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Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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Message par ami de la Miséricorde Lun 1 Avr - 22:41

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CHAPITRE XIV
Que la charité doit être nommée amour.

 
Origène dit en quelque lieu, qu'à son avis, l'Écriture divine voulant empêcher que le nom d'amour ne donnât quelque sujet de mauvaise pensée aux esprits infirmes, comme plus propre à signifier une passion charnelle qu'une affection spirituelle, en lieu de ce nom-là d'amour, elle a usé de ceux de charité et de dilection, qui sont plus honnêtes.

 Au contraire, saint Augustin ayant mieux considéré l'usage de la parole de Dieu montre clairement que le nom d'amour n'est pas moins sacré que celui de dilection, et que l'un et l'autre signifient parfois une affection sainte, et quelquefois aussi une passion dépravée, alléguant à ces fins plusieurs passages de l'Ecriture. 

Mais le grand saint Denis, comme excellent docteur de la propriété des noms divins, parle bien plus avantageusement en faveur du nom d'amour; enseignant que les théologiens, cest-à-dire les apôtres et premiers disciples d'iceux (car ce saint n'avait point vu d'autres théologiens), pour désabuser le vulgaire et dompter la fantaisie d'icelui qui prenait le nom d'amour en sens profane et charnel, ils l'ont plus volontiers employé ès choses divines, que celui de dilection, et quoiqu'ils estimassent que l'un et l'autre étaient pris pour une même chose, il a toutefois semblé à quelques-uns d'entre eux que le nom d'amour était plus propre et convenable à Dieu que celui de dilection; si que le divin Ignace a écrit ces paroles : 

Mon amour est crucifié. Ainsi, comme ces anciens théologiens employaient le nom d'amour ès choses divines, afin de lui ôter l'odeur d'impureté, de laquelle il était suspect selon l'imagination du monde, de même pour exprimer les affections humaines, ils ont pris plaisir d'user du nom de dilection comme exempt du soupçon de déshonnêteté; dont quelqu'un d'entre eux a dit, au rapport de saint Denis : 

Ta dilection est entrée en mon âme, ainsi que la dilection des femmes. Enfin, le nom d'amour représente pins de ferveur, d'efficace et d'activité, que celui de dilection; de sorte qu'entre les Latins, dilection est beaucoup moins qu'amour. 

Clodius, dit leur grand orateur, me porte dilection, et pour le dire plus excellement, il m'aime; et partant le nom d'amour, comme plus excellent, a été justement donné à la charité, comme au principal et plus éminent de tous les amours: 

si que pour toutes ces raisons, et parce que je prétendais de parler des actes de la charité plus que de l'habitude d'icelle, j'ai appelé ce petit ouvrage: Traité de l'amour de Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 2 Avr - 22:49

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CHAPITRE XV

De la convenance qui est entre Dieu et l'homme


Sitôt que l'homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion de coeur, qui témoigne que Dieu est dieu du coeur humain; et jamais notre entendement n'a tant de plaisir qu'en cette pensée de la Divinité, de laquelle la moindre connaissance, comme dit le prince des philosophes (Aristote), vaut mieux que la plus grande des autres chose.

Comme le moindre rayon du soleil est plus clair que le plus grand de la lune et des étoiles, aies est plus lumineux que la lune ou les étoiles ensemble.

Que quelque accident épouvante notre coeur, soudain il recourt à la Divinité, avouent que quand tout lui est mauvais, elle seule lui est bonne, et que quand il est en péril, eue seule, comme son souverain bien, le peut sauver et garantir.

Ce plaisir, cette confiance que le coeur humain prend naturellement en Dieu, ne peut certes provenir que de la bonne convenance qu'il y a entre cette divine bonté et notre âme.

Convenance grande, mais secrète; convenance que chacun connaît, et que peu de gens entendent; convenance qu'on ne peut nier, mais qu'on ne peut pénétrer.

Nous sommes créés à l'image et semblance de Dieu: qu'est-ce à dire cela? sinon que nous avons une extrême convenance avec sa divine majesté.

Notre âme est spirituelle, indivisible, immortelle, entend, veut, et librement est capable de juger, discourir, savoir, et avoir des vertus; en quoi elle ressemble à Dieu.

Elle réside toute en tout son corps, et toute en chacune des parties d'icelui, comme la Divinité est toute en tout le monde, et toute en chaque partie du monde.

L'homme se connaît et s'aime soi-même, par des actes produits et exprimés de son entendement et de sa volonté, qui procédant de l'entendement et de la volonté distingués l'un de lautre, restent néanmoins et demeurent inséparablement unis en l'âme et ès facultés desquelles ils procèdent.

Ainsi, le Fils procède du Père, comme sa connaissance exprimée, et le Saint-Esprit, comme l'amour exprimé et produit du Père et du Fils; l'une et l'autre personne distinctes entre elles et d'avec le Père, et néanmoins inséparables et unies, aine plutôt une même, seule, simple et très unique indivisible Divinité.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 3 Avr - 23:41

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CHAPITRE XV

De la convenance qui est entre Dieu et l'homme


Mais, outre cette convenance de similitude, il y a une correspondance nonpareille entre Dieu et l'homme pour leur réciproque perfection. Non que Dieu puisse recevoir aucune perfection de l'homme; mais parce que, comme l'homme ne peut être perfectionné que par la divine bonté aussi la divine bonté ne peut bonnement si bien exercer sa perfection hors de soi qu'à l'endroit de notre humanité.

L'un a grand besoin et grande capacité de recevoir du bien; et l'autre grande abondance et grande inclination pour en donner. Rien n'est si à propos pour lindigence, qu'une libérale affluence; rien si agréable à une libérale affluence, qu'une nécessiteuse indigence; et plus le bien a daffluence, plus l'inclination de se répandre et communiquer est forte.

Plus l'indigent est nécessiteux, plus il est avide de recevoir, comme un vide de se remplir. C'est donc un doux et désirable rencontre, que celui de l'affluence et de l'indigence; et ne saurait-on presque dire qui a plus de contentement, ou le bien abondant à se répandre et communiquer, ou le bien défaillant et indigent à recevoir et tirer, si Notre-Seigneur n'avait dit que c'est chose plus heureuse de donner que de recevoir.

Or, où il y a plus de bonheur, il y a plus de satisfaction la divine bonté a donc plus de plaisir à donner ses grâces, que nous à les recevoir.

Les mères ont quelquefois leurs mamelles si fécondes et abondantes, quelles ne peuvent durer sans bailler à quelque enfant; et bien que l'enfant suce la mamelle avec grande avidité, la nourrice la lui donne encore plus ardemment, l'enfant tétant, pressé de sa nécessité, et la mère l'allaitant, pressée de sa fécondité.

L'épouse sacrée avait souhaité le saint baiser d'union: Oh! dit-elle, qu'il me baise d'un baiser de sa bouche ! Mais y a-t-il assez de convenance, ô la bien-aimée du bien-aimé, entre vous et l'époux; pour parvenir à l'union, que vous désirez?

Oui, dit-elle, donnez-le-moi ce baiser d'union, ô le cher ami de mon âme. Car vous avez des mamelles meilleures que le vin, odorantes de parfums excellents. Le vin nouveau bouillonne et séchauffe en soi-même par la force de sa bonté, et ne se peut contenir dans les tonneaux; mais vos mamelles sont encore meilleures; elles pressent votre poitrine par des élans continuels, poussant leur lait qui redonde, comme requérant d'être déchargées : et pour attirer les enfants de votre coeur à les venir téter, elles répandent une odeur attrayante plus que toutes les senteurs des parfums.

Ainsi, Théotime, notre défaillance a besoin de l'abondance divine, par disette et nécessité ; mais l'affluence divine na besoin de notre indigence que par excellence de perfection et bonté. Bonté qui néanmoins ne devient pas meilleure en se communiquant, car elle, n'acquiert rien en se répandant hors de soi, au contraire elle donne; mais notre indigence demeurerait manquante et misérable, si l'abondance de la bonté ne la secourait.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 6 Avr - 23:42

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CHAPITRE XVI

Que nous avons une inclination d'aimer Dieu sur toutes choses.


Or, bien que l'état de notre nature humaine ne soit pas maintenant doué de la santé et droiture originelle que le premier homme avait en sa création, et qu'au contraire nous soyons grandement dépravés par le péché, si est-ce toutefois que la sainte inclination d'aimer Dieu sur toutes choses nous est demeurée, comme aussi la lumière naturelle par laquelle nous connaissons que sa souveraine bonté est aimable sur toutes choses, et n'est pas possible qu'un homme pensant attentivement en Dieu, voire même par le seul discours naturel, ne ressente un certain élan d'amour que la secrète inclination de notre nature suscite au fond du coeur, par lequel à la première appréhension de ce premier et souverain objet, la volonté est prévenue et se sent excitée à se complaire en icelui.

Entre les perdrix il arrive souvent que les unes dérobent les oeufs des autres afin de les couver, soit pour l'avidité qu'elles ont d'être mères, soit pour la stupidité qui leur fait méconnaît leurs oeufs propres ; et voici, chose étrange, mais néanmoins bien témoignée, car le perdreau qui aura été éclos et nourri sous les ailes d'une perdrix étrangère, au premier réclame qu'il ait de sa vraie mère qui avait pondu l'oeuf duquel il est procédé, il quitte la perdrix larronnesse, se rend à sa. première mère et se met à sa suite, par la correspondance qu'il a avec sa première origine, correspondance toutefois qui ne paraissait point, ains est demeurée secrète , cachée et comme dormante au fond de la nature jusques à la rencontre de son objet, par lequel étant soudain excitée et comme réveillée, elle fait son coup, et pousse l'appétit du perdreau à son premier devoir.

Il en est de même, Théotime, de notre coeur; car quoiqu'il soit couvé, nourri et élevé emmi les choses corporelles, basses et transitoires, et, par manière de dire, sous les ailes de la nature, néanmoins au premier regard qu'il jette en Dieu, à la première connaissance qu'il en reçoit, la naturelle et première inclination d'aimer Dieu, qui était comme assoupie et imperceptible, se réveille en un instant, et à limprévu paraIt comme une étincelle qui sort d'entre les cendres, laquelle touchant notre volonté lui donne un élan de l'amour suprême, dû au souverain et premier principe de toutes choses.

CHAPITRE XVII

Que nous n'avons pas naturellement le pouvoir d'aimer Dieu sur toutes choses.


Les aigles ont un grand coeur et beaucoup de force à voler, elles ont néanmoins incomparablement plus de vue que de vol, et étendent beaucoup plus vite et plus loin leur regard que leurs ailes; ainsi nos esprits, animés d'une sainte inclination naturelle envers la Divinité, ont bien plus de clarté en l'entendement pour voir combien elle est aimable, que de force en la volonté pour l'aimer; car le péché a beaucoup plus débilité la volonté humaine qu'il n'a offusqué l'entendement, et la rébellion de l'appétit sensuel, que nous appelons concupiscence, trouble voirement l'entendement; mais c'est pourtant coutre la volonté qu'il excite principalement sa sédition et révolte, si quo la pauvre volonté déjà tout infirme, étant agitée des continuels assauts que la concupiscence lui livre, ne peut faire si grand progrès en l'amour divin, comme la raison et inclination naturelle lui suggèrent qu'elle devrait faire.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 7 Avr - 23:21

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CHAPITRE XVII

Que nous n'avons pas naturellement le pouvoir d'aimer Dieu sur toutes choses.


