Apparitions : vrai ou faux ?En fait la question est double. Et comme la deuxième partie est (très !) controversée, je préfère commencer par la première. Ce sera une tentative pour apaiser les esprits en posant les bases. Lançons-nous.
Que dit l’Église à propos des apparitions ou, plus exactement, des « révélations privées » ?
Le plus fondamental :
« aucune nouvelle révélation publique n’est à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ » (
Catéchisme n. 67). Même si on peut approfondir notre intelligence de la Révélation, et l’Église ne se prive pas de le faire depuis deux mille ans,
la Révélation est close.
Premier point : ces révélations « privées » existent bien, il est impossible de le nier raisonnablement. Certaines ont été « reconnues ». Mais elles «
n’appartiennent pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’améliorer ou de compléter la Révélation définitive du Christ, mais d’ailer à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire » (id., n. 67). On comprend qu’elles sont tout entières dans une relation d’instruments au service de la foi. C’est le premier critère qui guidera le discernement. Bien comprises, ces « révélations » (paroles ou signes) conduisent-elles à l’Évangile et à l’Église ? Favorisent-elles la vie chrétienne des fidèles, leur pratique des sacrements, leur charité fraternelle, etc. ?
Dans les innombrables épisodes qui ont eu lieu au cours de l’histoire de l’Église, bon nombre de cas sont déjà éliminés par ces critères : absurdité des « messages », manque de sérieux des « voyants », absences de fruits positifs dans la vie des fidèles, … voire même, scandales et péchés. L’imagination de l’Adversaire et la faiblesse humaine sont infinies !
Deuxième point : Il appartient au Magistère de l’Église, en fin de compte, d’opérer ce discernement. L’Église s’est peu à peu donné des lignes de conduite en la matière. Qui en a la charge (l’évêque du lieu) ? Comment doit-on procéder (règles d’enquête, procédures) ? Qu’elle doit être l’attitude des fidèles (discipline et diffusion du message) ? Tout ceci peut paraître bien terre à terre, eut égard à l’élévation spirituelle du sujet, mais chacun sait que la foi chrétienne est incarnée.
Troisième point : suis-je obligé d’y croire ? Je serai tenté de retourner la question. Qu’elle raisons sérieuses aurais-je de refuser d’accepter une aide dans ma foi. Si aller à Lourdes est susceptible d’aider à vivre l’Évangile, pourquoi me priverai-je d’une telle aide. Suis-je suffisamment fort ou plus malin que les autres pour m’en sortir tout seul ? Si c’est parce que ma paroisse me suffit, tant mieux ! Si Anne-Catherine Emmerich ne vous dit rien, parfait !
Mais laissez moi penser (parce que je suis le premier concerné) qu’il y a toujours une petite tentation d’orgueil à mépriser ce que le peuple chrétien aime spontanément et joyeusement. Si vous êtes allé à Lourdes (ou ailleurs, je n’ai pas de préférence), vous comprendrez de quoi je parle. Souvent, la Sainte Vierge aime aider les petits et les simples. Nous en sommes tous.
Abbé Hervé Courcelle Labrousse
Réponses Catholiques