22 mars 1924
La nécessité de tout écrire. Tout comme ce fut le cas pour la Rédemption,
l'oeuvre du que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel est
cachée et se prépare entre l'âme et Dieu. C'est seulement quand
les créatures vivront dans sa Divine Volonté que Dieu pourra
donner le dernier coup de pinceau divin à toute la Création.
J’ai exposé au confesseur ce qui est écrit plus haut. Celui-ci me dit qu'il n'était pas convaincu que ces choses étaient vraies et que, si c'était le cas, quelqu'un aurait dû voir le monde changer, du moins en partie, ce matin-là. Ainsi, je restai hésitante à écrire ou dire quelque chose de plus. Quand Jésus arriva. je m'abandonnai dans ses bras et déversai mon coeur en lui. Je lui dis ce que mon confesseur pensait et que, pour croire, les gens voudront voir des choses prodigieuses, des miracles. Me serrant contre lui, mon Jésus bien-aimé, comme pour dissiper mes doutes, me dit:
«Ma fille, courage, ne perds pas coeur! Si ce n'était pas nécessaire que tu écrives. je ne t'aurais pas astreinte à ce sacrifice. Tu dois savoir que les vérités que je te fais connaître au sujet de ma Volonté et des choses que les créatures doivent faire pour y vivre sont comme divers aimants, saveurs, attraits, mets, harmonies, parfums, lumières. Chaque chose dont je te parle renferme sa particularité propre. Par conséquent, en ne faisant pas connaître tous les biens qui sont dans ma Volonté, ou jusqu'où l'âme peut atteindre en vivant en elle, tu seras la cause de l'absence soit d'un appât afin de capturer les âmes, soit d'un aimant pour les attirer, soit d'une nourriture pour les rassasier. Alors la parfaite harmonie de la vie dans ma Volonté, le plaisir de ses parfums et sa lumière pour guider les âmes ne seront pas connus. Ne connaissant pas tous ses biens, les âmes n'auront pas le désir ardent de s'élever au-dessus de tout pour vivre dans ma Volonté.
D'autre part, ne t'inquiète pas au sujet de ce qu'on t'a dit. Ma Maman aussi possédait ma Volonté comme vie. Ceci n'empêcha pas le monde de continuer sa course dans le mal: rien ne semblait avoir changé, aucun miracle extérieur n'était perçu la concernant. Cependant, ce qu'elle ne faisait pas ici bas, elle le faisait dans le Ciel avec son Créateur. Par sa vie continuelle dans la Divine Volonté, elle forma en elle l'espace pour y recevoir le Verbe sur la terre; Elle changea le destin de l'humanité et réalisa le plus grand des miracles qu'aucun autre n'avait fait ou ne fera jamais: celui d'amener le Ciel sur la terre. Quelqu'un qui accomplit ce qu'il y a de plus grand n'a pas à faire ce qui est moindre.
Cependant, qui avait connaissance de ce que ma Maman accomplissait, de ce qu'elle faisait avec l'Éternel afin d'obtenir le grand prodige de la descente du Verbe au milieu des créatures? Cela n'était connu que par quelques-uns lors de ma conception et par un peu plus lorsque je rendis mon dernier souffle sur la croix.
Ma fille, plus le bien que je veux faire à une âme est grand - un bien devant se réaliser au profit des générations humaines et m'apporter une gloire complète-, plus j'attire cette âme à moi et fais en sorte que ce bien mûrisse entre elle et moi. Je l'isole et vois à ce qu'elle soit ignorée. Quand ma Volonté désire qu'elle soit auprès d'une créature, cela prend tout mon pouvoir afin qu'elle se soumette à ce sacrifice. Par conséquent, laisse faire ton Jésus, et calme-toi.»
Je lui dis: «Jésus, ils ont raison! Ils disent qu'ils ne voient aucune évidence, aucun bien positif, que ce ne sont que des mots. Quant à moi, je ne désire réellement rien. Tout ce que je désire, c'est de faire comme toi tu veux: accomplir ta Très Sainte Volonté et que ce qui se passe entre toi et moi demeure dans le secret de nos coeurs.»
Jésus reprit: «Ah! ma fille, aurais-tu aimé que j'aie travaillé à ma Rédemption en secret avec le Père Céleste et avec ma Maman très chère qui devait me concevoir, et que personne d'autre n'ait su que j'étais descendu sur la terre? Aussi grand qu'un bien puisse être, s'il n'est pas connu, il ne produit pas la vie, ne multiplie pas, n'est pas aimé ni imité. Alors ma Rédemption aurait été sans effet pour les créatures.
