Merci pour cet article très intéressant !
Je me permets de vous faire aussi part de ma réflexion, à ce propos, car ce sujet m'a déjà intriguée par le passé. C'est un peu long, mais n'hésitez pas à me faire part de votre avis, surtout s'il vous semble que je fais fausse route.
En partant du principe qu'on a tous le péché originel, on ne peut pas entrer dans le Royaume des Cieux si on a son empreinte en nous. On doit en effet être immaculé et saint pour entrer dans le Paradis et pas la plus petite trace d'impureté ne doit demeurer dans notre âme.
Le baptême a pour effet d'effacer en nous le péché originel qu'on hérite d'Adam, et il efface bien sûr tous les autres péchés qu'on a pu connaître dans notre vie. Grâce au Sacrement, on retrouve ainsi notre âme telle qu'elle a été conçue par Dieu à l'origine, belle et immaculée comme au premier instant de notre vie.
Sur cette base, je me suis interrogée sur plusieurs points.
1) Toutes les âmes des justes, avant la Rédemption du Christ, ne pouvait pas entrer dans le Paradis, puisque celui-ci était fermé et Jésus devait le rouvrir en nous donnant la Grâce. En plus, toutes ces personnes n'avaient pas connu le baptême. Comment donc pouvaient-elles entrer dans le Paradis ? Où allaient-elles en attendant le Seigneur ?
2) Ensuite, qu'en allait-il pour toutes les personnes de notre temps, par exemple, qui ne croient pas, qui n'adorent pas et n'espèrent pas en Dieu, et qui n'ont pas reçu le baptême ? Ces personnes peuvent être athées sans mauvaise foi, parce qu'elles ont simplement grandi dans ce milieu. Sont-elles pour autant mauvaises ? Bien sûr que non. Le Seigneur a dit aux pharisiens que même les prostituées et les publicains les dépasseraient au Royaume des Cieux. Il en va de même pour nous : il pourrait très bien nous dire que des athées seront plus grands dans le Paradis, alors que nous avons eu la foi depuis toujours.
Que ferait le Seigneur face aux âmes non baptisées ? Les expulser ? Les renier ? Non. Cela ne correspondrait pas à la Charité et à l’Amour de Dieu, lui qui est le Père de tous les hommes sur la Terre.
Dieu est Amour et Dieu n’a qu’un objectif : le bonheur de ses enfants dans un Paradis éternel et bienheureux.
Est-ce qu’il fera un Paradis différent selon les juifs, les chrétiens, les athées, les bouddhistes, et toutes les croyances qui existent ici bas ? Non, Dieu vient pour former un seul troupeau, sous la houlette d’un seul Pasteur. Jésus déclare ainsi à ses apôtres, dans
L'Evangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta :
Ne vous imaginez pas que l’Amour puisse être injuste. Ne pensez pas que doivent rester éternellement sans récompense tous ceux qui n’auront pas appartenu à Israël ou au Christ, même en pratiquant la vertu dans la religion qu’ils suivent, avec la conviction que c’est la vraie. Après la fin du monde, il ne survivra pas d’autre vertu que l’amour, c’est-à-dire l’union avec le Créateur de toutes les personnes qui auront vécu avec justice. Il n’y aura pas plusieurs cieux : un pour Israël, un pour les chrétiens, un pour les catholiques, un pour les païens. Il n’y aura qu’un seul Ciel, et de même une seule récompense : Dieu, le Créateur qui se réunit à ses créatures qui auront vécu dans la justice ; en raison de la beauté des âmes et des corps des saints, il s’admirera lui-même en eux, avec sa joie de Père et de Dieu. Il y aura un seul Seigneur, pas un Seigneur pour Israël, un pour le catholicisme, un pour chacune des autres religions. (EMV 444.6)
Dieu cherche donc à réunir tous les hommes dans son Paradis. Et on ne peut imaginer que
ceux qui ont précédé la venue du Christ n’y soient pas, s’ils ont choisi l’Amour et ont vécu avec bonté les uns avec les autres. Peut-on imaginer que saint Joseph ne soit pas avec Marie ? Peut-on croire que Jean-Baptiste, qui a souffert le martyre pour son Seigneur et son Roi, n’ait pas atteint le Paradis parce que celui-ci était fermé à l’heure de sa mort ? En vérité, toutes les âmes qui ne pouvaient accéder au Ciel allait dans les Limbes, un lieu de paix, qui n’était ni un lieu de peine comme l’Enfer, et ni un lieu béatifique comme le Paradis. Il attendaient la venue du Rédempteur, tout en priant pour les vivants qui leur étaient chers.
