Bonjour à tous,
Je vous partage le Petit Journal de Sainte Faustine (en plusieurs parties).
La voix de la vidéo est, je trouve, très agréable, mais je laisse aussi le texte ci-dessous si ça vous préférez lire plutôt qu'entendre
Je vous partage le Petit Journal de Sainte Faustine (en plusieurs parties).
La voix de la vidéo est, je trouve, très agréable, mais je laisse aussi le texte ci-dessous si ça vous préférez lire plutôt qu'entendre
- Spoiler:
- Cahier 1
1. Ô Amour Eternel, Vous me faites peindre votre sainte image,
Et Vous nous découvrez la source de miséricorde inconcevable
Vous bénissez ceux qui approchent Vos rayons,
Et l’âme noire deviendra blanche comme neige.
Ô Doux Jésus, c’est ici que Vous avez établi
Le trône de Votre Miséricorde,
Pour réjouir et aider l’homme pécheur.
De Votre Cœur ouvert, comme d’une source limpide,
Coule la consolation pour l’homme repentant.
Que l’honneur et la gloire pour cette image
Ne cessent jamais de jaillir de l’âme humaine !
Que la gloire de la miséricorde divine découle
De chaque cœur,
Maintenant et à chaque heure,
Et dans les siècles des siècles.
2. Oh mon Dieu,
Lorsque je regarde les lendemains, la peur me prend.
Mais pourquoi sonder le futur ?
Pour moi, ce n’est que le moment présent qui est cher,
Car l’avenir peut ne pas s’établir dans mon âme.
Le temps passé n’est plus en mon pouvoir,
Pour changer quelque chose, corriger ou ajouter.
Car ni le sage, ni les prophètes ne seront parvenus à le faire.
Donc, il faut remettre à Dieu ce que l’avenir contient.
Ô moment présent, tu m’appartiens tout entier.
Je désire tirer profit de toi selon mes possibilités,
Et bien que je sois petite et faible,
Vous me donnez la grâce de Votre Toute-Puissance.
C’est donc par la confiance en Votre miséricorde
Que j’avance dans la vie comme un petit enfant,
Et je vous offre chaque jour mon cœur
Brûlant d’amour pour Votre plus grande gloire.
3. J.M.J.
Dieu et les âmes.
Roi de Miséricorde, dirigez mon âme !
Sœur Marie Faustine
Du Très Saint Sacrement.
4. Ô mon Jésus, c’est en ayant confiance en Vous,
Que je tresse des milliers de guirlandes,
Et je sais qu’elles vont toutes fleurir,
Lorsque le divin soleil les illuminera.
Ô mon Dieu caché
Dans ce grand et Divin Sacrement !
Jésus, soyez avec moi à chaque moment !
Et mon cœur sera tranquillisé.
5. J.M.J.
Dieu et les âmes.
Soyez adorée, ô Très Sainte Trinité, maintenant et toujours. Soyez adorée dans toutes Vos œuvres et toutes Vos créatures. Ô Dieu ! que la grandeur de Votre Miséricorde soit admirée et louée !
6. Je dois noter les rencontres de mon âme avec Vous, mon Dieu, dans les moments de Vos visites particulières. Je dois parler par écrit de Vous. Oh ! inconcevable Miséricorde envers moi, pauvre créature. Votre sainte volonté est la vie de mon âme. Celui qui Vous remplace auprès de moi sur cette terre et m’explique Votre sainte Volonté, m’a donné cet ordre. Jésus, voyez comme il m’est difficile d’écrire, de noter clairement ce que mon âme éprouve .O! mon Dieu, la plume peut-elle matérialiser ce qui parfois n’a pas de mot ? Mais Vous m’ordonnez d’écrire, O ! mon Dieu, et cela me suffit.
7. L’entrée au couvent.
Dès l’âge de sept ans, je perçus l’appel définitif du Seigneur, la grâce de la vocation à la vie religieuse. Pour la première fois, j’entendis en moi la voix de Dieu, c’est-à-dire l’invitation à une vie plus parfaite ; mais je n’ai pas toujours été obéissante à cette invitation de la grâce. Je n’ai rencontré personne qui aurait pu m’expliquer ces choses.
