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Le don des larmes... Les larmes, un chemin vers Dieu

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Message par Véronique1 Ven 4 Oct - 11:15

Le don des larmes, cette grâce tombée aux oubliettes

Pourquoi doit-on cacher ses larmes ? Pourquoi pleurer en public est-il tellement gênant ? Les larmes sont pourtant selon la tradition chrétienne une grâce majeure de Dieu. Un don magnifique tombé aujourd’hui aux oubliettes...


Quand avez-vous pleuré la dernière fois ? Cette question, tout comme sa réponse, met la plupart des personnes mal à l’aise. "C’est étonnant de le reconnaître, mais pendant la messe de funérailles de ma mère, je me concentrais de toutes mes forces pour ne pas craquer, c’est-à-dire ne pas pleurer. Je devais "tenir", être digne, rester à la hauteur envers les proches, les amis et les connaissances. Cependant, une petite voix intérieure me disait que je faisais fausse route. Elle me suggérait nettement qu’il était bon de laisser couler les larmes. À la fin de la messe, ces dernières ont fini par m’envahir. C’était comme si elles seules pouvaient me consoler, et surtout me reconnecter à Dieu et… à ma mère partie Le rejoindre", confie à Aleteia Madeleine, pédiatre lilloise de 49 ans.
Mais pourquoi cette expression de l'intime dérange tellement ? Pourquoi n’est-elle pas bien vue ? Pourquoi notre époque a les yeux secs ? Car curieusement, cette attitude est relativement nouvelle. Pourquoi avons-nous désappris à pleurer en public, alors que toute la tradition spirituelle chrétienne valorise les larmes ? Qu’elles soient de regret, de nostalgie ou de joie, les larmes sont tellement importantes que le christianisme les considère comme un don, même une grâce majeure de Dieu.

Le sens des larmes

Pour Piroska Nagy, auteur du Don des larmes au Moyen Âge (Albin Michel), une étude basée sur des textes de la Bible, sur les écrits des Pères de l'Église et sur les règles des moines fondateurs d'ordres et de confréries, il est temps de comprendre le sens des larmes qui semble s'être perdu depuis. "Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés." C’est de cette parole fondatrice qu’on reconnaît que les larmes sont un magnifique don. Comme elle explique dans son ouvrage, dès ses débuts, le christianisme recommande de pleurer pour purifier son âme. Au Moyen Âge, nombreux sont ceux qui versent des larmes en abondance et qui aspirent à la grâce divine des pleurs. Ce qui signifie que dans dans la spiritualité médiévale, les larmes, liées naturellement à l’expression de la tristesse ou de la souffrance, symbolisent la béatitude et l’union à Dieu. Car Dieu s'incarne dans le quotidien de chaque personne.


"Si Dieu Lui-même pleure, c’est que les larmes sont un chemin vers Lui."

Le Christ qui pleure trois fois dans l'Évangile (après avoir vu la dépouille d’un ami proche, Lazare ; à la vue de Jérusalem et enfin dans le jardin des Oliviers avant sa crucifixion) emporte les larmes des hommes dans les siennes. "Jésus s'est fait l'un de nous, aussi j'ai l'impression que nos larmes sont incluses dans les siennes. Il les porte. Quand il pleure, il pleure une fois pour toutes les larmes de tout le monde. Et si Dieu pleure, oui, il y a un rapport entre Dieu et les larmes. Les auteurs du Moyen Âge ne s'y sont pas trompés, puisqu'ils parlent du "don des larmes", explique Anne Lécu, auteur de l’ouvrage lumineux Des Larmes (Cerf), dans un entretien pour La Croix.


Le "don des larmes", un cadeau de Dieu

Le don des larmes est-il alors un cadeau ? Oui, très probablement, car les larmes manifestent la présence de quelqu’un : "C’est une attestation qu’il y a en nous plus que nous", explique le père jésuite Dominique Salin, lors d’une émission de la KTO. "Dans les larmes, il y a quelque chose de plus grand, quelque chose qui vient de l’Autre. Ce lieu de présence de Dieu est un cadeau pour tout homme, croyant ou pas croyant. Et si Dieu Lui-même pleure, c’est que les larmes sont un chemin vers Lui", poursuit-il. Pour les Pères du désert, cela ne faisait aucun doute : le "don des larmes" qui trouve sa source dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament est une forme réelle de prière. Une prière qui lave les yeux et qui purifie l’âme.

