Est ce un prérequis a la sainteté d'etre chaste et pure et aussi pour aller au ciel?
5 participants
lachasteté et le célibat
Emmanuel- Administrateur
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Date d'inscription : 16/01/2016
- Message n°2
Re: lachasteté et le célibat
Bonjour @aquafina,
Cela dépend de ce que tu entends par l'expression "chaste et pur".
Il n'est pas nécessaire d'être vierge pour être proche de Dieu.
Beaucoup de saints à travers l'histoire furent des pères et des mères de famille.
Il est possible de posséder une pureté et une chasteté intérieure dans ces états de vie.
Inversement, certaines personnes physiquement "vierges" ne sont pas proches du tout de la sainteté, car elles cultivent en leurs cœurs toutes sortes de mauvaises passions.
Je ne sais pas si ceci répond à ton questionnement, mais n'hésite-pas à préciser ta pensée si nécessaire.
Amicalement,
Emmanuel
Cela dépend de ce que tu entends par l'expression "chaste et pur".
Il n'est pas nécessaire d'être vierge pour être proche de Dieu.
Beaucoup de saints à travers l'histoire furent des pères et des mères de famille.
Il est possible de posséder une pureté et une chasteté intérieure dans ces états de vie.
Inversement, certaines personnes physiquement "vierges" ne sont pas proches du tout de la sainteté, car elles cultivent en leurs cœurs toutes sortes de mauvaises passions.
Je ne sais pas si ceci répond à ton questionnement, mais n'hésite-pas à préciser ta pensée si nécessaire.
Amicalement,
Emmanuel
ijk- Messages : 310
Date d'inscription : 18/08/2020
- Message n°3
Re: lachasteté et le célibat
Le mal comme le bien sont d'ordre spirituelsaquafina a écrit:Est ce un prérequis a la sainteté d'etre chaste et pure et aussi pour aller au ciel?
Ton échelle de valeur pour les mesurer ne sont pas adaptées
Le "pauvre" qui tabasse sa femme le soir en rentrant du boulot ou pire encore imaginons un violeur est très certainement comme un petit enfant innocent comparé à quelqu'un de vraiment maléfique mais qui n'a jamais commis un crime (au sens pénal humain)
Le mal fait par un humain n'est qu'une imbécilité et souvent pas très intelligente
Le Diable est quelqu'un d'intelligent* et pas du tout la brute que certains s'imaginent
*Il est tellement intelligent que pour la grande majorité des croyants il a fait en sorte qu'ils ne croient pas en son existence
Pilgrim- Messages : 762
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Montréal (Canada)
Idéal : Vivre dès maintenant du bonheur des élus
Saint intercesseur : Notre Dame, saint Joseph, saint Martin de Tours, saint François de sales,
- Message n°4
Re: lachasteté et le célibat
ijk a écrit:Le "pauvre" qui tabasse sa femme le soir en rentrant du boulot ou pire encore imaginons un violeur est très certainement comme un petit enfant innocent comparé à quelqu'un de vraiment maléfique mais qui n'a jamais commis un crime (au sens pénal humain)
Cette remarque me rappelle un petit compte-rendu que le défunt père Molinié faisait à propos du mal. Lors d'un enseignement qu'il donnait jadis : il décortiquait pour le bénéfice de tout le monde un texte d'Arthur Machen et auquel Jacques Bergier faisait allusion dans Le matin des magiciens.
