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Pilgrim
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Message par Pilgrim Ven 2 Oct - 11:57

Bonjour,

Une suggestion de lecture pour meubler quelque temps creux de certains soirs d'automne peut-être. Un livre : Martin Peltier, L'empire arc-en-ciel, DIE, 2020, 252 p.

La Révolution est en marche, Peltier l'avait bien dit, mais au stade ou elle est rendue, on peut désormais parler d'un empire bien établi, plutôt que d'un mouvement vers l'avant. Un empire mental. Moral. Pavé de bonnes intentions. Il faudrait être totalement coupé de la réalité pour affirmer que le monde suit son cours normal. Nous sommes dans une véritable nef de fous, la planète continue de tourner, mais on se demande dans quel sens. 

Peltier n'est pas un pivot de taverne qui clame que le monde était mieux avant et que les choses vont mal : non, il défait les fils du capharnaüm actuel pour les tisser en un tout cohérent, ce qui relève du grand art, tant tout semble emmêlé, pêle-mêle, chaotique. 

Peltier a une vue d'ensemble. Le problème n'est pas le grand remplacement (conséquence d'une immigration qui ne touche que les Blancs et jamais la Chine ou l'Arabie saoudite), ce n'est pas le langage épicène de la mairesse Plante à Montréal, ce n'est pas le voile dans l'espace public : c'est tout ça à la fois. Tout cela ayant un même point d'origine : l'américanisation des esprits, le jouir à tout vent, la quête de bonheur. La Révolution est avant tout spirituelle. 

D'ou la nécessité d'une réponse spirituelle.  

Depuis l'invasion du yé-yé dans l'espace francophone, avec Johny Halliday, jusqu'à la mode des youtubeurs, la Révolution suit son cours. L'esprit français disparaît lentement, en France comme au Québec. Bien qu'ici nous ayons eu des Cassandres pour prophétiser ce qui allait arriver si notre nation sombrait dans la culture libérale américaine, nous n'avons pas été épargnés. 

L'arc-en-ciel qui fut d'ailleurs utilisé lors du grand confinement, c'est l'harmonie, la joie, le vivre-ensemble : les LGBTQ2, les minorités opprimées, les migrants, les féministes, les adeptes de l'oécuménisme, les écolos ... tout ce beau monde réuni dans une utopie mondiale, au nom des bons sentiments, bref pour instaurer le paradis sur terre de la gnose. Mais comme toutes les utopies, l'ennemi numéro un est le réel.

Pour établir ce royaume de l'humain déifié sur la mère Gaïa, tout est mis à contribution. La morale est dirigée par les grands sages des organismes mondiaux, de l'ONU au commissions moins connues, puis, les relais soient-ils religieux, judiciaires, politiques, médiatiques, culturels ou sportifs, sont mis en branle pour imposer aux peuples cette nouvelle vision des choses. C'est une véritable "synergie des subversions". Personne ne peut y échapper.

Contrairement à ce qu'affirme certains qui aimeraient être confortés par l'idée que tout est piloté par un petit groupe de gens malveillants, l'Empire arc-en-ciel n'a pas de cerveau ni de système nerveux central, il a des pôles d'informations et d'interactions reliés entre eux, des tentacules interactifs autonomes.

Le phénomène a pris des décennies à s'imposer, mais comme le dit l'homme qui siège au Vatican, nous allons dans une période de "rapidaction"; le mouvement s'accélère avec une progression fulgurante, comme si la centrifugeuse s'emballait soudainement. Mais les "sages" qui nous gouvernent sont bien aux commandes, soyez rassurés.  


Source : Rémi Tremblay in Le Harfang, volume 8, no. 6, août 2020
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Message par Pilgrim Lun 23 Nov - 9:10

... et puis en lien avec l'empire arc-en-ciel certainement, j'ajouterais ce commentaire de Jacques Brassard (l'ancien ministre) que je tire de son livre Hérésies.

 Notre politicien québécois désormais à la retraite fulmine contre la suppression du droit des parents à ce que leurs enfants reçoivent une instruction religieuse chrétienne, et ce, au profit d'une obligation pour les jeunes de devoir se soumettre au cours d'éthique et de culture religieuse concocté par le ministère de l'éducation. 

Il écrit :

"Le cours Éthique et Culture Religieuse (ECR), qui est imposé à toutes les écoles publiques et privées du Québec, me révulse depuis le jour ou il fut mis de l'avant. Les pouvoirs publics, la bureaucratie et les intellos gauchisants ont d'ailleurs fait preuve d'un mépris offensant et d'une arrogance prétentieuse à l'endroit des parents qui osèrent résister à la transformation de l'école québécoise en un laboratoire de détraquement identitaire et de lessivage multiculturel. "Onze années, écrit Charles-Philippe Courtois, de conditionnement idéologique aux enfants québécois". 