Aleteia

à suivre...
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Message par Véronique1 Sam 5 Oct - 18:16

Les larmes, baromètre de la vie spirituelle ?

"Qui sème dans les larmes, chante le psalmiste, moissonne dans la joie" (Ps 125, 5). Les larmes marquent dans nos vies des étapes spirituelles, au point qu’elles laissent des traces dans notre mémoire. Tous, nous, pouvons dire quand nous avons pleuré la dernière fois. Dieu serait-il alors passé par là ?


Sait-on jamais, au fond, pourquoi on pleure ? Qui s’interroge sur les larmes versées dans sa vie admettra, si ce n’est la profondeur de telles ou telles, par rapport à d’autres, au moins leur déroutante complexité. 

Saint Augustin, grand pleureur, comme sa mère Monique, constate le plaisir, évidemment paradoxal, du plaisir qu’il y a à pleurer et demande :


"Puis-je apprendre de toi qui es vérité, Seigneur, et appliquer l’oreille de mon cœur à ta bouche pour que tu me le dises, pourquoi les larmes sont douces aux malheureux ? [...] Y aurait-il là de la douceur, parce que nous espérons que tu entends1 ?"

Le don des larmes


Les larmes marquent dans nos vies des étapes spirituelles, au point qu’elles laissent des traces dans notre mémoire. 

Tous, nous, pouvons dire quand nous avons pleuré la dernière fois. Dieu serait-il alors passé par là ? Les auteurs spirituels ont, dès lors, cherché à établir un sens à ces larmes, et ce d’autant plus quand elles nous échappent, qu’elles ne viennent manifestement pas de nous. 

C’est, au sens technique, ce que la tradition appelle le « don des larmes », ou le charisme des larmes, et donc une grâce venant de Dieu. Elles nous échappent et participent à notre salut, le nôtre et celui de ceux que nous aimons.

à suivre...
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Message par Véronique1 Dim 6 Oct - 18:58

La prière des larmes en automne

Comme les feuilles de l’automne qui tombent emportées par le vent, les larmes des hommes reviennent à la source en touchant le cœur de Dieu. De tristesse ou de joie, les larmes sont souvent l’expression la plus haute de la prière.



Les arbres se dépouillant en automne semblent pleurer, et chaque feuille est comme une larme emportée par le vent. Temps de regret et de nostalgie des jours lumineux qui s’éloignent et annonce des heures sombres et glaciales. La nature, comme création divine, participe, de cette façon mystérieuse, à ce qui est le propre de l’homme : pleurer de tristesse ou de joie. 

Certaines larmes sont fameuses et brillent comme des phares dans nos ténèbres : celles du prophète Jérémie accablé par la ruine de Jérusalem et l’infidélité de son peuple ; celles de Notre Seigneur devant la ville sainte alors qu’Il se compare à une poule essayant de rassembler ses poussins ; celles de saint Pierre dans son repentir après son triple reniement ; celles de sainte Monique implorant pour la conversion d’un Augustin à la dérive ; celles des mystiques qui embrasent leur cœur plus qu’aucun feu ne pourrait les brûler ; celles de la Très Sainte Vierge sur la montagne aride de la Salette

Les larmes sont à Dieu

Chaque larme est comptée, précieuse, aussi brillante qu’une gemme. Et puis, il existe ce réservoir inépuisable de nos larmes plus communes, moins élevées, plus terre à terre, celles des petits que nous sommes et qui exprimons ainsi nos désarrois et nos bonheurs. Part de notre héritage aussi, car les pleurs de nos aïeux traversent les âges, comme le chante douloureusement Charles Baudelaire :

Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité !
(Les Fleurs du Mal, "Les Phares") 


Les larmes des hommes touchent le Cœur de Dieu car elles Lui appartiennent. En tombant, elles ne font que remonter vers leur origine. Ernest Hello attribue à sainte Rose de Lima l’affirmation suivante : "Les larmes sont à Dieu, et quiconque les verse sans songer à lui, les lui vole" (Paroles de Dieu, "Les larmes dans l’Écriture"). Et il ajoute :

