Une publicité pour la marque de chips Amica diffusée en Italie a été suspendue par l'Institut d'autodiscipline publicitaire. Saisi par une association, il a estimé que la publicité, présentant des religieuses lors d’une messe communiant avec des chips, heurtait "la sensibilité religieuse de millions de catholiques pratiquants".
Une dizaine de religieuses en procession dans un cloître, assistent à la messe et se mettent en file pour recevoir la communion. Or, lorsque la première religieuse reçoit l’hostie dans sa bouche, un bruit d'aliment qui craque sous les dents interrompt la scène. Les regards se tournent alors vers la sacristie où la mère supérieure dévore sans scrupule un paquet de chips. La vidéo polémique se termine sur un slogan éloquent : "Le divin au quotidien".
Ce spot publicitaire de 30 secondes a créé une polémique en Italie où la marque Amica avait prévu de le diffuser dans les médias. L'Association italienne des auditeurs de radio et de télévision (AIART) a obtenu la suspension du clip auprès de l'autorité privée italienne chargée des normes publicitaires. Pour avoir gain de cause, l'organisation s'est référée à une réglementation selon laquelle les spots publicitaires "ne doivent pas heurter les convictions morales, civiles et religieuses".
L’association requérante "inspirée par les principes catholiques" selon son site internet estime que la publicité "manque de respect et de créativité" et qu'elle constitue un "signe révélateur d'un manque de respect à l'égard des utilisateurs, de leur identité culturelle et morale et de leur dignité en tant que personnes".
Dans un pays où l’influence de l’Église catholique reste très forte, les réactions sont nombreuses sur les réseaux sociaux. Ainsi, le Figaro rapporte qu’une internaute nommée Lily ironise : "Bravo pour votre manque de sensibilité, d'intelligence et de bon sens. Il est donc facile de faire de la publicité, de manière grossière". Une autre, Anna, lance un défi aux réalisateurs : "Essayez, si vous avez le courage, de vous moquer de Mahomet et voyons ce qu'il se passe".
Les auteurs de la vidéo ont rapidement fait leur mea culpa. Le publicitaire Lorenzo Marini, créateur du spot s’est excusé ce mercredi. "Je voulais faire quelque chose de léger, comme Sister Act" a-t-il expliqué, selon Il Gazzettino. De son côté, Laura Moratti vice-présidente de l’entreprise des chips Amica a assuré "être catholique pratiquante et ne pas avoir voulu heurter les sensibilités religieuses".
"En fait, de nombreuses personnes, y compris des croyants, nous ont dit qu'elles avaient souri", dédramatise-t-elle dans une interview au Corriere.
Le blasphème est encore un délit en Italie : "Toute personne qui jure publiquement, avec des invectives ou des paroles outrageantes, contre la divinité est punie de la sanction administrative allant de 51 euros à 309 euros", selon l’article 724 du Code pénal italien, même si dans les faits, les sanctions sont rarissimes.