Ainsi, dans le roman de Machen exploité en renfort pour l'illustration, c'est un des personnages du roman qui discutait fictivement avec Ambrose Bierce. Et ce dernier tentait de lui faire comprendre que la nature du mal n'était pas ce que l'on croyait communément. Ambrose faisait valoir que le mal suprême, le vrai mal diabolique passait à peu près complètement inaperçu d'un peu tout le monde, que les vrais disciples bien appliqués de Satan pouvaient en général jouir de la plus grande des réputations de moralité, de générosité et tout ce qu'on veut (de sainteté même à la limite). Et que ce vrai Mal avec un grand "M" et bien digne de l'enfer ne consistait non pas à violer banalement certaines règles de morale élémentaire. Non, mais plutôt comme le fait d'un joueur d'échec qui maîtriserait mentalement plusieurs coups d'avance sur l'adversaire, et celui-là sera capable de mettre en place les conditions qui vont faire en sorte que quelque chose de l'ordre voulu par Dieu sera subverti. Il disait qu'il pouvait exister dans le mal un peu l'équivalent de ce que nous nommerions la "grande sainteté" dans l'ordre du bien. Les vrais êtres maléfiques accomplis (ou presque) sauraient jouer du clavier des passions humaines comme des organistes chevronnés, pour en arriver à produire le genre de mélodie qu'ils voudraient. Dans le texte de Machen, Ambrose en arrivait à donner comme exemple allégorique de vrai mal produit (maléfice), un peu ce que nous pourrions découvrir un matin en trouvant que les roses du jardin pourraient se mettre à chanter, ou le chien nous parler. Il s'agit d'une allégorie ici. C'est l'idée de la subversion et comme sans que nous puissions bien savoir de qui ça vient. J'entendais cela du père Molinié (un document audio archivé), je pouvais difficilement m'empêcher de songer à ce subvertissement tant voulu par plusieurs (comme par des innocents sans doute) de la morale chrétienne, de la sexualité humaine via cette militance de LGBTQ qui semble pouvoir bénéficier d'une si bonne presse. Il y a de bonnes chances que les clavecinistes champions ou les grands organistes derrière ne seront pas eux des gais ou des lesbiennes ou des trans. On aurait plus de chances de les trouver sous la défroque d'un honnête grand-père, marié avec quinze petits enfants, ne manquant jamais de donner des sous lors de la quête du dimanche. C'est ce que le père Molinié rapportait du texte de Machen. Le "saint" dans l'ordre du mal pouvait être vicieux comme on ne peut pas imaginer, sans pourtant qu'il n'ait commis lui-même aucun crime au sens usuel du terme.
Depuis une dizaine de jours, j'aurai réalisé (horreur !) que la page web du site spécialisé qui archivait ces documents audio n'est plus trouvable. Je suis inconsolable de cela. On parle de centaines d'heures d'enregistrements. Des retraites entières données à des religieux dans les années 1960, 1970; des conférences données dans des dizaines de villes de province, des catéchèses sur les fondements de la foi, des enseignements portant sur des thèmes précis, des analyses de romans mais décortiqués dans une optique chrétienne. Dostoïevski et compagnie.
Carmila- Messages : 4370
Date d'inscription : 22/01/2016
Saint intercesseur : Vierge Marie, Saint-Joseph, Saint Antoine de Padou
- Message n°5
Re: lachasteté et le célibat
Tout à fait d'accord avec toi, qu'il y a des pervers qui paraissent un modèle de droiture et qui sont en réalité de vraies serpents. Et ces gens ne manquent pas de s'arroser d'eau bénit en entrant dans une église.Pilgrim a écrit:ijk a écrit:Le "pauvre" qui tabasse sa femme le soir en rentrant du boulot ou pire encore imaginons un violeur est très certainement comme un petit enfant innocent comparé à quelqu'un de vraiment maléfique mais qui n'a jamais commis un crime (au sens pénal humain)
Cette remarque me rappelle un petit compte-rendu que le défunt père Molinié faisait à propos du mal. Lors d'un enseignement qu'il donnait jadis : il décortiquait pour le bénéfice de tout le monde un texte d'Arthur Machen et auquel Jacques Bergier faisait allusion dans Le matin des magiciens.