Tous ces parents qui se levèrent alors à travers le Québec étaient indignés parce qu'on leur avait enlevé un droit fondamental, pourtant inscrit dans la Charte des droits, celui d'avoir le choix pour leurs enfants, au sein de l'école, entre un enseignement religieux ou un enseignement moral. La classe politique et la technocratie de l'éléphantesque ministère de l'Éducation ne cessaient pourtant de leur garantir le caractère inaltérable des droits enchâssés dans les chartes. Mais un beau jour de 2005, tout d'un coup, en catimini, le Parlement a effacé le droit au libre choix en matière de religion. Volatilisé ! On comprend la colère des parents d'avoir été ainsi dupés et mystifiés. On le serait à moins. 

80% des parents souhaitaient le maintien du libre choix. Et ils choisissaient très majoritairement pour leurs enfants l'enseignement religieux chrétien. Vous connaissez l'argument pour discréditer ce choix massif : la majorité ne pratique pas. Et alors ? Si, même en ne fréquentant pas l'Église, les parents optaient malgré tout pour l'enseignement catholique, c'était sans doute parce qu'ils avaient la conviction, ou l'intuition, que l'héritage judéo-chrétien constituait à leurs yeux une dimension majeure de notre identité nationale et qu'il était impérieux d'en assurer la passation à leur progéniture. Ou donc est le scandale ? Qu'y a-t-il de rétrograde et d'anachronique à vouloir que l'école serve de relais à la transmission aux jeunes générations du patrimoine culturel et éthico-religieux de la nation ? C'est ce que font tous les peuples de la terre qui veulent que leur identité se perpétue à travers les âges. 

Ce cours obligatoire est une espèce de fricassée multi-religieuse (six religions entrent dans la recette) que l'on fait ingurgiter à des enfants dans le but manifeste de relativiser l'héritage judéo-chrétien de la nation québécoise. 

En fait, officiellement, les objectifs du cours, selon ses concepteurs, consistent à promouvoir le dialogue interculturel et la tolérance, ce que les intellos technocrates appellent le "vivre ensemble". Mais ce qu'il y a derrière ces objectifs en apparence honorables, c'est la conviction que, pour établir le dialogue avec d'autres communautés - qui sont, elles, encouragées à conserver leurs identités - il faut amoindrir, dévaluer et rabougrir la substance identitaire du peuple québécois. 

C'est comme si, pour être tolérant à l'égard d'un autre différent de soi, il fallait à tout prix anéantir sa personnalité. Et c'est comme si, également, la tolérance et le respect d'autrui ne faisaient déjà pas partie du patrimoine national des Québécois. 

J'illustre mon propos. La "spiritualité autochtone" est l'une des six religions du cours. Selon le recensement de 2001, il n'y a que 0,01% de la population québécoise qui la pratique. Et pourtant, 20% des pages des manuels approuvés sont consacrés à cette spiritualité. On se demande bien pourquoi. Extrait du manuel : "Philip, le Micmac, fait sa prière et remercie la Terre, notre Mère, et aussi l'Esprit des plantes et des animaux."  Et voilà l'exercice recommandé : "Que pourrais-tu faire pour prendre soin de la Terre ?" Manifestement, il y a là un effort, sans commune mesure avec l'importance du nombre de pratiquants de la "spiritualité autochtone", pour imposer l'écologisme comme nouvelle religion universelle.

Ainsi, cette ratatouille multiculturelle vise à plonger l'enfant, dès la première année scolaire, dans un magma multi-religieux de façon, selon ses concepteurs intello-technocrates, à lui inculquer la tolérance et la passion du dialogue. En réalité il s'agit, en le faisant mariner dans le relativisme, selon lequel tout est égal et se vaut, de le couper de ses racines judéo-chrétiennes. Et comme on accorde dans ce cours une importance démesurée à la spiritualité amérindienne, on comprend vite que la religion de substitution que l'État veut imposer, c'est, comme le dit si bien Jean Renaud, "une lamentable mixture de romantisme New Age et de fragments de traditions amérindiennes", un mélange de pacifisme niais et d'écologisme insipide, le tout imprégné d'une insidieuse hostilité envers la civilisation occidentale. C'est le triomphe de la bêtise. 

Quoi de mieux, pour illustrer mon propos, que de signaler une utilisation d'apprentissage et d'évaluation recommandée par les cahiers d'activités en première année du secondaire. Ça s'intitule : "Youpi, ma religion" et ça consiste à inventer sa propre religion. 

