Texte très long que j’ai divisé en 11 chapitres donnés un chaque jour
Mars 1949
Le parallèle entre les deux Passions.
2ème Chapitre
Je quitte alors la maison de Nazareth, où grande était la paix et relative l'incompréhension qui y pénétrait, apportée par des parents ou des concitoyens. Je quitte le premier aspect, encore facile et doux, de la volonté du Père sur moi : être homme, moi qui était Dieu, embrasser les diverses conditions humaines de la chair qui a faim, soif ou sommeil, qui sent la fatigue et les inconvénients des intempéries ou de la chaleur du soleil et de l'été, et connaître les conditions d'un moral qui souffre des deuils ou des rancœurs, de l'impossibilité d'offrir un peu plus de confort à la douce Mère qui m'avait mis au monde ; enfin, être soumis en tant qu'homme, à ceux qui possédaient un pouvoir temporaire, moi qui étais le Seigneur, le Roi, à la puissance éternelle et infinie.
En revanche, j'embrasse désormais le deuxième aspect, plus difficile, de la volonté de mon Père, celle qui relie comme un trait d'union ces deux extrêmes que constituent la première époque de ma vie, en famille, et la dernière, celle de la Passion proprement dite, et j'entreprends ma vie publique.
Toi aussi : je t'ai appelée, moi dont la volonté ne fait qu'un avec celle de mon Père, à la seconde partie de ta vie, celle de porte-parole. De même que je n'ignorais pas ce qui m'attendait au cours de ma vie publique, tu ne t'es pas leurrée sur ce que tu allais trouver en me servant de manière extraordinaire.
Plus unis à Dieu, oui, car le Père nous serre d'autant plus fort contre Lui que nous faisons sa volonté, et Il nous unit à Lui si nous accomplissons la volonté douloureuse qu'Il nous demande pour le bien de ceux qui ne savent pas aimer Dieu ni leur prochain et qui, n'étant déjà pas reconnaissants à Dieu dans la joie, deviennent son ennemi si la souffrance les oppresse. Plus unis, oui, mais combien, combien plus tourmentés par les hommes pour la seule raison que nous sommes porteurs de la Parole de Dieu !
Nous avons donc tous deux pris la route pour évangéliser, porter la Bonne Nouvelle, mais aussi endurer les critiques, les calomnies, les injures, les blâmes, les accusations, pour connaître des visages qui ne sont que des décors peints derrière lesquels se cache un cœur de serpent, pour mesurer combien l'amitié, la gratitude et la fidélité humaines sont éphémères, combien le cœur de l'homme est changeant et combien le miroitement de l'or a suffi à le corrompre jusqu'à en faire un ennemi de l'Ami, au point de préférer l'éclat froid et blafard d'une poignée de pièces – qu'il ne peut garder en sécurité durant sa vie et qu'il laisse inévitablement quand vient la mort – au vif éclat de l'amour chaleureux et intelligent du véritable Ami des âmes.
Viens, viens, viens, Maria, ma Maria. Mets ta petite main fatiguée dans la mienne, qui est forte et ferme, et viens avec moi, sans crainte. Voilà ! Comme si j'étais davantage ton père que ton Époux et Dieu, ou un frère bon qui comprend pour avoir déjà tout connu de la souffrance des messagers de Dieu, et qui t'aime parce que tu l'aimes sans l'accuser d'être la cause de tes souffrances.
Le juste ne confond jamais les causes de ses souffrances. Il pardonne toujours, à tous, mais il connaît le visage et le cœur de ses bourreaux. Surtout, il connaît le visage et l'amour de Dieu, et il sait que, si celui-ci permet que les hommes servent Satan pour torturer leurs semblables, c'est pour faire resplendir la véritable grandeur de ses vrais enfants. Resplendir et récompenser.
Allons donc de l'avant, joyeux, main dans la main. Je suis venu te prendre pour parcourir ensemble les villes et villages de Palestine. La terre de ton Jésus est bien belle au printemps, et tu l'aimes. Belle, oui, belle même si des serpents et des chacals se cachent au beau milieu de sa nature opulente, auprès des eaux claires ou au sommet des collines boisées. Ne les fuyons pas. Allons au contraire à leur rencontre, pour reconnaître tes bourreaux chez mes ennemis.
Ces pages te sont destinées à toi seule. Tu peux les transmettre uniquement à la femme bonne que tu connais, l’une des Marie de ton Calvaire, pour la consoler de la promesse qui n’a pu être tenue. Je dois aussi punir, quelquefois, ceux qui m’irritent! Qu’elle veuille néanmoins accepter cette réparation de la part de son Époux, pour comprendre qu’elle m’est chère et que, si je ne tiens pas ma promesse, ce n’est pas que ma volonté ait changé. Cela aussi lui sera doux. Mais dis-lui de n’en parler à personne.
