On ne doit pas avoir honte de demander pardon...
Interview du P. Pedro Barrajón à propos de l'action salutaire du sacrement du pardon en période de Carême. Le P. Pedro Barrajón, LC est directeur de l’Institut Sacerdos et professeur de théologie dogmatique à l’université pontificale Regina Apostolorum de Rome.
Dans quel état d'esprit prenez-vous part - en tant que prêtre - au don du sacrement du pardon?
En tant que prêtre, je considère la possibilité d'entendre l'aveu d'un pénitent comme une grâce toute particulière. C'est un vrai cadeau de Dieu qui apporte un renouveau à notre existence de prêtre. De ce point de vue, cela peut devenir une mission qui n'est pas si simple, car cela exige une capacité d'écoute profonde, par laquelle nous donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque personne qui désire recevoir le pardon du Christ.
Être au service de la miséricorde de Dieu et apporter à l'une de ses brebis un amour qui puisse être semblable au sien suscite chez moi une profonde émotion spirituelle.
Je me souviens avec grande joie de quelques moments spirituels intenses, comme les JMJ ou les fêtes du pardon avec confessions individuelles, qui donnent aux pénitents la possibilité de recevoir la grâce de ce sacrement.
L'expérience de la rencontre des jeunes à l'occasion du grand Jubilé de l'an 2000 est encore très vivante dans mon souvenir. Un prêtre avait pris l'initiative de proposer publiquement aux jeunes participants la possibilité de se confesser. Au début, il y a eu quelques réactions négatives ; on parlait d'une sorte de refus de la confession et l’on disait que peu de jeunes gens viendraient. Les organisateurs ont soutenu l'initiative et j’ai été invité à y prendre part.
Nous sommes arrivés très tôt le matin au Circus Maximus, où des confessionnaux avaient été installés pour des centaines de prêtres et nous n'avons terminé que le soir, fatigués, mais heureux d'avoir été là, comme un instrument de l'amour et du pardon du Christ, pour de nombreux jeunes.
Des évêques étaient également présents, qui confessaient mais qui se sont aussi confessés. Des jeunes gens en préparaient d'autres à demander le pardon et se groupaient autour d'évêques et de prêtres pour bien préparer leur réconciliation.
Pour répondre à votre question, je pense que je me sens toujours très petit quand je confère ce sacrement car je me sais pécheur et sens mon incapacité à pardonner, en tant qu’homme pécheur, comme les autres.
Mais, parallèlement, mon cœur est empli d'une immense joie, inspirée par la force qui habite la foi et celle de la présence du Christ ressuscité. Ce Christ ressuscité vient pour renouveler l'âme, comme le bon berger qui reconnaît ses brebis et les appelle par leur nom.
Je ressens une sorte d'impulsion de l'Esprit, unie à une grande confiance et à un amour du Christ, qui nous pardonne au-delà de nos faiblesses, de nos péchés, de nos imperfections et de nos limites.
Je me souviens très bien que ma mère, dans mes premières années de prêtrise, me demandait un jour : « Cela ne te sera-t-il pas trop difficile d'entendre tant de misères humaines, comme c'est le cas dans la confession ?
» Presque sans y réfléchir, je lui ai répondu : « La miséricorde de Dieu, qui est capable de pardonner tant de misères, me remplit d’émerveillement ! »
Parfois les gens ont peur ou bien ils trouvent désagréable de se confesser. De ce fait ils en repoussent le moment ou bien se tiennent complètement à l'écart du sacrement. Quel conseil donneriez-vous à ceux qui ont ce sentiment ?
Ce n'est pas simple, d'aller se confesser ! Il s'agit de reconnaître ce qui est négatif en nous, devant un homme, qui est pécheur comme nous. Nous avons parfois un sentiment de honte ou de peur d'être jugé. Nous manquons de confiance dans le pardon que peut donner un autre pécheur. On sait bien, à ce propos, que le diable fait tout ce qu'il faut pour nous tenir éloignés du pardon du Christ.