Ainsi, dans le roman de Machen exploité en renfort pour l'illustration, c'est un des personnages du roman qui discutait fictivement avec Ambrose Bierce. Et ce dernier tentait de lui faire comprendre que la nature du mal n'était pas ce que l'on croyait communément. Ambrose faisait valoir que le mal suprême, le vrai mal diabolique passait à peu près complètement inaperçu d'un peu tout le monde, que les vrais disciples bien appliqués de Satan pouvaient en général jouir de la plus grande des réputations de moralité, de générosité et tout ce qu'on veut (de sainteté même à la limite). Et que ce vrai Mal avec un grand "M" et bien digne de l'enfer ne consistait non pas à violer banalement certaines règles de morale élémentaire. Non, mais plutôt comme le fait d'un joueur d'échec qui maîtriserait mentalement plusieurs coups d'avance sur l'adversaire, et celui-là sera capable de mettre en place les conditions qui vont faire en sorte que quelque chose de l'ordre voulu par Dieu sera subverti. Il disait qu'il pouvait exister dans le mal un peu l'équivalent de ce que nous nommerions la "grande sainteté" dans l'ordre du bien. Les vrais êtres maléfiques accomplis (ou presque) sauraient jouer du clavier des passions humaines comme des organistes chevronnés, pour en arriver à produire le genre de mélodie qu'ils voudraient. Dans le texte de Machen, Ambrose en arrivait à donner comme exemple allégorique de vrai mal produit (maléfice), un peu ce que nous pourrions découvrir un matin en trouvant que les roses du jardin pourraient se mettre à chanter, ou le chien nous parler. Il s'agit d'une allégorie ici. C'est l'idée de la subversion et comme sans que nous puissions bien savoir de qui ça vient. J'entendais cela du père Molinié (un document audio archivé), je pouvais difficilement m'empêcher de songer à ce subvertissement tant voulu par plusieurs (comme par des innocents sans doute) de la morale chrétienne, de la sexualité humaine via cette militance de LGBTQ qui semble pouvoir bénéficier d'une si bonne presse. Il y a de bonnes chances que les clavecinistes champions ou les grands organistes derrière ne seront pas eux des gais ou des lesbiennes ou des trans. On aurait plus de chances de les trouver sous la défroque d'un honnête grand-père, marié avec quinze petits enfants, ne manquant jamais de donner des sous lors de la quête du dimanche. C'est ce que le père Molinié rapportait du texte de Machen. Le "saint" dans l'ordre du mal pouvait être vicieux comme on ne peut pas imaginer, sans pourtant qu'il n'ait commis lui-même aucun crime au sens usuel du terme.
Depuis une dizaine de jours, j'aurai réalisé (horreur !) que la page web du site spécialisé qui archivait ces documents audio n'est plus trouvable. Je suis inconsolable de cela. On parle de centaines d'heures d'enregistrements. Des retraites entières données à des religieux dans les années 1960, 1970; des conférences données dans des dizaines de villes de province, des catéchèses sur les fondements de la foi, des enseignements portant sur des thèmes précis, des analyses de romans mais décortiqués dans une optique chrétienne. Dostoïevski et compagnie.
Il y a de tout dans un monde.
Mais, est-ce qu'il faut ne plus parler d'avortement du droit de l'enfant à avoir un Père (de le connaître) est-ce qu'il faut ne plus discuter du mariage pour tous etc..
Parce que l'on sait qu'il y a des pervers partout. Si il y a des pervers dans les personnes qui semblent avoir une vie droite, il y a aussi des pervers dans les autres aussi. Il me semble.
aquafina- Messages : 156
Date d'inscription : 09/01/2021
- Message n°6
Re: lachasteté et le célibat
Merci de ta réponse, j'aime bien que tu dises que beaucoup de saints à travers l'histoire furent des pères et des mères de familles ca je suis mères de famille justement. Amicalement AquafinaEmmanuel a écrit:Bonjour @aquafina,
Cela dépend de ce que tu entends par l'expression "chaste et pur".
Il n'est pas nécessaire d'être vierge pour être proche de Dieu.
Beaucoup de saints à travers l'histoire furent des pères et des mères de famille.
Il est possible de posséder une pureté et une chasteté intérieure dans ces états de vie.
Inversement, certaines personnes physiquement "vierges" ne sont pas proches du tout de la sainteté, car elles cultivent en leurs cœurs toutes sortes de mauvaises passions.
Je ne sais pas si ceci répond à ton questionnement, mais n'hésite-pas à préciser ta pensée si nécessaire.
Amicalement,
Emmanuel
Pilgrim- Messages : 762
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Montréal (Canada)
Idéal : Vivre dès maintenant du bonheur des élus
Saint intercesseur : Notre Dame, saint Joseph, saint Martin de Tours, saint François de sales,
- Message n°7
Re: lachasteté et le célibat
Merci, Carmila.
