Bonjour,
Je vous partage deux petits textes. Il s'agit de deux extraits de deux ouvrages bien différents. J'aurai lu ces textes et je les aurai trouvé fondamentaux. Il se trouve aussi qu'ils sont complémentaires, je trouve. Enfin, les intéressé(e)s pourront jugé de cela eux-mêmes.
Bonne lecture !
Le premier extrait :
Le second extrait :
Je vous partage deux petits textes. Il s'agit de deux extraits de deux ouvrages bien différents. J'aurai lu ces textes et je les aurai trouvé fondamentaux. Il se trouve aussi qu'ils sont complémentaires, je trouve. Enfin, les intéressé(e)s pourront jugé de cela eux-mêmes.
Bonne lecture !
Le premier extrait :
Pour quel motif est-il si important de faire de la Résurrection un événement réel et non un simple récit poétique ? Parce que du même coup nous faisons de Jésus un personnage historique réel. Et si Jésus est ressuscité en personne, dans sa chair, la rédemption qu'il apporte au monde ne concernera pas seulement la partie spirituelle de nos êtres, mais également notre corps. Comme nous sommes individuellement corps et esprit, la résurrection réelle de Jésus est le gage de la résurrection de notre être intégral.
L'affirmation de la réalité des faits de salut est solidaire de la définition même du salut. Un christianisme pour lequel les récites de miracles ne seraient que poèmes est un christianisme pour lequel le salut est poésie. (H.J. Gagey, La vérité s'accomplit, Paris, Bayard, 2009, p. 146)
[...]
L'Évangile retrace des faits : il n'est pas un récit qui aurait pour fonction de parachevé en nous un effet d'autopersuasion que "notre salut est arrivé avec la résurrection de notre foi". Dans ce cas en effet ce n'est pas nous qui ressuscitons en Dieu, notre foi le fait à notre place ! Mais pour nous mener ou ? Si nous ne pouvons plus compter que sur notre foi plutôt que sur Dieu, autant être logiques avec nous-mêmes, et abandonner la foi en un Autre pour ne plus faire fond que sur nos propres forces et notre foi en elles ...
[...]
Le ressenti des personnes deviendrait alors la mesure de la foi. Or le salut s'éprouve au contraire en ce que c'est sur la Rédemption objective - extérieure à notre propre intériorité -, sur la Rédemption transcendante née de la Résurrection, que notre foi s'ajuste.
Le changement initié par la nouvelle création, issue de la levée du tombeau du dimanche de Pâques, ce changement s'est produit d'abord au-dehors de nous avant de dilater ses effets au-dedans de nous, dans nos propres personnes. La Rédemption objective est première par rapport à la Rédemption subjective, pour employer des catégories déjà anciennes.
Ce n'est pas la foi des disciples qui "ressuscite" miraculeusement - d'ailleurs, dans le récit évangélique, non seulement ils ne reconnaissent pas le Ressuscité venant à leur rencontre le dimanche de Pâques, mais de plus ils ne donnent pas créance aux témoins qui les assurent avoir vu Jésus vivant. Le salut nous vient de Dieu. Il est théologal. Il ne sourd pas conséquemment de nous-mêmes, de notre pure intériorité, ni d'un quelconque "effet de vérité" qu'auraient imprimé en nous des récits poétiques ou mythiques.
Toutefois, ce n'est pas parce que la Résurrection de Jésus est un événement réel qu'elle est prouvable. Elle est aussi un événement transhistorique et sans analogie. Le signe de la Résurrection est bien à chercher dans ses effets- ce qui ne veut pas dire qu'elle n'ait pas touché Jésus d'abord.
La Résurrection ne fait pas l'objet d'une démonstration, comme si voir le Ressuscité consistait à enregistrer une information à son sujet. Pâques ne se donne qu'aux creux d'une histoire d'hommes et de femmes touchés. Identifier en soi une particule de foi, c'est ressentir l'effet de Pâques. Il n'a donc pas tort, celui qui a dit que la seule preuve authentique de la Résurrection, c'était l'existence de l'Église.
