Eveillés et confiants
162. La Parole de Dieu nous invite clairement à « résister aux manœuvres du diable » (Ep 6, 11) et à éteindre « tous les traits enflammés du Mauvais » (Ep 6, 16). Ce ne sont pas des paroles romantiques, car notre chemin vers la sainteté est aussi une lutte constante. Celui qui ne veut pas le reconnaître se trouvera exposé à l’échec ou à la médiocrité. Nous avons pour le combat les armes puissantes que le Seigneur nous donne : la foi qui s’exprime dans la prière, la méditation de la parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire. Si nous nous négligeons, les fausses promesses du mal nous séduiront facilement, car comme le disait le saint prêtre Brochero : « Qu’importe que Lucifer nous promette de nous libérer et même nous comble de tous ses biens, si ce sont des biens trompeurs, si ce sont des biens envenimés ? »[122].
163. Sur ce chemin, le progrès du bien, la maturation spirituelle et la croissance de l’amour sont les meilleurs contrepoids au mal. Personne ne résiste s’il reste au point mort, s’il se contente de peu, s’il cesse de rêver de faire au Seigneur un don de soi plus généreux. Encore moins, s’il tombe dans un esprit de défaite, car « celui qui commence sans confiance a perdu d’avance la moitié de la bataille et enfouit ses talents […] le triomphe chrétien est toujours une croix, mais une croix qui en même temps est un étendard de victoire, qu’on porte avec une tendresse combative contre les assauts du mal »[123].
La corruption spirituelle
164. Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42 ; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas » (1Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre.
165. La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2Co 11, 14). C’est ainsi que Salomon a fini ses jours, alors que le grand pécheur David sut se relever de sa misère. Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption : il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (cf. Lc 11, 24-26). Un autre texte biblique utilise une image forte : « Le chien est retourné à son propre vomissement » (2P 2, 22 ; cf. Pr 26, 11).
A suivre ...
[122] José Gabriel del Rosario Brochero, Plática de las banderas, in : Conférence épiscopale d’Argentine, El Cura Brochero. Cartas y sermones, Buenos Aires 1999, p. 71.
[123] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 85 : AAS 105 (2013), p. 1056
162. La Parole de Dieu nous invite clairement à « résister aux manœuvres du diable » (Ep 6, 11) et à éteindre « tous les traits enflammés du Mauvais » (Ep 6, 16). Ce ne sont pas des paroles romantiques, car notre chemin vers la sainteté est aussi une lutte constante. Celui qui ne veut pas le reconnaître se trouvera exposé à l’échec ou à la médiocrité. Nous avons pour le combat les armes puissantes que le Seigneur nous donne : la foi qui s’exprime dans la prière, la méditation de la parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire. Si nous nous négligeons, les fausses promesses du mal nous séduiront facilement, car comme le disait le saint prêtre Brochero : « Qu’importe que Lucifer nous promette de nous libérer et même nous comble de tous ses biens, si ce sont des biens trompeurs, si ce sont des biens envenimés ? »[122].
163. Sur ce chemin, le progrès du bien, la maturation spirituelle et la croissance de l’amour sont les meilleurs contrepoids au mal. Personne ne résiste s’il reste au point mort, s’il se contente de peu, s’il cesse de rêver de faire au Seigneur un don de soi plus généreux. Encore moins, s’il tombe dans un esprit de défaite, car « celui qui commence sans confiance a perdu d’avance la moitié de la bataille et enfouit ses talents […] le triomphe chrétien est toujours une croix, mais une croix qui en même temps est un étendard de victoire, qu’on porte avec une tendresse combative contre les assauts du mal »[123].
La corruption spirituelle
164. Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42 ; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas » (1Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre.
165. La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2Co 11, 14). C’est ainsi que Salomon a fini ses jours, alors que le grand pécheur David sut se relever de sa misère. Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption : il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (cf. Lc 11, 24-26). Un autre texte biblique utilise une image forte : « Le chien est retourné à son propre vomissement » (2P 2, 22 ; cf. Pr 26, 11).
A suivre ...
[122] José Gabriel del Rosario Brochero, Plática de las banderas, in : Conférence épiscopale d’Argentine, El Cura Brochero. Cartas y sermones, Buenos Aires 1999, p. 71.
[123] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 85 : AAS 105 (2013), p. 1056