Bonjour à tous, bonjour
@Deepika,
Je me permets là aussi de répondre avec un peu de retard aux questions très intéressantes posées par ce fil de discussion.
Globalement, je rejoins la réflexion de
@Jean, mais je vais essayer de répondre aux questions posées avec mes propres mots.
Pouvons-nous choisir la religion qui nous appelle le plus ? Fondamentalement, oui. L’homme est libre. Il peut donc choisir de croire en Jésus, en Allah, ou en toute autre divinité potentielle. En effet, il peut réfléchir, discerner, et décider en quoi il croit. C’est donc l’homme qui choisit, parce Dieu lui a laissé une liberté totale.
Est-ce qu’il a raison pour autant ? Pas forcément. Si on en vient à suivre une religion, ou même une secte qui va contre la loi naturelle de l’homme, alors il est forcément dans l’erreur. J’appelle « loi naturelle » ces commandements qui sont ancrés en lui, et qui sont pour moi universels. Tout homme sait qu’il ne faut pas tuer ou ne pas voler, par exemple. La conscience de l’homme s’agite en lui quand il fait quelque chose qui n’est pas bien et cette conscience, cette voix intérieure, est le premier guide de notre existence, selon moi.
Maintenant, si on regarde le monde, on se retrouve avec une panoplie de croyances. En tant que catholique, j’estime qu’il n’y a qu’une seule Vérité incarnée par le Christ. C’est ma vision, mon droit, et mon choix. Bien sûr, je dois quand même respecter ceux qui pensent autrement : on a tous notre vécu personnel et comme moi, ils sont libres de croire en ce qu’ils veulent
Pour ceux qui appartiennent à une autre religion, parce qu’ils ont grandi dedans ou parce qu’ils l’ont découverte au cours de leur existence, je dis : Dieu sera parfaitement juste, et il les jugera en fonction de leurs vies, de leurs connaissances, de leur perfection dans le bien ou non. Si une âme croit sincèrement à sa religion, en étant convaincue d’être dans le vrai, si elle essaie d’être le plus juste possible, en étant bonne et droite, cette âme sera sauvée à la fin. Elle aura en effet suivi du mieux qu’elle le pouvait les critères qui pouvaient l’amener vers la sainteté, et c’est cet effort, cette bonne volonté, que Dieu prendra en compte.
Dieu ne peut pas être injuste sous prétexte que quelqu’un n’est pas catholique et ne croit pas à son Fils. Jésus est venu pour sauver tous les hommes et tous les peuples. Est-il responsable, celui qui nait dans une famille musulmane ? Est-il responsable, celui qui naît dans une famille athée ? Non. Alors Dieu adapte son jugement à chacun et il ne demande rien de plus que de pratiquer le Bien et la vertu, selon les possibilités de chacun. Chacun a sa conscience, et tout le monde est donc sur un pied d’égalité devant Lui. Par contre, le Seigneur demandera davantage à ceux à qui on a beaucoup donné. En l’occurrence, les catholiques et les chrétiens qui ont reçus sa Parole, et qui doivent donc s’élever à une plus grande perfection, seront jugés plus durement que les païens et les athées. Car nous, nous avons tout reçu, et nous avons des modèles parfaits : Jésus, Marie, et les saints. Nous n’avons donc pas d’excuses pour ne pas nous améliorer dans le Bien. Bien sûr, on est des hommes, on a notre propre faiblesse, mais je pense que nous avons moins le droit que d’autre de désespérer, de douter de l’amour de Dieu, etc. sachant que Jésus est mort pour nous sur la Croix. De plus, nous avons un enseignement clair, précis et limpide dans l’Evangile ainsi que dans le Magistère de l’Eglise. Le Seigneur nous a donc beaucoup donné et il est en droit de nous réclamer de meilleurs fruits qu’à d’autres.
Evidemment, parmi les catholiques, on peut faire des distinctions. Il y a les âmes ferventes toutes abandonnées à Dieu, celles-là même qui s’abandonnent sur le Cœur de Jésus et qui lui font énormément confiance. Ce sont les âmes innocentes et pures, en somme, qui sont devenues telles de leur propre volonté, ou parce qu’elles ont été préservées dans cet état par grâce divine. Il y a celles qui sont un peu plus humaines, qui butent à cause de leur rationalisme et de leur moi humain, qui ont parfois des scrupules, mais qui restent de bonne volonté. Et puis, il y a les tièdes, qui essaient de concilier la Parole de Dieu avec leur vie parfois bien mondaine. Selon notre vie et notre correspondance à la Grâce, on peut tous passer par ces trois étapes, comme si on faisait les montagnes russes. Ce sont des catégories poreuses, on va dire. Saint François d’Assise a lui-même été un grand pécheur avant de devenir saint.
Les catholiques ne sont donc pas exempts de fautes, même si on présuppose qu’ils ont la Vérité. Cela étant dit, c’est toujours notre bonne volonté et notre amour qui compte pour Dieu, c’est-à-dire que, malgré notre faiblesse, on doit toujours essayer de pratiquer le Bien.
Voilà, ça c’était ma réflexion en général.
J’aimerais ajouter ceci : nous sommes désormais au XXIe siècle, et l’Eglise a maintenant une histoire bimillénaire. Il est moins permis aux hommes de douter du Christ, selon moi. Ces vingt siècles ont vu des miracles et des grands saints et le christianisme est debout depuis sa fondation. Pourquoi les hommes continuent-ils à douter alors que nous avons eu le Padre Pio, Mère Teresa, Thérèse de Lisieux, le Curé d’Ars et bien d’autres bienheureux qui ont fait énormément de bien à leur époque ? Pourquoi les hommes restent-ils sceptiques malgré les prodiges de Lourdes et de Fatima ? Pourquoi les hommes restent-ils circonspects alors que cela fait vingt siècles qu’on répète la même Parole, qui ne meurt pas ?
Mais je n’en veux à personne. Le problème de notre époque, c’est qu’on est entré dans une décadence spirituelle majeure, une décadence qui s’inscrit même dans l’Eglise. On ne comprend plus l’Evangile et on croit tellement le connaître qu’on a l’impression d’avoir tout dit. Non. La Parole de Dieu est éternelle et ne pourra jamais s’épuiser. Je pense personnellement qu’il faut que l’Eglise actuelle meurt pour qu’elle renaisse de ses cendres et redevienne pareil à celle des premiers chrétiens, où une véritable ferveur et espérance régnaient dans les cœurs.
Cela dit, ce n’est pas parce qu’on est dans une décadence spirituelle qu’on est en droit de jouer l’autruche. Celui qui sait, qui sent en son cœur que l’Eglise du Christ enseigne la Vérité, et qui la combat pourtant en conséquence, celui-là sera très sévèrement jugé par Dieu. Quant à celui qui la fuit, en n’écoutant pas sa conscience, Jésus lui demandera : « Pourquoi n’as-tu pas voulu me suivre, alors que je ne voulais que ton bien ? ».
Pour les autres, ceux qui ne savent pas quoi croire, ceux qui pensent que tout est permis, quitte à ne plus avoir aucune valeur morale, je pense que ce sont des malheureux qui n’ont plus aucun repère… Et je crois que Dieu les jugera avec pitié. Mais on a tous notre responsabilité et notre intelligence. Qu’on croie ou pas, on doit l’exercer avec sagesse, car nous ne sommes pas des imbéciles qui ne savent pas distinguer le bien et le mal.
Fraternellement,
Anayel