Je crois que cette peur, qui nous conduit à nous éloigner de la confession ou à la repousser sans cesse, prend bien ses aises en nous tous, d'une manière ou d'une autre. Mais il faut la vaincre en contemplant l'amour miséricordieux du Christ qui l'a justement conduit à instituer ce sacrement pour nous, pécheurs. Il n'est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Le ressuscité est apparu aux apôtres et leur a dit :
« Recevez l'Esprit Saint, ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les maintiendrez, ils leur seront maintenus » (Jn 20, 22-23).
Il a souffert, est mort et est ressuscité pour nous transmettre ce cadeau du Père.
Il peut arriver que l'on rencontre des confesseurs plus stricts ou plus sévères qui provoquent une certaine peur. Nous n'avons pas tous le même caractère. Il y a des prêtres plus ouverts, d'autres plus réservés, ou plus ou moins prêts à échanger, mais nous devons tous avoir conscience que, lorsque nous donnons le sacrement du pardon, nous ne représentons pas seulement le Christ juge, mais aussi le bon berger, rempli de la miséricorde et de la bonté de Dieu.
Jésus nous a appelés à la confiance : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28).
Jésus vient panser nos plaies, les plus profondes d’abord, les plaies spirituelles. Mais il guérit aussi les autres, celles que nous causent la vie, les mauvaises habitudes, qui nous ôtent la vraie liberté. C'est parce que Jésus est plein d'amour et de miséricorde qu'il est aussi patient. Le prêtre devrait donc renvoyer l'image d'un père comblé de cette miséricorde, qui embrasse le fils perdu et fête son retour. Un prêtre, représentant du Christ, doit inviter le pénitent au pardon et à la contrition. Il doit clairement transmettre l'enseignement de l'Église, mais, comme Jésus l'a accompli, avec douceur, amour, miséricorde et patience.
Quand nous allons nous confesser, nous ne savons pas toujours ce que nous devons dire. Comment bien nous y préparer ? Que devons-nous avouer ?
L'aveu commence par un examen de conscience précis. En présence de Dieu, nous reviennent à l'esprit les péchés commis depuis la dernière confession. Ce sont les péchés mortels, les plus lourds, ceux qui ont le plus blessé le cœur du Christ qu'il nous faut avouer.
Pour faire un bon examen de conscience, il existe toutes sortes de méthodes : l'une d'elle est de mettre en rapport les commandements de Dieu et de l'Église, un à un, avec notre propre vie.
On peut aussi mettre en vis-à-vis nos péchés et les vertus (théologales ou cardinales). Ou encore nos péchés et les sept péchés capitaux.
Souvent – par la grâce de Dieu – nous ne commettons pas de graves péchés, mais tous ceux qui sont liés à notre faiblesse, les péchés véniels, peuvent être confessés et l'Église le recommande vivement car cela nous aide à accueillir la grâce de les vaincre efficacement et d'abandonner les mauvaises habitudes.
La grâce de la confession produit une profonde guérison de l'homme, grâce au débordement d’amour du Christ dans l'Esprit Saint.
Il est important d'examiner sans cesse les péchés qui blessent la miséricorde, car ils sont contraires au précepte d'aimer le prochain. Il ne faut pas non plus négliger d'évoquer les omissions, ce bien que l'on aurait pu faire mais que l'on n'a pas fait, par confort, indifférence, peur ou amour-propre.
Il existe des questionnaires qui permettent de se souvenir des principaux péchés. L'examen de conscience est très important, mais plus importante encore est la douleur causée par le péché, la contrition du cœur, la reconnaissance du tort causé et la volonté de ne plus le commettre à l'avenir, le désir de réparer, le projet ferme de mener une vie sainte, en union avec le Christ et au service de l'Église et du prochain.
La grâce du sacrement peut-elle guérir les blessures psychiques et affectives ?
Le sacrement du pardon soigne d'une façon toute spéciale les plaies infligées à l'âme par les différents péchés. Cela implique une composante de profonde guérison, y compris des plaies qui sont du domaine psychique ou affectif. Il ne faut pas oublier le fait que la personne est UNE, « corpore et anima unus ».