C’est là encore ce qu’explique Jésus à Marziam, un petit enfant que le Sauveur prend en charge dans
L’Evangile tel qu’il m’a été révélé :
« Tu dis que tu ouvriras les portes des Cieux. Or ne sont-elles pas fermées à cause du grand Péché ? Maman me disait que personne ne pouvait y entrer tant que ne serait pas venu le pardon, et que les justes l’attendaient dans les limbes.
– C’est bien cela. Mais, plus tard, j’irai vers le Père après avoir annoncé la parole de Dieu et… et vous avoir obtenu le pardon, et je lui dirai : “Voici, Père, j’ai entièrement accompli ta volonté. Je veux maintenant la récompense de mon sacrifice : que viennent les justes qui attendent ton Royaume.” Et le Père me répondra : “Qu’il en soit comme tu veux.” Alors je descendrai appeler tous les justes ; les limbes ouvriront leurs portes au son de ma voix, et il en sortira dans l’allégresse les saints patriarches, les prophètes lumineux, les femmes bénies d’Israël et puis… sais-tu combien d’enfants ? Comme une prairie en fleurs, des enfants de tout âge ! Et, en chantant, ils me suivront pour monter au beau paradis. (EMV 194.3)
On peut donc croire que la Passion sur la Croix de Jésus a effacé
tous les péchés de ceux qui attendaient dans les Limbes et qu’il leur a servi de Baptême, par tout son Sang qui a coulé pour le salut des hommes.
Cela répond à la première question énoncée en début de post.
Maintenant,
qu’en est-il des âmes qui n’ont pas la foi en Dieu, qui n’ont pas été baptisées, et qui vivent très bien ainsi ? Qu’en est-il, pour donner un autre exemple, des enfants non-nés qui n’ont pas pu recevoir leur baptême, et qui n’en sont pourtant pas responsables ? Dieu est-il cruel au point de leur refuser le Paradis ?
Non, Dieu veut qu’ils atteignent tous le Ciel et par conséquent, juifs comme athées, chrétiens comme musulmans seront sauvés s’ils acceptent l’Amour.
Est-ce qu’il n’y a alors pas intérêt alors à vivre comme un athée si tout le monde est traité à la même enseigne ? Là encore, Jésus répond à la question des apôtres.
Vous direz peut-être : “ Mais alors quelle justice y a-t-il à appartenir à la religion sainte si, à la fin du monde, nous sommes traités de la même manière que les païens ? ” Je vous réponds : la même justice qu’il y a — et c’est la vraie justice —, pour ceux qui, bien qu’appartenant à la religion sainte, ne seront pas bienheureux parce qu’ils n’auront pas vécu en saints. Un païen vertueux, pour la seule raison qu’il aura pratiqué une vertu authentique, convaincu que sa religion était bonne, obtiendra le Ciel à la fin. Mais quand ? A la fin du monde, quand il ne subsistera que deux des quatre séjours des morts : le paradis et l’enfer. Car la Justice, à ce moment-là, ne pourra que conserver et donner les deux royaumes éternels à ceux qui auront choisi les bons fruits de l’arbre du libre arbitre, ou voulu les fruits mauvais.