Tout à fait.
Parce que l'on sait qu'il y a des pervers partout. Si il y a des pervers dans les personnes qui semblent avoir une vie droite, il y a aussi des pervers dans les autres aussi. Il me semble.
Tout à fait.
Pilgrim- Messages : 762
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Montréal (Canada)
Idéal : Vivre dès maintenant du bonheur des élus
Saint intercesseur : Notre Dame, saint Joseph, saint Martin de Tours, saint François de sales,
- Message n°8
Re: lachasteté et le célibat
"Pourquoi l'Église fait-elle si grand cas de la chasteté ?"
par
P. Frédéric Louzeau,
professeur de théologie à la faculté
Notre-Dame aux Bernardins
et vicaire à la paroisse
Saint-François de Molitor à Paris
P. Frédéric Louzeau, "Pourquoi l'Église fait-elle si grand cas de la chasteté ?" in Sophie de Villeneuve (dir.), Y a-t-il un catho dans la salle ?, Bayard Éditions, 2017, p. 96
par
P. Frédéric Louzeau,
professeur de théologie à la faculté
Notre-Dame aux Bernardins
et vicaire à la paroisse
Saint-François de Molitor à Paris
Tiré de :"J'aimerais d'abord réagir à la manière dont la question est formulée. Je ne suis pas sûr que l'Église fasse si grand cas de la chasteté ! Si on ouvre le Catéchisme de l'Église catholique, on trouve deux pages sur la chasteté, dans la troisième partie consacrée à l'éthique chrétienne, c'est à dire la façon de vivre l'Évangile. C'est plutôt l'opinion commune qui fait grand cas de la chasteté, en ne retenant du discours de l'Église que les questions d'éthique sexuelle.
La chasteté est tout de même difficile à comprendre. Dans les Actes des Apôtres, à la fin de sa vie, saint Paul est prisonnier à Césarée. Le gouverneur Félix, et sa femme, font venir Paul pour qu'il leur parle de la foi chrétienne. Paul parle, ils sont fascinés, et vient un moment ou Paul se met à discourir sur la justice, la chasteté et le jugement à venir. A ce moment-là, Félix prend peur et stoppe la catéchèse de Paul. Ce n'est pas d'aujourd'hui que la chasteté est l'un des points les plus difficiles de l'enseignement du christianisme.
En fait, il y a un problème de vocabulaire. Dans l'oreille commune, quand on entend "chasteté", on comprend l'abstinence sexuelle. Or quand l'Église parle de chasteté , elle parle d'une vertu morale qui s'adresse à tous, pas seulement aux religieux. Le voeu de chasteté chez les moines et les moniales se prononce dans le cadre du célibat consacré. Mais qu'on soit célibataire consacré ou non, que l'on soit époux ou épouse, la chasteté nous concerne tous. C'est une disposition intérieure que l'on acquiert ou que l'on perd progressivement dans sa vie, selon les actes, chastes ou non chastes, que l'on pose.
Si je devais résumer ce qu'est la chasteté, je dirais que c'est une vertu qui règle et harmonise les rapports entre les personnes, notamment les rapports d'affection, d'amour ou d'amitié. C'est une vertu qui nous aide à considérer chaque être que nous rencontrons, avec qui nous parlons, comme une personne dont on ne peut pas se saisir. C'est considérer la personne non pas comme un objet que l'on pourrait utiliser pour son plaisir, mais comme un sujet unique, doté de liberté.
Cela signifie qu'on ne peut aborder l'autre, même dans l'étreinte sexuelle entre époux, qu'avec un immense respect pour le mystère qu'il constitue. Quand nous ne développons pas cette vertu en nous, nous utilisons les personnes que nous rencontrons, et même notre femme, notre mari, nos enfants ...
Une mère de famille peut être non chaste avec ses enfants. Les parents peuvent, par des questions indiscrètes, entrer dans l'intimité de l'enfant, dans sa vie affective ou amoureuse.
