Catéchèse du 12 janvier 1944
Actes 10.Jésus dit :
"Mon disciple dit: "Dieu est amour et qui a l’amour, a Dieu. Comment quelqu’un peut-il prétendre aimer Dieu s’il n’aime pas ses frères ?[1]"
Le mot "frères" ne désigne pas ici les enfants d’un même sang, pas même les fils d’une seule nation, ni les fidèles d’une même religion. Vous êtes tous frères, puisque unique est le cep : Adam, et unique l’origine : Dieu.
Latins, Aryens, Asiatiques, Africains, civilisés ou non, vous ne provenez pas de plusieurs créateurs, mais d’un unique Créateur: votre Dieu qui est le Seigneur des cieux et le Père de tous les vivants.
Les enfants les plus chers à son cœur sont ceux qui ont été régénérés dans le baptême du Christ. Ceux qui vivent l’enseignement du Christ sont ses enfants les plus aimés, qui sont aussi cohéritiers, avec le Christ, de la Cité céleste. Mais, si les degrés de paternité et de filiation sont divers, unique est toujours votre origine surnaturelle et naturelle : Dieu, votre Père divin; Adam, votre père terrestre.
Par conséquent, vous qui désirez être "parfaits" — non par orgueil pervers de l’esprit mais par obéissance à mon doux commandement: "Soyez parfaits comme mon Père est parfait[2]" —, vous ne devez pas nourrir de sentiments de mépris ou de répugnance à l’égard de ceux qui ne sont pas, comme vous, "chrétiens" de fait ou catholiques de nom. Vous n’avez pas à dire : "Parce que cet individu est incroyant, schismatique ou païen, je le considère comme un reptile ou une bête immonde, il me fait horreur, il me scandalise.[*]
[*]
"Une seule chose doit vous faire horreur et vous scandaliser, car elle est impureté et corruption: c’est votre commerce avec Satan qui porte atteinte à votre âme et vous rend répugnants aux yeux de Dieu. Cela, vous devez le fuir, l’éviter, même des yeux de l’esprit. Cela seulement.
Mais si vous êtes ou voulez être des "enfants de Dieu", de vrais enfants, il vous faut faire preuve d’amour envers vos frères misérables spirituellement, envers les indigents de l’âme, les malades de l’âme, les impurs de l’âme.
Les idolâtres sont des pauvres, les schismatiques sont des indigents, les pécheurs sont des malades; de même, sont impurs ceux qui sont dévoyés par des doctrines encore plus néfastes que celles de religions chrétiennes mineures, qui croient au Christ sans être pour autant une branche de l’arbre véritable, mais un rameau non greffé dans le Christ et par conséquent sauvage, producteur de fruits amers et indigne de la table céleste.
Car, si la bienveillance de Dieu juge les actes de chacun selon la justice et récompense les "bons" — comme cela est juste —, cette récompense ne sera jamais aussi éclatante et abondante que celle que recevront les vrais fils de l’Eglise véritable.
Il est beaucoup pardonné à ceux qui aiment et croient en une autre religion, en pensant être dans le vrai. Mais puisque l’Evangile est aussi annoncé dans ces pays séparés de Rome, il sera aussi beaucoup demandé à ces sourds qui n’ont pas voulu entendre la Voix et voir la Lumière de Jésus Christ, vivant dans son Eglise apostolique romaine.
Mais ce n’est pas à vous, les catholiques, qu’il revient de juger.
J’ai dit : "Ne jugez pas[3]."
J’ai dit: "Ôte d’abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère[4]."
Vous avez beaucoup de poutres dans les yeux, vous, les chrétiens catholiques à la foi lézardée, à la charité trop tiède et aux quatre vertus cardinales éteintes. Beaucoup. Trop.
Veillez à ce qu’il ne vous arrive pas que les idolâtres et les païens vous surpassent dans l’amour du Christ et méritent de s’entendre félicités avant vous pour leur foi solide en la religion de leurs pères, pour leur amour du Dieu qu’ils connaissent, et pour les vertus qu’ils pratiquent courageusement.
L’amour purifie même ce qui est impur et profané. C’est l’amour qui a purifié Marie de Magdala et Lévi[5].
L’on peut comparer les religions non-catholiques à ces deux personnages de l’Évangile que leur amour a sauvés. L’on peut considérer, mes enfants, que leurs fidèles qui vivent dans l’amour de Dieu comme cela leur a été enseigné (Dieu demandera aux responsables de leur séparation d’avec Rome la raison de leur erreur) soient rendus purs à mes yeux par l’amour qui existe en eux. Je le répète: il leur sera demandé la raison pour laquelle ils n’ont pas voulu accepter l’Évangile prêché par Rome; mais le regard de Dieu ne leur sera pas refusé, car leur autel impur, l’autel de leur âme, aura été purifié par l’amour.
Gardez à l’esprit ces paroles de Pierre: "Je me rends compte en vérité que Dieu n’est pas partial et que, en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve bon accueil auprès de lui[6]."
C’est pourquoi ne faites preuve ni d’orgueil de l’esprit ni de manque de charité au cœur, mais portez sur vos frères séparés de Rome un regard spirituellement surnaturel, et œuvrez avec tout votre amour à les réunir à la Rome du Christ, quelle que soit leur erreur.
Si vous vous élevez constamment au-dessus de la chair et du sang, au-dessus de la pensée humaine, des contacts au niveau de la chair et de l’esprit ne pourront vous être nocifs, car vous vivrez à des sphères où nulle contagion ne parvient. Demeurez en moi. Je suis la défense de ceux qui vivent en moi. Et répandez sur tous cette charité que vous trouvez dans mon cœur vivante pour tous et maîtresse de tous.
La communion des saints ne se limite pas à vos frères dans la foi.
Prier pour ceux qui sont séparés de moi — que ce soit dû à des schismes, à des doctrines, aux sectes ou à l’incroyance —, cela n’est rien d’autre que faire preuve de zèle pour ma Cause. Ce n’est rien d’autre qu’imiter votre Maître, qui ne s’est épargné aucune souffrance pour porter ses fils séparés à Dieu, le Père saint.(...)
[1]:1 Jn,4,8-21
[2]:Mt,5,48
[3]:Mt,7,1-5, Lc 6,37.41-42
[4]:Mt,9,9, Lc 8,2;10,38-42
[5]:Ac 10,34-35
Association Maria Valtorta
http://www.maria-valtorta.org/Quaderni/440112.htm