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Spécifications historiques à propos du célibat sacerdotalNous avons entendu quelques fois dans différents forums, sites et blogues, l'argument à l'effet que le célibat des prêtres serait une nouveauté relativement récente dans l'Église, et que cette mesure remonterait à l'an 1200, environ.Doctrinalement parlant, il n'est pas impossible de recevoir le Sacrement de l'Ordre, étant marié. Il faut cependant une autorisation spéciale du Pape pour ce faire. En vérité, depuis les premiers siècles de l'Église, celle-ci s'est montrée constante dans ses instructions et aspirations, qui émanaient des paroles et des actes mêmes du Christ, de même que de ce que l'Esprit-Saint disait à l'Église.Voici un petit récapitulatif historique sur le sujet.Dès les premiers siècles de l'Église, tous les prêtres, évêques et diacres suivaient une discipline stricte: La première prescription connue en la matière est un canon du Concile d'Elvire, tenu en Espagne, vers 306 : « Les évêques, prêtres, diacres et autres personnes occupant un ministère doivent s'abstenir totalement de rapports sexuels avec leur femme et de procréer des enfants. Quiconque désobéirait serait exclu de sa position. »[7]. Cette directive est étendue lorsque le premier concile œcuménique, le concile de Nicée, en 325, prescrit dans son 3e canon : « Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé, d'avoir avec eux une sœur-compagne, à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon. »[8].
Le célibat ecclésiastique a ensuite connu une évolution différente dans les églises d'Orient et d'Occident : « Le célibat ecclésiastique qui, du Ier au IVe siècle, avait été en honneur sans être obligatoire, tomba du IVe au XIIe siècle sous le coup de lois très précises et beaucoup plus rigoureuses en Occident qu’en Orient : tout l’Occident reste en effet très ferme à proclamer que les évêques, prêtres et diacres mariés doivent s’abstenir de tous rapports conjugaux. Le mariage est interdit aux Clercs déjà engagés dans les ordres »[9].
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9libat#Dans_le_catholicismeMême avant le Concile d'Elvire, cité ci-dessous, la Tradition penche vers une application générale du célibat sacerdotal, dès les temps apostoliques. Le Concile ne fera que confirmer ce qui était pratique courante.À propos des Apôtres: Quel que soit leur état de vie avant leur vocation, les Pères affirment avec la même assurance, interprétant l’Évangile, que tous les apôtres ont pratiqué la continence parfaite en suivant Jésus. Cette unanimité des Pères permet de faire une herméneutique autorisée des passages évangéliques faisant allusion au renoncement des Apôtres comme par exemple celui-ci : Alors Pierre lui dit : « Voilà que nous, en quittant tout ce qui nous appartenait, nous t'avons suivi. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne n'aura quitté à cause du Royaume de Dieu une maison, une femme, des frères, des parents, des enfants, sans qu'il reçoive en ce temps-ci bien davantage et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » Ce sentiment commun des Pères est l’expression de la mémoire collective des Églises apostoliques dont la prédication fut un écho de l’exemple que les Apôtres ont laissé aux générations futures. Cela constitue, pour les catholiques, un solide argument de tradition.
Le concile d’Elvire
Le concile d’Elvire s’est tenu à l’aube du IVe siècle, probablement aux alentours de 305, pour clarifier et raviver des domaines importants de la discipline de l’Église d’Espagne qui ont été abandonnés durant les persécutions.
« On est tombé d’accord sur l’interdiction totale faite aux évêques, aux prêtres et aux diacres, c’est-à-dire à tous les clercs employés au service de l’autel, d'avoir, de commercer avec leurs épouses et de procréer des enfants ; cependant, celui qui l’aura fait devra être exclu de l’état clérical. » (XXXIIIème canon)
Une lecture attentive du concile d’Elvire, à la lumière de la conception du droit de cette époque et des fins que ce concile poursuivait, laisse paraître de nombreux indices pour infirmer l’opinion des nombreux auteurs contemporains, qui a la suite de Funk, ont vu dans ce canon une loi nouvelle en rupture avec la discipline antérieure. En effet, en imaginant que ce fut le cas, l’absence de rappel de la discipline antérieure abrogée, l’absence d’explication de cette mesure sévère imposant à des époux la rude ascèse de la continence ainsi que l’absence de protestation à l’encontre d’une loi à effet rétroactif concernant autant de monde, sont des lacunes inconcevables.