Par la guérison des plaies de l'âme, la confession nous prépare à une plus profonde guérison des autres plaies humaines, qu'elles soient d'ordre psychique ou affectif. Aujourd'hui, beaucoup de personnes ont été blessées à la suite de différentes expériences : le fait d'être abandonné, le manque d'une véritable affection, la vie dans des familles disloquées auxquelles manque une harmonie dans les relations.
La confession exerce un effet salutaire et atteint, à travers la personne, la nature-même de sa complexité. Cela ne signifie pas que la confession ne doit pas être accompagnée d'autres formes de thérapies, quand certains cas l'exigent. Cependant ces autres thérapies ne peuvent atteindre l'effet souhaité quand manque au cœur la paix profonde offerte par le pardon du Christ, le recouvrement de la dignité d'enfant de Dieu, la vraie réconciliation avec soi-même et le prochain.
Beaucoup de personnes se plaignent de la difficulté de trouver des confesseurs disponibles ou du manque de temps prévu à cet effet, de sorte que la confession est sans cesse repoussée et que de nombreux croyants passent de longues périodes, voire même des années, sans recevoir ce sacrement.
Cela est peut être dû au manque de prêtres ou aux multiples activités pastorales de ceux-ci. Dans certains pays l'éloignement de la pratique du sacrement de réconciliation va de pair avec le manque de foi, ou d'autres raisons qui tiennent au contexte de sécularisation.
Cependant, cela devrait vraiment être une priorité du prêtre de consacrer du temps au sacrement du pardon et le temps qualitativement le plus précieux.
C'est vrai que cela demande de la part du prêtre une grande disposition au sacrifice, une disponibilité totale, la capacité de consacrer à cette activité, dans sa vie, une vraie priorité sacerdotale. Le temps consacré à la confession est un temps de grâce pour le croyant, mais, tout autant, pour le prêtre lui-même. L'Église offre des exemples merveilleux de confesseurs, qui furent de véritables martyrs du confessionnal...
Je pense ici au saint Curé d'Ars, à saint Léopold Mandic, à saint Pio de Pietrelcina, au père jésuite Felice Maria Capello, ici, à Rome et à beaucoup, beaucoup de grands et saints prêtres qui ont fait du confessionnal l'autel de leur sacerdoce.
Nous autres, prêtres, devons rendre visible notre disponibilité. Notre vraie disposition à accueillir la confession devrait être évidente pour tout le monde.
Le pape François relatait que l'histoire de son appel personnel remontait à une confession ; un peu par hasard, il était entré dans une église et avait vu un prêtre disponible pour confesser. Il avait alors ressenti le désir de s'approcher et de recevoir le pardon du Christ.
Cette rencontre d'amour avec le Seigneur avait transformé sa vie. Le résultat en avait été la conviction, profondément ressentie, qu'il devait passer sa vie à devenir lui-même serviteur de la miséricorde du Christ.
Les prêtres eux-mêmes se confessent. Cela vous est-il difficile ?
La difficulté, dont j'ai d'abord parlé pour les croyants, je la rencontre tout autant en ce qui nous concerne, nous, les prêtres. Nous avons été choisis par le Christ à partir d'un acte de son infinie miséricorde ; non à cause de notre sainteté, mais au contraire pour atteindre la sainteté, avec l'aide de sa grâce. Le pape François en a d'ailleurs fait la devise de son blason : « Miserando atque eligendo ».
Cet extrait d'un texte de saint Bède le Vénérable a ainsi commenté le fait que saint Matthieu ait été choisi et que l'on pourrait traduire par : « Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit : Suis-moi ». L'appel est un acte de miséricorde, voilà pourquoi toute notre vie est dédiée à la miséricorde : recevoir et faire miséricorde.
Comme tous, nous avons besoin du pardon du Christ et je dois dire que c'est très beau de recevoir le pardon du Christ d'un autre prêtre. En effet, un prêtre peut pardonner aux autres... mais pas à soi-même.
