Martial que Pierre a pris avec lui. Maintenant, je reste seul et dans la tempête la plus horrible ! »

    Jean tombe à ses pieds, en redoublant de larmes.

    649.13 Marie se penche sur lui, pose la main sur sa tête secouée par les sanglots et lui dit :

    « Pourquoi me causes-tu cette peine ? Tu t’es montré si fort sous la croix, or c’était une scène d’horreur sans pareille, à la fois à cause de la puissance de son martyre et aussi de la haine satanique du peuple ! Tu étais si fort, pour son réconfort et le mien ! Et aujourd’hui, au contraire, en ce soir de sabbat si serein et si calme, qui plus est devant moi, qui savoure la joie imminente que je pressens, tu es tellement bouleversé ? Calme-toi. Imite ce qu’il y a autour de nous et en moi, sois en union avec cela. Tout est paix, sois en paix toi aussi. Seuls les oliviers rompent, par leur léger bruissement, le calme absolu de l’instant. Mais ce léger bruit est si doux qu’il ressemble à un vol d’anges autour de la maison. Peut-être sont-ils là, d’ailleurs. Car les anges m’ont toujours été proches, un ou plusieurs, quand je me trouvais à un moment spécial de ma vie. Ils le furent à Nazareth, quand l’Esprit de Dieu rendit fécond mon sein virginal. Ils le furent chez Joseph, lorsqu’il était troublé et dans l’incertitude à cause de mon état et qu’il se demandait comment il devait se comporter à mon égard. A Bethléem, par deux fois, à la naissance de Jésus et quand nous avons dû fuir en Egypte. En Egypte, quand ils nous donnèrent l’ordre de revenir en Palestine. Et s’ils ne me sont pas apparus à moi, parce que le Roi des anges lui-même était venu auprès de moi dès sa Résurrection, les anges se sont montrés aux saintes femmes à l’aube du lendemain du sabbat, et ils ont donné l’ordre de vous dire, à Pierre et à toi, ce que vous deviez faire.

    Les anges et la lumière ont toujours été présents aux moments décisifs de ma vie et de celle de Jésus. Lumière et ardeur d’amour qui, descendant du Trône de Dieu vers moi, sa servante, et s’élevant de mon cœur vers Dieu, mon Roi et Seigneur, m’unissaient à Dieu et lui à moi, afin que s’accomplisse ce qui était écrit, et aussi pour créer un voile de lumière étendu sur les secrets de Dieu, pour que Satan et ses serviteurs ne connaissent pas, avant le temps voulu, l’accomplissement du mystère sublime de l’Incarnation. 649.14 Ce soir aussi je sens, bien que je ne les voie pas, les anges autour de moi.

    Et je sens grandir en moi, au dedans de moi, la lumière, une lumière insoutenable telle que celle qui m’enveloppa quand j’ai conçu le Christ, quand je l’ai donné au monde. Lumière qui vient d’un élan d’amour plus puissant que d’habitude. C’est par une semblable puissance d’amour que j’ai arraché le Verbe des Cieux, avant le temps prévu, pour qu’il devienne l’Homme et le Rédempteur. C’est par une puissance d’amour semblable à celle qui me pénètre ce soir, que j’espère que le Ciel me ravira et me transportera là où j’aspire à aller avec mon âme pour chanter, éternellement, avec le peuple des saints et les chœurs des anges, mon impérissable “ Magnificat ” à Dieu pour les merveilles qu’il a faites pour moi, sa servante.

    – Il est probable que ce ne sera pas avec ton âme seulement. La terre te répondra, elle qui, avec ses peuples et ses nations, te glorifiera, te rendra honneur et t’aimera, tant que le monde existera. C’est bien ce qu’a prédit Tobie à ton sujet, quoique d’une manière voilée, parce que c’est toi, et non le Saint des Saints, qui as porté vraiment en toi le Seigneur. A toi seule, tu as donné à Dieu autant d’amour que tous les grands-prêtres et tous les autres serviteurs du Temple n’en ont donné pendant des siècles et des siècles. Un amour pur et ardent. C’est pour cela que Dieu te rendra bienheureuse.

