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Dans quelle mesure communiquons-nous avec l'autre monde lorsque nous prions ?
Quelques explications peuvent être nécessaires pour aborder un sujet aussi évident que le sens de la prière. Pourquoi ne pas commencer par quelque chose de plus pratique, comme comment prier, ou comment améliorer notre prière, et ne pas commencer par ce qui doit sembler être un souci inutile des mots. Mais je ne pense pas qu'il soit inutile de parler de ce que tant de gens ne font pas, ou ne font pas aussi bien qu'ils le pourraient. De tous côtés, nous entendons dire que le problème fondamental dans le monde aujourd'hui est le fait que les gens ne prient pas, ou pas assez, et c'est vrai. Mais il ne suffit pas de dire que nous devons prier et encourager les autres à faire de même. Nous ferions mieux de savoir aussi ce que la prière signifie vraiment. Sinon, comme cela est arrivé à tant d'entre nous, sans pour autant renoncer à la prière,nous ne profitons pas autant qu'il le faudrait de ce qui est, de toute évidence, l'entreprise la plus profitable dans laquelle n'importe qui puisse s'engager. Il n'y a rien de plus profitable dans lequel un être humain puisse s'engager que de prier.
La prière est une conversation
Commençons donc par décrire la prière dans un langage aussi simple que nous, c'est-à-dire que je peux. La prière est une conversation avec le monde invisible de Dieu, les anges et les saints. Nous allons prendre chacun de ces termes dans l'ordre, et parler d'abord de la prière en tant que conversation.
Qu'est-ce qu'une conversation, une conversation avec n'importe qui ? Ou d'un autre point de vue : que faisons-nous lorsque nous engageons une conversation avec quelqu'un ? Nous faisons plusieurs choses :
1) Nous commençons à converser avec quelqu'un lorsque nous prenons conscience de cette personne. La prise de conscience est donc la première condition de la conversation. Supposons que je me parle à voix haute sans me rendre compte que je suis entendu. C'est une conversation ? Et bien non. Pourquoi pas? Parce que je n'étais pas au courant de la présence de l'autre personne. Si je faisais quelque chose, j'étais en conversation avec moi-même. En fait, je pense que la plupart des gens passent la plupart de leurs heures d'éveil en auto-conversation, ce qui s'appelle, pour lui donner un terme aimable, monologue. Alors que la vraie conversation est toujours un colloque. Ce n'est pas seulement la conscience, mais la conscience de la présence de quelqu'un d'autre que la mienne. Et tant de gens traversent la vie, j'en ai peur, seulement vaguement conscients de la présence de quelqu'un d'autre que la leur. C'est pourquoi les gens égocentriques,même lorsqu'ils sont apparemment en conversation à haute voix avec quelqu'un d'autre, le plus souvent ils se parlent vraiment à eux-mêmes. Jamais regardé? C'est un spectacle. La vraie conversation commence lorsque je prends conscience de l'autre, du stress de l'autre, et pas seulement de moi-même.
2) En plus d'être conscient de quelqu'un, et ce doit être quelqu'un d'autre, la conversation signifie que je souhaite partager avec cette autre personne quelque chose de ce que j'ai. Je souhaite donner de moi-même, de ce qui est à l'intérieur de moi, ou une partie de moi à cette autre personne. Il y a des pensées dans mon esprit que je veux aussi qu'elles aient. Il y a des sentiments dans mon cœur, des désirs dans ma volonté et des sentiments dans mon âme, que je ne veux pas posséder seul. Alors j'entre en conversation pour partager. C'est tellement vrai que, logiquement et psychologiquement, je ne devrais pas commencer une conversation à moins d'avoir quelque chose que je souhaite donner à quelqu'un d'autre, que cette personne n'a probablement pas encore. C'est pourquoi l'acte de charité le plus élevé parmi les êtres humains est la conversation, à condition qu'il s'agisse d'une conversation authentique et non fallacieuse.
