Bonjour
@Myriam,
Il est très dur de juger les suicidés. Sont-ils sauvés ? Condamés à l'Enfer ? Envoyés au Purgatoire pour un temps plus ou moins long ? Seul Dieu peut le dire, et nous ne pouvons pas savoir ce qu'il s'est passé entre la tentative de suicide et la mort effective de la personne qui attente à sa vie.
Je peux dire ceci : le suicide est un péché grave, pour trois raisons.
La première, la plus évidente, c'est qu'
on se fait du mal à nous-mêmes. On se tue, on s'ôte la vie. D'un point de vue chrétien, ce n'est pas ce que Dieu nous demande. La vie, le Seigneur nous l'a offerte en cadeau : c'est à nous de la faire fructifier, jusqu'à ce que le Christ nous rappelle à lui. Elle est d'autant plus précieuse que nous n'en avons qu'une et que la réincarnation n'existe pas ; en plus, notre vie terrestre prépare notre vie éternelle.
La deuxième raison, c'est qu'
on blesse notre prochain. Pour moi, cette raison est encore plus grave que la première. On ne se rend pas compte du mal qu'on peut faire à nos proches en se suicidant. On les consterne, on les plonge dans le désarroi, dans le doute, dans le remord de n'avoir rien vu. On les enferme dans la tristesse, parfois dans le désespoir. Et cette blessure qu'on inflige à notre famille, à nos amis, à nos connaissances est terrible car on la voit dans l'autre vie. Nous voyons toute la souffrance que nous infligeons à notre prochain, or on ne peut plus s'expliquer, les soulager, ou les consoler quand on passe de l'autre côté. On ne peut pas faire marche arrière, et c'est seulement là qu'on porte un regard totalement différent sur la vie que nous avons vécue, sur nos affections et sur les personnes qui nous entourait.
Enfin, la troisième raison qui condamne le suicide, c'est qu'
on blesse Dieu. Il est un Père qui nous donne la vie, puisque c'est lui qui crée notre âme. Quand nous nous tuons, nous rejetons tout d'abord son cadeau puisqu'on refuse de vivre ici bas. Ensuite, nous manquons de confiance en lui, puisque nous croyons tout savoir. Nous jugeons
nous que notre vie ne vaut plus la peine d'être vécue, et enfermé dans notre orgueil, dans notre jugement, nous ne pensons pas à être humble et à lui demander son aide, comme nous ne demandons pas celle de nos proches.
On blesse donc Dieu, notre âme, et notre prochain. C'est pour toutes ces raisons que le suicide est fortement condamné par le christianisme.
Maintenant,
personne ne peut juger une âme. Seul le Seigneur peut dire où elle est pour l'éternité. Il est vrai qu'un péché grave, fait en pleine conscience, avec notre pleine volonté, est un péché mortel et peut nous conduire en Enfer. Mais en vérité, une pensée de repentir peut traverser l'esprit même quand on agonise, et une mauvaise connaissance spirituelle peut atténuer la gravité d'un péché.
C'est pourquoi je pense sincèrement que des suicidés peuvent être au Purgatoire, et que celui-ci peut être adouci si par exemple, l'âme n'avait aucun soutien moral ou spirituel. Mais elle devra quand même expier pour l'amour divin et surnaturel qu'elle n'aura pas donné à elle-même, à ses proches et à Dieu.
Enfin, j'ajoute qu'entre la tentative de suicide et la mort effective de l'âme, une pensée de repentir peut toujours passer par l'esprit de la personne concernée, et elle peut donc recevoir le pardon de Dieu au dernier moment. C'est si elle persiste dans l'orgueil, dans la haine de soi et des autres, que cela peut être plus dangereux pour son salut éternel.
Je me permets d'ajouter également ces deux courtes citations de l'Oeuvre de Maria Valtorta :
Il n’est jamais trop tard pour le Très-Haut. En un instant et en raison de la persévérance d’une prière, il peut changer le cours des événements. De la coupe aux lèvres, il y a encore du temps pour que la mort insinue son poignard et pour empêcher de boire celui qui approchait la coupe de ses lèvres, et cela par l’intervention de Dieu » (
EMV 505.4).
Entre la coupe et les lèvres, dit le proverbe, il y a toujours place pour la mort. Moi, je dis au contraire :
entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons » (
EMV 519.2)
Pour votre tante, je ne peux pas la juger mais je vous invite à prier pour elle
Si elle est au Purgatoire, elle vous sera très reconnaissante pour vos prières, si elle est au Ciel, vos prières serviront à d'autres âmes dans le besoin.
A titre personnel, je pense qu'on doit offrir notre vieillesse et toutes les croix qui l'accompagnent, car on peut offrir toutes nos souffrances et nos épreuves quotidiennes à Dieu pour le salut des âmes. En plus, Dieu ne nous abandonne jamais (on n'est donc jamais seul) et chaque fois que quelqu'un nous aide, il accomplit un acte de charité. C'est donc une nouvelle perle, un nouveau diamant, un rubis, un saphir qui se rajoute à notre couronne éternelle chaque fois qu'on accomplit un acte d'amour. Quant à nous, accepter nos handicaps physiques et nous en remettre à Dieu et à nos proches, c'est un acte d'humilité, de confiance et d'abandon, ô combien appréciés par le Seigneur. Ca n'épargne pas la souffrance, mais toute épine se changera en fleur au Paradis éternel.
Mais je peux avoir cette vision des choses parce que j'ai la foi : je comprends que, pour celles qui ne sont pas croyantes, ce n'est pas si évident...
Prions peut-être pour toutes ces âmes qui se sentes seules, isolées, abandonnées et qui pensent au suicide. Je pense qu'une prière dite avec amour n'est jamais perdue...
Fraternellement,
Anayel
(Je fais un hors sujet, mais je trouve votre avatar magnifique !)