17 mars 2020
Tanya Saumure habite dans la région d'Edmonton
Tanya Saumure n’y a pas réfléchi deux fois. La fin de semaine dernière, elle a offert de livrer des repas tout faits aux personnes en isolement forcé par la pandémie de COVID-19. Une preuve d’entraide et de solidarité qui se multiplie par milliers en Alberta.
"J’ai juste pensé à mes grands-parents, à mes grands-mères au Québec. Elles seraient peut-être en isolement. Je ne peux pas venir en aide à mes grands-mères, mais je peux venir en aide à des gens ici qui auraient besoin d’un coup de main", explique la résidente de Strathcona, en banlieue est d’Edmonton.
Huit personnes ont saisi sa main tendue. Tanya Saumure leur a livré sur le perron de leur maison des barquettes individuelles de pâtes et de soupes.
« Maintenant que j’ai des adresses, je peux aller porter des choses chaque jour », promet Tanya Saumure.
Le pouvoir positif des médias sociaux
Le Calgarien Eric Prangnell est témoin de tels actes de générosité des dizaines de fois par jour. Il a créé un groupe d’entraide pour la métropole albertaine en se rappelant du pouvoir des médias sociaux lors des inondations de juin 2013.
"Nous avions injecté du positif dans une situation difficile et c’est ce qui se passe à nouveau avec cette page Facebook", raconte-t-il.
Eric Prangnell a créé un groupe Facebook d'entraide à Calgary pour faire face à la crise de la COVID-19
Cette fois encore, l’humanité des gens ne l’a pas déçu. Une femme en quarantaine dans le quartier d’Acadia a demandé si quelqu’un pouvait livrer quelques denrées devant chez elle. Six personnes ont déposé anonymement des courses sur son perron, s’enthousiasme Eric Prangnell.
La générosité des Calgariens est incroyable.Eric Prangnell, créateur de YYC COVID-19 volunteers
Combler un besoin de parler
Plus que simplement des échanges de bons services, la page permet aussi aux gens de parler. "Ils sont à la maison, ils ont peur, ils sont inquiets. Cela leur permet d’échanger avec une personne au sujet de leurs émotions", ajoute-t-il.
Cette page d’échange peut vite devenir un défouloir comme l’ont découvert les administrateurs d’un groupe d’entraide similaire d’Edmonton. Après l’ajout très rapide de plus de 8000 membres, ils doivent filtrer les publications notamment pour s’assurer que de mauvaises informations médicales n’accroissent pas les inquiétudes.
C'est comme bâtir une société
Une des administratrices, Freda Ballantyne, raconte que ces derniers jours lui ont donné l’impression de bâtir une société. Le groupe a dû organiser des sous-groupes pour gérer notamment les offres de gardiennage, la livraison des repas et les besoins en santé mentale.
La tâche peut paraître insurmontable. "Nous sommes des citoyens comme les autres", rappelle-t-elle.
Certains se sont cependant proposé d’aller à l’Université de l’Alberta pour rassembler les ressources disponibles en santé mentale. D’autres vont imprimer des affiches et les distribuer dans la capitale albertaine pour aider les personnes sans accès à Internet.
"Nous avons tellement de gens qui offrent leur contribution, qui demandent comment ils peuvent aider. Ça réchauffe le cœur de voir tant de personnes prendre soin les uns des autres", conclut Freda Ballantyne, la voix brisée par l'émotion.