3) Il y a encore plus à converser, comme le mot même l'indique. Lorsque je commence à converser, je me tourne littéralement vers celui avec qui je souhaite parler. Le mouvement de mon corps face à cette personne n'est que le symbole extérieur de ce que je devrais faire à l'intérieur de moi. Je tourne mon esprit vers celui avec qui je souhaite parler. Mais comme on le sait, il est tout à fait possible d'être physiquement face à quelqu'un sans vraiment dialoguer. Il n'y a pas de conversation digne de ce nom, à moins que je ne me sois ainsi intérieurement détourné de moi-même pour me diriger vers un autre. Nous réfléchissons rarement au fait que les mots convertir, conversion et conversation ont tous le même sens fondamental de redirection ; un détournement d'une chose, en l'occurrence soi, et vers quelque chose d'autre, en l'occurrence une autre personne. Vrai, sincère, profond, authentique,la conversation totale est plus rare qu'on ne le pense. Si souvent, je crois, nous utilisons d'autres personnes, comme nous disons, comme caisses de résonance pour écouter notre propre voix. Ils sont juste commodes pour nous aider dans ce qui est encore un soliloque continu. Toute conversation réelle, par conséquent, a cet élément d'abnégation, ou d'un autre point de vue, d'abnégation où je me détourne de la préoccupation avec mes propres pensées et désirs et les dirige vers quelqu'un d'autre.
4) Quel est mon objectif lorsque je tiens une conversation ? Mon but est, ou devrait être, de communiquer. Mon intention est de combler le fossé qui me sépare d'une autre personne pour m'unir à cette autre personne, en un mot, pour communiquer en transférant quelque chose de ce qui est moi pour faire partie de ce qu'il est. Nous devenons unis principalement par ce que nous partageons de notre propre esprit avec une autre personne. Notre Sauveur a exprimé pour toujours le sens profond de la conversation en tant que communication lorsqu'il a dit aux apôtres qu'ils n'étaient plus pour lui des étrangers mais ses amis (cf. Jn.15:15). Pourquoi? Parce que « J'ai partagé avec vous ce qui est en Moi. Je vous ai dit ce qui, avant de parler, n'était que dans Mon esprit. Maintenant, c'est aussi dans vos esprits. Nous sommes devenus unis parce qu'une partie de Moi fait maintenant partie de vous.Toi et moi sommes unis parce que je t'ai communiqué ce qui avant que je te parle n'était que Mien. la plénitude de la nature divine afin que le Fils puisse à son tour partager cette plénitude avec d'autres qui deviendraient principalement ses enfants parce qu'ils recevraient maintenant ce qui auparavant n'appartenait qu'à la Trinité. " et je vous appartiens parce que nous avons maintenant en commun les secrets qui étaient cachés avec Dieu de toute éternité. Et puis, pour souligner la gravité de ce qu'Il faisait, Il a dit que c'était le Père, qui le premier dans la conversation avec le Fils, avait partagé la plénitude de la nature divine afin que le Fils puisse à son tour partager cette plénitude avec d'autres qui seraient principalement devenir Ses enfants parce qu'ils recevraient maintenant ce qui auparavant n'appartenait qu'à la Trinité. « Tu m'appartiens », toujours le Christ en paraphrase, « et je t'appartiens parce que nous avons maintenant en commun les secrets qui étaient cachés avec Dieu de toute éternité. Nous pourrions, avec révérence, re-décrire la Trinité comme la conversation éternelle et infinie entre les trois personnes qui constituent la Divinité.
5) Chaque conversation, d'une manière ou d'une autre, utilise une réponse de celui à qui je parle. La conversation n'est pas simplement parler à quelqu'un, c'est parler avec quelqu'un. À moins que cette personne ne me dise aussi quelque chose, il se peut que je prononce un discours ou que je fasse une annonce, mais je parle à peine. La façon dont cette personne me répond est sans importance. Ce peut être juste un sourire, ou selon ce que j'ai dit, un froncement de sourcils. Ce peut être seulement un mot ou deux de temps en temps ; ce n'est peut-être qu'un oui avec des inflexions différentes. Vous savez, bien sûr, il y a au moins cinquante façons de dire oui. Peu importe ce que je dis à cette personne, cela doit évoquer quelque chose qu'il me dit ou nous ne sommes pas, au sens le plus profond du terme, en conversation. Il en faut au moins deux pour converser, même lorsque l'un peut parler la plupart du temps et que l'autre, ou les autres, font la majeure partie de l'écoute.Je dois ajouter, juste pour mémoire, que lorsque je parle en public, en plus de regarder le script, je regarde principalement les yeux et les visages de mon public. Je veux m'assurer que nous sommes en conversation.
