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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Anayel
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Message par Anayel Dim 15 Déc - 16:53

L'Annonciation

16.1 - Voici ce que je vois : Marie, adolescente – quinze ans tout au plus, se tient dans une petite pièce rectangulaire. C’est une vraie chambre de jeune fille. Contre l’un des deux longs murs se trouve le lit, une espèce de couche basse sans bords, couvert de nattes ou de tapis. Comme ces lits sont rigides et ne forment pas de creux comme souvent les nôtres, ils donnent l’impression d’être étendus sur une table ou une claie à roseaux.        

Sur l’autre mur, il y a une étagère avec une lampe à huile, des rouleaux de parchemin, et un travail de couture soigneusement plié qu’on pourrait prendre pour de la broderie.    

De côté, vers la porte ouverte sur le jardin mais couverte d’un voilage qui bouge sous un léger vent, la Vierge est assise sur un tabouret bas. Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, à peine moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau. Son visage juvénile, très beau, est un peu penché, avec un léger sourire, comme si elle caressait ou suivait quelque douce pensée.

Tout est très silencieux dans la maison et dans le jardin. Une grande paix règne aussi bien sur le visage de Marie que dans la pièce. La paix et l’ordre. Tout est propre et bien rangé. Cette pièce, à l’aspect et au mobilier très humbles, est aussi nue qu’une cellule monacale, mais elle a quelque chose d’austère et de royal dû à la propreté et au soin avec lequel sont disposés les étoffes sur le lit, les rouleaux, la lumière et, près de la lampe, le petit broc en cuivre qui renferme une gerbe de rameaux en fleurs, de pêcher ou de poirier, je ne sais trop. Ce sont sûrement des arbres fruitiers, dont les fleurs sont d’un blanc légèrement teinté de rose.  

16.2 - Marie se met à chantonner à voix basse, puis hausse un peu le ton. Sans être un chant à haute voix, c’est déjà une voix qui vibre dans la petite pièce et l’on sent vibrer son âme. Je n’en comprends pas les paroles, ce doit être de l’hébreu. Mais comme elle ré pète de temps en temps : « Jéhovah », je devine qu’il doit s’agir d’un cantique sacré, peut-être d’un psaume. Marie se rappelle probablement les chants du Temple. Ce doit être pour elle un doux souvenir, car elle ramène sur son sein ses mains qui tiennent le fil et le fuseau, puis elle lève la tête et l’appuie contre le mur ; son visage prend des couleurs et ses yeux, perdus dans je ne sais quelle douce pensée, brillent sous l’effet de larmes retenues qui les font paraître plus grands. Et pourtant ces yeux rient, sourient à la pensée qu’ils suivent et qui soustrait la chanteuse à ce qui l’entoure. Le visage de Marie, rose et encadré par les tresses qu’elle porte relevées en couronne sur la tête, ressort sur son vêtement blanc très simple. On dirait une belle fleur.

Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Image010
[1]

Son chant se fait prière :          

« Seigneur, Dieu très-haut, ne tarde pas davantage à envoyer ton Serviteur apporter la paix sur la terre. Suscite le temps favorable et la vierge pure et féconde pour l’avènement de ton Christ. Père, Père saint, accorde à ta servante d’offrir sa vie à cette intention. Accorde-moi de mourir après avoir vu ta lumière et ta justice sur la terre, et avoir su que la Rédemption est accomplie. Père saint, donne à ton peuple celui en qui les prophètes espéraient. Envoie le Rédempteur à ta servante. À l’heure où mon séjour sur terre s’achèvera, que ta demeure s’ouvre à moi, parce que ses portes auront déjà été ouvertes par ton Christ pour tous ceux qui auront espéré en toi. Viens, viens, Esprit du Seigneur, viens chez tes fidèles qui t’attendent. Viens, Prince de la paix ! »        

Marie reste plongée dans sa prière.    

16.3 - La tenture bouge plus fort, comme si quelqu’un faisait un courant d’air par derrière ou la tirait pour l’écarter. Une lumière aussi blanche qu’une perle associée à de l’argent pur éclaire les murs légèrement jaunes, avive les couleurs des tissus, rend plus surnaturel le visage levé de Marie.    

Dans la lumière, et sans même que la tenture se soit ouverte sur le mystère qui s’accomplit – d’ailleurs, elle ne bouge plus, elle pend, bien droite sur ses montants, comme s’il s’agissait d’un mur qui isole l’intérieur de l’extérieur –, l'archange se prosterne.      

Nécessairement, il lui faut prendre une apparence humaine, mais elle transcende l’humain. De quelle chair est formée cette figure superbe, éclatante ? De quelle substance Dieu l’a-t-il matérialisée pour la rendre perceptible aux sens de la Vierge ? Dieu seul peut posséder de telles essences et les utiliser de manière aussi parfaite. Ce sont bien un visage, un corps, des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais sans notre matière opaque. C’est une lumière qui a pris la couleur de la chair, des yeux, des cheveux, des lèvres, une lumière qui bouge, sourit, regarde et parle.        

16.4 - « Je te salue, Marie, pleine de Grâce, je te salue ! [2] »          

La douce musique de sa voix ressemble à des perles lancées sur un métal précieux.  

La Vierge tressaille et baisse les yeux. Elle tressaille encore plus lorsqu’elle voit cet être éclatant agenouillé à un mètre d’elle environ, les mains croisées sur la poitrine, qui la regarde avec une infinie vénération.        

Marie se dresse sur ses pieds et se serre contre le mur. Elle pâlit et rougit tour à tour. Son visage exprime stupeur et effroi [3]. Inconsciemment, elle serre les mains sur son sein et les rentre dans ses longues manches.      

Elle se penche presque pour cacher le plus possible son corps, en un geste de douce pudeur.    
« Non, ne crains pas. Le Seigneur est avec toi ! Tu es bénie entre toutes les femmes. »  

Mais Marie a encore peur. D’où vient cet être extraordinaire ? Est-ce un envoyé de Dieu ou du Trompeur ?    

« Ne crains pas, Marie, répète l’archange. Je suis Gabriel, l’ange de Dieu. Mon Seigneur m’a envoyé à toi. Ne crains pas, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas concevoir un fils dans ton sein, tu l’enfanteras et tu lui donneras le nom de “Jésus”. Il sera grand, on l’appellera Fils du Très-Haut (ce qu’il sera effectivement) ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Toi, la sainte Vierge bien-aimée du Seigneur, sa fille bénie, toi qui es appelée à être la mère de son Fils, comprends quel Fils tu vas engendrer.

– Comment cela peut-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? Est-ce que le Seigneur Dieu n’accueille plus l’offrande de sa servante et ne veut pas que je sois vierge par amour de lui [4] ?          

– Ce n’est pas par l’action d’un homme que tu seras mère, Marie. Tu es la Vierge éternelle, la Sainte de Dieu. L’Esprit Saint descendra en toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui naîtra de toi sera dit saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. Elisabeth, la femme stérile, a conçu dans sa vieillesse un fils qui sera le prophète de ton Fils, celui qui lui préparera le chemin. Le Seigneur a levé son opprobre et son souvenir restera uni à ton nom parmi les peuples, comme le nom de son enfant à celui de ton Fils saint ; jusqu’à la fin des temps, les nations vous diront bienheureuses en raison de la grâce du Seigneur qui vous a été accordée, et tout spécialement à toi, ainsi qu’aux nations par ton intermédiaire. Élisabeth en est déjà à son sixième mois, et le poids qu’elle porte fait monter en elle la joie, et plus encore quand elle connaîtra la tienne. Rien n’est impossible à Dieu, Marie, pleine de grâce. Que dois-je dire à mon Seigneur ? Qu’aucune pensée ne te trouble. Il veillera sur tes intérêts si tu lui fais confiance. Le monde, le ciel, l’Eternel attendent ta réponse ! »

À son tour, Marie croise les mains sur sa poitrine, s’incline profondément, et dit :        

« Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa parole. »

L'Ange étincelle de joie. Il adore, parce qu’il voit sûrement l'Esprit de Dieu s'abaisser sur la Vierge, prosternée pour donner son accord. Puis il disparaît, sans faire bouger la tenture qu'il laisse tirée sur ce saint mystère.

[1] Dessin réalisé par Lorenzo Ferri sur les indications de Maria Valtorta.

[2] Il est intéressant de rapprocher le texte de Maria Valtorta de l’Évangile Luc 1,26-38, pour en bien comprendre toute la signification. C’est là un des nombreux points où les révélations reçues par Maria Valtorta, se mettent au service de la profondeur et de l’authenticité des Évangiles canoniques.

[3] Les Carnets, 1948, sans autre date :  

"La Vierge le savait-elle ?

Non. “À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation” (Luc 1, 29).        

Marie dit à l’ange : “Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ?” Si elle l’avait su, elle ne se serait pas troublée à cette salutation, et elle ne se serait pas demandé ce que cela voulait dire. Elle aurait simplement pensé : “Voici venue l’heure de la conception du Verbe, dans mon sein, par l’opération du Saint-Esprit.”        

C’est précisément parce qu’elle ne sait rien qu’elle demande comment il lui est possible de devenir mère, puisqu’elle ne connaît pas d’homme. Cette question montre avec évidence que Marie ignorait qu’elle était destinée à la maternité divine, comment et par qui pourrait s’accomplir l’acte qui allait donner chair au Verbe, et de quelle manière.    

Il est vrai que, comme le dit saint Thomas, l’Annonciation fut voulue par Dieu pour obtenir le libre consentement de Marie. Mais il est tout aussi vrai que c’est à l’ange que revint la tâche d’éclairer Marie. Auparavant, elle ignorait tout."

[4] La phrase rapportée par Luc 1, 34 : "Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ?" indique que Marie avait bien fait vœu de virginité. La phrase rapportée par Maria Valtorta est claire, naturelle et logique. Il ne s’agit pas de la phrase naïve d’une fiancée.        
Ce vœu de virginité prouve que Marie n’imaginait pas être la mère du Sauveur. En effet, à l’époque, il semblait évident pour tous que le Messie ne pouvait naître que d’une relation humaine sexuée.

Cela confirme aussi que Marie avait partagé ce vœu avec Joseph car sinon, il n’aurait pas compris sa réserve.
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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Lun 16 Déc - 8:33

Marie annonce à Joseph la maternité d'Elizabeth et confie à Dieu le soin de justifier la sienne

18.1 - La petite maison de Nazareth m’apparaît ; Marie s’y trouve. Elle est aussi jeune que lorsque l’ange de Dieu lui est apparu. Sa seule vue m’emplit l’âme du parfum virginal de cette demeure, du parfum angélique qui persiste dans cette pièce où l’ange a déployé ses ailes d’or, du parfum divin qui s’est concentré sur Marie pour la rendre mère et qui, maintenant, émane d’elle.

C’est le soir, car les ombres commencent à envahir la pièce où, plus tôt, une si grande lumière était descendue du ciel.

À genoux à côté de son petit lit, Marie prie, les bras croisés sur la poitrine, le visage tout incliné vers la terre. Elle est encore vêtue comme elle l’était au moment de l’Annonciation. Rien n’a changé : le rameau fleuri dans son vase, les meubles rangés de la même façon. Seuls la quenouille et le fuseau sont appuyés dans un coin, la première portant son plumet de filasse, le second avec le fil brillant qui y est enroulé.

Marie cesse de prier et se lève, le visage illuminé comme sous l’effet d’une flamme. Sa bouche sourit, mais une larme fait briller ses yeux bleus.

Elle saisit la lampe à huile qu’elle allume avec une pierre à feu, vérifie que tout est en ordre dans sa petite chambre et remet en place la couverture du lit qui s’était déplacée. Elle ajoute de l’eau dans le vase du rameau fleuri, le met dehors, à la fraîcheur de la nuit, puis rentre, prend la broderie pliée sur le meuble à étagère, la lampe allumée, et sort en fermant la porte.

Elle fait quelques pas dans le jardinet en longeant la maison, puis pénètre dans la petite pièce où j’ai vu [1] l’adieu de Jésus à Marie. Je la reconnais bien, même s’il manque quelque objet qui s’y trouvait alors.

Marie disparaît, emportant la lampe, dans une autre petite pièce voisine, et je reste là avec pour seule compagnie son travail posé sur le coin de la table. J’entends le pas léger de Marie aller et venir, je l’entends remuer de l’eau comme pour laver quelque chose, puis rompre du menu bois – c’est à son bruit que je reconnais que c’est du bois. Je l’entends allumer le feu.

Elle revient ensuite, sort dans le jardin et en rapporte des pommes et des légumes. Elle pose les pommes sur la table, sur un plateau en métal gravé ; à ce qu’il me semble, c’est du cuivre buriné. Elle retourne dans la cuisine (cette pièce était donc bien la cuisine). Maintenant, la flamme du foyer se projette joyeusement par la porte ouverte et fait danser des ombres sur les murs.

Après quelque temps, Marie revient avec un petit pain bis et une tasse de lait chaud. Elle s’assied et trempe des tranches de pain dans le lait. Elle mange tranquillement, lentement. Puis, laissant sa tasse encore à moitié pleine, elle repart dans la cuisine et en rapporte les légumes, sur lesquels elle verse de l’huile, et les mange avec le pain. Elle se désaltère avec du lait, puis prend une pomme et la mange. C’est un repas de fillette.

Tout en mangeant, Marie réfléchit, et sourit à quelque pensée intime. Elle se lève, et tourne les yeux vers les murs à qui elle semble communiquer un secret. De temps à autre, elle devient sérieuse, si ce n’est même triste, puis son sourire renaît.

18.2. On entend frapper à la porte. Marie se lève et ouvre. Joseph entre, et ils se saluent. Puis Joseph s’assied sur un escabeau en face de Marie, de l’autre côté de la table.

Joseph est un bel homme dans la force de l’âge. Il doit avoir trente-cinq ans tout au plus. Ses cheveux châtain foncé et sa barbe de la même couleur encadrent un visage régulier avec deux yeux doux, bruns mais presque noirs. Le front est large et lisse, le nez fin, légèrement arqué, des joues plutôt rondes, mates sans être olivâtres, les pommettes rosées. S’il n’est pas très grand, il est robuste et bien bâti.

Avant de s’asseoir, il a enlevé son manteau : c’est le premier de ce genre que je vois, car il est de forme ronde, fermé au cou par un crochet ou quelque chose comme ça, avec un capuchon. Il est marron clair et d’une étoffe imperméable de laine grège. On dirait un manteau de montagnard, conçu pour résister aux intempéries.

18.3 - Toujours avant de s’asseoir, il offre à Marie deux œufs et une grappe de raisin, un peu avancé mais bien conservé. Il dit en souriant :

« On me l’a apporté de Cana. Quant aux œufs, c’est le centurion qui me les a donnés en remerciement d’une réparation que j’ai faite à son char. Une roue s’était cassée et leur ouvrier est malade. Ils sont frais. Il les a pris dans son poulailler. Bois-les, ils te feront du bien.

– Demain Joseph, maintenant, j’ai déjà mangé.

– Mais tu peux prendre le raisin. Il est bon, aussi sucré que du miel. Je te l’ai apporté avec précaution pour ne pas l’abîmer. Mange-le, il y en a encore. Je t’en apporterai demain dans un petit panier. Ce soir, je n’ai pas pu le faire parce que j’arrive directement de la maison du centurion.

– Alors tu n’as pas encore dîné.

– Non, mais cela n’a guère d’importance. »

Marie se lève aussitôt et part dans la cuisine, d’où elle revient avec encore du lait, des olives et du fromage.

« Je n’ai rien d’autre, dit-elle. Prends un œuf. »

Joseph refuse. Les œufs sont pour Marie. Il mange avec appétit son pain et le fromage, il boit le lait encore tiède, puis accepte une pomme. Le repas est terminé.

Marie prend sa broderie après avoir débarrassé la vaisselle de la table. Joseph l’aide et reste dans la cuisine même quand elle en revient. Je l’entends bouger et tout remettre en place. Il ranime le feu, car la soirée est fraîche. À son retour, Marie le remercie.

18.4 - Ils parlent tous deux. Joseph raconte sa journée, il parle de ses neveux, s’intéresse au travail de Marie et à ses fleurs. Il lui promet de lui apporter des fleurs magnifiques que le centurion lui a promises.

« Ce sont des fleurs que nous n’avons pas chez nous. Il les a apportées de Rome. Il m’en a promis des plants. Maintenant que la lune est propice, je vais te les planter. Elles ont de jolies couleurs et sentent bien bon. Je les ai vues l’été dernier, parce qu’elles fleurissent en été. Elles te parfumeront toute la maison. Ensuite, je les taillerai puisque la lune est favorable. C’est le bon moment. »

Marie sourit et le remercie. Un silence. Joseph contemple la tête blonde de Marie penchée sur sa broderie ; c’est un regard d’amour angélique. Sûrement, si un ange pouvait aimer une femme d’un amour d’époux, c’est ainsi qu’il la regarderait.

18.5 - Comme si elle prenait une décision, Marie pose sa broderie sur ses genoux et dit :

« Joseph, j’ai moi aussi quelque chose à te partager. Je n’ai jamais rien à dire, car tu sais comme je vis de manière retirée. Mais aujourd’hui, j’ai une nouvelle. J’ai appris que notre parente Élisabeth, la femme de Zacharie, attend un enfant… »

Joseph écarquille les yeux :

« À son âge ? [2]

– À son âge, répond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout, et il a voulu donner cette joie à notre parente.

– Comment le sais-tu ? Cette nouvelle est-elle sûre ?

– Il est venu un messager, quelqu’un qui ne saurait mentir [3]. Je voudrais aller trouver Élisabeth pour l’aider et lui dire combien je partage sa joie. Si tu le permets…

– Marie, tu es ma femme et moi ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien. Quand voudrais-tu partir ?

Le plus tôt possible. Mais je resterai là-bas quelques mois.

– Je compterai les jours en t’attendant. Pars tranquille, je m’occuperai de la maison et du jardin. Tu trouveras tes fleurs aussi belles que si tu les avais soignées toi-même. Seulement… attends. Il me faut aller avant la Pâque à Jérusalem y acheter quelques objets utiles à mon travail. Si tu attends quelques jours, je t’accompagnerai jusque-là, mais pas plus loin, car il me faut revenir rapidement. Mais nous pouvons faire route ensemble jusque-là. Je serai plus tranquille si je ne te sais pas seule en chemin. Quant au retour, tu me le feras savoir et je viendrai à ta rencontre.

– Tu es si bon, Joseph ! Que le Seigneur te récompense par ses bénédictions et te préserve de toute douleur. Je le prie toujours à cette intention. »

18.6 - Les deux chastes époux se sourient comme des anges. Le silence revient quelque temps, puis Joseph se lève. Il remet son manteau, en relève le capuchon sur sa tête, salue Marie qui se lève elle aussi, et sort.

Marie le regarde sortir. Elle soupire comme si elle avait de la peine. Puis elle lève les yeux vers le ciel. Elle prie certainement. Elle ferme soigneusement la porte, plie la broderie. Puis elle va dans la cuisine, éteint le feu ou le couvre, vérifie que tout est bien rangé. Elle prend la lampe, sort et referme la porte. De sa main, elle protège la petite flamme qui tremble sous le vent froid de la nuit. Elle entre dans sa chambre et prie encore.

C’est ainsi que la vision s’achève.

Commentaire de Marie

18.7 - Marie dit :

« Ma chère fille, à la fin de l’extase qui m’avait comblée d’une joie inexprimable [4], j’ai retrouvé mes sens de la terre ; la première pensée, perçante comme une épine de rose, qui a traversé mon cœur entouré des roses de l’Amour divin devenu mon époux depuis quelques instants, fut la pensée de Joseph.

Je l’aimais désormais, mon saint et prévenant gardien. Depuis le moment où la volonté de Dieu, par l’intermédiaire de la parole de son prêtre [5], avait voulu que je devienne l’épouse de Joseph, j’avais pu connaître et apprécier la sainteté de ce juste. À ses côtés, j’avais senti disparaître mon désarroi d’orpheline et je n’avais plus regretté l’asile du Temple que j’avais perdu.

Il avait pour moi la douceur de mon père disparu. Je me sentais autant en sécurité près de lui qu’auprès du prêtre. Toute hésitation avait disparu, et pas cela seulement : elle s’était tellement éloignée de mon cœur de vierge que je l’avais même oubliée. J’avais compris qu’aucune hésitation, aucune crainte ne se justifiait à l’égard de Joseph. La virginité que j’avais confiée à Joseph [6] était plus en sécurité qu’un enfant dans les bras de sa mère.

18.8 - Mais comment lui apprendre que j’allais être mère ? Je cherchais les mots pour le lui annoncer… difficile recherche ! Je ne voulais pas me flatter du don de Dieu, et je ne pouvais en aucune façon justifier ma maternité sans préciser : “Le Seigneur m’a aimée entre toutes les femmes et de moi, sa servante, il a fait son épouse.” Par ailleurs, je me refusais à le tromper en lui dissimulant mon état.

Mais, pendant que je priais, l’Esprit Saint dont j’étais remplie m’avait conseillé : “Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux.” Quand ? Comment ? Je ne l’avais pas demandé. Je m’étais toujours fiée à Dieu comme une fleur se fie à l’eau qui l’abreuve. Jamais l’Éternel ne m’avait laissée sans son aide. Sa main m’avait soutenue, protégée, guidée jusqu’alors. Il allait encore le faire.

18.9 - Ma fille, comme elle est belle et réconfortante, la foi en notre Bon Dieu éternel ! Il nous prend dans ses bras comme en un berceau, nous porte comme une barque au port lumineux du Bien, nous réchauffe le cœur, nous console, nous nourrit, nous procure repos, joie et lumière, et il nous guide. La confiance en Dieu, c’est tout, et Dieu donne tout à ceux qui mettent en lui leur confiance. Il se donne lui-même.

Ce soir-là, j’ai porté ma confiance de créature à la perfection. Je pouvais désormais le faire, puisque Dieu était en moi. J’avais d’abord eu la confiance de la pauvre créature que j’étais : toujours moins que rien, même si j’étais celle qui est aimée au point d’être l’Immaculée. Mais j’avais maintenant une confiance divine, car Dieu était à moi : mon Époux, mon Fils ! Quelle joie ! Être unie à Dieu ! Non pas pour ma gloire, mais pour l’aimer dans une union totale, et pouvoir lui dire : “ Toi, toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je fais. ”

S’il ne m’avait pas dit : “Tais-toi”, j’aurais peut-être osé, face contre terre, annoncer à Joseph : “ L’Esprit est entré en moi et je porte en moi le Germe de Dieu.” Et il m’aurait cru, parce qu’il m’estime et parce que, comme tous ceux qui ne mentent jamais, il ne pouvait croire que les autres mentent. Oui, pour lui épargner la douleur à venir, j’aurais surmonté ma répugnance à m’attribuer une telle louange. Mais j’ai obéi au commandement de Dieu.

À partir de ce moment et des mois durant, j’ai senti la première blessure me faire saigner le cœur. C’était ma première douleur de corédemptrice. Je l’ai supportée et offerte en réparation, et aussi pour vous donner une règle de vie dans des moments analogues de souffrance lorsque vous devez garder le silence sur un événement qui vous montre sous un jour défavorable à ceux qui vous aiment.

18.10 - Remettez à Dieu la garde de votre bonne réputation et des affections qui vous tiennent à cœur. Méritez par une vie sainte la protection de Dieu, et avancez tranquillement. Même si le monde entier était contre vous, lui vous défendrait auprès de ceux qui vous aiment et fera jaillir la vérité.

Maintenant, ma fille, repose-toi. Et sois toujours davantage ma fille. »

[1] Note de l’éditeur : où j’ai vu… Il s’agit d’un épisode écrit précédemment et que l’on a inséré à sa juste place, dans l’ordre du récit (chap. 44). [...]

[2] Ils étaient stériles et âgés selon Luc 1,5-7.

[3] L’ange Gabriel qui le lui a révélé lors de l’Annonciation.

[4] Celle de l’Annonciation et de la maternité divine.

[5] Cf. Joseph désigné comme époux de la Vierge Marie EMV 12.

[6] Idem.
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Message par Anayel Mar 17 Déc - 8:48

La Visitation. L’arrivée de Marie à Hébron et sa rencontre avec Elizabeth

      21.1 Je me trouve dans une région montagneuse. Ce ne sont pas de grandes montagnes, mais pas non plus des collines. Elles ont déjà des sommets et des vallées comme de vraies montagnes telles qu’on en voit dans nos Apennins tosco-ombriens. La végétation est touffue et belle. On y voit en abondance des eaux fraîches grâce auxquelles les pâturages restent bien verts, et les vergers productifs : presque tous sont plantés de pommiers, de figuiers ou encore, autour des maisons, de vignes. Ce doit être le printemps, car les grains de raisin sont déjà gros comme des vesces, et les pommiers commencent à ouvrir leurs bourgeons qui forment autant de petites boules vertes. Sur les plus hautes branches des figuiers, les premiers fruits sont déjà bien formés. Quant aux prés, ils constituent un véritable tapis moelleux parsemé de mille couleurs. Des brebis y paissent ou se reposent, comme autant de taches blanches sur l’herbe émeraude.

      21.2 Marie, sur son âne, gravit un chemin en assez bon état qui doit être la voie principale. Elle monte, parce que le village, qui a l’air plutôt bien ordonné, est situé plus haut. Mon conseiller intérieur m’indique : « C’est Hébron. » Vous me parliez de Montana. Mais je ne sais ce qu’il en est. C’est ce nom qui m’a été indiqué. Je ne sais si c’est toute la région qui s’appelle Hébron, ou seulement le village. Je vous dis ce que j’entends.

      Marie entre maintenant dans le village. Comme le soir vient, des femmes observent l’arrivée de l’étrangère et papotent. Elles la suivent du regard et ne se calment que lorsqu’elles la voient s’arrêter devant l’une des plus belles maisons, située au centre du village. Elle comprend un jardin devant et, sur les côtés et à l’arrière, un verger bien entretenu. Vient ensuite une vaste prairie qui monte et descend selon les sinuosités du relief, pour finir par un bois de haute futaie ; j’ignore ce qui se trouve plus loin. Toute la propriété est entourée d’une haie de mûriers ou de rosiers sauvages. J’ai du mal à les distinguer puisque, si vous vous en souvenez, la fleur comme les feuilles de ces buissons épineux se ressemblent beaucoup ; d’ailleurs, il est d’autant plus facile de se tromper que les branches ne portent pas encore de fruit. A l’avant de la maison, c’est-à-dire sur le côté qui touche le vil­lage, la propriété est entourée d’un muret blanc sur lequel courent des branches de vrais rosiers, encore sans fleurs mais déjà bien garnies de boutons. Au centre, une grille en fer, fermée. On se rend bien compte que c’est la maison d’un notable du village et de personnes plutôt fortunées : tout y dénote, sinon la richesse et le luxe, du moins l’aisance. L’ordre y règne.

      21.3 Marie descend de son âne et s’approche de la grille. Elle regarde entre les barreaux, mais ne voit personne. Elle cherche alors à manifester sa présence. Une petite femme plus curieuse que les autres qui l’a suivie lui montre un étrange appareil qui sert de cloche. Ce sont deux morceaux de métal fixés sur un axe. Quand on secoue l’axe à l’aide d’une corde, ils battent l’un contre l’autre en tintant comme une cloche ou un gong.

      Marie tire la corde, mais si doucement que cela ne produit qu’un léger tintement que personne n’entend. La femme, une petite vieille tout nez et menton et entre les deux une langue qui en vaut bien dix, s’accroche à la corde et tire à plusieurs reprises. Cela fait un vacarme à réveiller un mort.

      « C’est comme ça qu’il faut faire, femme. Sinon, comment peut-on vous entendre ? Vous savez, Elisabeth est vieille, et Zacharie tout autant. Il est même devenu muet, à présent, et sourd par-dessus le marché. Leurs domestiques aussi sont âgés, vous savez… Vous n’êtes jamais venue ? Vous connaissez Zacharie ? Vous êtes… »

      Mais un petit vieux qui boite vient délivrer Marie de ce déluge de renseignements et de questions ; ce doit être un jardinier ou un paysan car il a un sarcloir à la main, et une serpette à la ceinture. Il ouvre, et Marie entre après avoir remercié la vieille femme, mais… hélas, sans lui avoir donné la moindre réponse ! Quelle déception pour la curieuse…

      A peine à l’intérieur, Marie dit :

      « Je suis Marie, la fille d’Anne et de Joachim, de Nazareth, la cousine de vos maîtres. »

      21.4 Le vieillard s’incline et salue, puis il crie :

      « Sarah, Sarah ! »

      Et il rouvre le portail pour prendre l’âne resté à l’extérieur car Marie, pour se libérer de la femme importune, s’est glissée à l’intérieur aussi vite que possible, et le jardinier, aussi rapide qu’elle, a fermé la grille au nez de la commère. Tout en faisant entrer l’âne, il dit :

      « Ah, il y a dans cette maison un grand bonheur et un grand malheur ! Le Ciel a accordé un enfant à la femme stérile, que le Très-Haut en soit béni ! Mais, il y a sept mois, Zacharie est revenu de Jérusalem muet. Il se fait comprendre par signes ou en écrivant. Peut-être l’aurez-vous appris ? Ma maîtresse a tellement désiré votre présence pour partager avec vous ces joies et ces peines ! Elle ne cessait de parler de vous à Sarah et disait : “ Si j’avais ma petite Marie à mes côtés ! Si elle était encore au Temple ! J’aurais envoyé Zacharie la chercher. Mais voilà, le Seigneur a voulu qu’elle devienne la femme de Joseph de Nazareth. Elle seule pouvait me réconforter d’une telle peine et m’aider à prier Dieu, parce qu’elle est très bonne. Au Temple, tout le monde la pleure. Lors de la dernière fête, lorsque, avec Zacharie, je suis allée pour la dernière fois à Jérusalem remercier Dieu de m’avoir donné un enfant, j’ai entendu ses maîtresses me dire : ‘ Le Temple semble privé de la présence des chérubins de la Gloire depuis que la voix de Marie ne résonne plus entre ces murs. ’ ” Sarah ! Sarah ! Ma femme est un peu sourde, mais viens, viens, je te conduis moi-même. »
   
21.5 A la place de Sarah, c’est une femme très âgée qui apparaît en haut d’un escalier qui flanque un côté de la maison. Déjà toute ridée, elle a les cheveux très grisonnants ; ils ont dû être très noirs, parce que ses cils et ses sourcils le sont encore. D’ailleurs, le teint de son visage le confirme. Contrastant étrangement avec son évidente vieillesse, sa grossesse est déjà fort visible, et cela en dépit de ses vêtements amples et dénoués. Elle regarde en s’abritant les yeux de la main. Dès qu’elle reconnaît Marie, elle lève les bras au ciel avec un “ Oh ! ” étonné et joyeux et se précipite aussi vite qu’elle le peut vers Marie. Marie elle aussi, qui marche toujours si calmement, court maintenant, agile comme un faon, et arrive au pied de l’escalier en même temps qu’Elisabeth. C’est avec de chaleureuses effusions qu’elle reçoit sur son cœur sa cousine, qui pleure de joie en la voyant.

      Elles restent embrassées un instant, puis Elisabeth se dégage en poussant un cri où se mêlent douleur et joie et porte la main sur son gros ventre. Elle penche la tête, pâlit et rougit alternativement. Marie et le serviteur tendent les mains pour la soutenir, parce qu’elle vacille comme si elle se sentait mal.

