6 octobre 2019
Kim Phuc Phan Thi, "la petite fille au napalm" au centre d'une photographie de Nick Ut devenue l'un des symboles de la guerre au Vietnam, raconte ses souffrances et sa foi en l'avenir dans son livre "Sauvée de l'enfer".
"Je ne peux pas changer le passé, mais avec de l'amour je peux changer l'avenir" : 47 ans après avoir fait la une des médias internationaux, Kim Phuc Phan Thi, "la petite fille au napalm", se dit en paix, avec elle-même, avec le monde, malgré les souffrances qui perdurent. Son secret ? Une foi chevillée au corps, au coeur, à l'âme, confie-t-elle à l'AFP, de passage à Paris pour la publication en français de son livre "Sauvée de l'enfer" (éditions Ourania), écrit précisément pour raconter ce cheminement spirituel qui l'a conduite à la sérénité.
1972 : une bombe au napalm dans son village du Sud-Vietnam
L'enfer, c'est celui dans lequel l'a plongée, le 8 juin 1972, une bombe au napalm tombée sur son village du Sud-Vietnam. La petite Kim, 9 ans, court sur une route, elle est happée de dos par les flammes, ses vêtements sont réduits en cendres, sa nuque, son dos et son bras gauche sont en feu. Un jeune photographe d'Associated Press, Nick Ut, capture cet instant terrible. Le cliché - qui valut à son auteur le Pulitzer - choqua le monde et devint un symbole de la guerre du Vietnam.
Enfant, puis jeune fille, sa souffrance est double. Celle, physique, est incommensurable et ne disparaît pas au fil des 14 opérations et greffes subies dans les années qui suivent. Mais elle est aussi profondément psychologique. "Je ressentais colère, amertume. J'étais sans espoir, tout était négatif. J'ai pensé à mourir. Je savais que je ne pourrais pas vivre comme cela éternellement", raconte Kim Phuc de sa voix douce. "J'avais tant de questions, tant de pourquoi : Pourquoi moi ? Pourquoi cela est-il arrivé ? Il me fallait des réponses".
"Un tournant dans ma vie"
Elle ne les trouve pas dans le caodaïsme, une religion syncrétiste née au début du siècle en Cochinchine, dans lequel elle a été élevée. "J'étais dévote mais à la fin de la journée, je restais sans paix, sans amour, le coeur vide". Alors qu'elle évoque ses souvenirs, le sourire qui ne quitte pas son visage se crispe parfois sous le coup d'une émotion difficile à maîtriser. Alors elle l'élargit à nouveau, porte ses mains à son cœur en se penchant légèrement et reprend résolument le fil de son récit. A 19 ans, elle se rend dans une bibliothèque, en sort tous les livres religieux et trouve, parmi eux, le Nouveau Testament.
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