    – Et il accomplira mon unique désir, mon unique volonté. Car l’amour, quand il atteint une plénitude telle qu’il arrive presque à la perfection comme celui de mon Fils et Dieu, cet amour obtient tout, même ce qui paraîtrait, humainement parlant, impossible à obtenir. 649.15 Souviens-toi de cela, Jean, et dis-le à tes frères. Vous serez tellement combattus ! Des obstacles de tout genre vous feront redouter une défaite, des massacres de la part des persécuteurs, et des défections dans les rangs des chrétiens à la morale… proche de celle de Judas, vous déprimeront. N’ayez pas peur. Aimez sans crainte.

    Dieu vous aidera en proportion de votre amour et il vous fera triompher de tout et de tous. On obtient tout si on devient séraphin. Alors l’âme, cette réalité admirable, éternelle, qui est le souffle de Dieu infusé en nous, s’élance vers le Ciel, tombe comme une flamme au pied du divin Trône, et s’adresse à Dieu. Dieu l’écoute, et elle obtient du Tout-Puissant ce qu’elle désire. Si les hommes savaient aimer comme le commande l’antique Loi, et comme mon Fils a aimé et enseigné à aimer, ils obtiendraient tout.

    649.16 C’est ainsi que j’aime. C’est pour cela que je sens que je vais quitter la terre, par excès d’amour comme Jésus est mort par excès de douleur. Voilà ! La mesure de ma capacité d’aimer est comble. Mon âme et ma chair ne peuvent plus la contenir ! Un amour débordant me submerge et en même temps me soulève vers le Ciel, vers Dieu, mon Fils. Et sa voix me dit : “ Viens ! Sors ! Monte vers notre Trône et notre trine étreinte ! ” La terre, ce qui m’entoure, disparaît dans la grande lumière qui me vient du Ciel ! Ses bruits sont couverts par cette voix céleste ! Elle est arrivée pour moi, l’heure de l’étreinte divine, mon Jean ! »

    649.17 Jean s’était un peu apaisé, tout en restant troublé, en écoutant Marie. Dans la dernière partie de son entretien, il la regardait d’un air extasié, comme s’il était lui aussi ravi. Il est devenu aussi pâle que Marie. Comme la pâleur de cette dernière se change lentement en une lumière d’une extrême pureté, il accourt près d’elle pour la soutenir et, en même temps, il s’écrie :

    « Tu es comme Jésus quand il s’est transfiguré sur le Thabor ! Ta chair resplendit comme la lune, tes vêtements brillent comme une plaque de diamant posée devant une flamme d’une extrême blancheur ! Tu n’es plus humaine, Mère ! La pesanteur et l’opacité de la chair ont disparu ! Tu es lumière ! Mais tu n’es pas Jésus. Lui, étant Dieu en plus que d’être homme, pouvait se mouvoir par lui-même, là-haut sur le Thabor, comme ici sur l’Oliveraie, à son Ascension. Toi, tu ne le peux pas. Viens. Je vais t’aider à étendre ton corps las et bienheureux sur ton lit. Repose-toi. »

    Et, très affectueusement, il la conduit prés du pauvre lit sur lequel Marie se couche sans même enlever son manteau.

    649.18 Croisant les bras sur sa poitrine, et abaissant ses paupières sur ses doux yeux brillants d’amour, elle murmure à Jean, qui est penché sur elle :

    « Je suis en Dieu, et Dieu est en moi. Pendant que je le contemple et que je sens son étreinte, dis les psaumes et les pages de l’Ecriture qui se rapportent à moi, en particulier à cette heure-ci. L’Esprit de Sagesse te les indiquera. Récite ensuite la prière de mon Fils ; répète-moi les paroles de l’archange de l’Annonciation, et celles que m’adressa Elisabeth ; et mon hymne de louange… Je te suivrai avec ce que je garde encore présent sur la terre…»