      Mais après être restée une minute comme recueillie sur soi, Elisabeth lève un visage tellement radieux qu’elle en paraît rajeunie, elle contemple Marie en souriant avec vénération comme si elle voyait un ange, puis s’incline en une profonde salutation en disant :
     
« Bénie es-tu entre toutes les femmes ! Béni est le fruit de ton sein ! (elle le dit bien comme ça : en deux phrases bien séparées). Comment m’est-il donné que vienne à moi, qui suis ta servante, la Mère de mon Seigneur ? Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein et, lorsque je t’ai embrassée, l’Esprit du Seigneur m’a révélé une très haute vérité au fond de mon cœur. Bienheureuse es-tu d’avoir cru qu’à Dieu tout est possible, même ce qui paraît impossible à l’esprit humain ! Bienheureuse es-tu, car ta foi permettra l’accomplissement de ce qui t’a été prédit par le Seigneur et ce qui a été prédit aux prophètes pour notre époque ! Bienheureuse es-tu pour le Salut que tu engendres à la descendance de Jacob ! Bienheureuse es-tu pour avoir apporté la Sainteté à mon fils car, je le sens, il bondit de joie dans mon sein comme un chevreau ! C’est qu’il se sent délivré du poids de la faute, appelé à être le Précurseur, sanctifié dès avant la Rédemption par le Saint qui grandit en toi ! »

      Deux larmes coulent comme des perles des yeux rieurs de Marie vers sa bouche qui sourit. Le visage tourné vers le ciel et les bras levés – dans l’attitude que, tant de fois, son fils Jésus prendra plus tard –, elle s’exclame : « Mon âme magnifie le Seigneur » [1] et poursuit son cantique tel qu’il nous a été transmis [2]. A la fin, au verset : “ Il relève Israël son serviteur ”, etc., elle joint les mains sur son cœur et s’agenouille, prosternée à terre, en adorant Dieu.

      21.6 Le serviteur, qui s’était prudemment éclipsé lorsqu’il s’était rendu compte qu’Elisabeth, non seulement ne se sentait pas mal, mais confiait ses pensées à Marie, revient du verger avec un imposant vieillard dont la barbe et les cheveux sont tout blancs. Par de grands gestes et des sons gutturaux, celui-ci salue Marie de loin.

      « Zacharie arrive » dit Elisabeth en touchant l’épaule de la Vierge absorbée dans sa prière. « Mon Zacharie est muet. Dieu l’a puni de ne pas avoir cru [3]. Je te le raconterai plus tard. Mais maintenant, j’espère le pardon de Dieu, puisque tu es venue, toi, la Pleine de grâce. »

      Marie se lève, s’avance à la rencontre de Zacharie et s’incline devant lui jusqu’à terre. Elle baise le bord du vêtement blanc qui le couvre jusqu’au sol. C’est un vêtement très ample, attaché à la taille par un large galon brodé.

      Par gestes, Zacharie lui souhaite la bienvenue, puis ils re­joignent Elisabeth et pénètrent ensemble dans une grande pièce du rez-de-chaussée, dans laquelle ils font asseoir Marie ; ils lui font servir une tasse de lait tout juste trait – il reste de l’écume – avec de petites galettes.

      Elisabeth donne des ordres à la servante, qui a fini par apparaître, les mains enfarinées et les cheveux encore plus blancs qu’ils ne le sont en réalité à cause de la farine dont ils sont saupoudrés. Sans doute était-elle en train de faire le pain. Elle donne aussi au serviteur – qui s’appelle Samuel, à ce que j’entends – l’ordre de porter le coffret de Marie dans une chambre qu’elle lui indique. Ce sont tous les devoirs d’une maîtresse de maison à l’égard de son hôte.

      Pendant ce temps, Marie répond aux questions que Zacharie lui pose en écrivant avec un stylet sur une tablette enduite de cire. Je comprends, par les réponses de Marie, qu’il l’interroge sur Joseph et qu’il lui demande si elle est satisfaite de son mariage avec Joseph. Mais je saisis également que Zacharie n’a aucune lumière spirituelle sur l’état de Marie et sa condition de mère du Messie.

      Elisabeth s’approche alors de son mari et, lui posant avec amour une main sur l’épaule comme en une chaste caresse, elle lui dit :

      « Marie est mère, elle aussi. Réjouis-toi de son bonheur. »

      Elle n’ajoute rien. Elle regarde Marie, et Marie la regarde, mais ne l’invite pas à en dire plus, si bien qu’elle garde le silence.  […]

[1] Cf. Isaïe 61,10-11.

[2] Luc 1, 46-55 : "Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, - selon qu’il l’avait annoncé à nos pères-en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais!"

[3] Cf. Luc 1,18-20.



Dans les évangiles : Lc 1,39-55


En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors :

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »[/i]
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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Mer 18 Déc - 9:13

Le séjour à Hébron. Marie parle de son Enfant

  22.1 Je vois – c’est le matin, me semble-t-il – Marie coudre, assise dans la pièce du rez-de-chaussée. Elisabeth vaque aux occupations de la maison. Quand elle entre, elle ne manque jamais d’aller caresser la tête blonde de Marie, que les murs plutôt sombres font paraître plus blonde encore, d’autant qu’un rayon de beau soleilentre par la porte ouverte sur le jardin.

      Elisabeth se penche pour regarder le travail de Marie – c’est la broderie qu’elle avait à Nazareth – et elle en loue la beauté.

      « J’ai aussi du lin à filer, dit Marie.

      – Pour ton enfant ?

      – Non, je l’avais déjà quand je ne pensais pas… » Marie ne termine pas sa phrase, mais je comprends : « … Quand je ne pensais pas devoir être la Mère de Dieu. »

      « Désormais, c’est pour lui que tu devras t’en servir. Est-il beau ? Fin ? Les enfants, tu sais, ont besoin d’un linge très doux.

      – Je le sais.

      – Moi, j’avais commencé… tard, car je voulais être cer­taine qu’il ne s’agissait pas d’un piège du Malin [1]. Pourtant… j’avais éprouvé une telle joie intérieure que, non, cela ne pouvait venir de Satan. Et puis… j’ai tellement souffert ! Je suis vieille, moi, Marie, pour être dans cet état. 22.2 J’ai beaucoup souffert. Toi, tu ne souffres pas…

      – Moi, non. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.

      – Eh oui ! Toi… il n’y a en toi aucune tache, si Dieu t’a choisie pour être sa Mère. C’est pourquoi tu n’es pas sujette aux souffrances d’Eve [2]. Celui que tu portes est saint.

      – J’ai l’impression d’avoir des ailes dans le cœur, et non un poids. J’ai l’impression d’avoir en moi toutes les fleurs et tous les oiseaux qui chantent au printemps, tout le miel, tout le soleil… Oh, que je suis heureuse !

      – Bénie es-tu ! Moi aussi, depuis que je t’ai vue, je n’ai plus senti ni poids, ni fatigue ni douleur. Il me semble être renouvelée, jeune, libérée des misères de mon corps de femme. Mon enfant, après avoir bondi de joie au son de ta voix, s’est installé tranquillement dans sa joie. J’ai l’impression de l’avoir en moi comme dans un berceau vivant et de le regarder dormir, repu et heureux, respirant comme un petit oiseau sous l’aile de sa maman…

      22.3 Mais je vais me mettre au travail, il ne me pèsera plus. Je n’y vois pas bien clair, mais…

      – Laisse, Elisabeth ! C’est moi qui m’occuperai de filer et de tisser pour toi et pour ton enfant. Je suis rapide et j’ai de bons yeux.

      – Il va te falloir penser au tien…

      – Oh, j’en ai tout le temps ! Je pense d’abord à toi, qui approches du moment de ta délivrance, et puis je penserai à mon Jésus. »

      Vous décrire la douceur de l’expression et de la voix de Marie, vous dire comment ses yeux se perlent d’une douce larme de bonheur, vous décrire comment elle rit en disant ce nom, les yeux tournés vers le ciel lumineux et bleu, cela dépasse les capacités humaines. On dirait que l’extase la saisit rien qu’à dire “ Jésus ”.

      Elisabeth s’écrie :

      « Quel beau nom ! Le nom du Fils de Dieu, notre Sauveur !

      – Oh, Elisabeth ! »

      Marie devient toute triste et saisit les mains que sa parente tient croisées sur son sein gonflé.

      « Dis-moi, toi qui, à mon arrivée, as été remplie de l’Esprit du Seigneur et qui as prophétisé ce que le monde ignore. Dis-moi, qu’est-ce que mon enfant devra faire pour sauver le monde ? Les prophètes… ah, les prophètes qui parlent du Sauveur ! Isaïe… tu te rappelles Isaïe ? “ C’est l’homme des douleurs. Par ses bles­sures nous sommes guéris. Il a été transpercé et blessé à cause de nos crimes… Le Seigneur a voulu le consumer dans les souf­frances… Après sa condamnation, il fut élevé… [3] ” De quelle élévation parle-t-il ? On l’appelle Agneau et moi, je pense… je pense à l’agneau pascal, à l’agneau de Moïse et je le rapproche du serpent élevé par Moïse sur une croix [4]. Elisabeth !… Elisabeth !…

      Que vont-ils faire à mon enfant ? Que devra-t-il souffrir pour sauver le monde ? »

      Marie pleure. Elisabeth la console.

      « Ne pleure pas, Marie. C’est ton fils, mais aussi le Fils de Dieu. Dieu s’occupera de son Fils, et aussi de toi, sa Mère. Et si beaucoup se montreront cruels envers lui, beaucoup l’aimeront. Beaucoup, à travers tous les siècles. Le monde regardera ton Enfant et te bénira avec lui, toi, la source d’où jaillit la Rédemption. Etre élevé comme Roi de toute la création, quel destin que celui de ton fils… Penses-y, Marie. Roi, parce qu’il aura racheté toute la création et, en tant que tel, il en deviendra le Roi universel. Même sur la terre, dans le temps, il sera aimé. Mon enfant précèdera le tien et l’aimera. C’est l’ange qui l’a dit à Zacharie [5], et lui me l’a écrit [6]…

      22.4 Ah, quelle douleur que de le voir muet, mon Zacharie ! Mais j’ai bon espoir que, après la naissance de notre enfant, son père sera lui aussi délivré de son châtiment. Prie, toi qui es le siège de la puissance de Dieu et la cause de la joie du monde. Pour l’obtenir, j’offre, comme je le peux, mon enfant au Seigneur : il est à lui, puisqu’il l’a prêté à sa servante pour lui donner la joie d’être appelée “ mère ”. Il est le témoignage de ce que Dieu a fait pour moi. Je désire qu’il s’appelle “ Jean ” [7]. N’est-il pas une grâce, mon enfant ? Et n’est-ce pas Dieu qui me l’a faite ?

     – Moi aussi, je suis bien convaincue que le Seigneur t’accordera cette grâce. Je prierai… avec toi.

      – Cela me fait tant de peine de le voir muet ! » Elisabeth pleure. « Quand il écrit, puisqu’il ne peut plus parler, j’ai l’impression qu’il y a des monts et des mers entre mon Zacharie et moi. Après tant d’années de tendres paroles, sa bouche n’exprime plus que le silence. Ces temps-ci, tout particulièrement, il serait si beau de parler de ce qui va arriver ! Je me retiens même de parler pour ne pas le voir se fatiguer à me répondre par gestes. J’ai tellement pleuré ! Je t’ai tellement attendue ! Le village regarde, bavarde et critique. Le monde est ainsi fait. Quand on éprouve une peine ou une joie, on a besoin de compréhension, et non de critiques. Il me semble désormais que la vie est bien meilleure. Depuis que tu es avec moi, je sens la joie en moi. Je sens que mon épreuve va se terminer et que je serai bientôt tout à fait heureuse. Il en sera bien ainsi, n’est-ce-pas ? Je suis résignée à tout. Mais si Dieu pouvait pardonner à mon époux ! Pouvoir l’entendre prier comme avant ! »

      22.5 Marie la caresse, la console et l’invite, pour la distraire, à sortir un peu dans le jardin ensoleillé.

      Elles se rendent sous une tonnelle bien entretenue jusqu’à une petite tour sans prétention, dans les trous de laquelle nichent les co­lombes.

      Marie jette des graines en riant car les colombes se préci­pitent sur elle en roucoulant, et en décrivant de grands cercles aux reflets irisés. Elles se posent sur sa tête, sur ses épaules, sur ses bras et ses mains, allongent leurs becs de corail pour attraper les graines dans le creux de ses mains, becquetant avec grâce les lèvres roses de la Vierge et ses dents qui brillent au soleil. Marie puise le grain blond d’un sac et rit au milieu de cette joute d’avidité envahissante.

      « Comme elles t’aiment, dit Elisabeth. Cela fait à peine quelques jours que tu es parmi nous, et elles t’aiment plus que moi, qui m’en suis toujours occupée. »

      La promenade se poursuit jusqu’à un enclos, au fond du verger, où se trouve une vingtaine de chèvres accompagnées de leurs chevreaux.

      « Tu reviens du pâturage ? demande Marie à un petit berger à qui elle fait une caresse.

      – Oui, parce que mon père m’a dit : “ Rentre à la maison, car il va bientôt pleuvoir et il y a des bêtes qui vont mettre bas. Veille à ce qu’elles aient de l’herbe sèche et une litière toute prête. ” Le voilà qui arrive. » Il indique le bois, d’où vient un bêlement tremblotant.

      Marie caresse un chevreau blond comme un enfant qui vient se frotter contre elle, puis Elisabeth et elle boivent du lait tout frais tiré que le jeune berger leur offre.

      Le troupeau arrive, mené par un berger hirsute comme un ours. Mais ce doit être un homme bon, car il porte sur les é­paules une brebis qui gémit. Il la pose délicatement par terre et ex­plique :

      « Elle va agneler. Elle avait du mal à marcher. Je l’ai prise sur mes épaules. J’ai dû faire vite pour arriver à temps. »

      La brebis, qui boite douloureusement, est menée au bercail par l’enfant.

      Marie s’est assise sur une pierre ; elle joue avec les chevreaux et les agneaux et présente des fleurs de trèfle à leurs museaux roses. Un chevreau noir et blanc lui met les pattes sur les épaules et flaire ses cheveux.

      « Ce n’est pas du pain, dit Marie en riant. Demain, je t’en apporterai un croûton. Maintenant, tiens-toi tranquille. »

      Elisabeth, rassérénée, rit elle aussi.



      22.6 Je vois Marie filer rapidement sous la tonnelle, où le raisin grossit. Il a dû se passer un certain temps, car les pommes commencent déjà à rougir sur les arbres et les insectes bourdonnent autour des figues arrivées à maturité.

      Elisabeth est vraiment très forte, sa démarche est lourde. Marie la regarde avec attention et amour. Marie elle-même, lorsqu’elle se lève pour ramasser le fuseau qui est tombé un peu plus loin, paraît s’arrondir sur les côtés. L’expression de son visage a changé, elle est plus mûre. Avant, c’était une enfant, maintenant c’est une femme.

      Comme le jour baisse, les femmes rentrent à la maison et l’on allume les lampes. En attendant le dîner, Marie tisse.

      « Cela ne te fatigue vraiment pas ? demande Elisabeth en montrant le métier à tisser.

      – Non, tu peux en être sûre.

      – Pour moi, cette chaleur m’épuise. Je ne souffre plus, mais désormais le poids est bien lourd pour mes vieux reins.

      – Prends courage, tu seras bientôt délivrée. Comme tu seras heureuse, alors ! 22.7 Moi, je ne vois pas encore approcher l’heure d’être mère. Mon enfant ! Mon Jésus ! Comment sera-t-il ?

      – Aussi beau que toi, Marie.

      – Oh non, plus beau ! Il est Dieu. Je ne suis que sa servante. Mais j’ai voulu dire : sera-t-il blond ou brun ? Ses yeux auront-ils la couleur d’un ciel serein ou ressembleront-ils à ceux des cerfs des montagnes ? Moi, je me le représente plus beau qu’un chérubin, les cheveux bouclés et couleur d’or, les yeux de la couleur de notre mer de Galilée quand les étoiles pointent à l’horizon, avec une petite bouche comme une tranche de grenade quand elle s’ouvre après avoir mûri sous le soleil. Quant à ses joues, je les imagine du même teint rosé que cette rose pâle que voici. Il aurait deux petites mains qui tiendraient dans le calice d’un lys tant elles seraient petites et belles, et deux pieds petits au point de remplir la paume de la main, aussi gracieux et lisses qu’un pétale. Vois : j’emprunte l’idée que je me fais de lui à toutes les beautés que la terre me suggère. J’entends même sa voix. Lorsqu’il pleurera – car mon bébé pleurera un peu, de faim ou de sommeil, et ce sera toujours une grande douleur pour sa maman qui ne pourra pas l’entendre pleurer sans en avoir le cœur transpercé –, lorsqu’il pleurera, donc, son cri ressemblera à ce bêlement qui nous arrive du petit agneau qui vient de naître et qui cherche la mamelle et la tiédeur de la toison de sa mère pour dormir. Son rire emplira de ciel mon cœur épris de son enfant. Je peux m’éprendre de lui, puisque c’est mon Dieu et mon amour ne contrevient pas à ma consécration virginale. Son rire aura tout du joyeux roucoulement d’une petite colombe, heureuse d’être rassasiée et comblée dans la tiédeur de son nid. Je pense à ses premiers pas… un petit oiseau sautillant dans un pré fleuri. Le pré, ce sera le cœur de sa maman, qui soutiendra ses petits petons roses de tout son amour pour qu’il ne rencontre rien qui puisse le faire souffrir. Comme je vais l’aimer, mon enfant ! Mon fils ! 22.8 Joseph aussi l’aimera !

      – Mais il va falloir que tu l’apprennes à Joseph ! »

      Marie s’assombrit et soupire.

      « Il faudra bien qu’il le sache… J’aurais voulu que le Ciel le lui annonce, parce que c’est bien difficile à expliquer.

      – Veux-tu que je me charge de le lui dire ? Nous le ferons venir pour la circoncision de Jean…

      – Non. J’ai remis à Dieu le soin de l’instruire de son heureux sort de père nourricier du Fils de Dieu, et il le fera. L’Esprit m’a dit, ce soir-là : “ Tais-toi. Confie-moi la tâche de te justifier. ” Il le fera. Dieu ne ment jamais. C’est une grande épreuve. Mais avec l’aide de l’Eternel, elle sera surmontée. En dehors de toi, à qui l’Esprit l’a révélé, personne ne doit savoir ce que la bienveillance du Seigneur a fait pour sa servante.

      – Moi aussi, j’ai toujours gardé le silence, même à l’égard de Zacharie qui en aurait éprouvé une joie immense. Il te croit mère selon la nature.

      – Je le sais, et je l’ai voulu par prudence. Les secrets de Dieu sont saints. L’ange du Seigneur n’avait pas révélé à Zacharie ma maternité divine. Il l’aurait pu si Dieu l’avait voulu, car Dieu connaissait l’imminence du temps de l’Incarnation de son Verbe en moi. Mais Dieu a tenu cette lumière joyeuse cachée à Zacharie, qui ne croyait pas à la possibilité de votre fécondité tardive. Je me suis conformée à la volonté de Dieu. Et, tu le vois, tu as appris ce secret vivant en moi. Lui, il n’a rien remarqué. Tant que le voile de son incrédulité à l’égard de la puissance de Dieu ne tombera pas, il sera écarté des lumières surnaturelles. »

      Elisabeth soupire et se tait.

      22.9 Zacharie entre. Il présente des rouleaux à Marie. C’est l’heure de la prière qui précède le repas. C’est Marie qui prie à haute voix à la place de Zacharie. Puis ils prennent place à table.

      « Quand tu ne seras plus ici, comme nous regretterons de n’avoir plus personne pour nous réciter les prières, dit Elisabeth en regardant son mari muet.

      – C’est toi, Zacharie, qui prieras alors », dit Marie.

      Il secoue la tête et écrit :

      « Je ne pourrai jamais plus prier pour les autres. J’en suis devenu indigne depuis que j’ai douté de Dieu.

      – Zacharie, tu prieras. Dieu pardonne. »

      Le vieil homme essuie une larme et soupire.

      Après le dîner, Marie retourne au métier à tisser.

      « Cela suffit, dit Elisabeth. Tu te fatigues trop.

      – Le temps est proche, Elisabeth. Je veux faire à ton enfant un trousseau digne de celui qui précède le Roi de la race de David. »

      Zacharie écrit :

      « De qui naîtra-t-il ? Et où ? »

      Marie répond :

      « Là où les prophètes l’ont annoncé, là où l’Eternel le choisira. Tout ce que fait notre très-haut Seigneur est bien fait. »

      Zacharie écrit :

      « Donc à Bethléem ! En Judée. Nous irons le vénérer, femme. Tu viendras toi aussi à Bethléem avec Joseph. »

      Marie, baissant alors la tête sur son métier, répond :

      « Je viendrai. »

      C’est ainsi que la vision s’achève.      

Enseignement de Marie à Maria Valtorta

  22.10 Marie dit :

      « Le premier acte de l’amour du prochain s’exerce envers le prochain. Que cela ne te semble pas n’être qu’un simple jeu de mots. La charité a un double objet : Dieu et le prochain. Dans la charité à l’égard du prochain est comprise celle qui s’exerce envers nous-mêmes. Mais si nous nous aimons plus que les autres, nous ne sommes plus charitables, nous sommes égoïstes. Même dans les choses permises, il faut être assez saint pour faire passer les besoins d’autrui avant les nôtres. Soyez-en sûrs, mes enfants : Dieu supplée aux besoins des personnes généreuses par tous les moyens de sa puissance et de sa bonté.

      22.11 C’est cette certitude qui m’a poussée à venir à Hébron pour aider ma parente dans l’état où elle se trouvait. Comme j’avais été attentive à lui apporter une aide humaine, Dieu, se donnant au-delà de toute mesure à son habitude, y unit le don d’un secours surnaturel auquel j’étais loin de penser. Je vais apporter de l’aide matérielle, et Dieu sanctifie ma droiture d’intention en opérant la sanctification du fruit du sein d’Elisabeth ; par elle, qui présanctifie Jean-Baptiste, il soulage la souffrance physique d’une fille d’Eve déjà âgée, qui a conçu à un âge inhabituel.

      Elisabeth, cette femme à la foi intrépide et qui s’abandonne avec confiance à la volonté de Dieu, méritait de comprendre le mystère renfermé en moi. L’Esprit lui parle par le tressaillement de l’enfant en elle. Jean-Baptiste a prononcé son premier discours d’annonciateur du Verbe à travers les tissus de veines et de chair qui le séparent de sa sainte mère et en même temps l’unissent à elle.

      Et moi, je ne refuse pas de dire ma qualité de Mère du Seigneur à celle qui en est digne et à qui la Lumière se révèle. Le lui refuser reviendrait à refuser à Dieu la louange qui lui est due, la louange que je portais en moi. Puisque je ne pouvais la partager avec personne, je la disais aux plantes, aux fleurs, aux étoiles, au soleil, aux oiseaux qui chantent et aux brebis patientes, au murmure des eaux et à la lumière d’or qui me donnait un baiser en descendant du ciel. Mais prier à deux est plus doux que de faire notre prière toutes seules. J’aurais voulu que le monde entier connaisse mon sort, non pas pour moi, mais pour s’unir à moi dans une même louange de mon Seigneur.

      La prudence m’a empêchée de révéler la vérité à Zacharie. Ç’aurait été outrepasser l’œuvre de Dieu. Or, si j’étais son Epouse et sa Mère, j’étais toujours sa servante et, puisqu’il m’avait aimée sans mesure, je ne pouvais me permettre de me substituer à lui et de prendre une décision qui m’aurait placée au-dessus de lui.

      Dans sa sainteté, Elisabeth comprend et se tait, car les saints sont toujours humbles et soumis.

      22.12 Un don de Dieu doit toujours nous rendre meilleurs. Plus nous recevons de lui, plus nous devons donner, car plus nous recevons, plus c’est le signe qu’il est en nous et avec nous. Et plus il est en nous et avec nous, et plus nous devons nous efforcer de nous rapprocher de sa perfection.

      Voilà pourquoi je fais passer mon ouvrage au second rang, et je travaille pour Elisabeth. Je ne cède pas à la peur de ne pas avoir assez de temps. Dieu est le maître du temps. Il vient en aide à ceux qui espèrent en lui, même dans les choses de tous les jours. L’égoïsme n’avance à rien, il retarde. La charité ne retarde rien, elle fait avancer les choses. Gardez-le toujours à l’esprit.

      22.13 Quelle paix dans la maison d’Elisabeth ! Si je n’avais eu le souci de Joseph et celui, surtout, de mon enfant qui devait être le Rédempteur du monde, j’aurais été heureuse. Mais déjà la croix projetait son ombre sur ma vie et j’entendais les voix des prophètes comme un glas…

      Je m’appelais Marie. L’amertume a toujours été mêlée aux douceurs que Dieu déversait dans mon cœur. Mais quand Dieu nous appelle, Maria, à la condition de victime pour son honneur, il est doux d’être moulues comme du grain sous la meule : c’est ainsi que nous faisons de notre douleur le pain qui fortifie les faibles et les rend capables de gagner le Ciel !

      Mais cela suffit. Tu es fatiguée et heureuse. Repose-toi avec ma bénédiction. »

[1] Luc 1, 23-25.

[2] Genèse 3, 16 : "À la femme, Dieu dit (comme conséquence -  et non comme punition - de la Faute) : ‘Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi ‘"

[3]  Isaïe 52, 3-12.

[4] Nombres 21, 9.

[5] Luc 1, 5-22.

[6] Il ne pouvait plus, en effet, parler.

[7] Jean (yoHanan) veut dire "l’Éternel a fait grâce".
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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Jeu 19 Déc - 8:30

Naissance de Jean Baptiste. Toute souffrance s’apaise sur le sein de Marie

23.1 Au beau milieu de tout ce que le monde actuel nous offre de répugnant, voici que descend du Ciel la vision de paix qui suit. Je me demande d’ailleurs comment c’est possible, car je suis un vrai fétu de paille emporté par le vent, dans ces heurts permanents contre une méchanceté humaine si contraire à ce qui vit en moi.

23.2 Encore et toujours la maison d’Elisabeth. C’est une belle soirée d’été encore éclairée par le soleil couchant, mais où le ciel s’orne déjà d’un croissant de lune semblable à une virgule argentée posée sur un grand drap d’un bleu intense.

Les rosiers embaument et les abeilles en leurs derniers vols paraissent des gouttes d’or bourdonnantes dans l’air tranquille et chaud du soir. Il monte des prés une forte odeur de foin séché au soleil, presque une odeur de pain, de pain chaud à peine sorti du four. Peut-être provient-elle aussi de tout le linge mis à sécher un peu partout et que Sarah est en train de plier.

Marie se promène, donnant le bras à sa cousine. Elles vont et viennent tout doucement sous la tonnelle à demi éclairée.

Mais Marie a l’œil à tout et, tout en s’occupant d’Elisabeth, elle remarque que Sarah s’emploie à plier une longue toile qu’elle a retirée de dessus une haie.

« Assieds-toi ici et attends-moi », dit-elle à sa parente, puis elle va aider la vieille servante, tire la toile pour en défaire les plis et la plie soigneusement.

« Elle sent encore le soleil, elle est chaude », dit-elle avec un sourire.

Et pour faire plaisir à la servante, elle ajoute :

« Ton blanchissage a rendu cette toile plus belle que jamais. Il n’y a que toi qui sache le faire aussi bien. »

Tout heureuse, Sarah emporte son chargement de toiles odorantes. Marie retourne auprès d’Elisabeth et lui dit :

« Faisons encore quelques pas. Cela te fera du bien. »

Et comme Elisabeth, bien lasse, préfèrerait ne pas bouger, elle ajoute :

« Allons seulement voir si tes colombes sont toutes dans leur nid et si l’eau de leur vasque est propre, puis rentrons à la maison. »

23.3 Les colombes doivent être les préférées d’Elisabeth. Quand elles parviennent à la petite tour, les colombes sont déjà toutes rassemblées : les femelles dans leur nid, les mâles immo­biles devant elles. Mais à la vue des deux femmes, elles rou­coulent en guise de bonsoir. Elisabeth en est tout émue. La faiblesse due à son état la reprend et lui inspire des craintes qui la font pleurer. Elle s’appuie sur sa cousine.

« Si je devais mourir… mes pauvres colombes ! Toi, tu ne resteras pas. Si tu restais chez moi, cela me serait égal de mourir. J’ai eu la plus grande joie qu’une femme puisse espérer, une joie que je m’étais résignée à ne jamais connaître. Je ne pourrai pas me plaindre au Seigneur, même en cas de mort, car – qu’il en soit béni – il m’a comblée de ses bontés. Mais il y a Zacharie… et il aura l’enfant. L’un, très âgé, serait, sans sa femme, aussi perdu que dans un désert. L’autre si petit serait comme une fleur destinée à mourir de froid parce qu’il n’aurait pas sa maman. Pauvre enfant privé des caresses de sa mère…

– Pourquoi t’attrister ainsi ? Dieu t’a donné la joie d’être mère, il ne va pas te la retirer maintenant qu’elle est à son comble ! Le petit Jean aura tous les baisers de sa maman et Zacharie toutes les attentions de sa fidèle épouse jusqu’à son âge le plus avancé. Vous êtes les deux branches d’un même arbre. Aucun ne mourra en laissant l’autre seul.

– Tu es bonne et tu me consoles. Je suis pourtant bien vieille pour avoir un fils ! Et maintenant que je suis sur le point de le mettre au monde, j’ai peur.

– Oh non ! Jésus est ici ! Là où Jésus est présent, il n’y a rien à craindre. Mon enfant t’a enlevé ta souffrance, tu l’as dit, quand il était comme un bouton, à peine formé. Maintenant qu’il se forme et se développe de plus en plus, maintenant que mon enfant est déjà bien vivant – je sens battre son petit cœur tout près de mon sein et ce léger battement de son cœur me donne l’impression d’avoir un petit oiseau au nid –, il éloignera de toi tout danger. Tu dois avoir confiance.

– J’ai confiance. Mais si je venais à mourir… n’abandonne pas Zacharie tout de suite. Je sais que tu penses à ta maison. Mais reste encore un peu ici, pour aider mon mari dans ses premiers jours de douleur.

– Je resterai pour me réjouir de ta joie et de la sienne, et je ne te quitterai que lorsque tu seras forte et joyeuse. Mais sois tranquille, Elisabeth, tout se passera bien. Ta maison ne manquera de rien pendant que tu souffriras. Zacharie sera servi par la plus affectueuse des servantes, tes fleurs seront soignées, de même que tes colombes ; tu retrouveras les unes et les autres joyeuses et belles pour fêter le bon retour de leur maîtresse.

23.4 Rentrons, maintenant, car tu pâlis.

– Oui, je crois que ma souffrance revient. Peut-être l’heure est-elle venue… Marie, prie pour moi.

– Je te soutiendrai par la prière jusqu’au moment où les douleurs de l’enfantement se transformeront en joie. »

Les deux femmes rentrent lentement à la maison. Elisabeth se retire dans sa chambre. Adroite et prévoyante, Marie donne des ordres pour que l’on prépare tout ce dont on peut avoir besoin et elle réconforte Zacharie, inquiet.

Dans la maison où l’on veille cette nuit-là et où l’on entend les voix étrangères des femmes qu’on a appelées à l’aide, Marie reste vigilante comme un phare, une nuit de tempête. Toute la maison gravite autour d’elle. Douce et souriante, elle veille à tout. Elle prie aussi. Quand on ne l’appelle pas pour ceci ou cela, elle se recueille en prière. Elle se tient dans la pièce où l’on se rassemble toujours pour les repas ou pour le travail.

Zacharie est avec elle ; agité, il soupire et marche. Ils ont déjà prié ensemble, puis Marie a continué sa prière. Même maintenant que le vieillard, fatigué et somnolent, s’est assis près de la table et se tait, elle prie. Et quand elle le voit dormir pour de bon, la tête sur ses bras croisés posés sur la table, elle délace ses sandales pour faire moins de bruit et marche nu-pieds. Plus silencieuse qu’un papillon voletant dans une chambre, elle prend le manteau de Zacharie et l’en recouvre avec une telle délicatesse qu’il continue à dormir dans la tiédeur de la laine, qui le protège du froid de la nuit qui entre par bouffées par la porte souvent ouverte. Puis elle revient prier. Elle prie même de plus en plus intensément, à genoux, les bras élevés, quand les plaintes de la malade se font plus aiguës.

23.5 Sarah entre et lui fait signe de sortir. Marie sort pieds nus dans le jardin.

« La maîtresse vous réclame, dit-elle.

– J’arrive. »

Marie longe la maison, monte l’escalier… On dirait un ange blanc qui tourne dans la nuit paisible et constellée d’étoiles. Elle entre dans la chambre d’Elisabeth.