C'est beau de faire soi-même l'expérience du pardon divin et ce, à travers quelqu'un qui, étant lui-même pécheur, a pourtant été appelé comme serviteur de la miséricorde. Et cela ne nous est pas facile non plus de nous confesser, de reconnaître nos péchés, de les avouer, de mettre à nu toutes ces façons de vivre qui ne sont pas en accord avec l'Évangile, de réellement se convertir.
Mais lorsque l’on accueille vraiment le pardon, on reçoit largement la grâce sacramentelle, le sacerdoce porte alors des fruits inattendus, le désir de sainteté et de service de l'Église grandit et se purifie ; notre vie est plus riche de Dieu et, nous, nous nous effaçons.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui envisagent de se confesser pendant le Carême ?
Je leur recommanderais de rechercher les occasions pour recevoir le pardon du Christ. Beaucoup de paroisses organisent des fêtes liturgiques du pardon. Dans ce cadre, un examen de conscience est plus facile et des prêtres sont présents pour célébrer ce sacrement.
L’ouverture de l'âme, face à Dieu, à l'Église, aux frères et à de bons conseillers est alors possible.
Le prêtre reçoit, en tant que serviteur, la « grâce d'état » de donner le conseil adapté à la personne qui s'adresse à lui dans le confessionnal. Fort de mon expérience, je peux dire que Dieu nous éclaire de façon toute particulière dans le cadre de la confession.
Il en sort de nouvelles idées, de nouvelles motivations qui touchent les cœurs et les consciences de manière tout à fait inattendue. Dans la confession, la miséricorde de Dieu est à l’œuvre de façon merveilleuse, pour le serviteur comme pour le pénitent. Tout se passe comme si les cœurs étaient submergés par les grandes vagues de la grâce, jaillissant de la plaie béante du côté du Christ en croix.
J'avoue que voir l'action de la grâce divine renouveler bien des vies, de façon si profonde et si inattendue, me remplit toujours d'étonnement. Nous, les prêtres, ne sommes pas les acteurs principaux, mais de simples et humbles serviteurs du Christ, de sa miséricorde, de son pardon, de son amour.
http://www.regnumchristi.fr/articles/on-ne-doit-pas-avoir-honte-de-demander-pardon
Interview du P. Pedro Barrajón à propos de l'action salutaire du sacrement du pardon en période de Carême. Le P. Pedro Barrajón, LC est directeur de l’Institut Sacerdos et professeur de théologie dogmatique à l’université pontificale Regina Apostolorum de Rome.
Dans quel état d'esprit prenez-vous part - en tant que prêtre - au don du sacrement du pardon?
En tant que prêtre, je considère la possibilité d'entendre l'aveu d'un pénitent comme une grâce toute particulière. C'est un vrai cadeau de Dieu qui apporte un renouveau à notre existence de prêtre. De ce point de vue, cela peut devenir une mission qui n'est pas si simple, car cela exige une capacité d'écoute profonde, par laquelle nous donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque personne qui désire recevoir le pardon du Christ.
Être au service de la miséricorde de Dieu et apporter à l'une de ses brebis un amour qui puisse être semblable au sien suscite chez moi une profonde émotion spirituelle.
Je me souviens avec grande joie de quelques moments spirituels intenses, comme les JMJ ou les fêtes du pardon avec confessions individuelles, qui donnent aux pénitents la possibilité de recevoir la grâce de ce sacrement.
L'expérience de la rencontre des jeunes à l'occasion du grand Jubilé de l'an 2000 est encore très vivante dans mon souvenir. Un prêtre avait pris l'initiative de proposer publiquement aux jeunes participants la possibilité de se confesser. Au début, il y a eu quelques réactions négatives ; on parlait d'une sorte de refus de la confession et l’on disait que peu de jeunes gens viendraient. Les organisateurs ont soutenu l'initiative et j’ai été invité à y prendre part.
Nous sommes arrivés très tôt le matin au Circus Maximus, où des confessionnaux avaient été installés pour des centaines de prêtres et nous n'avons terminé que le soir, fatigués, mais heureux d'avoir été là, comme un instrument de l'amour et du pardon du Christ, pour de nombreux jeunes.