La Sainteté des Larmes apparaît dans cette parole. Les larmes ont été profanées ; elles ont été dépouillées de leur splendeur et de leur pureté ; mais elles restent ce qu’elles sont en principe, elles restent une possession divine, quelque chose comme la réserve de Dieu, l’Anathème. Beaucoup d’actes humains sont des travaux. Les larmes sont un certain Repos. La Prière, la contemplation trouvent dans les larmes leur Sabbat. Elles semblent ramener à Dieu ce qu’elles touchent, quand elles sont saintes ! Elles dépouillent de certaines choses, elles revêtent de certaines autres. Elles calment, elles rafraîchissent, elles embellissent. Ce sont les perles de la grande mer, les perles très précieuses.

Les pleurs de Marie

Aucune larme humaine, versée pour une douleur crucifiante ou pour une joie légitime, n’est perdue. Elle est recueillie et versée dans le calice du Sang du Maître comme cette goutte d’eau de l’offertoire qui nous rend participants à la divinité de Celui qui a épousé notre humanité. D’ailleurs le prêtre montant à l’autel commence aussi par présenter des larmes, celles provoquées par l’Ennemi qui assaille, selon les paroles du psalmiste : "Car vous êtes, ô Dieu, ma force : pourquoi m’avez-vous repoussé ? Et pourquoi faut-il que je marche tout contristé, tandis qu’un ennemi m’afflige ?" (Ps, 42, 2.)

 Au ciel réside la promesse que toute larme sera effacée des visages et si, d’aventure, la Reine des Anges visite la terre en pleurant, ses larmes ne s’écrasent pas dans notre tourbe mais retournent vers Dieu pour y éclater en autant de traits de lumière.

Léon Bloy, à propos de l’apparition de la Très Sainte Vierge à la Salette en 1846, écrit puissamment :

La Mère de Dieu a pleuré et Elle est notre Souveraine et notre Génératrice dans l’ordre de la grâce. Cela suffit pour nous faire comprendre ce que peuvent être ces imperceptibles ruissellements de nos lâches cœurs qui s’appellent les larmes de notre misère. Si Marie n’avait pas pleuré, l’âme humaine se serait tellement desséchée que tous les hommes ensemble n’auraient pas une seule larme à offrir aux souffrances de Jésus-Christ. Nous ne pourrions même pas pleurer contre Dieu. Quant Notre-Dame s’est fait voir en pleurs à la Salette, ses Larmes sont remontées vers le Ciel ; sans tomber sur le sol, parce que c’étaient les larmes d’un cœur glorifié, et si, par miracle, une seule avait pu toucher la terre, le monde aurait été consumé parce qu’il n’y a que le Cœur de Dieu qui soit capable de supporter d’aussi dévorantes effusions. (Le Symbolisme de l’Apparition

Un fleuve intarissable

Les Évangélistes qui rapportèrent par trois fois les larmes du Fils ne mentionnent pas les larmes de la Mère, tout simplement parce que les prophéties à ce sujet étaient suffisamment explicites, mais ici, sur cette montagne perdue et en présence de deux enfants simples et étonnés, la Vierge Sainte poursuit les lamentations des temps anciens lorsque le peuple élu déraillait et s’enfonçait dans l’infidélité. Cette fois, les larmes de Marie jaillissent pour tous les hommes car le refus de la conversion risque le châtiment : le bras du Fils peut s’abattre sur le monde.

Lorsque les arbres tremblent sous les vents d’automne et dispersent aux quatre coins leurs feuilles desséchées, puissent-ils être une invitation qu’ils nous adressent afin que nos propres larmes soient autant de marques de pénitence et de reconnaissance.

