Gilles- Responsable information catholique
- Messages : 13431
Date d'inscription : 22/01/2016
Age : 69
Localisation : Ville de Québec - P.Q. Canada
Idéal : Mourir en étât de grâce !
Saint intercesseur : La Sainte Trinité - La Vierge Marie et mon ange-gardien
par Gilles Sam 7 Déc - 15:35
Pourquoi est-on si mal à l'aise à l'approche des fêtes, pourquoi le corps produit-il tant de malaises en fin d'année ?
Les angoisses de Noël se résument par un état de mal être à l'approche des fêtes de Noël. Cela est essentiellement dû à tous les stress émotionnels inscrits en nous et qui ont été refoulés depuis l'enfance, essentiellement.
Le creuset émotionnel par lequel nous sommes quasiment obligés de transiter chaque année, le 24 décembre, pour "fêter" la commémoration de la naissance de Jésus est une épreuve difficile voire insurmontable pour nombre d'entre nous.
Ce dîner, ce repas pantagruesque, cette réunion familiale où l'on retrouve, telle une madeleine de Proust, nos peurs, nos craintes, nos conflits n'est pas si apprécié qu'on le croit.
Pourquoi est-on si mal à l'aise à l'approche des fêtes, pourquoi le corps produit-il tant de malaises en fin d'année?
Il faut se poser les bonnes questions pour aller à la rencontre de soi-même et comprendre le chemin à emprunter pour entamer sa résilience .
Quels sont les activateurs, quels sont les éléments qui vont réveiller en nous des sentiments de malaise, de nostalgie, de déprime, de colère, de révolte, d'opposition à la fête, de honte, d'insatisfaction, de dévalorisation, de frustration, car c'est bien de cela qu'il s'agit ?
Le réveillon de Noël peut enclencher, tout à fait inconsciemment, des sentiments qui vont se répercuter sur notre état physique et mental.
Ce qui ne s'exprime pas s'imprime et si nous ne pouvons exprimer nos sentiments et nos frustrations, nous allons transformer ce que les mots ne disent pas en maux.
Si on recense brièvement quelles sont les stimulations visuelles, olfactives, auditives liées à la fête de Noël on pourra relever les musiques, les chansons (Douce nuit, Petit papa Noël, divers chants de Noël...), les sapins décorés de boules et de guirlandes, les odeurs très particulières des conifères, le repas et la dinde, les agrumes, les massepains, confiseries, la bûche (pâtisserie) de Noël, traditionnel dessert.
Toutes ces odeurs, ces musiques, ces stimulations nous mettent en condition et réveillent notre âme d'enfant.
Là est le problème, car l'enfant intérieur va vibrer avec un certain tropisme en relation avec les souvenirs heureux ou malheureux de l'enfance, du passé.
Certains nostalgiques diront: "Ah que c'était bien quand j'étais petit, ce n'est plus comme avant".
D'autres diront: "C'est honteux de voir toute cette orgie alors que tant de sans domicile fixe(SDF) vivent dans la réclusion, dans la pauvreté et nous nous goinfrons sans scrupules alors que nous sommes censés fêter la naissance de Jésus, le guide spirituel de la religion catholique, chrétienne".
D'autres seront mal à l'aise car ils ne peuvent offrir des cadeaux "acceptables", ils ne peuvent rivaliser avec les autres membres de la famille qui sont financièrement plus aisés, ils n'ont pas la chance d'avoir un emploi et sont honteux de leur situation sociale.
Si la valeur du cadeau qu'on reçoit détermine notre valeur personnelle, pourquoi ne pas instaurer un Noël sans cadeau?
Pour les réfractaires aux normes, aux fêtes imposées aux dates imposées pourquoi ne pas changer la date du réveillon et l'organiser une semaine ou un mois plus tard? (je connais des familles qui fêtent Noël le premier samedi de janvier, par facilité, car cela permet d'échapper aux embouteillages, aux grands flux migratoires, à cette transhumance annuelle où les enfants éparpillés aux quatre coins du globe rejoignent leur famille pour la fête incontournable, inévitable).
Le retour à la famille, le retour vers les frères, les sœurs, les complicités, les hostilités avec les parents toujours arbitres n'est pas chose aisée, surtout si on n'a pas fait une minimum d'introspection, de travail sur soi et que ces conflits sont toujours ancrés en soi, que les colères non-exprimées, refoulées resurgissent après quelques apéros, malgré soi.
On se dit que c'est la faute à l'alcool, que cela ne se reproduira plus , mais on a une très grosse appréhension quand la date fatidique approche et on redoute l'affrontement, le repas, la rencontre et le stress monte, en dépit du bon sens.
On pourrait éviter d'y aller: pour certains, c'est la solution idéale et la grippe diplomatique produit encore ses meilleurs effets.
On pourrait aussi prendre du recul sur "l'histoire familiale" et prendre conscience que l'enfant blessé peut réparer et panser ses plaies, effectuer sa résilience en réalisant qu'il est un être responsable, valable, valorisé par sa propre famille, celle qu'il a construite formée par son épouse et ses enfants.
