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Lettres de saint Louis de Gonzague, 10 juin 1591 Bannie11Bienvenue sur le Forum catholique
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Lettres de saint Louis de Gonzague, 10 juin 1591

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saint-michel


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Message par saint-michel Mer 23 Aoû - 18:04

Lettres de saint Louis de Gonzague, 10 juin 1591 Lettre10

Voici les deux dernières lettres rédigées par saint Louis de Gonzague à sa mère Marta Tana de Santena, grand saint du 16e siècle décédé à l’âge de 23 ans en soignant les pauvres malades de la peste. Son histoire mérite d’être connue. Nous recommandons la lecture de l’excellent ouvrage « vie de saint Louis de Gonzague » du père Virgile Cepari.


Première lettre


Quand Louis fut revenu du grand danger où il s’était trouvé au commencement de sa maladie, il écrivit deux lettres à la marquise, sa mère. Dans la première, après l’avoir consolée et exhortée à la patience dans les adversités, il ajoutait ces paroles :



« Il y a un mois que je fus sur le point de recevoir de Dieu Notre-Seigneur la plus précieuse des grâces, celle, comme je l’espérais, de mourir dans son amour : j’avais reçu le saint Viatique et l’extrême-onction. Mais la maladie s’est changée en fièvre lente. Les médecins ne savent pas quand elle finira ; ils sont tous occupés à me faire des remèdes pour rétablir ma santé corporelle, et moi, je prends plaisir à me persuader que Dieu Notre-Seigneur veut me donner une santé bien plus précieuse que celle que les médecins travaillent à me procurer.



Ainsi je vis content, et j’espère que dans quelques mois il plaira à Dieu Notre-Seigneur de m’appeler de cette terre des morts à celle des vivants, de la compagnie des hommes d’ici-bas à celle des anges et des Saints du ciel ; enfin de la vue des choses terrestres et périssables à la vision et à la contemplation de Dieu qui est le souverain bien. En cela vous pourrez trouver des motifs de consolation, puisque vous m’aimez et que vous souhaitez mon plus grand avantage. Je vous prie de prier pour moi, afin que, pendant le peu de temps que j’ai à naviguer sur cette mer du monde, le Seigneur daigne, par l’intercession de son Fils unique et de sa sainte Mère, noyer dans la mer Rouge de sa très-sacrée passion, toutes mes iniquités ; pour que, libre de mes ennemis, je puisse arriver à la terre de promission, voir Dieu et en jouir. »


Seconde lettre


La seconde lettre fut écrite peu avant sa mort, quand il eut appris par révélation le temps précis auquel il quitterait la terre pour le ciel. Voici comment il consolait la marquise :


« Madame et très vénérée mère en Jésus-Christ. Pax Christi.



Que la grâce et la consolation de l’Esprit-Saint soient toujours avec vous.



Votre lettre m’a trouvé encore vivant dans cette région des morts, mais prêt à partir pour aller à jamais louer Dieu dans la terre des vivants. Je croyais avoir à cette heure déjà fait le pas ; mais la violence de la fièvre, comme je l’ai déjà dit, ayant un peu diminué, je suis heureusement parvenu jusqu’au jour de l’Ascension. Depuis ce temps, un rhume a fait redoubler la fièvre ; de sorte que je vais peu à peu au-devant des doux et chers embrassements du Père céleste, dans le sein duquel j’espère pouvoir me reposer en sûreté et pour toujours. Et ainsi s’accordent les diverses nouvelles données à mon sujet, comme je l’écris encore au seigneur marquis (son frère Rodolphe). Or, si la charité, comme dit saint Paul, fait pleurer avec ceux qui pleurent, et se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, votre consolation sera donc bien grande, ma très chère mère, pour la grâce que le Seigneur vous fait dans ma personne, me conduisant au vrai bonheur, et m’assurant contre tout danger de le perdre. Je vous avoue que je m’égare et me perds dans la considération de la bonté divine, mer immense, sans rivage et sans fond. Cette divine bonté m’appelle à un repos éternel après de bien légères fatigues. Elle m’invite du ciel à ce souverain bonheur que j’ai cherché si négligemment. Elle me promet la récompense du peu de larmes que j’ai versées. Prenez donc garde de faire injure à cette infinie bonté ; ce qui arriverait sûrement, si vous veniez à pleurer comme mort votre fils, qui doit vivre en la présence de Dieu, et qui vous servira plus par ses prières qu’il le ne faisait ici-bas.


Notre séparation ne sera pas longue, nous nous reverrons au ciel ; et unis ensemble pour ne plus nous séparer, nous jouirons de notre Rédempteur, nous le louerons de toutes nos forces, et chanterons éternellement ses infinies miséricordes. Je ne doute pas que, méprisant tout ce qu’inspirent la chair et le sang, nous ne donnions aisément accès à la Foi et à cette pure et simple obéissance que nous devons à Dieu, lui offrant librement et promptement ce qui lui appartient, et d’autant plus volontiers que ce qu’il prend nous est plus cher ; tenant pour certain que tout ce qu’il fait est bien fait, puisqu’en nous enlevant ce qu’il nous avait donné, c’est pour le mettre en lieu sûr et nous rendre ce que tous nous désirons davantage.



Je vous écris tout cela uniquement, par le désir que j’ai que vous, ma très-chère mère, et toute la famille, receviez ma mort comme une grande faveur. Que votre bénédiction maternelle m’accompagne et me dirige dans le passage de la mer de ce monde, et me fasse arriver heureusement au port de mes désirs et de mes espérances. Je vous écris avec d’autant plus de plaisir, qu’il ne me restait plus d’autres preuves à vous donner de mon amour et du profond respect que je vous dois.



Je finis en vous demandant de nouveau humblement votre bénédiction.



Rome, le 10 juin 1591.
 Votre fils en Notre Seigneur très-obéissant, Louis Gonzague. »


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