    Jean lutte contre les larmes qui lui montent du cœur. Il s’efforce de dominer l’émotion qui le trouble. Il entonne le psaume 118 de sa très belle voix qui, au cours des années, est devenue semblable à celle du Christ, ce que Marie remarque et ce qui lui fait dire avec un sourire :

    « Il me semble avoir mon Jésus à côté de moi ! »

    Jean le récite presque en entier, puis les trois premiers versets du psaume 41, les huit premiers du psaume 38, le psaume 22 et le psaume 1. Il dit ensuite le Notre Père, les paroles de Gabriel et d’Elisabeth, le cantique de Tobie, le chapitre 24 de l’Ecclésiastique, des versets 11 à 46. Pour terminer, il entonne le “ Magnificat ”. Mais, arrivé au neuvième verset, il s’aperçoit que Marie ne respire plus, tout en ayant gardé une pose et une attitude naturelles. Ellr est souriante, tranquille, comme si elle n’avait pas remarqué l’arrêt de la vie.

    Avec un cri déchirant, Jean se jette à terre contre le bord du lit et il appelle à plusieurs reprises Marie. Il n’arrive pas à se persuader qu’elle ne peut plus lui répondre, que désormais le corps n’a plus son âme vitale.

    Mais il lui faut bien se rendre à l’évidence ! Il se penche sur le visage de la Vierge, demeure figé dans une expression de joie surnaturelle, et des larmes abondantes coulent sur ce doux visage, sur ces mains pures, si doucement croisées sur sa poitrine. C’est l’unique bain que reçoit le corps de Marie : les larmes de l’apôtre de l’amour, du fils adoptif que Jésus lui a donné.

    649.19 Après le premier accès de douleur, Jean, se rappelant le désir de Marie, rassemble les pans de son ample manteau de lin, qui tombaient des bords du lit, et aussi ceux du voile, qui pendent également des deux côtés de l’oreiller. Il étend les premiers sur le corps et les seconds sur la tête.

    Marie ressemble maintenant à une statue de marbre blanc, étendue sur le dessus d’un sarcophage. Jean la contemple longuement et des larmes coulent encore de ses yeux.

    Ensuite, il donne une autre disposition à la pièce en enlevant tout mobilier inutile. Il laisse seulement le lit, la petite table contre le mur, sur laquelle il pose le coffre contenant les reliques, un tabouret qu’il place entre la porte qui donne sur la terrasse et le lit où gît Marie, ainsi qu’une console sur laquelle se trouve la lampe que Jean allume, car maintenant le soir arrive.

    Il se hâte ensuite de descendre à Gethsémani pour y cueillir autant de fleurs qu’il peut en trouver et aussi des branches d’oliviers, dont les olives sont déjà formées. Il remonte dans la petite chambre et, à la clarté de la lampe, il dispose les fleurs et les feuillages autour du corps de Marie comme s’il était au centre d’une grande couronne.