Je dis bien : à personne, pas même à ceux qui lui sont le plus cher…
« Un jour, Jésus, ayant pris à part Pierre, Jacques et Jean, gravit la montagne et se transfigura... » Voilà : je prends à part mon petit Jean et sa sœur, qui sera Jacques à cette occasion, et je leur montrerai à elles seules comment tu es en moi et moi en toi, au point que tu es un petit moi.
Avançons donc. Voici le lieu de la Tentation, la rencontre avec l'Ennemi, le prince et principe de tout autre ennemi des justes – principe en ce sens qu'il est à la source de tout acte humain injuste – Les autres ennemis du serviteur de Dieu ne sont que des pantins manœuvrés par lui, ses instruments – parfois inconsciemment, et ils seraient horrifiés et se sentiraient offensés si on leur disait qu'ils le sont, car eux... oh, ils s'imaginent être dans le vrai, libres de toute pression extérieure, et sont sûrs de servir Dieu en opprimant le serviteur de Dieu que, selon leur propre définition du mot "saint ", ils jugent être pécheur -.
En quoi étaient-ils différents, ceux qui trois années durant m'ont critiqué injustement en m'accusant de péché à chaque acte du Verbe incarné et, en moins d'une nuit, m'ont condamné comme méritant la mort ?
Eux aussi se prétendaient " justes" en Israël, les seuls justes, dépositaires de la Loi et de la sagesse, les défenseurs de Dieu que, en réalité, ils défendaient et aimaient si peu qu'ils allèrent jusqu'à tuer son Fils.
Eux aussi se croyaient libres de toute pression extérieure, ils s'imaginaient juger en toute indépendance alors que, en réalité, Satan les manœuvrait et déchaînait en eux la triple concupiscence, la convoitise de la gloire, du pouvoir et de la richesse, il les houspillait et faisait pression sur eux jusqu'à les rendre déicides.
Eux aussi prétendaient agir pour honorer et servir Yahvé en supprimant le Nazaréen sacrilège.
Le Dieu de leurs pères avait instruit directement leurs ancêtres sur le Messie à venir, il avait placé les prophéties sur les lèvres des prophètes de leur peuple, il resplendissait en Moi, qui ne fais qu'un avec Lui dans la nature divine comme en chacun de mes actes d'homme parfaitement saint, en qui personne n'a jamais pu trouver de péché : comment donc honoraient-il et servaient-ils le Dieu de leurs pères s'ils me persécutaient jusqu'à me donner la mort par la croix ?
Mais c'étaient les hommes ennemis manœuvrés par le prince Ennemi, par celui qui m'attendait près du rocher désertique pour me tenter et détruire ainsi celui qui allait vaincre et anéantir son Œuvre d'homicide du fils adoptif de Dieu. Et l'Ennemi de Dieu – toujours de Dieu, même s'il tente les hommes, car, en réalité, à qui fait-il la guerre quand il combat les hommes ? À Dieu : s'il vainc l'homme qu'il assaille, il arrache un enfant au Père des cieux – et l'Ennemi de Dieu, disais-je, me tenta.
Adroitement. Oh, il sait comment il a remporté la victoire, la première fois, et il sait que, parmi tous les enfants nés d'une femme, un seul n'allait pas frémir devant le fruit charnel offert et vanté par le Démon luxurieux. La terre, en effet, a connu bien des héros de la pureté – les vierges, les chastes qui forment les blanches armées des cieux –, mais sous la blancheur de leur étole il y a, tels d'ardents rubis, les combats soutenus contre les élans de la chair pour rester fidèles à la pure vertu qui fit d'eux des anges en vêtements d'homme. Moi, je n'ai pas connu ce frémissement. Comment l'aurais-je pu, puisque je suis le Fils immaculé de l'Immaculée et de Dieu, et puisque je n'ai pas ouvert mon esprit aux paroles de Satan ?
À la recherche du Messie parmi les enfants nés d'une femme, c'est par ce moyen qu'il ne cessait de mettre les hommes à l'épreuve et, quand il trouva un homme qui restait impassible et sans curiosité devant ses séductions charnelles, il fut certain d'avoir trouvé le Messie, celui qui allait le vaincre s'il ne réussissait pas à l'emporter en premier. C'est alors qu'il tenta l'Homme pour faire périr le Sauveur, le Rédempteur, le Vainqueur avant qu'il ne sauve, ne rachète, ne soit victorieux du péché et de la mort. Mais au lieu de l'emporter, c'est lui qui fut vaincu
À suivre ….
Cahiers de 1946 – Dictées de Jésus à Maria Valtorta
Souffrance partagée de la Souffrance de Jésus