Avec le monde invisible
Voilà pour le premier niveau de notre réflexion. Nous avons dit que la prière était avant tout et fondamentalement conversation. Mais ce n'est pas une conversation ordinaire, c'est une conversation avec le monde invisible. En tant que conversation, la prière ne diffère pas essentiellement de toutes les autres formes de discours familier. Mais la prière n'est pas une conversation ordinaire. C'est une conversation avec le monde invisible dont nous pouvons partiellement raisonner l'existence et ensuite très vaguement, mais dont nous ne pouvons connaître pleinement la réalité et la grandeur que par la foi. Pourquoi appeler ce monde invisible ? Parce qu'il n'est connu qu'avec les yeux de l'esprit. Il n'est pas seulement visible aux yeux du corps, mais également inaudible avec les oreilles corporelles ou tangible avec les mains corporelles ou agréable au goût avec les sens corporels. Et malheureusement, combien tragiquement,certaines personnes supposent que parce que ce n'est pas sensiblement perceptible, ce n'est donc pas réel. C'est un monde de foi qui existe vraiment et, comme nous le dit saint Paul, est en fait plus réel que les montagnes, les rivières et les mers. Il est plus important que même les personnes les plus importantes que nous puissions rencontrer sur terre qui pourraient nous donner, s'ils le voulaient, une interview personnelle dont nous garderions le souvenir pour le reste de nos jours.
La prière dépend de la vivacité de notre foi. Sans foi, il n'y a pas de prière. Soit je crois qu'il y a plus dans la réalité que le soleil, la lune et les étoiles ou plus que les gens que je rencontre dans la rue ou dans l'intimité de ma maison, soit je ne prierai pas. Je limiterai ma conversation au monde visible et ce n'est pas la prière. Ceux qui croient, prient ; ceux qui ne croient pas, ne priez pas. Ceux qui croient beaucoup prient beaucoup ; ceux qui croient peu prient peu. Ceux qui croient profondément, prient profondément ; ceux qui croient faiblement prient faiblement. Nous prions comme nous croyons, ni plus ni moins.
La foi est la condition de la prière. C'est aussi la mesure et la norme de la qualité et de la quantité de notre prière. La foi nous dit que le monde dit invisible auquel nous croyons est plus grand à tous égards que le monde visible de l'espace et du temps. Elle est plus nombreuse, plus puissante, plus expérimentée, plus belle et bien plus sainte, Dieu merci, que le monde actuel dans lequel nous vivons. C'est un monde que nous appelons parfois à tort l'autre monde. Il n'est pas du tout le suivant, comme s'il lui fallait encore naître alors qu'il existe déjà. Qui a dit que c'était l'autre monde ? C'est un monde qui est profondément conscient de notre existence, même lorsque nous ne sommes pas conscients de son existence, et qui s'intéresse beaucoup à notre bien-être. C'est un monde qui est plus facilement accessible en fait que le monde qui nous entoure.Il est disponible pour notre conversation si seulement nous avons la foi et la vision de voir. Aucun de nous ne veut parler à personne.
On commence alors par se demander qui appartient à ce monde invisible. Le premier qui est plus qu'une partie de ce monde invisible, avec qui nous avons le privilège de communiquer, c'est Dieu. Il est l'esprit suprême, qui seul existe de lui-même, et est infini dans toutes ses perfections. Il est tout à fait distinct en réalité et en essence de toutes les autres choses qui existent ou peuvent être conçues ; qui, s'ils existent, tirent leur existence de Lui. Dieu est éternel, sans commencement, ni fin ni succession ; connaissant même les pensées les plus secrètes de l'homme. Il les connaît avant que nous le lui disions. Il est incommensurable, étant à la fois au ciel et sur terre. Il est dans tous les lieux qui sont ou qui peuvent être et Il est juste en rendant à chacun selon son dû dans ce monde ou dans l'au-delà. Ce n'est pas tout non plus. Le Dieu de la foi n'est pas une divinité solitaire mais la société éternelle du Père,Fils et Esprit. Chaque Dieu vraiment et pleinement, et donc vraiment distinct, mais tous ensemble n'étant qu'une seule nature divine, de sorte qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Quelle communication a eu lieu entre les trois Personnes divines depuis des siècles sans fin avant que le monde ne commence ! Quelle conversation ils ont eue bien avant qu'une créature n'existe, ou qu'un être humain ait même eu une pensée. Vous pourriez encore dire avec révérence que lorsque nous prions Dieu, nous entrons dans la conversation entre les personnes de la Trinité.ou n'importe quel être humain a même eu une pensée. Vous pourriez encore dire avec révérence que lorsque nous prions Dieu, nous entrons dans la conversation entre les personnes de la Trinité.ou n'importe quel être humain a même eu une pensée. Vous pourriez encore dire avec révérence que lorsque nous prions Dieu, nous entrons dans la conversation entre les personnes de la Trinité.