Des évêques étaient également présents, qui confessaient mais qui se sont aussi confessés. Des jeunes gens en préparaient d'autres à demander le pardon et se groupaient autour d'évêques et de prêtres pour bien préparer leur réconciliation.
Pour répondre à votre question, je pense que je me sens toujours très petit quand je confère ce sacrement car je me sais pécheur et sens mon incapacité à pardonner, en tant qu’homme pécheur, comme les autres.
Mais, parallèlement, mon cœur est empli d'une immense joie, inspirée par la force qui habite la foi et celle de la présence du Christ ressuscité. Ce Christ ressuscité vient pour renouveler l'âme, comme le bon berger qui reconnaît ses brebis et les appelle par leur nom.
Je ressens une sorte d'impulsion de l'Esprit, unie à une grande confiance et à un amour du Christ, qui nous pardonne au-delà de nos faiblesses, de nos péchés, de nos imperfections et de nos limites.
Je me souviens très bien que ma mère, dans mes premières années de prêtrise, me demandait un jour : « Cela ne te sera-t-il pas trop difficile d'entendre tant de misères humaines, comme c'est le cas dans la confession ?
» Presque sans y réfléchir, je lui ai répondu : « La miséricorde de Dieu, qui est capable de pardonner tant de misères, me remplit d’émerveillement ! »
Parfois les gens ont peur ou bien ils trouvent désagréable de se confesser. De ce fait ils en repoussent le moment ou bien se tiennent complètement à l'écart du sacrement. Quel conseil donneriez-vous à ceux qui ont ce sentiment ?
Ce n'est pas simple, d'aller se confesser ! Il s'agit de reconnaître ce qui est négatif en nous, devant un homme, qui est pécheur comme nous. Nous avons parfois un sentiment de honte ou de peur d'être jugé. Nous manquons de confiance dans le pardon que peut donner un autre pécheur. On sait bien, à ce propos, que le diable fait tout ce qu'il faut pour nous tenir éloignés du pardon du Christ.
Je crois que cette peur, qui nous conduit à nous éloigner de la confession ou à la repousser sans cesse, prend bien ses aises en nous tous, d'une manière ou d'une autre. Mais il faut la vaincre en contemplant l'amour miséricordieux du Christ qui l'a justement conduit à instituer ce sacrement pour nous, pécheurs. Il n'est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Le ressuscité est apparu aux apôtres et leur a dit :
« Recevez l'Esprit Saint, ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les maintiendrez, ils leur seront maintenus » (Jn 20, 22-23).
Il a souffert, est mort et est ressuscité pour nous transmettre ce cadeau du Père.
Il peut arriver que l'on rencontre des confesseurs plus stricts ou plus sévères qui provoquent une certaine peur. Nous n'avons pas tous le même caractère. Il y a des prêtres plus ouverts, d'autres plus réservés, ou plus ou moins prêts à échanger, mais nous devons tous avoir conscience que, lorsque nous donnons le sacrement du pardon, nous ne représentons pas seulement le Christ juge, mais aussi le bon berger, rempli de la miséricorde et de la bonté de Dieu.
Jésus nous a appelés à la confiance : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28).
Jésus vient panser nos plaies, les plus profondes d’abord, les plaies spirituelles. Mais il guérit aussi les autres, celles que nous causent la vie, les mauvaises habitudes, qui nous ôtent la vraie liberté. C'est parce que Jésus est plein d'amour et de miséricorde qu'il est aussi patient. Le prêtre devrait donc renvoyer l'image d'un père comblé de cette miséricorde, qui embrasse le fils perdu et fête son retour. Un prêtre, représentant du Christ, doit inviter le pénitent au pardon et à la contrition. Il doit clairement transmettre l'enseignement de l'Église, mais, comme Jésus l'a accompli, avec douceur, amour, miséricorde et patience.
Quand nous allons nous confesser, nous ne savons pas toujours ce que nous devons dire. Comment bien nous y préparer ? Que devons-nous avouer ?
L'aveu commence par un examen de conscience précis. En présence de Dieu, nous reviennent à l'esprit les péchés commis depuis la dernière confession. Ce sont les péchés mortels, les plus lourds, ceux qui ont le plus blessé le cœur du Christ qu'il nous faut avouer.
