“LE VRAI SENS DE NOËL”
«Noël est la revanche de l’humilité sur l’arrogance ; de la simplicité sur l’abondance ; du silence sur le vacarme ; de la prière sur « mon temps » ; de Dieu sur mon ego.»Ce mercredi lors de l’audience générale, le Pape a interrompu son cycle de catéchèses sur le Notre Père, pour évoquer le sens de la fête de Noël afin de mieux s’y préparer. ».Chers frères et sœurs, bonjour !Dans six jours, ce sera Noël. Les arbres, les décorations et les lumières nous rappellent que cette année encore, ce sera la fête.La machine publicitaire nous invite à nous faire des cadeaux toujours nouveaux pour nous faire des surprises. Mais je me pose la question : est-ce là, la fête qui plaît à Dieu ? Quel Noël Dieu voudrait-il, quels cadeaux ? Quelles surprises ?Tournons-nous vers le premier Noël de l’histoire pour découvrir les “goûts” de Dieu. Ce premier Noël fut plein de surprises. A commencer par Marie, l’épouse de Joseph : l’ange arrive et il change la vie de Marie. Elle était vierge, elle deviendra mère.
Ensuite Joseph, appelé à être le père d’un enfant sans l’engendrer. Un fils qui arrive au moment le moins opportun, c’est-à-dire quand Marie et Joseph étaient des époux promis, des fiancés et que, selon la loi, ils ne pouvaient pas cohabiter. Face au scandale, le bon sens de l’époque invitait Joseph à répudier Marie pour sauver sa bonne réputation, mais lui, même s’il en avait le droit, surprend : pour ne pas atteindre Marie, il formule le projet de la répudier en secret.
Encore une autre surprise : Dieu, dans son sommeil change les plans de Joseph et lui demande de prendre chez lui Marie, son épouse ; Et après la naissance de Jésus, Joseph avait sans doute déjà des projets pour sa famille, mais l’ange l’invite à partir en Égypte…
En somme, Noël conduit à des changements de vie qui ne sont pas attendus. Et si nous voulons vivre Noël, il faut que nous ouvrions notre cœur et que nous soyons disposés à avoir des surprises, c’est-à-dire un changement de vie inattendu.
C’est dans la nuit de Noël, finalement, qu’arrive la Grande Surprise : le Très-haut est un petit Enfant. La Parole divine est un enfant, ‘Enfans’, cela veut dire littéralement « incapable de parler ». La Parole divine devient « incapable de parler ».
Ceux qui accueillent le Sauveur, ce ne sont pas les autorités de l’époque, du lieu, les ambassadeurs… non ! Ce sont de simples bergers qui, surpris par les anges, alors qu’ils travaillaient de nuit, accourent sans attendre. Qui aurait pu s’imaginer cet inédit de Dieu ? Noël, c’est célébrer l’inédit de Dieu, ou encore mieux, c’est célébrer un Dieu inédit, qui renverse nos logiques et nos attentes.
Célébrer Noël, c’est accueillir en notre intérieur les surprises du Ciel. On ne peut pas vivre « terre à terre » quand le ciel a porté ses nouveautés dans le monde. Noël inaugure une époque nouvelle, où la vie ne peut pas être programmée, mais donnée ; où l’on ne vit plus pour soi-même, sur la base de ses propres goûts et plaisirs, mais pour Dieu et avec Dieu car, parce à Noël, Dieu est le Dieu-avec-nous, qui vit avec nous, qui marche avec nous. Vivre Noël, c’est se laisser secouer par la nouveauté surprenante. Le Noël de Jésus ne nous offre pas des recettes rassurantes mais le Cri divin qui secoue l’histoire. Noël est la revanche de l’humilité sur l’arrogance ; de la simplicité sur l’abondance ; du silence sur le vacarme ; de la prière sur « mon temps » ; de Dieu sur mon ego.
Célébrer Noël, c’est faire comme Jésus, qui est venu pour les nécessiteux, et descendre vers ceux qui ont besoin de nous. C’est faire comme Marie : faire confiance à Dieu de manière docile, même sans comprendre ce qu’il va faire.
Célébrer Noël, c’est faire comme Joseph : se lever et réaliser ce que Dieu veut, même si cela ne correspond pas à nos plans. Saint Joseph est surprenant : dans l’Évangile, Joseph ne parle pas : c’est le Seigneur qui lui parle dans le Silence, il lui parle dans son sommeil, dans un songe.
Noël, c’est préférer la voix silencieuse de Dieu au bruit de la consommation. Si nous savons être en silence devant la crèche, Noël sera pour nous aussi une surprise, et non pas une chose déjà vue.
Être en silence devant la crèche : Voilà l’invitation de Noël. Prenez un peu de temps... Va devant la crèche et reste en Silence. Et tu entendras, tu verras la surprise de Noël.
Mais malheureusement, on peut se tromper de fête et on peut préférer aux nouveautés du ciel les choses habituelles de la terre. Si Noël reste seulement une belle fête traditionnelle, où nous sommes au centre, et non pas Lui, alors ce sera une occasion perdue.
Je vous en prie, ne mondanisons pas Noël ! Ne mettons pas de côté Celui qui est célébré, comme à l’époque quand Il « est venu chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reconnu» (Jn 1,11). Dès le début, dans Évangile de l’Avent, le Seigneur nous met en garde, Il nous dit de ne pas nous endormir dans les dissipations de la vie (cf Lc 21,34). Aujourd’hui, c’est le risque que l’on court ! Et à ce moment là, on ferait l’opposé de ce que Jésus veut !
Nous rejetons la faute sur toutes les choses qui remplissent nos journées, au monde qui va très vite ; Mais Jésus n’a pas rejeté la faute sur le monde, C’est à nous qu’Il a demandé de ne pas nous laisser dépasser, de veiller à tout moment en priant (cf. v.36).
Voilà, ce sera vraiment Noël si, comme Joseph, nous donnons sa place au Silence ; si, comme Marie, nous disons à Dieu : « Me voici » ; si, comme Jésus, nous nous rendons proches de ceux qui sont seuls ; si, comme les bergers, nous sortons de nos prisons intérieures pour être avec Jésus. Si nous nous trouvons dans la Lumière de la pauvre grotte de Bethléhem.
En revanche, ce ne sera pas Noël, si nous cherchons les lumières du monde, si nous nous remplissons de cadeaux, de repas et que nous n’aidons pas même un pauvre, qui ressemble à Dieu, car, à Noël, Dieu est venu pauvre.
Chers frères et sœurs, je vous souhaite un joyeux Noël, un Noël remplit de surprises ! Mais des surprises de Jésus ! Peut-être, parfois, ces surprises seront inconfortables, mais ce sont les « goûts » de Dieu. Et si nous accueillons ces réalités, nous nous ferons à nous-mêmes une magnifique surprise. Chacun d’entre-nous a, caché dans son cœur, la capacité de se surprendre soi-même. Laissons-nous surprendre par Jésus en cette fête de Noël. Merci.Adoration des bergers par Gerrit van Honthorst (1620)
Pour écouter cette catéchèse traduite en français : https://www.youtube.com/watch?time_continue=608&v=J8QRxXdBOCgPour écouter cette catéchèse en VO : https://www.vaticannews.va/fr/pape-francois/audience-pape/2018-12/audience-generale-du-mercredi-19-decembre-2018.html