 Toutes ces larmes humaines peuvent former un fleuve intarissable qui, dévalant collines et montagnes, emportera par la force de la charité toutes les alluvions des aberrations peccamineuses de ce monde. Charles Péguy, chantant Notre Dame, implore ainsi :


Nous ne demandons rien, refuge du pécheur,
Que la dernière place en votre Purgatoire,
Pour pleurer longuement notre tragique histoire,
Et contempler de loin votre jeune splendeur.
(La Tapisserie de Notre Dame, "Présentation de la Beauce") 


La prière des larmes

Trop souvent, par respect humain, par fausse pudeur, par orgueil, par prétention d’être fort, l’homme préfère cacher ses larmes ou bien les tarir en se nourrissant d’illusion et en croyant que l’existence pourrait être une scintillation perpétuelle. Parfois le bruit des larmes doit couvrir ou remplacer le bruit des paroles, y compris dans la prière dont elles sont souvent la purification ou l’expression la plus haute —comme ces multiples mentions du Journal des motions intérieures de saint Ignace de Loyola : "Avant et après la messe, larmes. Pendant, grande abondance de larmes. Et avec la loquela [parole] intérieure admirable, et augmentant plus que les autres fois." Le poète Philippe Jaccottet, tâtonnant dans l’ombre et aspiré par l’invisible, écrit finement :

Les larmes quelquefois montent aux yeux
comme d’une source,
elles sont de la brume sur des lacs,
un trouble du jour intérieur,
Une eau que la peine a salée.
La seule grâce à demander aux dieux lointains,
aux dieux muets, aveugles, détournés,
à ces fuyards,
ne serait-elle pas que toute larme répandue
sur le visage proche
dans l’invisible terre fît germer
un blé inépuisable ?
(À la lumière d’hiver) 

Si les dieux indifférents et absents sont ainsi peut-être capables d’être fléchis par les larmes, comment alors ne pas croire que le vrai Dieu, Celui de l’Amour, rassemble nos pleurs, d’automne et de toute saison, pour participer à sa gloire et pour consoler toutes les âmes en peine…
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Message par Véronique1 Lun 7 Oct - 18:24

Marie-Madeleine, celle “qui sème dans les larmes…”

Dans la vie et dans la mort, Marie-Madeleine est celle qui pleure. Mais c’est dans ses pleurs, souligne le père Luc de Bellescize, qu’elle est témoin de la joie de la Résurrection.


Qui est cette femme qui s’avance parmi les ombres de la nuit, dans la fraîcheur matinale ? Marie-Madeleine, celle qui pleure. Est-elle la sœur de Marthe et Lazare, celle qui répandit le parfum précieux aux pieds du Christ ? Est-elle la prostituée repentie que George de la Tour représente un crâne à la main, et dans l’autre un cierge qui se consume comme se consume la vie, comme se consume le désir ? Est-elle la femme aux sept démons, délivrée par le Seigneur ? Cette femme qui sort au petit jour aime le Christ. Avec l’apôtre Jean, le plus jeune, les femmes sont les seules qui n’ont pas déserté le Golgotha. Elles ont une force particulière, celle de pouvoir donner la vie, celle de pouvoir accompagner la mort.

C’est une femme qui se trouve là

J’ai rencontré autrefois un ancien d’Indochine, revenus des combats, dont le regard paraissait inaccessible, retiré au plus profond de l’être, enfoui dans les fantômes du passé. Il me disait que les soldats blessés appelaient leur mère, plusieurs jours, jusqu’à ce que vienne la mort.

 Le Christ aussi a appelé sa mère, et il nous a confié à elle : "Femme, voici ton fils." La Vierge était là, stabat mater, debout au pied de la Croix. Les femmes ont assumé de leur force et de leur tendresse la violence extrême de la douloureuse Passion, comme un mystère de douceur dans un monde de brutes, le passage d’un ange dans le déchaînement des démons.

C’est une femme qui se trouve là, à l’aurore de la Résurrection. Pourquoi se rend-elle au tombeau ? Pour se recueillir, pour ne pas oublier, pour donner au mort un "mémorial et un nom" — Yad Vashem en hébreu — afin que son visage ne s’estompe pas dans les dédales du temps.  "Ne me quitte pas", chantait Brel. C’est ce que nous murmurons à l’oreille de ceux qui meurent, avant que ne se détache le fil de la vie. Où sont-ils, nos morts, recouverts de la poussière des siècles ?