« Ah, Marie ! Marie ! Quelle souffrance ! Je n’en peux plus, Marie ! Que ne faut-il pas souffrir pour être mère ! »

Marie la caresse avec amour et l’embrasse.

« Marie ! Marie ! Laisse-moi poser les mains sur ton sein ! »

Marie prend les deux mains rugueuses et gonflées et les pose sur son ventre arrondi en les tenant pressées de ses mains lisses et légères. Maintenant qu’elles sont seules, elle parle doucement :

« Jésus est là, qui te sent et te voit. Aie confiance, Elisabeth. Son saint cœur bat plus fort, puisqu’il agit pour ton bien en ce moment. Je le sens palpiter comme si je le tenais entre mes mains. Je comprends ce que mon Enfant me dit par ces battements. Il me transmet en ce moment : “ Dis à la femme de ne pas avoir peur. Encore un peu de souffrance puis, aux premiers rayons de soleil et au milieu de toutes ces roses qui attendent ce rayon matinal pour s’ouvrir, sa maison aura la plus belle des roses : ce sera Jean, mon Précurseur. ” »

Elisabeth pose son visage sur le sein de Marie et pleure doucement.

Marie reste quelque temps ainsi parce que la douleur semble s’atténuer, se relâcher et se calmer. Elle reste debout, blanche et toute belle à la faible lueur d’une lampe à huile, telle un ange qui veille sur une personne souffrante. Elle prie. Je vois ses lèvres remuer. Mais même si je ne le voyais pas, la seule expression extasiée de son visage suffirait à me le faire com­prendre.

23.6 Le temps passe, et les douleurs reprennent Elisabeth. Marie l’embrasse encore et se retire. Elle descend rapidement dans le rayon de lune et court voir si le vieillard dort toujours. Mais il rêve et gémit dans son sommeil. Marie fait un geste de pitié, puis se remet à prier.

Le temps passe encore. Le vieil homme se réveille et lève un visage étonné, comme s’il se demandait ce qu’il fait là. Puis il se souvient, et a un geste et une exclamation gutturale. Il écrit alors : « Il n’est toujours pas né ? » Marie fait signe que non. Zacharie écrit : « Quelle douleur ! Ma pauvre femme ! Est-ce qu’elle y parviendra sans mourir ? »

Marie saisit la main du vieillard et le rassure :

« A l’aube, bientôt, l’enfant sera né. Tout va bien se passer. Elisabeth est forte. Comme il va être beau, ce jour – car il va bientôt faire jour – où ton fils verra la lumière ! Ce sera le plus beau de ta vie ! Le Seigneur te réserve de grandes grâces et ton enfant en est l’annonciateur. »

Zacharie hoche la tête tristement et montre sa bouche muette. Il voudrait dire tant de choses et ne le peut !

Marie comprend et répond :

« Le Seigneur te donnera une joie complète. Crois en lui totalement, espère infiniment, aime parfaitement. Le Très-Haut t’exaucera au-delà de tout ce que tu peux espérer. Il veut cette foi totale pour te laver de ton manque de foi passé. Dis en ton cœur, avec moi : “ Je crois. ” Répète-le à chaque battement de cœur. Les trésors de Dieu s’ouvrent pour qui croit en lui et en sa puissante bonté. »

23.7 La lumière commence à entrer par la porte entrouverte. Marie l’ouvre. L’aube répand une lumière blanche sur la terre couverte de rosée. Il règne une puissante odeur de terre mouillée et de verdure, et les premiers pépiements des oiseaux se ré­pondent d’un arbre à l’autre.

Le vieil homme et Marie vont sur le seuil. S’ils sont déjà pâles à la suite d’une nuit sans sommeil, la lumière de l’aube les rend encore plus blêmes. Marie remet ses sandales, va au pied de l’escalier et écoute. Lorsqu’une femme se montre, elle fait un signe et revient sur ses pas. Rien encore.

Marie va dans une pièce et en revient avec du lait chaud qu’elle donne à boire au vieillard. Elle va ensuite voir les co­lombes et en revient pour disparaître dans cette pièce ; peut-être est-ce la cuisine. Elle fait un tour, surveille. On dirait qu’elle a dormi du plus profond sommeil tant elle paraît vive et sereine.

Zacharie fait les cent pas nerveusement, il monte et descend à travers le jardin. Marie le regarde avec compassion, puis elle entre de nouveau dans la pièce habituelle et, agenouillée près de son métier à tisser, elle prie intensément, car les plaintes de la malade deviennent de plus en plus aiguës. Elle s’incline jusqu’à terre pour supplier l’Eternel. Zacharie rentre et, la voyant ainsi prostrée, il pleure. Pauvre vieil homme ! Marie se relève et lui prend la main. Elle a beau être bien plus jeune que lui, elle semble être la mère de cette vieillesse désolée qu’elle réconforte.

23.8 Ils se tiennent ainsi, l’un auprès de l’autre, sous le soleil qui rosit l’air du matin et c’est ainsi que les rejoint cette joyeuse nouvelle :

« Il est né ! Il est né ! Un garçon ! Heureux père ! Un garçon frais comme une rose, beau comme le soleil, fort et vigoureux comme sa mère. Réjouis-toi, père béni par le Seigneur, car il t’a accordé un fils pour que tu l’offres à son Temple. Gloire à Dieu qui a donné une postérité à cette maison ! Bénédiction sur toi et sur l’enfant qui t’est né ! Puisse sa descendance perpétuer ton nom dans les siècles des siècles pour les générations à venir, et garder toujours l’alliance du Seigneur éternel ! »

Marie pleure de joie en bénissant le Seigneur. Ils reçoivent alors l’enfant, qu’on apporte à son père pour qu’il le bénisse. Zacharie ne va pas voir Elisabeth. Il reçoit l’enfant qui crie comme un désespéré, mais il ne va pas trouver son épouse.

C’est Marie qui y va ; elle porte tendrement le bébé, qui se tait dès qu’elle le prend dans ses bras. La femme qui la suit le remarque. « Femme, dit-elle à Elisabeth, ton bébé s’est tu dès qu’elle l’a tenu. Regarde comme il dort paisiblement… et Dieu sait s’il était remuant et fort ! Maintenant, regarde, on dirait une petite colombe. »

Marie pose l’enfant contre sa mère et la caresse en lui recoiffant ses cheveux gris.

« La rose est née, lui dit-elle doucement. Et tu es vivante. Zacharie est heureux.

– Il parle ?

– Pas encore, mais espère dans le Seigneur. Maintenant, repose-toi. Je reste avec toi. »

Enseignement de la Vierge Marie à Maria Valtorta
Toute souffrance s’apaise sur le sein de Marie

23.9 Marie dit :

« Si ma présence a sanctifié Jean-Baptiste, elle n’a pas pour autant effacé chez Elisabeth la condamnation venue d’Eve : “ Tu enfanteras dans la douleur ”, avait dit l’Eternel.

Moi seule, qui suis sans tache et n’ai jamais connu d’union humaine, je fus exempte des douleurs de l’enfantement. La souffrance et la tristesse sont les fruits de la faute. J’avais beau être l’Immaculée, j’ai pourtant dû connaître douleur et tristesse, parce que j’étais la Corédemptrice. Mais pas les tourments de l’enfantement, non, je n’ai pas connu cette souffrance-là.

Mais crois-moi, ma fille, il n’y eut et n’y aura jamais de tourment d’enfantement semblable au martyre d’une maternité spirituelle accomplie sur le plus dur des lits, celui de ma propre croix, au pied du gibet de mon fils mourant. Or quelle est la mère qui est contrainte de donner le jour ainsi, de mêler la torture de ses entrailles déchirées par les râles de son fils agonisant au déchirement intérieur pour devoir surmonter l’horreur de devoir dire : “ Je vous aime : venez à moi, je suis votre Mère ” aux meurtriers de son Fils né de l’amour le plus sublime qu’ait jamais vu le ciel, de l’amour d’un Dieu pour une vierge, d’un baiser de feu, d’une étreinte de lumière qui devinrent chair et firent d’un sein de femme le tabernacle de Dieu ?

“ Que de douleur, pour être mère ! ”, dit Elisabeth. Elle est grande, en effet, mais ce n’est rien en comparaison de la mienne.

23.10 “ Laisse-moi poser mes mains sur ton sein. ” Ah, si vous me demandiez toujours cela quand vous souffrez !

Je suis celle qui porte éternellement Jésus. Il est en moi, comme tu l’as vu l’an dernier, tel l’hostie dans l’ostensoir. Celui qui vient à moi, c’est Lui qu’il trouve. Celui qui s’appuie sur moi, c’est en Lui qu’il se confie. Celui qui s’adresse à moi, c’est à Lui qu’il parle. Je suis son vêtement. Il est mon âme. Bien plus aujourd’hui que pendant les neuf mois où il se développait dans mon sein, mon Fils est uni à sa Mère. Alors toute douleur se calme, l’espérance refleurit et toutes sortes de grâces descendent sur ceux qui viennent à moi poser leur tête sur mon sein.

Je prie pour vous. Souvenez-vous-en. Le bonheur d’être au Ciel et d’y vivre dans le rayonnement de Dieu ne me fait pas oublier pour autant mes enfants qui souffrent sur la terre. Et je prie. Le Ciel tout entier prie, car le Ciel aime. Le Ciel, c’est la charité vivante. Or la charité a pitié de vous. Mais même s’il n’y avait que moi, ma prière suffirait déjà aux besoins de ceux qui mettent leur espoir en Dieu. Je ne cesse, en effet, de prier pour vous tous, que vous soyez saints ou mauvais, pour accorder aux saints la joie et aux mauvais un repentir salutaire.

Venez, venez, vous, les enfants de ma douleur. Je vous attends au pied de la croix pour vous faire grâce. »
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Message par Anayel Ven 20 Déc - 8:49

Présentation de Jean Baptiste au Temple. Départ de Marie. La Passion de Joseph

         25.1 Dans la nuit du mercredi au jeudi de la semaine sainte, je reçois la vision suivante :

       D’un chariot confortable, auquel la monture de Marie est aussi attelée, je vois descendre Zacharie, Elisabeth, Marie qui tient dans ses bras le petit Jean, ainsi que Samuel avec un agneau et une colombe en cage. Ils descendent, pour y laisser leurs montures, devant l’écurie habituelle où doivent s’arrêter tous les pèlerins qui se rendent au Temple.

       Marie appelle le petit homme qui en est propriétaire et lui demande si aucun Nazaréen n’est arrivé la veille ou aux premières heures de la matinée.

       « Personne, femme », répond le petit vieux.

       Marie s’en étonne, mais n’ajoute rien.

       Elle confie son âne à Samuel pour qu’il s’en occupe, puis rejoint les deux parents âgés et explique le retard de Joseph :

       « Quelque chose l’aura retenu. Mais il arrivera certainement aujourd’hui. »

       Elle reprend l’enfant, qu’elle avait confié à Elisabeth, et ils s’approchent du Temple.

       25.2 Les gardes rendent les honneurs à Zacharie, et les autres prêtres le saluent et le complimentent. Il est très beau aujour­d’hui, dans ses vêtements sacerdotaux, tout à sa joie d’heureux père. On dirait un patriarche. J’imagine qu’Abraham devait lui ressembler quand il se réjouissait d’offrir Isaac au Seigneur.

       Je vois la cérémonie de la présentation du nouvel israélite et la purification de sa mère, plus solennelle encore que celle de Marie, car les prêtres font une grande fête pour le fils d’un des leurs. Ils accourent en foule et s’affairent autour du petit groupe des femmes et du nouveau-né.

       Des gens se sont aussi approchés, poussés par la curiosité, et j’entends quelques commentaires. Etant donné que Marie porte l’enfant dans ses bras au moment où ils se dirigent vers l’endroit fixé, les gens croient que c’est elle, la mère.

       Mais une femme remarque :

       « Ce n’est pas possible. Vous ne voyez pas qu’elle est enceinte ? L’enfant n’a guère plus que quelques jours et elle est déjà grosse.

       – Pourtant, rétorque un autre, il n’y a qu’elle qui puisse être la mère. L’autre est trop âgée. Ce doit être une parente. Mais on ne peut être mère à l’âge qu’elle a.

       – Suivons-les, nous verrons bien qui a raison. »

       Leur stupeur s’accroît quand ils voient que celle qui accomplit le rite de la purification, c’est Elisabeth, qui offre son agneau bêlant pour l’holocauste et sa colombe pour le péché.

       « C’est elle la mère, tu as vu ?

       – Non !

       – Si. »

       Les gens chuchotent, encore incrédules. Ils font tant de bruit qu’un “ chut ” impérieux fuse du groupe des prêtres qui assistent au rite. Ils se taisent un instant, mais les chuchotements reprennent avec encore plus de force lorsque Elisabeth, rayonnante d’une sainte fierté, prend l’enfant et pénètre dans le Temple pour le présenter au Seigneur.

       « C’est bien elle.

       – C’est toujours la mère qui fait l’offrande.

       – Quel est donc ce miracle ?

       – Que deviendra cet enfant accordé à un âge si avancé à cette femme ?

       – Quel signe est-ce donc là ?

       – Vous ne savez pas, dit un homme qui arrive, à bout de souffle. C’est le fils du prêtre Zacharie, de la descendance d’Aaron, celui qui était devenu muet alors qu’il offrait l’encens dans le Sanctuaire.

       – Quel mystère, quel mystère : voilà qu’il parle de nouveau ! La naissance de son fils lui a délié la langue.

       – Quel esprit lui aura donc parlé et rendu morte sa langue pour l’habituer à garder le silence sur les secrets de Dieu ?

       – Mystère ! Quelle vérité Zacharie connaît-il ?

       – Son fils serait-il le Messie qu’attend Israël ?

       – Il est bien né en Judée, mais pas à Bethléem et pas d’une vierge. Il ne peut pas s’agir du Messie.

       – Qui donc, alors ? [1] »

       Mais la réponse reste dans le secret de Dieu, et les gens restent sur leur curiosité.

       Le rite est accompli. Les prêtres font maintenant fête à la mère et au bébé. La seule à laquelle on accorde peu d’attention, ou même qu’on évite avec dédain quand on s’aperçoit de son état, c’est Marie.

       25.3 Une fois les félicitations terminées, la plupart reprennent la route ; Marie veut retourner à l’écurie pour voir si Joseph est arrivé. Mais non. Elle est déçue et pensive.

       Elisabeth se fait du souci pour elle.

       « Nous pouvons rester jusqu’à la sixième heure [2], mais ensuite nous devrons partir pour arriver à la maison avant la première veille. Jean est encore trop petit pour rester la nuit tombée. »

       Calme mais triste, Marie lui répond :

       « Je resterai dans une cour du Temple. J’irai voir mes maîtresses… Je ne sais. Je trouverai bien quelque chose à faire. »

       Zacharie intervient et présente un projet aussitôt accepté comme une bonne solution :

       « Allons chez les parents de Zébédée [3]. C’est sûrement là que Joseph ira te chercher et, s’il ne devait pas venir, il te serait aisé de trouver quelqu’un pour t’accompagner en Galilée car il y a, dans cette maison, un continuel va-et-vient de pêcheurs de Génésareth. »

       Ils prennent l’âne et se rendent chez ces parents de Zébédée, qui ne sont autres que ceux qui ont accordé l’hospitalité à Joseph et à Marie quatre mois plus tôt.

       Les heures passent vite et Joseph n’arrive toujours pas. Marie domine son inquiétude en berçant le bébé, mais on voit qu’elle est songeuse. En dépit de la chaleur intense qui les fait tous transpirer, elle n’a jamais retiré son manteau, comme pour cacher son état.

       25.4 Enfin, un grand coup à la porte annonce Joseph. Marie, rassérénée, resplendit.

       Joseph la salue, parce qu’elle est la première à se présenter et à s’incliner respectueusement.

       « Que la bénédiction de Dieu soit sur toi, Marie !

       – Sur toi aussi, Joseph. Dieu soit loué, tu es venu. Zacharie et Elisabeth allaient partir, pour arriver chez eux avant la tombée de la nuit.

       – Ton messager est arrivé à Nazareth pendant que j’étais à Cana pour des travaux. J’en ai été informé avant-hier soir, et je suis parti sur-le-champ. Mais bien que je ne me sois pas arrêté en chemin, j’ai pris du retard parce que l’âne avait perdu un fer. Pardonne-moi !

       – C’est à toi de me pardonner d’être restée si longtemps ab­sente de Nazareth ! Mais regarde : ils étaient si heureux de m’avoir chez eux que j’ai voulu leur faire plaisir jusqu’à maintenant.

       – Tu as bien fait, femme. Où se trouve l’enfant ?  »

       Ils pénètrent dans la pièce où se tient Elisabeth, qui allaite Jean avant de prendre la route. Joseph complimente les parents pour la robustesse de l’enfant qui crie et se débat comme un écorché vif lorsqu’on l’enlève du sein pour le montrer à Joseph. Tous rient devant ses protestations. Les parents de Zébédée, accourus pour apporter des fruits frais, du lait et du pain pour tout le monde, ainsi qu’un grand plat de poisson, rient eux aussi et se mêlent à la conversation des autres.

       25.5 Marie parle très peu. Elle reste tranquille, silencieuse, assise dans son coin, les mains sur la poitrine sous son manteau. Même lorsqu’elle boit une tasse de lait et mange une grappe de raisin doré accompagné d’un peu de pain, elle parle peu et ne bouge guère. Elle regarde Joseph avec un mélange de peine et d’inquiétude.

       Il la regarde lui aussi. Après quelque temps il se penche sur son épaule et dit :

       « Tu es fatiguée ? Tu souffres ? Tu es pâle et triste.

       – Cela me fait de la peine de me séparer du petit Jean. Je l’aime bien. Je l’ai tenu sur mon cœur, à peine né… »

       Joseph ne pose pas d’autre question.

       L’heure est venue pour Zacharie de partir. Le chariot s’arrête devant la porte et tous s’en approchent. Les deux cousines s’étreignent avec amour. Marie embrasse encore et encore le bébé avant de le déposer sur le sein de sa mère, déjà assise dans le chariot, puis elle salue Zacharie et lui demande sa bénédiction. Lorsqu’elle s’agenouille devant le prêtre, son manteau glisse de ses épaules et, sous la vive lumière de cet après-midi d’été, ses formes apparaissent. Je ne sais si Joseph le remarque dès cet instant, car il est occupé à saluer Elisabeth. Le chariot part.

       25.6 Joseph rentre dans la maison avec Marie, qui reprend sa place dans le coin le moins éclairé de la pièce.

       « S’il ne te déplaisait pas de voyager de nuit, je te proposerais de partir au crépuscule. La chaleur est vive dans la journée, mais la nuit est fraîche et paisible. C’est pour toi que je le dis, pour ne pas trop t’exposer au soleil. Moi, je ne crains pas la canicule, mais toi…

       – Comme tu voudras, Joseph. Je pense aussi qu’il vaudra mieux partir de nuit.

       – La maison est en ordre, tout comme notre petit jardin. Tu verras ces belles fleurs ! Tu arrives à temps pour le voir tout fleuri. Le pommier, le figuier et la vigne portent plus de fruits que jamais, et j’ai dû mettre des tuteurs au grenadier tant ses branches sont chargées de fruits déjà bien formés ; on n’a jamais rien vu de tel à cette époque. Et puis l’olivier… tu auras de l’huile en abondance. Il a eu une floraison prodigieuse et n’a pas perdu une seule fleur : toutes ont déjà donné une petite olive. Quand elles seront mûres, l’arbre paraîtra couvert de perles noires. Ton jardin est le plus beau de tout Nazareth. Ta parenté elle-même s’en est étonnée. Alphée prétend que c’est un miracle.

       – Ce sont tes bons soins qui l’ont créé.

      – Oh non ! Pauvre homme que je suis ! Qu’ai-je donc fait ? Soigner un peu les arbres, arroser un peu les fleurs… Tu sais ? Je t’ai fait une fontaine au fond, près de la grotte, et j’y ai posé une vasque. Comme ça, tu n’auras pas besoin de sortir pour avoir de l’eau. Elle vient de cette source qui se trouve au-dessus de l’oliveraie de Matthias. Elle est pure et abondante. Je l’ai amenée par une rigole. J’ai fait un petit canal bien couvert, et maintenant l’eau arrive et chante comme une harpe. Cela me faisait de la peine de te voir aller à la source du village et en revenir chargée de tes amphores remplies d’eau.

      – Merci, Joseph, tu es bon ! »

      Fatigués, les deux époux se taisent. Joseph somnole même, et Marie prie.

      25.7 Le soir arrive. Leurs hôtes insistent pour qu’ils mangent encore quelque chose avant de prendre la route. Joseph mange donc du pain et du poisson, et Marie se contente de fruits et de lait.

       Vient le moment du départ. Ils montent sur leurs ânes. Comme à l’aller, Joseph a disposé le coffre de Marie sur le sien et, avant qu’elle ne s’installe, il vérifie que sa selle est bien fixée. Je vois que Joseph observe Marie lorsqu’elle monte en selle, mais il ne dit mot [4].

       Le voyage commence alors que les premières étoiles se mettent à clignoter dans le ciel. Ils se hâtent, peut-être pour atteindre les portes avant qu’elles ne soient fermées. Quand ils sortent de Jérusalem et prennent la grand-route en direction de la Galilée, les étoiles parsèment le ciel serein. La campagne est silencieuse. On n’entend rien d’autre que le chant de quelque rossignol et le bruit des sabots des deux ânes sur le sol de la route durcie par la sécheresse de l’été.

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La Passion de Joseph

       25.8 Marie dit :

[…]

       25.9 Mon Joseph a lui aussi connu sa Passion. Elle a débuté à Jérusalem quand il s’est rendu compte de mon état. Comme pour Jésus et pour moi, elle a duré plusieurs jours [5]. Spirituellement, elle ne lui a pas été moins douloureuse. C’est uniquement en raison de la sainteté de mon époux qu’elle a été contenue sous une forme tellement digne et secrète qu’elle est restée peu connue au fil des siècles.

       Ah, notre première Passion ! Qui pourrait en décrire l’intensité intime et silencieuse, ou ma souffrance de constater que le Ciel ne m’exauçait pas encore en révélant à Joseph le fond du mystère ?

       Il m’avait suffi, pour le comprendre, de le voir aussi respectueux à mon égard que d’ordinaire. S’il avait su que je portais en moi le Verbe de Dieu, il aurait adoré ce Verbe en mon sein par les gestes de vénération dus à Dieu ; il n’aurait pas manqué de les faire, tout comme je n’aurais pas refusé de les recevoir, non pas pour moi, mais pour celui qui était en moi et que je portais de la même manière que l’Arche d’alliance portait les tables de la Loi et le vase de la manne.

       Qui pourrait décrire mon combat contre le découragement qui tendait à me submerger pour me faire croire que j’avais espéré en vain dans le Seigneur ? Ah, quelle rage Satan a dû éprouver, je suppose ! Je sentais le doute me saisir aux épaules et allonger ses tentacules glacés pour emprisonner mon âme et l’empêcher de prier. Le doute est terriblement dangereux pour une âme ; il est même mortel, car c’est le premier agent de cette maladie mortelle nommée “ désespoir ” contre laquelle il faut réagir de toutes ses forces pour ne pas voir périr son âme et perdre Dieu.

       Qui pourrait décrire dans sa pleine réalité la souffrance de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? Tel une petite barque prise dans une grande tempête, il était entraîné dans un tourbillon d’idées opposées, dans une foule de réflexions plus cruelles et plus pénibles les unes que les autres. En apparence, c’était un homme trahi par sa femme. Il voyait s’écrouler tout à la fois sa bonne renommée et l’estime du monde, il se voyait déjà montré du doigt et objet de la pitié du village à cause d’elle, il voyait l’amour et le respect qu’il me portait succomber à l’évidence des faits.

       25.10 A ce point, sa sainteté resplendit encore plus que la mienne. J’en témoigne avec mon amour d’épouse, car je désire que vous aimiez mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon qui, loin d’être étranger au mystère de la Rédemption, lui est intimement lié : c’est en effet pour elle qu’il offrit sa souffrance et qu’il s’offrit lui-même, sauvant ainsi le Sauveur au prix de son propre sacrifice et par sa sainteté.

       S’il avait été moins saint, il aurait agi de manière humaine : il m’aurait dénoncée comme adultère pour que je sois lapidée et que le fils de mon péché périsse avec moi. S’il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider dans cette épreuve. Mais Joseph était saint, et son âme pure vivait en Dieu. Sa charité était vive et ardente. Par sa charité, il vous sauva le Sauveur, aussi bien en ne m’accusant pas devant les anciens que lorsqu’il abandonna tout avec une prompte obéissance pour emmener Jésus en Egypte et le sauver.

       25.11 Si ces trois jours de la passion de Joseph ont été courts, ils n’en furent pas moins d’une intensité terrible, tout comme pour moi ceux de cette première passion. Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la soulager d’aucune manière par obéissance au décret de Dieu qui m’avait dit : “ Tais-toi ! ”

       A notre arrivée à Nazareth, lorsque je le vis partir sur une salutation laconique, courbé et comme vieilli en peu de temps, quand je ne le vis pas venir à moi le soir comme à l’accoutumée, je vous assure, mes enfants, que mon cœur éploré souffrait cruellement. Enfermée dans ma maison, seule dans cette maison où tout me rappelait l’Annonciation et l’Incarnation, où tout me ramenait au cœur le souvenir de Joseph uni à moi dans une virginité sans tache, il m’a fallu résister au découragement, aux insinuations de Satan et espérer, toujours espérer. Prier sans cesse. Pardonner encore et toujours à Joseph son soupçon, son bouleversement de juste indignation.

       Mes enfants, il faut espérer, prier et pardonner pour obtenir de Dieu qu’il intervienne en notre faveur. Vous avez vous aussi à vivre votre passion. Vos fautes l’ont mérité. Je vous enseigne comment la surmonter et la changer en joie. Espérez sans mesure, priez sans perdre confiance, pardonnez pour être pardonnés. Mes enfants, le pardon de Dieu sera la paix à laquelle vous aspirez. […]

[1]  Luc 1, 66.
[2] Midi.
[3] Les grands-parents de Jacques et Jean les futurs apôtres.
[4] Joseph s’est rendu compte de l’état de Marie (Cf. la suite du chapitre. C’est le début de sa grande douleur (Matthieu 1, 19).
[5] Trois jours (Cf. EMV 26).
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Message par Anayel Sam 21 Déc - 9:31

Joseph demande pardon à Marie

        26.1 Après cinquante-trois jours, la Mère recommence à se montrer par cette vision qu’elle me dit de noter dans ce livre. La joie renaît en moi, car voir Marie c’est posséder la Joie.

      26.2 Je vois donc le petit jardin de Nazareth. Marie file à l’ombre d’un pommier très touffu et croulant de fruits qui commencent à rougir et ressemblent à autant de joues d’enfant roses et rondes.

      Mais Marie n’a pas ces belles couleurs. Sa bonne mine, ses joues rouges d’Hébron ont disparu. Son visage est pâle comme de l’ivoire, et seules ses lèvres y dessinent une courbe de léger corail. Sous ses paupières abaissées, deux ombres obscures, et le bord des yeux est gonflé comme lorsqu’on a pleuré. Je ne vois pas ses yeux parce qu’elle penche légèrement la tête, attentive à son travail et plus encore prise par des pensées attristantes, car je l’entends soupirer comme quelqu’un dont le cœur est blessé.

      Elle est tout habillée de blanc, de lin blanc : il fait en effet très chaud, même si la fraîcheur encore intacte des fleurs m’indique que c’est le matin. Elle a la tête nue et le soleil, qui joue avec le feuillage du pommier qu’une brise légère soulève, et qui filtre en faisant des traînées de lumière sur la terre brune des parterres, dessine des ronds de lumière sur sa tête blonde et sur ses cheveux qui prennent des reflets d’or pur.

      Il ne vient aucun bruit ni de la maison ni des alentours. On n’entend rien d’autre que le murmure du filet d’eau qui descend dans la vasque au fond du jardin.

      26.3 Un coup frappé énergiquement à la porte de la maison fait sursauter Marie. Elle pose de côté sa quenouille et son fuseau et se lève pour aller ouvrir. Son vêtement a beau être souple et ample, il ne parvient pas à dissimuler la rondeur de son bassin.

      Elle se trouve face à Joseph. Marie pâlit jusqu’aux lèvres. Son visage ressemble maintenant à une hostie tant il est exsangue. Le regard de Marie est triste et interrogatif. Le regard de Joseph paraît suppliant. Ils se regardent en silence. Enfin, Marie parle :

      « A cette heure-ci, Joseph ? Tu as besoin de quoi que ce soit ? Que veux-tu me dire ? Viens. »

      Joseph entre et referme la porte. Il ne dit toujours rien.

      « Parle, Joseph, qu’est-ce que tu veux ?

      – Ton pardon. »

      Joseph s’incline comme s’il voulait s’agenouiller, mais Marie, qui ne le touche habituellement qu’avec beaucoup de réserve, le saisit résolument par les épaules et l’en empêche.

      Le visage de Marie change plusieurs fois de couleur, il est tantôt rouge, tantôt aussi blanc que neige comme avant.

      « Mon pardon ? Je n’ai rien à te pardonner, Joseph. Je dois seulement te remercier encore pour tout ce que tu as fait ici en mon absence et pour l’amour que tu me portes. »

      Joseph la regarde, et je vois deux grosses larmes se former dans la cavité de son œil profond, y rester comme sur le bord d’un vase puis rouler sur ses joues et sa barbe.

      « Pardon, Marie. J’ai manqué de confiance en toi. Maintenant, je sais. Je suis indigne d’avoir un tel trésor. J’ai manqué de charité, je t’ai accusée dans mon cœur, je t’ai accusée sans justice parce que je ne t’avais pas demandé la vérité. J’ai fauté envers la Loi de Dieu en ne t’aimant pas comme je me serais aimé…

      – Oh non, tu n’as pas péché !

      – Si, Marie. Si j’avais été accusé d’un tel crime, je me serais défendu. Toi… Je ne t’ai pas permis de te défendre, car j’allais prendre des décisions sans t’interroger. J’ai péché contre toi en te faisant l’offense d’un soupçon. Un soupçon, c’est déjà une offense, Marie. Celui qui suspecte ne sait pas. Moi, je ne t’ai pas connue comme je l’aurais dû. Mais pour la douleur que j’ai endurée… trois jours de supplice, pardonne-moi, Marie.

      – Je n’ai rien à te pardonner. C’est à moi, au contraire, de te demander pardon pour la souffrance que je t’ai causée.

      – Ah oui, quelle souffrance, quelle souffrance ! Vois, ce matin, on m’a dit que j’avais des cheveux blancs aux tempes et des rides sur le visage. Ces journées m’ont fait vieillir de dix ans ! 26.4 Mais pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de cacher ta gloire, à moi ton époux, et permettre ainsi que je te suspecte ? »

      Joseph n’est pas à genoux, mais il est si penché que cela revient au même. Marie pose sa main sur sa tête et sourit. On dirait qu’elle l’absout. Elle dit alors :

      « Si mon humilité n’avait pas été aussi parfaite, je n’aurais pas mérité de concevoir le Très-Haut, qui vient effacer le péché d’orgueil qui a détruit l’homme. D’ailleurs, je n’ai fait qu’obéir… C’est Dieu qui m’a demandé cette obéissance… Elle m’a tellement coûté… pour toi, pour la souffrance que tu allais éprouver. Mais il fallait que je me taise. Je suis la servante de Dieu, et les serviteurs ne discutent pas les ordres qu’ils reçoivent : ils les exécutent, Joseph, même si cela leur fait verser des larmes de sang. »

      A ces mots, Marie pleure doucement, si doucement que Joseph, qui est tout incliné, ne s’en rend pas compte avant qu’une larme ne tombe par terre. Il lève alors la tête et – c’est bien la première fois que je le vois faire ce geste –, il serre les petites mains de Marie dans ses mains fortes et hâlées et dépose un baiser au bout de ses doigts fins et roses, qui sortent comme autant de boutons de pêcher de l’étreinte des mains de Joseph.

      26.5 « Maintenant, il va falloir faire face, parce que… »

      Joseph ne termine pas sa phrase, mais contemple le corps de Marie qui rougit comme une pivoine et s’assied aussitôt pour ne pas exposer davantage ses formes au regard qui l’observe.

