Parmi les nombreux cas d’apparitions présumées, peu ont été officiellement reconnues par l’Église. Alors que l'évêché local a rejeté mercredi 6 mars 2024 les prétendues apparitions de Trevignano, près de Rome, Aleteia revient sur celles qui n'ont jamais été reconnues.
À l’heure des fake news, il est intéressant de voir la façon dont l’Église traite ces questions d’authenticité et de véracité auxquelles elle est régulièrement confrontée, notamment en ce qui concerne les miracles et les apparitions. L’Église doit parfois se prononcer sur des prétendues apparitions ou des guérisons présumées. Ces cas qui lui sont rapportés sont pour la plupart finalement invalidés. Aussi, si l’on s’intéresse plus précisément à la question des apparitions, sur des milliers d’apparitions présumées de la Vierge Marie au cours des siècles, seules 17 ont été approuvées à travers le monde, la dernière en date étant celle de San Nicolas (Argentine), datant de 1983 et reconnue le 22 mai 2016. Pour arriver à ces conclusions, des enquêtes canoniques minutieuses sont organisées au niveau des diocèses et, dans des cas plus particuliers, au Vatican.
Les critères du Vatican
C’est l’évêque du diocèse où a eu lieu l’apparition présumée qui décide, ou non, de lancer une enquête canonique. Une commission d’enquête constituée d’experts (religieux et laïcs) est alors instituée. En fonction des conclusions de l’enquête, l’évêque décide de valider, ou non, le caractère surnaturel et authentique de l’apparition. Il peut aussi demander à ce que les recherches soient approfondies. Dans des cas particulièrement difficiles, il peut s’adresser à la conférence épiscopale de son pays. Enfin, dans des cas très rares, le Pape lui-même peut décider d’instituer une commission d’experts internationaux. Ce fut notamment le cas pour les apparitions présumées de Medjugorje, pour lesquelles Benoît XVI diligenta une enquête.
Une enquête très réglementée.
En 2012, le Vatican a publié les normes de l’Église catholique en cas d’apparitions et autres phénomènes surnaturels. Établies par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), elles datent en réalité de 1978, mais n’avaient pas été rendues publiques jusque-là. Dans ces normes figurent notamment des critères « positifs » et « négatifs » visant à aider les évêques à juger du caractère authentique des apparitions ou révélations présumées. En fonction de ces critères (moralité, honnêteté, santé psychique du voyant, « docilité envers les autorités ecclésiales », conformité de l’apparition avec la doctrine théologique de l’Église, « fruits spirituels » découlant de l’apparition…), il appartient à l’autorité ecclésiastique de « permettre certaines manifestations publiques de culte ou de dévotion, tout en les observant avec la plus grande prudence (ce qui équivaut à la formule : ʺpro nunc nihil obstareʺ ) ; enfin, à la lumière du temps et de l’expérience (en particulier l’abondance des fruits spirituels procurés par la nouvelle dévotion), porter, le cas échéant, un jugement sur l’authenticité et le caractère surnaturel. »
La prudence de l’Église
L’Église s’est toujours montrée très prudente quant à la reconnaissance des apparitions privées. De nos jours, à l’heure où les médias occupent une place prépondérante dans nos sociétés, elle se doit d’examiner chaque cas avec une attention extrême, tout phénomène pouvant prendre très rapidement une ampleur importante et venir perturber la foi des fidèles. Voici des exemples d’apparitions récentes qui, après avoir fait l’objet d’une enquête approfondie, ont finalement été invalidées par les autorités ecclésiales.
Trevignano, Italie
Depuis 2016, sur les rives du lac de Bracciano, à quelques kilomètres de Rome, Gisella Cardia (Maria Giuseppa Scarpulla à l’état civil) rassemble chaque mois autour d’elle des centaines de fidèles pour une « apparition » de la Vierge Marie sur une colline du Lazio. La commission de théologiens, canonistes et psychologues a pourtant décelé de nombreuses erreurs théologiques, ainsi que plusieurs incohérences dans le discours de la présumée voyante. Après neuf mois d’une enquête menée dans son diocèse, Mgr Marco Salvi, a publié un décret ce 6 mars 2024 établissant que ce phénomène n’avait « aucune valeur ecclésiale » et n’était en rien surnaturel.
Itapiranga, Brésil
La Vierge serait apparue plusieurs fois dans cette petite ville du Brésil, parfois accompagnée de saint Joseph ou de Jésus, à un jeune homme du nom d’Edson Glauber. Ces visions se seraient déroulées entre 1994 et 2001, peut-être plus tard. Reconnues par l’évêque local, Mgr Carillo Gritti, elles n’ont en revanche pas été reconnues par l’Église qui les a déclarées inauthentiques le 7 février 2017.
Cleveland, États-Unis
Dans cette ville de l’Ohio, une femme du nom de Maureen Sweeney-Kyle aurait reçu diverses visions célestes. Elle aurait reçu plusieurs missions, dont celle de créer le ministère du Saint Amour,un apostolat œcuménique de laïcs installé dans un sanctuaire construit d’après les visions de la voyante. Après une enquête de l’évêque local assortie d’une étude approfondie des visions et des messages délivrés, il fut déclaré le 11 novembre 2009 que les visions n’étaient pas de nature surnaturelle et que par conséquent, les fidèles ne devaient pas y adhérer ni se rendre dans le sanctuaire.
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