Mais quelle attente avant qu’un païen vertueux arrive à cette récompense ! Vous n’y pensez pas ? Et cette attente — spécialement à partir du moment où la Rédemption se sera produite avec tous les prodiges consécutifs et où l’Évangile sera annoncé au monde — sera la purification des âmes qui auront vécu en justes dans d’autres religions, mais n’auront pas pu entrer dans la vraie foi bien qu’ils aient connu son existence et aient eu la preuve de sa réalité. Ils resteront dans les limbes pendant des siècles et des siècles, jusqu’à la fin du monde. Pour ceux qui auront cru au vrai Dieu et n’auront pas su être héroïquement saints, ce sera le long purgatoire ; et pour certains, il pourra se terminer à la fin du monde.
Mais après l’expiation et l’attente, les bons, quelle que soit leur provenance, seront tous à la droite de Dieu ; les mauvais, quelle que soit leur provenance, à la gauche, puis dans l’enfer horrible, alors que le Sauveur entrera avec les bons dans le Royaume éternel. (EMV 444. 6)
Si je comprends donc bien les écrits de Maria Valtorta, les âmes non baptisées qui auront été justes, en menant une vie authentique, auront le Ciel à la fin. Mais puisqu’ils n’auront pas cru en Jésus et parce qu’ils n’auront pas reçu le baptême (qui efface le péché originel, et qui est une forme de credo, où on entre dans la famille de Dieu), ils ne pourront entrer au Paradis directement après leur mort.
En un sens, cela me semble plus cohérent, parce que si les âmes non baptisées pouvaient accéder directement au Ciel à leur mort, à quoi servirait le baptême, qui efface le péché originel ? Il ne serait qu’une pratique symbolique, sans importance. Or notre âme doit bien être immaculée pour entrer dans le Paradis. Donc ça me semble cohérent avec ce qu’enseigne l’Eglise.
Mais ça me paraît aussi encore plus cohérent que les âmes non baptisées puissent aller au Ciel parce que Dieu est Amour et regarde avant tout le cœur.
On trouve encore une leçon qui va dans ce sens dans les Cahiers de 1945-1950 :
On ne peut pas penser que Dieu, la Charité parfaite qui a créé toutes les âmes en les prédestinant à la grâce, puisse exclure de son Royaume ceux qui n’ont pas reçu le baptême de leur propre fait. Quelle faute ont-ils commise ? Voulaient-ils de leur plein gré naître à un endroit pas catholique ? Les nouveau-nés morts à la naissance sont-ils responsables de ne pas avoir été baptisés ? Dieu peut-il en vouloir à tous ceux qui ne sont pas "d’Église" au sens strict du mot, mais en font partie cependant parce qu’ils ont reçu leur âme de Dieu, sont morts innocents puisque à la naissance, ou bien ont vécu en hommes justes de par leur propension naturelle à faire le bien pour honorer le Bien suprême dont tout, en eux comme autour d’eux, témoigne de l’existence ? Non, et une indication probante que ce n’en est pas le cas consiste dans le jugement inexorable et extrêmement sévère que Dieu porte sur ceux qui suppriment une vie, même embryonnaire, ou à peine venue au jour, l’empêchant ainsi de recevoir le sacrement qui efface le péché originel. Pourquoi cette rigueur, si ce n’est parce que ces âmes d’innocents vont être séparées de Dieu pendant des siècles ou des millénaires, dans un état qui n’est certes pas de peine, mais pas non plus de joie ?
Peut-on penser que le Très-Bon qui a prédestiné tous les hommes à la grâce puisse en frustrer ceux qui ne sont pas catholiques sans que ce soit de leur plein gré ?
« Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » (Jean 14, 2), a dit le Christ. Quand ce monde n’existera plus et sera remplacé par un monde nouveau, un ciel nouveau, les nouveaux tabernacles de la Jérusalem éternelle, quand toute la création rationnelle connaîtra la glorification par l’exaltation des ressuscités — qui étaient les justes — à la possession du Royaume éternel de Dieu, même ceux qui furent unis seulement à l’âme de l’Église auront leur demeure au ciel ; en effet, seuls le ciel et l’enfer subsisteront éternellement, et l’on ne saurait penser que la Charité pourrait condamner au supplice éternel des créatures qui ne l’auraient pas mérité.
N’hésitez pas à me dire si je fais fausse route ou non, je peux me tromper ou mal comprendre certaines choses