      « Il faudra faire vite. Je viendrai ici… Nous accomplirons le rite du mariage… la semaine prochaine, ça te va ?

      – Tout ce que tu fais est bien, Joseph. Tu es le chef de famille, et moi je suis ta servante.

      – Non, c’est moi qui suis ton serviteur. Je suis le bienheureux serviteur de mon Seigneur qui grandit dans ton sein. Tu es bénie entre toutes les femmes d’Israël. Nous aviserons ta parenté ce soir même. Et après… quand je serai ici, nous travaillerons pour tout préparer à sa venue… Ah, comment recevoir Dieu chez moi ? Tenir Dieu dans mes bras ? Je vais en mourir de joie ! Je ne pourrai jamais le toucher !

      – Tu le pourras, comme moi, avec la grâce de Dieu.

      – Mais toi, c’est toi. Moi, je ne suis qu’un pauvre homme, le plus pauvre des fils de Dieu…

      – Jésus vient pour nous, les pauvres, pour nous rendre riches en Dieu, il vient chez nous deux parce que nous sommes les plus pauvres et que nous le reconnaissons. Réjouis-toi, Joseph. La race de David a le Roi qu’elle attendait et notre maison devient plus somptueuse que le palais de Salomon : le Ciel, en effet, y sera présent et nous partagerons avec Dieu le secret de paix que les hommes connaîtront plus tard. Il grandira au milieu de nous, nos bras serviront de berceau au Rédempteur qui s’annonce et notre fatigue lui procurera sa nourriture… Oh, Joseph, nous entendrons la voix de Dieu nous appeler “ père et mère ! ” Ah… »

      Marie pleure de joie, et ce sont des larmes de bonheur. Joseph, agenouillé à ses pieds désormais, pleure lui aussi ; sa tête est presque cachée dans l’ample vêtement de Marie qui descend en plis sur le pauvre carrelage de la pièce.

      La vision s’arrête là.

Enseignement de la Vierge Marie à Maria Valtorta
Foi, charité et humilité pour recevoir Dieu

      26.6 Marie dit :

      « Que personne n’interprète ma pâleur de façon erronée. Elle ne provenait pas de quelque crainte humaine. Humainement, j’aurais dû m’attendre à être lapidée. Mais je n’en avais pas peur. Je souffrais de la douleur de Joseph. Même la pensée qu’il pouvait m’accuser ne me troublait pas. Il me déplaisait seulement qu’il puisse le faire par un excès de rigueur. Lorsque je l’ai vu, cela m’a donné un coup au cœur. C’était le moment où ce juste aurait pu offenser la justice en manquant à la charité. Et que ce juste y manque – alors que cela ne lui arrivait jamais –, voilà qui m’aurait fait extrêmement souffrir.

      26.7 Si je n’avais pas porté l’humilité à son extrême limite, comme je l’ai dit à Joseph, je n’aurais pas mérité de porter en moi celui qui, pour effacer l’orgueil de la race humaine, s’anéantissait jusqu’à devenir homme alors qu’il était Dieu.

      26.8 Si je t’ai montré cette scène qu’aucun évangile ne relate, c’est que je veux attirer l’attention des hommes, trop étrangère aux conditions essentielles pour plaire à Dieu et accueillir sa venue continuelle dans leur cœur.

      Foi. Joseph a cru aveuglément aux paroles du messager céleste. Il ne demandait qu’à croire, parce qu’il était sincèrement convaincu que Dieu est bon et que le Seigneur ne lui aurait pas fait subir, à lui qui avait espéré en Dieu, la douleur d’être trahi, déçu, méprisé par son prochain. Il ne demandait qu’à croire en moi car, honnête comme il l’était, il ne pouvait penser sans souffrir que d’autres puissent ne pas l’être. Il vivait la Loi, or la Loi dit : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” Nous nous aimons tellement que nous nous croyons parfaits, même quand ce n’est pas le cas. Alors, pourquoi cesser d’aimer notre prochain quand on le pense imparfait ?

      Charité absolue, charité qui sait pardonner, qui veut pardonner. Pardonner d’avance, en excusant dans son cœur les défauts de l’autre. Pardonner immédiatement, en accordant au coupable toutes les circonstances atténuantes.

      Humilité aussi absolue que la charité. Savoir reconnaître ses manquements – ne serait-ce qu’une simple pensée – et ne pas avoir l’orgueil, pire encore que la faute précédente, de ne pas vouloir reconnaître : “ Je me suis trompé. ” Dieu excepté, tout le monde se trompe. Qui donc peut prétendre : “ Je ne me trompe jamais ” ? Une forme d’humilité est encore plus difficile : celle qui sait taire les merveilles que Dieu accomplit en nous, quand ce n’est pas nécessaire de le faire pour l’en louer, afin de ne pas déprécier l’autre, qui n’a pas reçu ces dons particuliers de Dieu. S’il le veut – s’il le veut ! –, Dieu se révèle lui-même dans son serviteur. Elisabeth m’a “ vue ” telle que j’étais, mon époux m’a connue pour ce que j’étais lorsque l’heure vint pour lui de le savoir.

      26.9 Laissez au Seigneur le soin de vous proclamer ses serviteurs. Il y met un empressement plein d’amour, car chaque personne qu’il élève à une mission particulière est une gloire nouvelle ajoutée à sa propre gloire infinie ; c’est en effet le témoignage de ce qu’est l’homme tel que Dieu le voulait : une perfection mi­neure qui reflète son Auteur. Demeurez dans l’ombre et le silence, vous les privilégiés de la grâce, pour pouvoir entendre les paroles uniques qui sont “ vie ”, et pour pouvoir mériter d’avoir au-dessus de vous et en vous le Soleil qui resplendit éternellement.

      Oh ! Lumière bienheureuse qui es Dieu, qui fais la joie de tes serviteurs, resplendis sur eux ; qu’ils exultent en toute humilité et te louent, toi, toi seul, qui disperses les superbes, mais élèves les humbles qui t’aiment aux splendeurs de ton Royaume. »    
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Message par sofoyal Dim 22 Déc - 17:43

La Très grande humilité de Marie, Sa discrétion absolue quand à sa relation avec Dieu,
en ont fait le bras armé du Tout-Puissant pour le rachat et la guérison de la race humaine.
Tout cela sans orgueil, sans tambour ni trompette.
Et encore aujourd'hui, Royale comme Elle l'est, Elle oeuvre puissamment 
dans le silence et l'oubli coupable de l'humanité Sans Dieu.

L'Immaculée Conception...
Elle donna la naissance au Fils de Dieu;
Elle la donnera encore à l'Eglise du Christ,
et veillera sur la croissance des frères et soeurs de son Fils.
L'Immaculée Conception...

Merci pour ce partage, @Anayel!
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Message par Anayel Dim 22 Déc - 19:40

Merci pour ton message, Sofoyal sunny

Oui, Marie est tellement discrète, mais c'est notre Mère à tous, et c'est elle qui obtint le salut de tout le genre humain.

Elle est vraiment grande pour sa charité, son humilité, et son amour sans limites, qui dépasse même celui de tous les saints !

Et bien qu'elle soit très discrète, c'est elle aussi qui soutint son Fils plus que quiconque durant sa vie terrestre.

Elle est donc cachée... Mais au Ciel, elle est l'Etoile du matin qui fera notre joie à tous et j'ai bien hâte qu'on contemple ses mystères par nous-mêmes Wink
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Message par Anayel Dim 22 Déc - 19:45

L'édit de recensement. Enseignements sur l’amour pour son époux et sa confiance en Dieu.


27.1 – Je vois encore la maison de Nazareth : la petite pièce où se tient habituellement Marie pour les repas. En ce moment, elle est occupée à un ouvrage de toile blanche. Elle pose son travail pour aller allumer une lampe. La nuit descend et la lumière verdâtre qui entre par la porte entr'ouverte sur le jardin devient insuffisante. Elle la ferme.    

Je me rends compte que sa grossesse est très avancée. Mais elle est encore si belle. Sa démarche est aisée, et gracieux est tout son comportement. Rien de cette lourdeur que l'on remarque chez la femme qui va bientôt donner le jour à un enfant. Seul, le visage est changé.

Maintenant, c'est "la femme". Tout d'abord, au temps de l'Annonciation, c'était une toute jeune fille, au visage calme, mais qui ignore : un visage d'enfant innocent. Depuis, dans la maison d'Élisabeth, au moment de la naissance du Baptiste, son visage s'était plus affiné, sa beauté avait mûri. Maintenant, c'est le visage tranquille, mais empreint d'une douce majesté de la femme qui atteint sa perfection dans la maternité.

Elle ne rappelle plus votre chère “Annonciation” de Florence, mon Père [1]. Quand elle était enfant, je l’y retrouvais bien [2]. Maintenant, son visage s’est allongé et amaigri, son regard est plus pensif et ses yeux plus grands.        

En somme, Marie est telle qu’elle est aujourd’hui au Ciel, car elle a repris désormais l’aspect et l’âge qu’elle avait au moment de la naissance du Sauveur.  

Elle a l’éternelle jeunesse de qui n’a pas connu, non seulement la corruption de la mort, mais même la flétrissure des ans. Le temps ne l’a pas atteinte, notre Reine et Mère du Seigneur qui a créé le temps. Et si les tourments de l’époque de la Passion – tourments qui, pour elle, avaient commencé bien plus tôt, je pourrais même dire dès que Jésus a entrepris son œuvre d’évangélisation – l’ont fait paraître vieillie, ce n’était qu’un voile posé par la souffrance sur son être incorruptible. En effet, il lui a suffi de revoir Jésus ressuscité pour redevenir la femme fraîche et parfaite qu’elle était avant ces tourments. C’était comme si, en embrassant les saintes Plaies, elle avait bu un baume de jeunesse qui efface l’œuvre du temps et, plus encore que le temps, celui de la souffrance.          

Voici huit jours en effet, lorsque j’ai vu la descente de l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte, j’ai vu Marie “ belle, belle, belle et soudainement rajeunie ”, comme je l’écrivais. Et j’avais écrit auparavant : “ Elle ressemble à un ange bleu. ” Les anges ne connaissent pas la vieillesse. Ils sont éternellement beaux d’une éternelle jeunesse, de l’éternel présent de Dieu qu’ils reflètent.  

C’est maintenant que la jeunesse angélique de Marie – cet ange bleu – finit de s’épanouir et atteint l’âge parfait – qu’elle a gardé aux Cieux et que son corps saint et glorifié gardera éternellement lorsque l’Esprit donne sa bague à son Epouse et la couronne aux yeux de tous –, et non plus dans le secret d’une pièce inconnue du monde, avec un archange pour seul témoin.        

J’ai tenu à faire cette digression car Marie, maintenant est devenue réellement "la femme", pleine de dignité et de grâce. Même son sourire s'est épanoui en une douceur majestueuse. Comme elle est belle !      

27.2 – Joseph entre. Il semble revenir du pays, car il entre par la porte extérieure et non par celle de l'atelier. Marie lève la tête et lui sourit. Aussi Joseph lui sourit. Mais il semble fatigué, préoccupé. Marie l'observe, se demandant ce qu'il y a. Puis elle se lève, prend le manteau que Joseph est en train d'enlever et le pose sur une banquette.    

Joseph s'assied près de la table. Il y appuie le coude, la tête sur une main pendant que préoccupé, il caresse, caresse sa barbe de l'autre main.    

"Tu as quelque préoccupation qui te fait souffrir ? demande Marie. Puis-je te consoler ?"      

"Tu es toujours ma consolation, Marie. Mais cette fois, c'est un gros souci... Pour toi."  

"Pour moi, Joseph ? Qu'y a-t-il donc ?"        

"Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C'est l'ordre de recensement de tous les Palestiniens. Il faut aller se faire inscrire au lieu d'origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem..." [3]

27.3 – "Oh !" interrompt Marie, en mettant la main sur sa poitrine.  

"Cela t'impressionne, n'est-ce pas ? C'est dur, je le sais."  

"Non, Joseph, Ce n'est pas cela. Je pense... je pense aux Saintes Écritures : Rachel, mère de Benjamin et épouse de Jacob, dont naîtra l'Étoile : le Sauveur. Rachel enterrée à Bethléem dont il est dit : "Et toi, Bethléem Ephrata, tu es le plus petit canton de Juda, mais de toi sortira le Dominateur [4]". Le Dominateur promis à la race de David, il naîtra là..."        

"Tu crois... tu crois que le moment est déjà venu ? Oh ! comment ferons-nous ?" Joseph est complètement désemparé. Il regarde Marie d'un regard de pitié.    

Elle s'en aperçoit. Elle sourit. C'est à elle-même qu'elle sourit, plutôt qu'à lui. Un sourire qui semble dire : "C'est un homme, un juste, mais un homme. Il voit les choses en homme. Il pense en homme.        

Aie pitié de lui, mon âme, et amène-le à juger des choses par l'esprit." Mais sa bonté la pousse à le rassurer. Elle ne ment pas, mais cherche à le distraire de sa peine.      

"Je ne sais pas, Joseph. Le temps est proche, mais le Seigneur ne pourrait-Il pas le retarder pour t'enlever cette préoccupation ? Lui peut tout. Ne crains pas."          

"Mais le voyage ? ...Qui sait quelle foule ! Trouverons-nous un bon logement ? Aurons-nous le temps de retourner ? Et si... si tu devais être Mère, là-bas, comment ferons-nous ? Nous n'avons pas de maison... Nous ne connaissons plus personne..."        

"Ne crains pas, tout ira bien. Dieu fait trouver un refuge à l'animal qui doit avoir son petit. Voudrais-tu qu'Il ne le fasse pas trouver pour son Messie ? Fions-nous à Lui. N'est-ce pas ? Fions-nous toujours à Lui. Plus l'épreuve est grande et plus il faut avoir confiance. Comme deux enfants, mettons notre main dans sa main de Père. Lui nous guide. Soyons-Lui tout à fait abandonnés. Vois comme Il nous a conduits jusqu'ici avec amour. Un père, le meilleur des pères, n'aurait pu nous apporter tant d'attention. Soyons ses fils et ses serviteurs, accomplissons sa volonté, Rien de mal ne peut nous arriver. Même cet édit, c'est sa volonté. Qui est-il donc César ? Un instrument entre les mains de Dieu. Depuis le moment où le Père décida de pardonner à l'homme, Il a fixé d'avance les évènements pour que son Christ naquît à Bethléem. Elle, la plus petite cité de Juda, n'existait pas encore et déjà sa gloire était annoncée.        

Il fallait que cette gloire se manifeste, la Parole de Dieu ne saurait mentir - et elle mentirait si le Messie naissait ailleurs - et voilà qu'un puissant se lève, si loin d'ici. Il nous a conquis et veut connaître le nombre de ses sujets, maintenant, et alors que le monde est en paix... Oh ! qu'est-ce que notre petite fatigue, si nous pensons à la beauté de cet instant de paix, Joseph ? Penses-y: un temps où il n'y a pas de haine dans le monde ! Peut-il exister une heure plus heureuse pour le lever de "l'Étoile", dont la lumière est divine et l'influence est rédemption ? Oh ! n'aie pas peur, Joseph. Si les routes ne sont pas sûres, si la foule rend difficile le voyage, les anges nous défendront et nous feront escorte. Pas à nous, mais à leur Roi. Si nous ne trouverons pas de refuge, ils nous abriteront sous leurs ailes. Rien de mal ne nous arrivera. Rien ne peut arriver: Dieu est avec nous.        

27.4 – Joseph la regarde et l'écoute, extasié. Les rides de son front s'effacent, le sourire revient. Il se dresse sans ennui et sans tristesse. Il sourit.      

"Tu es la bénie, Soleil de mon âme ! Toi, la bénie, tu sais tout voir dans la lumière de la Grâce dont tu es remplie ! Ne perdons pas de temps, alors. Il faut partir, au plus vite et... revenir au plus vite car tout, ici, est prêt pour le... pour le..."

"Pour notre Fils, Joseph. Tel il doit paraître aux yeux du monde, rappelle-toi-le. Le Père a entouré de mystère sa venue et ce n'est pas à nous d'en enlever le voile. Lui, Jésus, le fera, quand ce sera l'heure..."      

La beauté du visage, du regard, de la physionomie, de la voix de Marie quand elle dit : "Jésus" ne peut pas se décrire. C'est déjà l'extase. Et sur cette extase la vision s'évanouit.  


Enseignement de Marie à Maria Valtorta
L'amour pour son époux et sa confiance en Dieu


27.5 – Marie dit :  

"Je n'ajoute pas grand-chose, car mes paroles sont déjà un enseignement.        

J'attire pourtant l'attention des épouses sur un point. Trop d'unions se défont par la faute des femmes qui n'ont pas cet amour qui est tout : gentillesse, pitié, attention affectueuse, réconfort pour le mari. Sur l'homme ne pèse pas la souffrance physique qui pèse lourdement sur la femme.      

Mais sur lui pèsent toutes les préoccupations morales : nécessité du travail, décisions à prendre, responsabilité devant les pouvoirs constitués et devant sa propre famille... Oh ! Que de choses ne pèsent-elles pas sur l'homme ! Et combien il a besoin lui aussi de réconfort ! Et bien, l'égoïsme est tel qu'au mari fatigué, découragé, méconnu, préoccupé, la femme ajoute le poids de ses plaintes inutiles et parfois injustes. Tout cela parce qu'elle est égoïste. Elle n'aime pas.  

Aimer ce n'est pas chercher sa propre satisfaction sensible ou intéressée. Aimer c'est satisfaire celui qu'on aime en dépassant la sensibilité et l'intérêt, c'est donner à son esprit l'aide dont il a besoin pour pouvoir tenir ses ailes ouvertes dans les cieux de l'espérance et de la paix.      

27.6 – Autre point sur lequel j'attire votre attention. J'en ai déjà parlé, mais j'insiste : la confiance en Dieu.

La confiance résume en elle les vertus théologales. Qui a confiance, cela veut dire qu'il a la foi. Avoir confiance suppose qu'on espère. Avoir confiance, c'est faire preuve d'amour. Aimer une personne, espérer et croire en elle, c'est là la confiance. Autrement, non. Dieu mérite une telle confiance qui doit être la nôtre. Si nous l'accordons à de pauvres hommes capables de n'y pas correspondre, pourquoi la refuser à Dieu qui ne nous manque jamais ?

La confiance est aussi humilité. L'orgueilleux dit : "Je me suffis à moi-même. Je ne me fie pas à celui-ci parce que c'est un incapable, un menteur, un prétentieux...". L'humble dit : "Je me fie à lui. Pourquoi ne m'y fierai-je pas ? Pourquoi devrai-je penser que je suis meilleur que lui ?". Et avec plus de raison encore, il parle ainsi de Dieu : "Pourquoi dois-je me défier de Celui qui est bon ? Pourquoi dois-je penser que je puis me suffire à moi-même ?" Dieu se donne à celui qui est humble, mais s'éloigne de l'orgueilleux.      

La confiance est aussi obéissance. Et Dieu aime l'obéissant. L'obéissance signifie que nous nous reconnaissons pour ses fils et que nous reconnaissons Dieu pour notre Père. Et un père ne peut qu'aimer lorsqu'il est un vrai père. Dieu est notre vrai Père et un Père parfait.      

27.7 – Le troisième point que je veux que vous méditiez, se base toujours sur la confiance. Aucun évènement ne peut survenir sans la permission de Dieu. Es-tu donc un puissant ? Tu l'es parce que Dieu l'a permis. Es-tu soumis à l'autorité ? Tu l'es parce que Dieu l'a permis.    

"Cherche donc, ô puissant, à ne pas faire de ta puissance un mal. Ce serait toujours "ton mal" même si, pour commencer, c’était le mal des autres. Parce que si Dieu permet, il ne permet pas tout, et si tu dépasses les bornes, il te frappe et te brise. De ton côté, toi qui est simple sujet, cherche à faire, de cette condition qui est la tienne, un aimant qui attire sur toit la protection céleste. Et ne maudis jamais. Laisses-en à Dieu le soin. C’est à Lui, Seigneur de tous les hommes, qu’il appartient de bénir et de maudire ses créatures.

"Va en paix".         

[1] Elle s’adresse au Père Migliorini, un servite de Marie dont le lieu fondateur se trouve à la Santissima Annunziata de Florence, là où sera inhumée plus tard Maria Valtorta.      

L’Annonciation qu’admire tant le Père Migliorini, est un portrait réputé miraculeux. Dans une dictée ultérieure, le 28 décembre 1947 (Les Cahiers), la Vierge Marie confirmera qu’il s’agit du portrait le plus ressemblant d’elle au moment de l’Annonciation.

[2] Maria Valtorta a vécu à Florence du premier mars 1913 (elle avait 16 ans) jusqu’en septembre 1924, interrompu par un long séjour dans sa famille à Reggio de Calabre où elle se soignait dans la suite de l’attentat qui la rendra ultérieurement invalide.

[3] Joseph est natif de Bethléem.

[4] Michée 5,1
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Message par Anayel Lun 23 Déc - 9:01

L’arrivée à Bethléem

         28.1 - Je vois une grande route. Il y a une énorme foule. Des ânes qui vont, chargés de meubles et de personnes. Des ânes qui reviennent. Les gens éperonnent leurs montures, et qui va à pied se hâte parce qu'il fait froid.          

L'air est pur et sec. Le ciel est serein, mais tout a ce semblant précis des jours de plein hiver. La campagne dépouillée semble plus vaste. Les pâturages ont une herbe courte, brûlée par les vents d'hiver. Sur les pâturages, les troupeaux cherchent un peu de nourriture, et cherchent le soleil qui naît lentement. Ils se serrent l'un contre l'autre parce qu'ils ont froid, eux aussi. Ils bêlent, levant le museau et regardant le soleil comme pour lui dire : "viens vite, qu'il fait froid !" Le terrain présente des ondulations qui se font de plus en plus nettes. C'est un vrai paysage de collines. Il y a des dépressions herbeuses et des pentes de petites vallées et des crêtes. La route passe au milieu et se dirige vers le sud-est.

Marie est sur son âne gris, toute enveloppée dans un épais manteau. Sur le devant de la selle se trouve ce dispositif déjà vu au voyage vers Hébron et, par-dessus, le coffre avec les objets les plus nécessaires.  

Joseph marche à côté, tenant la bride : "Es-tu fatiguée ?" demande-t-il de temps en temps.  

Marie le regarde en souriant et dit : "Non." À la troisième fois, elle ajoute : "C'est toi plutôt qui dois marcher à pied qui serais fatigué."      

"Oh ! moi, pour moi ce n'est rien. Je pense que si j'avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais, je n'en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment. Mais courage ! Bientôt nous serons à Bethléem. Au-delà de cette montagne, c'est Ephrata."        

Ils gardent le silence. La Vierge, quand elle ne parle plus, parait se recueillir en une prière intérieure. Elle sourit doucement à une de ses pensées et tout en ayant les yeux sur la foule, elle ne semble plus voir si c'est un homme, une femme, un vieillard, un berger, un riche ou un pauvre. Mais ce qu'elle voit, c'est à elle seulement.

Le vent se lève.      

"As-tu froid ?" demande Joseph.        

"Non, merci."      

Mais Joseph n'a pas confiance. Il lui touche les pieds qui pendent sur le flanc de l'âne, les pieds chaussés de sandales et qu'on voit dépasser à peine de son long vêtement. Il doit les trouver froids car il secoue ta tête. Il enlève une couverture qu'il porte en bandoulière et l'étend sur les jambes de Marie et jusque sur son sein de façon que les mains soient bien au chaud sous la couverture et le manteau.      

28.2 - Ils rencontrent un berger qui coupe la route avec son troupeau, qu'il fait passer d'un pâturage sur la droite à un autre sur la gauche. Joseph se penche pour lui dire quelque chose. Le berger lui répond par un signe d'assentiment. Joseph prend l'âne et le fait passer derrière le troupeau dans le pâturage. Le berger tire un bol grossier de sa besace, trait une grosse brebis aux mamelles gonflées et passe le bol à Joseph qui l'offre à Marie.        

"Dieu vous bénisse tous les deux" dit Marie. "Toi pour ton amour et toi pour ta bonté. Je prierai pour toi."    

"Vous venez de loin ?"  

"De Nazareth" répond Joseph.

"Et vous allez ?"  

"À Bethléem."    

"Long voyage pour la femme en cet état. C'est ta femme ?"      

"Oui, c'est ma femme."

"Avez- vous où aller ?"  

"Non."      

"C'est bien ennuyeux : Bethléem est pleine de gens venus de partout pour se faire inscrire ou pour aller ailleurs faire la même démarche. Je ne sais si vous trouverez un logement. Connaissez. vous l'endroit ?"        

"Pas beaucoup."  

"Eh ! bien... je te renseigne... à cause d'elle (et il désigne Marie). Cherchez l'auberge. Elle sera pleine, mais je vous l'indique pour vous donner un point de repère. Elle est dans une place, la plus grande. Vous partez de la rue principale. Vous ne pouvez pas vous tromper. Il y a une fontaine devant l'auberge, qui est grande et passe avec un portail.  

Elle sera comble. Mais si vous ne trouvez rien à l'auberge et dans les maisons, passez par derrière de l'auberge dans la direction de la campagne. Il y a des écuries dans la montagne, qui parfois servent aux marchands allant à Jérusalem pour y mettre leurs animaux quand il n'y a pas de place à l'auberge. Ce sont des écuries, vous comprenez, dans la montagne : elles sont humides, froides et sans portes. Mais c'est toujours un refuge parce que la femme... ne peut rester sur la route. Peut-être là vous trouverez une place avec du foin pour dormir et aussi pour l'âne. Et que Dieu vous accompagne."      

"Et que Dieu te donne joie" répond Marie. Joseph à son tour lui dit : "La paix soit avec toi."          

28.3 - Ils reprennent la route. Une dépression plus vaste apparaît de l'escarpement qu'ils ont franchi. Dans la dépression, en haut et en bas des pentes qui l'entourent, il y a des maisons et encore des maisons. C'est Bethléem.

"Nous voici sur la terre de David, Marie. Maintenant tu vas te reposer. Tu me semble tellement fatiguée..."        

"Non. Je pensais... Je pense..." Marie prend la main de Joseph et lui dit avec un sourire radieux : "Je crois vraiment que le moment est venu."      

"Dieu de miséricorde ! Comment allons-nous faire ?"    

"Ne crains pas, Joseph. Ne te laisse pas troubler. Vois comme je suis calme, moi ?"

"Mais tu souffres beaucoup ?"

"Oh ! non. Je suis remplie de joie. Une telle joie, si forte, si belle, si irrésistible, que mon cœur bat fort, fort et me dit : "Il naît ! Il naît !" Il le dit à chaque battement. C'est mon Petit qui frappe à la porte de mon cœur et qui me dit : "Maman, me voici pour te donner le baiser de Dieu". Oh ! quelle joie, mon Joseph !"        

Mais Joseph n'est pas à la joie. Il pense à l'urgence de trouver un abri et il hâte le pas. Porte après porte, il demande un abri.

Rien. Tout est occupé. Ils arrivent à l'auberge. Elle est pleine jusque sous les portiques rustiques, qui entourent la grande cour intérieure, de gens qui bivouaquent.

Joseph laisse Marie sur l'âne à l'intérieur de la cour et il sort pour chercher dans d'autres maisons. Il revient découragé. Il n'y a rien. Le précoce crépuscule d'hiver commence à étendre ses voiles. Joseph supplie l'aubergiste. Il supplie des voyageurs. Eux sont des hommes en bonne santé. Ici c'est une femme sur le point de mettre au monde un enfant. Qu'ils aient pitié ! Rien. Voici un riche pharisien qui le regarde avec un mépris visible, et, quand Marie s'approche, il s'écarte comme s'il s'était approché d'une lépreuse. Joseph le regarde et la rougeur de l'indignation lui monte au visage. Marie met la main sur le poignet de Joseph, pour le calmer et dit : "N'insiste pas. Partons. Dieu y pourvoira."

28.4 - Ils sortent, ils longent le mur de l'auberge. Ils tournent par une ruelle encastrée entre elle et de pauvres maisons. Ils contournent l'auberge. Ils cherchent. Voilà des espèces de grottes, de caves, dirai-je, plutôt que des écuries, tant elles sont basses et humides. Les plus belles sont déjà occupées. Joseph est accablé.        

"Ohé ! Galiléen !" lui crie par derrière un vieil homme. "Là au fond, sous ces ruines, il y a une tanière. Peut-être n'y a-t-il encore personne."    

Ils s'approchent de cette "tanière." C'est vraiment une tanière. Parmi les décombres d'un bâtiment en ruines, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu'une grotte. On dirait que ce sont les fondations d'une ancienne construction auxquelles servent de toit les matériaux étayés par ces troncs d'arbre à peine équarris.
Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte GrotteFerri
(Croquis de la Grotte par Lorenzo Ferri sur indications de Maria Valtorta).
Pour y voir plus clair, car il y a très peu de jour, Joseph sort de l'amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu'il sort de la besace qu'il porte en bandoulière. Il entre, Un mugissement le salue. "Viens. Marie, elle est vide, il n'y a qu'un bœuf." Joseph sourit : "Ça vaut mieux que rien ! ..."        

28.5 - Marie descend de son âne et entre.    

Joseph a fixé son lumignon à un clou dans l'un des troncs qui servent de pilier. On voit la voûte couverte de toiles d'araignées, le sol en terre battue et tout disloqué avec des trous, des cailloux, des détritus et des excréments et couvert de tiges de paille. Au fond, un bœuf se retourne et regarde avec ses grands yeux tranquilles pendant que du foin lui pend des lèvres. Il y a un siège grossier et deux pierres dans un coin, près d'une fente. Le noir de ce recoin indique que c'est là qu'on fait du feu.      

Marie s'approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire. Il semble comprendre. De même quand Joseph le pousse plus loin pour enlever beaucoup de foin au râtelier et faire un lit pour Marie. Le râtelier est double : celui où mange le bœuf et par-dessus une sorte d'étagère où se trouve une provision de foin. C'est celle-là que prend Joseph. Le bœuf laisse faire. Il fait aussi une place pour l'âne qui, fatigué et affamé, se met tout de suite à manger.  

Joseph découvre aussi un seau renversé tout cabossé. Il sort parce que dehors il y a un ruisseau et revient avec de l'eau pour l'âne. Puis il s'empare d'une botte formée de branches, déposée dans un coin et essaye de balayer le sol. Ensuite il étend du foin, en fait un lit, près du bœuf dans l'angle le plus sec et le plus abrité. Mais, il le trouve humide ce pauvre foin, et il soupire. Il allume le feu et, avec une patience de chartreux, il sèche le foin par poignées en le tenant près du feu.          

Marie, assise sur un tabouret, fatiguée, regarde et sourit. C'est fini. Marie s'installe de son mieux sur le foin moelleux avec les épaules appuyées sur un tronc. Joseph complète... l'ameublement en étendant son manteau qui fait office de tente sur le trou qui sert d'entrée. Un abri très relatif. Puis il offre du pain et du fromage à la Vierge et lui donne à boire de l'eau d'une gourde. "Dors maintenant" lui dit-il après. "Moi, je veillerai pour que le feu ne s'éteigne pas. Il y a du bois, heureusement. Espérons qu'il dure et brûle. Je pourrai épargner l'huile de la lampe."      

Marie s'allonge, obéissante. Joseph la couvre avec le manteau même de Marie et la couverture qu'elle avait d'abord aux pieds.    

"Mais toi... tu auras froid."      

"Non, Marie. Je reste près du feu. Tâche de te reposer. Demain ça ira mieux."    

Marie ferme les yeux sans se faire prier. Joseph se rencogne dans son coin sur le tabouret avec des brindilles à côté. Il y en a peu. Je ne pense pas qu'elles durent longtemps.      

Ils sont placés de la manière suivante : Marie à droite, avec les épaules tournées vers la porte, à moitié cachée par un tronc d'arbre et par le corps du bœuf qui s'est accroupi dans la litière. Joseph à gauche, tourné vers la porte et par conséquent en diagonale, avec le visage tourné vers le feu et les épaules vers Marie.        

