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Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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Message par ami de la Miséricorde Sam 9 Nov - 0:12

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CHAPITRE V
Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.


Job, quant à la vie naturelle, fut ulcéré d'une plaie la plus horrible qu'on eût vue. Quant à la vie civile, il fut moqué, bafoué, vilipendé, et par ses plus proches; en la vie spirituelle, il fut accablé de langueurs, pressures (oppressions), convulsions, angoisses, ténèbres et de toutes sortes d'intolérables douleurs intérieures, ainsi que ses plaintes et lamentations font foi.

Le grand Apôtre nous annonce une générale indifférence, pour nous montrer vrais serviteurs de Dieu, en fort grande patience ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, ès blessures, ès prisons, ès séditions, ès travaux, ès veilles, ès jeûnes; en chasteté, en science, en longanimité et suavité au Saint-Esprit, en charité non feinte, en parole de vérité, en la vertu de Dieu;

par les armes de justice é droite et il gauche, par la gloire et par l'abjection, par l'infamie et bonne renommée; comme séducteurs, et néanmoins véritables (disant la vérité), comme inconnus, et toute fois reconnus ; comme mourants, et toutefois vivants; comme châtiés, et toutefois non tués; comme tristes, et toutefois toujours joyeux; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs; comme n'ayant rien, et toutefois possédant toutes choses.

Voyez, je vous prie, Théotime comme la vie des apôtres était affligée: selon le corps, par les blessures ; selon le coeur, par les angoisses; selon le monde, par l'infamie et les prisons; et parmi tout cela, ô Dieu, quelle indifférence !

leur tristesse est joyeuse, leur pauvreté est riche, leurs morts sont vitales et leurs déshonneurs honorables: c'est-à-dire, ils sont joyeux d'être tristes, contents d'être pauvres, revigorés de vivre entre les périls de la mort, et glorieux d'être avilis, parce que telle était la volonté de Dieu.

Et parce qu'elle était pins reconnue ès souffrances qu'ès actions des autres vertus, il met l'exercice de la patience le premier, disant: Paraissons en toutes choses comme serviteurs de Dieu, en beaucoup de patience, ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, et puis enfin, en chasteté, en prudence, en longanimité.

Ainsi notre divin Sauveur fut affligé incomparablement en sa vie civile, condamné comme criminel de lèse-majesté divine et humaine, battu, fouetté, bafoué et tourmenté avec une ignominie extraordinaire ; en sa vie naturelle, mourant entre les plus cruels et sensibles tourments que l'on puisse imaginer; en sa vie spirituelle, souffrant des tristesses, craintes, épouvantements, angoisses, délaissements et oppressions intérieures qui n'en eurent ni n'en auront jamais de pareilles.

Car encore que la suprême portion de son âme fût souverainement jouissante de la gloire éternelle, si est-ce que l'amour empêchait cette gloire de répandre ses délices ni ès sentiments, ni en l'imagination, ni en la raison inférieure, laissant ainsi tout le coeur exposé à la merci de la tristesse et angoisse.

Ézéchiel vit le simulacre d'une main qui le saisit par un seul flocquet (petite touffe) de cheveux de sa tête, l'élevant entre le ciel et la terre.

Notre Seigneur aussi élevé en la croix entre la terre et le ciel, n'était, ce semble, tenu de la main de son Père que par l'extrême pointe de l'esprit, et, par manière de dire, par un seul cheveu de sa tête, qui touché de la douce main du Père éternel, recevait une souveraine affluence de félicité, tout le reste demeurant abîmé dans la tristesse et ennui. Cest pourquoi il s'écrie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu délaissé ?

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 9 Nov - 22:54

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CHAPITRE V
Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.


On dit que le poisson qu'on appelle lanterne de mer, au plus fort des tempêtes tient sa langue hors des ondes, laquelle est si fort luisante, rayonnante et claire, qu'elle sert de phare et flambeau aux nochers. Ainsi emmi la mer des passions dont notre Seigneur fut accablé, toutes les facultés de son âme demeurèrent comme englouties et ensevelies dans la tourmente de tant de peines, hormis la pointe de l'esprit, qui, exempte de tout travail, était toute claire et resplendissante de gloire et félicité.

O que bienheureux est l'amour qui règne dans la cime de l'esprit des fidèles, tandis qu'ils sont entre les vagues et les flots des tribulations intérieures!

CHAPITRE VI
De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.


On ne connaît presque point le bon plaisir divin que par les événements; et tandis qu'il nous est inconnu, il nous faut attacher le plus fort qu'il nous est possible à la volonté de Dieu qui nous est manifestée ou signifiée.

Mais soudain que le bon plaisir de sa divine majesté comparait, il faut aussitôt se ranger amoureusement à son obéissance.

Ma mère ou moi-même (car cest tout un) (mère du saint auteur, mourut en 1609) sommes au lit malades; que sais-je si Dieu veut que la mort sensuive ? Certes, je n'en sais rien; mais je sais bien pourtant qu'en attendant l'événement que son bon plaisir a ordonné, il veut, par sa volonté déclarée, que j'emploie les remèdes convenables à la guérison.