Hélas! Théotime, quels beaux témoignages, non seulement d'une grande connaissance de Dieu, mais aussi d'une forte inclination envers icelui, ont été laissés par ces grands philosophes, Socrate, Platon, Trismégiste, Aristote, Hippocrate, Épictète, Sénèque! Socrate, le plus loué d'entre eux, connaissait clairement l'unité de Dieu, et avait tant d'inclination à l'aimer, que, comme saint Augustin témoigne, plusieurs ont estimé qu'il n'enseigna jamais la philosophie morale par autre occasion que pour épurer les esprits, afin qu'ils pussent mieux contempler le souverain bien, qui est la très unique Divinité.

Et quant à Platon, il se déclare assez en la célèbre définition de la philosophie et du philosophe, disant que philosopher n'est autre chose qu'aimer Dieu, et que le philosophe n'était autre chose que l'amateur de Dieu. Que dirai-je du grand Aristote, qui avec tant d'efficace prouve l'unité de Dieu, et en a parlé si honorablement en trois endroits ?

Mais, ô grand Dieu éternel ! ces grands esprits qui avaient tant de connaissance de la Divinité, et tant de propension à l'aimer, ont tous manqué de force et de courage à la bien aimer. Par les créatures visibles ils ont reconnu les choses invisibles de Dieu, voire même son éternelle vertu et divinité, dit le grand Apôtre, de sorte qu'ils sont inexcusables, d'autant qu'ayant connu Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu, ni ne Lui ont pas fait action de grâces.

Ils l'ont certes aucunement glorifié, lui donnant des souverains titres d'honneur; mais ils ne l'ont pas glorifié comme il le fallait glorifier, c'est-à-dire ils ne l'ont pas glorifié sur toutes choses, n'ayant pas eu le courage de ruiner l'idolâtrie, ains communiquant avec les idolâtres, retenant la vérité, qu'ils connaissaient, en injustice, prisonnière dedans leur coeur, et préférant l'honneur et le vain repos de leurs vies à l'honneur qu'ils devaient à Dieu, ils se sont évanouis en leurs discours.

N'est-ce pas grande pitié, Théotime, de voir Socrate, au récit de Platon, parler en mourant des dieux; comme s'il y en avait plusieurs, lui qui savait si bien qu'il y en avait qu'un seul ? N'est-ce pas chose déplorable que Platon ait ordonné que l'on sacrifie à plusieurs dieux, lui qui savait si bien la vérité de l'unité divine ? Et Mercure Trismégiste n'est-il pas lamentable, de lamenter et plaindre si lâchement l'abolissement de lidolâtrie, lui qui en tant dendroits avait parlé si dignement de la Divinité?

Mais surtout j'admire le pauvre bonhomme Epictète, duquel les propos et sentences sont si douces à lire en notre langue, par la traduction que la docte et belle plume du R. P. Jean de Saint-François, provincial de la congrégation des Feuillants ès Gaules, a depuis peu exposée à nos yeux; car quelle compassion, je vous prie, devoir cet excellent philosophe parler parfois de Dieu avec tant de goût, de sentiment et de zèle, qu'on le prendrait pour un chrétien sortant de quelque sainte et profonde méditation, et néanmoins ailleurs, d'occasion en occasion, mentionner les dieux à la païenne ! Hé! ce bonhomme, qui connaissait si bien l'unité divine, et avait tant de goût de la bonté d'icelle, pourquoi n'a-t-il pas eu la sainte jalousie de l'honneur divin, afin de ne point, gauchir ni dissimuler en un sujet de si grande importance?

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 8 Avr - 22:43

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CHAPITRE XVII

Que nous n'avons pas naturellement le pouvoir d'aimer Dieu sur toutes choses.


En somme, Théotime, notre chétive nature, navrée par le péché, fait comme les palmiers que nous avons de deçà, qui font voirement certaines productions imparfaites, et comme des essais de leurs fruits, mais de porter des dattes entières, mûres et assaisonnées, cela est réservé pour des contrées plus chaudes; car ainsi notre coeur humain produit bien naturellement certains commencements d'amour envers Dieu, mais d'en venir jusqu'à l'aimer sur toutes choses, qui est la vraie maturité de l'amour dû à cette suprême bonté, cela n'appartient qu'aux coeurs animés et assistés de la grâce céleste et qui sont en l'état de la sainte charité; et ce petit amour imparfait, duquel la nature en elle-même sent les élans, ce n'est qu'un certain vouloir sans vouloir, un vouloir qui voudrait, mais qui ne veut pas, un vouloir, stériles qui ne produit point de vrais effets, un vouloir paralytique, qui voit la piscine salutaire du saint amour, mais qui n'a pas la force de s'y jeter; et enfin ce vouloir est un avorton de la bonne volonté, qui n'a pas la vie de la généreuse vigueur requise pour en effet préférer Dieu à toutes choses dont l'Apôtre parlant en la personne du pécheur, s'écrie : Le vouloir est bien en moi, mais je ne trouve pas le moyen de l'accomplir.

CHAPITRE XVIII

Que l'inclination naturelle que nous avons d'aimer Dieu n'est pas inutile.


Mais si nous ne pouvons pas naturellement aimer Dieu sur toutes choses, pourquoi donc avons-nous naturellement inclination à cela? La nature n'est-elle pas vaine de nous inciter à un amour qu'elle ne nous peut donner ? Pourquoi nous donne-telle la soif d'une eau si précieuse, puisqu'elle ne peut nous en abreuver ?

Ah ! Théotime, que Dieu nous a été bon ! La perfidie que nous avions commise en l'offensant méritait certes qu'il nous privât de toutes les marques de sa bienveillance et de la faveur qu'il avait exercée envers notre nature, lorsqu'il imprima sur elle la lumière de son divin visage, et qu'il donna à nos coeurs l'allégresse de se sentir enclins à l'amour de la divine bonté, afin que les anges, voyant ce misérable homme, eussent occasion de dire par compassion : Est-ce là la créature de parfaite beauté, l'honneur de toute la terre ?

Mais cette infinie débonnaireté ne sut onc être si rigoureuse envers l'ouvrage de ses mains; il vit que nous étions environnés de chair, un vent qui se dissipe en courant et qui ne revient plus. C'est pourquoi, selon les entrailles de sa Miséricorde, il ne nous voulut pas du tout ruiner ni nous ôter le signe de sa grâce perdue, afin que le regardant, et sentant en nous cette alliance et propension à l'aimer, nous tâchassions de ce faire, et que personne pût justement dire : Qui nous montrera le bien ?

Car encore que par la seule inclination naturelle nous ne puissions pas parvenir au bonheur d'aimer Dieu comme il faut, si est-ce que si nous l'employions fidèlement, la douceur de la piété divine nous donnerait quelque secours, par le moyen duquel nous pourrions passer plus avant.

Que si nous secondions ce premier secours, la bonté paternelle de Dieu nous en fournirait un autre plus grand, et nous conduirait de bien en mieux avec toute suavité, jusques au souverain amour, auquel notre inclination naturelle nous pousse, puisque c'est chose certaine queà celui qui est fidèle en peu de chose, et qui fait ce qui est en son pouvoir, la bénignité divine ne dénie jamais son assistance pour l'avancer de plus en plus.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 10 Avr - 7:04

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CHAPITRE XVIII

Que l'inclination naturelle que nous avons d'aimer Dieu n'est pas inutile.


L'inclination donc d'aimer Dieu sur toutes choses que nous avons par nature, ne demeure pas pour néant dans nos coeurs; car quant à Dieu, il s'en sert comme d'une anse, pour nous pouvoir plus suavement prendre et retirer à soi, et semble que, par cette impression, la divine bonté tienne en quelque façon attachés nos coeurs comme des petits oiseaux par un filet, par lequel il nous puisse tirer quand il plait à sa Miséricorde d'avoir pitié de nous.

Et quant à nous, elle nous est un indice et mémorial de notre premier principe et Créateur, à l'amour duquel elle nous incite, nous donnant un secret avertissement que nous appartenons à sa divine bonté.

Tout de même que les cerfs, auxquels les grands princes font quelquefois mettre des colliers avec leurs armoiries, bien que par après ils les font lâcher et mettre en liberté dans les forêts, ne laissent pas d'être reconnus par quiconque les rencontre, non seulement pour avoir une fois été pris par le prince duquel ils portent les armoiries, mais aussi pour lui être encore réservés; car ainsi connut-on l'extrême vieillesse d'un cerf qui fut rencontré, comme quelques historiens disent, trois cents ans après la mort de César, parce qu'on lui trouva un collier où était la devise de César, et ces mots : César m'a lâché.

Certes, l'honorable inclination que Dieu a mise en nos âmes, fait connaître à nos amis et à nos ennemis que non seulement nous avons été à notre Créateur, mais encore que si bien il nous a laissés et lâchés à la merci de notre franc arbitre, néanmoins nous lui appartenons, et il s'est réservé le droit de nous reprendre à soi, pour nous sauver selon que sa sainte et suave providence le requerra.

C'est pourquoi le grand Prophète royal appelle cette inclination non seulement lumière, parce qu'elle nous fait voir où nous devons tendre, mais aussi joie et allégresse, parce qu'elle nous console en notre égarement, nous donnant espérance que celui qui nous a empreint et laissé cette belle marque de notre origine, prétend encore et désire de nous y ramener et réduire, si nous sommes si heureux que de nous laisser reprendre à sa divine bonté.

FIN DU PREMIER LIVRE

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 12 Avr - 0:59

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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE PREMIER

Que les perfections diverses ne sont qu'une seule, mais infinie perfection.


Ainsi la manne était une seule viande, laquelle comprenant en soi le goût et la vertu de toutes les autres viandes, on eût pu dire qu'elle avait le goût du citron, du melon, du raisin, de la prune et de la poire; mais on eût encore plus véritablement dit qu'elle n'avait pas tous ces goûts, ains un seul goût qui était le sien propre, lequel néanmoins contenait en unité tout ce qui pouvait être d'agréable et désirable en toute la diversité des autres goûts, comme l'herbe dodécathéos, laquelle, ce dit Pline, guérissant de toutes maladies, n'est ni rhubarbe, ni séné, ni rose, ni bétoine (en quelque manière), ni buglose, ainsi un seul simple, qui, en l'unique simplicité de sa propriété, a autant de force que tous les autres médicaments ensemble.

O abîme des perfections divines, que vous êtes admirable de posséder en une seule perfection l'excellence de toute perfection en une façon si excellente, que nul ne la peut comprendre, sinon vous-même !

Nous en dirons beaucoup de choses, dit l'Écriture, et demeurerons courts en paroles : la somme de tous discours, c'est qu'il est toutes choses. Si nous le glorifions, à quoi nous servira cela? car le Tout-Puissant est sur toutes ses oeuvres.

Bénissant le Seigneur, exaltez-le tant que vous pourrez, car il surpasse toute louange; or, en l'exaltant reprenez vos forces, mais ne vous lassez pas pourtant, car jamais vous ne le comprendrez. Non, Théotime, nous ne pouvons jamais le comprendre, puisque, comme dit saint Jean, il est plus grand que notre coeur.

