par sofoyal Mar 6 Avr - 18:38
J'ajoute ici un épisode où le rire est en question.
Jésus n'y rit pas mais sourit avec indulgence à l'Apôtre Pierre
qui a justement un petit problème avec son propre rire qui penche insidieusement vers la faute.
Dans cet épisode, il s'en ouvre à Mère de Jésus, Marie, la Très Sainte,
qui lui dispense un enseignement sage et charitable sur le rire (des pécheurs)
et les risques qu'il peut parfois comporter.
C'est dans le tome 4:
"J'ai dit du mal de Judas et je t'avais promis que je ne l'aurais plus fait. Pardonne-moi."
"Oui, essaie de ne plus le faire."
"J'ai encore 489 fois à avoir ton pardon..."
"Mais que dis-tu, frère ?" demande André étonné.
Et Pierre, avec un éclair de malice sur son bon visage, avec le cou de travers sous le poids du sac de Jean d'En-Dor :
"Et tu ne te souviens pas que Lui a dit de pardonner septante fois sept ? Par conséquent j'ai encore à recevoir 489 pardons. Je tiendrai soigneusement les comptes..."
Tout le monde rit, Jésus même est obligé de sourire. Mais il répond :
"Tu ferais mieux de tenir les comptes de toutes les fois que tu sais être bon, ô grand enfant que tu es."
Pierre va près de Lui et de son bras droit il entoure la taille de Jésus en disant :
"Mon Maître chéri ! Comme je suis heureux d'être avec Toi sans... Allons ! Tu es content Toi aussi... Et tu comprends ce que je veux dire. Nous sommes entre nous. Il y a ta Mère. Il y a l'enfant. On va vers Capharnaüm. La saison est belle.., Cinq raisons d'être heureux. Oh ! c'est vraiment beau de venir avec Toi ! Où nous arrêtons-nous ce soir ?"
"À Jéricho."
"L'an dernier nous y avons vu la femme voilée. Mais qui sait ce qu'elle est devenue... Je serais curieux de le savoir... Et nous avons trouvé celui des vignes ..."
L'éclat de rire de Pierre est contagieux tant il est bruyant. Tout le monde rit en pensant de nouveau à la scène de la rencontre avec Judas de Kérioth.
"Mais tu es incorrigible, Simon !" lui reproche Jésus.
"Je n'ai rien dit, Maître. Mais je n'ai pu m'empêcher de rire en pensant à la tête qu'il a faite quand il nous a trouvés là... dans ses vignes..."
Pierre rit de si bon cœur qu'il doit s'arrêter pendant que les autres continuent, riant malgré eux.
– Pierre est rejoint par les femmes. Marie lui demande doucement :
"Qu'est-ce que tu as Simon ?"
"Ah ! Je ne peux pas le dire car je manquerais une autre fois à la charité. Mais... voilà, Mère, dis-moi un peu toi qui es sage, Si je fais une insinuation ou, pis encore une calomnie, je pèche, naturellement. Mais si je ris d'une chose connue de tous, d'un fait que tous connaissent, d'un fait qui fait rire comme par exemple de rappeler la surprise d'un menteur, son embarras, ses excuses, et se remettre à rire comme alors nous avons ri, est-ce encore mal ?"
"C'est une imperfection pour la charité. Ce n'est pas un péché comme la médisance et la calomnie et même comme 1’insinuation, mais c'est toujours un manquement à la charité. C’est comme un fil enlevé dans un tissu. Ce n'est pas une vraie déchirure, ce n'est pas non plus une étoffe usée; mais c'est toujours une chose qui atteint l'intégrité de l'étoffe et sa beauté, quelque chose qui prépare des déchirures et des trous. ne crois-tu pas ?"
Pierre se frotte le front et dit un peu mortifié :
"Oui. Je n'y avais jamais pensé."
"Penses-y maintenant et ne le fais plus. Il y a des éclats de rire qui blessent la charité plus que des gifles. Quelqu'un a-t-il péché ? L'avons-nous pris à mentir ou à commettre une autre faute ? Eh bien ? Pourquoi le rappeler ? Et y faire penser les autres ? Jetons un voile sur les fautes d'un frère, en pensant toujours : "Si j'étais le coupable est-ce que j'aimerais qu'un autre rappelle cette faute ou y fasse penser ?" Il y a des choses qui font rougir intérieurement, Simon, qui font tant souffrir. Ne secoue pas la tête. Je sais ce que tu veux dire... Mais les coupables aussi en souffrent, crois-le. Pars, pars toujours de cette pensée : "Aimerais-je cela pour moi ?" Tu verras que tu ne pécheras jamais plus contre la charité et tu auras toujours une si grande paix en toi. Regarde là Marziam, avec quelle joie il saute et il chante. C'est parce que lui n'a aucune pensée dans le cœur. Lui n'a pas à penser à des itinéraires, à des dépenses, à des paroles à dire. Lui sait que d'autres pensent à tout cela pour lui. Toi aussi, agis de même. Abandonne tout à Dieu, même le jugement sur les personnes. Tant que tu peux être comme un enfant que le bon Dieu conduit, pourquoi vouloir te charger du poids de décider et de juger ? Le moment viendra où tu devras être juge et arbitre, et alors tu diras : "Oh ! comme c'était plus facile alors, moins dangereux !" et tu te traiteras de sot pour avoir voulu te charger avant le temps de tant de responsabilités. Juger ! Quelle chose difficile ! Tu as entendu ce qu'a dit Syntica, il y a quelques jours ? "Ce que l'on recherche par les sens, est toujours imparfait". Elle a très bien parlé. Bien des fois nous jugeons d'après les réactions de nos sens, avec une très grande imperfection, par conséquent. Ne juge pas..."