Je le ferai donc fidèlement, sans rien oublier de ce que bonnement je pourrai contribuer à cette intention. Mais si c'est le bon plaisir divin que le mal, victorieux des remèdes, apporte enfin la mort, soudain que j'en serai certifié par l'événement, j'acquiescerai amoureusement en la pointe de mon esprit, nonobstant toute la répugnance des puissances inférieures de mon âme.

Oui, Seigneur, je le veux bien, ce dirai-je, parce que tel a été votre bon plaisir ; il vous a ainsi plu, et il me plaît ainsi à moi qui suis très humble serviteur de votre volonté.

Mais si le bon plaisir divin m'était déclaré avant l'événement d'icelui, comme au grand saint Pierre la façon de sa mort, au grand saint Paul ses liens et prisons, à Jérémie. la destruction de sa chère Jérusalem, à David la mort de son fils;

alors il faudrait unir à l'instant notre volonté à celle de Dieu, à l'exemple du grand Abraham, et comme lui, s'il nous était commandé, entreprendre l'exécution du décret éternel en la mort même de nos enfants.

Admirable union de la volonté de ce patriarche avec celle de Dieu ! qui croyant que ce fût le bon plaisir divin qu'il sacrifiât son enfant, le voulut et entreprit si fortement: admirable celle de la volonté de l'enfant qui se soumit si doucement au glaive paternel, pour faire vivre le bon plaisir de son Dieu au prix de sa propre mort.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 10 Nov - 22:30

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CHAPITRE VI
De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.


Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu.

Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie.

Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner.

Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu.

Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu.

Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille.

O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne.

Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise.

Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il?

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 11 Nov - 23:18

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CHAPITRE VI
De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.


Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu.

Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie.

Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner.

Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu.

Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu.

Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille.

O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne.

Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise.

Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il?

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Message par ami de la Miséricorde Mer 13 Nov - 8:05

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CHAPITRE VII
De l'indifférence que nous devons pratiqueren ce qui regarde notre avancement ès vertus.


Dieu nous a ordonné de faire tout ce que nous pourrons pour acquérir les saintes vertus :
n'oublions donc rien pour bien réussir dans cette sainte entreprise.

Mais après que nous aurons planté et arrosé, sachons que c'est à Dieu de donner l'accroissement aux arbres de nos bonnes inclinations et habitudes. C'est pourquoi il faut attendre le fruit de nos désirs et travaux de sa divine providence.

Que si nous ne sentons pas le progrès et avancement de nos esprit en la vis dévote, tel que nous voudrions, ne nous troublons point, demeurons en paix, que toujours la tranquillité règne dans nos coeurs.

C'est à nous de bien cultiver nos âmes, et partant il y faut fidèlement vaquer. Mais quant à l'abondance de la prise et de la moisson, laissons-en le soin à notre Seigneur.

Le laboureur ne sera jamais tancé s'il n'a pas belle cueillette, mais oui bien s'il na pas bien labouré et ensemencé ses terres. Ne nous inquiétons point pour nous voir toujours novices en l'exercice des vertus; car au monastère de fa vie dévote chacun s'estime toujours novice, et toute la vie y est destinée à la probation, n'ayant point de plus évidente marque d'être non seulement novice, mais digne d'expulsion et réprobation, que de penser et se tenir pour profès; car selon la règle de cet ordre-là, non la solennité, mais l'accomplissement des voeux rend les novices profès.

Or; les voeux ne sent jamais accomplis, tandis qu'il y a quelque chose à faire pour l'observance d'iceux; et l'obligation de servir Dieu et faire progrès en son amour, dure toujours jusqu'à la mort Voire mais (pourtant), me dira quelqu'un, si je connais que c'est par ma faute que mon avancement ès vertus est retardé, comme pourrai-je m'empêcher de m'en attrister et inquiéter?

J'ai dit ceci en l'Introduction à la vie dévote; mais je le redis volontiers, parce qu'il ne peut jamais être assez dit. Il se faut attrister pour les fautes commises, d'une repentance forte, rassise, constante, tranquille, mais non turbulente, non inquiète, non découragée.

Connaissez-vous que votre retardement au chemin des vertus est provenu de votre coulpe (faute formelle), or sus, humiliez-vous devant Dieu, implorez sa Miséricorde, prosternez-vous devant la face de sa bouté, et demandez-lui-en pardon, confessez votre faute, et criez-lui merci à l'oreille même de votre confesseur, pour recevoir l'absolution; mais cela fait, demeurez en paix, et ayant détesté l'offense, embrassez amoureusement l'abjection qui est en vous pour le retardement de votre avancement au bien.

Hélas! mon Théotime, les âmes qui sont en purgatoire, y sont sans doute pour leurs péchés, quelles ont détestés et détestent souverainement: mais quant à l'abjection et peine qui leur en reste d'être arrêtées en ce lieu-là, et privées pour un temps de la jouissance de l'amour bienheureux du paradis, elles la souffrent amoureusement, et prononcent dévotement le cantique de la justice divine :

Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement équitable. Attendons donc en patience notre avancement; et en lieu de nous inquiéter d'en avoir si peu fait par le passé, procurons avec diligence d'en faire plus à lavenir.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par Thierry Mer 13 Nov - 19:15

Pour info : 
...pour l'observance d'iceux
→ Ancienne forme renforcée de celui, celle, ceux, celles. Vieilli. Celui, celle, ceux, celles dont il vient d'être question. N'a subsisté que dans la langue juridique.