"Pour créer ta religion, peut-on y lire, tu dois inventer un fondateur et un mythe fondateur; inventer un Dieu ou des dieux et nommer ses attributs; inventer un code moral; inventer un livre sacré. inventer quelques rituels; inventer quelques objets de culte."

Et pourquoi ne pas inviter Raël dans la classe comme conseiller, tant qu'à y être ? 

Admirez la trouvaille pédagogique pour injecter le relativisme muticulturel dans le cerveau des ados. Non seulement, toutes les religions et toutes les morales se valent et s'équivalent, mais celles que les élèves inventent, aussi farfelues soient-elles, se trouvent sur le même pied que les autres et aussi dignes et honorables que, par exemple, le christianisme qui est à l'origine et au coeur de la civilisation occidentale. Je n'aurais jamais cru que l'école québécoise se serait vautrée dans une aussi monumentale niaiserie.

Lorsque, dans une vie antérieure, j'étais ministre des Affaires intergouvernementales [...] lors des débats parlementaires, signalons que tout le monde insistait pour dire que la création de commissions scolaires linguistiques n'abolissait pas le droit à l'enseignement religieux garanti par la Charte des droits et libertés. Jusque là tout va bien. 

Mais quand le ministère de l'Éducation a concoté et imposé à tous les jeunes de nos écoles le cours ECR, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre [il est alors retiré de la vie politique] qu'en juin 2005, l'Assemblée Nationale avait modifié à toute vapeur, sans vote nominal et à l'unanimité, la Charte des droits pour y abolir, à toutes fins pratiques, la liberté de choix des parents en matière d'enseignement religieux et moral. Pourtant, on dit que la Charte des droits et libertés a plus de valeur et d'importance qu'une loi ordinaire. Et que, par conséquent, il faut lui toucher avec grande précaution et après un large débat permettant une décision éclairée. Ce ne fut évidemment pas le cas sur cette question délicate." 

(p. 124)
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Message par Pilgrim Mer 25 Nov - 8:56

Et l'empire arc-en-ciel s'appuie essentiellement sur le droit. On connaît le combat contre les discriminations. En 1997, Marc Chevrier (un juriste) avait écrit un article dans le Bulletin d'histoire politique

Vous en jugerez ici :

"Le fondamentalisme des droits,
religion civile au Canada ?

par

Marc Chevrier

"Alexis de Tocqueville, ce petit juge français parti en Amérique en 1831 pour enquêter sur le système pénitentiaire aux États-Unis, a laissé une oeuvre fascinante. Ce voyage d'études révéla à ce jeune noble une civilisation nouvelle éprise de liberté, libérée des pesanteurs de la vieille Europe, dont les moeurs et les aspirations suivaient l'idée d'égalité. De retour en Europe, Tocqueville écrivit De la démocratie en Amérique, et passa ainsi à la postérité. Tocqueville observa une société prompte à remettre à ses juges de grands pouvoirs politiques; une classe de légistes aux penchants aristocratiques, composé d'avocats et de juges, qui occupaient les plus hautes fonctions du gouvernement. 

Si un descendant de Tocqueville revenait aujourd'hui en Amérique et voyageait au Canada, il découvrirait une société semblable à celle que son ancêtre avait observée. [...] Dans le Canada contemporain, il verra une fédération qui en 1982 a fait le pari d'unifier par une Charte des droits ce que la langue, la géographie et l'histoire avaient maintenu séparé; un État qui a en conséquence confié à ses juges d'immenses pouvoirs politiques, agissant à la place des législateurs impuissants ou d'un constituant absent. Voilà des traits qui rappellent ceux des États-Unis, confirmant que cette ancienne colonie britannique s'est américanisée. 

Notre observateur s'étonnera aussi qu'à la suite du référendum de 1995 un étrange patriotisme se soit manifesté. Des citoyens craignent soudain pour leurs droits; leur constitution paraît menacée; on sollicite la protection des tribunaux pour se prémunir contre le dangereux exercice de démocratie. Le caractère abstrait de ces débats frappera notre observateur : on crie à la violation de ses droits, alors que dans cette société libre et paisible nul despote ne gouverne, nul n'est menacé dans ses biens ou sa personne par une police capricieuse. 

Cet engouement obsessif pour les droits semble aussi animer depuis 1982 nos controverses sociales. Il n'est pas de question de société - avortement, propagande haineuse, langue, publicité contre le tabac, etc - qui ne se transporte au prétoire. Même les politiques officielles des gouvernements se ressentent de cet esprit de droit qui souffle sur la société canadienne. Pensons au multiculturalisme, belle invention des légistes canadiens, consacrée par la constitution et célébrée par les politiques fédérales, auquel le Canada a professé un engagement qui transcende les écrits et les lois. 

