Seigneur,
Pourquoi m'as-tu dit d'aimer tous mes frères les hommes.
J'ai essayé, mais vers toi je reviens effrayé.
Seigneur,
J'étais tranquille chez moi, je m'étais organisé,
Je m'étais installé, mon intérieur était meublé,
Et je m'y trouvais bien.
Seul, j'étais d'accord avec moi-même, à l'abri du vent,
de la pluie et de la boue,
Pur, je serais resté dans ma tour enfermé.
Mais à ma forteresse,
Seigneur,
Tu as découvert une faille.
Tu m'as forcé à entrouvrir ma porte.
Comme une rafale de pluie en pleine face,
Le cri des hommes m'a réveillé.
Comme un vent de bourrasque,
Une amitié m'a ébranlé.
Comme s'insinue un rayon de soleil,
Ta grâce m'a inquiété,
Et j'ai laissé ma porte entrouverte,
Imprudent que j'étais.
Seigneur,
Maintenant je suis perdu.
Seigneur,
Ils me font mal, ils sont encombrants, ils sont envahissants.
Ils ont trop faim, ils me dévorent.
Je ne peux plus rien faire.
Plus ils rentrent, plus ils poussent la porte,
Et plus la porte s'ouvre...
Ah Seigneur,
J'ai tout perdu, je ne suis plus à moi.
Il n'y a plus de place pour moi chez moi.
Ne crains rien, dit le Seigneur, tu as tout gagné,
Car tandis que les hommes entraient chez toi,
Moi ton Père, Moi ton Dieu,
Je me suis glissé parmi eux.