Coulpe
→ péché


_________________
L'Amour et la Miséricorde n'ont comme seules limites 
... uniquement celles que l'homme souhaite y mettre.

.
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Message par ami de la Miséricorde Jeu 14 Nov - 4:56

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CHAPITRE VII
De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus.


Voyez cette bonne âme, je vous prie elle a grandement désiré et tâché de s'affranchir de la colère, en quoi Dieu la favorisée; car il la rendue quitte de tous les péchés qui procèdent de la colère.

Elle mourrait plutôt que de dire un seul mot injurieux, ou de lâcher un seul trait de haine. Néanmoins elle est encore sujette aux assauts et premiers mouvements de cette passion, qui sont certains élans, ébranlements et saillies du coeur irrité, que la paraphrase chaldaïque appelle trémoussements, disant:

Trémoussez-vous et ne veuillez point pécher, où notre sacrée version a dit : Courroucez-vous, et ne veuillez point pécher, qui en est effet une même chose: car le prophète ne veut dire, sinon que si le courroux nous surprend, excitant en nos coeurs les premiers trémoussements de la colère, nous gardions bien de nous laisser emporter plus avant en cette passion, d'autant que nous pécherions.

Or, bien que ces premiers élans et trémoussements ne soient aucunement péché, néanmoins la pauvre âme qui en est souvent atteinte, se trouble, s'afflige, s'inquiète, et pense bien faire de s'attrister, comme si c'était l'amour de Dieu qui la provoquât à cette tristesse; et cependant, Théotime, ce n'est pas l'amour céleste qui fait ce trouble, car il ne se fâche que pour le péché ;

c'est notre amour propre qui voudrait que nous fussions exempts de la peine et du travail que les assauts de lire (colère) nous donnent. Ce n'est pas la coulpe (faute formelle) qui nous déplaît en ces élans de la colère, car il n'y a du tout point de péché; c'est la peine d'y résister qui nous inquiète.

Ces rébellions de l'appétit sensuel, tant en lire qu'en la convoitise, sont laissées en nous pour notre exercice, afin que nous pratiquions la vaillance spirituelle en leur résistant. C'est le Philistin que les vrais Israélites doivent, toujours combattre, sans que jamais ils le puissent abattre; ils le peuvent affaiblir, mais non pas anéantir. Il ne meurt jamais qu'avec nous, et vit toujours avec nous; il est certes exécrable et détestable, d'autant qu'il est issu du péché et tend perpétuellement au péché.

C'est pourquoi, comme nous sommes appelés terre, parce que nous sommes extraits de la terre, et que nous retournerons en terre, ainsi cette rébellion est appelée par le grand Apôtre péché, comme provenue du péché et tendante au péché, quoiqu'elle ne nous rende nullement coupables, sinon quand nous la secondons et lui obéissons.

Dont le même apôtre nous avertit de faire en sorte que ce mal-là ne règne point en notre corps mortels pour obéir aux convoitises d'icelui. Il ne nous défend pas de sentir le péché, mais seulement d'y consentir; il n'ordonne pas que nous empêchions le péché de venir en nous et d'y être, mais il commande qu'il n'y vigne pas. Il est en nous quand nous sentons la rébellion de l'appétit sensuel; mais il ne règne pas en nous, sinon quand nous y consentons.

Le médecin n'ordonnera jamais au fébricitant (qui a la fièvre) de n'avoir pas soif, car ce serait une impertinence trop grande; mais il lui dira bien qu'il s'abstienne de boive, encore qu'il ait soif.

Jamais on ne dira à une femme enceinte qu'elle n'ait pas envie de manger des choses extraordinaires, car cela n'est pas en son pouvoir, mais on lui dira bien qu'elle die ses appétits, afin que, s'ils sont de chose nuisible, on divertisse son imagination, et que telle fantaisie ne règne pas en sa cervelle.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 14 Nov - 18:19

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CHAPITRE VII
 
De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus.

 
L'aiguillon de la chair, messager de Satan, piquait rudement le grand saint Paul pour le faire précipiter au péché. Le pauvre apôtre souffrait cela comme une injure honteuse et infâme, c'est pourquoi il l'appelait un soufflettement et bafouement, et priait Dieu qu'il lui plût de l'en délivrer;
 
mais Dieu lui répondît : O Paul, ma grâce te suffit, car ma force se perfectionne en l'infirmité; à quoi ce grand homme acquiesçant: Donc, dit-il, volontiers, je me glorifierai en mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi.
 
Mais, remarquez, de grâce, que la rébellion sensuelle est en cet admirable vaisseau délection, lequel, recourant au remède de l'oraison, nous montre qu'il nous faut combattre par ce même moyen les tentations que nous sentons.
 
Remarquez encore que si notre Seigneur permet ces cruelles révoltes en l'homme, ce n'est pas toujours pour le punir de quelque péché, ains pour manifester la force et vertu de l'assistance et grâce divine, et remarquez enfla que non seulement sous ne devons pas nous inquiéter en nos tentations ni en nos infirmités;
 
mais nous devons nous glorifier d'être infirmes, afin que la vertu divine paraisse en nous, soutenant notre faiblesse contre l'effort de la suggestion et tentation; car le glorieux apôtre appelle ses infirmités les élans et rejetons d'impureté qu'il sentait, et dit qu'il se glorifiait en icelles, parce que si bien il les sentait par sa misère, néanmoins par la Miséricorde de Dieu il n'y consentait pas.
 