8. A dix-huit ans, j’ai prié très instamment mes parents de me permettre d’entrer au couvent ; ils repoussèrent catégoriquement ma demande. Après quoi je me suis adonnée aux vanités de la vie, ne faisant aucune attention aux signes de la grâce, bien que mon âme ne trouvât contentement en rien.
Cet appel constant était un grand tourment pour moi ; je tâchais pourtant de l’assourdir par des divertissements. J’évitais intérieurement Dieu et me tournais résolument vers les créatures. Cependant la grâce de Dieu fut victorieuse.
9. Un soir, j’étais au bal avec une de mes sœurs. Pendant que tout le monde s’amusait, j’éprouvais des tourments intérieurs. Soudain, au moment où je commençais à danser, j’aperçus près de moi Jésus supplicié, dépouillé de ses vêtements, tout couvert de blessures, qui me dit ces mots : « jusqu’à quand vais-Je te supporter, et jusqu’à quand vas-tu Me décevoir ? »
A ce moment la charmante musique cessa pour moi, la société où je me trouvais disparut à mes yeux, il ne restait que Jésus et moi.
Je m’assis auprès de ma sœur, simulant un mal de tête, pour cacher ce qui venait de se passer.
Quelques instants plus tard, je quittai discrètement la société de ma sœur, et je me rendis à la cathédrale Saint Stanislas Kosta , l’heure commençait à prendre une teinte grise, il y avait peu de personnes dans la cathédrale ; ne faisant attention à rien de ce qui se passait autour de moi je me prosternai devant le Très Saint Sacrement et demandai au Seigneur qu’il daigne me faire connaître ce que je devais faire.
10. Tout à coup j’entendis ces paroles « pars tout de suite pour Varsovie; là tu entreras au couvent. » Me redressant après cette prière, je rentrai à la maison où je rangeai mes affaires. De mon mieux j’appris à ma sœur ce qui s’était passé. Je l’invitais à dire adieu de ma part à mes parents et ainsi, avec une seule robe, sans bagages, j’arrivai à Varsovie.
11. En quittant le train et en voyant que chacun des passagers prenait sa route, je fus saisie de frayeur : que faire ? A qui m’adresser ? Je dis à la Sainte Vierge « Marie, conduisez moi, guidez-moi ! » Aussitôt je perçus que je devais quitter la ville pour un village où je pourrais passer la nuit en sûreté. Je trouvais tout comme la Sainte Vierge me l’avait dit.
12. Le lendemain de très bonne heure, j’arrivai en ville. J’entrai dans la première église rencontrée, et me mis à prier pour connaître la volonté divine. Les messes se succédaient. Pendant l’une d’elles j’entendis ces mots: Va trouver ce prêtre ! et dis-lui tout. Il t’expliquera ce que tu dois faire. »
La messe finie, je suis allée à la sacristie. J’ai raconté au prêtre tout ce qui s’était passé et je lui ai demandé de m’indiquer dans quel couvent je devais entrer.
13. Le prêtre s’étonna d’abord mais il me dit avoir grande confiance, que Dieu disposerait de mon avenir. « En attendant je t’enverrai chez une pieuse dame qui t’hébergera jusqu’au moment où tu entreras au couvent. »
Pendant mon séjour chez cette dame qui me reçut avec beaucoup de bienveillance, je cherchais le couvent, mais à chaque porte où je frappai, on me refusait. La douleur serrait mon cœur et je dis au Seigneur Jésus: « Aidez moi, ne me laissez pas seule »
14. Enfin, je frappais à notre porte. La Mère Supérieure, l’actuelle Mère Générale Michèle, m’accueillit. Après une brève conversation, elle m’invita à aller chez le Maître de la maison demander s’Il me recevrait. Je compris tout de suite que je devais prier le Seigneur Jésus. Avec grande joie, je suis allée à la chapelle et lui dit : « Maître de cette maison, est ce que vous me recevrez ? c’est ce qu’une sœur m’a ordonné de demander. » Et tout de suite j’entendis : « J’accepte tu es dans mon cœur . » Quand je sortis de la chapelle, la Mère Supérieure me demanda : »Eh bien, est ce que le Seigneur t’a reçue ? » « Oui », lui répondis-je. « Si le Seigneur t’a reçue, je te reçois aussi. »
15. Telle fut ma réception. Mais pour plusieurs raisons, je dus rester dans le monde chez cette dame pendant plus d’une année, mais je ne suis plus retournée à la maison.
Entre temps, je dus affronter de nombreuses difficultés, mais Dieu ne m’épargnera pas ses grâces. Une nostalgie de Dieu, toujours grandissante, s’empara de moi.
Mon hôtesse, bien que très pieuse, ne comprenait pas le bonheur de la vie religieuse et, très honnêtement, elle commença à élaborer d’autres projets pour ma vie ; malgré tout, je ressentais que mon cœur était si grand que rien ici bas ne pouvait le combler.
16. Alors je me tournai vers Dieu de toute mon âme languissante. C’était pendant l’octave de la Fête-Dieu. Dieu me remplit d’une lumière intérieure, d’une connaissance approfondie de Celui qui est le plus Grand Bien et la plus Grande Beauté. Je reconnus combien j’étais aimée de Dieu de toute éternité.
Pendant les vêpres, par des mots tout simples, je fis vœu de chasteté perpétuelle. Depuis ce moment je sentis une grande intimité avec Dieu, mon Epoux, et fis une petite cellule dans mon cœur, où je demeurai toujours avec Jésus.
17. Enfin, vint le moment, où la porte du couvent s’ouvrit pour moi. C’était le premier août au soir, la veille de la fête de Notre-Dame des Anges. Je me sentais extrêmement heureuse, il me semblait que j’étais entrée au Paradis. Mon cœur n’était qu’action de grâce.
18. Mais après trois semaines, je m’aperçus que l’on consacrait peu de temps à l’oraison et, pour bien d’autres désirs de mon âme, je pensais que je devais entrer dans un couvent plus strict. Cette idée, ou plutôt cette tentation s’affermissait dans mon âme et devenait de plus en plus forte, bien qu’elle soit opposée à la volonté divine.
Un jour je me décidai à m’en expliquer avec la Mère Supérieure et à quitter immédiatement cette maison. Mais, Dieu dirigea les évènements de telle façon que je ne pus voir la Mère Supérieure. Avant d’aller me coucher, j’entrai en passant dans la petite chapelle et je demandai à Jésus de m’éclairer sur ce point, mais je ne fus pas, semble-t-il, exaucée : seule une inquiétude surprenante m’envahit. Malgré tout, je pris la résolution d’en parler à la Mère Supérieure et de lui faire part de ma décision, le lendemain après la messe.
19. C’est dans ces dispositions que j’entrai dans ma cellule, tourmentée et mécontente ; les sœurs étaient déjà couchées et la lumière éteinte. Je ne savais que faire de ma personne. Je me jetai à terre et commençai à prier intensément pour connaître la volonté de Dieu. Le silence régnait partout comme dans un tabernacle. Toutes les sœurs, telles de blanches hosties, reposaient, enfermées dans le calice de Jésus ; et c’est de ma cellule seulement que montaient vers Dieu les gémissements d’une âme. J’ignorais qu’il n’était pas permis de prier dans sa cellule, sans autorisation, après neuf heures. Après un moment, « Qui m'a fait une telle douleur ma cellule s’éclaira et sur le rideau j’aperçus le Visage très douloureux de Jésus. Il était couvert de plaies ouvertes, et de grosses larmes tombaient sur mon couvre-lit. J’ignorais tout ce que cela signifiait. Je demandai à Jésus : « Qui Vous a fait une telle douleur ? » Jésus me dit : « C’est toi qui Me fera souffrir, si tu quittes ce couvent. C’est ici et non ailleurs que je t’ai appelée et je t’y ai préparée de nombreuses grâces.» Je demandai pardon à Notre Seigneur et tout de suite j’oubliai la résolution que j’avais prise.
Le lendemain était jour de confession. Je racontai les faits de la nuit. Mon confesseur déclara que la volonté divine était évidente : je devais rester dans ce couvent, et il m’était même défendu de penser à un autre. Depuis ce moment je me suis toujours sentie heureuse et satisfaite.
20. Peu après je tombai malade. La chère Mère Supérieure m’envoya avec deux autres Sœurs en vacances à Scolimow non loin de Varsovie. C’est alors que j’ai demandé au Seigneur pour qui je devais encore prier. Je compris qu’Il me le ferait connaître la nuit suivante.
Je vis mon ange gardien qui m’ordonna de le suivre. En un instant je me trouvai dans un endroit enfumé, rempli de flammes, où se trouvaient une multitude d’âmes souffrantes qui prient avec ferveur, mais sans efficacité pour elles-mêmes ; nous seuls pouvons les aider. Les flammes qui les brûlaient ne me touchaient pas. Mon ange gardien ne me quittait pas un seul instant. Et je demandais à ces âmes quelle était leur plus grande souffrance. Elle me répondirent d’un commun accord que c’était la nostalgie de Dieu. J’ai vu la Sainte Vierge, visitant les âmes au Purgatoire. Elles l’appellent « Etoile de la mer ». Elle leur apporte du soulagement. Je voulais encore leur parler, mais mon ange gardien m’avait déjà donné le signal du départ. Nous sortions de cette prison de douleurs quand Dieu a dit : « Ma Miséricorde ne veut pas cela, mais la justice l’exige. » Depuis ce moment je suis en relations plus étroites avec les âmes souffrantes.
21. Fin du postulat. 29 .IV.1926 . Mes Supérieures m’envoyèrent à Cracovie, au noviciat. Une joie inconcevable inondait mon âme. Lorsque nous arrivâmes au noviciat, Sœur … .. était mourante. Quelques jours plus tard elle vint vers moi et me pria d’aller chez la Mère Maîtresse pour lui dire qu’elle demande à son confesseur l’ Abbé Rospond de célébrer une messe et de prier trois ferventes oraisons à son intention. Tout d’abord j’acceptai ; mais le lendemain après réflexion, je résolus de ne pas me rendre chez la Mère Maîtresse, car je me demandais si je n’avais pas rêvé. Je me rendis donc immédiatement chez elle.
Je n’y suis pas allée. La même chose se répéta plus distinctement la nuit suivante. Je n’avais plus aucun doute. Cependant, au matin, je résolus de n’en parler à la Maîtresse que lorsque je la verrais dans le courant de la journée. L’ayant rencontrée tout de suite dans un couloir, elle me reprocha de n’être pas allée immédiatement la voir et une grande inquiétude remplit mon âme. Je me rendis donc chez elle et lui racontai tout ce qui m’était arrivé. La Mère promit de régler cette affaire. Trois jours après, celle-ci vint me dire : « Que Dieu vous le rende ! »
22. Au moment de ma prise d’habit, Dieu me fit connaître combien je devrais souffrir. Je voyais clairement ce à quoi je m’engageais. Ce fut un moment de douleur. Mais, de nouveau, le Seigneur inonda mon âme de grandes consolations.
23. Vers la fin de la première année de noviciat, mon âme commençait à s’assombrir. Je ne ressentais aucune consolation dans l’oraison et devait faire beaucoup d’efforts pour méditer.
La peur commençait à s’emparer de moi. Rentrant profondément en moi-même, je ne voyais qu’une grande misère. Je découvrais aussi clairement l’immense sainteté de Dieu. N’osant lever les yeux vers Lui, je me jetais à ses pieds, dans la poussière, pour implorer Sa Miséricorde.
Près d’une demi-année s’écoula ainsi sans grand changement. Notre chère Mère Maîtresse m’encourageait dans ces moments difficiles, mais ma souffrance ne cessait de s’accroître. La seconde année de noviciat approchait et je me souviens qu’à l’idée de prononcer mes vœux un frisson me traversait l’âme. Je ne comprenais rien de ce que je lisais, je ne pouvais méditer. Il me semblait que mon oraison était désagréable à Dieu et que je l’offensais plus encore en m’approchant des Saints Sacrements. Cependant mon confesseur ne me permit jamais d’omettre une seule Communion. Dieu agissait étrangement en moi. Je ne comprenais absolument rien des enseignements de mon confesseur. Les simples vérités de la foi devenaient incompréhensibles pour moi. Mon âme était tourmentée et ne trouvait de satisfaction nulle part.
A un certain moment, l’idée que j’étais rejetée de Dieu s’empara de moi. Cette pensée affreuse me poursuivit au point que je crus agoniser de douleur. Je voulais mourir et je ne le pouvais pas. La tentation me vint aussi : « A quoi bon acquérir des vertus ? A quoi bon se mortifier lorsque tout déplait à Dieu ? » Quand j’ai parlé de cela à la chère Mère Maîtresse, elle me répondit : « Sachez ma Sœur, que Dieu vous prédestine à une grande sainteté. C’est un signe qu’Il veut vous avoir tout près de Lui au ciel. Ayez grande confiance en Notre Seigneur Jésus. »
Cette terrible idée d’être rejeté de Dieu, est le véritable supplice des damnés. Je recourus aux Plaies de Jésus. Je répétais des mots de confiance qui ne faisaient que s’ajouter à mon supplice. Je suis allée devant le Saint Sacrement et j’ai commencé à parler à Jésus : « Seigneur, Vous qui avez dit qu’une mère oublierait son nourrisson plutôt que Dieu sa créature et « même si elle l’oubliait, Moi, Dieu, Je n’oublierai pas Ma créature ». Jésus, entendez-vous mon âme ? Daignez entendre les cris de douleur et les plaintes de Votre enfant ! J’ai confiance en Vous mon Dieu, parce que le ciel et la terre passeront mais Votre parole durera éternellement ». Cependant je ne trouvais pas le moindre soulagement.
24. Un matin à mon réveil, en me mettant en présence de Dieu, le désespoir commença à me saisir. Dans une obscurité extrême je luttai de mon mieux jusqu'à midi. Dans l’après midi, des frayeurs vraiment mortelles m’envahirent, mes forces physiques commencèrent à m’abandonner. Vite j’entrai dans ma cellule, me jetai à genoux devant le Crucifix pour implorer Sa Miséricorde. Mais Jésus semblait sourd à mes appels. Complètement épuisée, je tombai à terre, en proie au désespoir, j’endurai de véritables douleurs infernales absolument semblables à celles que l’on éprouve en enfer. Au bout de trois quarts d’heures, je voulus aller chez la Maîtresse, mais je n’en avais pas la force. Je voulus appeler, mais je n’avais pas de voix. Heureusement une Sœur entra dans ma cellule, elle en informa la Mère Maîtresse qui vint aussitôt. Dès qu’elle entra dans ma cellule elle dit « Au nom de la sainte obéissance relevez-vous !» Aussitôt, une force me souleva de terre et me tint debout près de la chère Mère Maîtresse.
Elle me rassura affectueusement, me disant que cette épreuve venait de Dieu. : « Soyez très confiante. Dieu est toujours notre Père, même s’Il envoie des épreuves». Je revins à mes devoirs comme au sortir de la tombe, les sens pénétrés de ce que j’avais éprouvé.
Le soir au salut, mon âme commença à agoniser dans des ténèbres affreuses. J’avais la sensation d’être livrée au pouvoir du Dieu Juste et d’être l’objet de sa fureur. Dans ces moments redoutables, j’ai dit au Seigneur: « Jésus qui Vous comparez dans l’Evangile à la plus tendre des mères, j’ai confiance dans vos paroles, parce que Vous êtes la Vérité et la Vie. Jésus, malgré tout, j’ai confiance en Vous en dépit de ces sentiments intérieurs qui s’opposent à tout espoir. Faites ce que vous voudrez de moi. Je ne Vous quitterai jamais, car Vous êtes la source de ma vie. » Seul, celui qui a vécu de semblables moments, peut comprendre combien terrible est le tourment de l’âme.
25. Durant la nuit la Sainte Vierge me rendit visite, tenant Jésus dans ses bras. La joie remplit mon âme et j’ai dit : « Marie ma Mère, savez-vous quelles terribles souffrances j’endure ? » Et la Mère de Dieu me répondit : « Je sais combien tu souffres, mais n’aie pas peur, j’ai et j’aurai toujours compassion de toi. » Elle me sourit affectueusement et disparut. Aussitôt mon âme se trouva emplie de force et d’un grand courage. Mais cela n’a duré qu’un jour. C’était comme si l’enfer avait conspiré contre moi. Une haine terrible fit irruption dans mon âme, la haine de tout ce qui est saint et divin. Il me semblait que ces tourments de l’âme seraient le partage constant de mon existence. Je me suis tournée vers le Saint Sacrement et j’ai dit : « Jésus, Epoux de mon âme, ne voyez-Vous pas qu’elle agonise sans Vous? Pourquoi Vous dérober devant un cœur qui Vous aime si sincèrement? Pardonnez moi, Jésus, que Votre sainte Volonté se fasse en moi ! Je souffrirai tout en silence, comme une colombe, sans me plaindre. Je ne laisserai pas mon cœur pousser un seul gémissement, une seule plainte de douleur.»
26. Fin de noviciat. La douleur ne diminue pas. Affaiblie physiquement, je suis dispensée de tous les exercices spirituels, éventuellement remplacés par de courtes prières spontanées.
Vendredi Saint : Jésus plonge mon cœur en plein ravissement, dans le brasier même de l’amour. C’était pendant l’adoration du soir, la présence divine s’empara tout à coup de moi. J’oubliai tout. Jésus me fit connaître combien Il a souffert pour moi. Cela dura très peu de temps. J’en ressentis une nostalgie affreuse, la soif d’aimer Dieu.
27. Premiers vœux. Fervent désir de m’anéantir pour Dieu par un amour actif, mais imperceptible, même aux Sœurs les plus proches. Après les vœux, mon âme resta encore dans les ténèbres pendant près de six mois. Puis à la faveur d’une oraison, Jésus l’envahit.
Les ténèbres se retirèrent. Je perçus ces paroles : « Tu es Ma joie, tu es le délice de mon cœur ». Depuis ce moment, j’ai senti dans mon cœur – intérieurement – la présence de la Très Sainte Trinité. J’étais inondée de lumière divine et depuis lors, mon âme est en rapport intime avec Dieu, comme un enfant avec son Père bien aimé.
28. Un jour, Jésus me dit « Demande à la Mère Supérieure la permission de porter un cilice pendant 7 jours ; la nuit venue, tu te lèveras et tu viendras à la chapelle. » Je répondis : « Bien », mais j’eus une certaine difficulté à aller chez la Supérieure. Le soir Jésus me demanda : « Jusqu’à quand vas-tu différer ? » - Je résolus d’en parler à la Mère Supérieure dès la première rencontre. Le lendemain, avant midi, j’ai vu la Mère Supérieure se rendre au réfectoire. Et comme la cuisine, le réfectoire et la petite chambre de sœur Aloïse sont voisins, j’ai demandé à la Mère Supérieure d’entrer dans la petite chambre de Sœur Aloïse et là j’ai formulé la demande du Seigneur. La Supérieure répondit : « Je ne vous autorise absolument pas à porter un cilice ! Si Jésus vous donnait les forces d’un colosse, je vous permettrais cette mortification ». Après avoir demandé pardon à la mère de lui avoir pris du temps, je sortis de la chambre. Alors je vis le Seigneur Jésus qui se tenait debout dans l’embrasure de la porte de la cuisine et je dis : « Seigneur, Vous m’ordonnez d’aller demander cette mortification à la Mère Supérieure et elle me la refuse. » Jésus me dit : « J’étais ici pendant ta conversation avec la Supérieure. Je sais tout. Je n’exigeais pas tes mortifications mais l’obéissance. En te soumettant, tu me rends grande gloire et tu gagnes du mérite. »
29. Lorsqu’une des Mères apprit que je vivais dans une telle intimité avec Jésus, elle me dit : « vous êtes dans l’illusion. Le Seigneur Jésus, n’a de telles relations qu’avec les saints, pas avec les âmes pécheresses comme la vôtre, ma Sœur.»
A dater de ce moment, je me mis en quelque sorte à me défier de Jésus. Dans notre conversation matinale je dis à Jésus : « N’êtes-Vous pas une illusion ? » - Il me répondit « Mon amour ne trompe personne. »
Dernière édition par Anayel le Lun 14 Juin - 22:11, édité 1 fois