Cette vertu de chasteté est essentielle à développer, parce qu'elle permet de nouer des relations d'amitié ou d'amour justes, belles, épanouissantes. Si on ne la développe pas, très rapidement, on ne peut plus entretenir de relation désintéressée avec personne. C'est le début de l'enfer, parce qu'on ne peut plus mettre en oeuvre cette vocation profonde qui est la nôtre, d'être des êtres de communion.
[...]
En tant que prêtre, je n'ai pas prononcé le voeu de chasteté, mais je suis appelé à la vivre avec toutes les personnes qui m'entourent. C'est capital. Littéralement, le prêtre prononce un voeu de célibat. Il ne se mariera pas, par amour pour le Seigneur Jésus. Mais la question de la chasteté n'en est pas moins importante pour lui, d'abord parce que n'étant pas ermite, il croise des hommes et des femmes. Comme être humain et comme chrétien, le prêtre doit développer cette relation ajustée avec les personnes qu'il rencontre. Et, parce qu'il est pasteur, il lui faut d'autant plus veiller à respecter chaque personne dans le mystère de son être, parce qu'on attend du prêtre qu'il soit un autre Christ, qui ne met pas la main sur les gens pour son profit personnel, mais les conduit dans le mystère de Dieu, dans ce regard que Dieu pose sur eux et qui est unique. Le prêtre est, je crois, dans la communauté ecclésiale, l'un des plus concernés par la question de la chasteté. D'autant plus qu'il est en position d'autorité pastorale.
La théologie morale dit que l'on progresse dans cette vertu en exerçant davantage ses actes de chasteté, en commençant par exemple par baisser le regard devant certaines personnes, ce qui est tout simple. Et puis on progresse aussi dans la prière et dans les sacrements, à travers lesquels la grâce du Christ nourrit de l'intérieur. Par exemple, en contemplant dans la prière comment Jésus regardait les femmes, comment il se comportait avec elles, sa délicatesse vis à vis de la Samaritaine. Pour moi, prêtre, faire souvent cette contemplation est essentielle. C'est la chasteté du Christ qui, à travers la prière, la communion, la confession, vient investir de sa présence ma propre chasteté toujours défaillante et fragile.
A mes yeux, ce qui nourrit le plus une vertu morale, c'est la contemplation de l'humanité du Christ."
P. Frédéric Louzeau, "Pourquoi l'Église fait-elle si grand cas de la chasteté ?" in Sophie de Villeneuve (dir.), Y a-t-il un catho dans la salle ?, Bayard Éditions, 2017, p. 96
aquafina- Messages : 156
Date d'inscription : 09/01/2021
- Message n°9
Re: lachasteté et le célibat
Merci, de votre réponse, c'est très éclairant! AquafinaPilgrim a écrit:"Pourquoi l'Église fait-elle si grand cas de la chasteté ?"
par
P. Frédéric Louzeau,
professeur de théologie à la faculté
Notre-Dame aux Bernardins
et vicaire à la paroisse
Saint-François de Molitor à Paris
Tiré de :"J'aimerais d'abord réagir à la manière dont la question est formulée. Je ne suis pas sûr que l'Église fasse si grand cas de la chasteté ! Si on ouvre le Catéchisme de l'Église catholique, on trouve deux pages sur la chasteté, dans la troisième partie consacrée à l'éthique chrétienne, c'est à dire la façon de vivre l'Évangile. C'est plutôt l'opinion commune qui fait grand cas de la chasteté, en ne retenant du discours de l'Église que les questions d'éthique sexuelle.
La chasteté est tout de même difficile à comprendre. Dans les Actes des Apôtres, à la fin de sa vie, saint Paul est prisonnier à Césarée. Le gouverneur Félix, et sa femme, font venir Paul pour qu'il leur parle de la foi chrétienne. Paul parle, ils sont fascinés, et vient un moment ou Paul se met à discourir sur la justice, la chasteté et le jugement à venir. A ce moment-là, Félix prend peur et stoppe la catéchèse de Paul. Ce n'est pas d'aujourd'hui que la chasteté est l'un des points les plus difficiles de l'enseignement du christianisme.