Mais pourtant que tout esprit loue le Seigneur. le nommant de tous les noms les plus éminents qui se pourront trouver, et, pour la plus grande louange que nous lui puissions rendre, confessons que jamais il ne peut être assez loué, et, pour le plus excellent nom que nous lui puissions attribuer, protestons que son nom est sur tout nom, et que nous ne pouvons le dignement nommer.

CHAPITRE II

Qu'en Dieu il n'y a qu'un seul acte qui est sa propre divinité.


Nous avons une grande diversité de facultés et habitudes, qui produisent aussi une grande variété d'actions; et ces actions, une multitude nonpareille d'ouvrages; car ainsi sont diverses les facultés de voir, d'ouïr, de goûter, toucher, se mouvoir, se nourrir, entendre, vouloir, et les habitudes de parler, marcher, jouer, chanter, coudre, sauter, nager; comme aussi les actions et les oeuvres qui proviennent de ces facultés et habitudes sont grandement différentes.

Mais il n'en est pas de même en Dieu, car il n'y a en lui qu'une très simple infinie perfection, et en cette perfection qu'un seul très unique et très pur acte; ainsi, pour parler plus saintement et sagement, Dieu est une seule, très souverainement unique, et très uniquement souveraine perfection, et cette perfection est un seul acte très purement simple, et très simplement pur, lequel n'étant autre chose que la propre essence divine, il est par conséquent toujours permanent et éternel; et néanmoins, chétives créatures que nous sommes, nous parlons des actions de Dieu, comme s'il en faisait tous les jours grande quantité et en grande variété, bien que nous sachions le contraire; mais nous sommes forcés à cela, Théotime, par notre imbécillité, car nous ne savons parler sinon cela que nous entendons, et nous entendons selon que les choses ont accoutumé de se passer parmi nous.

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Message par ami de la Miséricorde Sam 13 Avr - 10:31

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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE II

Qu'en Dieu il n'y a qu'un seul acte qui est sa propre divinité.


Or, d'autant quès choses naturelles il ne se fait presque point de diversité douvrages que par diversité d'actions; quand nous voyons tant de besognes différentes, une si grande variété de productions, et cette multitude innumérable des exploits de la puissance divine, il nous semble d'abord que cette diversité se fait par autant d'actes que nous voyons de différents effets, et nous en parlons tout de même, pour parler plus à notre aise, selon notre pratique ordinaire et la coutume que nous avons d'entendre les choses: et si en cela nous n'offensons pas la vérité; car encore qu'en Dieu il n'y ait pas multitude d'actions, ains un seul acte qui est la divinité même; cet acte toutefois est si parfait, qu'il comprend excellemment la force et la vertu de tous les actes qui sembleraient être requis pour toute la diversité des effets que nous voyons.

Dieu ne dit qu'un seul mot, et en vertu dicelui en un moment furent faits le soleil, la lune et cette innombrable multitude d'astres, avec leurs différences en clarté, et mouvement, en influences.

Un seul mot de Dieu remplit l'air d'oiseaux, et la mer de poissons, fit éclore de la terre toutes les plantes et tous les animaux que nous y voyons; car encore que l'historien sacré, s'accommodant à notre façon d'entendre, raconte que Dieu répéta souvent cette toute puissante parole : Soit fait (Il dit, et soudain furent faits), ès journées de la création du monde; néanmoins, à proprement parler, cette parole fut très unique, si que David l'appela un souffle ou aspiration de la bouche divine, c'est-à-dire un seul trait de son infinie volonté, lequel répand si puissamment sa vertu en la variété des choses créées, que pour cela nous le concevons comme s'il était multiplié et diversifié en autant de différences comme il y en a en ces effets, quoiqu'en vérité il soit très unique et très simple; ainsi saint Chrysostome remarque que ce que Moïse a dit en plusieurs paroles, décrivant la création du monde, le glorieux saint Jean la exprimé en un seul mot, disant que par le Verbe, c'est-à-dire par cette parole éternelle, qui est le Fils de Dieu, tout a été fait .

Cette parole donc, Théotime, étant très simple et très unique, produit toute la distinction des choses; étant invariable, produit tous les bons changements; et enfin étant permanente en son éternité, elle donne succession, vicissitude, ordre, rang et saison à toutes choses.

Imaginons, je vous prie, d'un côté un peintre qui fait l'image de la naissance du Sauveur (et j'écris ceci ès jours dédiés à ce saint mystère), il donnera sans doute mille et mille traits de pinceau, et mettra non seulement des jours, mais des semaines et des mois à façonner ce tableau, selon la variété des personnages, et autres choses qu'il y veut représenter; mais d'autre côté voyons un imprimeur d'images qui, ayant mis sa feuille sur la planche taillée du même mystère de la Nativité, ne donnera qu'un seul coup de presse; en ce seul coup, Théotime, il fera tout son ouvrage, et soudain il tirera son image, laquelle, en belle taille-douce, représentera très agréablement tout ce qui a dû être imaginé selon l'histoire sacrée; et bien qu'il n'ait fait qu'un seul mouvement, son ouvrage toutefois portera grande quantité de personnages, et d'autres choses différentes bien distinguées, chacune en sous-ordre, en son rang, en son lieu, en sa distance et en sa proportion : et qui ne saurait pas le secret, il serait tout étonné de voir sortir d'un seul acte une si grande variété d'effets.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 13 Avr - 22:33

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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE II

Qu'en Dieu il n'y a qu'un seul acte qui est sa propre divinité.


Ainsi, Théotime, la nature, comme le peintre, multiplie et diversifie ses actes à mesure que ses besognes sont différentes, et lui faut un grand temps pour faire de grands effets; mais Dieu, comme l'imprimeur, a donné l'être à toute la diversité des créatures qui ont été, sont et seront, par un seul trait de sa toute-puissante volonté, tirant de son idée, comme de dessus une planche bien taillée, cette admirable différence de personnes et d'autres choses qui s'entre-suivent ès saisons, ès âges, ès siècles, chacune en son ordre, selon quelles doivent être.

Cette souveraine unité de l'acte divin étant opposée à la confusion et au désordre, et non à la distinction ou variété qu'elle emploie au contraire, pour en composer la beauté, déduisant toutes les différences et diversités à la proportion.

Et la proportion à l'ordre, et l'ordre à l'unité du monde, qui comprend toutes choses créées tant visibles qu'invisibles, lesquelles toutes ensemble s'appellent univers, peut-être, parce que toute leur diversité se réduit en unité; comme qui dirait univers, c'est-à-dire, unique et divers, unique avec diversité, et divers avec unité.

En somme, la souveraine unité divine diversifie tout; et sa permanente éternité donne vicissitude à toutes choses, parce que la perfection de cette unité étant sur toute différence et variétés elle a de quoi fournir l'être à toute la diversité des perfections créées, et a la force de les produire.

En signe de quoi l'Écriture nous ayant rapporté que Dieu au commencement dit : Soient faits des luminaires au firmament du ciel, et qu'ils séparent le jour de la nuit, qu'ils soient en signes, en temps et jours et années. Nous voyons encore maintenant cette perpétuelle révolution et entre-suite de temps et de saisons, qui durera jusquà la fin du monde, pour nous apprendre que, comme

Un mot de ses commandement!
Suffit à tous ces mouvements.

aussi le seul éternel vouloir de sa divine Majesté étend sa force de siècle en siècle, et jusques aux siècles des siècles, pour tout ce qui a été, qui est et qui sera éternellement, sans que chose quelconque ait été que par ce seul, très unique, très simple et très éternel acte divin, auquel soit honneur et gloire. Amen.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Dieu donc, Théotime, n'a pas besoin de plusieurs actes, puisqu'un seul divin acte de sa toute-puissante volonté suffit à la production de toute la variété de ses oeuvres, à raison de son infinie perfection.

Mais nous autres mortels avons besoin d'en traiter avec la méthode et manière d'entendre à laquelle nos petits esprits peuvent arriver, selon laquelle, pour parler de la Providence divine, considérons, je vous prie, le règne du grand Salomon comme un modèle parfait de l'art de bien régner.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 14 Avr - 23:28

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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Ce grand roi donc, sachant par l'inspiration céleste que la république ( l'état, le pouvoir civil) tient à la religion, comme le corps à l'âme, et la religion à la république, comme l'âme au corps, il disposa à part soi de toutes les parties requises tant à l'établissement de la religion qu'à celui de la république; et quant à la religion, il détermina qu'il fallait édifier un temple de telle et telle longueur, largeur, hauteur, tant de porches et parvis, tant de fenêtres, et ainsi de tout le reste qui appartenait au temple; puis tant de sacrificateurs, tant de chantres et autres officiers du temple.

Et quant à la chose publique, il disposa de faire une maison royale, et une cour pour sa majesté, et en idole tant de Maîtres dhôtel, de gentilshommes et autres courtisans:

Et pour Le peuple, des juges et autres magistrats qui exerçassent la justice; puis, pour l'assurance du royaume, et l'affermissement du repos public, dont il jouissait, il disposa d'avoir emmi la paix un puissant appareil de guerre, et à ces fins deux cent cinquante chefs eu diverses charges; quarante mille chevaux, et tout ce grand attelage que l'Écriture et les historiens témoignent.

Or, ayant ainsi disposé et fait état à part soi de toutes les parties principales requises à son royaume, il vint à l'acte de la providence, et fit compte en son esprit de tout ce qui était requis pour édifier le temple, pour entretenir les officiers sacrés, les ministres et les magistrats royaux, et les gens de guerre dont il avait fait le projet, et se résolut d'envoyer à Hiram pour avoir les bois nécessaires, de faire commerce au Pérou (Pérou, figure de tout paye riche; la situation d'Ophir est inconnu), en Ophi.

Et en somme de prendre tous les moyens convenables pour avoir toutes les choses requises pour l'entretènement et bonne conduite de son entreprise.

Mais, il ne s'arrêta pas là,Théotime : car après avoir fait son projet et délibéré en soi-même des moyens propres pour en venir à bout, venant à la pratique, il créa tous les officiers selon qu'il avait disposé, et par un bon gouvernement il fit faire toutes les provisions requises à leur entretènement, et à l'exécution de leurs charges; de sorte qu'ayant la connaissance de l'art de bien régner, il exécuta la disposition qu'il avait faite à part soi pour la création de divers officiers, et mit en effet sa providence par le bon gouvernement dont il usa.

Et par ainsi son art de régner, qui consistait en la disposition, et en la providence ou prévoyance, fut pratiqué par la création des officiers, et par le gouvernement et bonne conduite.

Mais d'autant que la disposition est inutile sans la création ou levée des officiers, et que la création est vaine sans la providence qui regarde à ce qui est requis pour la conservation des officiers créés ou érigés

Et qu'enfin cette conservation qui se fait par le bon gouvernement, n'est autre chose que la providence effectuée, partant non seulement la disposition, mais aussi la création et le bon gouvernement de Salomon furent appelés du nom de providence. Aussi ne disons-nous pas qu'un homme ait de la providence, sinon quand il gouverne bien.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 16 Avr - 5:58

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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Or, maintenant, Théotime, parlant des choses divines selon limpression que nous avons prise, en la considération des choses humaines, nous disons que Dieu ayant eu une éternelle et très parfaite connaissance de l'art de faire le monde pour sa gloire, il disposa, avant toutes choses, en Son divin entendement toutes les pièces principales de l'univers qui pouvaient lui rendre de l'honneur, c'est-à-dire, la nature angélique et la nature humaine.

