Quel est le sort de la Création dans la perspective du salut éternel ? Pour l’ingénieur et théologien Jean-Marc Moschetta, qui publie “Jésus viendra-t-il sauver les machines ?" (Mame), c’est l’ensemble de la création qui est appelée à être accomplie en Dieu.
Pour qui s’informe un tant soit peu des données astrophysiques contemporaines sur l’univers, la Terre paraît n’être qu’un point ridicule jeté au hasard dans l’immensité du cosmos. Que faire alors, sur le plan théologique, de la quasi-totalité des réalités créées si, pour finir, seules les âmes des fidèles sont destinées à être sauvées ? Et plus largement, que faire des objets de la technique dans la perspective du salut en Jésus-Christ ? Toutes les réalités non humaines sont-elles donc vouées à s’entasser, à la fin des temps, dans une immense déchèterie cosmique ? Où finissent alors les animaux, les végétaux, les minéraux, les galaxies, mais aussi les airs de flûte, les théorèmes, les concepts philosophiques, les alexandrins, les sonates et les machines ? Ces réalités créées, matérielles et immatérielles, ne sont-elles qu’un décor jetable et sans valeur sur fond duquel se déroulerait la dramaturgie humaine ?
Le Dieu sauveur est aussi le Dieu créateur
Face à un certain rétrécissement anthropologique du salut, la lettre encyclique Laudato Si’a ouvert une brèche et nous a rappelé que la plus haute tradition chrétienne prévoit pourtant un futur pour l’ensemble des réalités créées. Cette tradition s’enracine dans les livres sapientiaux et les prophètes qui décrivent la création du monde comme le premier acte de l’histoire du salut. Ainsi par exemple, les psaumes 33, 135 et 136 enchaînent sans rupture la même louange pour la création du monde et les actes de salut posés par Dieu, manifestant qu’il y a identité stricte entre le Dieu créateur et le Dieu sauveur.
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