Le corps est le lieu de leur mémoire, et la mémoire est la racine de l’espérance. Le corps est plus qu’une enveloppe vide, il est le "mémorial" de la personne. Les juifs prennent soin du corps des morts peut être davantage encore que de celui des vivants. Ils ont versé sur le Christ en sang des parfums précieux, ils ont pleuré sur lui comme on pleure un fils unique, et la lourde pierre du tombeau est devenue le mémorial d’une présence, d’une promesse qui rayonne en silence. "Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit mis à mort. Mais le troisième jour il ressuscitera", disait Jésus aux disciples (Lc 24, 7).

La joie rayonne à travers les pleurs

Marie-Madeleine est celle qui pleure. Elle est une femme sensible et excessive, celle du Cantique des cantiques qui cherche partout celui que son cœur aime et interroge les gardes qui font la ronde dans la ville (Ct 3) :

Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé, sa fuite m’a fait rendre l’âme.

Celui qui s’interdit de pleurer ne pourra jamais goûter le vrai bonheur, celui qui ne sème pas dans les larmes ne pourra pas moissonner dans la joie. La joie rayonne à travers les pleurs, comme le soleil à travers les ombres. Parce qu’elle a vécu la mort, elle pourra devenir témoin de la résurrection, car on ne peut témoigner de la Vie que dans la liberté souveraine d’un cœur revenu de la mort. Le monde vous dit : "Jouissez avant de mourir." "Cueillez, cueillez votre jeunesse / Comme à cette fleur la vieillesse / Fera ternir votre beauté" (Ronsard). 

L’Église vous dit : "En Jésus vous êtres déjà morts. En Jésus vous êtes déjà ressuscités. Vous êtes donc infiniment libres, et face à la vie, et face à la mort." "Dans le monde, écrit Olivier Clément, vient d’abord l’excitation puis l’amertume, d’abord l’intensité de la vie, puis la tristesse au goût de mort. Dans l’Église vient d’abord l’amertume, la mort, le repentir, puis la joie immense, paisible, d’être pardonnés, aimés, recréés."
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Message par Véronique1 Mar 8 Oct - 17:03

Comment se fait-il que verser des larmes puisse faire beaucoup de bien

Quand on plonge dans la vie des grands saints, on se rend compte qu'ils pleurent tous abondamment. Ils expliquent pourquoi laisser couler des larmes (ou pleurer un bon coup) est capital.


Ignace de Loyola, saint Dominique, le curé d’Ars, Charles de Foucauld… Au lieu de maîtriser leurs émotions, pourquoi, ces saints pleurent-ils abondamment, même plusieurs fois par jour et même en public ? Pleurent-ils comme chaque mortel de chagrin, de douleur ou de rire ? Oui, certainement. Mais surtout, ils pleurent leurs péchés parce qu’ils les éloignent de ce Dieu qu’ils aiment passionnément.


Pour Charles de Foucauld comme pour d’autres grandes figures de sainteté, les larmes signifient quelque chose de capital : elles sont un chemin vers Dieu, un lieu où le rencontrer.

S’inspirant de sainte Catherine de Sienne, Charles de Foucauld canonisé ce 15 mai, encourage ses proches à pleurer... trois fois par jour. Pour lui, les larmes sont des signes de pureté, d'amour envers Dieu. Elles sont accompagnées par la conscience d'avoir exposé son cœur à une souffrance infinie. Cependant, le souvenir des fautes, insiste-il dans ses écrits, ne doit jamais être plus fort que le courage de se relever des péchés. Pour lui comme pour d’autres grandes figures de sainteté, les larmes signifient quelque chose de capital : elles sont un chemin vers Dieu, un lieu où le rencontrer. Dans son ouvrage Des larmes, Anne Lécu dominicaine et médecin à la prison de Fleury-Mérogis décrit ainsi les saints qui pleurent : "Ils expriment ainsi leur désir immense de bonté auquel nous aspirons tous."

Les larmes, la bénédiction de ceux qui aiment

Les larmes font du bien, mais elles aussi font le bien. L’écrivaine Jacqueline Kelen résume dans son Eloge des larmes, que "ceux qui versent des larmes, aiment". Leurs larmes signifient avant tout l'amour. La béatitude "Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés" veut dire "Heureux ceux qui pleurent, car ils aiment et ils seront consolés."

