Bonjour,
Petite lecture à partager ! Je verrais la "chose" comme un complément du jeu-questionnaire sur la Messe.
Toujours dans l'idée de mieux saisir peut-être, ou mieux savourer si vous voulez, la raison d'être fondamentale d'une partie de la célébration par rapport à l'autre, comme ici la première partie de la messe, la Parole : quelle nécessité comme fidèle de se faire servir deux ou trois textes de la Bible avant de pouvoir enfin en arriver à la prière sur les offrandes, la Consécration, la Communion ?
Il fut un temps pas si lointain, je m'en souviens, il m'arrivait de trouver long, insupportable, très ennuyeux le fait de devoir endurer des personnes qui vous récitent des textes que l'on peut lire chez soi. "Arrivons au fait svp ! Assez de bavardage et passez-moi le pain !"
Oui, mais ...
Il y a une raison pour que ces lectures soient faites. On s'en douterait. Mais quelle raison au juste ?
Voici :
"La proclamation de la Parole de Dieu dans l'Église est également la représentation d'un signe, d'une partie essentielle de l'événement rédempteur. Or, autant nous est familière l'affirmation que les sept sacrements communiquent réellement la grâce qu'ils signifient, autant sommes-nous étonnés lorsqu'on affirme que la proclamation de la Parole de Dieu dans l'Église est pourvue, elle aussi, d'une garantie divine d'efficacité.
Nous connaissons l'existence d'une garantie : lorsque l'Église, en vertu de son magistère suprême, - les évêques de l'univers entier enseignant unanimement la même doctrine et le pape, clé de voûte de l'Église - définit et proclame une vérité révélé par Dieu, le Christ lui a promis que l'Esprit Saint la préserverait de l'erreur et susciterait en elle la véritable connaissance de sa révélation.
Mais il est bien rare que nous assistions à semblable proclamation solennelle de la vérité divine. Quand nous rencontrons la proclamation de la Parole dans l'Église, habituellement, c'est celle d'un prédicateur qui cache, plus souvent qu'il ne manifeste le Dieu qui se communique.
Rappelons que la proclamation ecclésiale de la Parole de Dieu ne contribue pas seulement à notre salut en raison de son contenu qui nous communique certaines connaissances et donne le branle à notre volonté. Le fait même de la proclamation, l'événement de la proclamation à lui seul, est une représentation symbolique de l'incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ. Or l'incarnation du Christ ne nous a pas seulement transmis une connaissance et un avertissement. En elle, s'accomplit le prototype de toute grâce : Dieu se communique aux hommes, pénètre dans l'histoire - celle de l'humanité lors de l'incarnation de Jésus-Christ, celle de chaque individu par la grâce.
Dans le Nouveau Testament, l'énergie créatrice qui, d'après toute la Bible, caractérise la Parole immédiate de Dieu, est également attribuée à cet aspect de la vie de l'Église par lequel la Parole de Dieu nous est annoncée. Il est appelé Parole de vie :
"Tenez ferme à la parole de vie. Vous me préparez ainsi un sujet de fierté pour le jour du Christ, car ma cause et ma peine n'auront pas été vaines" (Phil 2,16)
Elle est aussi parole de grâce : Paul et Barnabé "prêchaient plein d'assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage de sa grâce en opérant signes et prodiges par leurs mains" (Ac 14,3)
Paul dit encore aux presbytres d'Éphèse lors de son discours d'adieu :
"Et maintenant je vous confie à Dieu et à la Parole de sa grâce" (Ac 20. 32)
La proclamation ecclésiale est aussi la parole de la réconciliation instituée par Dieu :
"Car c'était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant sur nos lèvres la parole de la réconciliation" (2 Cor 5,19)
Cela ne signifie pas uniquement que la proclamation parle de la vie, de la grâce et de la réconciliation : cela signifie surtout que la proclamation contient réellement la vie, la grâce et la réconciliation, et qu'elle les rend effectives en ceux qui l'écoutent. C'est ainsi que le prêtre prie après la lecture de l'Évangile, pour que les paroles de l'Évangile efface les péchés.
