L'ange salue Marie : la salutation liturgique
« Le Seigneur est avec toi » : c’est avec ces mots que l’ange salue Marie au jour de l’Annonciation. C’est par ces mêmes mots que le prêtre nous salue dès l’ouverture de la messe : « Le Seigneur soit avec vous ! » La messe, c’est une question de salut ! Comme il l’a fait à travers son ange pour la Vierge Marie, Dieu commence par nous saluer.
Avez-vous déjà mesuré combien un simple salut peut sauver ? Saluer, c’est toujours faire exister. Saluer l’autre, c’est lui manifester que je reconnais son existence et que je me mets en sa présence. À la messe, à travers la bouche du prêtre, c’est Dieu le Créateur qui salue les créatures que nous sommes et qui nous dit combien nous avons du prix à ses yeux et qu’il nous aime ! Il nous dit que nous existons pour lui et déjà nous entrons dans la joie de son salut !
À peine ouverte, la messe pourrait presque s’achever là, puisqu’en cinq mots tout est dit : « Le Seigneur est avec toi ! » Dieu n’a pas de meilleure nouvelle à m’annoncer, puisque s’il est avec moi, c’est que je ne suis plus seul ! Toute messe est mystère d’Annonciation puisqu’elle nous donne Jésus qui est « Dieu avec nous ». Dieu n’est pas lointain puisqu’à travers la simple salutation qu’il nous adresse, il s’approche et se fait proche : quelles que soient mes peines comme mes joies, Dieu veut être avec moi et en Jésus qui va s’offrir pour moi, tout partager avec moi.
Et moi, à qui vais-je offrir un simple « bonjour » pour lui manifester le salut de Dieu et lui dire qu’il existe pour lui comme pour moi ?
Pour approfondir ce mystère, écoutons un extrait d’un traité sur la Vierge Marie du père Laurentin :
« La joie annoncée par l’ange, c’est la joie messianique. A cette annonce, Marie fut bouleversée. On comprend pourquoi ! Son émoi ne vient pas de la crainte pusillanime à laquelle on l’a parfois réduit. Il vient du choc d’une de ces rencontres avec Dieu qui va secouer les cœurs les plus endurcis. Il vient de l’irruption de la joie messianique et de cette affirmation énorme, incroyable que l’ange insinue à mots couverts et qui serait en langage clair : « Le salut est arrivé. »
Père Laurentin, Court traité sur la Vierge Marie, (Lethielleux, Paris, 1959, p.25)