– Je connais votre travail, et je vous ai vu au Kazakhstan, vous avez été très charitable envers le pape, l’aidant à voir les paysans du Kazakhstan et ainsi de suite. C’était un merveilleux exemple de ce nous sommes appelés à faire, je pense, et je suis curieux parce que c’est aussi important, tout aussi important, que lors de cet événement même, lorsqu’il était au Kazakhstan, vous ayez dit ce que vous avez dit quant aux dangers de ce genre de réunion – bien sûr, avec Mortalium animos, vous étiez largement soutenu par l’enseignement constant de l’Eglise. Beaucoup ont trouvé un grand réconfort dans le fait que vous ayez dit ce que vous avez dit, car si personne ne s’exprime, je pense qu’il y a une tentation de désespoir et de dépression, et de penser que l’Eglise a complètement déraillé. Je suppose que ma question est la suivante : il semble que le travail de prise de parole ne va pas pousser les gens hors de l’Eglise. Si nous parlons correctement selon vos recommandations, dans la charité mais avec intransigeance, je pense que cela aide les gens à rester dans l’Eglise. Cela correspond-il en quelque sorte à vos intentions ?
– Bien sûr. Nous ne pouvons pas quitter l’Eglise, nous sommes dans l’Eglise, nous sommes membres de l’Eglise, et lorsque l’Eglise souffre, et que le Saint-Siège est maintenant, dans une certaine mesure, occupé par des forces qui portent atteinte à la foi, qui sapent manifestement la foi, cela reste vrai. Mais c’est un phénomène temporaire, donc nous devons aussi voir de manière surnaturelle que l’Eglise est entre les mains de Dieu, entre les mains du Christ. Même lors de la plus grande tempête de la mer, lorsque Jésus est dans le bateau, endormi, mais dans le bateau, le bateau ne peut pas couler. Il faut avoir cette vision de l’indestructibilité de l’Eglise, et nous devons rester dans l’Eglise parce que nous n’avons pas d’autre endroit où aller ; nous ne devons pas créer une sorte de « notre église », ou une secte, ou une quelconque communauté indépendante : cela n’est pas catholique. Le catholique est toujours en union avec un pape et un évêque. Voilà ce qui est catholique. Même si nous devons, à regret, admonester le pape, ou lui adresser des appels et des corrections, il reste le pape, et nous continuerons à prier pour lui, nous continuerons même à l’aimer, peut-être même davantage, car il se trouve dans une situation pitoyable. Imaginez ce dont il devra répondre devant le Tribunal de Dieu – c’est effrayant ce dont il devra répondre pour avoir laissé dans l’Eglise un tel chaos, une telle confusion. Nous devons avoir vraiment pitié de son âme et l’aimer, aimer l’âme de François, prier pour lui, faire des sacrifices pour lui afin qu’il soit éclairé et reconnaisse les erreurs qu’il commet, comme Jean XXII a eu la grâce de se repentir avant de mourir. Ce serait une grande grâce : nous devons l’implorer pour le pape François et pour d’autres évêques qui sèment aussi la confusion dans l’Eglise.
Nous ne devons donc pas nous enfermer dans la colère, ou dire que désormais je n’aurai plus rien à voir avec ce pape, je n’aurai plus rien à voir avec cet évêque ; non, ce n’est pas l’attitude d’un catholique, c’est l’attitude d’un sectaire, en définitive, et nous devons éviter ces tentations. Nous devons continuer même si, dans certains cas, nous disons que nous ne pouvons pas obéir en ce moment au pape parce qu’il a émis ces commandements ou ces ordres qui, de toute évidence, sapent la foi, ou qui nous enlèvent le trésor de la liturgie ; elle est la liturgie de toute l’Eglise, non pas la sienne, mais celle de nos pères et de nos saints, donc nous y avons droit. Dans ces cas, même si nous désobéissons formellement, nous obéirons à l’église entière de tous les temps, et même, par une telle désobéissance formelle apparente, nous ferons honneur au Saint-Siège en gardant les trésors de la liturgie, qui est un trésor du Saint-Siège, mais qui est temporairement limité ou objet de discrimination de la part de ceux qui occupent actuellement de hautes fonctions au Saint-Siège.
Nous devons donc comprendre que le Saint-Siège est plus grand qu’un seul pape, et que tout cela est fait pour l’honneur du Saint-Siège et, en fin de compte, pour l’amour du Pape. Car lorsqu’un jour il comparaîtra devant le Tribunal de Dieu et que Dieu dira : « Parce que tu as donné ces ordres, tu as porté atteinte au bien spirituel de l’Eglise » ; et que le Seigneur dira au pape : « Parce que tu as interdit ou marginalisé et fait des discriminations à l’égard de la sainte liturgie des saints de tous les âges, ces véritables trésors, cela relève de ta responsabilité, et l’Eglise a perdu de nombreuses grâces parce que tu as confiné la liturgie des saints de tous les âges », alors le Seigneur lui montrera ceci : « Mais tu sais, pendant ton pontificat il y avait des groupes, des prêtres, qui ne t’ont pas obéi en collaborant à cette marginalisation de la liturgie, et ils ont néanmoins continué à célébrer la liturgie, et donc ta culpabilité peut être un peu diminuée, parce que sous ton pontificat il y avait encore des endroits où la liturgie de tous les âges était célébrée. » C’est seulement une imagination de ma part... Et donc nous dirons au Pape : « Saint-Père, même si nous vous désobéissons, nous le faisons par amour pour vous, pour le Saint-Siège, pour la liturgie de tous les saints, et ce sera pour vous, à l’heure de votre jugement, une consolation, car nous n’avons pas collaboré à vos ordres néfastes. »