Un autobus de la Société de Transport de Montréal avec une affiche «Jésus t'aime», une campagne publicitaire lancée par l'église évangélique Good News Chapel de Saint-Léonard, à l'été 2021.
Une église évangélique de l’est de Montréal a tapissé les autobus de la ville du slogan «Jésus t’aime»: une offensive publicitaire qui frappe l’imaginaire par son côté tape-à-l’œil, en plus de faire grincer des dents certains utilisateurs du réseau de transport.
«C’est dérangeant! Je ne suis pas certaine que c’est l’endroit opportun pour ça», tranche Lucie Jobin, vice-présidente du Mouvement laïque québécois, qui y voit le signe que cette mouvance religieuse ultraconservatrice, venue des États-Unis, tente de s’enraciner au Québec.
Mme Jobin se questionne également sur le fait que la Société de transport de Montréal (STM), un organisme public d’un État laïque, accepte de diffuser un tel message.
Prosélytisme ?
La STM assure pour sa part que la vaste campagne d’affichage de l’église Good News Chapel respecte ses standards, rappelant du même coup que la liberté de religion est un droit garanti dans la Charte.
On rapporte tout de même que la publicité a engendré cinq plaintes de clients. Une réaction que ne comprend pas le secrétaire du conseil d’administration de cette église de Saint-Léonard, Mark Sorella, qui ne perçoit rien de provocant dans cette affiche des plus minimalistes.
«Notre but, c’est de rappeler aux gens que Jésus est là durant ces moments difficiles. Ce n’est pas de recruter de nouveaux fidèles», défend-il, bien que l’on renvoie directement au site de l’église sur la publicité.
Ce n’est pas la première fois cette année que l’église Good News Chapel fait parler d’elle. En février, elle avait accueilli des dizaines de fidèles, faisant fi des règles sanitaires, que les dirigeants estimaient d’ailleurs liberticides.
Pas exceptionnel
Avant la pandémie, l’église comptait dans ses rangs environ 500 croyants, un nombre assez restreint par rapport à d’autres communautés chrétiennes. Ça ne l’a pas empêchée d’acheter de l’espace publicitaire sur une centaine d’autobus de la STM le mois dernier.
Le sociologue des religions Alain Bouchard n’est pas surpris qu’une église évangélique décide de mettre autant de moyens dans une campagne publicitaire.
«L’une des caractéristiques de ces églises, c’est justement d’utiliser les nouvelles méthodes de communication pour faire passer leur message», note ce professeur de l’Université Laval.
Reste que les diocèses de Montréal et de Québec ont eux aussi fait de la pub dans les dernières années. Même les athées s’y sont adonnés en 2009, alors que l’Association humaniste du Québec avait placardé des autobus de pancartes indiquant que «Dieu n’existe probablement pas».
La plupart de ces campagnes avaient elles aussi suscité des réactions, la religion et la laïcité demeurant des sujets chauds dans le Québec post-Révolution tranquille, constate M. Bouchard.