    649.20 Pendant ce travail, il parle à la gisante comme si Marie pouvait l’entendre :

    « Tu as toujours été le lys de la vallée, la suave rose, la belle olive, la vigne féconde, le saint épi. Tu nous as donné tes parfums, l’Huile de vie, le Vin des forts, le Pain qui préserve de la mort l’esprit de ceux qui s’en nourrissent dignement. Elles font bien autour de toi, ces fleurs simples et pures comme toi, garnies comme toi d’épines, et pacifiques comme toi. Maintenant, approchons cette lampe. Comme cela, près de ton lit, pour qu’elle te veille et me tienne compagnie pendant que je te veille, en attendant au moins un des miracles que j’attends et pour l’accomplissement desquels je prie. Le premier est que, selon son désir, Pierre et les autres, que je ferai prévenir par le serviteur de Nicodème, puissent te voir encore une fois. Le second est que, puisque tu as eu en tout un sort semblable à celui de ton Fils, tu puisses comme lui te réveiller avant la fin du troisième jour, pour ne pas me rendre orphelin deux fois. Le troisième, c’est que Dieu me donne la paix, si ce que j’espère qu’il arrive pour toi, comme c’est arrivé pour Lazare, qui ne t’était pas semblable, ne devait pas s’accomplir. Mais pourquoi cela ne devrait-il pas se réaliser ? La fille de Jaïre, le jeune homme de Naïm, le fils de Théophile sont bien redevenus vivants ! Il est vrai qu’alors le Maître a agi… Mais il est avec toi, même si ce n’est pas d’une manière visible. Qui plus est, tu n’es pas morte de maladie comme ceux que le Christ a ressuscités. Mais es-tu vraiment morte ? Morte comme meurt tout homme ? Non. Je sens que non. Ton esprit n’est plus en toi, dans ton corps, et en ce sens on pourrait parler de mort. Mais, étant donné la manière dont cela a eu lieu, je pense que ce n’est qu’une séparation passagère de ton âme sans faute et pleine de grâce d’avec ton corps très pur et virginal. Il doit en être ainsi ! Il en est ainsi ! Comment et quand la réunion arrivera-t-elle avec la vie qui reviendra en toi, je l’ignore. Mais j’en suis tellement certain que je resterai ici, à côté de toi, jusqu’à ce que Dieu, par sa parole ou par son action, me montre la vérité sur ton sort. »

    Jean, qui a fini de mettre tout en ordre, pose la lampe par terre près du lit et s’assied sur le tabouret, puis il contemple, en priant, la gisante.


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-035.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/la-dormition-de-marie.html

Anayel
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ÉTQMÉR de M.V. Re: Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10

Message par Anayel Ven 17 Sep - 22:52

Partage de "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, tomes 1 à 10 - Page 25 Maria_28

650. La glorieuse Assomption de Marie

Ancienne édition : Tome 10, chapitre 36
Nouvelle édition : Tome 10, chapitre 650

Le samedi 8 décembre 1951
(Fête de l'Immaculée conception)


Mardi 15 août 51
Jérusalem


Episode audio:

 

    650.1 Combien de jours se sont passés ? Il est difficile de l’établir avec certitude. Si on en juge aux fleurs qui forment une couronne autour du corps inanimé, on devrait dire que cela fait à peine quelques heures. Mais si l’on prend en compte le feuillage d’olivier sur lequel sont disposées les fleurs fraîches, et dont les feuilles sont déjà fanées, ainsi que les autres fleurs flétries, disposées comme autant de reliques sur le couvercle du coffre, on doit conclure qu’elles datent de plusieurs jours.

    Mais le corps de Marie est tel qu’il était quand elle venait d’expirer. Il n’y a aucun signe de mort sur son visage, sur ses petites mains. Il n’y a dans la pièce aucune odeur nauséabonde. Au contraire, il flotte un parfum indéfinissable qui rappelle l’encens, les lys, les roses, le muguet, les plantes de montagne, tout cela mélangé.

    Jean — qui sait depuis combien de jours il veille !… — s’est endormi, vaincu par la fatigue. Il est toujours assis sur le tabouret, le dos appuyé au mur, près de la porte ouverte qui donne sur la terrasse. La lumière de la lanterne, posée sur le sol, l’éclaire par dessous et permet de voir son visage fatigué, très pâle, sauf autour des yeux rougis par les pleurs.

    L’aube doit maintenant avoir commencé, car sa faible clarté permet de voir la terrasse et les oliviers qui entourent la maison. Cette clarté se fait toujours plus forte et, pénétrant par la porte, elle rend plus distincts les objets mêmes de la chambre, ceux qui, étant éloignés de la lampe, pouvaient à peine être entrevus.