Certes, comme j'ai dit ci-dessus, l'Église condamna l'erreur de certains solitaires qui disaient qu'en ce monde nous pouvions être parfaitement exempts des passions dire, de convoitise, de crainte et autres semblables.
 
Dieu veut que nous ayons des ennemis, Dieu veut que nous les repoussions. Vivons donc courageusement entre l'une et l'autre volonté divine, souffrant avec patience d'être assaillis, et tâchant avec vaillance de faire tête et résistance aux assaillants.
 
CHAPITRE VIII
 
Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.

 
Dieu hait souverainement le péché, et néanmoins il le permet très sagement pour laisser agir la créature raisonnable selon la condition de la nature, et rendre les bons plus raisonnables, quand, pouvant violer la loi, ils ne violent plus.
 
Adorons donc et bénissons cette sainte permission. Mais puisque la Providence qui permet le péché le hait infiniment, détestons-le avec elle, haïssons-le, désirant de tout notre pouvoir que le péché permis ne soit point commis; et ensuite de ce désir, employons tous les remèdes qu'il nous sera possible pour empêcher la naissance, le progrès et le règne du péché, à l'imitation de notre Seigneur, qui ne cesse d'exhorter, promettre, menacer, défendre, commander et inspirer parmi nous, pour détourner notre volonté du péché, en tant qu'il se peut faire sans lui ôter sa liberté.
 
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Message par ami de la Miséricorde Sam 16 Nov - 8:27

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CHAPITRE VIII
Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.

Mais quand le péché est commis, faisons tout ce qui est en nous, afin qu'il soit effacé, comme notre Seigneur, qui assura Carpus, ainsi qu'il a été ci-devant noté, que s'il était requis, il subirait derechef la mort pour délivrer une seule âme du péché.

Que si le pécheur s'obstine, pleurons, Théotime, soupirons, prions pour lui avec le Sauveur de nos âmes, qui, ayant jeté maintes larmes toute sa vie sur les pécheurs et sur ceux qui les représentaient, mourut enfin les yeux couverts de pleurs et son corps tout détrempé de sang, regrettant la perte des pécheurs.

Cette affection toucha si vivement David, qu'il en tomba à coeur failli (en défaillance): La pamoison, dit-il, ma saisi pour les pécheurs abandonnant votre loi.

Et le grand Apôtre proteste qu'il a au coeur une douleur continuelle pour l'obstination des Juifs.

Cependant, pour obstinés que les pécheurs puissent, être, ne perdons point courage de les aider et servir; car que savons-nous si par aventure ils feront pénitence et seront sauvés?

Bienheureux est celui qui peut dire à ses prochains comme saint Paul: Je n'ai cessé ni jour ni nuit en vous admonestant un chacun de vous avec larmes, et partant je suis net du sang de tous; car je ne me suis point épargné que je ne voies aie annonce tout le bon plaisir de Dieu.

Tandis que nous sommes dans les bornes de l'espérance que le pécheur se puisse amender, qui sont toujours de même étendue que celles de sa vie, il ne faut jamais le rejeter, ains prier pour lui, et l'aider autant que son malheur le permettra.

Mais en fin finale, après que nous avons pleuré sur les obstinés, et que nous leur avons rendu le devoir de charité, pour essayer de les retirer de perdition, il faut imiter noire Seigneur et las apôtres; c'est-à-dire, divertir notre esprit de là, le retourner sur des autres objets et à d'autres occupations plus utiles à la gloire de Dieu.

Il fallait, disaient les apôtres aux Juifs, vous annoncer premièrement la parole de Dieu; mais d'autant que vous lui rejetez et vous tenez pour indignes du règne de Jésus-Christ, voici que nous nous retournons du côté des Gentils.

On vous ôtera, dit le Sauveur, le royaume de Dieu, et il sera donné à une nation qui en fera du fruit. Car ou ne saurait s'amuser à pleurer trop longuement les uns, que ce ne fût en perdant le temps propre et requis à procurer le salut des autres.

LApôtre certes dit, qu'il a une douleur continuelle de la perte des Juifs; mais c'est comme nous disons que nous bénissons Dieu en tout temps, car cela ne veut dire autre chose sinon que nous le bénissons fort souvent et en toute occasion:

et de même le glorieux saint Paul avait une continuelle douleur en son coeur, à cause de la réprobation des Juifs, parce qu'à toutes occasions il regrettait leur malheur.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 17 Nov - 6:49

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CHAPITRE VIII
Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.


Au reste, il faut adorer, aimer et louer à jamais la justice vengeresse et punissante de notre Dieu, comme nous aimons sa Miséricorde; parce que l'une et l'autre est fille de sa bonté.

Car par sa grâce il nous veut faire bons, comme très bon, ains souverainement bon qu'il est; par sa justice il veut châtier le péché, parce qu'il le hait: or, il le hait, parce qu'étant souverainement bon, il déteste le souverain mal, qui est l'iniquité.