Et en la nature angélique, la variété des hiérarchies et des ordres que l'Écriture sainte et les sacrés docteurs nous enseignent: comme aussi entre les hommes il disposa qu'il y aurait cette grande diversité que nous y voyons.

Puis en cette même éternité il prévit et fit état à part soi de tous les moyens requis aux hommes et aux anges pour parvenir à la fin à laquelle il les avait destinés, et fit ainsi l'acte de sa providence; et sans s'arrêter là, pour effectuer sa disposition, il a réellement créé les anges et les hommes Et pour effectuer sa providence il a fourni, et fournit par son gouvernement tout ce qui est nécessaire aux créatures raisonnables pour parvenir à la gloire ; si que, pour le dire en un mot, la providence souveraine n'est autre chose que l'acte par lequel Dieu veut fournir aux hommes et aux anges les moyens nécessaires ou utiles pour parvenir à leur fin.

Mais parce que ces moyens sont de diverses sortes, nous diversifions aussi le nom de la providence, et disons qu'il y a une providence naturelle, une autre surnaturelle; et celle-ci, qu'elle est, ou générale, ou spéciale et particulière.

Et parce que ci-après je vous exhorterai, Théotime, à joindre votre volonté à la providence divine, tandis que je suis sur le discours dicelle, je vous veux dire un mot de la providence naturelle.

Dieu donc voulant pourvoir l'homme des moyens naturels qui lui sont requis pour rendre gloire à sa divine bonté, il a produit en faveur dicelui tous les autres animaux et les plantes; et pour pourvoir aux autres animaux et aux plantes, il a produit variété de terroirs, de saisons, de fontaines, de vents, de pluie. Et tant pour l'homme que pour les autres choses qui lui appartiennent, il a créé les éléments, le ciel et les astres, établissant par un ordre admirable que presque toutes les créatures servent les unes aux autres réciproquement: les chevaux nous portent, et nous les pansons ; les brebis nous nourrissent et vêtent, et nous les paissons; la terre envoie des vapeurs à l'air, et l'air des pluies à la terre ; la main sert an pied, et le pied porte la main.

Oh! qui verrait ce commerce et trafic général que les créatures font ensemble avec une si grande correspondance, de combien de passions amoureuses serait-il ému envers cette souveraine sagesse, pour sécrier.

Votre providence, ô grand Père éternel, gouverne tontes choses ! Saint Basile et saint Ambroise, en leurs Examerons, le bon Louis de Grenade en son Introduction au Symbole, et Louis Richeomme (jésuite, mort en 1625, auteur des Écrits ascétiques.) en plusieurs de ses beaux opuscules, donneront beaucoup de motifs aux âmes bien nées pour profiter en ce sujet.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 16 Avr - 23:17

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LIVRE SECOND

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Ainsi, cher Théotime, cette providence touche tout, règne sur tout, et réduit tout à sa gloire. Il y a toutefois certes des cas fortuits et des accidents inopinés; mais ils ne sont ni fortuits, ni inopinés qu'à nous ; et sont, sans doute, très certains à la providence céleste, qui les prévoit et les destine au bien public de l'univers.

Or, ces cas fortuits se font par la concurrence de plusieurs causes, lesquelles n'ayant point de naturelle alliance les unes aux autres, produisent une chacune son effet particulier, en telle sorte néanmoins que de leur rencontre réussit un effet d'autre nature, auquel, sans qu'on l'ait pu prévoir, toutes ces causes différentes ont contribué.

Il était, par exemple, raisonnable de châtier la curiosité du poète Aeschylus, lequel ayant appris d'un devin qu'il mourrait accablé de la chute de quelque maison, se tint tout ce jour-là en une rase campagne, pour éviter le destin.

Et demeurant ferme, tête nue, un faucon qui tenait entre ses serres une tortue en l'air, voyant ce chef chauve, et cuidant (Cuidant, supposant.) que ce fût la pointe d'un rocher, lâcha la tortue droit sur icelui; et voilà qu'Aeschylus meurt sur-le-champ, accablé de la maison et écaille d'une tortue.

Ce fut, sans doute, un accident fortuit; car cet homme n'alla pas au champ pour mourir, ains pour éviter la mort; ni le faucon ne cuida pas écraser la tête d'un poète, ains le test (Test ou tét, partie dure d'une coquille.) et l'écaille de la tortue, pour par après en dévorer la chair.

Et néanmoins il arriva au contraire car la tortue demeura sauve, et le pauvre Aeschylus mort. Selon nous, ce cas fut inopiné; mais, au regard de la Providence qui regardait de plus haut, et voyait la concurrence des causes, ce fut un exploit de justice par lequel la superstition de cet homme fut punie.

Les aventures de l'ancien Joseph furent admirables en variétés et en passages d'une extrémité à l'autre. Ses frères qui l'avaient vendu pour la perdre, furent tout étonnés de le voir devenu vice-roi, et appréhendaient infiniment quil ne se ressentit du tort qu'ils lui avaient fait; mais non, leur dit-il : ce nest pas tant par vos menées que je suis envoyé ici, comme parla Providence divine:

Vous avez eu des mauvais desseins sur moi, mais Dieu les a réduits à bien. Voyez-vous, Théotime, le monde eût appelé fortune, ou événement fortuit ce que Joseph dit être un projet de la Providence souveraine qui range et réduit toutes choses à son service.

Et il est ainsi de tout ce qui se passe au monde, et même des monstres, la naissance desquels rend les oeuvres accomplies et parfaites plus estimables, produit de l'admiration, et provoque à philosopher et faire plusieurs bonnes pensées: et en somme ils tiennent lieu en l'univers comme les ombres ès tableaux, qui donnent grâce, et semblent relever la peinture.

CHAPITRE IV

De la providence surnaturelle que Dieu exerce envers les créatures raisonnables.


Tout ce que Dieu a fait est destiné au salut des hommes et des anges; mais voici l'ordre de sa providence pour ce regard (Pour ce regard, à ce sujet.), selon que par l'attention aux saintes Écritures et à la doctrine des anciens, nous le pouvons découvrir, et que notre faiblesse nous permet d'en parler.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 18 Avr - 23:45

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LIVRE SECOND 

CHAPITRE IV

De la providence surnaturelle que Dieu exerce envers les créatures raisonnables.


 Mais parce que cette suprême sagesse avait délibéré de tellement mêler cet amour originel avec la volonté de ses créatures, que l'amour ne forçât point la volonté, ains lui laissât sa liberté, il prévit quune partie, mais la moindre de la nature angélique, quittant volontairement le saint amour, perdrait par conséquent la gloire.

 Et parce que la nature angélique ne pourrait faire ce péché que par une malice expresse sans tentation ni motif quelconque qui le pût excuser, et que d'ailleurs une beaucoup plus grande partie de cette même nature demeurerait ferme au service du Sauveur, partant. Dieu, qui avait si amplement glorifié sa Miséricorde au dessein de la création des anges, voulut aussi magnifier (élever, exalter) sa justice, et en la fureur de son indignation résolut d'abandonner pour jamais cette triste et malheureuse troupe de perfides, qui en la furie de leur rébellion l'avaient si vilainement abandonné.

Il prévit bien aussi que le premier homme abuserait de sa liberté, et quittant la grâce il perdrait la gloire; mais il ne voulut pas traiter si rigoureusement la nature humaine comma il délibéra de traiter l'angélique. C'était la nature humaine de laquelle il avait résolu de prendre une pièce bienheureuse, pour l'unir à sa divinité.

 Il vit que c'était une nature imbécille, un vent qui va et qui ne revient pas, c'est-à-dire qui se dissipe en allant. 

Il eut égard à la surprise que le malin et pervers Satan avait faite au premier homme, et à la grandeur de la tentation qui le ruina, Il vit que toute la race des hommes périssait par la faute d'un seul; si que par ces raisons il regarda bien notre nature en pitié, et se résolut de la prendre à merci.

Mais afin que la douceur de sa Miséricorde fût ornée de la beauté de sa justice, il délibéra de sauver l'homme par voie de rédemption rigoureuse; laquelle ne se pouvant bien faire que par son Fils, il établit quicelui rachèterait les hommes, non seulement par une de ses actions amoureuses qui eût été plus que très suffisante à racheter mille millions de mondes, mais encore par toutes les innumérables actions amoureuses et passions douloureuses quil ferait et souffrirait jusques à la mort, et la mort de la croix à laquelle il le destina, voulant qu'ainsi il se rendit compagnon de nos misères, pour nous rendre par après compagnons de sa gloire, montrant en cette sorte les richesses de sa bonté, par cette rédemption copieuse, abondante, surabondante, magnifique et excessive, laquelle nous a acquis et comme reconquis toue les moyens nécessaires pour parvenir et arriver à la gloire, de sorte que personne ne puisse jamais se douloir (se plaindre), comme si la Miséricorde divine manquait à quelqu'un.

CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante.

 
Or disant, Théotime, qu'a Dieu avait vu et voulu une chose premièrement, et puis secondement une autre, observant ordre entra ses volontés, je l'ai entendu selon qu'il a été déclaré ci-devant, à savoir, qu'encore que tout cela s'est passé en un très seul et très simple acte; néanmoins par icelui, l'ordre, la distinction, et la dépendance des choses n'a pas été mains observée, que s'il y eût en plusieurs actes en l'entendement et volonté de Dieu.

 Étant donc ainsi que toute volonté bien disposée, qui se détermine de vouloir plusieurs objets également présents, aime mieux, et avant tous, celui qui est le plus aimable ; il s'ensuit que la souveraine Providence faisant son éternel projet et dessein de tout ce qu'elle produirait, elle voulut premièrement et aima, par une préférence d'excellence, le plus aimable objet de son amour, qui est notre Sauveur; et puis, par ordre, les autres créatures, selon que plus on moins elles appartiennent au service, honneur et gloire dicelui.

 Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 19 Avr - 23:01

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LIVRE SECOND

CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante.


Or disant, Théotime, qu'a Dieu avait vu et voulu une chose premièrement, et puis secondement une autre, observant ordre entra ses volontés, je l'ai entendu selon qu'il a été déclaré ci-devant, à savoir, qu'encore que tout cela s'est passé en un très seul et très simple acte; néanmoins par icelui, l'ordre, la distinction, et la dépendance des choses n'a pas été mains observée, que s'il y eût en plusieurs actes en l'entendement et volonté de Dieu.

Étant donc ainsi que toute volonté bien disposée, qui se détermine de vouloir plusieurs objets également présents, aime mieux, et avant tous, celui qui est le plus aimable ; il s'ensuit que la souveraine Providence faisant son éternel projet et dessein de tout ce qu'elle produirait, elle voulut premièrement et aima, par une préférence d'excellence, le plus aimable objet de son amour, qui est notre Sauveur; et puis, par ordre, les autres créatures, selon que plus on moins elles appartiennent au service, honneur et gloire d'icelui.