    650.2 Soudain, une lumière intense inonde la pièce, une lumière argentée, nuancée d’azur, presque phosphorescente, qui s’avive au point de faire s’évanouir celle de l’aube et de la lampe. C’est une clarté pareille à celle qui a illuminé la grotte de Bethléem au moment de la Nativité divine. Puis, dans cet éclat paradisiaque, apparaissent des créatures angéliques dont la splendeur accentue encore la vivacité de la lumière. Comme lorsque les anges apparurent aux bergers, une danse d’étincelles de toutes couleurs jaillit de leurs ailes qui remuent doucement, provoquant un murmure harmonieux, arpégé, très doux.

    Les créatures angéliques forment une couronne autour du lit, se penchent sur lui, et soulèvent le corps immobile puis, agitant plus fortement leurs ailes — ce qui augmente le son —, elles s’élèvent et sortent par un vide miraculeusement ouvert dans le toit, tout comme le tombeau de Jésus s’était ouvert miraculeusement. C’est ainsi que les anges emportent le corps de leur Reine, son corps très saint, c’est vrai, mais pas encore glorifié, donc soumis aux lois de la matière, contrainte à laquelle n’était plus tenu le Christ, puisqu’il était glorifié dès sa résurrection. Le battement d’ailes des anges est maintenant puissant comme celui d’un orgue.

    650.3 Dans son sommeil, Jean a remué deux ou trois fois sur son tabouret, comme s’il était troublé par la grande lumière et par l’écho des voix célestes, mais cette fois, il est complètement réveillé par cette harmonie et par un fort courant d’air qui, descendant par le toit découvert et sortant par la porte ouverte, forme une sorte de tourbillon qui agite les couvertures du lit désormais vide et les vêtements de Jean, éteint la lampe et ferme violemment la porte ouverte.

    Encore à moitié endormi, l’apôtre regarde autour de lui pour voir ce qui arrive. Il s’aperçoit que le lit est vide et que le toit est découvert. Il se rend compte qu’un prodige a eu lieu. Il sort en courant sur la terrasse et, comme par instinct spirituel, ou sur un appel céleste, il lève la tête, en protégeant ses yeux de sa main pour regarder, sans avoir la vue gênée par le soleil qui se lève.

    650.4 Et il voit. Il voit le corps de Marie, encore privé de vie, mais en tout pareil à celui d’une personne endormie, monter de plus en plus haut, soutenu par une troupe angélique. Comme pour un dernier adieu, un pan du manteau et le voile s’agitent, peut-être par l’action du vent produit par l’assomption rapide et le mouvement des ailes angéliques. Des fleurs, celles que Jean avait disposées et renouvelées autour du corps de Marie, et qui avaient dû rester dans les plis des vêtements, pleuvent sur la terrasse et sur le domaine de Gethsémani, pendant que les louanges puissantes de la troupe des anges se font toujours plus lointaines et donc plus légères.

    Jean continue à fixer ce corps qui monte vers le Ciel et, certainement par un prodige qui lui est accordé par Dieu pour le consoler et le récompenser de son amour pour sa Mère adoptive, il voit distinctement que Marie, enveloppée maintenant par les rayons du soleil qui s’est levé, sort de l’extase qui a séparé son âme de son corps, et redevient vivante. Comme elle jouit désormais des dons propres aux corps déjà glorifiés, elle se dresse sur ses pieds

    Jean regarde longuement. Le miracle dont Dieu le comble lui permet, contre toutes les lois naturelles, de voir Marie s’élever rapidement et sans aide vers le Ciel, entourée par les anges qui chantent des hosannas. Jean est ravi par cette vision de beauté qu’aucune plume d’homme, qu’aucune parole humaine, qu’aucune œuvre d’artiste ne pourra jamais exprimer ou reproduire, car c’est d’une beauté indescriptible.

