Bonjour,
@Sofoyal m'a demandé, ci-dessus, un avis plus en profondeur sur la question et jusqu'ici, j'ai surtout rappelé ce que l'Église demande pour la réception de la communion et de quelle manière l'évêque dans la vidéo ci-dessus a désobéi à ces exigences.
Je vais essayer, maintenant, de répondre plus en profondeur. J'utiliserai exceptionnellement quelques sous-titres pour rendre plus lisible ce long message.
La question de la réception de l'Eucharistie dans le contexte actuel difficile de l'Église est une question nuancée qui soulève tant de questions.
Historique
Afin de nous pencher sur notre situation présente, nous devons savoir d'où nous venons sur le plan de la liturgie.
Depuis des siècles, avant les changements liturgiques souvent improvisés qui ont suivi le Concile Vatican II, la discipline des sacrements était suivie de façon uniforme dans toute l'Église. Aucune divergence n'était acceptable et tolérée. On pouvait donc voyager un peu partout dans le monde et vivre la messe exactement de la même manière, sans originalités, improvisations, etc.
Suite aux bouleversement d'après Concile, malgré la tentative de Rome de faire respecter le nouveau missel et de donner des consignes claires sur la façon de réciter la messe dite de Paul VI, les originalités et improvisations durant la messe, bien qu'interdites par Rome, sont pour ainsi dire devenues la norme.
Les innovations et interprétations locales fusèrent de toutes parts, et cela durant toutes les parties de la sainte messe. Cela toucha également le grand moment de la réception de l'Eucharistie, et c'est dans ainsi que s'installa à certains endroits une nouvelle pratique non prévue par Rome qu'était la réception de la communion sur la main.
Au début, cette façon de faire était pratiquée même si interdite, mais rapidement, sous la pression de certaines conférences épiscopales, Rome tenta d’accommoder cette nouvelle pratique en la permettant sous certaines conditions.
La communion à genoux et sur la langue demeurait la façon "normale" de recevoir l'Eucharistie, mais la réception debout et dans la main devenait permise avec une permission spéciale de Rome si celle-ci était demandée par la conférence des évêques locale.
C'est pourquoi il existe certains diocèses dans le monde où la communion dans la main n'est pas du tout permise, car aucune permission ne fût demandée par les évêques locaux pour instaurer cette pratique.
L'esprit et la lettre
On peut se demander si en réfléchissant sur cette question, on ne passe pas à côté de l'Essentiel. En effet, il y a un danger, lorsqu'on médite sur ce sujet, de nous retrouver
à l'extérieur, dans la forme plutôt que dans le fond, perdant de vue l'Essentiel, qui est de recevoir et de faire fructifier en nous ce Don inouï qu'est l'Eucharistie.
Ici, c'est Jésus qui se donne tout entier à notre âme, avec son Corps, son Âme, son Sang et sa Divinité, afin de nous transformer à Son image.
Ce miracle grandiose qui a le pouvoir de transformer le Monde est si mal compris! Combien le reçoivent si peu dignement
de l'intérieur en communiant, par exemple, en étant conscient que leur âme n'est pas en état de grâces et sans s'être confessé auparavant pour la rendre digne de recevoir en elle Jésus-Hostie.
Car oui,
recevoir l'Eucharistie en état de grâces est la chose la plus importante que nous devons, chacun de nous individuellement, nous assurer d'accomplir en recevant ce grand Sacrement.
Si nous réfléchissons trop à la question de recevoir le sacrement sur la langue ou dans la main, debout ou à genoux, mais que pendant ce temps là, notre âme est en état de péché mortel, nous passons à côté de l'Essentiel, nous vivons une religion extérieure alors que tout, dans la religion chrétienne, nous pousse à vivre notre vie spirituelle de l'intérieur, car
"la lettre tue, mais l'esprit vivifie".
Corps et âme sont liés
Pourtant, une fois que nous avons bien compris combien l'intérieur doit toujours primer sur l'extérieur, et l'esprit sur la lettre, la façon de vivre la liturgie et la réception des sacrements n'est pas à négliger pour autant.
Nous avons été créés corps et esprit, et certains gestes de notre corps disposent intérieurement notre âme à vivre selon cet esprit d'humilité et de dévotion que nous recherchons.
Nous réalisons à quel point le corps est lié à l'âme lorsque, par exemple, dans les moments les plus intenses de prière, nous nous mettons spontanément à genoux, front contre terre, etc.
Ainsi, à travers les siècles, l'Église a instauré la liturgie en tenant compte de cette réalité. Les moments les plus solennels de la messe, comme la Consécration et l'élévation de Jésus-Hostie, se vivent à genoux, tandis que d'autres moments comme la lecture de l'Évangile se vivent debout, etc.
Depuis des siècles, avant les bouleversements qui ont suivi le Concile, la réception de l'Eucharistie se faisait sur la langue et à genoux, afin de disposer les âmes des fidèles à entrer dans une profonde adoration, dans la reconnaissance intérieure de la grandeur de ce Sacrement, de ce Don inouï qui nous est fait. Recevoir l'hostie sur la langue nous rappelle notre indignité face à Dieu et pousse notre âme à se plonger toujours plus dans une profonde humilité au moment de recevoir le Seigneur en nous.
