Tu ne peux aimer et haïr à la fois

Tu ne peux aimer et haïr à la fois,
Mais tu connais ces sentiments et les pratiquent l'un après l'autre.
Un jour tu aimes de tout ton cœur,
Et le lendemain, tu haïs de tout ton cœur,
Pour diverses raisons, que tu te fabriques, que tu décides.

Dans le jardin secret de l'enfance, alors que tu découvres ce monde,
Tu n'es rempli que de l'innocence de l'amour,
De celle qui te donnes le pain de vie,
De celle qui te nourris d'espoir,
De celle qui te pousses à vouloir grandir pour faire éclater l'amour.

Et puis tu découvres la perversion, la corruption, l'incompréhension,
Tu prends conscience que ce monde est différent de ce que tu vivais,
Tu te fonds dans cette société, en apprenant les us et coutumes,
En essayant de comprendre ses mécanismes, tout en conservant cet amour.

Et puis, un jour, une épine vient de heurter et te fais connaître doucement,
Ce sentiment de haine, de colère, de mépris, d'ignorance, d'égoïsme.
Tu deviens un homme, un humain comme tant d'autres,
Qui se créent une carapace, insensible, opaque, ténébreuse.

Alors commence un chemin hostile, incompréhensible, hypocrite, 
Où chacun cherche excuses, fautes, rejets sur autrui, 
Pour le bien de sa propre personne, de son âme.
Les idéaux fleurissent et tous prônent le bon sens, à qui le crie le plus fort,
Pour rallier en masse afin d'être légitime et reconnu,
Et ensuite inculquer sa façon de penser, son mode de vie, sa vision du bonheur.

Je suis corrompu et je pleure mon paradis perdu !
J'ai voulu être un homme pour grandir et être autonome, connaître les joies de libertés.
Maintenant que cela est fait, que le monde humain s'est découvert à moi,
Que je l'ai assimilé, que le je vois tel qu'il est, tels que nous sommes,
Je me sens impuissant à ouvrir mon cœur d'enfant pour retrouver toutes ces merveilles d'antan,
Qui œuvraient avec magie dans mes yeux.

A quoi bon être roi ou président de ce monde,
Puisque de toute façon, l'homme reste avec froideur, impassible et cupide.
Il se veut bien plus que ce qu'il ne peut être actuellement,
A tel point que tout s'entremêle, dérive et file à toute allure, 
Vers ce mur que tant aspirent à heurter, 
Pour tenter de trouver l'inexplicable, d'être de cette génération miracle.

Il y a un temps pour tout.

Le temps de l'amour est remplacé par la haine,
Cette haine que nous nourrissons et que nous voulons, sans en être conscient,
Mais qui noircit chaque jour le cœur et enlève l'espoir petit à petit.

La magie de la vie s'estompe, s'en va progressivement, 
Pour laisser place à ce que nous voulons : la mort.
La mort pour connaître cette grande inconnue de l'autre côté !
La curiosité est un vilain défaut ! Ce dicton est probablement le plus vrai possible,
Puisque trop de curiosité tue la magie !
Vouloir devenir grand trop vite,
Amène de nombreux maux en nos vies intérieures et extérieures.

Et ne pas vouloir aimer celui qui haït, qui ne fait pas le bien,
Et déjà un signe du mal qui nous détruit tous autant que nous sommes.
Bien sûr, il est plus profitable de trouver un coupable,
Plutôt qu'un examen de conscience collectif et de s'avouer nos erreurs, personnelles et communautaires.

Je pleure cet endroit au fond de mon cœur, 
Celui de toute une vie à aimer, à rire et à pleurer,
Celui du bonheur, de l'extraordinaire joie de découvrir,
De s'émerveiller, de s'éveiller.
Je suis corrompu !

Mais je ressens au plus lointain de mon être, 
Cette petite flamme qui résiste et qui porte mon espoir,
Qu'un jour reviendra où les sentiments s'inverseront,
Et ouvrirons les yeux et l'âme de tous,
Pour redécouvrir cet état d'innocence.