Et notez, pour conclusion, que jamais Dieu ne retire sa Miséricorde de nous que par l'équitable vengeance de sa justice punissante, et jamais nous n'échappons à la rigueur de sa justice que par sa Miséricorde justifiante; et toujours, ou punissant, ou gratifiant, son bon plaisir est adorable, aimable et digne d'éternelle bénédiction.

Ainsi le juste qui chante les louanges de sa Miséricorde pour ceux qui seront sauvés, se réjouira de même quand il verra la vengeance: les bienheureux approuveront avec allégresse le jugement de la damnation des réprouvés, comme celui du salut des élus, et les anges ayant exercé leur charité envers les hommes qu'ils ont en garde, demeureront en paix, les voyant obstinés ou même damnés.

Il faut donc acquiescer à la volonté divine, et lui baiser avec une dilection et révérence égale la main droite de sa Miséricorde et la main gauche de sa justice.

CHAPITRE IX
Comme la pureté de l'indifférence se doit pratiquer ès actions de l'amour sacré.


Un musicien des plus excellents de l'univers et qui jouait parfaitement du luth, devint en peu de temps si extrêmement sourd, qu'il ne lui resta plus aucun usage de ouïe; néanmoins il ne laissa pas pour cela de chanter et manier son luth délicatement à merveille, à cause de la grande habitude qu'il en avait, et que sa surdité ne lui avait pas ôtée.

Mais parce qu'il n'avait aucun plaisir en son chant, ni au chant du luth, d'autant qu'étant privé de l'ouïe il n'en pouvait apercevoir la douceur et beauté, il ne chantait plus ni ne sonnait du luth que pour contenter un prince duquel il était né sujet, et auquel il avait une extrême inclination de complaire, accompagnée d'une infinie obligation pour avoir été nourri dès sa jeunesse chez lui.

C'est pourquoi il avait un plaisir nonpareil de lui plaire, et quand son prince lui témoignait d'agréer son chant, il était tout ravi de contentement.

Mais il arrivait quelquefois que le prince, pour essayer l'amour de cet aimable musicien, lui commandait de chanter, et soudain le laissant là en sa chambre, il s'en allait à la chasse;

mais le désir que le chantre avait de suivre ceux de son maître, lui faisait continuer aussi attentivement son chant, comme si le prince eût été présent, quoiqu'en vérité il n'avait aucun plaisir à chanter: car il n'avait ni le plaisir de la mélodie, duquel sa surdité le privait, ni celui de plaire au prince, puisque le prince étant absent ne jouissait pas de la douceur des beaux airs qu'il chantait.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 18 Nov - 7:43

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CHAPITRE IX
Comme la pureté de l'indifférence se doit pratiquer ès actions de l'amour sacré.


Mon coeur est prêt, Seigneur, mon coeur est disposé
De sonner un cantique a ton los (louer laus en latin) composé:
Mon âme et mon esprit volontiers se range
A chanter ta louange.
Sus donc, ma gloire ! il se faut réveiller:
Harpe et psaltérion, cessez de sommeiller.

Certes le coeur humain est le vrai chantre du cantique de l'amour sacré, et il est lui-même la harpe et le psaltérion. Or, ce chantre s'écoute soi-même pour l'ordinaire, et prend un grand plaisir d'ouïr la mélodie de son cantique, c'est-à-dire, notre coeur aimant Dieu savoure les délices de cet amour, et prend un contentement nonpareil d'aimer un objet tant aimable.

Voyez, je vous prie, Théotime, ce que je veux dire. Les jeunes petits rossignols s'essayent de chanter au commencement pour imiter les grands; mais étant façonnés et devenus maîtres, ils chantent pour le plaisir qu'ils prennent en leur propre gazouillement, et s'affectionnent si passionément à cette délectation, ainsi que j'ai dit ailleurs, qu'à force de pousser leur voix, leur gosier s'éclate, dont ils meurent.

Ainsi, nos coeurs, au commencement de leur dévotion, aiment Dieu pour s'unir à lui, lui être agréables, et l'imiter en ce qu'il nous a aimés éternellement; mais petit à petit étant duicts (instruits) et exercés au saint amour, ils prennent imperceptiblement le change, et en lieu d'aimer Dieu pour plaire à Dieu, ils commencent d'aimer pour le plaisir puis ont eux-mêmes ès exercices du saint amour; et en lieu qu'ils étaient amoureux de Dieu, ils deviennent amoureux de l'amour qu'ils lui portent, ils sont affectionnés à leurs affections, et ne se plaisent plus en Dieu, mais au plaisir qu'ils ont en son amour; se contentant en cet amour, en tant qu'il est à eux, qu'il est dans leur esprit, et qu'il en procède.

Car encore que cet amour sacré s'appelle amour de Dieu, parce que Dieu est aimé par icelui, il ne laisse pas d'être nôtre, garce que nous sommes les amants qui aimons par icelui. Et c'est là le sujet du change: car en lieu d'aimer ce saint amour, parce qu'il tend à Dieu qui est laimé, irons l'aimons parce qu'il procède de nous qui sommes les amants.