On le voit aujourd'hui maintenant que ces normes ont disparu un peu partout en occident, il n'est pas rare que des fidèles se présentent pour recevoir le Sacrement en étant distraits, communiant avec une nonchalance bien visible de l'extérieur. Cela peut conduire, éventuellement, à une banalisation de l'Eucharistie dans l'esprit des fidèles, et à une perte de la foi dans la Présence réelle de Jésus dans le Saint Sacrement.
Il est important de réaliser que cette discipline voulue par l'Église pendant des siècles
était un moyen extérieur afin de parvenir à des dispositions intérieures. Autrement dit, il est possible, dans les circonstances actuelles, de nous approcher de la communion en disposant notre âme dans un profond esprit d'humilité, d'adoration, de prière.
Beaucoup d'âmes vivent ainsi les choses, et là est l'essentiel.
Comment agir dans la confusion présente?
Comment vivre la réception du Sacrement de l'Eucharistie, dans la confusion actuelle qui sévit en ce moment dans l'Église?
Fondamentalement, la responsabilité de la liturgie incombe à la Sainte Église. Dans certaines révélations privées, le Seigneur semble indiquer qu'il souhaite un retour à une réception de l'Eucharistie telle qu'elle existait auparavant.
Cependant, c'est à nos pasteurs qu'incombe la responsabilité d'écouter ce que l'Esprit-Saint dit à l'Église en notre temps.
Entre temps, du côté des fidèles, notre seule responsabilité est de nous placer dans l'obéissance à ce qui est actuellement demandé et permis par l'Église.
En ce moment, dans la plupart des diocèses, il est permis de recevoir la communion tant sur la langue que dans la main, tant à genoux que debout. Tout fidèle qui reçoit la communion d'une façon ou de l'autre n'est pas en faute face à Dieu, étant donné qu'il obéit à ce que permet l'Église.
Il serait en faute face à Dieu, toutefois, s'il ne recevait pas l'Eucharistie en état de grâces.Cependant, cette confusion actuelle et cette possibilité qui est donnée aux fidèles de choisir leur mode de réception de l'Eucharistie devrait, éventuellement, disparaître, car malheureusement, les dispositions actuelles peuvent facilement nous pousser vers les distractions et les questionnements extérieurs plutôt qu'intérieurs.
Les fidèles ne devraient pas avoir à choisir, mais seulement à obéir à la façon de recevoir les Sacrements demandée par l'Église. Ainsi, lors du moment de la réception de l'Eucharistie, le fidèle n'aurait pas à se questionner sur le moment où il se mettrait à genoux, si le prêtre serait compréhensif face à tel positionnement, etc., mais seulement à disposer intérieurement son âme à la réception de l'Eucharistie.
La liturgie bien définie, expurgée de toutes ouvertures aux initiatives et innovations personnelles, permet aux âmes d'entrer à l'intérieur d'elles-mêmes, et de s'unir à Dieu dans une prière et un recueillement fervent.
C'est mon souhait comme ce le fut par exemple pour le pape Benoît XVI qui exprimait ce désir que dans un futur proche, une réforme clarifie les choses et corrige les excès et les zones floues qui existent depuis l'instauration de la nouvelle liturgie.
Cela nous amène à cette vidéo qui est partagée ci-dessus. Que penser de l'action de l'évêque et de la réaction des fidèles?
Du côté de l'évêque, les choses sont claires, il y a désobéissance à ce que demande l'Église. Celui-ci est en tort.
Maintenant, du côté des fidèles, comment réagir face à cet écart de la part de l'évêque? Ne vaudrait-il pas mieux recevoir l'Eucharistie plutôt que de quitter? Car en effet, ici, à première vue, on semble privilégier la forme plutôt que le fond.
Ne vaut-il pas mieux recevoir le Roi des rois à l'intérieur de nous, afin qu'Il vienne transformer notre âme, plutôt que de repartir bredouille sans cette nourriture céleste?
Dans une situation où une décision doit être prise très rapidement, je ne sais pas de quelle façon j'aurais réagi. Je crois que j'aurais probablement fait comme la première fidèle, qui s'est levée pour recevoir l'Eucharistie.
Cependant, je peux imaginer que d'autres fidèles, particulièrement sensibles à la façon digne pour ceux-ci de recevoir Notre-Seigneur, se soient sentis incapables de renoncer à cette conviction, d'autant plus qu'ils devaient faire ce choix très rapidement. Ceux-ci auraient pu avoir l'impression d'offenser Notre-Seigneur en le recevant debout, par exemple. Peut-être ont-ils choisi d'aller faire la file dans une autre ligne où on leur aurait donné la communion à genoux, ce qui ne nous est pas donné de savoir dans cette courte vidéo.
L'évêque a malheureusement désobéi à l'Église, mais celui-ci n'est pas le premier. Tant d'innovations illicites sont faites dans toutes les parties de la messe chaque jour, partout dans le monde.
Cela vient de l'esprit de rébellion qui s'est installé dans le Monde et dans l'Église. La contestation de l'autorité du Saint-Père s'est fortement répandue, durant ces dernières décennies, rendant très difficile de rétablir l'ordre et la clarté dans la liturgie.
Il faut donc prier pour l'Église, pour nos prêtres, pour nos évêques, afin que les coeurs reviennent à l'humilité, à l'obéissance, à la sainteté.
C'est seulement en faisant un seul Corps en Jésus que l'Église pourra, d'une seule voix, réparer ce qui est brisé et clarifier cette confusion qui règne en ce moment dans l'Église et dans le Monde.
Fraternellement,
Emmanuel