Par son incarnation, le Christ a embrassé la nature de l’homme ainsi que toutes les émotions humaines qui l’accompagnent. Les évangiles montrent clairement les moments où le Christ ressent de la joie, de la colère ou de la tristesse. Il pleure aussi. Et c’est là que la consolation promise commence : l’homme n’est pas seul à pleurer. Ses larmes rejoignent celles du Christ, en qui l'amour est plus fort que la mort. Les grands saints l’ont bien compris.
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Message par Véronique1 Dim 13 Oct - 17:33

Les larmes, un chemin vers Dieu

Au temps d’Homère, les guerriers les plus vaillants laissaient couler leurs larmes. De nos jours, les larmes sont considérées comme une marque de faiblesse. Pourtant, elles peuvent être un véritable signe de force et en dire beaucoup sur nous.


Réprimées ou déferlantes, les larmes ont mille visages. Sœur Anne Lécu, dominicaine, philosophe, médecin en milieu carcéral, et auteur Des larmes nous explique en quoi les larmes peuvent être un vrai don.

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » (Mt 5, 4) Comment interprétez-vous cette Béatitude alors que vous travaillez dans un lieu de grande souffrance ?
Anne Lécu : C’est une Béatitude provocatrice qu’il faut recevoir sans la surinterpréter. Il y a effectivement beaucoup de gens qui vivent des choses insensées, qui pleurent, qui ne riront ni demain ni après-demain, et qui ne seront pas consolés. Ceci dit, lorsque ces personnes ne peuvent pas pleurer, leur souffrance est pire. Celui qui pleure, pleure généralement devant quelqu’un, même si c’est sous forme d’absence, quelqu’un dont il se souvient, quelqu’un qu’il a aimé ; en tout cas, il n’est pas dans une solitude totalement désolée. Malheureusement, nous voyons en prison beaucoup de personnes qui ne peuvent plus pleurer. L'absence de larmes est plus inquiétante que les larmes elles-mêmes ! Ou bien c’est le signe d’une anesthésie de l’âme, ou bien celui d’une trop grande solitude. Il y a une souffrance horrible des yeux secs. Une de mes patientes incarcérées a présenté pendant plusieurs mois des lésions cutanées sur plusieurs parties du corps. Nous ne savions pas la traiter. Or un jour, elle m’a dit : « Vous savez, ma peau qui suinte, c’est mon âme qui souffre. Ce sont les larmes que je n’arrive pas à pleurer ».

La troisième Béatitude n’offre-t-elle pas la promesse d’une consolation dans le Royaume ?
Certainement, mais le Royaume commence maintenant ! Syméon le Nouveau Théologien disait au Xe siècle : « Que dise adieu à la vie éternelle celui qui ne l’a pas rencontrée ici-bas ». Ce qui nous est promis n’est pas seulement une consolation dans l’au-delà, mais aussi l’assurance que du cœur même du malheur peut survenir la joie. C’est le danger de l’utilitarisme : aujourd’hui, on n’arrive plus à penser qu’on peut être à la fois dans la tristesse et dans la paix. Or les larmes nous assurent que oui. On n’est jamais totalement transparent à soi-même ! C’est un mythe, un leurre contemporain que la pure transparence à soi et aux autres. Il nous faut apprendre à supporter notre opacité et notre finitude : grandir en maturité, c’est cela. On pleurait beaucoup au Moyen Âge. Or les larmes vont se tarir avec la modernité. Pourquoi ? Parce que notre modernité a pour moteur la maîtrise. On imagine que parce qu’on voit on sait, et que parce qu’on sait on peut. Eh bien, non ! Les larmes sont un liquide qui trouble le regard. Mais on voit à travers elles des choses qu’on ne verrait pas dans une pure vision de surface. Les larmes disent qu’il y a en nous du flou, de l’opaque, du déformé en un mot, de l’humain, mais qu’il y a aussi en nous plus grand que nous.