Or, qui ne voit qu'ainsi faisant ce n'est plus Dieu que nous cherchons, ains que nous retenons à nous-mêmes, aimant l'amour en tien d'aimer le bien-aimé; aimant, dis-je, cet amour, non pour le bon plaisir et contentement de Dieu, mais pour le plaisir et contentement que nous en tirons nous-mêmes?

Ce chantre donc qui chantait au commencement à Dieu et pour Dieu, chante maintenant plus à soi-même et pour soi-même que pour Dieu;

et s'il prend plaisir à chanter, ce n'est plus tant pour contenter à l'oreille de son Dieu, que pour contenter la sienne.

Et d'autant que le cantique de l'amour divin est te plus excellent de tous, il l'aime aussi davantage, non à cause de l'excellence divine qui est louée; mais parce que l'air du chant en est plus délicieux et agréable.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 19 Nov - 8:37

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CHAPITRE X
Moyen de connaître le change au sujet de ce saint amour.


Vous connaîtrez bien cela, Théotime; car si ce rossignol mystique chante pour contenter Dieu, il chantera le cantique qu'il saura être le plus agréable à la divine Providence.

Mais s'il chante pour le plaisir que lui-même prend en la mélodie de son chant, il ne chantera pas le cantique qui est le plus agréable à la bonté céleste, ains celui qui est le plus à son gré de lui-même et duquel il pense tirer plus de plaisir.

De deux cantiques qui seront voirement l'un et l'autre divins, il se peut bien faire que l'un sera chanté parce qu'il est divin, et l'autre parce qu'il ait agréable.

Rachel et Lia sont également épouses de Jacob mais l'une est aimée de lui en qualité d'épouse seulement, et l'autre en qualité de belle. Le cantique est divin ; mais le motif qui nous le fait chanter, c'est la délectation spirituelle que nous en prétendons.

Ne vois-tu pas, dira-t-on à cet évêque, que Dieu veut que tu chantes le cantique pastoral de sa dilection emmi son troupeau, lequel en vertu de son saint amour il te recommande par trois fois de paître en la personne du grand saint Pierre qui fût le premier des pasteurs?

Que me répondras-tu? Qu'à Rome, qu'à Paris il y a plus de délices spirituelles, et qu'on y peut pratiquer le divin amour avec plus de suavité.

O Dieu! ce n'est donc pas pour vous plaire que cet homme peut chanter, c'est pour le plaisir qu'il prend à cela; ce n'est pas vous qu'il cherche en l'amour; c'est Le contentement qu'il a ès exercices du saint amour.

Les religieux voudraient chanter le cantique des pasteurs, et les mariés celui des religieux, afin, ce disent-ils, de pouvoir mieux aimer et servir Dieu.

Eh! vous vous trompez, mes chers amis; ne dites pas que c'est pour mieux aimer et servir Dieu : ô nenni certes, c'est pour mieux servir votre propre contentement, lequel vous aimez plus que le contentement de Dieu.

La volonté de Dieu est en la maladie aussi bien et presque ordinairement mieux qu'en la santé. Que si nous aimons mieux la sauté, ne disons pas que c'est pour tant mieux servir Dieu: car qui ne voit que c'est la santé que nous cherchons en la volonté de Dieu, et non pas la volonté de Dieu en la santé?

Il est malaisé, je le confesse, de regarder longuement et avec plaisir la beauté d'un miroir, qu'on ne s'y regarde, ains qu'on ne se plaise à s'y regarder soi-même; mais il y n'ait pourtant de la différence entre Le plaisir que l'on prend à regarder un miroir parce qu'il est beau, et l'aise que l'on a de regarder dans un miroir, parce qu'on s'y voit.

Il est aussi sans doute malaisé d'aimer Dieu qu'on aime quant et quant (avec) le plaisir que l'on prend en son amour : mais néanmoins il y a bien à dire entre le contentement que l'on a d'aimer Dieu parce qu'il est beau, et celui que l'on a de l'aimer parce que son amour nous est agréable. Or, il faut tâcher de ne chercher en Dieu que l'amour de sa beauté, et non le plaisir qu'il y a en la beauté de son amour.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 20 Nov - 6:17

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CHAPITRE X
Moyen de connaître le change au sujet de ce saint amour.


Celui qui priant Dieu saperçoit qu'il prie, n'est pas parfaitement attentif à prier; car il divertit son attention de Dieu, lequel il prie pour penser à la prière par laquelle il le prie. Le soin même que nous avons à n'avoir point de distractions, nous sert souvent de fort grande distraction; la simplicité ès actions spirituelles est la plus recommandable.

Voulez-vous regarder Dieu, regardez-le donc et soyez attentif à cela; car si vous réfléchissez et retournez vos yeux de dessus vous-même pour voir la contenance que vous tenez en le regardant, ce n'est plus lui que vous regardez, c'est votre maintien, c'est vous-même.

Celui qui est en une fervente oraison, ne sait s'il est en oraison ou non, car il ne pense pas à l'oraison qu'il fait, ains à Dieu à qui il la fait.