Il se retourne de temps en temps pour la regarder et la voit tranquille, comme si elle dormait. Il utilise peu à peu les branches et les jette une par une sur le feu pour qu'il ne s'éteigne pas, pour qu'il donne de la lumière et pour que ce peu de bois dure. Il n'y a plus que la lueur, tantôt plus vive, tantôt presque morte du feu, car la lampe est à bout de combustible et dans la pénombre se détache seulement la blancheur du bœuf, du visage et des mains de Joseph. Tout le reste n'est qu'une masse qui se fond dans l'épaisseur de la pénombre.

28.6 - "Il n’y a rien à dire de plus" dit Marie. "La vision parle d’elle-même. À vous d’en tirer la leçon de charité, d’humilité et de pureté qui en découle. Repose-toi. Repose-toi en veillant comme j’ai veillé en attendant Jésus. Il viendra t’apporter sa paix"      
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Message par Anayel Mar 24 Déc - 8:54

La naissance de Jésus Christ, notre Sauveur


29.1 - Je revois l'intérieur de ce pauvre refuge pierreux où, partageant le sort des animaux, Marie et Joseph ont trouvé asile.      

Le petit feu sommeille ainsi que son gardien. Marie soulève doucement la tête de sa couche, et regarde. Elle voit Joseph, la tête inclinée sur la poitrine, comme s'il réfléchissait, et elle pense que la fatigue a triomphé de sa bonne volonté de rester éveillé. Elle sourit, d'un bon sourire. Faisant moins de bruit que ne peut en faire un papillon qui se pose sur une rose, elle s'assied, puis s'agenouille. Elle prie avec un sourire radieux sur le visage. Elle prie, les bras étendus non pas précisément en croix, mais presque, les paumes dirigées vers le haut et en avant, et elle ne paraît pas fatiguée de cette pose pénible. Puis, elle se prosterne, le visage contre le foin, dans une prière encore plus profonde. Une prière prolongée.        

Joseph s'éveille. Il voit que le feu est presque mort et que l'étable est dans une quasi-obscurité.      

Il jette une poignée de brindilles et la flamme se réveille. Il y ajoute des branches plus grosses, puis encore plus grosses car le froid doit être piquant, le froid de la nuit hivernale et tranquille qui pénètre partout dans ces ruines.

Le pauvre Joseph doit être gelé, car il se trouve près de la "porte" - appelons comme cela l'ouverture sur laquelle son manteau fait office de rideau -. Il approche les mains près de la flamme, défait ses sandales et approche ses pieds. Il se chauffe. Quand le feu est bien pris, et que sa clarté est assurée, il se tourne. Il ne voit rien, pas même cette blancheur du voile de Marie qui traçait une ligne claire sur le foin obscur. Il se lève et lentement s'approche de la couchette.    

"Tu ne dors pas, Marie ?" demande-t-il. Il le demande trois fois, jusqu'à ce qu'elle en prenne conscience et réponde : "Je prie."          

"Tu n'as besoin de rien ?"        

"Non, Joseph."    

"Essaie de dormir un peu, de reposer au moins."    

"J'essaierai, mais la prière ne me fatigue pas."        

"Adieu, Marie."    

"Adieu, Joseph."  

Marie reprend sa position. Joseph pour ne plus céder au sommeil s'agenouille près du feu et il prie. Il prie avec les mains qui lui couvrent le visage. Il ne les enlève que pour alimenter le feu et puis il revient à sa brûlante prière. À part les crépitements du bois et le bruit du sabot de l'âne, qui de temps en temps frappe le sol, on n'entend rien.      

29.2 - Un rayon de lune pénètre par une fissure du plafond, comme une lame immatérielle d’argent qui s’en va chercher Marie. Au fur et à mesure que la lune monte dans le ciel, il s’allonge et, finalement, l’atteint. Le voilà sur la tête de Marie en prière, la nimbant de blancheur.  

Marie lève la tête comme pour un appel du ciel et elle s'agenouille de nouveau. Oh ! comme c'est beau ici ! Elle lève sa tête qui semble resplendir de la lumière blanche de la lune, et elle est transfigurée par un sourire qui n'est pas humain. Que voit-elle ? Qu'entend-elle ? Qu'éprouve-t-elle ? Il n'y a qu'elle qui pourrait dire ce qu'elle vit, entendit, éprouva à l'heure fulgurante de sa Maternité.            

Je me rends seulement compte qu'autour d'elle la lumière croit, croit, croit. On dirait qu'elle descend du Ciel, qu'elle émane des pauvres choses qui l'environnent, qu'elle émane d'elle surtout.      

Son vêtement, d'azur foncé, a à présent la couleur d'un bleu d'une douceur céleste de myosotis, les mains et le visage semblent devenir azurés comme s'ils étaient sous le feu d'un immense et clair saphir. Cette couleur me rappelle, bien que plus légère, celle que je découvre dans la vision du saint Paradis et aussi celle de la vision de l'arrivée des Mages. Elle se diffuse surtout toujours plus sur les choses, les revêt, les purifie, leur communique sa splendeur.      

La lumière se dégage toujours plus du corps de Marie, absorbe celle de la lune, on dirait qu'elle attire en elle tout ce qui peut arriver du ciel. Désormais, c'est elle qui est la Dépositaire de la Lumière, celle qui doit donner cette Lumière au monde. Et cette radieuse, irrésistible, incommensurable, éternelle, divine Lumière qui va être donnée au monde, s'annonce avec une aube, une diane, un éveil de la lumière, un chœur d'atomes lumineux qui grandit, s'étale comme une marée qui monte, monte en immenses volutes d'encens, qui descend comme un torrent, qui se déploie comme un voile...    

La voûte, couverte de fissures, de toiles d'araignées, de décombres en saillie qui semblent miraculeusement équilibrées, noire, fumeuse, repoussante, semble la voûte d'une salle royale. Chaque pierre est un bloc d'argent, chaque fissure une clarté opaline, chaque toile d'araignée un baldaquin broché d'argent et de diamants. Un gros lézard, engourdi entre deux blocs de pierre, semble un collier d'émeraude oublié là, par une reine; une grappe de chauve-souris engourdies émettent une précieuse clarté d'onyx. Le foin qui pend de la mangeoire la plus haute n'est plus de l'herbe : ce sont des fils et des fils d'argent pur qui tremblent dans l'air avec la grâce d'une chevelure flottante.        

La mangeoire inférieure, en bois grossier, est devenue un bloc d'argent bruni. Les murs sont couverts d'un brocart où la blancheur de la soie disparaît sous une broderie de perles en relief. Et le sol... qu'est-ce maintenant le sol ? Un cristal illuminé par une lumière blanche. Les saillies semblent des roses lumineuses jetées sur le sol en signe d'hommage; et les trous, des coupes précieuses, d'où se dégagent des arômes et des parfums.  

29.3 - La lumière ne cesse de croître. L'œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge... et en émerge la Mère [1].          

Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras. Un petit Bébé rose et grassouillet qui s'agite et se débat avec ses mains grosses comme un bouton de rose et des petits pieds qui iraient bien dans le cœur d'une rose; qui vagit d'une voix tremblotante exactement comme celle d'un petit agneau qui vient de naître, ouvrant la bouche, rouge comme une petite fraise de bois, montrant sa petite langue qui bat contre son palais couleur de rose; qui remue sa petite tête si blonde qu'on la croirait sans cheveux, une petite tête ronde que la Maman soutient dans le creux de l'une de ses mains pendant qu'elle regarde son Bébé et l'adore, pleurant et riant tout ensemble et qu'elle s'incline pour y déposer un baiser, non pas sur la tête innocente, mais sur le milieu de la poitrine sous lequel se trouve le petit cœur, qui bat, qui bat pour nous... là où un jour sera la blessure. Elle la panse d'avance, cette blessure, sa Maman, avec son pur baiser d'Immaculée.    

Le bœuf éveillé par la clarté se dresse avec un grand bruit de sabots et il mugit. L'âne relève la tête et brait. C'est la lumière qui les réveille, mais j'aime penser qu'ils ont voulu saluer leur Créateur pour eux-mêmes et pour tous les animaux.  

29.4 – Joseph aussi, qui priait, comme en extase, avec une intensité telle qu’il s’était isolé de tout ce qui l’entourait, se secoue. Entre ses doigts dont il se couvre le visage, il voit filtrer cette étrange lumière. Il découvre son visage, lève la tête, se tourne. Le bœuf, debout, lui cache Marie. Mais elle l’appelle :  

"Joseph, viens."    

Joseph accourt et devant le spectacle s'arrête comme foudroyé de révérence, il va tomber à genoux là où il se trouve. Mais Marie insiste : "Viens, Joseph." Elle appuie la main gauche sur le foin et tenant de la main droite l'Enfant qu'Elle serre sur son cœur, elle se lève et se dirige vers Joseph qui marche hésitant, pris entre le désir d'avancer et la peur d'être irrespectueux.      

Au pied de la couche les deux époux se rencontrent et se regardent en pleurant de bonheur.    

"Viens" dit Marie "offrons Jésus au Père."  

Pendant que Joseph s'agenouille, elle, debout, entre les deux poutres qui soutiennent la voûte, élève sa Créature entre ses bras et dit : "Me voici. C'est pour Lui, ô Dieu, que je te dis cette parole. Me voici pour faire ta volonté [2]. Et avec Lui, moi, Marie et Joseph mon époux. Voici tes serviteurs, Seigneur. Que soit accomplie par nous, à toute heure et en toute occasion, ta volonté pour ta gloire et ton amour." Puis Marie se penche et dit :

"Prends, Joseph" et lui offre l'Enfant.            

"Moi ! À Moi ! Oh ! Non ! Je ne suis pas digne !" Joseph est tout effrayé, anéanti à l'idée de devoir toucher Dieu.        

Mais Marie insiste en souriant :          

"Tu en es bien digne. Personne ne l'est plus que toi. C'est pour cela que Dieu t'a choisi. Prends-le, Joseph, et tiens-le pendant que je cherche les langes."      

Joseph, rouge comme une pivoine, avance les bras et prend le petit bourgeon de chair qui crie parce qu'il a froid. Quand il l'a entre les bras, il ne persiste pas dans l'intention de le tenir par respect éloigné de lui. Il le serre contre son cœur et éclatant en sanglots : "Oh ! Seigneur ! Mon Dieu !" et il se penche pour baiser ses petits pieds et les sent glacés. Alors, il s'assoit sur le sol, leserre sur son sein. Avec son habit marron, avec ses mains il s'ingénie à le couvrir, à le réchauffer, à le défendre contre la bise nocturne. Il voudrait bien aller du côté du feu, mais là il y a un courant d'air qui entre par la porte. Mieux vaut rester où il est. Il vaut mieux même aller entre les deux animaux qui les protégeront du courant d'air et donneront un peu de chaleur. Il va se mettre entre le bœuf et l'âne avec les épaules tournées vers la porte, penché sur le Nouveau-né pour lui faire de sa poitrine une niche dont les parois sont une tête grise aux longues oreilles et un grand museau blanc aux naseaux fumants et aux bons yeux humides.    

29.5 – Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile.  

"Où allons-nous le mettre maintenant ?" dit-elle.

Joseph regarde autour, réfléchit... "Attends, dit-il. Poussons plus loin les deux animaux et leur foin. Tirons en bas le foin de la mangeoire qui est plus haut et mettons-le ici à l'intérieur. Le bord de cette mangeoire le protégera de l'air, le foin lui fera un oreiller et le bœuf par son souffle le réchauffera un peu." Et Joseph se met à l'ouvrage, pendant que Marie berce son Petit en le serrant sur son cœur et en appuyant sa joue sur la petite tête pour la réchauffer.          

Joseph ravive le feu sans épargner le bois pour faire une belle flamme. Il réchauffe le foin et peu à peu le sèche et le met sur le sein pour l'empêcher de refroidir. Puis, quand il en a assez amoncelé pour faire un petit matelas à l'Enfant, il va à la mangeoire et l'arrange pour en faire un berceau. "C'est prêt, dit-il. Maintenant il faudrait bien une couverture pour empêcher le foin de le piquer, et pour le couvrir..."          

"Prends mon manteau" dit Marie.      

"Tu auras froid."  

"Oh ! cela ne fait rien ! La couverture est trop rugueuse. Le manteau est doux et chaud. Je n'ai pas du tout froid. Mais que Lui ne souffre plus."        

Joseph prend l'ample manteau de moelleuse laine bleue sombre et l'arrange en double sur le foin, avec un pli qui penche hors de la crèche. Le premier lit du Sauveur est prêt.

Et la Mère, de sa douce démarche ondoyante, le porte et le dépose, le recouvre avec le pli du manteau qu'elle amène aussi autour de la tête nue qui enfonce dans le foin, à peine protégé des piqûres par le mince voile de Marie. Il ne reste à découvert que le petit visage gros comme le poing, et les deux, penchés sur la crèche, radieux, le regardent dormir son premier sommeil. La chaleur des langes et du foin a arrêté ses pleurs et apporté le sommeil au doux Jésus.


Efficacité salvatrice de la maternité divine de Marie

29.6 - Marie dit :          

"Je t'avais promis que Lui serait venu t'apporter sa paix. Te rappelles-tu cette paix qui était en toi au jour de Noël ? Quand tu m'as vue avec mon Bébé ? Alors c'était ton temps de paix. Maintenant c'est ton temps de peine. Mais, tu le sais désormais : c'est dans la souffrance que l'on gagne la paix et toute grâce pour nous et pour le prochain.  

Jésus-Homme redevint Jésus-Dieu après les terribles souffrances de la Passion. Il redevint la Paix. Paix dans le Ciel d'où il était venu et d'où maintenant il répand sa paix sur ceux qui, dans le monde, l'aiment. Mais aux heures de la Passion, Lui, Paix du monde, fut privé de cette paix. Il n'aurait pas souffert, s'il l'avait possédée. Et il devait souffrir. Complètement souffrir.      

29.7 - Moi, Marie, j'ai racheté la femme avec ma Maternité divine. Mais cela ne fut que le début. de la rédemption de la femme. Me refusant à toute union humaine par le vœu de virginité, j'avais repoussé toute satisfaction charnelle en méritant ainsi la grâce de Dieu. Mais ce n'était pas encore suffisant. En effet, le péché d'Ève était comme un arbre à quatre branches : orgueil, cupidité, gourmandise, luxure. Et ces quatre branches devaient être coupées avant de stériliser l'arbre jusqu'en ses racines.        

29.8 - C'est en m'humiliant jusqu'au plus profond de moi-même que j'ai vaincu l'orgueil. Je me suis humiliée devant tout le monde. Je ne parle pas de mon humilité devant Dieu. Elle est due au Très-Haut par toute créature. Son Verbe la possédait. Je devais l’avoir, moi, femme. Mais as-tu réfléchi à toutes ces humiliations que j'ai dû supporter, et sans me défendre, d'aucune manière, de la part des hommes ?

Même Joseph, qui était juste, m'avait accusée en son cœur. Les autres qui n'étaient pas justes, avaient péché en médisant de ma grossesse, et la rumeur de leurs paroles était venue comme un flot amer se briser contre mon honneur de femme. Ce furent les premières des humiliations innombrables que ma vie de Mère de Jésus et du genre humain me procurèrent. Humiliations de pauvreté, humiliations de réfugiée, humiliations pour les reproches des parents et amis qui, ne connaissant pas la vérité, taxaient de faiblesse ma conduite maternelle à l'égard de Jésus, devenu jeune homme, humiliations pendant les trois années de son ministère, humiliations cruelles à l'heure du Calvaire, humiliations jusqu'à reconnaître que je n'avais pas de quoi acheter une place et des aromates pour la sépulture de mon Fils.          

29.9 - J'ai vaincu la cupidité des premiers parents en renonçant d'avance à ma Créature.          

Une mère ne renonce jamais que par force à sa créature. Si elle est réclamée à son cœur par la patrie, l'amour d'une épouse ou Dieu Lui-même, elle se raidit contre la séparation. C'est naturel. Le fils croît dans le sein maternel et on ne coupe jamais complètement le lien qui tient sa personne unie à la nôtre. Même quand on a rompu le canal vital de l'ombilic, il reste toujours un nerf qui part du cœur de la mère, un nerf spirituel, plus vivant et plus sensible qu'un nerf physique et qui est branché sur le cœur du fils. Et on le sent s'étirer à en faire souffrir si l'amour de Dieu ou d'une créature, le devoir patriotique éloignent le fils de la mère. Et il se brise en déchirant le cœur si la mort arrache un fils à une mère.  

Et moi, j'ai renoncé, dès l'instant que je l'ai eu, à mon Fils; Je l'ai donné à Dieu, je l'ai donné à vous. Moi, du Fruit de mon sein, je me suis dépouillée pour réparer la faute d'Ève du fruit dérobé à Dieu.

29.10 - J'ai vaincu la gourmandise, celle du savoir et celle de la jouissance, en acceptant de savoir uniquement ce que Dieu voulait que je sache, sans demander à moi-même ou à Lui plus que ce qui m'avait été dit. J'ai cru, sans chercher. J'ai vaincu la gourmandise de la jouissance car je me suis refusé toute satisfaction sensuelle; Ma chair, je l'ai mise sous mes pieds. La chair, instrument de Satan, je l'ai mise avec Satan, sous mon talon afin de m'en faire un escabeau pour m'approcher du Ciel. Le Ciel, mon but ! Là où est Dieu, ma seule faim, une faim qui n'est pas gourmandise mais nécessité bénie par Dieu qui ne veut nous voir d'appétit que pour Lui seul.          

29.11 - J'ai vaincu la luxure qui est la gourmandise portée jusqu'à la gloutonnerie. En effet, tout vice non réfréné conduit à un vice plus grand. La gourmandise d'Ève, déjà condamnable, l'a conduite à la luxure. Il ne lui a pas suffi de se satisfaire seule, elle a voulu pousser sa faute jusqu'au raffinement. Elle a connu la luxure et l'a enseignée à son compagnon. J'ai bouleversé les termes, et au lieu de descendre, j'ai toujours monté. Au lieu de faire déchoir, j'ai toujours attiré vers les sommets, et de mon compagnon, qui était un homme honnête, j'en ai tait un ange.  

Dès que je possédais Dieu, et avec Lui ses richesses infinies, je me suis hâtée de me dépouiller en disant : "Voilà : qu'elle soit faite pour Lui et par Lui ta volonté". Chaste est celui-là qui possède la retenue, non seulement de la chair, mais encore des affections et des pensées.      

Je devais être la Chaste pour réduire à rien l'Impudique de la chair, du cœur et de l'esprit. Je n'ai pas quitté cette retenue en ne disant pas même de mon Fils, qui était uniquement à moi sur la terre comme il était uniquement à Dieu au Ciel : "Celui-ci est à moi, je le veux".    
 
29.12 - Pourtant cela ne suffisait pas encore, pour rendre à la femme la paix perdue par Ève. Cette paix, je vous l'ai obtenue au pied de la Croix, en voyant mourir Celui que tu as vu naître. En me sentant arracher les entrailles au cri de ma Créature qui mourait, je me suis vidée de tout féminisme : je n'étais plus chair, mais ange. Marie, la Vierge unie comme épouse à l'Esprit, est morte à ce moment-là. Il restait la Mère de la Grâce, celle qui par son tourment vous a engendrés à la Grâce et vous l'a donnée. La femelle que j'avais reconsacrée en tant que femme la nuit de Noël, a acquis au pied de la Croix le moyen de devenir la créature des Cieux.  

Moi, j'ai fait cela, pour vous, en me refusant toute satisfaction, même sainte. De vous, réduites par Ève à être des femelles pas supérieures aux compagnes des animaux, j'ai fait, pourvu que vous le vouliez, les saintes de Dieu. J'ai atteint ce sommet pour vous.        

Comme Joseph, je vous ai portées vers les hauteurs. Le rocher du Calvaire est pour moi le Mont des Oliviers. Là, j'ai pris mon élan pour porter jusqu'aux Cieux, l'âme de nouveau sanctifiée de la femme, en même temps que ma chair, glorifiée pour avoir porté le Verbe de Dieu, et j'ai supprimé en moi jusqu'à la dernière trace d'Ève, la dernière racine de cet arbre aux quatre rameaux empoisonnés et la racine enfoncée dans les sens qui avait entraîné à sa chute l'humanité, et qui, jusqu'à la fin des siècles et jusqu'à la dernière femme, vous mordra les entrailles. C'est de l'endroit où je resplendis dans le rayonnement de l'Amour que je vous appelle et vous indique le Remède pour vous vaincre vous-mêmes : la Grâce de mon Seigneur et le Sang de mon Fils.        

29.13 – Quant à toi, ma voix, repose ton âme dans la lumière de cette première aube de Jésus pour avoir la force au cours des crucifixions qui ne te seront pas épargnées, parce que c'est ici que nous te voulons, ici où on arrive par le chemin de la douleur, parce que c'est ici que nous te voulons où l'on monte d'autant plus haut qu'on a supporté davantage de peine pour obtenir la Grâce au monde.

Va en paix, je suis avec toi."      

[1] Catéchèse du 15 septembre 1943 – "Ma naissance fut une très douce extase. Dans le silence de la nuit qui isolait du monde la très humble demeure solitaire, Marie s’était plongée dans ses ferventes contemplations de Dieu. La prière de Marie était toujours un ravissement en Dieu. En sortant de son ravissement, elle connut le Fils. Même que ce furent les premiers pleurs de l’Enfant-Dieu qui arrachèrent la Mère à sa contemplation spirituelle de Dieu et portèrent son regard à contempler le plus grand miracle, de l’Univers : un Dieu incarné pour la rédemption de l’humanité". (Cahiers de 1943 - p. 298)

[2] Cf. Psaume 39 (Hébreu 40),8-9.
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Message par Anayel Mer 25 Déc - 10:37

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Message par Anayel Mer 25 Déc - 10:40

L’annonce aux bergers, premiers adorateurs du Verbe fait homme.


[…] [1]  

30.1 - Plus tard je vois une vaste étendue de campagne. La lune est au zénith et elle cingle tranquille dans un ciel tout constellé. Les étoiles paraissent des clous de diamant enfoncés dans un immense baldaquin de velours bleu foncé. Et la lune rie au milieu avec sa figure toute blanche d'où descendent des fleuves de lumière laiteuse qui donnent une teinte blanche au paysage. Les arbres dépouillés de leur feuillage se détachent plus grands et sombres sur cette blancheur, pendant que les murets qui surgissent çà et là ressemblent à du lait caillé. Une maisonnette, dans le lointain, semble être un bloc de marbre de Carrare.          

Sur ma droite, je vois une sorte de hangar qui est construit partie en maçonnerie, partie en bois. De là, sort de temps en temps un bêlement intermittent et bref. Ce doit être des brebis qui rêvent ou qui croient l'aube proche à cause du clair de lune. C'est une clarté, excessive même, tant elle est intense, et qui s'accroît comme si l'astre s'approchait de la terre ou étincelait par suite d'un mystérieux incendie.        

30.2 - Un berger s'avance sur le seuil. Il lève le bras à hauteur du front pour ménager ses yeux et regarde en l'air. Il semble impossible qu'on doive s'abriter de la clarté de la lune, mais elle est si vive qu'elle éblouit, en particulier celui qui sort d'un enclos, d'ordinaire ténébreux. Tout est calme, mais cette clarté est étonnante.          

Le berger appelle ses compagnons. Ils vont tous à la porte. Un tas d'hommes hirsutes, de tous âges. Il y a des adolescents et d'autres qui déjà blanchissent. Ils commentent le fait étrange et les plus jeunes ont peur, spécialement un garçon d'une douzaine d'années qui se met à pleurer, s'attirant les moqueries des plus vieux.        

"De quoi as-tu peur, sot que tu es ?" lui dit le plus vieux [2]. "Tu ne vois pas que l'air est tranquille ? Tu n'as jamais vu un clair de lune ? Es-tu toujours resté sous la robe de la maman comme un poussin sous la poule couveuse ? Mais, tu en verras des choses ! Une fois j'étais allé vers les monts du Liban, plus loin encore. Je montais. J'étais jeune et la marche ne me fatiguait pas. J'étais riche aussi à cette époque... Une nuit, je vis une lumière telle que je pensai qu'Élie allait revenir avec son char de feu. Le ciel était tout embrasé. Un vieux - le vieux c'était lui - me dit : "Un grand événement va bientôt se produire dans le monde. Et pour nous ce fut un événement : l'arrivée des soldats de Rome. Oh ! tu en verras si tu vis..."        

30.3 - Mais le petit berger ne l'écoute déjà plus. Il semble n'avoir plus peur. En effet, il quitte le seuil et s'esquive de derrière les épaules d'un berger musclé derrière lequel il s'était réfugié et sort dans le parc qui se trouve devant le hangar. Il regarde en l'air et marche comme un somnambule ou comme s'il était hypnotisé par quelque chose qui le captive totalement. À un moment il crie : "Oh !" et reste comme pétrifié, les bras légèrement ouverts. Les autres se regardent, étonnés.    

"Mais qu'a donc ce sot ?" dit quelqu'un.        

"Demain je le ramène à sa mère. Je ne veux pas d'un fou pour garder les brebis" dit un autre.      

Et le vieux qui a parlé précédemment dit alors : "Allons voir avant de juger. Appelez aussi les autres qui dorment et prenez des bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des malandrins..."      

Ils rentrent, ils appellent les autres bergers et sortent avec des torches et des matraques. Ils rejoignent l'enfant.          

"Là, là" murmure-t-il en souriant. "Au-dessus de l'arbre regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu'elle s'avance sur un rayon de lune. La voilà qui approche. Comme elle est belle !"            

"Moi, je ne vois qu'une clarté un peu vive."    

"Moi aussi."          

"Moi aussi" disent les autres.  

"Non. Je vois quelque chose qui ressemble à un corps" dit un autre en qui je reconnais le berger qui a donné le lait à Marie.  

"C'est un... c'est un ange !" crie l'enfant. "Le voilà qui descend et s'approche... Par terre ! À genoux devant l'Ange de Dieu !"          

Un "oh !" prolongé et respectueux s'élève du groupe des bergers qui tombent le visage contre terre et paraissent d'autant plus frappés par l'apparition qu'ils sont plus âgés. Les plus jeunes sont à genoux et regardent l'ange qui s'approche toujours plus, et s'arrête en l'air déployant ses grandes ailes, blancheur de perles dans la blancheur lunaire qui l'enveloppe, au-dessus du mur d'enceinte.        

"Ne craignez pas, je ne vous porte pas malheur. Je vous apporte la nouvelle d'une grande joie pour le peuple d'Israël et pour tous les peuples de la terre."        

La voix angélique, c'est une harpe harmonieuse qui accompagne des voix de rossignols.

"Aujourd'hui, dans la cité de David, est né le Sauveur."    

À ces mots, l'ange ouvre plus grandes ses ailes et les agite comme par un tressaillement de joie et une pluie d'étincelles d'or et de pierres précieuses paraît s'en échapper. Un véritable arc-en-ciel qui dessine un arc de triomphe au-dessus du pauvre parc.  

"...le Sauveur qui est le Christ."          

L'ange brille d'une lumière plus éclatante. Ses deux ailes, maintenant arrêtées et tendues vers le ciel semblent deux voiles immobiles sur le saphir de la mer, deux flammes qui montent ardentes.    

"...Christ, le Seigneur !"

L'ange replie ses ailes de lumière et s'en couvre comme d'un survêtement de diamant sur un habit de perles, il s'incline comme pour adorer avec les bras serrés sur le cœur et le visage qui disparaît, incliné comme il est sur la poitrine, dans l'ombre du haut des ailes repliées. On ne voit plus qu'une forme allongée et lumineuse, immobile pendant la durée d'un Gloria.        

Mais voici qu'il bouge. Il rouvre les ailes et lève son visage où la lumière s'épanouit en un sourire paradisiaque et il dit :      

"Vous le reconnaîtrez à ces signes : dans une pauvre étable, derrière Bethléem, vous trouverez un bébé enveloppé dans des langes couché dans une mangeoire d'animaux, parce que pour le Messie, il n'y a pas eu de toit dans la cité de David."    

En disant cela, l'ange devient sérieux, même triste.          

30.4 – Soudain, une foule d’anges pareils à lui arrive des cieux en exultant d’allégresse ; leur éclat paradisiaque éclipse la lune. Ils se rassemblent autour de l'ange annonciateur, en agitant leurs ailes, en répandant des parfums, en une harmonie musicale où toutes les voix les plus belles de la création se retrouvent, mais portées à la perfection de leur sonorité.  

Si la peinture est l'effort de la matière pour devenir lumière, ici la mélodie est l'effort de la musique pour exprimer aux hommes la beauté de Dieu, et entendre cette mélodie c'est connaître le Paradis, où tout est harmonie de l'amour qui de Dieu se donne, se répandant pour réjouir les bienheureux et retourner de ceux-ci à Dieu et Lui dire : "Nous t'aimons !"        

Le "Gloria" angélique se répand en ondes de plus en plus étendues sur la campagne tranquille, ainsi que la lumière. Les oiseaux unissent leurs chants pour saluer cette lumière précoce et les brebis leurs bêlements pour ce soleil anticipé, comme si les animaux qui saluaient leur Créateur, venu au milieu d'eux pour les aimer comme Homme et en plus comme Dieu.        

Le chant décroît, et la lumière aussi pendant que les anges remontent aux Cieux...      

30.5 – …Les bergers reviennent à eux.          

"As-tu entendu ?"          

"Allons-nous voir ?"      

"Et les animaux ?"          

"Oh ! il ne leur arrivera rien. Allons pour obéir à la parole de Dieu"    

"Mais, où aller ?"

"N'a-t-il pas dit qu'il était né aujourd'hui et qu'il n'avait pas trouvé de logement à Bethléem ?"            

Et le berger qui a donné le lait c'est lui qui parle maintenant.    

"Venez, je sais. J'ai vu la femme et elle m'a fait de la peine. Je lui ai indiqué un endroit pour elle, parce que je pensais bien qu'elle ne trouverait pas de logement, et à l'homme je lui ai donné du lait pour elle. Elle est si jeune et si belle. Elle doit être bonne comme l'ange qui nous a parlé. Venez, venez. Allons prendre du lait, des fromages, des agneaux et des peaux tannées de brebis. Ils doivent être très pauvres et... qui sait quel froid pour Celui que je n'ose nommer ! Et penser que j'ai parlé à la Mère comme à une pauvre épouse ! ..."          

Ils vont au hangar et en sortent, peu après, portant qui des récipients de lait, qui des fromages ronds enveloppés dans des filets de sparterie, qui des paniers avec un agneau bêlant, qui des peaux de brebis apprêtées.        

"Moi je porte une brebis qui a eu un agneau il y a un mois. Son lait est excellent. Il pourra leur être utile si la femme en manque. Elle me semblait une bambine, et si pâle ! ... Un teint de jasmin, au clair de lune" dit le berger du lait.      

Puis il les guide.  

30.6 – Ils s'en vont, éclairés par la lune et des torches, après avoir fermé le hangar et l'enceinte. Ils vont par les sentiers champêtres, à travers des haies de ronces dépouillées par l'hiver. Ils font le tour de Bethléem et arrivent à l'étable non par le chemin qu'avait suivi Marie, mais en sens contraire. Ainsi ils ne passent pas devant les grottes mieux aménagées mais trouvent immédiatement le refuge qu'ils cherchent. Ils s'approchent.  

"Entre !"    

"Moi, je n'ose pas."          

"Entre, toi."          

"Non."        

"Regarde au moins."      

"Toi, Lévi qui as vu l'ange le premier, cela veut dire que tu es plus bon que nous, regarde." Vraiment ils l'avaient d'abord traité de fou... mais maintenant il leur est utile que le gamin ose ce qu'eux n'osent pas.      

L'enfant hésite mais se décide ensuite. Il s'approche du refuge, écarte un peu le manteau... et s'arrête en extase.          

"Que vois-tu ?" lui demandent-ils anxieux à voix basse.  

"Je vois une femme toute jeune et belle et un homme penché sur une mangeoire et j'entends... j'entends un bébé qui pleure et la femme lui dit d'une voix... oh ! quelle voix !"

"Que dit-elle ?"      