Ces silences, en revanche, deviennent compréhensibles si ce canon n’est autre qu’une réitération d’une loi antérieure, ou même la première formulation écrite d’une tradition jusqu’alors orale, qu’il a fallu réaffirmer compte tenu d’une inobservance largement répandue.
Le Concile de Nicée (325)
Premier concile œcuménique, le premier concile de Nicée a été réuni pour définir la doctrine christologique de l’Église et répondre ainsi à l’erreur arienne. La réunion de nombreux évêques fut aussi l’occasion de statuer une vingtaine de canons disciplinaires, parmi lesquels le troisième aborde notre sujet.
Canon 3 : « Des femmes qui cohabitent avec des clercs » « Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé d'avoir avec eux une femme « co-introduite », à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon. »
Ce canon ne mentionne pas les épouses, qui par conséquent ne peuvent plus cohabiter avec leurs maris après leur ordination. Celles-ci étaient prises en charge par l’Église, qu’elles entrent soit dans un couvent de religieuses, soit dans une communauté de femmes créée à cet effet par l’Église. L’objectif de cette mesure est clairement de protéger la continence des clercs et leur réputation. Cette interprétation traditionnelle est d’autant plus plausible que sont nommés les évêques qui ont toujours, en Occident et en Orient, été soumis à cette discipline, sans aucune exception.
Quant à la prétendue intervention de Paphnuce, qui aurait dissuadé les Pères du concile d’interdire aux clercs d’avoir des relations conjugales avec leurs épouses, les études historiques récentes ont prouvé avec certitude qu’elle n’était qu’une fable.
Texte complet avec étude scientifique approfondie des documents historiques. À lire pour tous ceux qui auraient des doutes. La tradition du célibat, conclut cette longue étude, remonte aux temps apostoliques, et non à l'an 1200. La règle de 1200 n'a fait que confirmer ce qui avait déjà été déterminé dans les conciles précédents et qui était pratique normale dans l'Église, avec plus de clarté et de force encore. La réforme grégorienne
Les XIe et XIIe siècles occidentaux connurent l’une des plus graves crises de la discipline de la continence des clercs. Le système des bénéfices, lié à la féodalité, avait pénétré l’Église. Un bénéfice était attaché à toutes les charges, petites et grandes. Il était attribué par des laïcs habilités à la faire et ne pouvait être que très difficilement – voire absolument pas – retiré. Ce système offrait des charges d’abbés, d’évêques ou de curé à des candidats indignes ou mal préparés, davantage attirés par le bénéfice que le service qui leur incombait. Deux abus se généralisaient : la simonie ou l’achat des charges spirituelles et la transgression de la continence des clercs. Les papes à partir de Léon IX (1049-1054) entreprirent un grand mouvement de réforme qui portera le nom de « réforme grégorienne » bien qu’il se poursuivit après le pontificat de Grégoire VII (1073-1085). Il serait trop long d’énumérer toutes les mesures prises durant ce véritable combat pour rétablir l’ordre et l’antique discipline. Relevons seulement deux points saillants de cette période. Nous avons vu que l’Église durant ce premier millénaire « recrutait » ses prêtres en grand nombre, si ce n’est majoritairement, parmi les hommes mariés. La réforme grégorienne, soucieuse de maîtriser davantage la discipline de la continence et d’en faciliter la pratique, s’appliquera à mieux choisir et former les candidats au sacerdoce et renoncera petit à petit à admettre aux ordres des hommes mariés. Cette dernière mesure avait en plus l’avantage de régler le problème des héritages des charges et des bénéfices et de l’entretien des épouses. Une interprétation courante de ces faits, consiste à affirmer que l’Église a imposé le célibat aux prêtres pour l’unique motif de récupérer ces héritages. D’autre part, le deuxième concile du Latran (1139) statua solennellement que le mariage des clercs majeurs et des profès solennels était non seulement illicite mais invalide. Une mauvaise compréhension de ce fait a propagé l'idée selon laquelle c’est ce concile qui aurait introduit le célibat des clercs alors qu’en réalité il se contente de déclarer invalide un mariage conclu en violation d’une interdiction déjà ancienne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9libat_sacerdotal_dans_l'%C3%89glise_catholique[/info]