Bonjour
@Pilgrim,
Moi-même, je me permets une réponse (relativement) courte, pour une raison différente de la vôtre. J'ai une condition de santé très sérieuse à long terme, et écrire des messages développés sur le forum est particulièrement éprouvant pour moi, physiquement.
Comme vous écrivez toujours très longuement sur le forum et que vous revenez ensuite très souvent "à la charge" avec des réponses aux réponses, généralement pour demander des développements supplémentaires, j'ai dû constater que je ne pourrais pas correspondre régulièrement avec vous sur les différents fils du forum, en raison de cette condition.
Je l'ai fait ici parce qu'il s'agit d'une question de doctrine et que le caractère catholique du forum doit être préservé, mais ceci est particulièrement difficile et j'avouerais qu'une conclusion rapide, quitte à ne plus revenir sur le sujet si vous n'êtes pas sédévacantiste, serait préférable.
Pilgrim a écrit:L'idée c'est que le pape est infaillible lorsqu'il enseigne et lorsqu'il procède à une définition de ce que tous seront tenu de croire doctrinalement en matière de foi et de moeurs. Le pape ne peut pas errer doctrinalement quand il enseigne les choses de la foi dans le cadre de son magistère. Peu importe ici que son enseignement puisse être délivré dans un cadre ordinaire (une lettre encyclique, une conférence épiscopale, un discours à la radio, une homélie de Noël, etc.) ou extraordinaire à l'occasion de quelque déclaration solennelle (promulgation d'un dogme, déclaration conciliaire, canonisation de tel ou tels, etc.)
Non. Je vous ai cité le passage pertinent et je pourrais vous en citer bien d'autres. En voici un autre, encore, qui résume le consensus relaté partout:
L’infaillibilité ne joue que dans des conditions très restrictives. Il faut que le pape s’exprime comme pasteur universel : est donc exclue la prise de position sur des problèmes particuliers. Quelle que soit l’importance de Lourdes, le pape n’y a pas engagé son infaillibilité, même si les papes successifs ont donné de nombreux signes d’approbation. Il faut ensuite qu’il engage explicitement son autorité apostolique, celle qu’il détient comme successeur de Pierre : sont ainsi exclues les prises de position personnelles et les enseignements de circonstance, même très officiels comme les encycliques. Enfin, il faut que les « définitions » touchent à la foi et aux mœurs : sont ainsi exclues les questions politiques, ce que redoutaient les gouvernements de l’époque.
https://fr.aleteia.org/2019/10/22/quest-ce-que-linfaillibilite-pontificale/Comme je vous ai cité directement le dogme la dernière fois, et que cela n'a pas suffi, je vous cite désormais un article parmi des milliers qui répètent ce qui est bien compris par l'Église tout entière.
Mais par souci de clarté, je vais répéter le Dogme une nouvelle fois:
Constitution dogmatique Pastor Æternus a écrit:Le pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine, en matière de foi ou de morale, doit être admise par toute l'Église, jouit, par l'assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue l'Église, lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi ou la morale. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables de par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Église.
Il n'aurait pas été nécessaire, pour l'Église, de préciser que le Saint-Père devait parler
ex cathedra pour que ce qu'il définit soit infaillible, si l'ensemble de son magistère l'avait déjà été.
Le dogme aurait mentionné que "le Saint-Père, lorsqu'il s'exprime en matière de foi et de morale... jouit de l'infaillibilité".
C'est tout. La précision
ex cathedra serait superflue, puisque le Saint-Père serait, finalement, toujours en train de s'exprimer
ex cathedra selon votre définition que l'Église n'a jamais enseignée.
Lorsque le Saint-Père Jean-Paul II a affirmé, dans sa lettre apostolique
Ordinatio sacerdotalis:
Saint Jean-Paul II a écrit:C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église.
Il y eût une controverse. On se demandait si le pape avait réellement invoqué son infaillibilité pontificale pour définir définitivement que l'Église n'avait pas reçu l'autorité de conférer l'ordination aux femmes.
Pourtant, le texte était bien clair, le pape faisant référence aux bases provenant des Saintes Écritures du dogme de l'infaillibilité pontificale en faisant référence à sa "mission de confirmer ses frères", puis mentionnant que cette position "devait être définitivement tenue par tous les fidèles catholiques".
Le language était clair, mais l'Église tout entière n'était pas certaine, puisque le Saint-Père avait écrit ceci à l'intérieur d'une "simple" lettre apostolique, et qu'on était habitué aux constitutions apostoliques pour les prononciations
ex cathedra,
comme ce fût le cas pour le dogme de l'Assomption.