"Elle dit : "Jésus, mon tout petit ! Jésus, amour de ta Maman ! Ne pleure pas, mon petit Enfant !" Elle dit : "Oh ! si je pouvais te dire : 'Prends le lait, mon tout petit ! ' Mais je ne l'ai pas encore ! " Elle dit : "Tu as si froid, mon amour ! Le foin te pique. Quelle douleur pour ta Maman de t'entendre pleurer ainsi ! Sans pouvoir te soulager". Elle dit : "Dors, ma petite âme ! Mon cœur se fend de t'entendre et de voir tes larmes". Elle l'embrasse et réchauffe ses petits pieds avec ses mains. Elle est penchée abaissant ses mains sur la mangeoire.            

"Appelle ! Montre que tu es là !"          

"Moi non. Vous plutôt qui nous avez conduit et la connaissez."

Le berger ouvre la bouche et se borne à un soupir bruyant.        

30.7 – Joseph se retourne et vient à la porte. "Qui êtes-vous ?"

"Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur."      

"Entrez."    

Ils entrent dans l'étable qui s'éclaire à la lumière des torches. Les vieux poussent les jeunes devant eux.          

Marie se retourne et sourit : "Venez" dit-elle. "Venez !" et elle les invite de la main et par son sourire et elle prend le garçon qui a vu l'ange et l'attire à elle, tout près de la crèche. Et l'enfant regarde, radieux.  

Les autres, invités aussi par Joseph, s'avancent avec leurs cadeaux, et avec des paroles brèves, émues, les déposent aux pieds de Marie. Ils regardent le petit Bébé qui pleure doucement et ils sourient, émus et heureux.      

L'un d'eux plus hardi dit :        

"Prends, Mère, elle est soyeuse et propre. Je l'avais préparée pour le bambin qui va bientôt naître chez nous, mais je te la donne. Mets ton Fils dans cette laine, elle sera douce et chaude." Et il offre une peau de brebis, une très belle peau avec une longue toison de laine toute blanche [3].            

Marie soulève Jésus et l'en enveloppe. Elle le montre aux bergers qui, à genoux sur la litière du sol, le regardent extasiés.  

Ils se font plus hardis et l'un d'eux propose :            

"Il faudrait Lui donner une gorgée de lait ou mieux de l'eau et du miel. Mais nous n'avons pas de miel. On en donne aux tout petits. J'ai sept enfants, je suis au courant... "  

"Voilà du lait. Prends, Femme. "        

"Mais il est froid. Il faut du chaud. Où est Élie ? C'est lui qui a la brebis."        

Élie doit être l'homme au lait, mais il n'est pas là. Il s'est arrêté dehors et regarde par une fente et il est perdu dans l'obscurité de la nuit.

"Qui vous a amenés ici ?"          

"Un ange nous a dit de venir et Élie nous a conduits. Mais où est-il à présent ?"  

Un bêlement de la brebis le trahit.    

"Avance, on demande de toi."  

Il entre avec la brebis, intimidé d'être le plus remarqué.  

"C'est toi ?" dit Joseph qui le reconnaît. Et Marie lui sourit en disant :        

"Tu es bon."          

Ils traient la brebis, et trempant l'extrémité d'un linge dans le lait chaud et écumeux, Marie baigne les lèvres du Petit qui suce cette douceur crémeuse. Ils sourient tous, et plus encore lorsque avec le coin de la toile encore entre les lèvres, Jésus s'endort dans la tiédeur de la laine.          

30.8 – "Mais vous ne pouvez rester ici. Il fait froid et humide. Et puis... avec cette odeur d'animaux ! Ça ne va pas... et ça ne va pas pour le Sauveur."        

"Je le sais" dit Marie avec un grand soupir. "Mais il n'y a pas de place pour nous à Bethléem."          

"Prends courage, ô Femme. Nous allons te chercher une maison."      

"Je vais en parler à ma patronne, dit l'homme au lait, Élie. Elle est bonne. Elle vous accueillera, dut-elle vous céder sa pièce. Dès qu'il va faire jour, je lui en parle. Elle a sa maison toute pleine, mais elle vous donnera une place."        

"Pour le Petit au moins. Moi et Joseph, n'importe si nous restons encore par terre. Mais pour le Petit..."

"Ne soupire pas, Femme, j'y pense. Je raconterai à beaucoup de gens ce qui nous a été dit. Vous ne manquerez de rien. Pour le moment, prenez ce que notre pauvreté peut vous donner. Nous sommes des bergers..."

"Nous sommes pauvres, nous aussi" dit Joseph. "Et ne pouvons vous dédommager."

"Oh ! nous ne voulons pas ! Même si vous le pouviez nous ne le voudrions pas ! Le Seigneur nous a déjà récompensés. La paix, il l'a promise à tout le monde. Les anges disaient : "Paix aux hommes de bonne volonté". Mais à nous, il l'a déjà donnée car l'ange a dit que cet Enfant, c'est le Sauveur, le Christ, le Seigneur. Nous sommes pauvres et ignorants, mais nous savons que les Prophètes disent que le Sauveur sera le Prince de la Paix et à nous il a dit d'aller l'adorer. Ainsi il nous a donné sa paix. Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et gloire à celui qui est son Christ ! Et toi, sois bénie, Femme qui l'a engendré ! Tu es Sainte puisque tu as mérité de le porter ! Commande-nous, comme une Reine, car nous serons contents de te servir. Que pouvons-nous faire pour toi ?"    

"Aimer mon Fils, et avoir toujours dans le cœur vos pensées de maintenant."        

"Mais pour toi, tu ne désires rien ? Tu n'as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ?"      

"Oui, j'en aurais. Mais ils ne sont pas près d'ici. Ils sont à Hébron..."    

"J'y vais moi" dit Élie. "Qui sont-ils ?"          

"Zacharie, le prêtre, et Élisabeth ma cousine."        

"Zacharie, oh ! Je le connais bien. En été je vais sur ces montagnes où il y a de riches et beaux pâturages et je suis l'ami de son berger. Quand je vais te savoir arrangée, je vais chez Zacharie."        

"Merci, Élie."        

"De rien. C'est grand honneur pour moi, pauvre berger, d'aller parler au prêtre et de lui dire : "Le Sauveur est né"."  

"Non. Tu lui diras : "Marie de Nazareth, ta cousine, a dit que Jésus est né, et de venir à Bethléem "            

"C'est ainsi que je dirai."          

30.9 – "Dieu t'en récompense, je me souviendrai de toi, de vous tous..."        

"Tu parleras à ton Enfant de nous ?"  

"Oui."        

"Je m’appelle Élie."        

"Et moi Lévi."      

"Et moi Samuel."  

"Et moi Jonas."    

"Et moi Isaac."    

"Et moi Tobie."    

"Et moi Jonathas."          

"Et moi Daniel."  

"Moi, c’est Siméon."      

"Moi, je m’appelle Jean."          

"Moi, Joseph, et mon frère Benjamin, nous sommes jumeaux."            

"Je me rappellerai vos noms."  

"Il nous faut partir... Mais nous reviendrons... Et nous t'en amènerons d'autres pour adorer ! ..."          

"Comment revenir au parc en laissant ce Petit ?"  

"Gloire à Dieu qui nous l'a montré !"

"Fais-nous baiser son habit" dit Lévi avec un sourire d'ange.      

Marie lève doucement Jésus et, assise sur le foin, présente aux baisers, les pieds minuscules, enveloppés d'un linge. Ceux qui ont de la barbe se l'essuient d'abord. Tous, presque, pleurent et quand ils doivent partir, ils sortent à reculons, laissant leur cœur près de la crèche...

La vision se termine ainsi pour moi : Marie assise sur la paille avec l'Enfant sur son sein et Joseph qui accoudé au bord de la crèche, regarde et adore.        

[1] Dans l’édition de 1985, figurait ici les réflexions de Maria Valtorta sur sa joie de voir Jésus et Marie. Ces notes sont consignées dans les Cahiers de 1944 à la date du 7 juin, la même date que la vision qu’elle reçoit juste après.

[2] Peut-être Samuel.

[3] Peut-être Joseph qui mourra dans le massacre des Innocents en sauvant sa femme et son fils. Ce fils, c’est Joseph, le futur disciple qui sera appelé, avec Matthias, à remplacer Judas au siège d'apôtre : c'est Matthias qui sera choisi.


Leçon de Jésus à Maria Valtorta
Les bergers sont les premiers adorateurs du Verbe

30.10 - Jésus dit :  

"Aujourd'hui c'est Moi qui parle. Tu es très fatiguée, mais prends encore un peu de patience. C'est la veille de la Fête-Dieu. Je pourrais te parler de l'Eucharistie et des saints qui se sont faits les apôtres de son culte, comme je t'ai parlé des saints qui ont été les apôtres du Sacré-Cœur. Mais je veux te parler d'une autre chose et d'une catégorie d'adorateurs de mon Corps qui sont pour lui des précurseurs de ce culte. Et ce sont les bergers, les premiers adorateurs de mon Corps de Verbe devenu Homme.  

Une fois je t'ai dit [1], et cela est dit aussi par mon Église, que les Saints Innocents sont les premiers martyrs du Christ [2].    

Je te déclare aujourd’hui que les bergers sont les premiers adorateurs du Corps de Dieu. En eux il y a toutes les qualités requises pour être des adorateurs de mon Corps, âmes eucharistiques.    

Une foi certaine : ils croient à l'ange promptement et aveuglément.    

La générosité : ils donnent toute leur richesse au Seigneur.      

L'humilité : ils s'approchent des personnes plus pauvres humainement d'eux, modestement, avec des actes qui n'humilient pas, et se disent leurs serviteurs.

Le désir : ce qu'ils ne peuvent donner d'eux-mêmes, ils s'ingénient promptement à le procurer avec un zèle courageux.          

La promptitude de l'obéissance : Marie désire que Zacharie soit averti et Élie y va tout de suite. Il ne remet pas à plus tard !            

L'amour, enfin : ils ne peuvent s'arracher de la crèche, et toi tu dis : "Ils y laissent leur cœur", C'est bien dit.      

Mais ne faudrait-il pas se comporter ainsi, même avec mon Sacrement ?        

30.11 – J’ajoute quelque chose d’autre, pour toi seule : remarque à qui se montre d'abord l'ange et qui mérite d'éprouver les sentiments affectueux de Marie. Au jeune garçon, Lévi. À qui a une âme d'enfant, Dieu se montre et montre ses mystères. il lui permet d'entendre les paroles divines et celles de Marie. Et qui a une âme d'enfant a aussi la sainte hardiesse de Lévi et dit : "Fais-moi baiser le vêtement de Jésus". Il le dit à Marie, parce que Marie est toujours celle qui vous donne Jésus. Elle, la porteuse de l'Eucharistie, Elle le Ciboire Vivant.  

Qui va à Marie me trouve. Qui me demande à Elle me reçoit par Elle. Le sourire de ma Mère, quand une créature Lui dit : "Donne-moi ton Jésus, que je l'aime" fait briller les Cieux d'une plus vive et joyeuse splendeur, tant elle en a de la joie.
   
Dis-lui donc : "Fais-moi baiser le vêtement de Jésus, fais-moi baiser ses plaies ...Et ose encore davantage. Dis-lui : "Fais reposer ma tête sur le cœur de ton Jésus pour y puiser la béatitude"        

Viens et repose-toi, comme Jésus au berceau, entre Jésus et Marie.    

[1] Voir les Cahiers du 2 juin 1944.

[2] Voir la fiche sur le massacre des saints Innocents.


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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Jeu 26 Déc - 12:02

La visite de Zacharie

31.1 - Je vois une longue pièce où j'ai vu la rencontre des Mages avec Jésus et leur adoration. Je comprends que je suis dans la maison hospitalière où a été accueillie la Sainte Famille. Et j'assiste à l'arrivée de Zacharie.  

Élisabeth ne l'accompagne pas. La propriétaire de la maison court dehors à la rencontre de l'hôte qui arrive. Elle le conduit près d'une porte basse et frappe, puis se retire discrètement.    

Joseph ouvre et pousse une exclamation de joie en voyant Zacharie. Il le fait entrer dans la petite pièce, étroite comme un corridor :      

"Marie donne le sein au Petit. Attends un peu, assieds-toi, car tu dois être fatigué."    

Il offre une place à l'hôte sur le lit et s'assied à côté de lui.          

J'entends Joseph qui lui demande des nouvelles du petit Jean et Zacharie répond :    

"Il pousse vigoureusement comme un petit poulain. Mais maintenant il souffre un peu des dents. À cause de cela nous n'avons pas voulu l'apporter. Il fait très froid, aussi Élisabeth n'est pas venue non plus. Elle ne pouvait le laisser sans lait. Elle en est désolée, mais la saison est tellement rigoureuse !"      

"En effet le temps est très froid" répond Joseph.    

"L'homme que vous m'avez envoyé m'a dit que vous n'aviez pas de maison au moment de la naissance. Qui sait à quel point vous avez dû souffrir."        

"Oui, beaucoup vraiment. Mais nous avons eu plus de peur que de mal. Nous avions peur que cela fît tort au Bébé. Les premiers jours, nous avons dû rester sur place. Nous ne manquions de rien, pour nous, parce que les bergers portèrent la bonne nouvelle aux Bethléemites et que beaucoup nous apportèrent des cadeaux. Mais il nous manquait une maison, une chambre en bon état, un lit... et Jésus pleurait tellement, la nuit surtout, à cause du vent qui entrait de tous côtés. Je faisais un peu de feu, très peu parce que la fumée faisait tousser l'Enfant... et le froid restait. Deux animaux chauffaient trop peu surtout du côté où l'air s'engouffre. Nous n'avions pas d'eau chaude pour le laver, ni de linge sec pour le changer. Oh ! Il a beaucoup souffert ! Et Marie souffrait de le voir souffrir. Je souffrais moi aussi...    
 
Alors, tu peux imaginer, elle qui est sa mère ! Elle Lui donnait son lait et ses larmes, son lait et son amour ...Maintenant ici, ça va mieux. J'avais préparé un berceau si commode et Marie y avait mis un matelas douillet. Mais il est à Nazareth ! Ah ! s'il était né là-bas, ç'aurait été bien différent !"

"Mais le Christ devait naître à Bethléem. Les Prophètes l'avaient annoncé."        

31.2 - Marie entre, les ayant entendus parler. Elle est toute vêtue de laine blanche. Elle a quitté l'habit foncé qu'elle avait pour le voyage et dans la grotte. Elle a un vêtement tout blanc comme je l'ai déjà vue d'autres fois. Elle n'a rien sur la tête et porte entre ses bras Jésus endormi, rassasié de lait, dans ses langes blancs.      

Zacharie se lève respectueusement et s'incline avec vénération. Puis il s'approche et regarde Jésus avec les marques du plus grand respect. Il est penché, pas tant pour le voir mieux, que pour Lui rendre hommage. Marie le lui présente et Zacharie le prend avec de telles marques d'adoration, qu'il semble porter un ostensoir. C'est réellement, l'Hostie qu'il porte en ses bras, l'Hostie déjà offerte et dont le sacrifice sera consommé lorsqu'elle aura été donnée aux hommes, comme nourriture d'amour et de rédemption. Zacharie rend Jésus à Marie.  

31.3 - Ils s'assoient tous et Zacharie redit à Marie le motif pour lequel Élisabeth n'a pas pu venir et la peine qu'elle en a éprouvée. "Elle avait préparé, ces derniers mois, du linge pour ton Enfant béni. Je te l'ai apporté, il est sur le char, en bas."        

Il se lève, sort et revient avec un gros paquet et un autre plus petit. Du gros paquet dont Joseph le débarrasse tout de suite, et de l'autre il tire ses cadeaux : une moelleuse couverture de laine tissée à la main, du linge et des petits vêtements.    

Du second paquet il tire du miel, de la farine très blanche, du beurre et des pommes pour Marie, des galettes pétries et cuites par Élisabeth et tant d'autres choses qui disent l'affection maternelle de la reconnaissante cousine pour la jeune Mère.    

"Tu diras à Élisabeth que je lui suis bien reconnaissante et à toi aussi, je suis reconnaissante. J'aurais eu tant de joie à la voir, mais je comprends ses raisons. Et aussi j'aurais bien voulu revoir le petit Jean..."  

"Mais vous le verrez au printemps. Nous viendrons vous voir."  

"Nazareth est trop loin" dit Joseph.  

31.4 - "Nazareth ? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit grandir à Bethléem. C'est la Cité de David. Le Très-Haut l'a amené par l'intermédiaire de la volonté de César à naître dans la terre de David, la terre sainte de la Judée. Pourquoi le porter à Nazareth ? Vous savez comment chez les Juifs on juge les Nazaréens. Demain, cet Enfant devra être le Sauveur de son peuple. Il ne faut pas que la capitale méprise son Roi parce qu'il vient d'une région qu'elle méprise. Vous savez comme moi combien le Sanhédrin est susceptible et combien méprisantes les trois principales castes [1]... Et puis, ici près de moi, je pourrai vous aider quelque peu et mettre tout ce que j'ai, non seulement de biens matériels, mais de qualités morales au service de ce Nouveau-Né. Et quand il sera en âge de comprendre, je serai heureux de Lui servir de maître comme à mon enfant, pour obtenir que, devenu grand, il me bénisse. Nous devons penser à la grandeur de son destin et que pour ce motif il doit pouvoir se présenter au monde avec toutes les cartes pour gagner facilement sa partie. Lui, bien sûr, possédera la Sagesse, mais aussi le seul fait qu'un prêtre Lui ait servi de maître le fera accepter plus facilement par les pharisiens exigeants et les scribes. Cela facilitera sa mission."    

31.5 - Marie regarde Joseph et Joseph regarde Marie. Par-dessus la tête innocente du Bébé, qui dort, rose et ignorant, s'engage un muet échange de questions. Et ces questions sont empreintes de tristesse. Marie pense à sa petite maison. Joseph pense à son travail. Ici tout est à refaire dans un endroit où il y a quelques jours, ils étaient des inconnus. Ici, il n'y à rien des chers objets restés là-bas et préparés avec tant d'amour pour le Petit.        

Et Marie le dit : "Mais comment faire ? Là-bas, nous avons tout laissé. Joseph avait tant travaillé pour mon Jésus sans épargner la fatigue et l'argent. Il avait travaillé de nuit pour pouvoir travailler le jour pour les autres, et gagner ainsi de quoi acheter les bois les plus beaux, la laine la plus fine, le lin le plus blanc afin de préparer tout pour Jésus.  

Il avait construit des ruches et avait fait des travaux de maçonnerie pour donner une autre organisation à la maison, afin que le berceau pût être dans ma pièce et y rester jusqu'à ce que Jésus ait grandi et pouvoir donner une place au lit, puisque Jésus restera avec moi jusqu'au jour où il ne sera plus un jeune garçon."

"Joseph peut y aller et prendre ce que vous avez laissé."  

"Et où le mettre ? Tu sais, Zacharie, que nous sommes pauvres. Nous n'avons que le travail et la maison. L'une et l'autre nous donnent de quoi aller de l'avant sans avoir faim. Ici, du travail nous en trouverons... peut-être. Mais il nous faudra toujours penser à une maison. Cette brave femme ne peut nous donner toujours l'hospitalité. Et moi, je ne puis imposer à Joseph des sacrifices au-delà de ceux qu'il consent déjà à faire pour moi."        

"Oh ! moi ! Pour moi ce n'est rien. Je pense à la douleur de Marie, moi. A la peine de ne pas vivre dans sa maison..."      

Marie a deux grosses larmes dans les yeux.

"Je pense que cette maison doit lui être bien chère, comme le Paradis pour le prodige qui s'y est accompli... Je parle peu, mais je comprends tellement ! Si ce n'était que pour cela, je ne me tourmenterais pas. Je ferai double travail, c'est tout. Je suis fort et jeune pour travailler le double de ce que je faisais et pourvoir à tout. Et si Marie ne souffre pas trop... et si tu dis qu'il est bien d'agir ainsi... pour moi... me voilà. Je fais ce qui vous paraît le plus juste. Il suffit que cela soit utile pour Jésus."        

"Et ce sera utile, sûrement. Pensez-y et vous en verrez les raisons."    

"On dit aussi que le Messie sera appelé Nazaréen..." [2] objecte Marie.  

"C'est vrai, mais au moins, tant qu'il n'est pas adulte, faites-le grandir en Judée. Le Prophète a dit : "Et toi, Bethléem Ephrata, tu seras la plus grande, car de toi sortira le Sauveur" [3]. Il ne parle pas de Nazareth. Peut-être cette appellation Lui sera donnée pour je ne sais quelle raison. Mais sa terre, est celle-ci."          

"Tu le dis prêtre, et nous... et nous... avec douleur nous t'écoutons... et te donnons raison. Mais quelle douleur !... Quand verrai-je cette maison où je suis devenue Mère ?" Marie pleure, doucement. Et je le comprends son chagrin. Ah ! si je le comprends !

La vision cesse pour moi sur les pleurs de Marie.  

[1] Sanhédrin : C’est le conseil suprême des juifs, présidé par le grand-prêtre. Ses 70 membres forment trois groupes : - L’aristocratie sacerdotale sadducéenne (les quatre familles sacerdotales) - Les anciens, notables laïcs, gros propriétaires terriens - Les scribes ou légistes, théologiens des deux partis pharisiens et sadducéens. Le Sanhédrin était aussi le tribunal suprême des Juifs. Il  siégeait à Jérusalem.

[2]  Cf. Matthieu 2,23, mais on ne sait pas exactement à quel texte Matthieu fait allusion.          
Pour sa part, le chanoine Osty commente : «Il sera appelé Nazôréen», ce terme, dont l'origine pose un problème philologique non résolu, comporte la plupart du temps une nuance péjorative. Voici toutes les références : 26,71; Luc 18,37; Jean 18,5.7; 19,19; Actes 2,22; 3,6; 4,10; 6,14; 22,8; 26,9; en 24,5 : «la secte des Nazôréens», pour désigner les disciples du Christ. L'allusion semble être à la vie pauvre et humiliée de Jésus, annoncée par certains « prophètes » (Isaïe surtout, dans les poèmes du Serviteur : 49,7; 50,6; 52,13 - 53,12), et qui trouvait un excellent symbole dans le séjour à Nazareth, bourgade insignifiante et méprisée (Jean 1,45 suivants).

[3] Cf. Michée 5,1.
Enseignement de Marie à Maria Valtorta
La sainteté de Joseph et l'obéissance aux prêtres

31.6 - Marie me dit ensuite :    

"Tu le comprends, je le sais. Mais tu me verras pleurer encore plus fort.        

Pour l'instant je t'élève l'esprit en te montrant la sainteté de Joseph. C'était un homme, c'est à dire qu'il n'avait d'autre aide pour son esprit que sa sainteté. Pour moi, j'avais tous les dons de Dieu dans ma condition d'Immaculée. Je ne savais pas que je l'étais, mais dans mon âme il y avait des ressources d'activité et qui me donnaient des forces spirituelles. Mais lui, n'était pas immaculé. Il portait en lui l'humanité avec sa lourde pesanteur et il devait, avec tout ce poids, s'élever vers la perfection, au prix d'un effort incessant, une application de toutes ses facultés pour avoir la volonté d'atteindre la perfection et d'être agréable à Dieu.          

Ah ! mon saint époux ! Saint en toutes choses, même les plus humbles de l'existence. Saint pour sa chasteté angélique. Saint pour son honnêteté d'homme. Saint pour sa patience, pour son ardeur au travail, pour sa sérénité toujours égale, pour sa modestie, pour tout.      

Sa sainteté éclate aussi dans cet événement. Un prêtre lui dit : "C'est bien que tu t'établisses ici". Et lui, qui sait pourtant au-devant de quelles plus grandes fatigues il s'en va, il dit : "Pour moi, ce n'est rien. Je pense à la douleur de Marie. N'était-ce pas pour cela, je ne me tourmenterais pas pour moi, il suffit que la chose soit utile à Jésus". Jésus, Marie : ses angéliques amours. Il n'a rien aimé d'autre sur la terre, mon saint époux et à cet amour il s'est voué tout entier comme serviteur.  

On l'a fait protecteur des familles chrétiennes et des travailleurs et de tant de catégories. Mais ce n'est pas seulement des agonisants, des époux, des travailleurs, c'est aussi des âmes consacrées dont on devrait faire le protecteur. Qui, parmi les consacrés de ce monde au service de Dieu, quelque il soit, s'est-il consacré, comme lui au service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout, accomplissant tout avec promptitude, gaieté, bonne humeur constante, comme il l'a fait ? Il n'y en a aucun.      

31.7 - Et voilà une autre chose que je te fais remarquer, deux choses même. Zacharie est prêtre. Joseph ne l'est pas, mais regarde comme lui, qui ne l'est pas, a l'esprit tourné vers le Ciel plus que le prêtre. Zacharie pense humainement et c'est humainement qu'il interprète les Écritures, ce n'est pas la première fois qu'il le fait, il se laisse trop guider par le bon sens humain; Il en a été puni, mais il y retombe encore, bien que moins gravement. Il avait dit pour la naissance de Jean : "Comment sera-ce possible si moi je suis vieux et ma femme stérile ?" Il dit maintenant : "Pour aplanir son chemin, le Christ doit grandir ici" et avec cette racine d'orgueil qui reste chez les meilleurs, il pense pouvoir, lui, être utile à Jésus. Non pas utile comme Joseph veut l'être en le servant, mais utile en Lui servant de maître... Dieu lui a pardonné pour sa bonne intention, mais "le Maître" avait-il besoin de maîtres ?        

J'ai cherché de lui faire voir la lumière dans les prophéties. Mais lui se croyait plus savant que moi et accommodait à sa façon son interprétation. J'aurais pu insister et vaincre. Mais - et c'est là la seconde observation que je te fais faire - mais j'ai respecté le prêtre en raison de sa dignité, non pas de son savoir.      

31.8 – Généralement, un prêtre est éclairé par Dieu. J'ai dit "généralement". Il l'est quand c'est un vrai prêtre. Ce n'est pas l'habit qui lui donne son caractère sacré, c’est l’âme. Pour juger si quelqu'un est un vrai prêtre, il faut juger de ce qui sort de son âme. Comme l'a dit mon Jésus, c'est de l'âme que sortent les choses qui sanctifient ou corrompent : celles qui manifestent entièrement la manière d'agir d'un individu. Eh bien, quand quelqu'un est un vrai prêtre, il est généralement toujours inspiré par Dieu. Quant aux autres qui ne le sont pas, il faut avoir pour eux une surnaturelle charité et prier pour eux.

Mais mon Fils t'a déjà mise au service de cette rédemption et je n'insiste pas. Sois joyeuse de souffrir pour qu'augmente le nombre des vrais prêtres. Quant à toi, repose-toi sur la parole de qui te guide, crois et obéis à ses conseils.    

31.9 – Obéir sauve toujours. Même si le conseil que l'on reçoit n'est pas en tout point parfait.          

Tu le vois : nous avons obéi et ce fut heureux. Il est vrai qu'Hérode se borna à faire exterminer les enfants de Bethléem et des environs. Mais Satan n'aurait-il pu le pousser et étendre cette marée de crimes bien plus loin et pousser à un crime pareil tous les personnages puissants de Palestine pour faire supprimer le futur Roi des Juifs ?    

Il l'aurait pu. Et cela serait arrivé dans les premiers temps du Christ, quand des prodiges avaient éveillé l'attention des foules et le regard des puissants. Comment aurions-nous pu, si c'était arrivé, traverser toute la Palestine pour venir de la lointaine Nazareth en Égypte, terre hospitalière pour les Hébreux persécutés et faire le voyage avec un petit bébé et pendant le déchaînement d'une persécution ? Il était plus facile, bien qu'également douloureux de fuir de Bethléem.      

L'obéissance sauve toujours. Souviens-toi de cela.            

31.10 – Et le respect à l'égard du prêtre est toujours une marque d'intégrité chrétienne.          

Malheur - et Jésus l'a dit - malheur aux prêtres qui perdent leur flamme apostolique ! Malheur aussi à qui se croit autorisé à les mépriser ! Ce sont eux, en effet, qui consacrent et distribuent le Vrai Pain qui descend du Ciel. Ce contact les rend saints, comme un calice sacré, même si leur personne ne l'est pas. Ils en répondent à Dieu. Pour vous ne voyez que leur dignité et ne vous souciez pas du reste. Ne soyez pas plus intransigeants que votre Seigneur Jésus, qui à leur ordre laisse le Ciel et descend pour être élevé par leurs mains. Apprenez de Lui, et s'ils sont aveugles, s'ils sont sourds, si leur âme est paralytique et leur pensée malade, s'ils ont la lèpre des fautes qui contrastent avec leur mission, si ce sont des Lazare au tombeau, appelez Jésus pour qu'il leur rende la santé et la vie.          

Appelez-le par votre prière et votre souffrance, ô âmes victimes. Sauver une âme c'est prédestiner au Ciel la propre. Mais sauver une âme sacerdotale, c'est sauver un grand nombre d'âmes, parce que tout prêtre saint est comme un filet qui amène les âmes à Dieu. Et sauver un prêtre, c'est-à-dire le sanctifier, le sanctifier à nouveau, est faire de lui un filet mystique. Chaque proie à lui ajoute un nouvel éclat de lumière à votre couronne éternelle.

Va en paix.
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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Ven 27 Déc - 11:31

Présentation de Jésus au Temple


32.1 - Je vois partir d'une petite maison très modeste un couple de personnes. D'un petit escalier extérieur descend une très jeune mère avec, entre ses bras, un bébé dans un lange blanc [1].        

Je la reconnais, c'est notre Maman. C'est toujours elle, pâle et blonde, agile et si gentille en toutes ses démarches. Elle est vêtue de blanc, avec un manteau d'azur pâle qui l'enveloppe. Sur la tête un voile blanc. Elle porte son Bébé avec tant de précautions. Au pied du petit escalier, Joseph l'attend auprès d'un âne gris. Joseph est habillé de marron clair, aussi bien pour l'habit que pour le manteau. Il regarde Marie et lui sourit. Quand Marie arrive près de l'âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le Bébé qui dort tranquille pour permettre à Marie de mieux s'installer sur la selle. Puis, il lui rend Jésus et ils se mettent en marche.    

Joseph marche à côté de Marie en tenant toujours la monture par la bride et en veillant qu'elle marche droit et sans trébucher. Marie tient Jésus sur son sein et, par crainte que le froid ne puisse Lui nuire, elle étend sur Lui un pli de son manteau. Ils parlent très peu, les deux époux, mais ils se sourient souvent.          

La route qui n'est pas un modèle du genre se déroule à travers une campagne que la saison a dépouillée. Quelque autre voyageur se rencontre avec les deux ou les croise, mais c'est rare.  

32.2 - Plus tard, on voit apparaître des maisons et des murs qui enserrent une ville. Les deux époux entrent par une porte, puis commence le parcours sur le pavé très disjoint de la ville. La marche devient beaucoup plus difficile, soit à cause du trafic qui fait arrêter l'âne à tout moment, soit parce que sur les pierres et les crevasses qui les interrompent il a de continuelles secousses qui dérangent Marie et l'Enfant.  [...]        

Joseph tourne à gauche et prend une rue plus large et plus belle. J'aperçois l'enceinte crénelée que je connais déjà tout au fond de la rue.  

Marie descend de l'âne près de la porte où se trouve une sorte d'abri pour les ânes. Je dis "abri" parce que c'est une espèce de hangar ou mieux d'abri couvert jonché de paille avec des piquets munis d'anneaux pour attacher les quadrupèdes. Joseph donne quelque argent à un garçon qui est accouru, pour acheter un peu de foin et il tire un seau d'eau à un puits rudimentaire situé dans un coin, pour la donner à l'âne. Il rejoint ensuite Marie et ils entrent tous deux dans l'enceinte du Temple.        

32.3 - Ils se dirigent d'abord vers un portique où se trouvent ces gens que Jésus fustigea plus tard vigoureusement : les marchands de tourterelles et d'agneaux et les changeurs. Joseph achète deux blanches colombes. Il ne change pas d'argent. On se rend compte qu'il a déjà ce qu'il faut.          