Tocqueville désignait par "esprit légiste" la propension des Américains à laisser conduire leur vie sociale et politique par la pensée et les habitudes des légistes. Pour décrire ce patriotisme des droits qui prend au Canada presque les proportions d'une religion civile, il faudrait un autre concept.

Alain Touraine peut nous fournir une piste. Dans l'un de ses ouvrages, il désigne par "fondamentalisme rationaliste" cette croyance qu'ont certains modernisateurs en la toute puissance de la raison et de la technique. Umberto Eco, à l'occasion d'un forum international sur l'intolérance de l'Unesco, a mis en garde nos sociétés contre les excès de la rectitude politique ou "political correctness", qui est en train de devenir selon lui aux États-Unis une nouvelle forme de fondamentalisme, qui investit d'une façon rituelle et presque liturgique le langage quotidien. Au Canada, l'engouement pour les droits, qui semble se généraliser, s'apparente à un fondamentalisme des droits. 

Les affaires Bertrand et Galganov nous ont donné des exemples de l'usage réducteur qui peut être fait du discours des droits de l'homme. Fonds de pensée universel, ce discours dégénère alors en rhétorique parfois hargneuse, ramenant tout jugement moral et politique à une question de conformité aux droits individuels définis par une cour suprême non élue. 

Ainsi, le fondamentalisme des droits présente plusieurs des traits d'une idéologie abstraite et potentiellement aliénante. L'amour des droits et libertés - ou ce que Montesquieu appelait jadis la vertu politique, soit l'amour des lois et de la patrie - est sain et nécessaire dans une démocratie. Mais il peut se dégrader en un prêt-à-penser, camisole de la pensée unique, qui n'envisage les rapports entre le citoyen et sa communauté que sous l'angle d'un conflit ouvert et permanent, arbitré par les seuls juges.

Pour ce fondamentalisme : il n'existe ni nation, ni peuple, ni communauté concrète; seule existe une société de droits, sans émotion et sans mémoire, composée d'individus séparés, jaloux et passionnés de leurs droits. Les grands acquis de la démocratie, comme le suffrage du peuple et le gouvernement représentatif inspirent de la méfiance.

Ce fondamentalisme nouveau genre, qui fait ses ravages au Canada, se manifestent aussi à l'étranger. Le vénérable Jean Carbonier, doyen de la sociologie du droit en France, constatait  dans un récent livre dédié à la passion du droit sous la cinquième République l'émergence en France d'un culte des droits de l'homme. Il s'inquiète de ce que cette nouvelle idéologie ne fasse office de religion d'État. Un autre juriste, Jacques Chevalier, a diagnostiqué l'émergence de ce culte dans les pays occidentaux, d'une "mystique de l'État de droit", qui a pour effet de sacraliser les pouvoirs en place, et de légitimer l'emprise grandissante des juristes sur le politique. 

Évidemment, croire en l'État de droit, en la primauté des droits de l'homme et respecter les tribunaux ne font pas de soi un fondamentalisme. Dans sa face éclairée, le discours des droits est l'instrument des Lumières; il est ce rempart qui protège les peuples des tyrans, cette frontière tracée entre la puissance de l'État et l'autonomie des individus qui permet à la démocratie de s'épanouir. Dans sa face sombre cependant, il devient un refuge de tous les absolutismes et allume des débats dont le ton rappelle les funestes passions religieuses d'antan. Le maintien de la tolérance devient plus ardu quand la revendication de droits individuels pousse à leurs extrémités des conceptions opposées de la vie. La morale politique s'appauvrit; prompt à réclamer ses droits à lui, l'individu ne se reconnaît aucun devoir envers sa communauté. Agitée par la contestation, la société voit ses tribunaux devenir le théâtre de longues et coûteuses batailles, dont de puissants intérêts, habiles à invoquer des droits bafoués, savent user pour mener à bien leurs ambitions. Pour toutes ces raisons, le fondamentalisme des droits est aussi navrant que le fondamentalisme religieux ou le scientisme. Il érige en absolu ses croyances, à l'exclusion des autres et ce au détriment de la tolérance et du savoir-vivre ensemble. 

Jean Carbonier nous dit : l'amour du droit peut mettre la raison en déroute

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- Marc Chevrier, "Le fondamentalisme des droits, religion civile au Canada ?" dans Bulletin d'histoire politique, automne 1997, volume 6, numéro 1
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