En fait, il y a un problème de vocabulaire. Dans l'oreille commune, quand on entend "chasteté", on comprend l'abstinence sexuelle. Or quand l'Église parle de chasteté , elle parle d'une vertu morale qui s'adresse à tous, pas seulement aux religieux. Le voeu de chasteté chez les moines et les moniales se prononce dans le cadre du célibat consacré. Mais qu'on soit célibataire consacré ou non, que l'on soit époux ou épouse, la chasteté nous concerne tous. C'est une disposition intérieure que l'on acquiert ou que l'on perd progressivement dans sa vie, selon les actes, chastes ou non chastes, que l'on pose.
Si je devais résumer ce qu'est la chasteté, je dirais que c'est une vertu qui règle et harmonise les rapports entre les personnes, notamment les rapports d'affection, d'amour ou d'amitié. C'est une vertu qui nous aide à considérer chaque être que nous rencontrons, avec qui nous parlons, comme une personne dont on ne peut pas se saisir. C'est considérer la personne non pas comme un objet que l'on pourrait utiliser pour son plaisir, mais comme un sujet unique, doté de liberté.
Cela signifie qu'on ne peut aborder l'autre, même dans l'étreinte sexuelle entre époux, qu'avec un immense respect pour le mystère qu'il constitue. Quand nous ne développons pas cette vertu en nous, nous utilisons les personnes que nous rencontrons, et même notre femme, notre mari, nos enfants ...
Une mère de famille peut être non chaste avec ses enfants. Les parents peuvent, par des questions indiscrètes, entrer dans l'intimité de l'enfant, dans sa vie affective ou amoureuse.
Cette vertu de chasteté est essentielle à développer, parce qu'elle permet de nouer des relations d'amitié ou d'amour justes, belles, épanouissantes. Si on ne la développe pas, très rapidement, on ne peut plus entretenir de relation désintéressée avec personne. C'est le début de l'enfer, parce qu'on ne peut plus mettre en oeuvre cette vocation profonde qui est la nôtre, d'être des êtres de communion.
[...]
En tant que prêtre, je n'ai pas prononcé le voeu de chasteté, mais je suis appelé à la vivre avec toutes les personnes qui m'entourent. C'est capital. Littéralement, le prêtre prononce un voeu de célibat. Il ne se mariera pas, par amour pour le Seigneur Jésus. Mais la question de la chasteté n'en est pas moins importante pour lui, d'abord parce que n'étant pas ermite, il croise des hommes et des femmes. Comme être humain et comme chrétien, le prêtre doit développer cette relation ajustée avec les personnes qu'il rencontre. Et, parce qu'il est pasteur, il lui faut d'autant plus veiller à respecter chaque personne dans le mystère de son être, parce qu'on attend du prêtre qu'il soit un autre Christ, qui ne met pas la main sur les gens pour son profit personnel, mais les conduit dans le mystère de Dieu, dans ce regard que Dieu pose sur eux et qui est unique. Le prêtre est, je crois, dans la communauté ecclésiale, l'un des plus concernés par la question de la chasteté. D'autant plus qu'il est en position d'autorité pastorale.
La théologie morale dit que l'on progresse dans cette vertu en exerçant davantage ses actes de chasteté, en commençant par exemple par baisser le regard devant certaines personnes, ce qui est tout simple. Et puis on progresse aussi dans la prière et dans les sacrements, à travers lesquels la grâce du Christ nourrit de l'intérieur. Par exemple, en contemplant dans la prière comment Jésus regardait les femmes, comment il se comportait avec elles, sa délicatesse vis à vis de la Samaritaine. Pour moi, prêtre, faire souvent cette contemplation est essentielle. C'est la chasteté du Christ qui, à travers la prière, la communion, la confession, vient investir de sa présence ma propre chasteté toujours défaillante et fragile.
A mes yeux, ce qui nourrit le plus une vertu morale, c'est la contemplation de l'humanité du Christ."
P. Frédéric Louzeau, "Pourquoi l'Église fait-elle si grand cas de la chasteté ?" in Sophie de Villeneuve (dir.), Y a-t-il un catho dans la salle ?, Bayard Éditions, 2017, p. 96