Joseph et Marie se dirigent vers une porte latérale où on accède par huit marches, [...] Un prêtre accourt ; je ne sais si c'est Joseph qui a appelé ou s’il vient de lui-même. Marie offre les deux pauvres colombes et moi qui comprends leur sort, je détourne les yeux. J'observe les ornements du très lourd portail, du plafond, du hall. Il me semble pourtant voir, du coin de l’œil, que le prêtre asperge Marie avec de l'eau, Ce doit être de l'eau, car je ne vois pas de tache sur son habit. Puis, Marie, qui, en même temps que les colombes, avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie (j'avais oublié de le dire), entre avec Joseph dans le Temple proprement dit, accompagnée par le prêtre. [...]

32.4 - Marie avance jusqu'à un certain point, puis s'arrête. À quelques mètres d'elle il y a d'autres marches et au-dessus une autre espèce d'autel au-delà duquel il y a une autre construction. [...]

Marie offre le Bébé, qui s'est éveillé et tourne ses petits yeux innocents tout autour, vers le prêtre, avec le regard étonné des enfants de quelques jours. Ce dernier le prend sur ses bras et le soulève à bras tendus, le visage vers le Temple en se tenant contre une sorte d'autel qui est au-dessus des marches. La cérémonie est achevée. Le Bébé est rendu à sa Mère et le prêtre s'en va.      

32.5 - Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne, Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant.  

C'est Syméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement. Il prend l'Enfant, l'embrasse. Jésus lui sourit avec la physionomie incertaine des nourrissons. Il semble qu'il l'observe curieusement, parce que le petit vieux pleure et rit à la fois et les larmes font sur sa figure des dessins emperlés en s'insinuant entre les rides et retombant sur la barbe longue et blanche vers laquelle Jésus tend les mains : C'est Jésus, mais c'est toujours un petit bébé et, ce qui remue devant lui, attire son attention et lui donne des velléités de se saisir de la chose pour mieux voir ce que c'est. Marie et Joseph sourient, et aussi les personnes présentes qui louent la beauté du Bébé.              

J'entends les paroles du saint vieillard [2] et je vois le regard étonné de Joseph, l'émotion de Marie, les réactions du petit groupe des personnes présentes, les unes étonnées et émues aux paroles du vieillard [3], les autres prises d'un fou rire. Parmi ces derniers se trouvent des hommes barbus et de hautains membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Syméon avec une ironique pitié.        

Ils doivent penser que son grand âge lui a fait perdre la tête.    

32.6 - Le sourire de Marie s'éteint en une plus vive pâleur, lorsque Syméon lui annonce la douleur. Bien qu'elle sache, cette parole lui transperce l’âme [4]. Marie s'approche davantage de Joseph pour trouver du réconfort; elle serre passionnément son Enfant sur son sein et, comme une âme altérée, et le boit les paroles d'Anne [5] qui, étant femme, a pitié de la souffrance de Marie et lui promet que l'Éternel adoucira l'heure de sa douleur en lui communiquant une force surnaturelle : "Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs. L'aide du Seigneur n'a pas manqué aux grandes femmes d'Israël et tu es bien plus que Judith et que Yaël. Notre Dieu te donnera un cœur d'or très pur pour résister à la mer de douleur par quoi tu seras la plus grande Femme de la création, la Mère. Et toi, Petit, souviens-toi de moi à l'heure de ta mission."

C’est ainsi que s’achève ma vision.    

[1] La purification de la mère et le rachat du premier-né qui appartenait au Seigneur, avait lieu 40 jours après la naissance.

[2] Luc 2,29 (Nunc Dimitis) "Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël." Son père et sa mère étaient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : "Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs."

[3] Dans l'attroupement se trouvent Jean de Nobé et sa femme Lia

[4] L'étonnement de Marie et de Joseph, rapporté par Luc, est considéré par certains comme un passage "antimarial". Ce que réfute le P. G. M. Roschini en se fondant sur les commentaires que fait la Vierge Marie à Maria Valtorta dans une catéchèse du 5 décembre 1943 ("Cahiers de 1943" – pages 526/527)

[5] Anne de Phanuel, sa maîtresse des novices quand elle était au Temple. Luc 2,36 "Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve; parvenue à l’âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem."


Enseignement de Jésus à Maria Valtorta
La vertu de Siméon et la prophétie d'Anne


32.7 - Jésus dit :  

"Deux enseignements, qui conviennent à tous, se dégagent de la description que tu as donnée.

En voici le premier : ce n'est pas au prêtre, plongé dans les rites, et avec l'esprit absent, mais à un simple fidèle que se dévoile la vérité.

Le prêtre toujours en relation avec la Divinité, appliqué au soin de tout ce qui se rapporte à Dieu, consacré à tout ce qu'il y a de plus élevé pour un être de chair, aurait dû voir tout de suite quel était le petit Enfant qu'on venait offrir au Temple ce matin-là. Mais pour qu'il pût le voir il lui aurait fallu un esprit vivant. Pas uniquement l'habit qui recouvrait un esprit sinon mort, du moins endormi.        

S’il le veut, L'Esprit de Dieu peut tonner et secouer comme la foudre et le tremblement de terre même l'esprit le plus fermé. Il le peut. Mais généralement comme Il est Esprit d'ordre comme est Ordre Dieu en toutes ses Personnes et en sa manière d'agir, Il se répand et parle, je ne dis pas là où il rencontre un mérite suffisant pour recevoir son effusion - car alors il y en aurait bien peu qui auraient cette grâce et toi non plus ne jouirais pas de ses lumières - mais là où Il voit une suffisante "bonne volonté" pour attirer cette effusion.    

Comment déploie-t-on cette bonne volonté ? Par une vie qui, dans la mesure du possible, vient toute de Dieu. Dans la foi, l'obéissance, la pureté, la charité, la générosité, la prière. Pas dans les pratiques extérieures : dans la prière. Il y a moins de différence entre la nuit et le jour qu'entre les pratiques et la prière. La prière c'est une communion d'esprit avec Dieu d'où on sort revigoré et décidé à être toujours plus de Dieu. La pratique extérieure est une habitude quelconque avec des buts divers mais toujours égoïstes. Elle vous laisse comme vous êtes ou même avec en plus un péché de mensonge et de paresse.      

32.8 - Syméon avait cette bonne volonté. La vie ne lui avait pas épargné les angoisses et les épreuves. Mais il n'avait pas perdu sa bonne volonté. Les vicissitudes des années n'avaient pas entamé ni ébranlé la foi qu'il avait dans le Seigneur, dans ses promesses et n'avaient pas interrompu sa bonne volonté d'être toujours plus digne de Dieu. Et Dieu, avant que les yeux de son serviteur fidèle ne se ferment à la lumière du soleil, en attendant de s'ouvrir au Soleil de Dieu, rayonnant des Cieux ouverts à mon ascension après le Martyre, Dieu lui envoya un rayon de son Esprit qui le dirigea vers le Temple pour voir la Lumière même, venue au monde.          

"Poussé par l'Esprit-Saint" dit l'Évangile [1]. Oh ! si les hommes savaient quel Ami parfait est l'Esprit-Saint ! Quel Guide ! Quel Maître ! S'ils l'aimaient et l'invoquaient cet Amour de la Très Sainte Trinité, cette Lumière de la Lumière, ce Feu du Feu, cette Intelligence, cette Sagesse ! Combien ils seraient plus instruits de ce qu'il est nécessaire de savoir !        

Vois, Maria, voyez, mes enfants. Syméon a attendu toute une longue vie avant de "voir la Lumière", avant de savoir accomplie la promesse de Dieu. Mais il n'a jamais douté. Il ne s'est jamais dit : "C'est inutile que je persévère dans l'espérance et la prière". Il a persévéré. Il a obtenu de "voir" ce que ne voient pas le prêtre et les membres du Sanhédrin orgueilleux et aveuglés : le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur, en ce corps d'enfant qui lui donnait tiédeur et sourires. Il a eu le sourire de Dieu, première récompense de sa vie honnête et pieuse, à travers mes lèvres de Bébé.

32.9 - Deuxième enseignement : les paroles d'Anne. Elle aussi prophétesse voit en Moi, Nouveau-Né, le Messie. Et cela, étant donné son don prophétique, lui est naturel. Mais, écoute, écoutez ce que, poussée par la foi et la charité, elle dit à ma Mère. Faites-en une lumière pour votre esprit qui tremble en ce temps de ténèbres, en cette Fête de la Lumière.      

"À qui a donné un Sauveur ne fera pas défaut le pouvoir de donner son ange pour essuyer tes larmes, vos larmes". Pensez que Dieu s'est donné Lui-même pour anéantir l’œuvre de Satan dans les esprits. Ne pourra-t-Il pas vaincre maintenant les satans qui vous torturent ? Ne pourra-t-Il pas essuyer vos pleurs en mettant en fuite ces satans et en rendant la paix de son Christ ? Pourquoi ne le Lui demandez-vous pas avec foi ? Une foi vraie, irrésistible devant laquelle la rigueur de Dieu, indigné par vos fautes si nombreuses, tombe avec un sourire, tandis que le pardon arrive apportant l'aide qui en est sa conséquence et sa bénédiction qui est l'arc-en-ciel au-dessus de cette terre submergée par un déluge de sang voulu par vous-mêmes ?  

Réfléchissez : le Père, après avoir puni les hommes par le Déluge, se dit à Lui-Même et à son Patriarche : "Je ne maudirai plus la terre à cause des hommes parce que les sentiments et les pensées du cœur humain sont inclinés vers le mal dès l'adolescence. Je ne punirai plus tout être vivant comme je l'ai fait" [2]. Et il est resté fidèle à sa parole, Il n'a plus envoyé de déluge. Mais vous, combien de fois vous êtes-vous dit et avez-vous dit à Dieu: "Si nous nous sauvons, cette fois, si Tu nous sauves, nous ne ferons plus jamais de guerres, jamais plus" et puis n'en avez-vous pas toujours fait de plus terribles ? Combien de fois, menteurs, et sans respect pour le Seigneur et pour votre parole ? Et pourtant Dieu vous aiderait, encore une fois, si la grande masse des fidèles l'appelait avec une foi et un amour irrésistibles.

Vous tous, qui trop peu nombreux pour contrebalancer la foule de ceux qui maintiennent toute vive la rigueur de Dieu, restez cependant dévoués à Dieu en dépit des menaces terribles de l'heure présente suspendues sur les têtes et qui croissent d'un instant à l'autre. Mettez votre angoisse aux pieds de Dieu. Lui saura vous envoyer son ange, comme il a envoyé le Sauveur au monde. Ne craignez pas. Restez unis à la Croix. Elle a toujours triomphé des embûches du démon qui par la férocité des hommes et les tristesses de la vie cherche à incliner au désespoir - c'est-à-dire à la séparation d'avec Dieu - les cœurs qu'il ne peut gagner d'une autre manière".

[1] Luc 2, 27.

[2] Genèse 9,9-15 – Promesse de Dieu à Noé sorti du déluge.

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Message par Anayel Sam 28 Déc - 10:50

La berceuse de la Vierge


33.1 - Ce matin j'ai eu un réveil bien doux. J'étais encore dans les brumes du sommeil quand j'ai entendu une voix très pure qui chantait doucement une lente berceuse. On aurait dit, une berceuse de Noël tant cela paraissait lente et archaïque. J'en suivais ce motif et cette voix qui me donnait un bonheur croissant et me rendait ma lucidité sous sa douce ondée. Finalement j'étais éveillée et j'ai compris. J'ai dit : "Je te salue, Marie, pleine de Grâce !" car c'était la Maman qui chantait et Elle s'est mise à chanter plus fort, après m'avoir dit : "Moi aussi, je te salue. Viens et sois heureuse !"          

Et je l'ai vue, dans la maison de Bethléem, dans la pièce qu'elle occupait, en train de bercer Jésus pour l'endormir, Dans la pièce il y avait le métier à tisser de Marie et des travaux de couture. Marie paraissait avoir suspendu son travail, pour donner le sein au Bébé, changer ses langes ou plutôt ses draps car c'était déjà un bébé de quelques mois, six mois, huit au plus dirais-je. Elle comptait reprendre le travail quand l'Enfant serait endormi.        

On approchait du soir. Le crépuscule touchait à sa fin et avait saupoudré le ciel serein de flocons d’or. Des troupeaux revenaient à leur parc, broutant les derrières herbes d'un pré fleuri et bêlaient en levant le museau.    

Le Bébé tardait à s'endormir. Il paraissait un peu agité comme s'il était agacé par ses dents ou quelque "bobo" de l'enfance.        

33.2 - J'ai écrit, comme j'ai pu, dans l'obscurité de cette heure à peine, à peine matinale; le chant sur un morceau de papier et maintenant je le recopie ici.

"Petits nuages dorés, qui semblez les troupeaux du Seigneur.      
Sur le pré tout en fleurs un autre troupeau est là qui regarde.      
Mais même si j'avais tous les troupeaux de la terre,
Le petit agneau qui m'est le plus cher, ce serait toujours Toi…    
Dors, dors, dors, dors...    
Ne pleure plus…    

Mille étoiles brillantes regardent du haut du ciel.    
Ne fais plus pleurer tes doux yeux.        
Tes yeux de saphir sont les étoiles de mon cœur.      
Tes pleurs en sont la souffrance, Oh, ne pleure plus.
Dors, dors, dors, dors…    
Ne pleure plus...    

Tous les anges resplendissants, qui sont au Paradis,
Te font une couronne, à toi l’innocent, pour se réjouir de ton visage.          
Mais tu pleures. Tu veux ta Maman, ta maman, ta maman, maman, ma…À ton côté pour te bercer. Dodo, dodo, dodo, do…      
Dors, dors, dors, dors...    
Ne pleure plus...    

Puis le ciel rosira … c'est l'aurore qui reviendra        
Et ta Maman n’ira pas encore se reposer, pour ne pas te faire pleurer.          
À ton réveil tu diras : "Maman !", je te répondrais "Mon Fils !",  
Et avec mon baiser, c’est à la fois l’amour, la vie et le lait que je te donnerai.    
Dors, dors, dors, dors...    
Ne pleure plus...    

Tu ne peux rester sans ta maman, même si tu rêves du Ciel.          
Viens, viens ! Sous mon voile je te ferai dormir,      
Avec ma poitrine pour oreiller, et mes bras pour berceau.  
Ne crains rien ! Je suis ici avec Toi.      
Dors, dors, dors, dors...    
Ne pleure plus...    

Je resterais toujours avec toi. Tu es la vie de mon cœur.    
Il dort... on le dirait une fleur, posée sur le sein...    
Il dort... Faites doucement ! Peut-être voit-il le Père Saint...        
Cette vision essuie les larmes…  de mon doux Jésus...        
Il dort, dort, dort, dort…  
Il ne pleure plus..."

33.3 - Dire la grâce de cette scène est impossible. Ce n'est qu'une mère qui berce un bébé. Mais quelle Mère et quel Bébé ! On peut donc penser quelle grâce, quel amour, quelle pureté, et quel Ciel se trouvent dans cette petite, grande, délicieuse scène dont le souvenir me réjouit et dont il reste, pour en confirmer la réalité, l'air que je me répète pour vous le faire entendre à vous aussi. Mais je n'ai pas, moi la voix d'argent très pur de Marie, la voix virginale de la Vierge !... Et je semblerai un méchant accordéon. N'importe. Je ferai comme je pourrai. Quelle belle pastorale que ce serait pour la chanter autour de la Crèche de Noël !          

Au début, la mère balançait lentement le berceau de bois, Puis voyant que Jésus ne s'apaisait pas, elle l'a pris sur ses genoux assise près de la fenêtre ouverte, à côté du berceau, et le balançant doucement au rythme du chant, elle a répété la berceuse deux fois jusqu'à ce que le petit Jésus ait fermé les yeux, tourné sa petite tête vers le sein maternel et se soit endormi ainsi, son petit visage enfoui dans la chaleur de son sein, une main appuyée sur la poitrine maternelle près de sa joue rosée et l'autre abandonnée sur le sein. Le voile de Marie couvrait son saint Enfant. Puis Marie s'est levée avec des précautions infinies et a déposé son Jésus dans le berceau. Elle l'a couvert de linges légers, a étendu un voile pour le garder des mouches et de l'air et elle est restée à contempler son Trésor endormi.  

Elle avait une main sur le cœur, l'autre encore appuyée au berceau toute prête à le bercer si l'Enfant menaçait de se réveiller et elle souriait, radieuse, un peu penchée sur le berceau pendant que l'ombre et le silence descendaient sur la terre et envahissaient la petite chambre virginale.        

Quelle paix ! Quelle beauté ! J'en suis ravie !

33.4 - Ce n'est pas une vision grandiose et peut-être la jugera-t-on inutile dans l'ensemble des autres, car elle ne révèle rien de spécial. Je le sais. Mais pour moi, c'est une vraie grâce. C'est ainsi que je l'apprécie, car elle me rend l'esprit tranquille, pur, pénétré par l'amour comme recréé par les mains de la Maman. Je pense que dans ce sens là il vous plaira à vous aussi. Nous sommes des "tout petits", nous. Cela vaut mieux ! Nous plaisons à Jésus. Que les autres, savants et compliqués, pensent ce qu'ils voudront nous trouvant "puérils", nous n'avons pas à nous en occuper. N'est-ce pas ?

[1] Traduction de 1985 :Petits nuages dorés, qui semblez les troupeaux du Seigneur. Sur le pré tout en fleurs un autre troupeau est là qui regarde. Mais si j'avais tous les troupeaux qui sont sur la terre, le petit agneau qui m'est le plus cher, ce serait toujours Toi. Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus…  

Mille étoiles reluisantes sont là, dans le ciel, et regardent ; Tes suaves pupilles, oh ! ne les fais plus pleurer. Tes yeux de saphir sont les étoiles de mon cœur ; Tes pleurs sont ma douleur ! Oh ! ne pleure plus. Dors, dors, dors, dors… Et ne pleure plus...  
       
Tous les anges resplendissants, qui sont dans le Paradis, font une couronne pour Toi innocent, pour se réjouir de ton visage. Mais Tu pleures et Tu veux ta Maman. Tu veux la Maman, Maman, Ma.." qui est ici autour de Toi pour te dire "dodo". Dodo, dodo, dodo, do... Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus...  

Voici le ciel qui est tout rose, c'est l'aurore qui revient, et la Maman ne repose pas encore pour ne pas te faire pleurer. Réveillé Tu diras : "Maman !". "Mon Fils" je répondrai, et te baisant, c'est l'amour et la vie que je te donnerai avec le lait. Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus...        

Sans ta Maman Tu ne peux rester pas même si Tu rêvais le Ciel. Viens, viens ! Sous mon voile je te ferai dormir. Ma poitrine ton oreiller, et mes bras ton berceau. Ne crains rien ! Car je suis près de Toi. Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus...        
 
Moi, je serais toujours avec Toi. Tu es la vie de mon cœur. Il dort... on le dirait une fleur, posée sur le sein. Il dort... Faites tout doucement ! C'est que... peut-être Il voit le Père Saint... Cette vision essuie les pleurs de mon doux Jésus... Il dort, il dort, il dort, il dort, et ne pleure plus..."

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Message par Anayel Dim 29 Déc - 17:01

L'adoration des mages


34.1 - Mon conseiller intérieur me dit :        

« Ces contemplations [1] que tu vas recevoir et que je vais te présenter, appelle-les “ les Évangiles de la foi ” car, pour toi comme pour les autres, ils viendront mettre en lumière la puissance de la foi et de ses fruits, et vous confirmer dans votre foi en Dieu. »    

34.2 - Je vois la petite ville de Bethléem, toute blanche et rassemblée comme une couvée de poussins sous la lumière des é toiles. Deux rues principales s’y coupent à angle droit, l’une venant de l’extérieur du bourg – c’est la grand-route qui continue plus loin, – l’autre qui le traverse d’un bout à l’autre, mais pas au-delà. D’autres ruelles sillonnent cette bourgade, sans la moindre trace d’un plan d’urbanisme tel que nous le concevons ; elles s’adaptent plutôt aux différences de niveaux du sol et aux maisons édifiées çà et là, au gré des accidents du sol et des caprices des constructeurs. Tournées parfois vers la droite, parfois vers la gauche, ou encore de biais par rapport à la rue qui les borde, ces maisons l’obligent à ressembler à un ruban sinueux au lieu d’être rectiligne entre un point et un autre.  

De temps en temps, on rencontre une petite place, soit pour un marché, soit pour une fontaine, ou encore – parce que les bâtiments sont construits au petit bonheur –, un espace libre sur lequel on ne peut rien construire.          

À l’endroit où, à ce qu’il me semble, je dois m’arrêter plus particulièrement, se trouve précisément l’une de ces places irrégulières. Elle devrait être carrée ou du moins rectangulaire. Elle se présente au contraire sous la forme d’un trapèze si bizarre qu’on dirait un triangle coupé au sommet. Du côté le plus long – la base du triangle – se dresse un bâtiment large et bas. C’est le plus important du village. Du dehors, c’est une muraille lisse et nue sur laquelle s’ouvrent deux portes cochères actuellement bien fermées. À l’intérieur en revanche, de nombreuses fenêtres au premier étage donnent sur la cour carrée, tandis que, au-dessous, des portiques entourent des cours jonchées de paille et de détritus, avec des vasques pour abreuver les chevaux et les autres animaux. Les colonnes rustiques des portiques portent des anneaux pour attacher les bêtes et, sur un côté, se trouve un vaste hangar pour abriter troupeaux et montures. Je comprends qu’il s’agit de l’auberge de Bethléem.

Sur deux autres côtés de même longueur se trouvent des maisons et des maisonnettes, les unes précédées d’un petit jardin et d’autres pas, car certaines ont la façade tournée vers la place, et d’autres, vers l’arrière. Sur le côté plus étroit, face au caravansérail, se dresse une unique maisonnette avec, au milieu de la façade, un escalier extérieur qui donne accès aux chambres de l’étage habité. Comme c’est la nuit, elles sont toutes fermées et, vu l’heure, les rues sont désertes.

34.3 - Je vois s’intensifier la clarté de la nuit qui descend d’un ciel semé d’étoiles, toujours si belles dans le ciel d’Orient, si vives et grandes qu’elles en paraissent toutes proches ; on a l’impression qu’on pourrait aisément les atteindre, les toucher du doigt, ces fleurs qui brillent sur le velours du firmament… Je lève les yeux pour comprendre quelle est la source de cette intensité de lumière. Une étoile d’une taille insolite qui la fait ressembler à une petite lune s’avance dans le ciel de Bethléem. Par là même, les autres paraissent s’éclipser et lui céder le passage comme des servantes sur le parcours d’une reine, tant son éclat les surpasse et les fait disparaître.        

Son noyau ressemble à un énorme saphir, éclairé de l’intérieur par un soleil ; il en sort une traînée lumineuse où prédomine un bleu céleste, mais où se fondent les blonds des topazes, les verts des émeraudes, l’éclat irisé des opales, les clartés sanguines des rubis et le doux scintillement des améthystes. On retrouve toutes les pierres précieuses de la terre dans cette traînée qui balaye le ciel d’un mouvement rapide et ondulant comme si elle était vivante. Mais la couleur prédominante qui semble pleuvoir du globe de l’étoile, c’est la teinte paradisiaque de saphir clair qui vient colorer d’un bleu argenté les maisons, les rues et le sol de Bethléem, ce berceau du Sauveur. Elle n’a plus rien de la pauvre bourgade qui, pour nous, est plus petite qu’un village rural. C’est une cité fantastique de conte de fées où tout est d’argent. Même l’eau des fontaines et des vasques ressemble à du diamant liquide.

C’est en rayonnant avec encore plus d’éclat que l’étoile s’arrête sur la petite maison qui se trouve du côté le plus étroit de la place. Ni ses occupants ni les villageois ne la voient, parce qu’ils dorment dans leurs maisons bien closes. Cependant, les palpitations lumineuses de l’astre s’accélèrent, son sillage ondule et tourbillonne plus fort en traçant presque des demi-cercles dans le ciel, qui s’illumine tout entier sous l’effet de cette poussière d’étoiles qu’elle entraîne, ce filet de pierres précieuses qui resplendissent de mille couleurs sur les autres étoiles, comme pour leur communiquer un message de joie.  

La maison tout entière est baignée de ce feu liquide de joyaux. Le toit de la petite terrasse, l’escalier de pierre grise, la petite porte, tout ne forme qu’un bloc d’argent pur saupoudré d’une poussière de diamants et de perles. Aucun palais royal sur terre n’a jamais eu et n’aura jamais d’escalier pareil à celui-ci, fait pour recevoir le passage des anges et pour servir à la Mère, qui est Mère de Dieu. Ses petits pieds de Vierge immaculée peuvent se poser sur cette éclatante blancheur, ses petits pieds destinés à se poser sur les marches du trône de Dieu. Mais la Vierge ignore tout. Elle veille à côté du berceau de son Fils et prie. Son âme recèle des splendeurs qui surpassent celles dont l’étoile embellit toutes choses.  

34.4 - Un cortège s’avance dans la rue principale : chevaux harnachés et d’autres guidés à la main, dromadaires et chameaux, les uns montés, les autres chargés de bagages. Le bruit des sabots ressemble à de l’eau qui clapote en heurtant les pierres d’un torrent.          

Parvenus sur la place, tous s’arrêtent. Sous le rayonnement de l’étoile, ce cortège est d’une splendeur fantastique : les ornements des riches montures, les vêtements des cavaliers, les visages, les bagages, tout resplendit en ravivant et en unissant au scintillement de l’étoile l’éclat du métal, du cuir, de la soie, des fourrures et des joyaux. Les yeux rayonnent, les bouches rient, car une autre splendeur s’est allumée dans les cœurs, celle d’une joie surnaturelle.  

Pendant que les serviteurs se dirigent vers le caravansérail avec les animaux, trois personnages de la caravane descendent de leur monture respective, qu’un serviteur emmène aussitôt, et marchent vers la maison.      

Ils se prosternent, face contre terre, et baisent le sol. Ce sont trois personnages puissants, leurs riches vêtements le prouvent. À peine descendu de son chameau, l’un d’eux, à la peau très foncée[2], se drape dans un superbe vêtement de soie blanche. Son front est ceint d’un cercle d’or et de sa ceinture pend un poignard ou une épée dont la garde s’orne de pierres précieuses. Les deux autres sont descendus de leurs magnifiques chevaux. L’un d’eux[3] est revêtu d’une tunique rayée, très belle, où domine le jaune. Cet habit est comme un long domino garni d’une capuche et d’un cordon qui semblent faits tout d’une pièce en filigrane d’or tant ils sont ornés de brocart. Quant au troisième[4], il porte une chemise de soie bouffante qui sort d’un long et large pantalon serré aux pieds. Il s’est enveloppé dans un châle très fin, véritable jardin fleuri tant sont vives les fleurs qui le décorent entièrement. Sur la tête, il porte un turban retenu par une chaînette faite entièrement de chatons de diamants.      

Ayant vénéré la maison où se trouve le Sauveur, ils se relèvent et vont au caravansérail, que les serviteurs, après y avoir frappé, ont fait ouvrir.  

Ici s’arrête ma vision.    

34.5 - Elle reprend trois heures plus tard par la scène de l’adoration des mages à Jésus.    

Il fait jour, désormais. Un beau soleil brille dans le ciel de l’après-midi.        

Un serviteur des mages traverse la place et gravit l’escalier de la petite maison. Il entre, ressort, et retourne à l’auberge.  

Les trois sages sortent, suivis chacun de son serviteur. Ils traversent la place. Les rares passants se retournent pour regarder ces personnages majestueux qui marchent lentement, avec solennité. Un bon quart d’heure est passé entre l’entrée du serviteur et celle des Mages, ce qui a permis aux habitants de la petite maison de se préparer à recevoir leurs hôtes.    

Ces derniers sont habillés encore plus richement que la veille au soir. Les soieries resplendissent, les pierres précieuses étincellent, un grand panache de plumes de grand prix couvertes d’écailles encore plus précieuses oscille sur la tête de celui qui a un turban.  

L’un des serviteurs porte un coffre orné de marqueteries dont les fermetures sont en or buriné ; le deuxième une coupe très travaillée, surmontée d’un couvercle encore mieux ciselé ; le troisième, une espèce d’amphore large et basse, en or elle aussi, bouchée par une fermeture en forme de pyramide garnie d’un brillant au sommet. Ces objets doivent être lourds, car les serviteurs les portent avec effort, surtout celui qui est chargé du coffre.  

Les trois visiteurs montent l’escalier et entrent. Ils pénètrent dans une pièce qui va de la rue à l’arrière de la maison. On aperçoit le petit jardin qui se trouve derrière par une fenêtre ouverte au soleil. Des portes s’ouvrent dans les deux autres murs, d’où les propriétaires observent : un homme, une femme, et trois ou quatre enfants entre deux âges.  

34.6 - Marie est assise, l’enfant sur son sein, et Joseph se tient debout auprès d’elle. Mais elle se lève elle aussi et s’incline quand elle voit entrer les trois mages. Elle est entièrement vêtue de blanc. Elle est si belle dans le simple vêtement immaculé qui la recouvre de la base du cou aux pieds, des épaules à ses fins poignets, si belle avec sa tête couronnée de tresses blondes, son visage rosi par l’émotion, ses yeux qui sourient avec douceur, sa bouche qui s’ouvre pour saluer : « Que Dieu soit avec vous ! », que les trois hommes en restent un instant interdits. Puis ils s’avancent, se prosternent à ses pieds et la prient de s’asseoir.    

Eux non, ils ne s’asseyent pas, bien que Marie les en prie. Ils restent à genoux, appuyés sur leurs talons. Les trois serviteurs se tiennent en retrait, eux aussi à genoux, tout de suite derrière le seuil. Ils ont déposé devant eux les objets qu’ils portaient, et attendent.

Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Image011
[5]

Les trois sages contemplent l’Enfant, qui, à ce qu’il me semble, doit avoir de neuf mois à un an, tant il est éveillé et robuste.    

Il se tient assis sur le sein de sa Mère, sourit et gazouille avec une voix de petit oiseau.    

Comme sa Mère, il est entièrement vêtu de blanc et porte des sandalettes à ses pieds minuscules. Un petit vêtement tout simple : une tunique d’où sortent de beaux petits petons remuants, de petites mains potelées qui voudraient bien tout attraper, et surtout un très joli visage où resplendissent des yeux bleu foncé ; sa bouche fait des fossettes des deux côtés quand il rit, découvrant des dents minuscules. Les boucles de ses cheveux font penser à une poussière d’or tant elles sont brillantes et vaporeuses.          

34.7 - Le plus âgé des sages parle au nom de tous.

Il explique à Marie que, une nuit du dernier mois de décembre, ils ont vu, dans le ciel, apparaître une nouvelle étoile d’un éclat inhabituel. Jamais aucune carte du ciel n’avait mentionné cet astre et nul n’en avait jamais parlé. On ne connaissait pas son nom, parce qu’il n’en avait pas. Née du sein de Dieu, cette étoile s’était épanouie pour apprendre aux hommes une vérité bénie, un secret de Dieu. Mais les hommes ne s’en étaient guère souciés, parce que leur âme était plongée dans la boue. Ils ne levaient pas les yeux vers Dieu et ne savaient pas lire les paroles qu’il trace – qu’il en soit éternellement béni – avec des astres de feu sur la voûte des cieux.        

Eux, ils l’avaient vue et s’étaient efforcés d’en comprendre le sens. C’est de bon cœur qu’ils avaient perdu le peu de sommeil qu’ils accordaient à leurs membres et en oubliaient de manger pour se plonger dans l’étude du zodiaque. Or les conjonctions des planètes, le temps, la saison, le calcul des heures passées et des combinaisons astronomiques leur avaient appris le nom et le secret de l’étoile. Son nom était “Messie”, et son secret : “Être le Messie venu au monde.” Ils avaient donc pris la route pour l’adorer, à l’insu les uns des autres. Par monts et par vaux, à travers déserts et fleuves, voyageant de nuit, ils avaient marché en direction de la Palestine, vers où l’étoile les guidait. Pour chacun, de trois points différents de la terre, elle allait dans cette direction. Et puis ils s’étaient rencontrés, de l’autre côté de la mer Morte. C’est là que la volonté de Dieu les avait réunis, et ils avaient continué ensemble, en se comprenant, bien que chacun parle sa propre langue, et en comprenant et pouvant parler la langue du pays traversé, par quelque miracle de l’Éternel.  