Ainsi tout a été fait pour ce divin homme, qui pour cela est appelé Ainé de toute créature; possédé par la divine majesté au commencement des voies d'icelle, avant quelle fit chose quelconque, créé au commencement avant les siècles car en lui toutes choses sont faites, et il est avant tout, et toutes choses sont établies en lui, et il est chef de toute l'Église, tenant en tout et partout la primauté.

On ne plante principalement la vigne que pour le fruit; et partant le fruit est le premier désiré et prétendu, quoique les feuilles et les fleurs précèdent en la production.

Ainsi, le grand Sauveur fut en premier en l'intention divine, et en ce projet éternel que la divine Providence fit de la production des créatures, et en contemplation de ce fruit désirable fut plantée la vigne de l'univers, et établie la succession de plusieurs générations, qui, à guise de feuilles et de fleurs, le devaient précéder, comme avant-coureurs et préparatifs convenables à la production de ce raisin, que l'épouse sacrée loua tant ès Cantiques, et la liqueur duquel réjouit Dieu et les hommes.

Or donc maintenant, mon Théotime, qui doutera de l'abondance des moyens du salut, puisque nous avons un si grand Sauveur, en considération duquel nous avons été faits et par les mérites duquel nous avons été rachetés?

Car il est mort pour tous, parce que tous étaient morts, et sa Miséricorde a été plus salutaire pour racheter la race des hommes, que la misère d'Adam n'avait été vénéneuse pour la perdre.

Et tant s'en faut que le:péché d'Adam ait surmonté la débonnaireté divine, que tout au contraire il la excitée et provoquée; si que par une suave et très amoureuse antipéristase (action de deux qualités contraires qui s'aident mutuellement) et contention elle s'est révigorée à la présence de son adversaire; et comme ramassant ses forces pour vaincre, elle a fait surabonder la grâce où l'iniquité avait abondé; de sorte que la sainte Église, par un saint excès d'admiration, s'écrie la veille de Pâques 

O péché d'Adam, à la vérité nécessaire, qui a été effacé par la mort de Jésus-Christ ! ô coulpe bienheureuse, qui a mérité d'avoir un tel et si grand Rédempteur!

Certes, Théotime, nous pouvons dire comme cet ancien: Nous étions perdus, si nous neussions été perdus; c'est-à-dire, notre perte nous a été à profit, puisqu'en effet la nature humaine a reçu plus de grâce par la rédemption de son Sauveur, qu'elle n'en eût jamais reçu par l'innocence d'Adam, s'il eût persévéré en icelle.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 21 Avr - 9:00

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LIVRE SECOND

CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante
.

Car encore que la divine Providence ait laissé en l'homme de grandes marques de sa sévérité parmi la grâce même de sa Miséricorde, comme, par exemple, la nécessité de mourir, les maladies, les travaux, la rébellion de la sensualité.

Si est-ce que la faveur céleste, surnageant à tout cela, prend plaisir de convertir toutes ces misères au plus grand profit de ceux qui l'aiment, faisant naître la patience sur les travaux, le mépris du monde sur la nécessité de mourir, et mille victoires sur la concupiscence; et comme l'arc-en-ciel touchant lépine aspalathus ( Antipéristase, action de deux qualités contraires qui saident mutuellement) la rend plus odorante que les lis, aussi la rédemption de notre Seigneur touchant nos misères, elle les rend plus utiles et aimables que n'eût jamais été l'innocence originelle.

Les anges ont plus de joie au ciel, dit le Sauveur, sur un pécheur pénitent, que sur quatre- vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence. Et de même, l'état de la rédemption vaut cent fois mieux que celui de l'innocence.

Certes, en l'arrosement du sang de notre Seigneur fait par l'hysope de la croix, nous avons été remis en une blancheur incomparablement plus excellente que celle de la neige de l'innocence, sortant, comme Naaman, du fleuve de salut plus purs et nets que si jamais nous n'eussions été ladres, afin que la divine Majesté, ainsi quelle nous l'a ordonné de faire, ne fût pas vaincue par le mal, ains vainquit le mal par le bien; que sa Miséricorde, comme une huile sacrée, se tint au-dessus du jugement, et que ses misérations surmontassent toutes ses oeuvres.

CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


Dieu certes montre admirablement la richesse incompréhensible de son pouvoir en cette si grande variété de choses que nous voyons en la nature; mais il fait encore plus magnifiquement paraître les trésors infinis de sa bonté en la différence nonpareille des biens que nous reconnaissons en la grâce; car, Théotime, il ne s'est pas contenté, en l'excès sacré de sa Miséricorde, d'envoyer à son peuple, c'est-à-dire au genre humain, une rédemption générale et universelle, par laquelle un chacun peut être sauvé; mais il la diversifiée en tant de manières, que sa libéralité reluisant eu toute cette variété, cette variété réciproquement embellit aussi sa libéralité.

Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte mère une faveur digne de l'amour d'un fils, qui étant tout sage, tout-puissant et tout bon, se devait préparer une mère à son gré, et partant il voulut que sa rédemption lui fût appliquée par manière de remède préservatif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvint point à elle; de sorte quelle fut rachetée si excellemment, qu'encore que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame avec autant d'impétuosité comme il eût fait sur celte des autres filles dAdam, si est-ce qu'étant arrivé là il ne passa point outre, ains s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du temps de Josué, et pour le même respect; car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai tabernacle de l'éternelle alliance.

Source : livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 21 Avr - 22:58

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CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


De cette manière donc Dieu détourna de sa glorieuse mère toute captivité, lui donnant le bonheur des deux états de la nature humaine, puisquelle eut l'innocence que le premier Adam avait perdue, et jouit excellemment de la rédemption que le second lui acquit; au suite de quoi, comme un jardin d'élite, qui devait porter le fruit de vie, elle fut rendue florissante en toutes sortes de perfections.

Ce fils de l'amour éternel, ayant ainsi paré sa mère de robe d'or recamée (Recamée, brodée, de litalien ricamata) en belles variétés, afin qu'elle fût la reine de sa dextre, cest-à-dire la première de tous les élus qui jouiraient des délices de la dextre divine.

Si que cette mère sacrée, comme toute réservée à son fils, fut par lui rachetée, non seulement de la damnation, mais aussi de tout péril de la damnation, lui assurant la grâce et la perfection de la grâce, en sorte qu'elle marchât comme une belle aube, qui, commençant à poindre, va continuellement croissant en clarté jusqu'au plein jour.

Rédemption admirable chef-doeuvre du Rédempteur, et la première de toutes les rédemptions par laquelle le fils d'un coeur vraiment filial, prévenant sa mère ès bénédictions de douceur, il la préserve, non seulement du péché comme les anges, mais aussi de tout péril de péché, et de tous les éloignements et retardements de l'exercice du saint amour.

Aussi, proteste-t-il qu'entre toutes les créatures raisonnables qu'il a choisies, cette mère est « son unique colombe, sa toute parfaite, sa toute chère bien-aimée, hors de tout parangon ( Parangon, modèle) et de tonte comparaison. »

Dieu disposa aussi d'autres faveurs pour un petit nombre de rares créatures qu'il voulait mettre hors du danger de la damnation; comme il est certain de saint Jean-Baptiste, et très probable de Jérémie, et de quelques autres que la divine Providence alla saisir dans le ventre de leurs mères, et dès lors les établit en la perpétuité de sa grâce, afin qu'ils demeurassent fermes en son amour, bien que sujets aux retardements et péchés véniels, qui sont contraires à la perfection de l'amour, et non à l'amour même: et ces âmes, en comparaison des antres, sont comme des reines, toujours couronnées de charité, qui tiennent le rang principal en l'amour du Sauveur après sa mère, laquelle est la reine des reines.

Reine, non seulement couronnée d'amour, mais de la perfection de l'amour, et qui plus est, couronnée de son fils propre, qui est le souverain objet de l'amour, puisque les enfants sont la couronne de leurs pères et mères.

Il y a encore d'autres âmes lesquelles Dieu disposa de laisser pour un temps exposées, non au péril de perdre le salut, mais bien au péril de perdre son amour; ains il permit qu'elles le perdissent en effet, ne leur assurant point l'amour pour toute leur vie, ains seulement pour la fin d'icelle, et pour certain temps précédent.

Tels furent David, les apôtres, la Magdeleine et plusieurs autres, qui pour un temps demeurèrent hors de l'amour de Dieu; mais enfin, étant une bonne fois convertis, ils furent confirmés en la grâce jusqu'à la mort, de sorte que dès lors demeurant voirement (voirement, même) sujets à quelques imperfections, ils furent toutefois exempts de tout péché mortel, et par conséquent du péril de perdre le divin amour, et furent comme des amantes sacrées de l'époux céleste, parées voirement de la robe nuptiale de son très saint amour, mais non pas pourtant couronnées, parce que la couronne est un ornement de la tête, c'est-à-dire de la première partie de la personne.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 23 Avr - 1:04

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CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


Or la première partie de la vie des âmes de ce rang ayant été sujette à l'amour des choses terrestres, elles ne peuvent porter la couronne de l'amour céleste, ains leur suffit d'en porter la robe, qui les rend capables du lit nuptial de l'époux divin, et d'être éternellement bienheureuses avec lui.

CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


Il y eut donc en la Providence éternelle une faveur incomparable pour la reine des reines, mère de très belle dilection et toute très uniquement parfaite.

Il y en eut aussi des spéciales pour des autres. Mais après cela cette souveraine bonté répandit une abondance de grâces et bénédictions sur toute la race des hommes, et la nature des anges, de laquelle tous ont été arrosés comme d'une pluie qui tombe sur les bons et les mauvais; tous ont été éclairés, comme d'une lumière qui illumine tout homme tenant en ce monde.

Tous ont reçu leur part, comme d'une semence qui tombe non seulement sur la bonne terre, mais emmi les chemins, entre les épines et sur les pierres; afin que tous fussent inexcusables devant le Rédempteur, s'ils n'emploient cette très abondante rédemption pour leur salut.

Mais pourtant, Théotime, quoique cette très abondante suffisance de grâces soit ainsi versée sur toute la nature humaine, et qu'en cela nous soyons tous égaux, et qu'une riche abondance de bénédictions nous soit offerte à tous; si est-ce néanmoins que la variété de ces faveurs est si grande, qu'on ne peut dire qui est plus admirable, ou la grandeur de toutes les grâces en une si grande diversité, ou la diversité en tant de grandeurs.

Qui ne voit qu'entre les chrétiens, les moyens du salut sont plus grands et plus puissants qu'entre les barbares, et que parmi les chrétiens, il y a des peuples et des villes dont les pasteurs sont plus fructueux et capables?

Or, de nier que ces moyens extérieurs ne soient pas des faveurs de la Providence divine, ou de révoquer en doute qu'ils ne contribuent pas au salut et à la perfection des âmes, ce serait être ingrat envers la Bonté céleste, et démentir la véritable expérience qui nous fait voir que, pour l'ordinaire, où ses moyens extérieurs abondent, les intérieurs eut plus d'effet, et réussissent mieux.