Pour faire un bon examen de conscience, il existe toutes sortes de méthodes : l'une d'elle est de mettre en rapport les commandements de Dieu et de l'Église, un à un, avec notre propre vie.
On peut aussi mettre en vis-à-vis nos péchés et les vertus (théologales ou cardinales). Ou encore nos péchés et les sept péchés capitaux.
Souvent – par la grâce de Dieu – nous ne commettons pas de graves péchés, mais tous ceux qui sont liés à notre faiblesse, les péchés véniels, peuvent être confessés et l'Église le recommande vivement car cela nous aide à accueillir la grâce de les vaincre efficacement et d'abandonner les mauvaises habitudes.
La grâce de la confession produit une profonde guérison de l'homme, grâce au débordement d’amour du Christ dans l'Esprit Saint.
Il est important d'examiner sans cesse les péchés qui blessent la miséricorde, car ils sont contraires au précepte d'aimer le prochain. Il ne faut pas non plus négliger d'évoquer les omissions, ce bien que l'on aurait pu faire mais que l'on n'a pas fait, par confort, indifférence, peur ou amour-propre.
Il existe des questionnaires qui permettent de se souvenir des principaux péchés. L'examen de conscience est très important, mais plus importante encore est la douleur causée par le péché, la contrition du cœur, la reconnaissance du tort causé et la volonté de ne plus le commettre à l'avenir, le désir de réparer, le projet ferme de mener une vie sainte, en union avec le Christ et au service de l'Église et du prochain.
La grâce du sacrement peut-elle guérir les blessures psychiques et affectives ?
Le sacrement du pardon soigne d'une façon toute spéciale les plaies infligées à l'âme par les différents péchés. Cela implique une composante de profonde guérison, y compris des plaies qui sont du domaine psychique ou affectif. Il ne faut pas oublier le fait que la personne est UNE, « corpore et anima unus ».
Par la guérison des plaies de l'âme, la confession nous prépare à une plus profonde guérison des autres plaies humaines, qu'elles soient d'ordre psychique ou affectif. Aujourd'hui, beaucoup de personnes ont été blessées à la suite de différentes expériences : le fait d'être abandonné, le manque d'une véritable affection, la vie dans des familles disloquées auxquelles manque une harmonie dans les relations.
La confession exerce un effet salutaire et atteint, à travers la personne, la nature-même de sa complexité. Cela ne signifie pas que la confession ne doit pas être accompagnée d'autres formes de thérapies, quand certains cas l'exigent. Cependant ces autres thérapies ne peuvent atteindre l'effet souhaité quand manque au cœur la paix profonde offerte par le pardon du Christ, le recouvrement de la dignité d'enfant de Dieu, la vraie réconciliation avec soi-même et le prochain.
Beaucoup de personnes se plaignent de la difficulté de trouver des confesseurs disponibles ou du manque de temps prévu à cet effet, de sorte que la confession est sans cesse repoussée et que de nombreux croyants passent de longues périodes, voire même des années, sans recevoir ce sacrement.
Cela est peut être dû au manque de prêtres ou aux multiples activités pastorales de ceux-ci. Dans certains pays l'éloignement de la pratique du sacrement de réconciliation va de pair avec le manque de foi, ou d'autres raisons qui tiennent au contexte de sécularisation.
Cependant, cela devrait vraiment être une priorité du prêtre de consacrer du temps au sacrement du pardon et le temps qualitativement le plus précieux.
C'est vrai que cela demande de la part du prêtre une grande disposition au sacrifice, une disponibilité totale, la capacité de consacrer à cette activité, dans sa vie, une vraie priorité sacerdotale. Le temps consacré à la confession est un temps de grâce pour le croyant, mais, tout autant, pour le prêtre lui-même. L'Église offre des exemples merveilleux de confesseurs, qui furent de véritables martyrs du confessionnal...