    Toujours appuyé au muret de la terrasse, Jean continue de fixer cette splendide et resplendissante forme de Dieu — on peut à juste titre employer cette expression à propos de Marie, puisqu’elle fut formée d’une manière unique par Dieu, qui l’a voulue immaculée, pour qu’elle devienne une forme pour le Verbe incarné. Alors se produit un dernier et suprême prodige que Dieu-Amour accorde à celui qui l’aime parfaitement : Jean assiste à la rencontre de la Mère très sainte avec son Fils très saint. Resplendissant lui aussi d’une beauté indescriptible, Jésus descend rapidement du Ciel, rejoint sa Mère, la serre sur son cœur et, ensemble, plus brillants que deux astres, ils s’en vont à l’endroit d’où Jésus est venu. 650.5 La vision de Jean est finie.

    Il baisse la tête. Sur son visage fatigué, on peut lire à la fois la souffrance de la perte de Marie et la joie de la savoir dans la gloire. Mais désormais la joie l’emporte sur la douleur. Il dit :

    « Merci, mon Dieu ! Merci ! J’avais pressenti que cela allait arriver. Et je voulais veiller pour ne perdre aucun détail de son assomption. Cela faisait trois jours que je ne dormais pas ! Le sommeil, la lassitude joints à la peine, m’ont abattu et vaincu au moment même où l’Assomption était imminente… Mais peut-être l’as-tu voulu, mon Dieu, pour ne pas troubler ce moment et pour que je n’en souffre pas trop… Oui, c’est sûrement toi qui l’as voulu, tout comme tu as désiré que, cette fois, j’assiste à ce que je n’aurais pu voir sans miracle. Tu m’as accordé de la contempler encore — bien que déjà si loin, glorifiée et glorieuse — comme si elle avait été tout près de moi, et de revoir Jésus ! Quelle vision bienheureuse, inespérée, inespérable ! Quel don des dons de Jésus-Dieu à son Jean ! Quelle grâce extraordinaire ! Revoir mon Maître et Seigneur ! Le voir près de sa Mère ! Lui qui est semblable au soleil et elle à la lune, tous les deux d’une splendeur inouïe, en raison de leur gloire et de leur bonheur d’être réunis pour toujours ! Que sera le Paradis, maintenant que vous y resplendissez, vous, les astres majeurs de la Jérusalem céleste ? Quelle est la joie des chœurs angéliques et des saints ? C’est le bonheur que m’a procuré la vision de Marie avec son Fils : il a fait disparaître toute sa peine, toute leur peine, au point que la mienne aussi s’évanouit pour laisser place à la paix.

    Des trois miracles que j’avais demandés à Dieu, deux se sont réalisés. J’ai vu la vie revenir en Marie, et je sens que la paix est revenue en moi. Toute mon angoisse cesse, car je vous ai vus réunis dans la gloire. Merci pour cela, mon Dieu. 650.6 Et merci de m’avoir donné de voir ce qui est arrivé à une créature très sainte, mais toujours humaine, pour me permettre de comprendre quel est le sort des saints et quelle sera — après le jugement dernier, la résurrection de la chair et leur réunion —, leur fusion avec l’esprit, monté au Ciel à l’heure de la mort. Je n’avais pas besoin de voir pour croire, car j’ai toujours cru fermement à toutes les paroles du Maître. Mais beaucoup douteront que, après des siècles et des millénaires, la chair, devenue poussière, puisse se reconstituer en un corps vivant. A ceux-là je pourrai dire, en le jurant sur ce qu’il y a de plus élevé, que non seulement le Christ est redevenu vivant par sa propre puissance divine, mais que sa Mère aussi, trois jours après sa mort — si on peut appeler mort sa dormition — a repris vie et, avec sa chair réunie à son corps a établi son éternelle demeure au Ciel à côté de son Fils. Je pourrai dire : “ Croyez, vous les chrétiens, à la résurrection de la chair à la fin des siècles, et à la vie éternelle des âmes et des corps, vie bienheureuse pour les saints, horrible pour les coupables impénitents. Croyez et vivez en saints, comme l’ont fait Jésus et Marie, pour avoir le même sort. J’ai vu leurs corps monter au Ciel. Je puis vous en rendre témoignage. Vivez en justes pour pouvoir un jour prendre place dans le nouveau monde éternel, en âme et en corps, près de Jésus-Soleil et près de Marie, Etoile de toutes les étoiles ”. Merci encore, mon Dieu ! 650.7 Et maintenant, recueillons ce qui reste d’elle. Les fleurs tombées de ses vêtements, les feuilles d’olivier restées sur le lit, et conservons-les. Tout servira… Oui, tout cela servira à aider et consoler mes frères que j’ai vainement attendus. Tôt ou tard, je les retrouverai… »