Certes, comme nous voyons qu'il ne se trouve jamais deux hommes parfaitement semblables ès dons naturels, aussi ne s'en trouve-t-il jamais de parfaitement égaux ès surnaturels.

Les anges (comme le grand saint Augustin et saint Thomas assurent) reçurent la grâce selon la variété de leurs conditions naturelles.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 24 Avr - 0:36

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CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


Or ils sont tous, ou de différente espèce, ou au moins de diverses conditions, puisqu'ils sont distingués les uns des autres; autant qu'il y a d'anges, il y a aussi de grâces différentes, et bien que quant aux hommes la grâce ne soit pas donnée selon leurs conditions naturelles, toutefois la divine douceur, prenant plaisir et, par manière de dire, s'égayant en la production des grâces, elle les diversifie en infinies façons, afin que de cette variété se fasse le bel émail de sa rédemption et Miséricorde, dont l'Eglise chante, en la fête de chaque confesseur évêque :

Il ne s'en est point trouvé de semblable à lui. Et comme au ciel nul ne sait le nom nouveau, sinon celui qui le reçoit, parce que chacun des bienheureux a le sien particuliers selon l'être nouveau de la gloire qu'il acquiert.

Ainsi en terre chacun reçoit une grâce si particulière, que toutes sont diverses. Aussi notre Sauveur compare sa grâce aux perles, lesquelles, comme dit Pline, s'appellent autrement unions, parce qu'elles sont tellement uniques, une chacune en ses qualités, qu'il ne s'en trouve jamais deux qui soient parfaitement pareilles.

Et comme une étoile est différente de l'autre en clarté , ainsi seront différents les hommes des uns des autres en gloire, signe évident qu'ils l'auront été en la grâce.

Or, cette variété en la grâce, ou cette grâce en la variété, fait une très sacrée beauté et très suave harmonie, qui réjouit toute la sainte cité de Jérusalem la céleste.

Mais il se faut bien garder de jamais rechercher pourquoi la suprême Sagesse a départi une grâce à l'un plutôt qu'à l'autre, ni pourquoi elle fait abonder ses faveurs en un endroit plutôt qu'en l'autre. Non, Théotime, n'entrez jamais en cette curiosité; car ayant tous suffisamment, ainsi abondamment ce qui est requis pour le salut, quelle raison peut avoir homme du monde de se plaindre, s'il plait à Dieu de départir ses grâces plus largement aux uns qu'aux autres?

Si quelqu'un s'enquérait pourquoi Dieu a fait les melons plus gros que les fraises, ou les lis plus grands que les violettes; pourquoi le romarin n'est pas une rose, ou pourquoi l'oeillet n'est pas un souci.

Pourquoi le paon est plus beau qu'une chauve-souris, ou pourquoi la figue est douce, et le citron aigrelet; on se moquerait de ses demandes, et on lui dirait:

Pauvre homme, puisque le beauté du monde requiert la variété, il faut qu'il y ait des différentes et inégales perfections ès choses, et que l'une ne soit pas l'autre; c'est pourquoi les unes sont petites, les autres grandes, les unes aigres, les autres douces, les unes plus et les autres moins belles. Or, c'en est de même ès choses surnaturelles: chaque personne a son don; un ainsi, et l'autre ainsi dit le Saint-Esprit.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 26 Avr - 9:07

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CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


C'est donc une impertinence de vouloir rechercher pourquoi saint Paul n'a pas eu la grâce de saint Pierre; ni saint Pierre celle de saint Paul pourquoi saint Antoine n'a pas été saint Athanase, ni saint Athanase saint Jérôme; car on répondrait à ces demandes, que l'Eglise est un jardin diapré de fleurs infinies.

Il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et en somme de différentes perfections. Toutes ont leurs prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l'assemblage de leur variété, font une très agréable perfection de beauté.

CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Bien que la rédemption du Sauveur nous soit appliquée en autant de différentes façons comme il y a d'âmes; si est-ce néanmoins que l'amour est le moyen universel de notre salut, qui se mêle partout, et sans lequel rien n'est salutaire, ainsi que nous dirons ailleurs.

Aussi le chérubin fut mis à la porte du paradis terrestre avec son épée flamboyante, pour nous apprendre que nul n'entrera au paradis céleste, quil ne soit transpercé du glaive de l'amour.

Pour cela, Théotime, le doux Jésus, qui nous a rachetés par son sang, désire infiniment que nous l'aimions, afin que nous soyons éternellement sauvés, et désire que nous soyons sauvés, afin que nous l'aimions éternellement, son amour tendant à notre salut, et notre salut à son amour.

Hé! dit-il, je suis venu pour mettre le feu au monde; que prétends-je sinon qu'il tarde ?

Mais pour déclarer plus vivement l'ardeur de ce désir, il nous commande cet amour en termes admirables: Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces : c'est le premier et le plus grand commandement.

Vrai Dieu, Théotime, que le coeur divin est amoureux de notre amour! Ne suffisait-il, pas qu'il eût publié une permission par laquelle il nous eût donné congé de l'aimer, comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services?

Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers nous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit de l'aimer.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 27 Avr - 0:22

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CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services? Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers flous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit (Divertit, détournât) de l'aimer.

En quoi il témoigne bien, Théotime, qu'il ne nous a pas laissé linclination naturelle de l'aimer pour néant; car afin qu'elle ne soit oiseuse, il nous presse de l'employer par ce commandement général, et afin que ce commandement puisse être pratiqué, il ne laisse homme qui vive auquel il ne fournisse abondamment tous les moyens requis à cet effet.

Le soleil visible touche tout de sa chaleur vivifiante, et comme l'amoureux universel des choses inférieures, il leur donne la vigueur requise pour faire leurs productions, et de même la bonté divine anime toutes les âmes, et encourage tous les coeurs à son amour, sans qu'homme quelconque soit caché à sa chaleur.

La sapience éternelle, dit Salomon, prêche tout en public, elle fait retentir sa voix emmi les places, elle crie et recrie devant les peuples, elle prononce ses paroles és portes des villes, elle dit :

Jusques à quand sera-ce, ô petits enfants, que vous aimerez l'enfance, et jusques à quand sera-ce que les forcenés désireront les choses nuisibles, et que les imprudents haïront la science ?

Convertissez-vous, revenez à moi sur cet avertissement; hé ! voici que je vous offre mon esprit, et je vous montrerai ma parole.

Et cette même sapience poursuit en Ézéchiel, disant : Que personne ne dise: Je suis emmi les péchés, et comment pourrai-je revivre?

Ah non! car voici que Dieu dit: Je suis vivant, et aussi vrai que je vis, je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse de sa voie et qu'il vive. Or, vivre, selon Dieu, c'est aimer, et qui n'aime pas, il demeure en la mort. Voyez donc, Théotime, si Dieu désire que nous l'aimions.

Mais il ne se contente pas d'annoncer ainsi son extrême désir d'être aimé en public, en sorte que chacun puisse avoir part à son aimable semonce; ains il va de porte en porte heurtant et frappant, protestant que si quelqu'un ouvre, il entrera chez lui, et soupera avec lui , c'est-à-dire, il lui témoignera toute sorte de bienveillance.

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Message par ami de la Miséricorde Sam 27 Avr - 22:33

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CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions


Or, qu'est-ce à dire tout cela, Théotime? sinon que Dieu ne nous donne pas seulement une simple suffisance de moyens pour l'aimer, et en l'aimant nous sauver; mais que c'est une suffisance riche, ample, magnifique, et telle qu'elle doit être attendue d'une si grande bonté, comme est la sienne.

Le grand Apôtre, parlant au pécheur obstiné : Méprises-tu (dit-il) les richesses de la bonté, patience et longanimité de Dieu ?

Ignores-tu que la bénignité de Dieu l'amène à pénitence ? Mais toi, selon ta dureté, et ton coeur impénitent tu te fais un trésor d'ire au jour de l'ire.

Mon cher Théotime, Dieu n'exerce pas donc une simple quantité de remèdes pour convertir les obstinés, mais emploie à cela les richesses de sa bonté.

L' Apôtre, comme vous voyez, oppose les richesses de la bonté de Dieu aux trésors de la malice du coeur impénitent, et dit que le coeur malicieux est si riche en iniquité, que même il méprise les richesses de la débonnaireté, par laquelle Dieu l'attire à pénitence, et notez que ce ne sont pas simplement les richesses de la bonté divine que l'obstiné méprise, mais les richesses attrayantes à pénitence; richesses qu'on ne peul bonnement ignorer.

Certes, celle riche, comble et abondante suffisance de moyens, que Dieu élargit aux pécheurs pour l'aimer, parait presque partout en l'Écriture ; car voyez ce divin amant à la porte.

Il ne bat pas simplement, il s'arrête à battre, il appelle l'âme : Sus lève-toi, ma bien-aimée, dépêche-toi; et met sa main dans la serrure, pour voir s'il ne pourrait point ouvrir.

S'il prêche emmi les places, il ne prêche pas simplement, mais il va criant, c'est-à-dire, il continue à crier. S'il exclame qu'on se convertisse, il semble qu'il ne l'a jamais assez répété:

Convertissez-vous, convertissez-vous, faites pénitence, retournez à moi; vivez; pourquoi mourrez-vous, maison d'Israël ?

En somme, ce divin Sauveur n'oublie rien pour montrer que ses misérations sont sur toutes oeuvres ; que sa Miséricorde surpasse son jugement, que sa rédemption est copieuse, que son amour est infini; et, comme dit l'Apôtre, qu'il est riche en Miséricorde; et que par conséquent, il voudrait que tous les hommes fussent sauvés , et qu'aucun ne périt.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 28 Avr - 23:23

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CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services? Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers flous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit (Divertit, détournât) de l'aimer.

En quoi il témoigne bien, Théotime, qu'il ne nous a pas laissé linclination naturelle de l'aimer pour néant; car afin qu'elle ne soit oiseuse, il nous presse de l'employer par ce commandement général, et afin que ce commandement puisse être pratiqué, il ne laisse homme qui vive auquel il ne fournisse abondamment tous les moyens requis à cet effet.

Le soleil visible touche tout de sa chaleur vivifiante, et comme l'amoureux universel des choses inférieures, il leur donne la vigueur requise pour faire leurs productions, et de même la bonté divine anime toutes les âmes, et encourage tous les coeurs à son amour, sans qu'homme quelconque soit caché à sa chaleur.

La sapience éternelle, dit Salomon, prêche tout en public, elle fait retentir sa voix emmi les places, elle crie et recrie devant les peuples, elle prononce ses paroles és portes des villes, elle dit :

Jusques à quand sera-ce, ô petits enfants, que vous aimerez l'enfance, et jusques à quand sera-ce que les forcenés désireront les choses nuisibles, et que les imprudents haïront la science ?

Convertissez-vous, revenez à moi sur cet avertissement; hé ! voici que je vous offre mon esprit, et je vous montrerai ma parole.

Et cette même sapience poursuit en Ézéchiel, disant : Que personne ne dise: Je suis emmi les péchés, et comment pourrai-je revivre?

Ah non! car voici que Dieu dit: Je suis vivant, et aussi vrai que je vis, je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse de sa voie et qu'il vive. Or, vivre, selon Dieu, c'est aimer, et qui n'aime pas, il demeure en la mort. Voyez donc, Théotime, si Dieu désire que nous l'aimions.