Lors de leur ordination, les sous-diacres et les diacres reçoivent le pouvoir de lire l'épitre et l'Évangile "pour les vivants et pour les morts". La Parole proclamée est salvatrice même pour les morts dont l'intelligence ne peut plus recevoir aucun enrichissement et dont la volonté est définitivement figée. Cela ne peut que laisser supposer l'existence d'une communication objective de grâce s'exerçant dans l'Église par la proclamation de la Parole de Dieu.
Cette efficacité de la proclamation de la Parole ne dépend même pas de l'attitude personnelle du prédicateur. Saint Paul témoigne de ce fait en écrivant aux Philippiens :
"Certains proclament la Parole par envie, en esprit de rivalité, mais pour les autres, c'est vraiment dans de bons sentiments qu'ils prêchent le Christ ... mais qu'importe ? Après tout, d'une manière comme de l'autre, hypocrite ou sincère, le Christ est annoncé" (Phil 1,15-18)
Le Pape Pie XII. de même, a caractérisé la parenté existant entre l'incarnation et la prédication en disant : "La manière dont la Parole arrive aux hommes est différente, mais l'énergie opérative est la même (virtus autem eadem)".
Ainsi donc, la prédication de la Parole ressemble beaucoup aux sacrements. Cela ne signifie nullement que la prédication serait comme un huitième sacrement, ce qui contredirait ouvertement les déterminations du Concile de Trente. Prédication et dispensation des sacrements forment une unité "dialogique"; ce sont les deux éléments d'un unique processus qui, dans sa totalité, est source de grâce. Ainsi, d'ailleurs, l'oeuvre rédemptrice du Christ, source première de toute grâce, se composait elle-même de l'incarnation et du sacrifice, de la Parole et de la réponse du don de Dieu aux hommes et du don des hommes à Dieu. Les sacrements, représentation immédiate du sacrifice du Christ, confèrent efficacement la grâce parce qu'ils contiennent aussi la Parole qui résonna d'abord dans la proclamation ecclésiale.
Et il est légitime de concevoir que la Proclamation de la Parole de Dieu, représentation immédiate de l'incarnation, communique la grâce parce que cette proclamation est ordonnée et conduit à la réception des sacrements.
Source : Otto Semmelroth s.j.. Le sens des sacrements, p. 43
Petite lecture à partager ! Je verrais la "chose" comme un complément du jeu-questionnaire sur la Messe.
Toujours dans l'idée de mieux saisir peut-être, ou mieux savourer si vous voulez, la raison d'être fondamentale d'une partie de la célébration par rapport à l'autre, comme ici la première partie de la messe, la Parole : quelle nécessité comme fidèle de se faire servir deux ou trois textes de la Bible avant de pouvoir enfin en arriver à la prière sur les offrandes, la Consécration, la Communion ?
Il fut un temps pas si lointain, je m'en souviens, il m'arrivait de trouver long, insupportable, très ennuyeux le fait de devoir endurer des personnes qui vous récitent des textes que l'on peut lire chez soi. "Arrivons au fait svp ! Assez de bavardage et passez-moi le pain !"
Oui, mais ...
Il y a une raison pour que ces lectures soient faites. On s'en douterait. Mais quelle raison au juste ?
Voici :
"La proclamation de la Parole de Dieu dans l'Église est également la représentation d'un signe, d'une partie essentielle de l'événement rédempteur. Or, autant nous est familière l'affirmation que les sept sacrements communiquent réellement la grâce qu'ils signifient, autant sommes-nous étonnés lorsqu'on affirme que la proclamation de la Parole de Dieu dans l'Église est pourvue, elle aussi, d'une garantie divine d'efficacité.
Nous connaissons l'existence d'une garantie : lorsque l'Église, en vertu de son magistère suprême, - les évêques de l'univers entier enseignant unanimement la même doctrine et le pape, clé de voûte de l'Église - définit et proclame une vérité révélé par Dieu, le Christ lui a promis que l'Esprit Saint la préserverait de l'erreur et susciterait en elle la véritable connaissance de sa révélation.
Mais il est bien rare que nous assistions à semblable proclamation solennelle de la vérité divine. Quand nous rencontrons la proclamation de la Parole dans l'Église, habituellement, c'est celle d'un prédicateur qui cache, plus souvent qu'il ne manifeste le Dieu qui se communique.
