Au secours du clergé français
En juillet 1628, la préoccupation de l’évêque de Beauvais face à l'ignorance des prêtres le pousse à , inviter Monsieur Vincent à réfléchir au meilleur moyen de régénérer le clergé de Français.
Il inaugures des retraites d'ordinands pour préparer les futurs prêtres à recevoir les ordres. En 1633, il met sur pied les Conférences des mardis, destinées aux prêtres souhaitant "s'entretenir des vertus et des fonctions de leur état".
"Quand attentifs, nous l'écoutions parler dans quelque conférence, nous sentions s'accomplir en lui ce mot de l'apôtre : si quelqu'un parle, que ses paroles soient comme des paroles de Dieu", témoigne Bossuet.
En 1641, Monsieur Vincent ouvre un grand séminaire à Annecy, sensiblement en même temps que la fondation de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice par Jean-Jacques Olier. Pour Vincent, le prêtre a pour mission non pas de rappeler au peuple les pratiques de la religion, mais plutôt de les inviter à persévérer dans la fidélité à leurs devoirs.
Entre temps, grâce aux missions, les Confréries de la Charité se sont multipliées. Pour aider les Dames dans le service corporel des pauvres, de simples "filles de village" se sont présentées. Louise de Marillac les regroupe en novembre 1633 ; ce seront les Filles de la Charité (appelées aussi soeurs de Saint-Vincent-de-Paul).
À partir de 1632, les guerres dévastent les provinces, la Lorraine d'abord, puis l'Ile-de-France, la Picardie, la Champagne. Monsieur Vincent y organise inlassablement les secours. Dès 1639, il recueille les enfants trouvés – un par jour en moyenne –, crée un foyer pour les mendiants et un autre pour les vieillards. Il se lance dans des fondations en Irlande et en Pologne. Les terres non chrétiennes l'appellent : l'Afrique du Nord, puis Madagascar. La reine Anne d’Autriche l’appelle au Conseil de Conscience qui nomme évêques et abbés.
L'oeuvre de Vincent de Paul s'est construite sans plan d’ensemble, sans illumination miraculeuse. Travaillant passionnément à partir des réalités qui s’imposent à lui, toujours en lien avec d’autres, hommes et femmes, il cherche simplement à répondre aux besoins de son temps, notamment dans deux secteurs décisifs pour tout l’apostolat de l’Église : les pauvres et le clergé.
Contre les grands sentiments
Monsieur Vincent cherche à se rendre totalement présent à la misère humaine, en s'appuyant sur Dieu et non sur lui-même. Durant toute sa vie, il dénonce sans ménagement les grands sentiments et les bonnes intentions sans engagement tangible. Convaincu que "les vertus méditées et non pratiquées sont plus nuisibles qu’utiles", il invite à joindre l’amour du prochain à l’amour de Dieu, à unir l’amour affectif et l’amour effectif : la charité pour le prochain tient une place essentielle dans la vie spirituelle.
Le corps épuisé, mais l'esprit et le coeur toujours vifs et inventifs – "L'amour est inventif jusqu'à l'infini", dit-il à propos de l’eucharistie - il meurt, à 79 ans, le 27 septembre 1660. Sa mort est ressentie par tous comme celle d’un saint et une foule nombreuse, mêlant aristocrates et gens du peuple, se presse à ses obsèques. "Il a presque changé le visage de l'Église !", résume Henri de Maupas du Tour dans son oraison funèbre. Vincent est béatifié, puis canonisé par le pape Benoît XIII en 1737 et déclaré patron des instituts de charité.
Les oeuvres de Vincent de Paul ont continué leur prodigieux développement au cours des siècles, se propageant dans le monde entier. Les prêtres de la Congrégation de la Mission et les Filles de la Charité travaillent aujourd’hui sur tous les continents. Partout des bénévoles réunis en confréries de la Charité, comme les Équipes Saint-Vincent, la Société de Saint-Vincent-de-Paul, fondée par Frédéric Ozanam, et bien d’autres, se mettent au service des plus pauvres pour évangéliser en paroles et en actes.
LA VIE ET L’ŒUVRE DE SAINT VINCENT
Il est vain de vouloir énumérer tous les événements d’une vie aussi bien remplie, nous ne retiendrons donc que quelques dates phares :
En 1613, Vincent entre, comme précepteur, dans l’illustre famille des Gondi.
