Lors de la messe de canonisation de Mama Antula, ce dimanche 11 février, le pape François a mis en garde contre trois "lèpres de l'âme" : la peur, les préjugés et la fausse religiosité, et a montré le chemin de la charité dans la vie de tous les jours.
« La peur, les préjugés et la fausse religiosité sont les trois causes d’une grande injustice, trois « lèpres de l’âme » qui font souffrir le faible et qui le rejettent comme un déchet », a averti le pape François le 11 février lors de la messe de canonisation de Mama Antula (1730-1799), la première sainte de l’Argentine, qui y diffusa les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola à la fin du XVIIIe siècle.
Revenant sur la première lecture et l’Évangile du jour qui évoquent la marginalisation des lépreux sous l’Antiquité, le pape a rappelé qu’il ne s’agit pas « d’un passé révolu ». « Combien de personnes souffrantes rencontrons-nous sur les trottoirs de nos villes ? », a-t-il interrogé. « Combien de peurs, de préjugés et d’incohérences, même chez ceux qui croient et se disent chrétiens ? », s’est-il encore insurgé. « Même à notre époque, il y a beaucoup de marginalisation, de barrières à faire tomber, de « lèpres » à guérir », a-t-il expliqué, s’appuyant sur l’exemple de Jésus qui osait toucher les lépreux, et qui s’est même « fait lépreux lui-même » par l’humiliation de la mort sur la croix.
S’approprier le « toucher » de Jésus
Le Pape a alerté sur le danger de la « lèpre de l’âme », « une maladie qui nous rend insensibles à l’amour, à la compassion, qui nous détruit par la « gangrène » de l’égoïsme, des idées préconçues, de l’indifférence et de l’intolérance ». Le Seigneur aurait très bien pu « guérir à distance », a souligné le Pape, mais « il n’est pas ainsi, son chemin est celui de l’amour qui se fait proche de ceux qui souffrent, qui entre en contact, qui touche leurs blessures ».
À quand remonte la dernière fois que j’ai rendu visite à une personne seule ou malade?
« Nous qui aimons et suivons Jésus, savons-nous nous approprier son « toucher » ? ». Ou sommes-nous au contraire tentés de nous éloigner des autres, de nous enfermer entre les « murs de notre « bien-être » » ? Lors de l’Angélus de ce jour qui marquait la Journée mondiale du malade, le Pape a exhorté les fidèles à se faire proche – physiquement – des malades et a invité à se poser des questions très concrètes : « À quand remonte la dernière fois que j’ai rendu visite à une personne seule ou malade, ou que j’ai changé mes plans pour répondre aux besoins de celui qui me demandait de l’aide ? ».
La prière, le chemin de la charité
« Nos blessures, les maladies de l’âme, doivent être portées à Jésus : c’est ce que fait la prière; mais pas une prière abstraite, faite uniquement de formules à répéter, mais une prière sincère et vivante qui dépose aux pieds du Christ les misères, les fragilités, les faussetés, les peurs », a insisté le Pape dans son homélie. Ainsi, « aimés par le Christ, nous redécouvrons la joie de nous donner aux autres, sans peurs et sans préjugés, libres des formes de religiosité anesthésiante qui sont privées de la chair de nos frères et sœurs », a-t-il rappelé.
Le « miracle » d’une humanité guérie de ses maux ne nécessite pas forcément « des formes grandioses et spectaculaires pour s’accomplir », a précisé le pape François. « Ce miracle se produit surtout dans la charité cachée de tous les jours : celle qui se vit en famille, au travail, dans la paroisse et à l’école ; dans la rue, dans les bureaux et les magasins ; celle qui ne cherche pas la publicité et qui n’a pas besoin d’applaudissements, parce qu’à l’amour suffit l’amour », a insisté le pontife, en citant saint Augustin et en présentant Mama Antula comme un modèle de charité et d’attention aux pauvres.