Comment distinguer les « vraies » larmes des « larmes de crocodile » ?
Une petite fille répondait un jour à sa mère qui lui demandait pourquoi elle pleurait : « Quand je pleure, je t’aime mieux ». Les vraies larmes, ce serait celles qui aident à mieux aimer, celles qui se donnent sans avoir été cherchées. Les fausses sont celles qui n’ont rien à offrir, mais qui veulent obtenir quelque chose ou qui se donnent en spectacle. 

On peut illustrer cette distinction avec Jean-Jacques Rousseau et saint Augustin. Le premier ne cesse de raconter ses larmes, en les mettant en scène et en se regardant pleurer, ce qui ne m’émeut pas du tout. Le second pleure parce qu’il regarde le Christ qui l’a bouleversé, et il espère que ses larmes nous mèneront à Lui. 

Les larmes révèlent quelque chose de nous-même, mais elles nous réveillent aussi ! Car seuls les vivants pleurent. Et qui pleure a le cœur brûlant. Sa capacité à pâtir, voire à compatir, se réveille. Pleurer, c’est être touché par quelque chose qui nous dépasse et espérer une consolation. Ce n’est pas pour rien que les Évangiles racontent qu’au matin de la Résurrection, c’est à Marie Madeleine, celle qui avait le plus pleuré, que fut donnée la plus grande joie (Jn 20, 11-18).

Que nous dit Marie Madeleine sur ce don des larmes ?
Elle cumule les rôles de la femme pécheresse qui pleure aux pieds de Jésus, de Marie (la sœur de Lazare) qui pleure son frère mort, et de celle qui se tient en larmes auprès du tombeau vide. Les moines du désert ont repris ces trois figures en incitant le croyant à pleurer des larmes de pénitence, des larmes de compassion, et des larmes de désir de Dieu.

 Marie Madeleine nous enseigne également que celui qui est déchiré par les larmes est en même temps unifié en elles. C’est la même femme qui pleure de désespoir à la mort de son Seigneur et de joie à sa vue. C’est la même qui pleure ses péchés et verse des larmes de reconnaissance car elle est pardonnée.

 Elle incarne la troisième Béatitude ! Il y a en ses larmes, comme en toutes, une puissance paradoxale de transformation. Aveuglantes, elles rendent la vue. De douleur, elles ­peuvent aussi devenir un baume. À trois reprises, les Écritures manifestent que Jésus pleure. Sur Jérusalem et l’endurcissement du cœur de ses habitants. Puis, Il pleure à la mort de Lazare les larmes tristes et douces de l’amour meurtri par la mort. À ce moment-là, Jésus pleure sur la mort de l’homme : Il pleure chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui meurt.

Enfin, Jésus pleure à Gethsémani.
Oui. Au jardin des Oliviers, les larmes du Messie traversent la nuit pour monter vers Dieu qui semble s’être caché. Si Jésus est bien le Fils de Dieu, alors c’est Dieu qui pleure et qui supplie. 

Ses larmes enveloppent toutes les supplications de tous les temps. Elles les portent jusqu’à la fin du temps, jusqu’à ce que vienne ce jour nouveau où, promet l’Apocalypse, Dieu aura sa demeure définitive avec les hommes. Alors Il essuiera toute larme de nos yeux ! Désormais, plus aucune larme n’est perdue !

 Parce que le Fils de Dieu a pleuré des larmes d’angoisse, de désolation et de douleur, chaque homme peut croire, effectivement, que chacune de ses larmes est désormais cueillie comme une perle fine par le Fils de Dieu. Chaque larme d’un fils d’homme est larme du Fils de Dieu. Ce que le philosophe Emmanuel Levinas avait pressenti et exprimé dans cette formule fulgurante : « Aucune larme ne doit se perdre, aucune mort se passer de résurrection ». C’est dans cette découverte radicale que s’insère la tradition spirituelle qui va développer le don des larmes : si Dieu Lui-même pleure, c’est que les larmes sont un chemin vers Lui, un lieu où Le rencontrer puisqu’Il s’y tient, une réponse à sa présence. Aussi seraient-elles plus à accueillir qu’à penser, comme on accueille un ami ou le cadeau d’un ami.

Propos recueillis par Luc Adrian
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