Un extrait de film que beaucoup connaissent : "La belle verte" avec cette fameuse scène du rétroviseur.
à revoir !
Forum d'échanges visant à approfondir la foi catholique, afin de toujours mieux connaître, aimer et servir Jésus-Christ
Soeur Catherine Aubin
«Les Pères de l'Église mettent sous ce terme toutes les formes d'agressivité extériorisées ou intérieures, ouvertes ou cachées, grossières ou subtiles et qui ont d'une manière générale le prochain pour objet. Il y a donc cette colère banale, ordinaire et qui nous concerne tous , femmes et hommes, moines, prêtres, religieux, célibataires ou pères et mères de famille. Elle est bouillonnement et déchainement : elle nous met hors de nous, elle nous fait perdre la face et nous défigure; nous sommes rouges ou ivres de colère. Elle nous subjugue et nous déborde. Le langage familier ne s'y trompe : «Il a pété les plombs», entendons-nous souvent. L'intensité de la fureur «déconnecte», désarticule la raison. Elle court-circuite la pensée : «L'homme impatient (ou coléreux) fait des sottises» (Pr 14,17)
Ce qui est éprouvé propulse hors de la pensée et de la présence de Dieu, sous l'emprise des instincts. Ce débordement peut être jouissif, mais aussi profondément angoissant. Le grand risque de cet emportement violent est de nous embarquer dans une direction dans laquelle nous ne voulons pas aller.
Que s'est-il passé pour que nous soyons dans cet état ? La plupart du temps, rien d'extraordinaire. L'origine de ce comportement destructeur se trouve en nous-même. Prenons un exemple: deux personnes devant une place de stationnement convoitée. L'un laissera faire sans rien dire et restera calme, l'autre commencera à injurier l'automobiliste, voire à l'agresser. Les Pères de l'Église sont catégoriques : la source de la colère est dans l'homme, jamais dans une cause extérieure, elle prend l'autre pour un objet. Par conséquent, l'origine de la colère est à chercher en nous, dans notre état intérieur de frustration, d'attente ou de souffrance. Nous sommes responsables de notre colère rouge, et rien ne peut la légitimer.»
«La colère la plus dévastatrice est, peut-être, la colère froide, celle qui a été entretenue, alimentée, celle de la vengeance, de la méchanceté. Elle est presque invisible. on ne la voit pas, mais on l'entend : elle se révèle par des paroles ironiques, narquoises, rancunières, médisantes, calomnieuses, envieuses ou jalouses. Prenons l'exemple d'une réunion familiale. Il est question de partager l'héritage des parents récemment décédés. Souvenons-nous des mots prononcés à cet occasion. L'origine de cette colère blanche (ou froide) ne se trouve jamais dans l'autre, mais au-dedans de nous, dans cette façon tordue que nous avons de convoiter ce qu'a ou ce qu'est l'autre, dans notre coeur compliqué, malade et douloureux.»
A la recherche des origines de la colère
Il est difficile de cerner les différentes causes de la colère. C'est pourquoi en suivant les Pères de l'Église, nous n'en signalerons que quelques unes. L'une des sources de la colère réside dans le fait que nous ne pouvons pas atteindre ou rejoindre un plaisir recherché et craignons d'en être privé. Cet attachement excessif est l'une des origines de nos emportements.
Notre fixation peut se focaliser sur des objets, des richesses, des territoires - origine des conflits et des guerres dans le monde - ou sur l'attachement à une image déformée de nous-mêmes - examinons nos réactions quand nous sommes sujets aux critiques.
En effet, lorsque nous nous sentons déconsidérés, sous-estimés, par rapport à l'image avantageuse que nous avons de nous-mêmes, une forme de colère puissante peut jaillir de nous. Cette manifestation révèle ce qui nous habite, à savoir une forme de toute puissance, de sur estime de nous-mêmes et de la bonne opinion que nous avons de nous-même. Par conséquent, par notre rancune ou notre volonté de nous justifier, nous voulons rétablir devant l'offenseur et devant nous-mêmes une certaine image. Il s'agira de distinguer à la fois ce mouvement extérieur d'emportement ainsi que notre réaction de défense et notre souffrance secrète.»
Catherine Aubin, Sr
Les conséquences de la colère dans la relation à Dieu
Spirituellement, la colère avec ses mouvements plus subtils nous empêchera de raisonner et de discerner. Notre intelligence spirituelle obscurcie dans ses choix et sa liberté, nous ne verrons plus les choses selon une certaine objectivité, mais en fonction de notre amertume et de notre méchanceté. Nos décisions serons comme déterminées par cet état. Prisonniers de cette agressivité négative, nous ne proportionnons plus ce qui se passe.Nous ne percevons plus le réel ni notre prochain,que nous ignorons, rejetons ou excluons ou nous grossissons injustement la réalité.
Sur le plan le plus fondamental de leur relation, la colère coupe l'homme de Dieu et le fait entrer dans un état de ténèbres. Elle prive de la présence de l'Esprit Saint et divise; elle devient un obstacle à la prière, car l'homme devient incapable de percevoir la présence du Christ en lui-même. Elle entraîne l'âme dans une mort spirituelle,détruisant la charité et les bonnes pensées.
La colère devant une injustice est bonne; elle brise en nous l'indifférence et devient mouvement d'amour. Les colères de Jésus et de son Père en sont des références, car elles sont des preuves d'amitié sans fin. Mais il y a l'emportement meurtrier de Caïn [...]
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