Qui est en l'ardeur de l'amour sacré, il ne retourne point son coeur sur soi-même pour regarder ce qu'il fait, ains le tient arrêté et occupé en Dieu auquel il applique son amour. Le chantre céleste prend tant de plaisir de plaire à son Dieu, qu'il ne prend nul plaisir en la mélodie de sa voix, sinon parce qu'elle plaît à son Dieu

Vous verrez, Théotime, cet homme qui prie Dieu, ce vous semble, avec tant de dévotion, et qui est si ardent aux exercices de l'amour céleste; mais attendez un peu, et vous verrez si c'est Dieu qu'il aime. Hélas! soudain que la suavité et satisfaction qu'il prenait en l'amour cessera, et que les sécheresses arriveront, il quittera tout là, il ne priera plus qu'en passant.

Or, si c'était Dieu qu'il aimait, pourquoi eût-il cessé de l'aimer, puisque Dieu est toujours Dieu? C'était donc la consolation de Dieu qu'il aimait, et non pas le Dieu de consolation.

Plusieurs certes ne se plaisent point en l'amour divin, sinon qu'il soit confit au sucre de quelque suavité sensible, et feraient volontiers comme les petits enfants, auxquels quand on donne du miel sur un morceau de pain, ils lèchent et sucent le miel, et jettent par après le pain.; car si la suavité était séparable de l'amour, ils quitteraient l'amour et tireraient la suavité.

C'est pourquoi ils suivent l'amour à cause de la suavité, laquelle quand ils n'y rencontrent pas, ils ne tiennent compte de l'amour. Mais telles gens sont exposés à beaucoup de dangers: ou de retourner en arrière quand les goûts et consolations leur manquent, ou de samuser à des vaines suavités bien éloignées du véritable amour, et prendre le miel d'Héraclée pour celui de Narbonne.

CHAPITRE XI
De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé.


Le chantre duquel j'ai parlé, étant devenu sourd, n'avait nul contentement à chanter, que celui de voir aucunes fois son prince attentif à l'ouïr et y prendre plaisir.

O que bienheureux est le coeur qui aime Dieu, sans aucun autre plaisir que celui qu'il prend de plaire à Dieu! car quel plaisir peut-on jamais avoir plus pur et plus parfait que celui que l'on prend dans le plaisir de ta Divinité?

Néanmoins ce plaisir de plaire à Dieu n'est pas, à proprement parler, l'amour divin, ains seulement un fruit d'icelui, qui en peut être séparé, ainsi qu'un citron de son citronnier. Car, comme j'ai dit, notre musicien chantait toujours, sans tirer aucun plaisir de son chant, puisque la surdité l'en empêchait;

et maintes fois il chantait aussi sans avoir le plaisir de plaire à son prince, parce que le prince, lui ayant commandé de chanter, se retirait ou allait à la chasse, sans prendre ni le loisir ni le plaisir de l'ouïr.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Hier à 0:16

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CHAPITRE XI
De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé.


Tandis, ô Dieu! que je vois votre douce face qui témoigne d'agréer le chant de mon amour, hélas! que je suis consolé ! car y a-t-il aucun plaisir qui égale le plaisir de bien plaire à son Dieu? Mais quand vous retirez vos yeux de moi, et que je n'aperçois plus la douce faveur de la complaisance que vous preniez en mon cantique, vrai Dieu, que mon âme est en grande peine! niais sans cesser pourtant de vous aimer fidèlement, et de chanter continuellement l'hymne de sa dilection, non pour aucun plaisir qu'elle y trouve, car elle n'en a point, ains chante pour le pur amour de votre volonté.

On a vu tel enfant malade manger courageusement, avec un incroyable dégoût, ce que sa mère lui donnait, pour le seul désir qu'il avait de la contenter; et alors il mangeait sans prendre aucun plaisir en la viande, mais non pas sans un antre plaisir plus estimable et relevé, qui était le plaisir de plaire à sa mère et de la voir contenter.

Mais l'autre qui, sans voir sa mère, pour la seule connaissance qu'il avait de sa volonté, prenait tout ce qu'on lui apportait de sa part, il mangeait sans aucun plaisir, car il n'avait ni le plaisir de manger, ni le contentement de voir le plaisir de sa mère, ains mangeait simplement et purement pour faire la volonté d'icelle.

La seule satisfaction d'un prince présent, ou de quelque personne fortement aimée, fait délicieuses les veillées, les peines, les sueurs, et rend les hasards désirables: niais il n'y a rien de si triste que de servir un maître qui n'en sait rien, ou, s'il le sait, ne fait nul semblant den savoir gré: et faut bien en ce cas-là que l'amour soit puissant, puisqu'il se soutient lui seul, sans être appuyé d'aucun plaisir ni d'aucune prétention.

Ainsi arrive-t-il quelquefois que nous n'avons nulle consolation ès exercices de l'amour sacré, d'autant que, comme chantres sourds, nous n'oyons pas notre propre voix, ni ne pouvons jouir de la suavité de notre chant; ains au contraire outre cela nous sommes pressés de mille craintes, troublés de mille tintamares que l'ennemi fait autour de notre coeur, nous suggérant que peut-être ne sommes-nous point agréables à notre maître, et que notre amour est inutile, oui même qu'il est faux et vain, puisqu'il ne produit point de consolation. Or alors, Théotime, nous travaillons non seulement sans plaisir, mais avec un extrême ennui, ne voyant ni le bien de notre travail, ni le contentement de celui pour qui nous travaillons.