Rappelons que la proclamation ecclésiale de la Parole de Dieu ne contribue pas seulement à notre salut en raison de son contenu qui nous communique certaines connaissances et donne le branle à notre volonté. Le fait même de la proclamation, l'événement de la proclamation à lui seul, est une représentation symbolique de l'incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ. Or l'incarnation du Christ ne nous a pas seulement transmis une connaissance et un avertissement. En elle, s'accomplit le prototype de toute grâce : Dieu se communique aux hommes, pénètre dans l'histoire - celle de l'humanité lors de l'incarnation de Jésus-Christ, celle de chaque individu par la grâce.
Dans le Nouveau Testament, l'énergie créatrice qui, d'après toute la Bible, caractérise la Parole immédiate de Dieu, est également attribuée à cet aspect de la vie de l'Église par lequel la Parole de Dieu nous est annoncée. Il est appelé Parole de vie :
"Tenez ferme à la parole de vie. Vous me préparez ainsi un sujet de fierté pour le jour du Christ, car ma cause et ma peine n'auront pas été vaines" (Phil 2,16)
Elle est aussi parole de grâce : Paul et Barnabé "prêchaient plein d'assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage de sa grâce en opérant signes et prodiges par leurs mains" (Ac 14,3)
Paul dit encore aux presbytres d'Éphèse lors de son discours d'adieu :
"Et maintenant je vous confie à Dieu et à la Parole de sa grâce" (Ac 20. 32)
La proclamation ecclésiale est aussi la parole de la réconciliation instituée par Dieu :
"Car c'était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant sur nos lèvres la parole de la réconciliation" (2 Cor 5,19)
Cela ne signifie pas uniquement que la proclamation parle de la vie, de la grâce et de la réconciliation : cela signifie surtout que la proclamation contient réellement la vie, la grâce et la réconciliation, et qu'elle les rend effectives en ceux qui l'écoutent. C'est ainsi que le prêtre prie après la lecture de l'Évangile, pour que les paroles de l'Évangile efface les péchés.
Lors de leur ordination, les sous-diacres et les diacres reçoivent le pouvoir de lire l'épitre et l'Évangile "pour les vivants et pour les morts". La Parole proclamée est salvatrice même pour les morts dont l'intelligence ne peut plus recevoir aucun enrichissement et dont la volonté est définitivement figée. Cela ne peut que laisser supposer l'existence d'une communication objective de grâce s'exerçant dans l'Église par la proclamation de la Parole de Dieu.
Cette efficacité de la proclamation de la Parole ne dépend même pas de l'attitude personnelle du prédicateur. Saint Paul témoigne de ce fait en écrivant aux Philippiens :
"Certains proclament la Parole par envie, en esprit de rivalité, mais pour les autres, c'est vraiment dans de bons sentiments qu'ils prêchent le Christ ... mais qu'importe ? Après tout, d'une manière comme de l'autre, hypocrite ou sincère, le Christ est annoncé" (Phil 1,15-18)
Le Pape Pie XII. de même, a caractérisé la parenté existant entre l'incarnation et la prédication en disant : "La manière dont la Parole arrive aux hommes est différente, mais l'énergie opérative est la même (virtus autem eadem)".
Ainsi donc, la prédication de la Parole ressemble beaucoup aux sacrements. Cela ne signifie nullement que la prédication serait comme un huitième sacrement, ce qui contredirait ouvertement les déterminations du Concile de Trente. Prédication et dispensation des sacrements forment une unité "dialogique"; ce sont les deux éléments d'un unique processus qui, dans sa totalité, est source de grâce. Ainsi, d'ailleurs, l'oeuvre rédemptrice du Christ, source première de toute grâce, se composait elle-même de l'incarnation et du sacrifice, de la Parole et de la réponse du don de Dieu aux hommes et du don des hommes à Dieu. Les sacrements, représentation immédiate du sacrifice du Christ, confèrent efficacement la grâce parce qu'ils contiennent aussi la Parole qui résonna d'abord dans la proclamation ecclésiale.
Et il est légitime de concevoir que la Proclamation de la Parole de Dieu, représentation immédiate de l'incarnation, communique la grâce parce que cette proclamation est ordonnée et conduit à la réception des sacrements.
Source : Otto Semmelroth s.j.. Le sens des sacrements, p. 43