CHAPITRE III
Comme nous nous devons conformer à la divine volonté que l'on appelle signifiée.
La conformité donc de notre coeur à la volonté signifiée de Dieu consiste en ce que nous voulions tout ce que la divine bonté nous signifie être de son intention, croyant selon sa doctrine, espérant selon ses promesses, craignant selon ses menaces, aimant et vivant selon ses ordonnances et avertissements, à quoi tendent les protestations que si souvent nous en faisons ès saintes cérémonies ecclésiastiques.
Car pour cela nous demeurons debout tandis quon lit les levons de l'Évangile, comme prêts à obéir à la sainte signification de la volonté de Dieu, que l'Évangile contient. Pour cela nous baisons le livre à l'endroit de l'Évangile, comme adorant la sainte parole qui déclare la volonté céleste. Pour cela plusieurs saints et saintes portaient sur leurs poitrines anciennement l'Évangile en écrit, comme un épithème (médicament topique) d'amour, ainsi qu'on lit de sainte Cécile; et de fait on trouva celui de saint Matthieu sur le coeur de saint Barnabé trépassé, écrit de sa propre main.
Ensuite de quoi, ès anciens conciles, on mettait au milieu de l'assemblée de tous les évêques un grand trône, et sur icelui le livre des saints Évangiles, qui représentait la personne du Sauveur, roi, docteur, directeur, esprit et unique coeur des conciles et de toute l'Église : tant on honorait la signification de la volonté de Dieu exprimée en ce divin livre. Certes, le grand miroir de l'ordre pastoral, saint Charles, archevêque de Milan, n'étudiait jamais dans l'Écriture sainte, qu'il ne se mit à genoux et tête nue, pour témoigner le respect avec lequel il fallait entendre et lire la volonté de Dieu signifiée.
CHAPITRE IV
De la conformité de notre volonté avec celle que Dieu a de nous sauver.
Dieu nous a signifié en tant de sortes et par tant de moyens qu'il voulait que nous fussions tous sauvés, que nul ne le peut ignorer. A cette intention, il nous a faits à son image et semblance (ressemblance) par la création, et s'est fait à notre image et semblance par l'incarnation; après laquelle il a souffert la mort pour racheter toute la race des hommes et la sauver :
ce qu'il fit avec tant d'amour, que, comme raconte le grand saint Denis, apôtre de la France, il dit un jour au saint homme Carpus qu'il était prêt à pâtir encore une fois pour sauver les hommes, et que cela lui serait agréable, s'il se pouvait faire sans le péché d'aucun homme.
Or, bien que tous ne se sauvent pas, cette volonté néanmoins ne laisse pas d'être une vraie volonté de Dieu, qui agit en nous selon la condition de sa nature et de la nôtre : car sa bonté le porte à nous communiquer libéralement le secours de sa grâce, afin que nous parvenions au bonheur de sa gloire; mais notre nature requiert que sa libéralité nous laisse en liberté de nous en prévaloir pour nous sauver, on de le mépriser pour nous perdre.
J'ai demandé une chose, disait le Prophète, et c'est celle-ci que je requerrai à jamais que je voie la volupté du Seigneur et que je visite son temple. Mais quelle est la volupté de la souveraine bonté, sinon de se répandre et communiquer ses perfections? Ceters, ses délices sont d'être avec les enfants des hommes, pour verser ses grâces sur eux. Rien n'est si agréable et délicieux aux gens libres que de faire leur volonté.
Notre sanctification est la volonté de Dieu, et notre salut son bon plaisir: or, il n'y a nulle différence entre le bon plaisir et la bonne volupté, ni par conséquent donc entre la bonne volupté et la bonne volonté divine; ains la volonté que Dieu a pour le bien des hommes est appelée bonne, parce qu'elle est aimable, propice, favorable, agréable, délicieuse : et comme les Grecs, après saint Paul ont dit; c'est une vraie philanthropie, c'est-à-dire, une bienveillance ou volonté tout amoureuse envers les hommes.
Tout le temple céleste de l'Église triomphante et militante résonne (fait retentir) de toutes parts les cantiques de ce doux amour de Dieu envers nous. Et le corps très sacré du Sauveur, comme un temple très saint de sa divinité, est tout paré de marques et enseignes de cette bienveillance. C'est pourquoi, en visitant le temple divin, nous voyons ces aimables délices que son coeur prend à nous favoriser.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde