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Le christianisme renié par ses enfants

Pilgrim
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Message par Pilgrim Mer 15 Avr - 18:50

Bonjour,

 C'est Jean-Michel Castaing qui se questionnait à propos du courant de pensée actuel qui se veut moderne par opposition au christianisme. 

Il écrivait en 2013 :


Qu'est-ce qui pousse la modernité à occulter son héritage chrétien ? On y répondra plus facilement en tentant une rapide définition de ce qu'est un moderne. En effet, qu'est-ce qu'un moderne ? Tout simplement quelqu'un qui a décidé de l'être. Attitude inédite dans l'histoire de l'humanité que ce phénomène performatif : s'autoproclamer ce que l'on désire d'être ! Devenir sur le champ ce que l'on proclame que l'on est ! Seule l'époque moderne s'est voulue et comprise comme moderne, alors que chaque période significative de l'histoire a été moderne à sa façon par rapport à celle à laquelle elle succédait (qu'on pense par exemple à la Renaissance, héritière du christianisme, comme de la culture antique grecque). 

Or mettons-nous à la place d'un moderne auto-fondé, qui s'est voulu tel, lorsqu'il découvre qu'il ne l'est pas tant que cela, "moderne". Quel va être son premier réflexe ? Sa première réaction ? Tout simplement refuser une pareille filiation. La dénier. Présenter à la face du monde l'acte officiel d'attestation de sa renonciation à succession. Comme s'il nous disait : "Je suis moderne, et me veux comme tel. Je ne dois rien à personne. Aussi je vomis tout héritage que vous voudriez m'imposer !"

Une des causes de l'occultation de la révélation chrétienne tient également à l'exigence morale, éthique, que le christianisme nous a inculquée. La beauté du Christ a placé la barre très haut, si bien qu'il a rendu les peuples exigeants. D'ou leur penchant à dénigrer l'Église en général, et les humbles disciples du Galiléen en particulier. Dans la foulée, la modernité a voulu réduire le christianisme à une morale afin de le discréditer en partie, et ne plus rien lui devoir. Cette entreprise malhonnête et biaisée ne pouvait qu'échouer. A preuve : certains courants humanistes ont fini par admettre leur dette à son égard. La modernité a cru dans un premier temps se bâtir contre lui, alors qu'elle ne faisait que laïcise et séculariser ses intuitions. De nombreux courants de pensée ont tenté en effet de discréditer le christianisme en reprenant sans le dire ses intuitions fondamentales, mais dans une perspective faussée parce qu'a-théologale. Beaucoup de faux prophètes ont voulu prendre la place du Christ. Avec le ressentiment envers ceux qui ne pensaient pas comme eux, et le pardon des ennemis en moins. 

Par exemple, le radicalisme des idéologies victimaires est un sinistre exemple de mimétisme de la révélation chrétienne. René Girard en a fait la démonstration éclatante. On a voulu retourner la révélation contre elle-même. Heureusement, cette usurpation n'a pas pu tenir, rongée qu'elle était par ses divisions intérieures. On ne peut pas se faire en effet l'accusateur de nos frères jours et nuits (Ap 12,10) et prétendre dans le même temps être la salut de l'humanité. 

Le fait que notre monde devienne massivement antichrétien, au moins dans ses élites, n'empêche donc pas le souci des victimes de se perpétuer et de se renforcer tout en prenant des formes aberrantes. L'inauguration majestueuse de l'ère post-chrétienne est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d'échapper à l'orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens anti-chrétien. (René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair, p. 231)
Pilgrim
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Message par Pilgrim Jeu 16 Avr - 0:19

Il poursuivait sa réflexion :



Le christianisme pour sa part ne se résigne pas aux ordres injustes existants. Pour lui, il n'existe pas de fatalité : l'homme doit prendre son destin en main. En revanche, il se différencie des idéologies victimaires en refusant le clivage chez les hommes entre bons et les mauvais. 

[...]


Pour le christianisme, aucun camp, aucun leader, aucun militant, aucun croyant, ne peut prétendre incarner le bon principe. Or qui se croit l'incarnation du bon principe, sinon celui qui tire ses mensonges de son propre fonds ? Et de qui parle la Révélation quand elle désigne ainsi celui qui parle de "son propre fonds" (Jn 8,44) ? Du Diable ! Extraordinaire quatrième Évangile ! Le Diable, c'est celui qui ne veut pas reconnaître le don de Dieu, celui qui veut s'autofonder, se créer lui-même, devenir autosuffisant. Inexorablement, l'ange des ténèbres entraîne ceux dont il est le père dans une solitude sidérale. Il est le dia-bolos, celui qui se jette en travers, qui disjoint, qui sépare. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner son influence souterraine dans la société d'aujourd'hui, société atomisée, rongée de solitudes diverses et variées.

La modernité est redevable à son influence de ce déni de filiation envers le christianisme. Elle aussi a voulu tirer de "son propre fonds" ce qui pourrait la constituer. Sans s'apercevoir que celui-ci était le "fonds" d'un autre, en l'occurence  de l'ange grimaçant ...

Le salut chrétien plongeant dans les racines les plus profondes de l'homme, tout notre être devient ainsi divinisé. Comme la grâce qui nous a été faite finit par se confondre avec la totalité de notre nature sauvée, il n'est pas étonnant que cette même grâce soit oubliée par ses bénéficiaires ...

On en arrive à confondre amour théologal, enraciné en Dieu, et philanthropie humaine. "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" : l'Occident a pris pour une vertu qui lui serait propre ce qui était l'effet de la grâce baptismale issue de la Pâque du Christ. L'Occident, du moins l'Europe, omet de rendre grâce pour sa liberté : soit il en coûte trop à son orgueil, soit qu'il croit de bonne foi être la source de l'attention qu'il porte aux faibles et aux petits.

Des pairs à la place du Père

D'un autre côté, est-ce la figure du Dieu-Père, et de l'autorité qu'elle incarne qui ont conduit la modernité à se croire fondée sur le rejet de la foi chrétienne ? On veut bien du Fils, mais du Père ... Trop métaphysique aux yeux de certains, trop daté, trop hiérarchique, trop compromis avec le patriarchat honni (et pour cause ...), pas assez "moderne". Cette autorité du Père est-elle encore recevable ? 

Un terrible malentendu règne au sujet de cette notion d'autorité. On l'a confondue avec la force, la contrainte, voire la violence. Or elle n'est pas cela. Elle ne désigne pas non plus la persuasion argumentée, qui implique un rapport entre égaux. Elle suppose plutôt une base commune de valeurs (véhiculée par la tradition) entre celui qui obéit et celui qui commande. Autrement dit, l'autorité n'émane ni du pouvoir d'un seul, ni de l'argumentation sans fin entre rivaux munis de droits abstraits que chacun peut opposer aux autres. La reconnaissance de la légitimité de la tradition est ce qui va fonder plutôt une dissymétrie (entre celui qui obéit et celui qui commande) que l'autorité reconnaît comme fondée en droit précisément parce qu'elle émane de cette tradition. 

Mais cette obéissance est-elle encore recevable par cette postmodernité ou l'absence de base commune  est précisément reconnue comme bonne, voire souhaitable ? C'est d'autant mois probable que l'Un est soupçonné d'être à la remorque du pouvoir, tandis que le Multiple, la mixité, le mélange, la différence, et avec eux la polémique, l'affrontement sont regardés comme les expressions normales de la démocratie parvenue à son entéléchie indépassable.

Lorsque la modernité démocratique dissous les repères de la certitude, elle ne rend pas seulement le pouvoir - c'est à dire son unité substantielle - infigurable : elle touche à la nature et au statut de l'autorité dans la mesure ou elle fait de l'expérience de la division et de l'exercice du conflit la source même de toute légitimité.  

Privé d'autorité issue d'une tradition transcendant le pouvoir, le vivre-ensemble est rendu d'autant plus problématique que rien ne peut plus légitimer l'intangibilité des lois.

"Vivre dans un domaine politique sans l'autorité ni le savoir concomitant que la source de l'autorité transcende le pouvoir et ceux qui sont au pouvoir, veut dire se trouver à nouveau confronté, sans la confiance religieuse en un début sacré ni la protection de normes de conduites traditionnelles et par conséquent évidentes, aux problèmes élémentaires du vivre-ensemble des hommes." (H. Arendt, Qu'est-ce que l'autorité ?" in La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972)
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