Mais il ne se contente pas d'annoncer ainsi son extrême désir d'être aimé en public, en sorte que chacun puisse avoir part à son aimable semonce; ains il va de porte en porte heurtant et frappant, protestant que si quelqu'un ouvre, il entrera chez lui, et soupera avec lui , c'est-à-dire, il lui témoignera toute sorte de bienveillance.

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Message par ami de la Miséricorde Lun 29 Avr - 23:19

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CHAPITRE IX

Comme l'amour éternel de Dieu envers nous prévient nos coeurs de son inspiration, afin que nous l'aimions.


Je t'ai aimé d'une charité perpétuelle, et partant je t'ai attiré, ayant pitié et Miséricorde de toi, et derechef je te réédifierai, et seras édifiée, toi, Vierge d'Israël. Ce sont paroles de Dieu, par lesquelles il promet que le Sauveur, venant au monde, établira un nouveau règne en son Église, qui sera son épouse vierge, et vraie Israélite spirituelle.

Or, comme vous voyez, Théotime, ce n'a pas été par aucun mérite des oeuvres que nous eussions faites, mais selon sa Miséricorde, qu'il nous a sauvés; par cette charité ancienne, ains éternelle, qui a ému sa divine providence de nous attirer à soi. Que si le Père ne nous eût tirés, jamais nous ne fussions ventes au Fils notre Sauveur, ni par conséquent au salut.

Il y a certains oiseaux, Théotime, qu'Aristote nomme apodes (sans pieds, hirondelles de mer), parce qu'ayant les jambes extrêmement courtes, et les pieds sans force, ils ne s'en servent non plus que s'ils n'en avaient point; que si une fois ils prennent terre, ils y demeurent pris, sans que jamais deux-mêmes ils puissent reprendre le vol; d'autant que n'ayant nul usage des jambes ni des pieds, ils n'ont pas non plus le moyen de se pousser et relancer en l'air, et partant ils demeurent là croupissant, et y meurent, sinon que quelque vent propice à leur impuissance, jetant ses bouffées sur la face de la terre, les vienne saisir et enlever, comme il fait plusieurs autres choses ; car alors si, employant leurs ailes, ils correspondent à cet élan et premier essor que le vent leur donne, le même vent continue aussi son secours envers eux, les poussant de plus en plus au vol.

Théotime, les anges sont comme les oiseaux, que pour leur beauté et rareté on appelle oiseaux de paradis, qu'on ne voit jamais en terre que morts ; car ces esprits célestes ne quittèrent pas plus tôt l'amour divin pour s'attacher à l'amour-propre, que soudain ils tombèrent comme morts ensevelis ès enfers, d'autant que ce que la mort fait ès hommes, les séparant pour jamais de cette vie mortelle, la chute les fit ès anges, les séparant pour toujours de La vie éternelle.

Mais nous autres humains, nous ressemblons plutôt aux apodes; car s'il nous advient de quitter l'air du saint amour divin pour prendre terre et nous attacher aux créatures, ce que nous faisons toutes les fois que nous offensons Dieu.Nous mourons voirement, mais non pas d'une mort si entière qu'il ne nous reste un peu de mouvement, et avec cela des jambes et des pieds, c'est-à-dire quelques menues affections qui nous peuvent faire faire quelques essais d'amour. Mais cela pourtant est si faible, qu'en vérité nous ne pouvons plus de nous-mêmes déprendre nos coeurs du péché, ni nous relancer au vol de la sacrée dilection, laquelle, chétifs que nous sommes, nous avons perfidement et volontairement quittée.

Et certes, nous mériterions bien de demeurer abandonnés de Dieu, quand avec cette déloyauté nous lavons ainsi abandonné ; mais son éternelle charité ne permet pas souvent à sa justice d'user de ce châtiment ; ains excitant sa compassion, elle le provoque à nous retirer de notre malheur; ce qu'il fait, envoyant le vent favorable de sa très sainte inspiration, laquelle venant avec une douce violence dans nos coeurs, elle les saisit et les émeut, relevant nos pensées, et poussant nos affections en l'air du divin amour.

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Message par ami de la Miséricorde Mer 1 Mai - 0:18

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CHAPITRE X

Que nous repoussons bien souvent l'inspiration et refusons d'aimer Dieu.


Malheur à toi, Corozaïn ! malheur à toi, Bethsaïda ! car si en Tyr et Sidon eussent été faites les vertus qui ont été faites en toi, ils eussent fait pénitence avec la haire et la cendre c'est la parole du Sauveur.

Oyez donc, je vous prie, Théotime, que les habitants de Corozaïn et Bethsaïda, enseignés en la vraie religion, ayant reçu des faveurs si grandes qu'elles eussent en effet converti les païens mêmes, néanmoins ils demeurèrent obstinés, et ne voulurent ne s'en prévaloir, rejetant cette sainte lumière par une rébellion incomparable.

Certes, au jour du jugement, les Ninivites et la reine de Saba s'élèveront contre les juifs, et les convaincront d'être dignes de damnation; parce que, quant aux Ninivites, étant idolâtres, et de nation barbare, à la voire de Jonas, ils se convertirent et firent pénitence.

Et quant la reine de Saba, quoiqu'elle fût engagée dans les affaires d'un royaume, néanmoins ayant ouï la renommée de la sagesse de Salomon, elle quitta tout pour le venir ouïr, et cependant les Juifs oyant de leurs oreilles la divine sagesse du vrai Salomon, sauveur du monde, voyant de leurs yeux ses miracles, touchant de leurs mains ses vertus et bienfaits, ne laissèrent pas de s'endurcir et de résister à la grâce qui leur était offerte.

Voyez donc derechef, Théotime, que ceux qui ont reçu moins d'attraits, sont tirés à la pénitence, et ceux qui en ont plus reçu, s'obstinent; ceux qui ont moins de sujet de venir, viennent à l'école de la sagesse, et ceux qui en ont plus, demeurent en leur folie.

Ainsi se fera le jugement de comparaison, comme tous les docteurs ont remarqué, qui ne peut avoir aucun fondement, sinon en ce que les uns ayant été favorisés d'autant ou plus d'attraits que les autres, auront néanmoins refusé leur consentement à la Miséricorde, et les autres assistés d'attraits pareils, ou même moindres, auront suivi l'inspiration et se seront rangés à la très sainte pénitence; car, comme pourrait-on autrement reprocher avec raison aux impénitents leur impénitence, par la comparaison de ceux qui se sont convertis ?

Certes, notre Seigneur montre clairement, et tous les chrétiens entendent simplement qu'en ce juste jugement on condamnera las juifs par comparaison des Ninivites; parce que ceux-là ont eu beaucoup de faveur, et n'''ont en aucun amour, beaucoup d'assistance, et nulle repentance; ceux-ci moins de faveur, et beaucoup d'amour, moins d'assistance, et beaucoup de pénitence.

Le grand saint Augustin donne une grande clarté à ce discours, par celui qu'il fait au livre douzième de la Cité de Dieu 1 chap. 6, 7, 8 et 9. Car encore qu'il regarde particulièrement les anges, si est-ce toutefois qu'il apparie (déclare semblables) les hommes à eux pour ce point.

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Message par ami de la Miséricorde Mer 1 Mai - 22:41

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CHAPITRE X

Que nous repoussons bien souvent l'inspiration et refusons d'aimer Dieu.


Or, après avoir établi au chap. 6 deux hommes entièrement égaux en bonté et en toutes choses, agités d'une même tentation, il présuppose que l'un puisse résister, et l'autre céder à l'ennemi.

Puis au chap. 9, ayant prouvé que tous les anges furent créés en charité, avouant encore comme chose probable que la grâce et charité fut égale en tous eux, il demande comme il est advenu que les uns ont persévéré et fait progrès en leur bonté jusques à parvenir à la gloire.

Et les autres ont quitté le bien, pour se ranger au mal jusques à la damnation. Et il répond qu'on ne saurait dire autre chose, sinon que les uns ont persévéré, par la grâce du Créateur, en l'amour chaste qu'ils reçurent eu leur création, et les autres, de bons qu'ils étaient, se rendirent mauvais par leur propre et seule volonté.

Mais, s'il est vrai, comme saint Thomas le prouve extrêmement bien, que la grâce ait été diversifiée ès anges à proportion et selon la variété de leurs dons naturels, les séraphins auront eu une grâce incomparablement plus excellente que les simples anges du dernier ordre.

Comme sera-t-il donc arrivé que quelques-uns des séraphins, voire le premier de tous, selon la plus probable et commune opinion des anciens, soient déchus, tandis qu'une multitude innombrable des autres anges, inférieurs en nature et en grâce, ont excellemment et courageusement persévéré?

D'où vient que Lucifer, tant élevé par nature, et surélevé par grâce, est tombé; et que tant d'anges moins avantagés sont demeurés debout en leur fidélité?

Certes, ceux qui ont persévéré en doivent toute la louange à Dieu, qui par sa Miséricorde les a créés et maintenus bons :

mais Lucifer et tous ses sectateurs, à qui peuvent-ils attribuer leur chute, sinon, comme dit saint Augustin, à leur propre volonté, qui a, par sa liberté, quitté la grâce divine qui les avait si doucement prévenus?

Comment es-tu tombé, ô grand Lucifer, qui tout ainsi qu'une belle aube, sortais en ce monde invisible, revêtu de la charité première, comme du commencement de la clarté d'un beau jour, qui devait croître jusqu'au midi de la gloire éternelle ?

La grâce ne t'a pas manqué, car tu l'avais, comme ta nature, la plus excellente de tous; mais tu as manqué à la grâce. Dieu ne t'avait pas destitué de l'opération de son amour ; mais tu privas son amour de ta coopération : Dieu ne t'eût jamais rejeté, si tu n'eusses rejeté sa dilection. O Dieu tout bon! vous ne laissez que ceux qui vous laissent: vous ne nous ôtez jamais vos dons, sinon quand nous vous ôtons nos coeurs.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 3 Mai - 1:37

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CHAPITRE X

Que nous repoussons bien souvent l'inspiration et refusons d'aimer Dieu.


Nous dérobons les biens de Dieu, si nous nous attribuons la gloire de notre salut: mais nous déshonorons sa Miséricorde, si nous disons qu'elle nous a manqué. Nous offensons sa libéralité, si nous ne confessons ses bienfaits; mais nous blasphémons sa bonté, si nous nions qu'elle nous ait assistés et secourus. En somme, Dieu crie haut et clair à notre oreille : Ta perte vient de toi, ô Israël, et en moi seul se trouve ton secours.

CHAPITRE XI

Qu'il ne tient pas à la divine Bonté que nous n'ayons un très excellent amour.


O Dieu! Théotime, si nous recevions les inspirations célestes selon toute l'étendue de leur vertu, qu'en peu de temps nous ferions de grands progrès en la sainteté! Pour abondante que soit la fontaine, ses eaux n'entreront pas en un jardin selon leur affluence, mais selon la petitesse on grandeur du canal par où elles y sont conduites.

