« Mon plus vieil ami, ami depuis
mon premier souffle de vie ;
Mon ami fidèle, tu le seras,
sans trahir, jusqu’à ma mort.
Tu as toujours été auprès de moi ;
Mon Créateur à ta garde
confia mon âme, dès qu’Il forma
L’enfant tiré de la poussière.
Ni la ferveur du cœur dans la prière,
ni la foi droitement formée,
Ne m’ont donné pour tuteur Joseph,
Ou la puissance conquérante de Michel.
Nul saint patron, ni l’amour de Marie,
Le plus cher, le meilleur,
Ne me connais, moi, comme tu me connais,
Et m’a béni, comme tu m’as béni.
Tu me portas sur les fonts baptismaux ;
Et toi, chaque année, allant croissant,
Tu as murmuré les rudiments de la vérité
Dans mes oreilles d’enfant.
Et quand l’adolescence fut dépassée,
Et que mon esprit rebelle eut cédé,
Ah ! oui, tu as vu, et tu tremblais aussi,
Et cependant supportais ce qui mène en Enfer.
Alors, quand le jugement venait,
Et que la frayeur me reprenait,
Ton souffle doux s’empressait d’apaiser
Et de sanctifier toutes mes peines.
Oh ! qui de tes labeurs et de tes soucis
Peut faire entièrement le récit,
Toi qui m’as placé sous le sourire de Marie,
Et conduit aux pieds de Pierre !
Et tu te pencheras sur mon lit,
À l’heure où de la vie les ombres s’allongent ;
Toi, du doute, de l’impatience et de la tristesse,
L’ennemi vigilant et jaloux.
Mon ami, moi devant le Juge ;
Mon ami, si, épargné, je peux demeurer
Dans le feu de la mort dorée, le temps que
Mon péché tout entier soit consumé.
Mon ami, ô frère de mon âme,
Quand le jour de ma libération sera arrivé ;
Alors tes bras doucement me relèveront,
Tes ailes me porteront à mon foyer d’éternité.”