    Il ramasse même les pétales des fleurs qui se sont dispersés en tombant, et rentre dans la pièce en les gardant dans un pli de son vêtement.

    650.8 Il remarque alors avec plus d’attention l’ouverture du toit et s’écrie :

    « Encore un miracle ! Et une autre admirable proportion dans les prodiges de la vie de Jésus et de Marie ! Lui, en tant que Dieu, est ressuscité de lui-même ; par sa seule volonté, il a renversé la pierre du tombeau, et par sa seule puissance il est monté au Ciel. De lui-même. Quant à Marie, toute sainte, mais fille d’homme, c’est grâce aux anges que lui fut ouvert le passage pour son assomption au Ciel, et c’est toujours à l’aide des anges qu’elle est montée là-haut. L’esprit du Christ est revenu animer son corps pendant qu’il était sur la terre, car il devait en être ainsi pour faire taire ses ennemis et confirmer dans la foi tous ses fidèles. Mais l’esprit de Marie est revenu quand son corps très saint arrivait au seuil du Paradis, parce que, pour elle, il ne fallait pas autre dénouement. Puissance parfaite de l’infinie sagesse de Dieu ! » 650.9 Jean rassemble dans un linge les fleurs et les feuilles restées sur le lit, y ajoute celles qu’il a ramassées dehors, et dépose le tout sur le couvercle du coffre. Puis il l’ouvre et y place le petit oreiller de Marie et la couverture du lit. Il descend dans la cuisine, regroupe les autres objets dont elle se servait — le fuseau et la quenouille, sa vaisselle —, et les joint aux autres reliques. 650.10 Il ferme le coffre et s’assied sur le tabouret en s’écriant :

    « Maintenant, tout est accompli aussi pour moi ! Je suis désormais libre de partir là où l’Esprit de Dieu me conduira. Allons semer la Parole de Dieu que le Maître m’a confiée pour que je la transmette aux hommes. Allons enseigner l’amour, pour qu’ils croient dans l’Amour et sa puissance. Leur faire connaître les prodiges accomplis par le Dieu-Amour pour les hommes : son sacrifice et son Sacrement et Rite perpétuels, par lesquels, jusqu’à la fin des siècles, nous pourrons être unis à Jésus-Christ par l’Eucharistie et renouveler le Rite et le Sacrifice, comme il nous a commandé de le faire. Ce sont là des dons de l’Amour parfait ! Faire aimer l’Amour pour qu’ils croient en lui, comme nous y avons cru et y croyons. Semer l’amour pour que la moisson soit abondante, et la pêche pour le Seigneur généreuse. L’amour obtient tout. Cela fait partie des derniers mots que Marie m’ait adressés, à moi, quand elle a défini ma place, au sein du Collège apostolique, comme celui qui aime par excellence, l’opposé de Judas qui été la haine, comme Pierre l’impétuosité et André la douceur, les fils d’Alphée la sainteté et la sagesse unies à la noblesse des manières, et ainsi de suite. Etant celui qui aime, j’irai, maintenant que je n’ai plus le Maître et sa Mère à aimer sur la terre, répandre l’amour parmi les nations. L’amour sera mon arme et ma doctrine. Et avec lui, je vaincrai le démon, le paganisme et je conquerrai beaucoup d’âmes. Je serai ainsi la continuation de Jésus et de Marie, qui furent l’amour parfait sur la terre. »


SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2010/10-036.htm
https://valtorta.fr/glorification-de-jesus-et-marie/l-assomption-de-marie.html

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