Je pense ici au saint Curé d'Ars, à saint Léopold Mandic, à saint Pio de Pietrelcina, au père jésuite Felice Maria Capello, ici, à Rome et à beaucoup, beaucoup de grands et saints prêtres qui ont fait du confessionnal l'autel de leur sacerdoce.
Nous autres, prêtres, devons rendre visible notre disponibilité. Notre vraie disposition à accueillir la confession devrait être évidente pour tout le monde.
Le pape François relatait que l'histoire de son appel personnel remontait à une confession ; un peu par hasard, il était entré dans une église et avait vu un prêtre disponible pour confesser. Il avait alors ressenti le désir de s'approcher et de recevoir le pardon du Christ.
Cette rencontre d'amour avec le Seigneur avait transformé sa vie. Le résultat en avait été la conviction, profondément ressentie, qu'il devait passer sa vie à devenir lui-même serviteur de la miséricorde du Christ.
Les prêtres eux-mêmes se confessent. Cela vous est-il difficile ?
La difficulté, dont j'ai d'abord parlé pour les croyants, je la rencontre tout autant en ce qui nous concerne, nous, les prêtres. Nous avons été choisis par le Christ à partir d'un acte de son infinie miséricorde ; non à cause de notre sainteté, mais au contraire pour atteindre la sainteté, avec l'aide de sa grâce. Le pape François en a d'ailleurs fait la devise de son blason : « Miserando atque eligendo ».
Cet extrait d'un texte de saint Bède le Vénérable a ainsi commenté le fait que saint Matthieu ait été choisi et que l'on pourrait traduire par : « Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit : Suis-moi ». L'appel est un acte de miséricorde, voilà pourquoi toute notre vie est dédiée à la miséricorde : recevoir et faire miséricorde.
Comme tous, nous avons besoin du pardon du Christ et je dois dire que c'est très beau de recevoir le pardon du Christ d'un autre prêtre. En effet, un prêtre peut pardonner aux autres... mais pas à soi-même.
C'est beau de faire soi-même l'expérience du pardon divin et ce, à travers quelqu'un qui, étant lui-même pécheur, a pourtant été appelé comme serviteur de la miséricorde. Et cela ne nous est pas facile non plus de nous confesser, de reconnaître nos péchés, de les avouer, de mettre à nu toutes ces façons de vivre qui ne sont pas en accord avec l'Évangile, de réellement se convertir.
Mais lorsque l’on accueille vraiment le pardon, on reçoit largement la grâce sacramentelle, le sacerdoce porte alors des fruits inattendus, le désir de sainteté et de service de l'Église grandit et se purifie ; notre vie est plus riche de Dieu et, nous, nous nous effaçons.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui envisagent de se confesser pendant le Carême ?
Je leur recommanderais de rechercher les occasions pour recevoir le pardon du Christ. Beaucoup de paroisses organisent des fêtes liturgiques du pardon. Dans ce cadre, un examen de conscience est plus facile et des prêtres sont présents pour célébrer ce sacrement.
L’ouverture de l'âme, face à Dieu, à l'Église, aux frères et à de bons conseillers est alors possible.
Le prêtre reçoit, en tant que serviteur, la « grâce d'état » de donner le conseil adapté à la personne qui s'adresse à lui dans le confessionnal. Fort de mon expérience, je peux dire que Dieu nous éclaire de façon toute particulière dans le cadre de la confession.
Il en sort de nouvelles idées, de nouvelles motivations qui touchent les cœurs et les consciences de manière tout à fait inattendue. Dans la confession, la miséricorde de Dieu est à l’œuvre de façon merveilleuse, pour le serviteur comme pour le pénitent. Tout se passe comme si les cœurs étaient submergés par les grandes vagues de la grâce, jaillissant de la plaie béante du côté du Christ en croix.
J'avoue que voir l'action de la grâce divine renouveler bien des vies, de façon si profonde et si inattendue, me remplit toujours d'étonnement. Nous, les prêtres, ne sommes pas les acteurs principaux, mais de simples et humbles serviteurs du Christ, de sa miséricorde, de son pardon, de son amour.
http://www.regnumchristi.fr/articles/on-ne-doit-pas-avoir-honte-de-demander-pardon