6 octobre 1909
Le vrai amour purifie tout, triomphe
de tout et atteint tout.
Après avoir reçu la Communion, mon toujours aimable Jésus vint brièvement et, comme j'avais eu une dispute avec mon confesseur au sujet de l'amour vrai, je lui demandai si j'avais raison ou tort. Il me dit:
«Ma fille, c'est exactement comme tu l'as dit, à savoir que l'amour vrai facilite tout, bannit toute crainte, tout doute, et que son art consiste à prendre possession de la personne aimée. Et, quand il en a pris possession, l'amour lui-même lui enseigne les moyens de préserver l'objet acquis. Par la suite, quelles craintes, quels doutes l'âme peut-elle avoir concernant ce qui lui appartient? Que ne peut-elle pas espérer? Que dis-je, quand l'âme est parvenue à prendre possession de l'amour, celui-ci devient hardi et en vient à des excès incroyables. L'amour vrai peut dire: "Il n'y a plus de cela est à toi et cela est à moi." L'amour vrai peut dire: "Je suis à toi et tu es à moi", si bien que les êtres aimés peuvent disposer l'un de l'autre, se féliciter l'un l'autre, s'amuser ensemble. Chacun peut dire à l'autre: "Puisque je t'ai acquis, je peux disposer de toi à ma guise." Comment l'âme pourrait-elle alors s'arrêter aux défauts, aux misères, aux faiblesses, si l'objet acquis lui a tout remis, l'a embellie en tout et la purifie continuellement?
«Voici les vertus de l'amour vrai: purifier tout, triompher de tout et atteindre tout. En effet, quel amour pourrait-on avoir pour une personne que l'on craindrait, dont on douterait, dont on n'espérerait pas tout? L'amour y perdrait ses plus belles qualités. Il est vrai que, même chez les saints, on peut voir des variations là-dessus. Cela montre tout simplement que, même chez les saints, l'amour peut être imparfait et peut varier selon les états.
«En ce qui te concerne, voici ce qu'il en est: comme tu devrais être avec moi au Ciel et que tu as sacrifié cela par amour pour l'obéissance et pour ton prochain, l'amour a été confirmé en toi, ta volonté a été confirmée à ne pas m'offenser, si bien que ta vie est comme une vie déjà terminée. Par conséquent, tu ne ressens pas le fardeau des misères humaines. Donc, sois attentive à ce qui te convient et à m'aimer jusqu'à ce que tu atteignes l'Amour infini.»
7 octobre 1909
Par précaution et par jalousie, Jésus entoure d'épines
l'âme et le corps des créatures qui lui sont chères.
Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, ma jalousie et les précautions que je prends pour mes créatures sont si grandes que, pour ne pas les laisser aller à la ruine, je suis obligé d'entourer leur âme et leur corps d'épines, afin que celles-ci empêchent la boue de les souiller. J'accompagne 7d'épines, c'est-à-dire, d'amertume, de privations et de divers états intérieurs, même les plus grandes faveurs dont je favorise les âmes qui me sont chères, afin que ces épines me les gardent et préviennent qu'elles se souillent par la boue de l'amour propre et d'autres choses semblables.» Puis il disparut.
14 octobre 1909
La preuve que c'est Jésus qui vient à Luisa.
Étant dans mon état habituel, il me sembla m'être trouvée avec un enfant dans les bras, lequel se changea en trois enfants par la suite et en lesquels je me suis sentie tout immergée. Quand mon confesseur vint dans la matinée, il me demanda si Jésus était venu. Je lui ai dit ce que je viens d'écrire, sans ajouter quoi que ce soit. Mon confesseur me dit: «Ne t'ont-ils rien dit? N'as-tu rien entendu?»
Je répondis: «Je ne peux pas très bien le préciser.» Il poursuivit: «La Sainte Trinité était ici et tu ne peux rien dire? Tu es devenue stupide? On voit bien que ce sont des rêves.» Je repris : «Oui, c'est vrai, ce sont des rêves.» Il ajouta autre chose et, pendant qu'il parlait, je me suis sentie saisie fortement par les bras de Jésus, si fortement que j'en ai presque perdu connaissance. Jésus me dit: «Qui veut molester ma fille?» Je répondis: «Le Père a raison puisque je ne peux rien dire; il n'y a aucun signe que c'était Jésus-Christ qui est venu à moi.»
Jésus enchaîna en me disant: «J'agis avec toi comme le ferait la mer avec une personne qui viendrait plonger dans ses profondeurs: je t'immerge tout entière dans mon Être de sorte que tous tes sens en sont imprégnés. Ainsi, si tu veux parler de mon immensité, de ma profondeur et de ma hauteur, tout ce que tu peux dire, c'est qu'elles sont si grandes que ta vue en est obstruée; si tu veux parler de mes délices et de mes qualités, tout ce que tu peux dire, c'est qu'elles sont si nombreuses que dès que tu ouvres la bouche pour les compter, tu te noies en elles; et ainsi de suite pour le reste.
«D'autre part, qu'est-ce qui se passe? Tu dis que je ne t'ai donné aucun signe que c'était moi? C'est faux! Qui t'a maintenue au lit pendant vingt-deux ans sans te briser et dans un calme et une patience totales? S'agit-il de leur vertu ou de la mienne? Et que dire des tests qu'ils te firent subir dans les premières années de ton état actuel, quand ils t'ont fait demeurer immobile pendant dix-sept ou dix-huit jours sans prendre aucun aliment: était-ce eux ou moi qui te maintenait?»
Après cela, comme mon confesseur m'avait appelée, je suis revenue dans mon corps. Ensuite il célébra la sainte messe et je communiai. Alors Jésus revint. Je me suis plainte qu'il ne venait plus comme auparavant, que le grand amour qu'il avait pour moi semblait changé en froideur. Je lui ai dit: «Chaque fois que je me plains, tu trouves des excuses; ainsi, tu dis que tu veux châtier et que c'est pour cela que tu ne viens pas. Mais moi, je ne crois pas cela. Qui sait quel mal se trouve dans mon âme, voilà pourquoi tu ne viens pas. Au moins, dis-le moi pour que, quel qu'en soit le prix, y compris le prix de ma vie, je l'enlève; sans toi, je ne peux être. Pense ce que tu veux, je ne peux pas aller de l'avant ainsi: que je sois ou bien avec toi sur la terre ou bien avec toi dans le Ciel!»
Me coupant la parole, Jésus me dit: «Calme-toi, calme-toi, je ne suis pas loin de toi, je suis toujours avec toi; tu ne me vois pas toujours, mais je suis toujours avec toi. Que dis-je, je suis au plus profond de ton coeur pour me reposer et, pendant que tu me cherches et vis tes privations avec patience, tu m'entoures de fleurs pour me réconforter et me permettre de me reposer plus en paix.»
Pendant qu'il disait cela, il sembla y avoir autour de lui tant de fleurs variées qu'elles le cachaient presque. Il ajouta: « Tu ne crois pas que c'est pour châtier le monde que je te prive de moi et, pourtant, il en est bien ainsi. Quand tu t'y attendras le moins, tu entendras parler de choses qui arriveront.» Pendant qu'il disait cela, il me montra des guerres de par le monde, des révolutions contre l'Église et des églises en feu: cela était presque imminent.