Le Repas du Seigneur
Comment les premiers chrétiens célébraient-ils ce qu'ils appelaient le « Repas du Seigneur » ou la « Cène »? Est-ce qu'on se limitait au simple geste de la fraction du pain ? Quelles prières faisait-on à ce moment ?
Le Nouveau Testament apporte peu de réponses à ces questions sur la façon de célébrer le Repas du Seigneur. Tout ce que nous savons, c'est que les premiers chrétiens se réunissaient, le jour du Seigneur ou le premier jour de la semaine, pour le rite de la fraction du pain. La rencontre avait lieu dans la maison de l'un des leurs. En plus de la fraction du pain, on prenait un repas en commun. On peut sans doute penser que les premiers chrétiens ont puisé dans le trésor de la prière rituelle juive les actions de grâces et les bénédictions dont ils avaient besoin pour leur célébration. Tout compte fait, il faut attendre des auteurs chrétiens du IIe siècle, tel le philosophe Justin, pour obtenir plus de détails sur le contenu des rencontres « eucharistiques » .
Cette rareté d'informations « rituelles » ne doit pas nous faire douter de la pratique de l'eucharistie. N'oublions pas que trois évangélistes : Matthieu, Marc et Luc, ainsi que Paul (1 Co 11,17-34) rapportent l'institution de l'Eucharistie. Ces quatre recensions d'un même événement sont un indice de l'importance que le dernier repas de Jésus a joué dans la mémoire chrétienne. Saint Paul, qui n'a pourtant pas participé à la Cène, considère que la fraction du pain appartient à la tradition chrétienne. Quand il exhorte les Corinthiens à plus de convenance lors de leurs agapes fraternelles, il fait les premiers pas vers une théologie de l'eucharistie. L'évangéliste Jean, quant à lui, ne fait aucune mention de l'institution de l'eucharistie, mais il en donne largement la signification dans le discours du pain de vie (Jn 6,22-58).
Texte biblique :
Le premier jour de la semaine, alors que nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, adressait la parole aux frères et il avait prolongé l'entretien jusque vers minuit. Les lampes ne manquaient pas dans la chambre haute où nous étions réunis. Un jeune homme, nommé Eutyque, qui s'était assis sur le rebord de la fenêtre, fut pris d'un sommeil profond, tandis que Paul n'en finissait pas de parler. Sous l'emprise du sommeil, il tomba du troisième étage et, quand on voulut le relever, il était mort. Paul descendit alors, se précipita vers lui et le prit dans ses bras : « Ne vous agitez pas! Il est vivant! » Une fois remonté, Paul rompit le pain et mangea; puis il prolongea la conversation jusqu'à l'aube et alors il s'en alla. Quant au garçon, on l'emmena vivant et ce fut un immense réconfort. • Actes 20, 7-12
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