«Ma fille, laisse-les parler et laisse-moi faire. Ne te sens pas concernée. Fais comme je faisais intérieurement et extérieurement quand j'étais sur la terre, spécialement durant ma vie cachée. Les créatures ne savaient presque rien de ce que je faisais. Cependant, devant mon Divin Père, je préparais et faisais mûrir les fruits de la Rédemption. J'étais extérieurement ignoré, pauvre, misérable et méprisé. Mais, devant mon Père, mon intérieur travaillait à ouvrir des mers de lumière, de grâces, de paix et de pardons entre le Ciel et la terre. Mon objectif était d'ouvrir les portes du Ciel, fermées depuis plusieurs siècles, pour le bien de la terre et pour que mon Père regarde les créatures avec amour. Le reste devait venir par soi-même. N'était-ce pas là un grand bien? C'était la levure, la préparation. les fondations de la Rédemption.
Il en va ainsi pour toi. Il est nécessaire que je dépose en toi la levure de ma Volonté, que j'active la préparation, que je pose les fondations, qu'il y ait un total accord entre toi et moi, entre mes actes intérieurs et les tiens, de manière à ce que le Ciel s'ouvre à de nouvelles grâces, à de nouveaux courants, et que la Suprême Majesté daigne concéder la plus grande des grâces: que sa Volonté soit connue sur la terre et y exerce sa pleine domination comme cela se passe au Ciel.
Et pendant que tu t'occupes ainsi, penses-tu que la terre ne reçoit aucun bien? Ah! tu as tort! Les générations se précipitent vertigineusement vers le mal et qui donc les soutient? Qui, dans leur course vertigineuse, les empêche d'être submergées au point de disparaître de la surface de la terre? Souviens-toi qu'il n'y a pas si longtemps, la mer rompait ses frontières au- dessous de la terre, menaçant d'avaler des cités entières, y compris ta propre ville. Qui arrêta ce fléau? Qui fit que les eaux s'arrêtèrent et demeurèrent à l'intérieur de leurs frontières?
C'est le grand fléau qui se prépare à cause de la regrettable course vertigineuse des créatures. La nature est outrée de tant de mal et voudrait venger les droits du Créateur. Toutes les choses naturelles veulent se dresser contre l'homme: la mer, le feu, le vent et la terre sont sur le point de sortir de leurs frontières pour décimer les générations.
Trouves-tu banal que pendant que la race humaine est immergée de maux irréparables, je t'appelle et que, t'élevant entre le Ciel et la terre et t'identifiant avec mes propres actes, je te fasse courir à l'intérieur de ma Volonté pour effectuer les actes contraires à tant de perversité? Trouves-tu banal que je te convoque à coopérer à conquérir l'homme par mon amour de manière à ce qu'il arrête sa course vertigineuse en lui montrant la plus grande chose, celle de la lumière de ma Volonté, pour qu'en la connaissant, il puisse la prendre pour nourriture afin de restaurer ses forces et, qu'ainsi fortifié, il puisse mettre un terme à son insouciance et il puisse reprendre son pas ferme pour ne plus tomber dans le mal?»
Ensuite, mon Jésus disparut et je me trouvai encore plus amère en pensant à la vilaine course vertigineuse des créatures et aux troubles que la nature leur causera. Comme je m'étais remise en prière, mon Jésus me revint dans un lamentable état: il semblait agité et gémissant. Il s'étendit en moi, se tournait tantôt à droite, tantôt à gauche. Je lui demandai: «Jésus, mon amour, qu'y a-t-il? Oh! tu souffres beaucoup! S'il te plaît, partageons tes souffrances, ne reste pas seul! Ne vois-tu pas à quel point tu souffres et que tu ne peux plus en prendre?»
Pendant que je m'exprimais ainsi, je me trouvai hors de mon corps dans les bras d'un prêtre. Bien que la personne semblait être un prêtre, il me sembla que sa voix était celle de Jésus. Il me dit: «Nous allons parcourir un très long chemin, sois attentive à ce que tu verras.» Nous marchions sans toucher le sol. Au début, je le transportais dans mes bras. Mais, comme un chien me poursuivait en essayant de me mordre, j'eus peur. Afin que je sois libérée de cette peur, les rôles furent inversés: c'est lui qui me porta. Je lui dis: «Pourquoi ne l'as-tu pas fait avant? J'avais peur, mais je ne disais rien parce que je croyais qu'il était nécessaire que je te porte. Maintenant je suis satisfaite parce que, puisque tu me portes dans tes bras, il ne pourra plus rien me faire.» J'ajoutai: «Jésus me porte dans ses bras!» Il répliqua: «Je porte Jésus dans mes bras.»