Mais ce qui accroît le mal en cette occurrence, c'est que l'esprit et suprême pointe de la raison ne nous peut donner aucune sorte d'allégement; car cette pauvre portion supérieure de la raison étant tout environnée des suggestions que l'ennemi lui fait, elle est même tout alarmée, et se trouve assez embesognée à se garder dêtre surprise d'aucun consentement au mal; de sorte qu'elle ne peut faire aucune sortie pour désengager la portion inférieure de l'esprit.

Et bien quelle nait pas perdu le courage, elle est pourtant si terriblement attaquée, que si elle est sans coulpe (faute), elle nest pas sans peine; car, pour comble de son ennui, elle est privée de la générale consolation que lon a presque toujours en tous les autres maux de ce monde, qui est lespérance quils ne seront pas perdurables, et que lon en verra la fin, si que (tellement) le coeur en ces ennuis spirituels tombe en une certaine impuissance de penser à leur fin, et par conséquent dêtre allégé par lespérance.

La foi certes, résidante en la cime de lesprit, nous assure bien que ce trouble finira, et que nous jouirons un jour du repos, mais la grandeur du bruit et des cris que lennemi fait dans le reste de lâme en la raison inférieure, empêche que les avis et remontrances de la foi ne sont presque point entendus, et ne nous demeure en limagination que ce triste présage : Hélas ! je ne serai jamais joyeux.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Aujourd'hui à 7:29

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CHAPITRE XI

De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé.


O Dieu ! mon cher Théotime, mais c'est alors qu'il faut témoigner une invincible fidélité envers le Sauveur, le servant purement pour l'amour de sa volonté, non seulement sans plaisir, mais parmi ce déluge de tristesses, d'horreurs, de frayeurs et d'attaques, comme fit sa glorieuse mère et saint Jean au jour de sa passion, qui entre tant de blasphèmes, de douleurs et de détresses mortelles, demeurèrent fermes en l'amour, lors même que le Sauveur, avant retiré toute sa sainte joie dans la cime de son esprit, ne répandait ni allégresse ni consolation quelconque en son divin visage, et que ses yeux alangouris et couverts des ténèbres de la mort ne jetaient plus que des regards de douleur, comme aussi le soleil des rayons d'horreur et d'affreuses ténèbres.

CHAPITRE XII

Comme, entre ces travaux intérieurs, l'âme ne connaît pas

l'amour qu'elle porte à son Dieu, et du trépas très aimable de la volonté.


Le grand saint Pierre étant à la veille d'être martyrisé, l'ange vint en la prison, qu'il remplit toute de splendeur, éveilla saint Pierre, le fit lever, ceindre, chausser, vêtir, lui ôta les liens et menottes, le tira hors de la prison, et le mena au travers de la première et seconde garde jusquà' la porte de fer qui menait en la ville, laquelle s'ouvrit devant eux; et ayant passé une rue, l'ange laissa là le glorieux saint Pierre en pleine liberté.

Voilà une grande variété d'actions fort sensibles: et saint Pierre néanmoins qui avait été éveillé avant toutes choses, ne pensait pas que ce qui se faisait par l'ange fût vrai, ains estimait que ce fût une vision imaginaire.

Il était éveillé et ne pensait pas l'être; il s'était chaussé et vêtu, et ne savait pas qu'il leût fait; il marchait et n'estimait pas de marcher; il était délivré et ne le croyait pas; et cela d'autant que la merveille de sa délivrance fut si grande qu'elle occupait son esprit, en telle sorte qu'encore qu'il eût assez de sentiment et de connaissance pour faire ce qu'il faisait, néanmoins il n'en avait pas assez pour connaître qu'il le faisait réellement et tout de bon ;

il voyait bien l'ange, niais il ne s'apercevait pas que ce fût d'une vraie et naturelle vision; c'est pourquoi il n'avait nulle consolation de sa délivrance jusqu'à ce qu'en revenant à soi: Maintenant, dit-il, je connais en vérité que Dieu a envoyé son ange, et m'a délivré de la main d'Hérodes et de toute l'attente du peuple juif.

Or, il en est de même, Théotime, d'une âme qui est grandement chargée d'ennuis intérieurs; car, bien q'uelle ait le pouvoir de croire, d'espérer et d'aimer Dieu, et qu'en vérité elle le fasse; toutefois elle n'a pas la force de bien discerner si elle croit, espère et chérit son Dieu, d'autant que la détresse l'occupe et accable si fort qu'elle ne peut faire aucun retour sur soi-même pour voir ce qu'elle fait; et c'est pourquoi il lui est d'avis qu'elle n'a ni foi, ni espérance, ni charité, ains seulement des fantômes et inutiles impressions de ces vertus-là, qu'elle sent presque sans les sentir, et comme étrangères, non comme domestiques de son âme.

Que si vous y prenez garde, vous trouverez que nos esprits sont toujours en pareil état quand ils sont puissamment occupés de quelque violente passion; car ils font plusieurs actions comme en songe, et desquelles ils ont si peu de sentiment, qu'il ne leur est presque pas avis que ce soit en vérité que les choses se passent. C'est pourquoi le sacré Psalmiste exprime la grandeur de la consolation que les Israélites eurent au retour de la captivité de Babylone, en ces paroles :

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