Enfin, il s'agit de ne pas considérer la religion sous un angle uniquement esthétique. Une foi "ressuscitée" qui fonctionnerait en circuit fermée, parce que "croire, ça fait du bien", ou "c'est quand même beau", n'aurait plus grand chose à voir avec le christianisme. Le Christ passe avant nos émotions, fussent-elles celles d'un "ressuscité" sans Résurrection.
... l'intériorité pour l'amour de l'intériorité ne vaut pas mieux que l"amour de la liturgie pour l'amour de la liturgie : ni l'un ni l'autre ne vaut pour définir le christianisme. C'est au Christ que les chrétiens croient, et non à la religion, fût-elle chrétienne.
A l'instar de la Trinité, la Résurrection de Jésus ne relève pas de la métaphore poétique : elle est un événement réel, et non le signe d'une foi que "se ressuscite" elle-même !
Jean-Michel Castaing, 48 objections à la foi chrétienne et 48 réponses qui les réfutent, Paris, Salvator, 2013, p.180
Le second extrait :
Posez-vous la question : un témoignage absolument convaincant, en rêvez-vous ? Est-ce que vous rêvez de quelqu'un qui reviendrait de l'autre monde pour nous dire ce qu'il en est ?
Vous connaissez sans doute la fameuse histoire. Quand Gide est mort, on a raconté partout en France la blague suivante : il a envoyé un télégramme à ses amis en leur disant : "Il n'y a pas d'enfer, préviens Claudel." D'ailleurs, Claudel a gentiment repris la parole quand quelqu'un lui avait écrit, pensant qu'il allait mourir : "Vous allez vous retrouver au ciel, pensez bien à moi quand vous serez dans l'autre monde !" Et Claudel de lui expédier un télégramme : "Entendu. Pour y penser je ferai un noeud à mon linceul."
S'il y avait un témoin oculaire qui revienne de l'autre monde, alors on aurait ce que j'appelle une preuve qui blesse la vérité. Si Dieu était évident ou s'il était prouvé, ce ne serait plus la vérité spirituelle, ce serait une vérité d'un tout autre type, comme deux et deux font quatre. L'orthodoxe Paul Evdokimov, mort assez récemment, a écrit ce mot admirable :
"Les preuves blessent la vérité, transforment la vérité spirituelle en une vérité d'un type mathématique et physique."
Autrement dit, Dieu ne serait plus Dieu si nous étions obligés de croire en lui parce que c'est prouvé. Si c'est prouvé, on est obligé de croire. Et si on est obligé de croire en lui, Dieu ne serait plus Dieu.
Le retour d'un mort sur terre ou bien n'apporterait aux hommes qu'une impression passagère, incapable se susciter une véritable disposition à écouter Moïse et les Prophètes, c'est à dire la Révélation, ou bien cela les obligerait. Et si l'on était obligé, la disposition à écouter Dieu n'aurait aucune valeur spirituelle. Il est très raisonnable de croire en Dieu, mais ce n'est pas contraignant pour la raison. Deux et deux font quatre, c'est contraignant. Mais croire en Dieu n'est absolument pas contraignant, ce qui n'empêche pas que c'est éminemment raisonnable et c'est même, à mon sens, ce qui est le plus raisonnable.
L'autre Lazare est bien ressuscité, cela n'a pas empêché les Juifs de condamner Jésus, au contraire, c'est après la résurrection de Lazare qu'ils se sont dit : "Dans ces conditions-là, il faut en finir avec cet homme. Il fait trop de miracles." cf. Jn 11,47 et 12, 9-11
Le retour d'un mort pour nous éclairer, de la part de Dieu, ce serait un manque de respect pour notre liberté. Nous avons à vérifier. Nous devons nous méfier beaucoup de tout ce qui est preuve contraignante. Il y a une grande soif de merveilleux chez les hommes. On veut être certain, mathématiquement certain.
Oh non ! notre Dieu est un Dieu caché. Et le riche qui ne se met pas en mesure de voir le pauvre qui est à sa porte, rien ne pourra le convertir, quand bien même quelqu'un reviendrait de l'au-delà.
François Varillon,"Le sérieux de la décision de foi" dans L'humilité de Dieu, 2002 (1974), p.426