Le piège de ce creuset émotionnel que constitue le repas de Noël est de se laisser entraîner dans ces madeleines de Proust et de laisser les émotions prendre le dessus sur la raison.
On sait que l'amygdale (structure nerveuse dans le cerveau limbique qui vibre avec la peur, le danger) supplante le cortex lors de stress intense et provoque la perte de contrôle. Les souvenirs douloureux liés à la maltraitance qu'elle soit physique ou morale, peuvent resurgir comme des tsunamis quand on est remis en situation.
Ce repas, qui peut ressembler parfois à un règlement de comptes, peut effectivement nous faire marcher à reculons et la joie n'est pas toujours présente au fond de nous.
Si on se rend dans un restaurant avec l'idée préalable de critiquer le cuisinier, le serveur, le voiturier il est quasi certain que le repas ne sera pas réussi.
Si en plus on doit s'en prendre aux autres clients aux tables voisines, cela risque de se terminer en pugilat.
Le repas de Noël, avec tous les compromis que cela comporte, est aussi un repas de retrouvailles, où certains se régénèreront pour l'année à venir.
Il est intéressant d'envisager la chance de ne pas être seul, même si on n'est pas dans la perfection, l'union fait quand même la force.
Pour les parents, c'est aussi une fierté de rassembler tout le monde autour d'une table, malgré les disparités, les différences, les oppositions, les divergences de vue.
Même si l'éducation a été identique pour tous les enfants, chacun a évolué personnellement et les débats ne vont pas toujours dans la même direction.
Il faut aborder ce repas familial, que je considère aussi comme une assemblée générale où on dresse inévitablement le bilan de l'année écoulée, avec beaucoup de courage parfois, car les résultats scolaires de nos enfants ne sont toujours florissants et intéressants à exposer, on doit parfois annoncer une rupture, un divorce, ...
Il faut être en accord avec soi-même, être en équilibre, ne pas se soucier du regard des autres, d'autant plus que ces regards familiers, familiaux, s' accordent le droit suprême de vous juger, de vous évaluer.
Les isolés, les sans domicile fixe, les clochards, les fracturés de la vie ont de la peine de se sentir exclus quand les familles se réunissent dans le monde entier.
Noël est ressenti comme une gifle à leur statut, leur état de rupture avec la société conventionnelle. D'autres exclus, isolés, avec maison et emploi et salaire consistant peuvent se sentir seuls car sans famille, divorcés, en dispute...
Une solution d'entraide existe par le biais d'associations humanitaires, sociales qui permettent aux plus démunis de recevoir un repas et les gens seuls peuvent, l'espace d'un soir, bénévolement, aller servir ces repas et offrir leur présence empathique.
Le partage de deux solitudes est parfois la solution par la création d'une rencontre bénéfique, d'un moment de bonheur.
Chaque Noël est particulier: chaque année colore le réveillon à sa façon.
Les Noël de notre enfance ne seront plus aussi magiques, car nous les avons vécus avec notre regard d'enfant. La nostalgie du passé est aussi un obstacle à vivre le moment présent. Carpe Diem Ici et maintenant. Voilà la solution !
Restons des enfants dans notre façon de regarder le monde, mais ne le regardons pas "dans notre rétroviseur".
Ayons de la compassion pour nos frères et sœurs, soyons heureux de leurs progrès, de leur bonheur, de leur réussite.
Partageons leur joie et ne nous assombrissons pas sur nos difficultés passagères.
Noël est un moment de réconfort, de partage.
Cultivons le bonheur d'avoir encore nos parents et de fleurir cet instant de notre présence.
Pour les personnes qui ont perdu un proche et qui ne peuvent supporter l'absence de l'enfant ou du parent décédé, il est difficile de masquer la peine et la souffrance. Il faut parfois deux ans (deux réveillons) avant que cela devienne moins pénible.
Certains préfèrent éviter la fête et projettent un voyage à l'étranger, au soleil.
Pour certains, le budget exorbitant constitue un frein énorme : le repas, les cadeaux, la tenue vestimentaire, les feux d'artifice, les pétards...
Je conversais un jour avec une dame qui avait trouvé une solution toute simple: elle invitait tous ses amis, famille et autour d'une table, ils dégustaient un bon spaghetti, tous ensemble, cadeaux interdits formellement.
Elle a compris le vrai sens de la fête de Noël qui passe par le partage, l'agape.
Nous avons tous un passé et certaines cases du puzzle sont troubles, des refoulements suites à des chocs émotionnels non exprimés subsistent en nous et certains événements tels la fête de Noël sont susceptibles de stimuler notre inconscient et faire remonter à la surface nos peurs, nos craintes, nos conflits qui couvaient en attendant une occasion se manifester.
On peut se rendre tout simplement chez ses parents, sans penser à rien, pour profiter de cette belle soirée de réveillon , en espérant que rien ne surgisse... ou alors se préparer psychologiquement, émotionnellement en allant à la recherche de nos conflits intérieurs et régler notre problème avec nous mêmes et être en état de se confronter aux émotions refoulées de notre passé car nous les aurons résolues entre nous et nous.
_________________
"Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles." (Apocalypse 21:4-5)