Le chien nous suivit durant tout notre parcours. Il tenait un de mes pieds dans sa bouche, sans le mordre. Le trajet était long et je demandai: «Combien en reste-t-il?» Il répondit: «Encore cent milles (160 km).» Puis, comme je demandai cela de nouveau, il dit: «Encore 30 (48).» Et ainsi de suite jusqu'à ce que nous arrivions à la cité.
Et que dire de ce qu'on pouvait voir le long du chemin? À certains endroits, des villes réduites à un amas de pierres. Ailleurs, des terres inondées et des villes ensevelies sous l'eau. Ou encore des rivières ou des mers sorties de leur lit. A d'autres endroits, des gouffres béants remplis de feu. Il me semblait que tous les éléments s'étaient mis d'accord pour s'attaquer aux générations humaines en façonnant des tombeaux pour les y placer.
Ce qui était le plus horrifiant, c'était l'esprit malfaisant des créatures. Tout ce qui provenait d'elles était une épaisse noirceur dans un environnement putréfié et toxique. La noirceur était telle que, parfois, je ne pouvais discerner où nous nous trouvions. Tout semblait fausseté et duplicité, des pièges insidieux étaient tendus et, si quelque bien se manifestait, ce n'était qu'apparent: ce bien camouflait les vices les plus laids. Cela déplaisait plus au Seigneur que si on avait fait le mal ouvertement. Toutes les classes de la société étaient impliquées. C'était comme un ver rongeur s'attaquant à la racine même du bien. À certains endroits, on pouvait voir des révolutions ou des meurtres perpétrés par ruse, etc. Qui pourrait dire tout ce qu'on voyait? Fatiguée de voir tant de mal, j'ai répété plusieurs fois: «Quand allons-nous terminer ce long voyage?»
Tout pensif, celui qui me portait répondait: «Encore un peu plus, tu n'as pas encore tout vu.»
Finalement, après une très longue lutte, je me retrouvai dans mon corps et dans mon lit. Mon doux Jésus, qui souffrait beaucoup, continuait de gémir. Il allongea ses bras vers moi et me dit: «Ma fille, donne-moi un peu de repos, car je n'en peux plus.» Appuyant sa tête sur ma poitrine, il sembla vouloir dormir. Cependant, son sommeil n'était pas paisible.
Quant à moi, ne sachant pas quoi faire, je me suis souvenue que, dans la Très Sainte Volonté, il y a le parfait repos. Je lui ai dit: «Mon Amour, à travers ta Volonté, je place mon intelligence dans ton intelligence incréée afin de pouvoir ainsi rejoindre toutes les intelligences créées et y placer ton ombre, afin que ta sainte intelligence puisse se reposer. Je place ma voix dans ton Fiat pour pouvoir placer l'ombre de ton Fiat omnipotent dans chacune des voix humaines, afin que ta respiration et ta bouche puissent se reposer. Je place mes travaux dans les tiens pour pouvoir placer l'ombre et la sainteté de tes travaux dans les travaux des créatures de manière à donner du repos à tes mains. Je place mon petit amour dans ta Volonté pour pouvoir le placer dans ton immense amour afin de pouvoir placer l'ombre de ton amour dans tous les coeurs pour donner du repos à ton coeur fatigué.»
Pendant que je m'exprimais ainsi, mon Jésus se calma et tomba dans un doux sommeil. Après quelque temps, il se réveilla apaisé. Me serrant contre lui, il me dit: «Ma fille, j'ai pu me reposer car tu m'as entouré avec les ombres de mes travaux, de mon Fiat et de mon amour. Il s'agit du repos que je devais vivre après avoir créé toutes choses. Comme l'homme fut le dernier à être créé, je voulais me reposer en lui. C'est-à dire que, par la vertu de ma Volonté formant mon ombre en lui, je devais trouver en lui mon repos et le couronnement de tous mes travaux. Mais cela me fut refusé puisque l'homme ne voulut pas faire ma Volonté.
Je ne pourrai me reposer que lorsque j'aurai trouvé quelqu'un voulant vivre dans ma Volonté, acceptant de placer l'ombre de mon image dans son âme. Ne trouvant pas mon ombre, je ne peux pas me reposer. Car je ne peux pas compléter mes travaux et donner le dernier coup de pinceau divin à toute la Création. C'est pourquoi la terre doit être purifiée et renouvelée, et cela, par des purges puissantes telles que plusieurs perdront la vie. Et toi, sois patiente, et marche toujours dans ma Volonté.»