Angela a écrit:Si je verse des larmes c'est aussi pour déplorer ce prétendu progrès au regard des dégats qu'il entraine logiquement. Pas seulement pour ma petite pomme mais pour la société entière, il n'y a qu' à voir le taux de divorcialité en Occident....le pourcentage de gosses avorté...l'euthanasie...le mariage gay... bientôt PMA GPA, bon, on a compris. Cela dépasse largement ma petite personne avec ses petits kleenex
Bonjour,
C'est une situation qui n'est pas propre à l'Église en tant que telle. On pourrait dire que c'est l'état de notre monde occidental. Tout cela reflète bien sûr le décrochage de nos sociétés par rapport au christianisme connu anciennement. Après ? Probablement que chaque catholique isolé qui existe encore aura bien du mal à se défendre de l'ère du temps. Tout simplement parce que ce n'est plus la foi chrétienne ou l'Église l'organisateur de la vie sociale.
Tous ceux ou celles qui ne voudront pas sombrer dans la marginalité ou le sectarisme se sentiront forcés de jeter du lest à quelque part, et donc faire droit aux représentations des mécréants. La responsabilité de l'Église conciliaire là-dedans tiendra sans doute dans le fait que c'est notre Église elle-même qui n'a cesse maintenant de nous inviter à nous ouvrir à l'écoute des autres (s'ouvrir au monde).
Comment le simple paroissien pourrait-il être à l'aise pour se raidir devant certaines avancées du libéralisme, si en même temps ses propres chefs religieux lui tiennent le discours du sain pluralisme, de l'acceptation des autres points de vue, de la vertu chrétienne qu'il y aurait à comprendre les choix fait en conscience par l'autre, etc. C'est certain qu'à force de bienveillance il nous faudra tout admettre.
La culture "psy" dans tout cela (celle des maîtres du soupçon) va davantage nous enfoncer dans le subjectivisme en effet. C'est une culture qui vient renforcer la dynamique libérale présente et pousse à nous méfier sérieusement de l'autorité; ce qui ne va pas sans créer de vrais problèmes dans l'Église simultanément, parce que la foi chrétienne reste tout de même liée au fait de devoir faire confiance à une autorité patriarcale en bout de ligne. Crise de confiance dans l'autorité équivaut nécessairement à une crise de la foi au plan religieux.
La difficulté actuelle comme catholique (si je me sonde), c'est d'être à la fois pris en sandwich par un monde extérieur qui condamne la foi de l'Église d'une manière ou de l'autre, ensuite par la hiérarchie de l'Église qui n'a cesse de nous appeler à s'excuser, à s'effacer, à devoir repenser les manières de croire ou de faire les choses, et, autant que possible, pour nous singulariser le moins possible d'avec les autres. Autrement dit : il faudrait ressembler au maximum aux autres (protestants, juifs, laÏcistes, scientifiques technos, penseurs américains de la société ouverte, etc.)
Un moment donné la ligne de partage devient extrêmement mince entre adaptation et reniement.
Quant à la dérive possible que je verrais du côté des thérapies, maisons de guérison intérieure : c'est lorsque des fidèles finiraient par trouver dans l'idée de la thérapie une fin en soi. Quand l'expectative devient celle d'être enfin guéri de tout, comme pour ne plus avoir du tout le moindre bout de croix à porter. Un question d'équilibre sans doute. Mais c'est vrai que l'on peut trouver des gens qui sont en thérapie depuis quarante ans, des abonnés à toutes les séances de guérison, qui n'ont toujours pas fini de découvrir un autre bobo sous le bobo, qui seront toujours écrasé, sans pouvoir porter leur grabat et marcher. Je ne dis pas cela pour condamner quelqu'un. Il est vrai qu'il puisse exister des grands blessés de la vie. C'est juste qu'il y a un risque réel de perdre de vue parfois qu'une vie chrétienne (militant sur terre) ne sert pas prioritairement ou essentiellement à trouver un certain confort intérieur ou à être comblé de dons extraordinaires ou de charismes merveilleux. Il peut se glisser un peu de pensée magique là-dedans. Le rêve d'obtenir sans trop d'effort.
Le problème aussi avec le renouveau charismatique, ce n'est pas tellement qu'il devrait représenter un problème en lui-même, mais simplement le fait qu'il se trouve à constituer comme un groupement à part des autres. Sur le plan de l'unité de l'Église, cela fait toujours un peu étrange, comme si la catholicité devait être sectionnée en chapelle diverse, dont certaines ne communiqueront pas avec les autres. C'est un peu artificiel sous un certain rapport, dans le sens que le charismes répandus dans le groupe devraient être normalement ceux de tous les fidèles, ceux de n'importe quel paroissien du moment qu'il prendrait sa foi un peu au sérieux. C'est un peu artificiel parfois, un peu comme le sera aussi la chapelle des jeunes, le club fermé de ces jeunes catholiques qui ne feront pas comme les autres, qui célèbrent la Messe comme à Taizé, qui communient avec une vraie miche de pain, etc. C'est un peu comme la paroisse spécialisée du quartier chaud à Montréal, la chapelle dédiée pour la famille LGBT. Un peu artificiel ...
Enfin, ce n'est qu'une réflexion que je fais. Là-dessus, c'est peut-être ma vision des choses qui n'est pas encore assez élevée pour bien intégrer tout cela, et ne plus jamais être dérangé par des disparités se trouvant ici et là.
Je n'oublie pas le fait que mon propre regard peut également être fautif, en ce que la difficulté de concilier tout ça peut provenir aussi de la difficulté qui sera la mienne à vraiment vivre de l'Évangile; chose indéniable. La vision que nous avons des choses est souvent tributaire de nos propres limites.