On s'est donc adressé à la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui a dû confirmer qu'effectivement, le Saint-Père avait invoqué de façon formelle son infaillibilité par cette formulation, en plus de dire qu'il énonçait
ex cathedra une doctrine qui faisait déjà de toutes façons partie du "magistère ordinaire-universel".
Rien de cela n'aurait été nécessaire si l'Église affirmait déjà que tout acte du magistère du Saint-Père était automatiquement infaillible, comme vous le soutenez.
Non seulement cela, mais la Congrétation pour la doctrine de la foi, dans un commentaire sur cette déclaration du Saint-Père, rappelle elle-même que le magistère ordinaire du Saint-Père n'est pas infaillible. Je cite le paragraphe entier, mais le rappel pertinent se trouve à la fin du passage.
Congrégation pour la doctrine de la foi a écrit:Devant cet acte magistériel précis du Pontife Romain, adressé explicitement à l’Église catholique entière, tous les fidèles sont tenus à donner leur assentiment à la doctrine qu’il énonce. C’est à ce propos que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a donné, avec l’approbation du Pape, une réponse officielle sur la nature de cet assentiment. Il s’agit d’un assentiment plénier et définitif, c’est à dire irrévocable, à une doctrine infailliblement proposée par l’Église. En effet, comme l’explique la Réponse, ce caractère définitif dérive de la vérité de la doctrine elle-même, parce qu’elle est fondée sur la parole de Dieu écrite, qu’elle a été constamment conservée et mise en pratique dans la Tradition de l’Église et qu’elle a été proposée infailliblement par le magistère ordinaire et universel (cf. Const. “Lumen gentium”, 25) . C’est pourquoi, la Réponse précise que cette doctrine appartient au dépôt de la foi de l’Église. Il faut donc souligner que le caractère définitif et infaillible de cet enseignement de l’Église n’est pas né de la lettre “Ordinatio sacerdotalis”. Dans celle-ci, comme l’explique aussi la Réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Pontife Romain, dans les circonstances actuelles, a confirmé la même doctrine sous forme d’une déclaration formelle qui affirme de nouveau “quod semper, quod ubique et quod ab omnibus tenendum est, utpote ad fidei depositum pertinens”. Dans ce cas, un acte du Magistère ordinaire pontifical, qui par lui-même n’est pas infaillible, atteste le caractère infaillible de l’enseignement d’une doctrine déjà possédée par l’Église.
https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19951028_commento-dubium-ordinatio-sac_fr.htmlIci, deux choses sont à noter. D'abord, la Congrégation rappelle que le Saint-Père a officialisé, par sa déclaration
ex cathedra, une doctrine qui faisait déjà partie du "magistère ordinaire-universel" de l'Église.
Cependant, le consensus continu et universel sur cette question de l'ordination des femmes était de moins en moins consensuel, vu les pressions de notre époque y compris à l'intérieur de l'Église, et ainsi, le Saint-Père a tenu à rendre claire et irréversible cette doctrine, par un acte explicite
ex cathedra.
Mais surtout, plus bas, comme vous pouvez le lire, la Congrégation rappelle l'inverse de ce que vous affirmez:
un acte du Magistère ordinaire pontifical, qui par lui-même n’est pas infaillible
Je vous ai donc cité suffisament le dogme, le consensus dans toute l'Église et les précisions de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Il n'y a aucune ambiguité.
Je vous demande donc, s.v.p., de préserver le caractère catholique du forum dans vos messages.
Vous êtes habituellement très "convaincu" de vos positions et vous les délaissez très rarement, ou pas du tout.
Pilgrim a écrit:moi-même pourrai toujours avoir une pensée là-dessus encore entachée d'inexactitude. Personne n'est parfait. Et je ne présuppose pas non plus que je devrais toujours avoir raison en tout et sur tout. Non. Enfin, je vous dis ce que je crois au mieux de ma connaissance.
J'aimerais bien le croire, Pilgrim. J'aimerais tellement que cela soit possible.
Peut-être ferez-vous ainsi sur cette question?
Je n'aimerais pas devoir, éventuellement, intervenir plus officiellement. Comme je vous l'ai dit, je ne pourrai pas "tenir la distance" avec vous, en terme de longs messages.
Et je ne pourrai pas permettre la promotion d'erreurs allant contre la foi catholique qui n'obtiendraient pas de réponse et pourraient semer la confusion auprès des lecteurs.
J'espère que ces dernières précisions auront pu aider.
Fraternellement,
Emmanuel