Les anges
Si Dieu est le premier et premier Être du monde invisible, avec qui nous sommes appelés à parler, les anges sont les deuxièmes grands êtres avec lesquels nous devons communiquer dans la prière. Qui sont les anges ? Ce sont les esprits célestes créés par Dieu avant de créer le monde visible et la race humaine. Bon nombre de pères de l'Église disent sérieusement : « Dans le plan originel de la création de Dieu, il ne devait y avoir que ce monde créé invisible. remplir - de ceux qui l'honoreraient pour l'éternité, il décida alors de créer l'humanité.
Les anges sont de purs esprits qui n'ont pas de corps comme le nôtre, mais ce ne sont pas moins des personnes que nous. Ce sont des êtres intelligents que Dieu a créés pour le louer, l'aimer et le servir pas moins que nous. Ce sont les anges qui ont prouvé leur fidélité à Dieu et sont maintenant au paradis avec Dieu, pour ne jamais être séparés de Lui. Leur rôle dans le plan de Dieu pour l'univers, et la façon dont cela mérite d'être souligné, est de servir nos besoins. Ils sont littéralement les gardiens de la race humaine. Et cela fait partie de notre foi que chacun de nous a son propre esprit gardien. Les anges gardiens font par conséquent partie de la providence surnaturelle de Dieu qui, comme nous le savons, agit à travers les créatures de la plus haute à la plus basse ; inutile de dire que nous sommes les plus bas. Dans le royaume des êtres créés, les anges ressemblent davantage à Dieu parce qu'ils sont de purs esprits n'ayant pas de corps,mais ils sont aussi comme nous parce que nous aussi avons un esprit et une volonté, donc nous pouvons parler aux anges. Les anges sont des intermédiaires providentiels entre Dieu, dont ils jouissent déjà de la vision, et les hommes, à qui ils sont chargés de conduire à la vision non encore atteinte. Nous avons donc non seulement le privilège mais le devoir de parler avec les anges dans une conversation facile, intime et fréquente.
Nous lisons dans la vie des saints à quel point certains d'entre eux étaient amicaux dans leur communication priante avec les anges. Pourquoi pas? Chacun de nous a un compagnon constant et quotidien à ses côtés, dont la responsabilité n'est pas seulement de nous garder du mal, mais de nous guider dans les voies de Dieu. Il nous parle souvent si seulement nous sommes prêts à l'entendre. Et une grande partie de notre prière avec les anges, en particulier notre propre esprit gardien, doit être humblement à l'écoute de ce qu'il a à dire.
Les saints
Il y a un autre niveau du monde invisible de la prière avec lequel nous devons converser en plus de Dieu et des anges, et c'est l'univers des saints. Par les saints, nous entendons ici d'abord et principalement ces hommes et ces femmes que l'Église a élevés aux honneurs de l'autel et a déclaré infailliblement être avec Dieu dans la gloire. L'un des passages les moins connus du Concile Vatican II se trouve dans la Constitution sur l'Église où nous sommes invités à être plus sensibles au monde invisible des saints d'en haut. On nous dit : « Ce n'est pas seulement à cause de leur exemple que nous chérissons la mémoire de ceux qui sont au ciel.De même que la communion chrétienne entre les hommes en pèlerinage terrestre nous rapproche du Christ, et que la conversation avec les croyants sur terre approfondit notre connaissance et notre amour du Christ, de même notre communion avec les saints nous unit au Christ de qui, de sa source et de sa tête, sort tout grâce et la vie même du peuple de Dieu."
Les saints contemplent le visage de Dieu. En parlant avec eux et en les écoutant, nous en apprenons beaucoup sur ce Dieu qu'ils connaissent maintenant et que nous espérons un jour comprendre. Et ils peuvent nous aider comme seuls ceux qui ont atteint leur destin peuvent aider ceux - c'est-à-dire nous - qui en ont encore désespérément besoin.
Je voudrais terminer ces réflexions là où nous avons commencé, en nous posant et en répondant à notre propre question : « Quel est le sens de la prière ? La prière est la conversation sublime que nous sommes mystérieusement capables d'avoir avec le monde invisible de Dieu et des anges et des saints de Dieu. C'est sublime car c'est ce à quoi nous nous préparons lors de notre séjour sur terre. La prière est la seule activité qui ne sera pas interrompue par la mort, mais continuera au ciel, pour ne jamais finir. Bien sûr, la prière sur terre demande un effort, mais c'est comme il se doit, puisque tout autre travail dans cette vie n'a qu'autant de valeur et autant de sens, et n'est aussi agréable à Dieu qu'il est enveloppé par la prière. Ceux qui prient maintenant prieront dans l'éternité, qui est un autre nom pour le ciel. Personne d'autre n'y arrivera.La prière est le moyen indispensable et infaillible pour atteindre notre destin.
Père John A. Hardon - (1914-2000)