Quoique le Saint-Esprit, comme une source d'eau vive, aborde de toutes parts notre coeur, pour répandre sa grâce en icelui; toutefois, ne voulant pas qu'elle entre en nous, sinon par le libre consentement de notre volonté, il ne la versera point que selon la mesure de son plaisir et de notre propre disposition et coopération, ainsi que le dit le sacré concile, qui aussi, comme je pense, à cause de la correspondance de notre consentement avec la grâce, appelle la réception d'icelle réception volontaire.

En ce sens, saint Paul nous exhorte de ne point recevoir ta grâce de Dieu en vain. Car comme un malade, qui ayant reçu la médecine en sa main, ne l'avalerait pas dans son estomac, aurait voirement reçu la médecine, mais sans la recevoir: c'est-à-dire, il l'aurait reçue en une façon inutile et infructueuse; de même nous recevons la grâce de Dieu en vain, quand nous la recevons à la porte du coeur, et non pas dans le consentement du coeur.

Car ainsi nous la recevons sans la recevoir, c'est-à-dire, nous la recevons sans fruit, puisque ce n'est rien de sentir l'inspiration, sans y consentir. Et comme le malade auquel on aurait donné en main la médecine, s'il la recevait seulement en partie, et non pas toute, elle ne ferait aussi l'opération qu'en partie, et non pas entièrement; ainsi quand Dieu nous envoie une inspiration grande et puissante pour embrasser son saint amour, si nous ne consentons pas selon toute son étendue, elle ne profitera aussi qu'à cette mesure-là. Il arrive qu'étant inspirés de faire beaucoup, nous ne consentons pas à toute l'inspiration, ains seulement à quelque partie d'icelle, comme firent ces bons personnages de l'Évangile qui, sur l'inspiration que notre Seigneur leur fit de le suivre, voulaient réserver un d'aller premier (en premier lieu dabord) ensevelir son père, et l'autre d'aller prendre congé des siens.

Tandis que la pauvre veuve eut des vaisseaux vides, l'huile de laquelle Élisée avait miraculeusement impétré la multiplication, ne cessa jamais de couler; et quand il n'y eut plus de vaisseaux pour la recevoir, elle cessa d'abonder. A mesure que notre coeur se dilate, on pour mieux parler, à mesura qu'il se laisse élargir et dilater, et qu'il ne refuse pas le vide de son consentement à la Miséricorde Divine, elle verse toujours et répand sans cesse dans icelui ses sacrées inspirations, qui vont croissant, et nous font croître de plus en plus en l'amour sacré. Mais quand il n'y a plus de vide, et que nous ne prêtons pas davantage de consentement, elle s'arrête.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 4 Mai - 6:41

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CHAPITRE XI

Qu'il ne tient pas à la divine Bonté que nous n'ayons un très excellent amour.


A quoi tient-il donc que nous ne sommes pas si avancés en lamour de Dieu comme saint Augustin, saint François, sainte Catherine de Gênes, ou sainte Françoise?

Théotime, c'est parce que Dieu ne nous en a pas fait la grâce. Mais pourquoi est-ce que Dieu ne nous en a pas fait la grâce? Parce que nous n'avons pas correspondu comme nous devions à ses inspirations. Et pourquoi n'avons-nous pas correspondis? Parce qu'étant libres, nous avons abusé de notre liberté.

Mais pourquoi avons-nous ainsi abusé de notre liberté? Théotime, il ne faut pas passer plus avant : car, comme dit saint Augustin, la dépravation de notre volonté ne provient d'aucune cause, ains de la défaillance de la cause qui commet le péché.

Et ne faut pas penser quon puisse rendre raison de la faute que l'on fait au péché; car la faute ne serait pas péché, si elle n'était sans raison.

Le dévot frère Rufin, sur quelque vision qu'il avait eue de la gloire à laquelle le grand saint François parviendrait par son humilité, lui fit cette demande : Mon cher père, je vous supplie de me dire en vérité quelle opinion vous avez de vous-même ; et le saint lui dit : Certes, je me tiens pour le plus grand pécheur du monde, et qui sers le moins notre Seigneur.

Mais, répliqua frère Rufin, comment pouvez-vous dire cela en vérité et conscience, puisque plusieurs autres, comme l'on voit manifestement, commettent plusieurs grands péchés, desquels, grâces à Dieu, vous êtes exempt?

A quoi saint François répondant: Si Dieu eût favorisé, dit-il, ces autres desquels vous parlez, avec autant de Miséricorde comme il m'a favorisé, je suis certain que, pour méchants qu'ils soient maintenant, ils eussent été beaucoup plus reconnaissants des dons de Dieu que je ne suis, et le serviraient beaucoup mieux que je ne fais; et si mon Dieu m'abandonnait, je commettrais plus de méchancetés qu'aucun autre.

Vous voyez, Théotime, l'avis de cet homme, qui ne fut presque pas homme, ains un séraphin en terre. Je sais qu'il parlait ainsi de soi-même par humilité; mais il croyait pourtant être une vraie vérité, qu'une grâce égale, faite avec une pareille Miséricorde, puisse être plus utilement employée par l'un des pécheurs que par l'autre.

Or, je tiens pour oracle le sentiment de ce grand docteur en la science des saints, qui, nourri en l'école du crucifix, ne respirait que les divines inspirations.

Aussi cet apophtegme a été loué et répété par tous les plus dévots qui sont venus depuis; entre lesquels plusieurs ont estimé que le grand Apôtre saint Paul avait dit en même sens qu'il était le premier de tous les pécheurs (en premier lieu d'abord).

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 4 Mai - 23:55

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CHAPITRE XI
Qu'il ne tient pas à la divine Bonté que nous n'ayons un très excellent amour.


La bienheureuse mère Térèse de Jésus, vierge, certes aussi tout angélique, parlant de l'oraison de quiétude, dit ces paroles : Il y a plusieurs âmes lesquelles arrivent jusquà cet état, et celles qui passent outre sont en bien petit nombre, et ne sais qui en est la cause.

Pour certain la faute n'est pas de la part de Dieu : car puisque sa divine majesté nous aide et fait cette grâce que nous arrivions jusquà ce point, je crois qu'il ne manquerait pas de nous en faire encore davantage si ce n'était notre faute, et l'empêchement que nous y mettons de notre part.

Soyons donc attentifs, Théotime, à notre avancement en l'amour que nous devons à Dieu; car celui qu'il nous porte ne nous manquera jamais.

CHAPITRE XII
Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousser.


Je ne parlerai point ici, mon cher Théotime, de ces grâces miraculeuses qui ont presque en un
moment transformé les loups en bergers, les rochers en eau, et les persécuteurs en prédicateurs.

Je laisse à part ces vocations toutes-puissantes, et ces attraits saintement violents, par lesquels Dieu, en un instant, a transféré quelques âmes délite de l'extrémité de la coulpe à l'extrémité de la grâce; faisant en elles, par manière de dire, une certaine transsubstantiation morale et spirituelle, comme il arriva au grand Apôtre, qui, de Saul, vaisseau de persécution, devint subitement Paul, vaisseau délection.

Il faut donner un rang particulier à ces âmes privilégiées, èsquelles Dieu s'est plu d'exercer, non la seule affluence, mais l'inondation; et s'il faut ainsi dire, non la seule libéralité et effusion, mais la prodigalité et profusion de son amour.

La justice divine nous châtie en ce monde par des punitions qui, pour être ordinaires, sont aussi presque toujours inconnues et imperceptibles. Quelquefois néanmoins il fait des déluges et abîmes de châtiments, pour faire reconnaître et craindre la sévérité de son indignation.

Ainsi, sa Miséricorde convertit et gratifie ordinairement les âmes en une manière si douce, suave et délicate, qu'à peine aperçoit-on son mouvement; et néanmoins il arrive quelquefois que cette bonté souveraine surpassant ses rivages ordinaires, comme un fleuve enflé et pressé de l'affluence de ses eaux, qui se déborde emmi la plaine, elle fait une effusion de ses grâces si impétueuse, quoiqu'amoureuse, qu'en un moment elle, détrempe et cousine toute une âme de bénédictions, afin de faire paraître les richesses de son amour, et que comme sa justice procède communément par voie ordinaire, et quelquefois par voie extraordinaire, aussi sa Miséricorde passe l'exercice de sa libéralité par voie ordinaire sur le commun des hommes, et sur quelques-uns aussi par des moyens extraordinaires.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 6 Mai - 7:29

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CHAPITRE XII
Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousser.
 

Mais quels, sont donc les cordages ordinaires par lesquels la divine Providence a accoutumé de tirer nos coeurs à son amour? Tels certes (Ils sont tels, certes), qu'elle-même les marque, décrivant les moyens dont elle usa pour tirer le peuple d'Israël de l'Égypte et du désert en la terre de promission : 

Je les tirerai, dit-elle par Osée, avec des liens d'humanité, avec des liens de charité et d'amitié. 

Sans doute, Théotime, nous ne sommes pas tirés à Dieu par des liens de fer, comme les taureaux et les buffles; ains par manière d'allèchements, d'attraits délicieux, et de saintes inspirations, qui sont en somme les liens d'Adam  et d'humanité, c'est-à-dire, proportionnés et convenables au coeur humain, auquel la liberté est naturelle. Le propre lien de la volonté humaine, c'est la volupté et le plaisir. 

On montre des noix. à un enfant, dit saint Augustin, et il est attiré en aimant; il est attiré par le lien, non du corps, mais du coeur.

 Voyez donc comme le Père Éternel nous tire : en nous enseignant, il nous délecte, non pas en nous imposant aucune nécessité ; il jette dedans nos coeurs des délectations et plaisirs spirituels, comme des sacrées amorces, par lesquelles il nous attire suavement à recevoir et goûter la douceur de sa doctrine.
 

En cette sorte donc, très cher Théotime, notre franc arbitre n'est nullement forcé ni nécessité par la grâce : ains nonobstant la vigueur toute-puissante de la main Miséricordieuse de Dieu, qui touche, environne et lie l'âme de tant et tant dinspirations, de semonces et d'attraits, cette volonté humaine demeure parfaitement libre, franche, et exempte de toute sorte de contrainte et de nécessité. 

La grâce est si gracieuse, et saisit si gracieusement nos coeurs pour les attirer, qu'elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté; elle touche puissamment, mais pourtant si délicatement, les ressorts de notre esprit, que notre franc arbitre nen reçoit aucun forcément.

La grâce a des forces, non pour forcer, ains pour allécher le coeur: elle a une sainte violence, non pour violer, mais pour rendre amoureuse notre liberté; elle agit fortement, mais si suavement, que notre volonté ne demeure point accablée sous une si puissante action; elle nous presse, mais elle n'oppresse pas notre franchise.

 Si que nous pouvons, emmi ses forces, consentir ou résister à ses mouvements, selon qu'il nous plait. Mais ce qui est autant admirable que véritable, c'est que quand notre volonté suit l'attrait et consent au mouvement divin, elle le suit aussi librement, comme librement elle résiste, quand elle résiste; bien que le consentement à la grâce dépende beaucoup plus de la grâce que de la volonté, et que la résistance à la grâce ne dépende que de la seule volonté. 

Tant la main de Dieu est amiable (aimable) au maniement de notre coeur, tant elle a de dextérité pour nous communiquer sa force, sans nous ôter notre liberté, 

Source : Livres-mystiques.com

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