Ensemble, ils étaient allés à Jérusalem, puisque le Messie devait être le roi de Jérusalem, le roi des Juifs. Mais l’étoile s’était cachée sur le ciel de cette ville ; ils avaient senti leur cœur se briser de douleur et s’étaient examinés pour savoir s’ils avaient démérité de Dieu. Mais, leur conscience les rassurant, ils s’étaient adressés au roi Hérode pour lui demander dans quel palais était né le roi des Juifs qu’ils étaient venus adorer. Ayant convoqué les prêtres et les scribes, le roi leur avait demandé où devait naître le Messie, et ils avaient répondu :      

« À Bethléem de Judée [6]. »        

Les mages étaient donc venus à Bethléem et l’étoile était réapparue à leurs yeux, une fois quittée la cité sainte. La veille au soir, son éclat s’était accru – le ciel entier était embrasé – puis, unissant la lumière des autres étoiles à son propre rayonnement, elle s’était arrêtée au-dessus de cette maison. Ils avaient compris que c’était là que se trouvait le Nouveau-né divin. Et maintenant ils l’adoraient et lui offraient leurs pauvres cadeaux et, par-dessus tout, leur cœur qui ne cesserait jamais de bénir Dieu de la grâce qu’il leur avait accordée et d’aimer son Nouveau-né, dont ils voyaient la sainte humanité. Ils allaient ensuite en rendre compte au roi Hérode, car lui aussi désirait l’adorer.        

34.8 - « Voici à la fois l’or qu’il convient à un roi de posséder, l’encens comme il convient à Dieu, et voilà, Mère, voilà la myrrhe, puisque ton Nouveau-né n’est pas seulement Dieu mais homme, et connaîtra donc l’amertume de la chair et de la vie humaine ainsi que la loi inévitable de la mort. Notre amour aurait préféré ne pas te dire ces mots et penser que sa chair est éternelle à l’instar de son Esprit. Mais, Femme, si nos cartes ne se trompent pas, et plus encore nos âmes, ton Fils est le Sauveur, le Christ de Dieu qui devra, pour sauver la terre, prendre sur lui le mal du monde dont l’un des châtiments est la mort. Cette résine est destinée à cette heure-là, pour que ses chairs – qui sont saintes – ne connaissent pas la pourriture de la corruption et gardent leur intégrité jusqu’à leur résurrection. Que par nos cadeaux il se souvienne de nous et sauve ses serviteurs en leur donnant son Royaume.    

Pour l’instant, et pour être sanctifiés par lui, que sa Mère offre son Enfant à notre amour. Qu’en baisant ses pieds la bénédiction céleste descende sur nous ».      

Marie, qui a dominé l’effroi provoqué par les paroles du savant et a dissimulé par un sourire la tristesse de l’évocation funèbre, leur offre l’enfant. Elle le pose dans les bras du plus âgé, qui l’embrasse et reçoit des caresses, puis il le passe aux deux autres.    

Jésus sourit et joue avec les chaînettes et les franges des trois hommes, et il regarde avec curiosité l’écrin ouvert, rempli d’une matière jaune et luisante. Il rit quand il voit que le soleil forme un arc-en-ciel en tombant sur le couvercle de la myrrhe.

34.9 - Puis les trois personnages rendent l’Enfant à Marie et se lèvent. Marie en fait de même. Le plus jeune donne un ordre à son serviteur, qui sort, et les uns et les autres s’inclinent. Les mages parlent encore un peu, comme s’ils ne pouvaient se résoudre à quitter cette maison. Des larmes d’émotion brillent dans les yeux. Finalement, ils se dirigent vers la sortie, accompagnés par Marie et Joseph.    

L’Enfant a voulu descendre et donner la main au plus âgé des trois, et il marche comme cela, une main dans la main de Marie, l’autre dans celle du sage, qui se penche pour le retenir. Jésus a le pas encore incertain d’un enfant et il rit en frappant du pied le rayon de lumière que le soleil dessine par terre.  

Parvenus sur le seuil – il ne faut pas oublier que cette pièce prenait toute la longueur de la maison – les trois visiteurs prennent congé en s’agenouillant encore une fois pour baiser les pieds de Jésus. Marie, penchée sur son Fils, prend sa petite main et, en la guidant, lui fait faire un geste de bénédiction sur la tête de chacun des mages. C’est déjà un signe de croix[7] que tracent les petits doigts de Jésus guidés par Marie.  

Après cela, les trois mages descendent l’escalier. La caravane est déjà prête, elle les attend. Le harnachement des chevaux brille sous le soleil couchant. Les gens se sont rassemblés sur la petite place pour observer ce spectacle insolite.    

Jésus bat des mains en riant. Sa Mère l’a soulevé et appuyé contre un large parapet qui borde le palier. Elle le maintient par un bras sur sa poitrine pour l’empêcher de tomber. Joseph est descendu avec les trois personnages et tient l’étrier à chacun pendant qu’ils montent à cheval ou à chameau.

Désormais, maîtres et serviteurs sont tous en selle. L’ordre de marche est donné. Les trois hommes se penchent jusque sur le cou de leur monture en un dernier salut. Joseph s’incline, Marie en fait de même et guide de nouveau la main de Jésus en un geste d’adieu et de bénédiction.



[1] Ces contemplations dont la première est la seule à faire partie de l’ouvrage. Les autres, appelées elles aussi “évangiles de la foi”, ne sont pas des épisodes de “L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” proprement dit, mais se trouvent dans les visions du 29 février, 1 mars, 4 mars et 29 mars 1944 (Voir les Cahiers). Il s’agit de la vision des martyrs (témoins de la foi) des premiers temps.

[2] Melchior, selon la tradition : il vient de Nubie ou du Soudan (sources du Nil).

[3] Balthazar, selon la tradition : il vient "chaînes mongoliques" aux confins de la Perse.

[4] Gaspard, selon la tradition : il vient de l'Inde.

[5] Dessin de Lorenzo Ferri, réalisé sous les indications de Maria Valtorta.

[6] Michée 5,1.

[7] Un signe de croix, c’est-à-dire le Tau, comme le note Maria Valtorta entre parenthèses sur une copie dactylographiée. Le Tav (ou taw), dernière lettre de l’alphabet hébreu, symbolise Yahvé. Ézéchiel y fait référence dans sa prophétie (9,4-6) : «Passe par le milieu de la ville, et marque d’un Thau le front des hommes». Sa forme primitive était une croix ou un x qui la faisait marquer sur le front des premiers chrétiens. Elle est à l’origine de la lettre T que l’on retrouve dans notre alphabet ou dans le grec. Les franciscains l’ont adopté comme croix. Saint Cyprien de Carthage (IIIe siècle) interprète la prophétie d’Ézéchiel comme l’annonce de la croix du Christ (Adversus Marcionem, III, 22).

Nous rencontrerons ce signe à d’autres reprises, par exemple en 397.3, 413.6, 491.3, 567.15, 635.4.11.


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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Lun 30 Déc - 10:08

La fuite en Egypte


335.1 - Je vois en esprit la scène suivante :    

C'est la nuit. Joseph dort sur sa couchette dans sa chambre minuscule. Un sommeil tranquille de qui se repose de beaucoup de travail accompli honnêtement et soigneusement.      

Je le vois dans l'obscurité de la pièce, à peine amoindrie par un filet de lumière lunaire qui entre par la fente de la fenêtre à peine entrebâillée mais pas fermée complètement, comme si Joseph avait chaud dans ce petit local, ou comme s'il voulait avoir ce petit filet de lumière pour pouvoir se régler sur l'aube et se lever promptement. Il repose sur un côté, et dans son sommeil sourit à je ne sais quelle vision, qu'il a, à un songe. Mais le sourire se change en effroi. Il soupire profondément comme s'il avait un cauchemar et s'éveille en sursaut [1].  

Il s'assied sur le lit, se frotte les yeux et regarde autour de lui. Il regarde vers la petite fenêtre d'où vient le filet de lumière, La nuit est profonde, mais il saisit le vêtement étendu au pied du lit, et toujours assis sur le lit l'enfile sur la tunique blanche aux manches courtes qu'il a sur la peau. Il écarte les couvertures, met les pieds à terre et cherche ses sandales. Il les enfile et les lace. il se lève et se dirige vers la porte en face de son lit, pas celle qui est sur le côté du lit et qui conduit à la pièce où furent accueillis les Mages. Il frappe doucement, à peine un tic-tic, avec l'extrémité des doigts.      

Il doit comprendre qu'on l'invite à entrer, car il ouvre précautionneusement la porte et la referme sans bruit. Avant de se diriger vers la porte, il a allumé une petite lampe à huile à une seule flamme et s'éclaire avec elle.          

Il entre, dans une chambre un peu plus grande que la sienne et où se trouve une couchette basse près d'un berceau. Il y a déjà une veilleuse allumée dont la petite flamme qui tremble dans un coin semble une petite étoile lumineuse faible et dorée qui permet de voir sans gêner le sommeil de qui dort.          

35.2 - Mais Marie ne dort pas. Elle est agenouillée près du berceau dans son vêtement clair et elle prie, veillant Jésus qui dort tranquillement. Jésus qui a l'âge où je l'ai vu dans la vision des Mages. Un enfant d'un an environ, beau, rose et blond avec sa jolie petite tête aux cheveux bouclés enfoncée dans l'oreiller et une main fermée sous la gorge.  

"Tu ne dors pas ? demande Joseph à voix basse, étonné. Pourquoi ? Jésus n'est pas bien ?"  

"Oh, non ! Il est bien. Je prie. Mais je dormirai après. Pourquoi es-tu venu, Joseph ?" Marie parle en restant à genoux comme elle était.    

Joseph parle à voix très basse pour ne pas éveiller le Bébé mais avec animation.          

"Il faut partir tout de suite d'ici, mais tout de suite. Prépare le coffre et un sac avec tout ce que tu peux y mettre. Je préparerai le reste. J'emporterai le plus de choses possible... À l'aube nous fuyons. Je le ferais encore plus tôt, mais je dois parler à la propriétaire de la maison..."          

"Mais pourquoi cette fuite ?"  

"Je t'expliquerai après, c'est pour Jésus. Un ange me l'a dit : "Prends l'Enfant et la Mère et fuis en Égypte". Ne perds pas de temps. Je vais préparer tout ce que je puis."  

35.3 - Pas besoin de dire à Marie de ne pas perdre de temps. Dès qu'elle a entendu parler d'un ange, de Jésus et de fuir, elle a compris qu'il y a danger pour sa Créature et a bondi debout plus pâle avec son visage de cire, en portant angoissée une main sur son cœur. Elle a commencé à marcher, rapide et légère, à ranger les vêtements dans le coffre et dans un grand sac qu'elle a étendu sur son lit encore intact, Elle est angoissée mais elle ne perd pas la tête, elle fait les choses avec empressement mais aussi avec ordre. De temps en temps en passant près du berceau, elle regarde le Bébé qui dort, sans savoir.    

"As-tu besoin d'aide ?" demande de temps à autre Joseph en passant la tête à la porte entrebâillée.  

"Non, merci" répond toujours Marie.          

Seulement quand le sac est plein et il doit être lourd, elle appelle Joseph pour qu'il l'aide à le fermer et à l'enlever du lit. Mais Joseph ne veut pas qu'on l'aide et se débrouille seul en prenant le long paquet et en le portant dans sa petite pièce.      

"Est-ce que je dois prendre les couvertures de laine ?" demande Marie.        

"Prends le plus possible, car le reste nous le perdrons. Mais prends tout ce que tu peux. Ce sera utile parce que... parce que nous devons rester loin longtemps, Marie !..." Joseph est très triste en disant cela.        

Et pour Marie on peut penser ce qu'il en est. Elle plie en soupirant ses couvertures et celles de Joseph, qui les lie avec une corde.        

"Nous laisserons les courtepointes et les nattes, dit-il en ficelant les couvertures. Même si je prends trois ânes, je ne peux trop les charger. Nous avons à parcourir une longue et pénible route, en partie à travers les montagnes et en partie dans le désert. Couvre bien Jésus. Les nuits seront tellement froides dans les montagnes et le désert. J'ai pris les cadeaux des Mages qui nous seront utiles là-bas. Tout ce que j'ai, je le dépense pour acheter les deux ânes. Nous ne pouvons pas les renvoyer et je dois payer comptant. Je vais sans attendre l'aube. Je sais où les trouver. Toi, finis de tout préparer" et il sort.

Marie recueille encore quelque objet, puis après avoir observé Jésus, elle sort et revient avec des petits vêtements qui paraissent encore humides, peut-être lavés de la veille. Elle les plie, les enroule dans un linge et les met avec le reste. Plus rien. Elle se tourne et voit dans un coin un petit jouet de Jésus : une petite brebis taillée dans le bois. Elle la prend en sanglotant et l'embrasse. Le bois porte les traces des petites dents de Jésus et les oreilles de la brebis sont toutes mordillées. Marie caresse cet objet sans valeur, taillé dans un morceau de bois blanc, mais de si grand prix pour elle parce qu'il lui dit l'affection de Joseph pour Jésus et lui parle de son Bébé. Elle le joint aux autres objets sur le coffre fermé.  

35.4 - Maintenant il n'y a vraiment plus rien. Jésus seulement dans son berceau. Marie pense qu'il faudrait bien préparer le Bébé. Elle va au berceau et le remue un peu pour réveiller le Petit. Mais il gémit un instant, se retourne et continue de dormir. Marie caresse doucement les boucles de ses cheveux. Jésus ouvre sa petite bouche pour bailler. Marie se penche et le baise sur la joue. Jésus achève de se réveiller. Il ouvre les yeux. Il voit la Maman et sourit et tend ses mains vers son sein.

"Oui, amour de ta Maman. Oui, le lait. Avant l'heure habituelle... Mais tu es toujours prêt à sucer ta Maman, mon saint petit agneau !"    

Jésus rit et joue en agitant ses petits pieds hors des couvertures agitant les bras avec une de ces joies enfantines, si charmantes à voir. Il appuie ses pieds contre l'estomac de sa Maman, se courbe et appuie sa tête blonde sur son sein. Puis il se rejette en arrière et rit en saisissant les cordons qui ferment le vêtement de Marie et en essayant de l'ouvrir. Dans sa chemisette de lin, il apparaît très beau, grassouillet, rose comme une fleur.        

Marie se penche et restant ainsi en travers du berceau dont elle se fait une protection, elle pleure et rit à la fois, pendant que le Bébé babille avec ces paroles – qui n'en sont pas - de tous les bébés et où on distingue nettement "Maman". Il la regarde étonné de la voir pleurer. Il étend la main vers les larmes claires qui sillonnent les joues de Marie et la mouille en faisant des caresses. Puis dans cette délicieuse attitude, il s'appuie de nouveau sur le sein maternel, se serre tout contre en le caressant de sa petite main.  

Marie baise sa chevelure, le prend, s'assied et l'habille. Voilà : le petit vêtement de laine est enfilé et ses pieds ont chacun des sandales minuscules. Elle lui donne le lait et Jésus suce avidement le bon lait de sa Maman. Quand il lui semble qu'à droite il n'en vient plus qu'un peu, il s'en va chercher à gauche et rit, et ce faisant il regarde par en dessous sa Maman. Puis il s'endort, la tête sur le sein de Marie, sa petite joue rose et ronde contre le sein blanc et arrondi de sa Mère.  

Marie se relève, doucement et le dépose sur la courte pointe de son lit. Elle le couvre de son manteau. Elle va au berceau et plie les petites couvertures. Elle se demande si elle doit prendre aussi le petit matelas. Il est si petit ! Elle peut le prendre, Elle le met, avec l'oreiller, près des objets qui sont déjà sur le coffre; Et elle pleure sur le berceau vide, pauvre Maman, persécutée dans sa Créature !          

35.5 - Joseph revient : "Es-tu prête ? Jésus l'est-il aussi ? As-tu pris ses couvertures, sa petite couchette ? Nous ne pouvons emporter le berceau, mais au moins qu'il ait son petit matelas, le pauvre Petit qu'ils cherchent à faire mourir !"      

"Joseph !" Elle pousse un cri pendant qu'elle s'accroche au bras de Joseph.        

"Oui, Marie, à le faire mourir ! Hérode veut sa mort... parce qu'il en a peur ... pour son pouvoir royal, il a peur de cet Innocent, ce fauve immonde. Que fera-t-il quand il apprendra qu'il est en fuite, je ne sais. Mais nous serons loin alors. Je ne crois pas qu'il se vengera en le cherchant jusqu'en Galilée. Déjà il serait trop difficile de découvrir que nous sommes Galiléens et encore moins de Nazareth, et qui nous sommes, exactement. A moins que Satan ne l'aide pour le remercier d'être pour lui un serviteur dévoué. Mais... si cela arrivait... Dieu nous aidera de son côté. Ne pleure pas Marie. Te voir pleurer m'afflige bien plus que de devoir partir pour l'exil. "    

"Pardonne-moi, Joseph ! Ce n'est pas pour moi que je pleure; ni pour le peu de bien que je perds. C'est pour toi... Tu as déjà dû tellement te sacrifier ! Et maintenant tu vas te trouver sans clients, sans maison ! Combien je te coûte, Joseph !"  

"Combien ? Non, Marie. Tu ne me coûtes pas. Tu me consoles. Toujours. Ne pense pas à demain. Nous avons les richesses des Mages. Elles nous aideront pour les premiers temps. Puis, je trouverai du travail. Un ouvrier honnête et capable se débrouille, tout de suite. Tu as vu ici. Je n'arrivais pas à trouver du temps pour tout faire."  

"Je sais, mais qui te guérira de ta nostalgie ?"        

"Et toi, qui te guérira de la nostalgie de la maison qui t'est si chère ?"

"Jésus. En le possédant j'ai encore ce que j'ai eu là-bas."

"Et moi, possédant Jésus, je possède la patrie que j'espérais retrouver il y a quelques mois. Je possède mon Dieu. Tu vois que je n'ai rien perdu de ce qui par-dessus tout m'est cher. Il nous suffit de sauver Jésus et alors tout nous reste. Même si nous ne devions plus voir ce ciel, ces campagnes et celles plus chères de la Galilée, nous aurions tout parce que nous l'avons, Lui.

35.6 - Viens, Marie, l'aube commence à poindre il est temps de saluer notre hôtesse et de charger nos affaires. Tout ira bien."

Marie se lève obéissante. Elle s'enveloppe dans son manteau pendant que Joseph fait un dernier paquet qu'il emporte en sortant.  

Marie soulève délicatement le Bébé, l'enveloppe dans un châle et le serre sur son cœur. Elle regarde les murs qui l'ont abritée des mois durant et les effleure de la main. Bienheureuse maison qui as mérité d'être aimée et bénie par Marie ! Elle sort. Elle traverse la petite pièce qui était celle de Joseph, elle entre dans l'autre pièce. La propriétaire [2], toute en larmes, l'embrasse et la salue. Soulevant un coin du châle, elle baise au front le Bébé qui dort tranquille. Ils descendent le petit escalier extérieur.      

Il y a une première clarté de l'aube qui permet tout juste de distinguer les objets. Dans cette pénombre on aperçoit les trois montures. La plus robuste porte les charges. Les autres ont la selle. Joseph s'applique à bien disposer le coffre et les paquets sur le bât du premier âne. Je vois empaquetés et posés sur le haut du sac les outils de charpentier. De nouveau, adieux et larmes, puis Marie monte sur son âne, pendant que la propriétaire tient Jésus à son cou et le baise une dernière fois avant de le rendre à sa Mère, Joseph aussi monte en selle après avoir attaché son âne à celui qui porte les bagages pour être libre de tenir l'ânon de Marie.    

La fuite commence pendant que Bethléem, qui rêve encore à la scène fantasmagorique des Mages, dort tranquillement, inconsciente de ce qui l'attend [3].

C'est la fin de la vision.  



[1] Matthieu 2,13 Après leur départ (des Mages), voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: "Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr."

[2] Anne de Bethléem.

[3] Matthieu 2,16 "Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages (qui ne sont pas revenus le voir), fut pris d’une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d’après le temps qu’il s’était fait préciser par les mages."
Voir la fiche sur le massacre des innocents.    
Plus de 2.000 jeunes enfants à Bethléem et dans les environs, selon les souvenirs amplifiés des témoins, est raconté en (EMV 73)      
Mais dans une dictée à Maria Valtorta, Jésus corrige cette exagération (Cahiers, 28 février 1947).


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Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte Empty Re: Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte

Message par Anayel Mar 31 Déc - 14:34

La Sainte Famille en Egypte


36.1 - Douce vision de la Sainte Famille. C'est en Égypte. Je n'en puis douter car je vois le désert et une pyramide [1].        

Je vois une maisonnette toute blanche, qui n'a que le rez-de-chaussée. Une pauvre maison de très pauvres gens. Les murs sont à peine crépis et revêtus d'une seule couche de chaux.

La petite maison a deux portes, voisines l'une de l'autre qui donnent accès à deux uniques pièces où, pour l'instant, je n'entre pas. L'habitation est au milieu d'un petit terrain sableux enclos de roseaux enfoncés dans le sol, faible défense contre les voleurs. Cela ne peut servir que contre quelque chien ou chat vagabond. Mais, au fait, qui aurait idée de voler là où il est visible qu'il n'y a pas ombre de richesse ?      

Sur l'enceinte des roseaux, rendue ainsi plus épaisse et moins misérable on a fait pousser des plantes grimpantes qui me paraissent être de modestes liserons. Sur un seul côté, un arbuste de jasmin en fleurs et un buisson de roses des plus communes. Le terrain est cultivé patiemment, bien qu'aride et pauvre, pour en faire un petit jardin. Je vois de très maigres légumes dans quelques petites plates-bandes au milieu, sous un arbre de haute futaie que je ne puis identifier, il projette un peu d'ombre sur le terrain brûlé par le soleil et sur la petite maison. À cet arbre est attachée une petite chèvre blanche et noire qui broute et rumine les feuilles de quelques branches jetées sur le sol.

Méditons l'Avent avec Maria Valtorta : La Sainte Famille en Egypte MatareaFerri

(Matarea dessiné par Lorenzo Ferri sur les indications de Maria Valtorta)

36.2 - Et là, sur une natte étendue par terre se trouve Jésus Enfant. Il me paraît avoir deux ans, deux ans et demi au maximum. Il joue avec des morceaux de bois taillés qui semblent des brebis ou des chevaux et avec des rubans de bois blanc moins bouclés que ses cheveux d'or. Avec ses petites mains potelées, il cherche à mettre ces colliers de bois aux cous de ses animaux.  

Il est bon et souriant. Très beau. Une petite tête avec des cheveux d'or tous bouclés, épais. Son teint est clair, délicatement rosé, ses yeux vifs, brillants, d'azur foncé. L'expression est naturellement différente, mais je reconnais la couleur des yeux de mon Jésus : deux saphirs sombres très beaux. Il est vêtu d'une longue chemise blanche qui Lui sert de tunique. Les manches arrivent au coude. Aux pieds, rien pour le moment. Les minuscules sandales sont sur la natte et servent elles aussi de jouet au Bébé. Il y attelle ses animaux qui tirent la sandale par la courroie comme si c'était une petite charrette. Ce sont des sandales très simples : une semelle et deux courroies qui partent l'une de la pointe, l'autre du talon. Celle qui part de la pointe bifurque ensuite à un certain endroit. Une partie passe dans l'ouverture de la courroie qui vient du talon pour aller s'agrafer avec l'autre partie qui forme un anneau au cou du pied.

36.3 - Un peu à l'écart, elle aussi à l'ombre de l'arbre, c'est la Vierge Marie. Elle tisse sur un métier rustique et surveille le Bébé. Je vois ses mains minces et blanches aller et venir en jetant la navette sur la trame et le pied chaussé d'une sandale qui meut la pédale. Elle porte une tunique, couleur violet rosé comme la couleur de la fleur de mauve. Elle a la tête nue et ainsi je peux observer qu'elle a ses cheveux blonds séparés en deux bandeaux sur la tête. Ils sont ensuite simplement tressés et retombent agréablement sur la nuque. Les manches de son vêtement sont longues et plutôt étroites. Pas d'autre ornement que sa beauté et la très douce expression de son visage. Son teint, la couleur des cheveux et des yeux, la forme du visage tout est comme je la vois d'ordinaire. Ici elle paraît très jeune à peu près dans les vingt ans [2]. A un moment elle se lève et se penche vers le Bébé; elle Lui remet ses sandales et les lace soigneusement. Puis, elle le caresse et Lui dépose un baiser sur la tête et sur les yeux. Le Bébé balbutie et elle répond, mais je ne comprends pas les paroles. Puis, elle revient à son métier; sur la toile et sur la trame elle étend un linge, prend le tabouret sur lequel elle était assise, et le porte à la maison. Le Bébé la suit du regard, sans l'importuner quand elle le laisse seul.        

On voit que le travail est fini et que le soir arrive. En effet, le soleil descend sur les sables dénudés et un véritable incendie envahit tout le ciel derrière la lointaine pyramide.  

Marie revient, prend Jésus par la main et le fait se lever de sa natte. Le Bambin obéit sans résistance. Pendant que la Maman ramasse les jouets et la natte, et les rentre à la maison. Lui court, trottinant de ses petites jambes vers la chevrette et lui met les bras au cou. La chevrette bêle et frotte son museau contre les épaules de Jésus.      

Marie revient. Maintenant elle a un long voile sur la tête et une amphore dans les mains. Elle prend Jésus par sa menotte et ils se dirigent tous les deux en tournant autour de la maisonnette vers l'autre façade.

Je les suis admirant la grâce du tableau. La Madone qui règle son pas sur celui du Bambin et le Bambin qui trottine à son côté. Je vois les talons rosés qui se lèvent et se posent avec la grâce spéciale de la démarche des enfants, dans le sable du sentier. Je note que sa petite tunique ne descend pas jusqu'aux pieds mais arrive seulement au milieu du mollet. Elle est très proprette, toute simple, retenue à la taille par un cordon, blanc lui aussi.

Je vois que sur le devant de la maison la haie est interrompue par une grille rustique. Marie l'ouvre pour sortir sur la rue. C'est une pauvre rue à l'extrémité d'une cité ou d'un pays quelconque là où ce dernier fait place à la campagne. C'est un chemin de sable avec quelque autre maisonnette comme celle-ci avec un pauvre jardinet. Je ne vois personne. Marie regarde du côté du centre, pas vers la campagne, comme si elle attendait quelqu'un, puis elle se dirige vers un bassin ou un puits quelconque qui se trouve à quelque dix mètres au dessus et sur lequel des palmiers font un cercle d'ombre. Je vois que le terrain à cet endroit est couvert d'herbes verdoyantes.

36.4 - Ici je vois arriver en avant par la rue un homme pas trop grand, mais robuste. Je reconnais Joseph qui sourit. Il est plus jeune que quand je l'avais vu dans la vision du Paradis [3]. Il paraît avoir quarante ans au plus. La barbe et les cheveux sont épais et noirs, la peau plutôt bronzée, les yeux foncés. Un visage honnête et agréable, un visage qui inspire confiance. En voyant Jésus et Marie, il hâte le pas. Il a sur l'épaule gauche une espèce de scie et une sorte de rabot, et à la main il tient d'autres outils de son métier, différents de ceux de maintenant mais pas tellement. Il semble revenir de travailler de chez quelqu'un.  

Il porte un vêtement de couleur entre noisette et marron pas très long — il arrive un peu au-dessus de la cheville — et les manches arrêtent au coude. A la taille, une ceinture de cuir, me semble-t-il. Une vraie tenue de travailleur. Aux pieds des sandales avec des courroies qui s'entrecroisent aux chevilles.      

Marie sourit. Le Bébé pousse des cris de joie et tend son bras libre. Quand les trois se rencontrent, Joseph se penche pour présenter au Bébé un fruit qui par la forme et la couleur semble une pomme. Puis il tend les bras. Le Bébé laisse sa Mère et se blottit dans les bras de Joseph courbant sa tête dans le creux de l'épaule de Joseph qui Lui donne et en reçoit des baisers. Un mouvement tout plein de gracieuse affection.

J'oubliais de dire que Marie s'était empressée de prendre les outils de Joseph pour le laisser libre d'embrasser le Bébé.  

Puis Joseph qui s'était accroupi pour se mettre au niveau de Jésus, se relève, reprend de la main gauche ses outils et avec le bras droit tient serré sur sa poitrine robuste, le petit Jésus. Il se dirige vers la maison pendant que Marie va à la fontaine remplir son amphore.  

Entré dans l'enceinte de la maison, Joseph met par terre le Bébé, prend le métier de Marie et le rentre, puis trait la chèvre. Jésus observe attentivement ces opérations et regarde Joseph qui enferme la chèvre dans un petit réduit construit sur un côté de la maison.          

Le soir tombe. J'observe le rouge du crépuscule qui prend une teinte violacée au-dessus des sables où par la chaleur l'air semble en vibration. La pyramide paraît plus sombre.  

Joseph entre dans la maison dans une pièce qui doit être à la fois atelier, cuisine, salle à manger. On croit que l'autre est réservée au repos, mais je n'y entre pas. Au niveau du sol, il y a un foyer allumé et, toujours dans cette pièce, un établi de menuisier, une petite table, des tabourets, des étagères avec, dessus, quelques pièces de vaisselle et deux lampes à huile. Dans un coin le métier de Marie. Il y a beaucoup, beaucoup d'ordre et de propreté. Demeure très pauvre, mais très propre.  

Voilà une remarque que je fais : dans toutes les visions relatives à la vie humaine de Jésus, j'ai remarqué que Lui, aussi bien que Marie et Joseph, ainsi que Jean ont toujours des vêtements en bon état et propres, une chevelure soignée, sans recherche, des habits modestes, une coiffure simple mais d'une netteté qui leur donne de la distinction.      

36.5 - Marie revient avec l'amphore et on ferme la porte sur la nuit qui tombe rapidement. La pièce est éclairée par une lampe que Joseph a allumée et qu'il a placée sur son établi où il se penche pour travailler encore à des bricoles pendant que Marie prépare le souper. Le feu aussi éclaire la pièce. Jésus, les mains appuyées sur l'établi et la tête dressée, observe ce que fait Joseph.      

Puis ils s'assoient à table après avoir prié. Ils ne font pas naturellement le signe de croix, mais ils prient. C'est Joseph qui prie et Marie qui répond. Mais je ne comprends rien. Ce doit être un psaume. Mais on le dit dans une langue qui m'est totalement inconnue.        

Ils se mettent alors à table. Maintenant la lampe est sur la table. Marie a sur son sein Jésus à qui elle fait boire le lait de la chevrette. Elle y trempe des morceaux de pain coupés dans une miche ronde dont la croûte est noire, noire aussi à l'intérieur. Ce doit être un pain de seigle ou d'orge. C'est parce que c'est du pain bis qui a beaucoup de son. Joseph mange en même temps du pain et du fromage, un morceau de fromage avec beaucoup de pain. Puis Marie assoit Jésus sur un petit tabouret en face d'elle. Elle apporte des légumes cuits - ils me semblent cuits à l'eau et assaisonnés comme nous les faisons nous aussi d'ordinaire - elle en mange, elle aussi après que Joseph s'est servi. Jésus mange tranquillement sa pomme et sourit, découvrant ses petites dents blanches. Le repas se termine avec des olives ou des dattes : je ne comprends pas bien : pour des olives elles sont trop claires, pour des dattes elles sont trop dures. Du vin, rien. Repas de pauvres gens.      

Mais elle est si grande la paix que l'on respire dans cette pièce. La vue d'un riche appartement de roi ne pourrait me présenter rien d'aussi charmant. Et quelle harmonieuse entente !

36.6 - Jésus ce soir ne parle pas. Il ne m'explique pas la scène. Il m'enseigne par la vision qu'il me donne, et c'est tout. Qu'il en soit toujours et pareillement béni          

[1] C’est Matarea. La sainte famille a fuit Bethléem en passant par Gaza pour rejoindre la Mer Rouge (EMV 247).

[2] Elle a presque 19 ans.

[3] Cf ; La vision du 10 janvier 1944 dans les Cahiers.


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