En 1617, Vincent rencontre la pauvreté spirituelle et matérielle et décide de changer de vie pour prendre le parti des pauvres. Devenu curé de Chatillon-les-Dombes (en Bresse), il y établit la première Confrérie de la Charité en déclarant : « J’ai voulu donner aux femmes un ministère dans l’Eglise, le ministère de la charité ». Ces « Charités » se multiplient rapidement. Elles sont devenues aujourd’hui les Équipes Saint-Vincent, formées de femmes bénévoles travaillant dans des actions de proximité, auprès de personnes en précarité pour les accompagner sur un chemin de réinsertion.
En 1619, Vincent reçoit la charge d’aumônier réal des galères. Le traitement que subissent les galériens le révolte ; il réclame qu’on les traite comme des hommes, et lui-même leur montre respect et amitié ; beaucoup comprennent alors qu’ils sont aimés de Dieu, malgré leurs vols et leurs crimes.
En 1625, Vincent signe le contrat de fondation de la Congrégation de la mission (Lazaristes). La société des prêtres et des frères (laïcs) de la mission a pour but essentiel de suivre le Christ, évangélisateur des pauvres. En lien avec le clergé diocésain, elle est présente à travers différentes formes d’évangélisation : les missions paroissiales itinérantes, la formation de ses futurs prêtres et les missions dans les pays pauvres. Du temps de Vincent, des missionnaires s’établissent à Tunis et Alger pour racheter les esclaves chrétiens, d’autres sont envoyés à Madagascar, puis la Congrégation s’établit en Pologne.
En 1628, Vincent prêche aux Ordinands une retraite à la suite de laquelle il se consacrera activement à la formation du clergé. Ainsi rassemble-t-il et forme-t-il des prêtres avec l’aide de Mr Olier, dans des écoles appelées « séminaires ». Il organise ensuite les conférences des mardis où se retrouve régulièrement l’élite du clergé de son temps.
En 1633, Vincent et Louise de Marillac fondent la Compagnie des Filles de la Charité : elle réunit des servantes des pauvres « toutes données à Dieu pour le service corporel et spirituel des pauvres » ; 6 ans après, il envoie les Filles de la Charité à l’hôpital d’Angers et organise les secours en faveur de la Lorraine ravagée par la guerre.
En 1638, Vincent prend en main l’œuvre des enfants trouvés.
Puis, jusqu’à ce qu’il s’éteigne, épuisé, le 27 septembre 1660 à l’aube, on le voit partout, y compris auprès des grands de ce monde, toujours au service de la paix : Richelieu, dont il est membre du « Conseil de Conscience », la Reine Anne d’Autriche, Mazarin…Louise de Marillac le précéda de quelques mois dans la mort. Les restes du corps de Saint Vincent sont vénérés à Paris, en la chapelle des Lazaristes. Il sera proclamé saint par le pape Clément XII, le 16 juin 1737
Quelques citations de Saint Vincent de Paul :
La charité fraternelle est le paradis des sociétés religieuses.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
La charité fraternelle est le sceau de notre prédestination puisqu'elle montre que nous sommes de vrais disciples de Jésus-Christ.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Le Paradis de la terre est comme celui du Ciel dans la charité.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
La charité est la robe nuptiale sans laquelle on ne saurait plaire à Dieu.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Lorsqu'on s'endort avec une bonne pensée, cette pensée garde le cœur des mauvaises.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Jamais Dieu n'appelle une personne à un emploi qu'il ne voie en elle les qualités propres pour s'en acquitter, ou qu'il n'ait dessein de les lui donner.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Par l'union et par le conseil, on vient à bout de tout.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Il n'est rien de plus désirable, ni de plus délicieux, que de vivre avec ceux qu'on aime.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Le vrai obéissant croit toujours un commandement bien fait.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Ne rien faire que par inclination, c'est vivre et agir comme les bêtes.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
La charité est l'âme des vertus ; c'est la charité qui les attire, et surtout qui les garde.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Tout ce qui est dans l'ordre est selon Dieu, et tout ce qui n'y est pas n'est pas selon Dieu.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Dieu a prié pour ses bourreaux , et, cependant, il a dit qu'il ne priait pas pour le monde. Il avait donc plus d'horreur du monde que de ses bourreaux.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Comme l'eau éteint le feu, de même l'envie tue la charité.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Les pauvres ! oh que ce sont de grands seigneurs au ciel !
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Le savoir sans humilité a toujours été pernicieux à l'Eglise, et, comme l'orgueil a précipité les anges rebelles, il cause souvent la perte des hommes savants. Le plus ignorant des démons en sait plus que le plus subtil philosophe et le plus profond théologien.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)
Dieu nous place dans la nécessité de faire des choses au-dessus de nos forces.
Saint Vincent de Paul ; Les maximes spirituelles (posthume, 1576)